L’os à moelle, premiers habitants

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Opposition de genre et d’époque doc AmRx

Le grand immeuble aux treize étages accueille ses premiers habitants : le couple de gardiens voit arriver les premiers locataires dès juillet 1966. Les premiers locataires, des jeunes mariés, se sont installés avec un mois de retard, le 15 juillet. Le chantier n’était pas terminé : le gaz de ville n’était pas branché, les paliers encore plein de graviers, l’accès était rendu difficile, un véritable bourbier de gravats. Il y a quelques anciens de la rue de Lannoy, ainsi la propriétaire de la dernière maison encore debout de ladite rue, au pied du H 13. Cette dame surveille la démolition de son ancienne demeure, de son nouvel appartement. Elle était venue s’installer en 1958 dans la rue de Lannoy sans savoir qu’elle allait être démolie, la question de la démolition ayant été définitivement tranchée en 1964. Elle trouve son nouveau logement plus clair et plus gai, mais il n’y a pas assez de place pour son mobilier et ses bibelots.

Le recoupement des différents témoignages recueillis par la presse de l’époque, nous permet de faire un état des lieux, juste après réception. Pour les aspects positifs, les personnes interrogées évoquent immédiatement la lumière qu’apportent les larges baies des fenêtres. La vie de jour est séparée de la vie de nuit par deux couloirs de dégagement. L’électricité est bien répartie. Les pièces sont grandes, et les placards vastes et profonds, bien qu’ils ne montent pas jusqu’au plafond. Enfin, l’eau chaude, quoique calcaire, fait l’unanimité.

Les aspects négatifs concernent l’utilisation pratique et domestique : les vitres sont difficiles à nettoyer, car peu accessibles pour l’extérieur. La cuisine étroite est très étroite : où mettre table et machine à laver ? L’évier est circulaire, sans trop plein. Il manque un débarras. Accrocher une photo ou un tableau au mur est impossible, aucun clou ne peut être planté dans le béton. Les tuyaux courent sur le mur, et la conduite de gaz se trouve au plafond, d’où la réduction de la hauteur des placards. Le tableau du compteur électrique est trop près de la porte, en ouvrant, on risque de le faire disjoncter. Il y a des pannes d’ascenseur, des fuites de gaz, l’éclairage des couloirs extérieurs est insuffisant. Les locataires se demandent aussi quand le téléphone sera installé.

Toutes ces remarques semblent indiquer que l’immeuble n’est pas totalement achevé lors de la livraison. Elles montrent aussi qu’il a été construit sans réflexion préalable sur l’utilisation pratique et domestique. Ainsi les problèmes d’entretien signalés, mais également l’étroitesse de certaines pièces, ou encore le positionnement des compteurs.

La plupart des nouveaux arrivants ne connaissent pas Roubaix, et ne savent pas ce qu’est l’îlot Anseele, ni ce qui se trouvait là avant. Les tâches du couple de gardiens sont lourdes, vu la taille du bâtiment : nettoyage des caves et des abords, celui des paliers et escaliers étant effectué par les locataires, surveillance des locaux, menus travaux (remplacement d’ampoules,…) et renseignements des différents visiteurs. L’amélioration des abords devra attendre : d’un côté, le parking pour les voitures sera très vite saturé, et de l’autre, le chantier du grand parking souterrain et du centre commercial Roubaix 2000, qui durera plusieurs mois.

D’après Nord Éclair

Un nouveau lycée pour Roubaix

Le petit lycée boulevard Gambetta Photo PhW

Depuis 1948, le petit lycée du boulevard Gambetta est rattaché à l’Institut Turgot. A l’époque il propose deux classes d’enseignement secondaire, la sixième et la cinquième, les élèves terminant leur parcours secondaire au lycée de Tourcoing. Dès 1948, il est question de mener les élèves roubaisiens jusqu’au baccalauréat à Roubaix, mais les murs du petit lycée ne sont pas extensibles. De plus, il a été construit dans l’ancien hôtel particulier de M. Léon Allart, l’industriel du grand peignage du boulevard Gambetta[1], et il ne correspond plus aux normes et aux exigences officielles. L’extension nécessite 48.000 m² !

Le conseil municipal qui se réunit en janvier 1950 prend alors plusieurs décisions importantes. Les conseillers choisissent un emplacement pour le futur lycée : un terrain situé le long de l’avenue Salengro, hors de la grande agglomération roubaisienne, dans le quartier tranquille et encore campagnard des Trois Ponts. C’est une surface bien exposée, aérée et affranchie des mitoyennetés, à proximité du parc municipal des sports et de l’école de plein air. Puis il est décidé d’ouvrir un concours aux architectes français avec le cahier des charges suivant : il s’agit de construire des bâtiments simples, avec le souci de l’hygiène, du confort, et de la facilité d’entretien, plutôt que de faire dans le somptuaire et dans la dépense superflue. En bref, et pour paraphraser un slogan publicitaire bien connu : du beau, du bon et du pas cher !

(d’après Nord Eclair)

[1] aujourd’hui remplacé par la cité CIL du Galon d’Eau

Châteaux et propriétaires

Les châteaux du quartier Plan 1919 AmRx

Quand on observe attentivement le plan de 1919 ci-dessus, et qu’on le recoupe avec les propriétés signalées dans le Ravet Anceau ou dans la presse, on obtient la liste suivante.

1-Côté Raverdi, une propriété située au démarrage de la rue du Tilleul (future rue Jules Guesde) à l’endroit du carrefour formé par cette rue avec les rues Jean Goujon, d’Hem, et Jean Baptiste Vercoutère. On aperçoit une grande bâtisse près de laquelle se trouvent des jardins et dont l’accès se fait par la rue Montgolfier. Cette propriété est occupée par l’industriel Georges Heyndrickx et sa famille jusqu’à la première guerre.

2-Immédiatement au dessus, et séparée de la précédente propriété par le prolongement de la rue de Bouvines, un grand bâtiment autour duquel se trouve une grande pièce d’eau au lieu dit la Pontennerie, et quelques autres bâtiments disparates. La percée ou le prolongement de la rue de Bouvines jusqu’à la rue Montgolfier n’a jamais abouti. Il semble bien qu’il ait servi d’accès à cette propriété où l’on pouvait entrer également par la rue du Puy de Lôme. Selon le Ravet Anceau, cette propriété est occupée par M. Toulemonde Destombes, puis appartient à M. Alfred Motte Scrépel et sa famille jusqu’à la première guerre. En 1897, Alfred Motte demande l’autorisation de faire construire une ferme sur cette propriété.

3-Au-delà de la rue Montgolfier, à l’angle de la rue Jean Baptiste Notte et du boulevard de Reims, une autre propriété avec un grand jardin, dont l’accès se trouve boulevard de Reims. En 1892, il s’agit de la propriété de M. Bossut Plichon.

4-De l’autre côté du boulevard de Reims, se trouve la grande propriété dite des Près, appartenant à M. Louis Cordonnier, dont le souvenir subsiste avec le nom de l’avenue qui donnait accès à ce véritable château. L’avenue Linné a été tracée sur une partie de la propriété.

On voit donc que le quartier était encore campagnard, libre de toutes constructions, excepté ces grandes propriétés d’industriels, dont on peut situer la construction entre 1870 et 1900. Plusieurs familles s’y succéderont, avant que la réappropriation de leurs propriétés en terrains publics ou sportifs ne s’opère, après la première guerre mondiale.

Le Lotissement Ferret-Savinel, allée Rembrandt

En 1979, l’entreprise immobilière Ferret-Savinel achète, en deux temps, la totalité de l’emprise de la teinturerie Burel : d’abord douze mille quatre cents m2, y compris l’entrée de l’usine et la maison du concierge, en front à rue du Boulevard de Fourmies. Puis dans un second temps le reste de l’usine (deux mille m² de bâtiment, le long de la rue Mignard). Un dossier de demande de permis de construire concernant cinquante-cinq logements individuels est présenté par Ferret-Savinel le 17 Août de cette année.

PartageUsineBurel
Plan usine Burel doc AmRx

Mille huit cent m² d’espaces verts sont prévus, ainsi qu’un chemin piétonnier (maintenant allée Rembrandt), qui devait mettre en relation directe les commerces du boulevard de Fourmies et les maisons individuelles de l’autre côté de la rue Mignard. Cette zone, s’insère entre le bâtiment collectif construit face au Boulevard de Fourmies, les maisons situées le long de l’avenue Motte, la rue Mignard et le fond de l’ancien bâtiment industriel Motte, actuellement occupé par un garage Citroën.

LotissementFerretSavinel
Lotissement Ferret Savinel vue IGN

Les maisons sont construites (la majorité à 5 pièces, et quelques unes à quatre) sur 4 niveaux (RdC bas et haut, 1er et 2eme étage). Pour varier l’aspect des constructions, il est prévu différents plans de façades, de faire varier les couleurs des murs et les types de couverture. Sont également prévus des garages intégrés aux habitations et des places de stationnement. Les habitants du lotissement y accèdent par l’ancienne entrée de l’usine, ouvrant sur le Boulevard de Fourmies.

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Plan Petit doc AmRx

Il faut remarquer que les plantations tiennent encore une place non négligeable dans le lotissement et que le passage piétonnier, transformé en allée de circulation intérieure, est maintenant fermé par une grille rrettélécommandée par les habitants, sans doute pour sécuriser les accès. Signe des temps ?

 

 
 

Les châteaux de la Potennerie

Un croquis de M. Fleurbayx sur la Potennerie

Voici le dessin réalisé en mai 2010 par M Georges Fleurbayx  pour illustrer sa description des  trois châteaux  qu’ il situe  à  La Potennerie  dans le périmètre formé par les rues Jean-Baptiste Notte, Montgolfier, Dupuy de Lôme et Jules  Guesde.

Les 19 premières  années de sa vie –  de 1923 à 1942 –  Mr Fleurbayx a habité au 28 rue de la Potennerie , impasse Courbet,  une petite maison à un étage. Son père était contremaitre de filature à l’ usine Dazin-Motte,  Boulevard de Fourmies et lui-même y sera embauché  comme coursier à  14 ans.

Depuis sa chambre au premier étage , quand  il regardait vers la rue Dupuy de Lome, il  avait vue sur un  vaste  espace boisé comportant également  pelouses et jardins,   clôt  par un mur  épais d’ environ 3 mètres de haut . A travers les arbres,  il pouvait apercevoir au centre de la propriété l’ arrière d’ un château  qu’ il désigne comme  » le château d’ Halluin ». Face à l ‘ actuelle rue de Rocroi – qui relie la rue Dupuy de Lôme à la rue de la Potennerie- existait une entrée permettant d’ accéder au château. Sur la droite de cette entrée  se trouvait l’ habitation du concierge et, encore à droite de ce logement, un jardin potager qui allait  jusqu’ à la rue Jules Guesde.

Selon M Fleurbayx ,  la façade du  » château d’ Halluin » était tournée vers la rue Jean- Baptiste Notte. Il place un deuxième château , le  » château Huet » ,  le long de cette même rue et un troisième , plus petit , plutôt  » manoir » dit-il,  le long de la rue Jules Guesde , le « château Derville ».  Une grande entrée existait précisément rue Jules Guesde et permettait d’ accéder à l’ un ou à l’ autre de ces  châteaux, aucune clôture n’existant entre eux. Sur la gauche du château d’ Halluin se trouvait une petit point d’ eau ou pièce d’ eau et sur le terrain Huet , côté rue Montgolfier, une sorte de pavillon de chasse.

« Je ne suis jamais entré  » , dit Georges Fleurbayx.  »  Sauf pour aller chercher mon ballon,  passé au dessus du mur …Le devant du château, personne ne le voyait. … Une seule fois quand même , on y est allé : c’était pour  ma promesse scout , vers 1935. « 

Madame Fleurbayx se souvient également :  » moi, j’ allais à l’ école Notre Dame de Toute Bonté. L’ église Saint Jean-Baptiste juste à côté était une église  aisée  ( sic) . Les d’ Halluin venaient. Nous , on était assis avec l’ école sur les côtés, eux , comme tous ceux des châteaux, avaient leurs chaises à leurs noms, réservées dans la nef centrale. On respectait ça…Une fois, l’ école a été autorisée à faire la procession chez Huet. On  est entré par la rue Jules Guesde , en venant de l’ église St Jean-Baptiste et on a fait le tour du château en procession . Ca nous a marquées. C’était magnifique pour nous. On a été dans les jardins. C’était dans les années 1935. Je me souviens que ma petite sœur faisait un ange avec des ailes et moi je tenais les cordons de la statue de la Vierge. « 

La fin de la Grande Barre

 

La grande barre photo NE

L’immeuble collectif qui allongeait ses trois cents mètres à cheval sur les territoires d’Hem et de Roubaix a d’abord été dénommé B13, car il faisait partie d’ l’opération des 1200 logements démarrée en 1958, et partagée entre le quartier des Hauts Champs pour les trois quarts et le quartier de la Potennerie pour le quart restant. Les tous premiers locataires avaient quitté soit une courée ou une vieille maison sans confort pour venir découvrir un luxe nouveau : salle de bains, chauffage central, grandes pièces éclairées par de grandes baies vitrées. Une grande pelouse bordait toute la longueur de la construction[1].

Dès 1968, surgissent les premiers problèmes. On parle de la dégradation des logements, due à la mauvaise qualité de la construction, mais aussi au surpeuplement et au fait que les habitants n’entretiennent pas correctement leurs logements. Le journaliste de l’époque évoque même un problème d’éducation des locataires. Petit à petit, les ménages dynamiques[2] quittent le secteur et l’on craint une nouvelle ghettoïsation. Il y a ceux qui peuvent partir et ceux qui ne peuvent pas et qui disent : nous sommes là parce qu’il n’y avait de place ailleurs, si nous pouvions en partir…

Les Hauts Champs sont considérés comme une cité dortoir : où sont la salle de spectacle, le comité des fêtes, la ducasse, les jardins d’enfants et les terrains de sports ? La crise du textile produit ses effets. On venait à Roubaix parce que l’employeur y assurait le logement, et on venait de partout, car les roubaisiens et tourquennois ne représentent qu’à peine 50% des locataires nouvellement installés. En 1968, on considère que 55% des familles sont en situation précaire. La répartition des types de logements ne correspond plus à la demande : en moyenne la famille type des Hauts Champs est composée de cinq personnes, et le nombre de F4 est insuffisant.

La décennie suivante voit augmenter la dégradation de l’habitat et des conditions de vie. Les détériorations volontaires et l’incivilité se sont ajoutées aux problèmes de vieillissement du patrimoine immobilier. Cette zone urbanisée sur les chapeaux de roue, connaît au début des années quatre-vingt, les désagréments d’un chauffage qui ne fonctionne plus, l’humidité, les vitres et portes cassées, les problèmes de robinetterie détériorée, de persiennes cassées. Dans le quartier s’installe un climat d’insécurité. Deux cent cinquante réclamations par jour sont adressées au GIL pour une population de 27.000 habitants !

Dès lors la grande barre plonge dans le chaos : odeurs nauséabondes, éclairages dégradés, appartements inoccupés, portes défoncées, trous béants. La grande barre est abandonnée par la majorité des locataires et son état de délabrement devient inquiétant, d’autant que la drogue et le squat y ont fait leur apparition.

On parle déjà de démolition depuis 1979. Mais il faut reloger les derniers habitants et rembourser les emprunts : la construction de la grande barre, soit 330 logements, a coûté 11 millions de francs (en 1958) et il reste la moitié à rembourser. Le coût de la démolition n’est pas négligeable, surtout pour le transport des gravats et matériaux. Enfin, cette démolition est annoncée, elle démarrera le lundi 16 septembre 1985 et durera quatre mois. Le grand immeuble de classe est à la casse. La CSCV[3] y voit l’échec d’une politique de construction dont les locataires ont largement payé le prix. Avec cette démolition débute le plan de développement social des quartiers[4]. Au moment où les bulldozers et les grues commencent à transformer la Grande Barre en un amas de gravats dans une poussière dense, on ignore qui suivra…

Photo Nord Éclair

[1] Propos de Madame Nadine Duquenne, arrivée dans le quartier des Hauts Champs en 1962, relatés par Nord Eclair en 1985
[2] L’expression est celle du journaliste
[3] Confédération Syndicale du Cadre de Vie
[4] C’est au cours des années 1980 qu’une approche globale, à la fois sociale et urbanistique, des problèmes spécifiques aux villes modernes est apparue nécessaire. Cette prise de conscience a mené à la création d’un ministère de la ville en 1991.

1967 : le groupe scolaire Jean Macé

GSJeanMacé1967

Le groupe scolaire Jean Macé qui ne comprenait jusqu’ici qu’une école de garçons se voit adjoindre en septembre 1967 une école de filles et une école maternelle. L’école de filles est composée de huit classes, réparties en deux étages, une salle d’enseignement ménager, un bureau de direction, une cour de 800 m², un préau de 200 m² et une salle de propreté. L’école maternelle comprend six classes, une aire de jeux, une salle de repos, une salle de propreté, un bureau de direction, un cabinet médical.

Un restaurant scolaire pouvant accueillir 680 couverts, une salle des sports et un groupe de logements de trois appartements complètent les installations. Le projet reçoit l’aval de l’Etat en juillet 1966, et le département et la ville contribuent également au financement de ce nouveau groupe scolaire. Les plans sont l’œuvre de  l’architecte Dessauvages.

L’inauguration aura lieu le samedi 16 septembre 1967, en présence du maire Victor Provo et de M. Treffel, inspecteur d’académie. Le premier intervenant sera Octave Vandekerkhove, délégué cantonal de l’école Jean Macé, qui souligne le caractère moderne de la nouvelle école, dont les élèves se rendront compte que ce n’est plus l’école caserne de jadis[1].

Puis il rend hommage à l’action de Victor Provo et de la municipalité : la Laïcité et l’Education Nationale avec de tels hommes se porteront bien. L’inspecteur Jacques Treffel le suit sur cet hommage, en qualifiant Victor Provo de très grand bâtisseur, avant de faire l’éloge des inspecteurs Mme Valade et M. Bouret. Il relève le choix judicieux du nom du Jean Macé, qui fut le précurseur de l’éducation permanente.

Victor Provo prend ensuite la parole pour évoquer la transformation du quartier des Trois Ponts en cours, qui devient une véritable petite ville dans la ville, et il évoque les prochaines constructions du quartier : un nouveau groupe scolaire (ce sera le groupe scolaire Léo Lagrange) et de la future passerelle du Carihem, destinée à permettre une liaison directe avec Wattrelos. Le grand plan de la mutation du quartier des Trois Ponts est lancé.


[1] Propos relatés par le journaliste de la Voix du Nord

Le groupe scolaire de la Potennerie

 

Le groupe scolaire de la Potennerie Photos PhW

C’est en 1955 que sera prise la décision de la création du Groupe Scolaire de la Potennerie. Les locaux vétustes des écoles des rues Chanzy et Decrême ne permettent plus l’accueil d’une population enfantine en augmentation, on va donc les désaffecter et l’école de la rue du Coq Français devient une école primaire pour garçons, et la construction d’une école de filles et d’une maternelle est à l’ordre du jour.

Le 2 août 1955, un chantier s’est ouvert à l’angle des rues Jules Guesde et Dupuy de Lôme dans un vaste parc qui fut longtemps celui d’un château. Ce parc privé était dans un état de friche et pendant l’occupation, les allemands l’avaient transformé en terrain d’exercice[1]. On abat le mur, mais pas les arbres. On prévoit dix classes de filles et six classes maternelles, et les plans sont confiés à l’architecte Pierre Neveux, qui prévoit une intégration harmonieuse et respectueuse du cadre agréable, du groupe scolaire dans la cité de la Potennerie.

De janvier à mai 1956, le futur groupe scolaire de la Potennerie prend forme, et il transforme progressivement ce coin de la rue Jules Guesde où se trouvait autrefois un long mur gris et triste.

En septembre 1956, le président du conseil Guy Mollet vient inaugurer le groupe scolaire de la Potennerie[2]. Le groupe comprend une école maternelle de six classes avec salle de jeux et salle de repos réglementaire, une école de filles de dix classes avec salle d’enseignement ménager. Un important bâtiment relie les deux écoles et contient les installations de chauffage central, des installations de douches pour les élèves du groupe et des autres écoles, un grand réfectoire avec cuisine, dont la capacité d’accueil est de 400 enfants. Il y a aussi une salle de gymnastique dont l’entrée est indépendante de celle des deux écoles, ainsi qu’un plateau d’éducation physique. Un pavillon isolé regroupe les logements des deux directrices.

La livraison du groupe scolaire était prévue pour février 1957, mais il y aura une ouverture partielle début octobre 1956, et dès la fin de l’année, les écoles seront opérationnelles.


[1] D’après le journaliste de Nord Eclair
[2] Guy Mollet inaugurera également le lycée Van Der Meersch et l’exposition du CIL sur le logement organisée sur le boulevard Gambetta

Le Boulevard de Fourmies en 1930

Le boulevard de Fourmies des années trente CP Méd Rx

Cette carte postale représente le boulevard entre 1930 et 1950, vu en direction de la place du Travail. On y voit la filature Dazin-Motte, surmontée d’une tour. Sur son emplacement se trouve aujourd’hui la résidence Palissy. En se rapprochant, on découvre successivement la rue Puget puis la rue Carpeaux et, au premier plan la rue David d’Angers.

On assiste à une première vague de construction dans les années 1890, lors de l’ouverture du boulevard : d’abord les usines s’implantent, puis les premières maisons particulières et quelques commerces. La majorité des constructions actuelles sont en place à partir de 1925. En particulier, on compte à cette époque 10 estaminets entre la rue Messonnier et l’avenue Linné : ce nombre est lié à la présence de trois grosses entreprises dans cette zone.

Le Ravet Anceau nous permet d’identifier les commerçants avec, de gauche à droite : la mercerie Lassou, l’estaminet de Mme Desreumaux (puis Derache-Planquaert), la boucherie-charcuterie Baelde, l’épicerie Brouwers transformée avant 1939 en droguerie, le marchand de chaussures Degeldère, la mercerie Willaumez, le bureau de tabac Horent (Vanneste par la suite). Après la rue Carpeaux, la boucherie Belpaume, et après la rue Puget, l’estaminet Deleporte repris avant la guerre par le marchand de meubles Leblanc.

Le tramway visible sur l’image, emprunte la ligne D (Mouvaux – Bd de Fourmies par la place de Roubaix). Cette ligne avait son terminus devant les ensembles HBM, à la limite de l’avenue Motte.

Tout n’est donc pas encore bâti ; on voit bien sur la photo qu’il reste des «vides» côté impair, mais en ce qui concerne les bâtiments existants à l’époque, on retrouve aujourd’hui les constructions d’alors :

 

Le détail

Ce montage montre bien que les constructions sont les mêmes bien que les façades de magasins aient changé. Le café du coin s’est agrandi d’une terrasse couverte, la boucherie comporte maintenant un garage surmonté d’un étage, la boucherie au coin de la rue Carpeaux s’est trouvée augmentée d’un bâtiment bas qui n’existait pas à l’époque.

Si cette vue du temps passé vous suggère des commentaires, n’hésitez pas à les placer ici ; toute contribution est la bienvenue, car elle permet d’enrichir la mémoire du quartier.

Un trou et des tours

Le plan publié par NE

En Septembre 1966, la presse annonce pour l’année suivante la construction de quatre tours de 19 étages aux installations exceptionnelles, près du futur centre commercial de la rue de Lannoy. Elles seront l’œuvre de l’architecte roubaisien Guy Lapchin, déjà auteur en 1958 avec ses collègues Gillet, De Maigret et Ros de la Résidence d’Armenonville (115 boulevard du Général de Gaulle à Roubaix) et de la Résidence Marly (au n°129 du même boulevard). Ces deux réalisations culminent à 36 mètres de hauteur[1], entre le parc de Barbieux et l’entrée du boulevard Leclerc.

Les tours projetées feront 55 mètres de haut, et contiendront 112 logements, répartis en appartements de type 2, 3, 4 et 5. Il est prévu une pelouse et une salle de réunions au 19eme étage, et des emplacements seront réservés dans le parking souterrain. Autour de ces bâtiments, il y aura des espaces de jeux, des pelouses. Le premier étage sera réservé à la vie collective des habitants (salle polyvalente, halle d’enfants).

Cependant pour mener à bien ce projet, tel qu’il est représenté sur le croquis ci-dessus[2], quelques problèmes restent à résoudre. En premier lieu, la disparition de la centrale EDF de la rue du même nom, située à l’emplacement prévu pour la quatrième tour, la plus proche du boulevard Gambetta. La centrale restera en place bien après la fin du chantier des tours, ce qui explique que la quatrième tour n’ait pas été bâtie dans l’alignement des trois autres…

Il faut aussi commencer à creuser le parking souterrain, avant d’implanter le futur centre commercial. Déjà le sol de la rue de Lannoy, plus de 100.000 m3 de terre, est transféré vers les Trois Ponts afin d’aller réduire la dénivellation de ce quartier. Ce sont alors des va et vient incessants de camions de quinze tonnes qui ébranlent la chaussée des boulevards de Belfort et de Beaurepaire à raison d’un passage toutes les trois minutes. Ce n’est qu’en mars 1967, qu’on va couler la dalle du fond du parking.

Inauguré en juin 1966, l’os à moelle va donc connaître deux mois plus tard les poussières et les boues dues au voisinage d’un double chantier. Il en sera de même pour les immeubles HLM situés de l’autre côté, au milieu desquels où le groupe scolaire Camus sera bientôt terminé. Les riverains du bloc Anseele en ont encore pour quelques années de chantier


[1] Source www.paris-skyscrapers.fr
[2] Publie dans Nord Eclair en septembre 1966