M. Journel fait l’acquisition, en 1895, d’un terrain rue Saint Georges ( aujourd’hui rue du Général Sarrail ). Il dépose une demande à la Mairie, pour la construction de deux maisons au 51 et 53. Ce sont deux maisons jumelles, car les 2 étages sont parfaitement symétriques.
Permis de construire 1895 ( document Archives Municipales )Les maisons jumelles. A droite, au 49, l’institution Sainte Agnés ( document collection privée )
M. Journel est charcutier. Il installe son commerce au 51 et décide de louer la maison voisine du 53 à un commerce de vannerie tenu par les sœurs David. M. Journel est également chef cuisinier, spécialisé en volailles. Son enseigne « Au Faisan » est déjà très connue au début des années 1900. Il cuisine des plats sur commande ; c’est le début de ce que on appelle aujourd’hui l’activité traiteur.
De gauche à droite : le coursier, le garçon de cuisine, le chef cuisinier, Mme Journel, M Journel, la vendeuse, la comptable et François, l’apprenti ( document collection privée ).
La façade de son magasin est de taille modeste, mais le bâtiment est très profond, ce qui lui permet d’installer son atelier de charcutier-traiteur, et également d’aménager une salle pour noces et banquets.
( document collection privée )
Au début des années 1930, le commerce est repris par Léon Blot. Né dans la région parisienne, Léon Blot habite au 5 rue du Trichon. Il continue bien sûr, l’activité de son prédécesseur et se spécialise en charcuterie fine, volailles, gibier, foie gras, jambons, hors-d’œuvre, etc. Il livre tous ses produits à domicile, aux particuliers pour les mariages, et aux entreprises pour les banquets et réunions. Après guerre, Léon développe fortement son commerce et devient une figure incontournable du métier de charcutier-traiteur.
Au début des années 1960, Michel Duplouy reprend le commerce et garde l’enseigne Blot car elle bénéficie d’une très bonne renommée. En 1965, d’importants travaux de voirie détériorent la façade du commerce, qui nécessite des travaux de réfection, en 1966.
( document Archives Municipales )Publicité des années 1960 ( documents collection privée )
Dans les années 1970, le commerce est repris par Alain Verbrugghe. Il continue l’activité de traiteur charcutier et garde, bien évidemment, l’enseigne Blot. En 1981, le gérant de la SARL Blot, décide de moderniser sa façade. Les travaux sont confiés à Michel Lerouge de Villeneuve d’Ascq.
Document Archives Municipalesau 53, le bijoutier G. Delzenne ( documents Archives Municipales )
Le commerce ferme dans les années 1990. Depuis, le bâtiment est à l’abandon au n° 51, squatté, et entretenu au n° 53. Les pompiers sont intervenus dernièrement, pour éteindre un incendie, derrière le bâtiment qui donne sur le parking Sarrail.
La délibération du Conseil Municipal en date du 16 novembre 1979 avait donné son nom à la nouvelle pénétrante venant de Tourcoing. Le tronçon entre le Pont SNCF et la rue Pierre de Roubaix au niveau de la Grand Rue s’appellera donc avenue des Nations Unies. Puis on lui intégrera la partie de la rue Pierre de Roubaix entre la Grand Rue et le boulevard Gambetta, ce qui lui assurera un débouché plus conforme à son flux de circulation. La nouvelle avenue des Nations Unies emprunte donc les anciennes voies dénommées rue Saint Vincent de Paul, rue Saint Pierre, rue du Ballon, ainsi que des tronçons de voies de la rue Pellart, de la rue de l’Hommelet et de la rue Pierre de Roubaix1.
Le dernier bâtiment démoli le long de la nouvelle avenue Photo NE
On vient à peine de démolir la dernière bâtisse vétuste à coups de bulldozer et on a déjà commencé les plantations du futur mail devant l’église Notre Dame.
Le mail Notre Dame Photo NE
Pas de nouvelle avenue sans inauguration officielle. C’est le premier ministre Pierre Mauroy, il l’est depuis le 21 mai dans le premier gouvernement du Président François Mitterrand, qui viendra procéder à cette cérémonie, le samedi 16 octobre 1981. Un programme chargé l’attend, d’autant qu’il n’aura que la matinée à consacrer à Roubaix, emploi du temps de chef de gouvernement oblige. Le rendez vous des personnalités a lieu en mairie le samedi 16 octobre à 10 heures 30, puis on rejoint la toute nouvelle école Elsa Triolet dans le quartier de l’Alma pour l’inaugurer. Vers 10 h 15, c’est au tour de de l’avenue des Nations Unies, de la rue de la Communauté urbaine et du parking silo d’être inaugurés. Après une visite des constructions en cours, une réception à l’hôtel de ville est prévue vers 11 h 45 réception et discours. Départ du premier ministre à 12 h 15. Pierre Mauroy est accompagné par M. Alain Savary, ministre de l’Education Nationale et Roger Quillot ministre de l’urbanisme et du logement. Cette visite ministérielle est l’occasion du lancement d’une grande campagne de promotion des logements de l’alma gare et de l’alma centre.
Les officiels Photo NE
Une pluie fine et un vent mauvais ont contribué à donner un aspect morne à cette cérémonie. Le premier ministre est attendu : la CFDT, l’atelier populaire d’urbanisme, auxquels Pierre Mauroy répond sur des thèmes qu’il reprendra un peu plus tard, l’emploi, les 35 heures, les pré-retraites. Après quelques échanges avec des syndicalistes sous leurs banderoles, le cortège rejoint la salle des mariage l’hôtel de ville, où se trouvent M. Clérambeaux vice-président de la communauté urbaine, ex maire adjoint de Roubaix.
Inauguration école Elsa Triolet Photo NEInauguration de l’avenue des Nations Unies Photo NE
Le député maire de Roubaix Pierre Prouvost prend la parole pour évoquer les objectifs de Roubaix : l’organisation de la conversion économique par le développement industriel à partir de zones d’activités en tissu urbain et le traitement curatif et préventif des friches industrielles, et l’aménagement du centre ville et des quartiers anciens dégradés par la suppression de l’insalubrité, l’amélioration de l’environnement, la création d’équipements publics et collectifs tout en y favorisant une offre diversifiée de logements2.
Viennent ensuite la lutte contre l’échec scolaire et la constitution d’un environnement socio éducatif et socio culturel de qualité.Enfin le député maire de Roubaix porte la candidature de sa ville au nom du versant nord est de la métropole pour recevoir le centre d’innovation du textile dont la mise en place est prévue pour 1982.
Pierre Mauroy, dans sa réponse, aborde la question de l’emploi et du chômage, annonce une croissance de 3 % en 1982 génératrice d’emploi, la réduction du temps de travail à 35 heures et des mesures d’encouragement à la pré-retraite. Il évoque ensuite la reconquête des centres villes pour laquelle il constate que Roubaix est en avance.
Le député maire de Roubaix Pierre Prouvost prend la parole pour évoquer les objectifs de Roubaix : l’organisation de la conversion économique par le développement industriel à partir de zones d’activités en tissu urbain et le traitement curatif et préventif des friches industrielles, et l’aménagement du centre ville et des quartiers anciens dégradés par la suppression de l’insalubrité, l’amélioration de l’environnement, la création d’équipements publics et collectifs tout en y favorisant une offre diversifiée de logements2.
Il parle aussi de la lutte contre l’échec scolaire et de la constitution d’un environnement socio éducatif et socio culturel de qualité. Enfin le député maire de Roubaix porte la candidature de sa ville au nom du versant nord est de la métropole pour recevoir le centre d’innovation du textile dont la mise en place est prévue pour 1982.
Pierre Mauroy, dans sa réponse, aborde la question de l’emploi et du chômage, annonce une croissance de 3 % en 1982 génératrice d’emploi, la réduction du temps de travail à 35 heures et des mesures d’encouragement à la pré-retraite. Il évoque ensuite la reconquête des centres villes pour laquelle il constate que Roubaix est en avance.
1 Extrait du registre des délibérations municipales
Au début des années 1900, Auguste Derryx crée son commerce, au 301 rue du Tilleul ( aujourd’hui rue Jules Guesde ), à l’enseigne : « La grande maison blanche ».
Publicité 1932 ( document collection privée )
C’est le supermarché avant l’heure ; on y trouve presque tout : articles de chauffage, cuisinières, meubles, vêtements, chaussures, draps, lingerie, machines à coudre, vélos, etc. Chacun se pose toujours la même question : comment vendre autant de produits différents dans si peu de place, car l’échoppe est petite. Auguste a le sens du commerce ; il est très disponible, le magasin est ouvert de 8h à 20h sans interruption et même le dimanche matin jusque midi.
Publicité 1937 ( document collection privée )
Il accorde des facilités de paiement à tous les clients ( 10% à la commande et le reste en 10 mensualités avec un taux d’intérêt très faible ), ce qui permet à son commerce de connaître un succès grandissant ; la clientèle de ce quartier populaire et ouvrier, n’a pas toujours les moyens d’acheter au comptant. En 1938, Louis Derryx, le fils d’Auguste, reprend l’affaire. Il abandonne progressivement les meubles, vêtements et autres produits, pour distribuer principalement les 2 roues, car il est passionné de vélo et moto.
( documents collection privée )
Après guerre, en 1945, Louis Derryx fait modifier sa façade, et ne vend plus que des bicyclettes, cyclomoteurs et motocyclettes. Il distribue les marques Aiglon et Vespa, et, dans les années 60, les cycles Peugeot. Il assure l’entretien, les réparations, et vend des pièces détachées.
Publicité 1960 ( document collection privée )La façade du 301 rue J Guesde ( document Pile à cœur )
Tous les ans, Louis organise « le petit tour du Pile à vélo » avec ses fameuses courses à étapes et ses animations radiophoniques. Louis a été bien formé par son père et sa devise reste la même : le service avant tout.. Il installe une cabine téléphonique, pour que les clients puissent appeler ; il sert de scribe, rédige des courriers et monte des dossiers administratifs ; il emmène des malades à l’hôpital de la Fraternité. Il est très près de ses clients : un grand cœur ouvert aux autres.
Louis Derryx ( document Pile à cœur )
Au début des années 1970, Louis Derryx cède son commerce de cycles à A Debenne qui continue l’activité, avant de fermer le magasin au milieu des années 1980.
la façade dans les années 1990 ( document Archives Municipales )
Récemment, le 301 rue Jules Guesde et les maisons voisines ont été rasées, dans le cadre d’un important programme de rénovation du quartier du Pile
.
Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Serge Leroy et Raymond Plateau
Une pétition datée du 19 juin 1908 réunit six signataires, déclarant tous être cabaretiers patentés place de la Justice, qui vient d’être rebaptisée le 22 avril pour prendre le nom de place de la Fraternité. Ils ont pour nom Louis Foelix, Veuve Equinet, Isidore Herreng, Lemaire, Désiré Carlier, et Demoucron, et demandent « s’il ne serait pas possible de faire monter le ballon, le 14 juillet, sur la place désignée plus haut ». Ils se plaignent que « les fêtes locales nous font perdre tous leurs clients, qui se rendent dans le centre ».
La pétition
Six cabarets, cela semble beaucoup pour une place qui ne comprend que très peu de commerces. L’envie nous vient de les localiser et de voir ce qu’ils sont devenus.
Au moment de la pétition, la place est récente : elle est tracée dans les champs depuis le milieu des années 1890 ; l’avenue Julien Lagache l’est au début des années 1900 de même que l’avenue Linne. Les constructions n’ont pas encore émergé autour de la place. Seuls quelques rares bâtiments s’élèvent le long de la rue de Lannoy près de l’intersection avec l’avenue Lagache. D’autres, plus nombreux et construits de manière pratiquement continue, sont édifiés entre l’avenue Cordonnier et la rue du Chemin Neuf. C’est là qu’il faudra rechercher nos signataires et non autour de la place proprement dite.
Les constructions vers 1908
Reprenons la liste des signataires dans l’ordre.
Louis Foelix occupe en 1908 l’immeuble faisant le coin de l’avenue Julien Lagache, celui qu’on voit à droite sur la photo. Il porte à l’époque le numéro 401, mais, à la suite d’une renumérotation, il portera en 1913 le numéro 379, qui ne changera plus ensuite jusqu’à aujourd’hui. On remarque l’estaminet en liesse sur la photo d’inauguration de l’hôpital. Assurément, le cabaret a été construit dès l’ouverture de l’avenue.
Louis Foelix reprend l’estaminet à un monsieur Loridan, propriétaire avant 1907. Sur une photo d’avant la construction de l’abri du tramway affiche, on peut lire en grand son nom sur la façade. En 1913, la veuve Carlier y officie pour quelques années. Celle-ci a-t-elle un rapport de famille avec le Désiré Carlier du 377 ? En 1924, c’est L. Carlier (C.Carlier, sans doute son frère, y habite, alors qu’il exerce la profession d’infirmier).
De 1935 à 1955, la débitante est Mme Vandenbulcke, puis Mme Dupriez préside en 1958 aux destinées de l’établissement qui a pris le nom de café de la Fraternité. On trouve ensuite en 1962 Mme Pleyou, en 1964 L.Demey. Mme Raux en 1973, alors qu’en en 1978, M. Raux dirige une entreprise de taxis parallèlement au café tenu par Mme.
Aujourd’hui, le café est toujours en activité ; il est animé par Jean Claude Galand.
Photo Jpm
La veuve Equinet, deuxième signataire de la pétition, qui tenait commerce d’allume-feux dès 1903 au numéro 423, face à l’avenue Cordonnier, s’est donc recyclée dans le débit de boissons sans changer d’adresse. En 1913 son estaminet est repris par A. Spriet, jusqu’à la fin des années 1920. En 1930 celui-ci devient épicier, toujours à la même adresse, alors qu’un L. Spriet, peut-être son fils, électricien, habite également la maison. En 1935, le commerce redevient un estaminet, conduit par G.Planque jusqu’à la guerre. En 1953, c’est un magasin d’électricité générale, Leng-Picard, qu’on retrouve jusqu’en 1958 alors que, à partir de 1955, un garage automobile au nom de F.Vanderdonckt figure quelques années à la même adresse que le café. En 1962 les électriciens se spécialisent dans la radio-télévision, alors que le garage devient garage de la Fraternité jusqu’en 1978.
En 1983 M. Senkiwski a repris le commerce de radio-télé et le garage, lui, disparaît en 1984.
Quatre ans plus tard, les locaux du 423 abritent un commerce de matériels de collectivités au nom de Carosello diffusion, qui vient de déménager en traversant la rue depuis le numéro 460.
C’est aujourd’hui une maison d’habitation dont l’étroitesse laisse imaginer les dimensions de l’estaminet d’origine. La vitrine du commerce a disparu, mais la grille du garage est inchangée.
Photo Jpm
Le troisième signataire, Isidore Herreng tient son activité de cafetier en face du précédent, au 460, la deuxième maison après la rue Cordonnier. On le retrouve à cette adresse grâce au recensement de 1906 où il est indiqué qu’il est tisserand, mais que son épouse, Angèle-Marie, est épicière.
Le Ravet-Anceau de 1908, lui, nous indique J.Herreng, épicier. Il passe ensuite au 458, mieux situé, où on le retrouve en 1913 et 1914, toujours comme épicier selon le Ravet-Anceau. Il est permis de penser que l’épicerie débitait également des boissons comme souvent à l’époque. Par ailleurs, on peut raisonnablement imaginer que le J du prénom est indiqué par erreur, et qu’il s’agit bien d’Isidore Herreng, notre signataire.
Au 460 s’installe alors V. Seigneur, mercier jusqu’en 1939, année où il cesse ses activités commerciales. On verra en 1953 dans l’immeuble s’installer la poissonnerie de Mme Decroix., qui cède son commerce en 1964 à Mme R. Delbarre, remplacée elle-même par Mme Sauvage en 1968, puis par A. Bourlet en 1973. Ce commerce disparaît enfin en 1978, et c’est, en 1983, Carosello diffusion, matériels pour collectivités, qui reprend les locaux pour quelques années avant de traverser la rue pour s’installer en face, où on le retrouve au 423 en 1988.
Finalement, la caisse d’épargne sise au 458 s’agrandit au détriment du 460, qui disparaît alors.
Le 460 entre 1983 et 1988
Nous découvrirons dans un prochain article ce que sont devenus les autres estaminets de la Fraternité.
Les documents présentés proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives départementales.
En 1882, le conseil municipal décide de percer une grande avenue pour relier la Grande Place à la future gare de Roubaix. La rue de la Gare est née. Des constructions s’y élèvent dès 1885 et, très rapidement, l’avenue, large de 25 mètres, est bordée d’immeubles majestueux, à l’architecture remarquable de style Haussmanien. Des entreprises textiles implantent leurs prestigieux bureaux ; on y trouve également des banques, des hôtels et, bien sûr, des cafés-restaurants.
Le Grand café au début des années 1900. A droite le kiosque de la Grand Place ( document collection privée )
Le Grand Café ouvre ses portes, en 1885, au rez de chaussée du N° 4 de la rue de la Gare. Un restaurant s’implante au 1° étage et les étages supérieurs sont aménagés en appartements. Le Grand Café porte bien son nom car la surface est importante : 134 m2 pour le café du rez de chaussée, avec une sortie de l’autre côté, au 5 de la rue du Vieil Abreuvoir, et 116 m2 pour le restaurant du 1er étage. Un escalier privatif, rue de la Gare, à gauche de l’établissement, permet aux clients d’accéder au restaurant.
Le Grand Café en 1907 ( document collection privée )
Sur la façade principale, rue de la Gare, une marquise abrite les consommateurs, à l’extérieur, sur la terrasse chauffée.
Illumination du Grand Café au carnaval de 1908 (document collection privée )
Le début des années 1900 est une époque très faste pour Roubaix ; les usines textiles sont performantes ; les affaires des commerces et des entreprises sont florissantes. C’est une période festive ; les carnavals et cavalcades se déroulent tous les ans, en ce début de siècle. Le Grand Café s’illumine tous les soirs, en 1908.
Plan cadastral et plan du rez de chaussée ( documents Archives Municipales )
Le propriétaire du « Grand Café » est J. Louvion. La gérante du « Restaurant du Grand Café » est Mme Merlin. Ils bénéficient fortement de cette période aisée, en proposant au café, des consommations de haut de gamme et de 1° choix. Le restaurant se spécialise en fruits de mer, huîtres, coquillages, poissons et crustacés.
Publicité années 1920 ( document collection privée )
Pendant des décennies, le Grand Café continue d’être le lieu symbolique de rencontre des roubaisiens. C’est un emplacement exceptionnel, un endroit chargé d’histoire, un lieu emblématique de la vie roubaisienne, car de nombreux événements s’y déroulent : banquets, mariages, réunions politiques, etc. Les propriétaires se succèdent : dans les années 30, Michel et Gardebois sont les tenanciers du café, et A. Gyselinck, le patron du restaurant.
Projet d’aménagement 1958 ( document Archives Municipales )
En 1958, les responsables, Georges Derome et Jules Cotton, décident de transformer et moderniser leur établissement : démontage de la marquise et des menuiseries, démolition du soubassement, pose de vitrines en façade et d’un store, et, à l’intérieur, réfection des peintures et rénovation des sanitaires, le tout pour un montant total de 3 millions de francs.
( documents collection privée )
En 1962, Jules Cotton procède au remplacement de la porte d’entrée privative du restaurant. En 1971, Stanis Kazimierczak, le nouveau tenancier du Grand Café, transforme les 2 façades ( av Jean Lebas et rue du Vieil Abreuvoir ) pour un montant total de 24.000 Frs. Au début des années 80, la situation économique de la ville se dégrade : les fermetures d’usines textiles se succèdent, mais le Grand Café tient bon.
Façades de l’avenue Jean Lebas et de la rue du Vieil Abreuvoir en 1997 ( documents Archives Municipales )
En 1998, le propriétaire des lieux : la SCI du Centre, rue de Paris à Lille, gérée par Mme Motte, décide à nouveau une rénovation complète des deux façades. L’entreprise Dujardin, au 51 rue du Chemin de Fer à Roubaix, est chargée des travaux de brossage, révision d’enduit, ponçage et deux couches de peinture, pour une facture de 96.000 Frs TTC, laquelle sera allégée d’une subvention des services architecture de la ville, pour mise en valeur et amélioration de l’environnement du quartier. Le résultat est magnifique !
Au milieu des années 2000, un nouveau restaurant s’implante au rez de chaussée, à l’enseigne : « Envie de saison ». C’est un « café-resto » qui propose à la clientèle du café équitable, des jus de fruits frais, des plats chauds fabriqués sur place, pour préserver les saveurs.
Photo BT 2016
En Février 2018, le bail arrive à terme, et n’est pas renouvelé. Le commerce Envie de saison ferme ses portes. Un investisseur privé, Philippe Crépelle, rachète l’immeuble à Mme Motte de la SCI du Centre, en Août 2018. L’intérieur est dans un état déplorable, suite à des dégâts des eaux, des débuts d’incendie, des fuites de la toiture, et des aménagements intérieurs de mauvais goût.
Les colonnes, les moulures, les corniches ( Photo BT 2019 ) Les fenêtres du 1er étage ( Photo BT 2019 )
Philippe Crépelle a énormément de travaux à effectuer, pour redonner une bonne image du « Grand Café » d’antan. Son projet est de transformer le rez de chaussée et le premier étage en commerces, et d’aménager les 2° 3° et 4° niveaux en appartements meublés en location. La fin des travaux est envisagée fin 2019.
.
Remerciements aux Archives Municipales et à Philippe Crépelle
La Place Édouard Roussel se situe entre les rues d’Isly, de l’Industrie et Descartes. Elle présente une forme rectangulaire de 80 mètres de long sur 40 mètres de large. Les propriétaires des terrains requis pour sa construction furent Mme Veuve Louis Watteau–Tiers, rentière, demeurant 36 rue d’Inkermann et François Tiers, cultivateur, demeurant 29 Place du Trichon, tous parents du fermier du Trichon Auguste Tiers. Sur le plan apparaît déjà le commissariat de la rue des Arts, construit en 1880. Du côté de la rue de l’Industrie, il y a déjà les forts Sion et Briet.
Plan du quartier avant la lace doc AmRx
Cette Place fait partie du projet des six places publiques1 de l’équipe municipale de Julien Lagache adopté par le Conseil Municipal en juin et décembre 1891. Il faut signaler que ces places ne sont pas destinées à être des parvis d’église mais plutôt à accueillir des marchés de quartier. Le 3 mai 1893, il est envisagé d’entourer le terre-plein central de deux rangées d’arbres. Sur les plans, la Place porte la dénomination de Place du 1er Mai. Cette appellation est remplacée dans les mois qui suivent par celle de Place du Commerce, pour faire bon voisinage avec les rues des Arts et l’Industrie toutes proches.
Plan de la place doc AmRx
Il faut attendre 1898 pour la construction d’un aqueduc le long du front nord de la Place, alors qu’on déjà fait construire quelques maisons. Les travaux de pavage des chaussées suivront mais une des habitantes écrit au Maire de Roubaix en mai 1902, pour lui signaler l’état défectueux de la chaussée. Elle demande que cette chaussée soit pavée sur toute sa longueur et les riverains intéressés y participeront pour au moins un tiers, ce qui nous permet de connaître leurs noms : Melle Séverine Carpentier, MM. Dejonghe, A. Delescluse, M. Vandenbeulque et Louis Tiers.
Vue de la place prise de la rue d’Isly CP Méd Rx
La place ne comprendra que neuf maisons qui seront numérotées de 2 à 18, les autres côtés du rectangle formé par elle étant repris dans les numéros des rues de l’Industrie, Descartes et d’Isly. La très belle maison située à l’angle avec la rue Descartes a été construite en 1904 par l’architecte Achille Dazin pour M. Louis Tiers. C’est le 18 septembre 1911 qu’on donnera le nom d’Édouard Roussel à la Place du Commerce suite au décès de ce fabricant de tissus, qui fut Maire adjoint de Roubaix et Conseiller général.
La belle maison de Louis Tiers 1904 CP Méd Rx
Qui habite aujourd’hui cette magnifique rangée de maisons ? De l’après seconde guerre au milieu des années quatre-vingt-dix, il s’agit plutôt d’une population de classe moyenne, locataire et donc très mobile. On y trouve un médecin, des représentants, des employés, un instituteur, un contremaitre, un expert du textile, des magasiniers et des ouvriers.
La place Roussel est un lieu très animé comme nous le prouve ce relevé des festivités contemporaines. En 2009 l’opération « Faites le printemps » se déroule Place Roussel autour de 5 grandes thématiques : Mesures initiatives liées aux économies d’énergie, les modes de déplacements, le tri et la réduction des déchets, manger sain et la nature en ville. Un atelier sur les nichoirs, Concours de fleurissement ! On récidivera en 2010. En 2015, c’est une fête organisée en quelques semaines, un rendez-vous imaginé pour fédérer les bonnes volontés autour du vélo. En 2016, à Roubaix, on danse sur les places ! De grands bals s’installent dans toute la ville ! Au programme du Bal des Quartiers Ouest : Adequat (chanson française et variété internationale), le 2 juin de 19h30 à 23h, Place Edouard Roussel. Plus récemment en 2018, l’association Le Fil de l’Epeule organise une journée de fête entre voisins sous la forme d’un tournoi de pétanque à partir de 10 h (il faut ramener ses propres boules) puis un repas convivial, salades et barbecue jusque 16 h. La manifestation est soutenue par la Ville de Roubaix et le PIC (projet d’initiative citoyenne).
Affiche fil de l’épeule
1 Places de la Nation, du Progrès, Carnot, du Travail, de la Fraternité et du Commerce
Dans les années 60, la récession économique entraîne la réduction de la production textile roubaisienne. Les entreprises se restructurent, licencient et ferment les unes après les autres. Cette situation porte un coup fatal à l’activité du Conditionnement du Boulevard de Beaurepaire qui n’a plus lieu d’exister et ferme en 1972.
Années 1970 ( doc Archives Municipales )
Le bâtiment est repris par A & G Valcke, entreprise de transports maritimes et aériens, qui utilise ces locaux pour le stockage et la logistique. Mais les 9200 m2 au total sont beaucoup trop importants. La direction de cette entreprise de transports propose donc à Fernand Coucke de lui louer une partie des locaux. Fernand Coucke est PDG de la Sté de diffusion européenne de meubles et possède 3 magasins : 2 à Lille et 1 à Tourcoing, avec l’enseigne « Mobilier de France ». Il lui manque Roubaix pour verrouiller la métropole.
Un bail de location est signé en 1975 pour 2200 m2 ( 1400 m2 de surface de vente et 800 m2 de stockage ) C’est une partie du rez de chaussée, comprise entre le Boulevard de Beaurepaire et la voie centrale intérieure. Le transporteur Valcke garde le côté rue Monge et la partie arrière de l’immense bâtiment.
( doc Nord Eclair 1976 )
Fernand Coucke décide, en 1976, de rénover complètement la façade, noircie par 70 ans de pollution. Les briques rouges et blanches décrassées redonnent à l’immeuble son magnifique éclat d’autrefois.
L’enseigne « Mobilier de France » est finalement choisie et remplace l’enseigne « Mobis » initialement programmée. Le magasin ouvre en 1978, avec une grosse campagne de publicité dans la presse locale.
( doc Nord Eclair 1976 1978 )
On entre dans le magasin par une ouverture sur le Boulevard de Beaurepaire. Fernand Coucke décide de soigner ses clients, avec les mêmes services que dans les autres magasins, à savoir un accueil sympathique, une information complète des vendeurs, un choix important, des prix séduisants, une qualité irréprochable.
( doc Nord Eclair et coll. priv. )
Malgré tout, le démarrage du magasin est difficile et laborieux. Le succès n’est pas vraiment au rendez vous. Le consommateur n’est pas habitué à entrer dans un magasin qui n’a pas de grande façade vitrée. Les meubles sont difficilement visibles de l’extérieur et cela n’attire pas le chaland. L’absence de places de stationnement pour les clients est également un handicap : « Pas de Parking, pas de business ! » C’est un échec ; le commerce ferme en 1985, après une période très courte d’activité.
Quelques temps plus tard, la municipalité décide de restaurer la Condition Publique et d’en faire le lieu culturel que nous connaissons aujourd’hui.
Le 27 décembre 1895, les conseillers municipaux roubaisiens ont à débattre d’une demande faite par un dénommé Édouard Catteau, qui propose de louer pour dix ans un terrain situé à l’entrée du parc Barbieux pour y construire un café-restaurant. A côté de ce terrain, au coin des boulevards de Paris et de Cambrai, s’implantera deux ans plus tard le café du Parc, don il a été question dans un autre article. De forme semi circulaire (18 mètres de large sur 25 de profondeur), il est placé dans un coin extrême du parc, à l’extrémité de l’avenue de Jussieu, bien que portant le numéro 120 boulevard de Paris, dont il constitue le dernier numéro pair.
Après délibération, la municipalité accorde pour dix ans un bail de location contre un loyer de 100 francs par trimestre à ce monsieur Catteau. Celui-ci est cabaretier ; il tient un débit de boissons au 78 rue des Arts. Dès le mois de février de l’année suivante, il propose à l’agrément du conseil municipal un plan pour sa construction, dans le style orné de l’époque. Le café prendra le nom du Pont d’Avignon ; la ville doit en devenir propriétaire au terme du bail dont la durée est de 10 ans.
Plan 1896
Le café, qui figure en 1900 au Ravet-Anceau sous le nom d’estaminet Catteau, voisine avec le monument Nadaud, dont l’érection date également de 1896.
En Janvier 1905 un pavillon construit en bois dans la cour de l’établissement subit un incendie qui le détruit. Cet édicule abritait du mobilier de jardin. Heureusement, le café lui-même n’a pas subi de dégâts. Comme le bail expire le 6 mars prochain, Edouard Catteau a déménagé fin octobre précédent et a vendu son matériel en fin de saison. Une enquête concernant l’incendie est ouverte par le commissaire de police.
A la fin du bail, en 1906, le bâtiment revient à la ville. On envisage de réutiliser l’ancien café pour y loger le jardinier-chef de la ville. L’architecte planche sur le projet d’aménagement, dont le prix est évalué à 3000 francs. Ce logement figure en 1910 dans la liste des bâtiments communaux. La photo suivante, de la même époque, montre un bâtiment bas situé à gauche, après le chalet construit au bout du jardin du café de Parc. Il s’agit probablement d’un local lié à l’entretien construit près du logement du jardinier-chef, ce logement étant en retrait et caché sur la photo par le pavillon.
La construction de l’avenue Jean Jaurès inaugurée en 1921 isole cette partie du reste du parc. Le public la fréquente d’autant moins que le café a été fermé. Cet isolement explique la vente du terrain, considéré comme inutile, qui interviendra beaucoup plus tard. Le bâtiment figure encore sur un plan de 1919, mais son destin est scellé.
A cette époque, le jardinier chef va habiter un très petit logement en face, boulevard de Douai, près des serres municipales. La municipalité, donnant suite à ses demandes, décide en 1922 d’effectuer des travaux d’agrandissement de son habitation.
L’ancien pont d’Avignon va, lui, disparaître. A son emplacement, on érige en 1925 une statue commémorant la bravoure du commandant Bossut. Les deux monuments, celui de Gustave Nadaud et celui de Louis Bossut, vont alors voisiner à l’entrée du parc pour quelques décennies.
Photo IGN 1962
La cohabitation va s’achever au début des années 60. En effet, la parcelle où est disposée la statue du commandant Bossut va être incluse dans un projet de construction d’appartements surmontant une station service, le tout à l’emplacement du café de Parc qui va disparaître à cette occasion. Le conseil municipal demande en 1959 la désaffection de la parcelle et son passage dans le domaine privé communal. La statue sera déplacée en 1963 de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès dans le parc proprement dit. Un article du blog relate cet événement.
Le monument de Gustave Nadaud sera, lui aussi, déplacé en 1987 (voir également dans le blog l’article correspondant), pour être réimplanté sur un emplacement plus central dans le parc. Ce déplacement sera aussi motivé par la construction d’un immeuble,cette fois-ci celui de la caisse d’Épargne.
La statue du commandant Bossut avant déplacement – Photo la Voix du Nord 1961
En effet, la Caisse d’Épargne construit en 1987 un bâtiment courbe sur le terrain vendu par la municipalité. Les bureaux ouvrent l’année suivante. La même année, IBM s’implante à Croix sur un domaine appartenant à la famille Motte et dont l’adresse est à Roubaix, avenue Delory. Il élève au milieu du parc un bâtiment semi-circulaire qu’il n’occupera pourtant qu’une dizaine d’années. En effet, la société échange en 1997 avec la Caisse d’Épargne leurs emplacements respectifs. Cette même caisse d’ Épargne cédera la place en 2011 à l’Edhec qui y implante son campus. IBM, lui, au bord de l’avenue Jean Jaurès, continue à faire face au parc Barbieux.
L’immeuble de la Caisse d’Épargne en 1989
Le terrain où se dressait le Pont d’Avignon est aujourd’hui occupé pour une part par l’extrémité de de bâtiment, et pour le reste par la pâtisserie Paul qui a remplacé boulevard de Paris la station service au bas de l’immeuble d’habitation.
Photo Jpm
Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.
Gabriel Drouffe a le sens des affaires ; il communique énormément par la publicité de presse, et envoie également des catalogues à toutes les mamans, lors d’une nouvelle naissance.
( Doc coll. priv. )
Sa fille ainée Lucette Drouffe se marie avec Marcel Piat et ouvre un magasin Drouffe à Lille, au 103 Boulevard de la Liberté, vers 1935. Son fils, Jacques Drouffe, et son épouse Madeleine s’installent à Dunkerque, rue de l’Amiral Ronarch, en 1938, mais ce nouveau magasin Drouffe sera détruit, lors des bombardements de Juin 1940.
( Doc coll. priv. )
Jacques Drouffe, passionné de radio, revient à Roubaix et commence à distribuer les marques Murphy, Socdadel et Telenord et apporte un petit complément de chiffre d’affaire à l’entreprise paternelle, et se termine au début des années 50.
( Doc coll. priv. )
Après la seconde guerre mondiale, le baby boom fait exploser les ventes de landaus, de chambres, de voitures d’enfants. Gabriel Drouffe est membre de l’Union des commerçants de la rue de Lannoy. Il est aussi musicien averti et virtuose, comme l’ensemble de sa famille. Par ailleurs, il devient, en 1949, juge au Tribunal de Commerce de Roubaix.
En 1958, Gabriel décède. Son épouse Germaine reprend l’affaire et continue l’activité avec ses deux fils : Jacques et Gabriel surnommé Gaby, aidés de leurs épouses respectives. A la fin des années 50, Jacques et Gabriel modifient leur stratégie commerciale et deviennent concessionnaire Materna : une grande marque spécialisée en laits infantiles en poudre, et en ampoules de jus de fruits naturels, lesquels étaient, jusqu’à présent, vendus en pharmacies.
le 43 rue de Lannoy au début des années 60 ( Documents JP Drouffe )le 43 bis rue de Lannoy au début des années 60 ( Documents JP Drouffe )
Désormais, les deux frères Drouffe vont se limiter à l’activité de négoce avec des fournisseurs connus, comme Bébéconfort, qui apportent une gamme complète d’articles de puériculture. Ils décident de fermer l’usine de production de Toufflers. En 1964, la démolition de la rue de Lannoy est programmée ! Tous les commerçants doivent déménager et quitter cette artère commerçante, pour laisser place au futur centre commercial Roubaix 2000.
Jacques et Gabriel signent, en 1964, un bail de location avec Mme Van-Hooland pour un local commercial, au 28 place de la Liberté . C’est un petit commerce situé entre le magasin de chaussures Préselect et la supérette Lecomte. Ils font appel à l’architecte Constant Verdonck, au 35 avenue Jean Lebas, pour l’aménagement et la transformation du magasin ; les travaux s’élèvent à 30.000 Frs.
( Documents JP Drouffe )
Après l’ouverture éphémère d’un magasin Drouffe à Mons en Baroeul en 1975, Jacques et Gabriel décident de prendre une retraite bien méritée. Le magasin du Bld de la Liberté à Lille ferme. Aucun des enfants ne souhaite continuer l’activité. Le magasin de la place de la Liberté à Roubaix ferme donc ses portes définitivement en 1980. Après un siècle d’existence, la maison Drouffe garde une image forte de notoriété, de réputation, de qualité, de service et de sérieux.
Remerciements aux Archives Municipales, et à Jean Pierre Drouffe pour son témoignage et sa documentation.
Le 19 mai 1969 le conseil municipal décide de donner le nom de rond point de l’Europe au carrefour devant la poste principale. On y installe le nombre de mâts nécessaire pour hisser dans de grandes occasions les oriflammes des membres de la communauté européenne. Ce qui sera fait quelques jours plus tard, dans le cadre des cérémonies officielles de jumelage avec Bradford, Mönchengladbach et Verviers.
Le rond point de l’Europe Photo NE
Le jumelage entre deux villes date du moyen âge, alors que Roubaix n’existait pas encore1. Un jumelage est une relation établie entre deux villes majoritairement de pays différents, relation qui se concrétise par des échanges socio-culturels. C’est dans l’immédiat après seconde guerre qu’un mouvement fédéraliste français dépassant les clivages politiques, « La Fédération » fondé en 1944, relance dans les années 1950, l’idée du jumelage de communes en Europe. Cinquante maires européens fondent en janvier 1951 le Conseil des communes d’Europe. S’ensuit le premier jumelage entre deux villes européennes, Troyes et Tournai, le 4 novembre 1951 ; entre deux capitales, Rome et Paris en 1956. Un premier jumelage franco-allemand, entre Montbéliard et Ludwigsbourg est officialisé en 1962, un an avant le traité de l’Élysée qui scelle la réconciliation franco-allemande, signé par Charles de Gaulle et Konrad Adenauer2.
Il apparaît alors que le seul moyen de progresser sur le plan des relations internationales et d’apaiser les haines et les rancœurs, est de tisser des liens au niveau le plus élémentaire, la commune, et ainsi, d’établir des relations d’échanges étroits avec ses voisins. L’objectif initial consiste à échanger des connaissances, des expériences, du savoir-faire dans tous les domaines de la vie locale. Engager les populations traumatisées de cette Europe ruinée de l’après-guerre à fraterniser, relève du défi. Parmi les échanges culturels, en parallèle des diverses associations communales, les collèges et lycées des communes jumelées sont parties prenantes et aident à promouvoir ainsi l’apprentissage de langues étrangères.
Victor Provo l’européen Photo AmRx
Le projet de jumelage de Roubaix avec d’autres villes européennes verra donc son aboutissement en 1969. Mais dès les 20 et 21 juin 1968, une délégation de Mönchengladbach est reçue à Roubaix, puis le 1er octobre 1968, c’est au tour de la délégation de Bradford, avec à sa tête le Lord Maire Walton. Enfin, le 21 novembre, il est procédé au jumelage avec le bourgmestre de Verviers. Le 20 décembre, la municipalité de Roubaix reçoit des personnalités de Bradford,Verviers et Mönchengladbach. Le 28 décembre, ce sont les pongistes de Mönchengladbach. En 1969, les rencontres se poursuivent : le 23 mars, rencontre de natation des villes jumelées. Le 29 mars, c’est l’inauguration de la Maison de l’Europe à Roubaix, tandis qu’une délégation de la municipalité roubaisienne prend l’avion pour Bradford. En avril, les roubaisiens se rendent à Mönchengladbach.
Les 7 et 8 juin 1969 ont lieu à Roubaix les cérémonies officielles de jumelage des villes de Bradford, Mönchengladbach, Verviers avec Roubaix. Alderman Edward Newby, Lord Mayor de Bradford, Wilhelm Wachetendonk, Oberbürgermeister de Mönchenglabach, Victor Provo Maire de Roubaix et Marcel Counson Bourgmestre de Verviers prêtent le serment de jumelage suivant :
« Librement désignés par le suffrage de nos concitoyens, certains de répondre aux aspirations profondes et aux besoins réels de nos populations, sachant que la civilisation occidentale a trouvé son berceau dans nos « anciennes communes » et que l’esprit de la liberté s’est d’abord inscrit dans les franchises qu’elles surent conquérir, considérant que l’oeuvre de l’Histoire doit se poursuivre dans un monde élargi mais que ce monde ne sera vraiment humain que dans la mesure où les hommes vivront libres dans des cités libres,
En ce jour nous prenons l’engagement solennel de maintenir des liens permanents entre les municipalités de nos communes, de favoriser en tous domaines les échanges entre leurs habitants pour développer par une meilleure compréhension mutuelle le sentiment de la fraternité européenne, de conjuguer nos efforts afin d’aider dans la pleine mesure de nos moyen au succès de cette nécessaire entreprise de paix et de prospérité : l’Unité européenne. »
Les quatre prestataires du serment de jumelage Photo AmRx
Roubaix est aujourd’hui jumelée avec les villes de Skopje (Macédoine) depuis 1973, Prato (Italie) depuis 1981, Sosnowiec (Pologne) depuis 1993, Covilhã (Portugal) depuis 2000 et a signé des accords de partenariat avec les villes de Bouira (Algérie) depuis 2003 et Qabatiya (Palestine) depuis 2012.