Carré Saint Jean

Suite de l’article intitulé : Les Petites Soeurs des Pauvres,

Le couvent des « petites sœurs des pauvres » de Roubaix ferme définitivement ses portes en 1999. Le bâtiment reste inoccupé quelques temps. La ville se retrouve avec une friche immobilière de plus de 10.000 m2 qui semble bien difficile à réutiliser.

En 2007, l’imagination intarissable des architectes et promoteurs immobiliers voient là l’occasion de construire un programme mixte de logements à proximité du centre ville. Ce projet ambitieux est orchestré par le groupe « Pascal Boulanger Réalisations » à Lille. Le cabinet d’architecture Escudié-Fermaut à Tourcoing est choisi pour l’étude et la conception.

documents archives municipales

Le site est composé de plusieurs anciens bâtiments qui sont réhabilités. Un immeuble neuf vient compléter l’ensemble en reformant le front bâti de la rue Saint Jean.

80 logements réhabilités dans le bâtiment principal : Bat A ( Photo BT )

Les travaux s’étalent sur plusieurs années, par différentes étapes successives. Le chantier commence par le ravalement de toutes les façades : les briques sont nettoyées et rejointoyées avec un joint rouge. Les anciens châssis sont remplacés par des fenêtres bois de couleur noire. L’ensemble de la toiture est remplacé par des tuiles en terre cuite de couleur gris anthracite. 3 ascenseurs sont construits sur les façades arrières, et sont habillés d’un bardage en bois.

documents archives municipales et photo BT

Les anciennes écuries ( Bat D ) sont transformées en 9 petites maisonnettes fonctionnelles et coquettes.

documents archives municipales et photo BT

La chapelle invisible de la rue est conservée. Elle comporte deux lofts et un logement-atelier d’artiste ( Bat F ).

document Nord Eclair et photo BT

Un immeuble neuf complémentaire de 20 logements ( Bat E ) est construit en front à rue. Il s’agit d’appartements en location gérés par Logis Métropole (SA d’ HLM).

documents archives municipales

La large porte située rue du coq français est rénovée et la statue de Saint Joseph restaurée.

Photo BT

Les espaces verts ne sont pas oubliés. 3 parkings sont créés dont 1 sous- terrain. Ils sont bien séparés entre eux, de façon à limiter la surface dédiée aux voitures, pour libérer de véritables zones d’espaces verts piétonnes.

document Google Maps

L’objectif est atteint : conserver au mieux les anciens bâtiments en les adaptant aux nécessités des logements neufs. Cette superbe réalisation regroupe au total, plus d’une centaine de logements répartis en appartements, maisonnettes et lofts dans un environnement insolite, calme et paisible.

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Shettle

Georges Shettle, né en 1823, travaille en tant qu’assistant chez M. Fry, célèbre photographe à Londres. En 1840, M Fry découvre le négatif sur papier translucide. Cette découverte incite Georges Shettle à s’installer à son compte dans un studio photo à Forest Hill.

Georges Shettle a 3 fils : Arthur, William et Frédéric. Arthur Shettle franchit le Channel et s’installe dans un premier temps à Dunkerque, avant de rejoindre Roubaix en 1887, pour inaugurer son magasin au 4 boulevard de Paris. Il ouvre également un studio photo à Bruxelles et à Tourcoing, rue Motte. William quant à lui crée un studio à New York sur Madison avenue. Enfin, Frédéric s’installe à Bradford on Avon en 1896.

Arthur Shettle 1823 1919 ( document Nord Eclair )
document publicitaire commun des frères Shettle ( document collection privée )
publicité d’Arthur Shettle pour ses magasins de Roubaix et Tourcoing ( document collection privée )

En 1904, Arthur fait modifier la façade du 4 boulevard de Paris pour créer une nouvelle vitrine. Sur la photo ci-dessous, on distingue les voisins : à droite, au n° 2 la pâtisserie VanHaelst et à gauche, au n° 6 l’expert comptable Debuchy.

La façade du 4 boulevard de Paris ( document collection privée )

Les 3 fils d’Arthur : Georges junior, Frédéric et Lucien Shettle s’associent et reprennent la suite au magasin de Roubaix, en 1912. Georges décède en 1919. Lucien quitte la région pour Nantes où il installe un studio-photo. Frédéric reste seul à Roubaix.

document collection privée

En 1934, un gros projet immobilier résidentiel voit le jour, et nécessite la démolition de plusieurs maisons du n° 2 au n° 12 du boulevard de Paris. Pendant les travaux de construction de cet immeuble, Frédéric trouve un local pour son commerce, dans la rue de Crouy. Les travaux se terminent en 1936 et Frédéric peut alors s’installer dans le nouvel immeuble mais à l’arrière du bâtiment, au n° 1 rue de Lille. Frédéric habite à l’étage, avec son épouse Marie née Hannetel, et leurs 4 enfants, André, Jacques, Jean et Simone.

Il aménage également la partie au dessus du garage, en studio photo. Les parois vitrées permettent une meilleure luminosité pour les prises de vues, portraits, photos d’identités etc. De nombreux décors différents sont à disposition de la clientèle pour qu’ils puissent choisir l’arrière plan de la photo.

le magasin de la rue de Lille ( document Nord Eclair )

En 1936, la première démocratisation de la photo apparaît. Le laboratoire est modernisé : la lampe à arc est remplacée par une tireuse. Après la seconde guerre mondiale, les affaires reprennent de façon très satisfaisante. Frédéric décide alors de transformer et d’agrandir son magasin en 1952, par une nouvelle façade, un aménagement intérieur plus spacieux et le laboratoire photo Noir et Blanc installé au sous-sol.

la nouvelle façade en 1952 ( document archives municipales )
Frédéric Shettle ( document J. Shettle )

La cinquième génération Shettle prend la relève : Les deux fils de Frédéric : André et Jacques reprennent le magasin en 1957. Jean, quant à lui, ouvre un magasin à Paris rue de Clichy.

André Shettle ( document J. Shettle )

En 1957, Jacques crée la société « Phocinor » avec d’autres photographes de la région dont : Equinet à Tourcoing, Gallois à Douai, Vermesse à Lille, Hochard à Valenciennes, Cuvelier à Lens . . . Ce groupement permet de négocier des conditions d’achat de matériel photographique. Le succès est tel que très rapidement, le groupement devient national en 1963 et s’appelle désormais Phocifrance. Deux marques sont créées pour les produits : « Foci » pour les appareils photographiques et « Phokina » pour les accessoires. 350 photographes sont désormais adhérents au groupement.

Foci ( document Nord Eclair )
Jacques Shettle ( document J. Shettle )

Dans les années 1960, l’entreprise comprend 5 salariés pour le développement et le tirage des photos papier. Les deux fils de Jacques, Jacky et Alain commencent à venir aider leur père au magasin. Sur la photo ci-dessous, à droite, le jeune Jacky Shettle conseille son client en 1964.

document J. Shettle

à suivre . . .

Remerciements à Jacky et Alain Shettle, ainsi qu’aux archives municipales.

Faits divers : Vitriol !

Faits divers

Qu’est ce qu’un fait divers ? Selon le dictionnaire, il s’agit d’un événement sans portée générale qui appartient à la vie quotidienne. Par extension, c’est une rubrique de presse comportant des informations sans portée générale, relatives à des faits quotidiens. La présence récurrente dans les journaux de certains thèmes est révélatrice d’une tendance de l’époque, relayée ou mise en évidence par la presse, média dominant de ce début de vingtième siècle. Après avoir relevé les articles d’un même thème, l’auteur effectue une lecture croisée des différents quotidiens et nous livre de petites histoires significatives des mœurs du temps. Source d’inspiration pour les romanciers, la rubrique des faits divers est un faisceau d’informations brutes et surprenantes. Quand la réalité dépasse la fiction !

Vitriol

Le vitriol, ancien nom de l’acide sulfurique, servait surtout dans l’industrie, pour blanchir les textiles ou décaper les métaux. A compter des années 1870 et jusqu’au début du XXe siècle, le vitriol, dit aussi «poignard liquide», devint l’arme privilégiée des crimes de la jalousie ou du dépit amoureux.

Jeté à la face d’une personne haïe, le vitriol provoquait de terribles brûlures et des marques ineffaçables et parfois la mort. Souvent présenté comme un crime de la «vengeance féminine», le vitriolage était aussi l’apanage des hommes, qui trouvaient là l’exutoire de leur jalousie et de leur violence envers les femmes. Cet ouvrage présente un certain nombre de faits divers qui permettent d’appréhender, sinon de comprendre cette folie meurtrière, significative de l’époque qui précéda la première guerre mondiale.