Le 130 rue de l’Epeule à Roubaix est un commerce de vins et liqueurs tenu par L. Jonville dans les années 1910.
Au début des années 1920, Henri Deschamps a 45 ans, il travaille dans une entreprise de textile roubaisienne. Avec son épouse Mathilde, il reprend le commerce et le transforme en estaminet. Henri devient administrateur de la brasserie des « Débitants Réunis » rue du Luxembourg, et c’est donc tout naturellement qu’il sélectionne les bières de la brasserie pour son commerce. Certains clients se souviennent encore des tubes transparents des pompes à bière sur le comptoir, ou l’on peut voir la bière fraîche remonter des fûts situés à la cave.
Les affaires fonctionnent très correctement en cette période d’entre deux guerres. Le café ouvre tôt le matin ( avant 5 heures ) pour accueillir les ouvriers qui partent travailler dans les usines du quartier, et en particulier les teintureries Emile Roussel au 144 de la rue de l’Epeule et au 48 de la rue Watt. Un café bien tassé leur est servi avec le genièvre séparément ou versé carrément dedans pour faire une « bistouille ».
La journée est plutôt calme au niveau du commerce, mais dès la fin de l’après-midi, c’est l’effervescence dans le bistrot, avec la sortie des ouvriers des usines. Ils viennent se désaltérer après leur dure journée de travail et s’y retrouvent également pour taper le carton. Le café d’une surface d’environ 50 m2 est donc très petit et étroit. Derrière le café se trouve une petite salle de 20 m2 pour stocker les caisses de sodas, limonades, vins, etc. Dans le café, il y a de la place pour les 6 tables et les chaises, mais la plupart des clients dégustent leur bière, debout accoudés au comptoir en zinc.
Henri décède en 1942. Mathilde continue seule l’activité du commerce. Les deux fils d’Henri et Mathilde : Roger et Marcel sont prisonniers en Allemagne. A son retour en 1944, Marcel retrouve son emploi chez les assurances Antverpia. Roger revient de captivité en 1945 et avec sa mère Mathilde reprend du service derrière le comptoir du café Au Moulin Bleu. Mathilde décède en 1948, Roger continue seul jusqu’à son mariage en 1949 avec Bernadette
Roger et Bernadette Deschamps effectuent quelques changements dans le café, ils y installent un billard et un flipper pour essayer d’amener une clientèle plus jeune. Ils continuent l’approvisionnement en bière à la brasserie des Débitants Réunis et, en particulier, la célèbre bière de garde, très appréciée des connaisseurs.et servie dans un « Calice ».
Roger cède son café en 1955. Le café est repris par Jules Van Meenen à la fin des années 1950. Jules bénéficie toujours de l’affluence, tôt le matin des ouvriers des usines textiles du quartier. Lors de la sortie des clients du cinéma L’Etoile situé juste en face, c’est également un afflux de clients supplémentaires. L’établissement reçoit aussi les festivités du quartier, sur la photo ci-dessous, c’est la remise des prix du 2° circuit cycliste de l’Epeule-Alouette-Trichon en présence de Victor Vandermeiren, le « Maire de l’Epeule ».
Le café ferme ses portes au début des années 1980. Sur la photo ci-dessous qui date de 2008, on reconnaît l’ancien café. A droite se trouve, au 128, la librairie-papeterie-presse de Robert Devos et à gauche au 132, le commerce du photographe Paul Charier.
Remerciements à Alain Deschamps