Après la guerre l’activité reprend sous le nom de Leclercq Frères, répertoriée dans le Ravet-Anceau de 1923 aux rubriques brasseur et cultivateur. Comme souvent à cette époque la brasserie est propriétaire d’estaminets tels que celui exploité par Jean Corteville sur la Place Verte (actuelle place de la République) qui distribue leurs bières. Sur la photo ci-dessous datant de 1932, la fanfare « La Gauloise », pose au complet devant l’estaminet.
Pendant la seconde guerre mondiale, la brasserie Leclercq est retenue comme abri pour le secteur de l’Hempempont, la rue de Lille et le Trié, avec la pelleterie et l’usine Electra, dans le cadre des instructions préfectorales de la défense passive dont le commandement est assuré par le maire de Hem. En 1945 et 1948, le Ravet-Anceau reprend l’entreprise Leclercq Frères à la rubrique brasserie.
Dans l’annuaire de 1953, en revanche l’entreprise apparaît à la rubrique brasserie au nom de M. Leclercq. Puis dès 1955, l’entreprise « Brasserie Leclercq » est reprise à la rubrique du commerce de gros de vins et spiritueux. La fabrication s’arrête donc dans les années 50. C’est dans les années 60 que l’on retrouve ses dernières publicités Elle commercialise alors une bière Bock du Faisan de qualité supérieure. Les bâtiments sont vendus et démolis en 1976.
En 1982, on retrouve Jean Pollet inscrit en qualité d’exploitant agricole au 40 rue de Croix. Puis en 1998, La Gourmandine / Le Clos de la Source, installé à Mouvaux depuis 1991, ouvre un nouvel établissement dans le domaine, chargé d’histoire, du 40 rue de Croix à Hem. Il s’agit d’un service de traiteur qui met 4 espaces à disposition de sa clientèle dans l’ancienne et magnifique ferme-brasserie :
– La Nova (180 m²): Poutres apparentes, mezzanine et terrasse ouverte sur le jardin pour une salle très accueillante,
– La Grange (300 m²): Un toit de chaume magnifique, des murs de briques, de belles poutres en chêne, une mezzanine
– La Voûte (100 m²): Aménagée dans les anciennes écuries, la salle dispose d’un plafond de deux hauteurs en forme de voûte recouverte d briques.
– La Champêtre (60 m²): moderne et intime, idéale pour des repas de petits groupes réussis.
Exception faite de la malterie disparue depuis 1976 après plus de 50 ans de fonctionnement, le quartier est donc resté identique à ce qu’il était au début du 20ème siècle si l’on fait abstraction de la proximité de la voie rapide qui ne parvient cependant pas à altérer le charme et la tranquillité des lieux.
Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.
Dès l’époque de la révolution française, on retrouve, à l’extrémité sud-est du bois de la Fontaine (situé sur Croix), les familles Leclercq, fermiers, cultivateurs et brasseurs à Hem, au pavé de Croix. C’est Jean-Philippe Leclercq, échevin pendant 44 ans, qui crée une brasserie avant la révolution. La ferme quant à elle existe déjà depuis le 16ème siècle.
Parmi les dépendances se trouve la célèbre « grange au mars » où l’on stocke la belle et bonne bière de saison du bon vieux temps jusqu’en mars. C’est dans la cave de cette grange de plus de deux cent mètres carrés, située presque en face de la future brasserie Leclercq du 20ème siècle à gauche de la ferme (actuellement Le Clos de la Source), que deux prêtres, natifs de l’endroit les abbés Denis et Henri Leclercq, célèbrent la messe en cachette lors de la révolution.
C’est le journal Nord-Eclair qui en 1968, relate la démolition en cours de ce bâtiment, frappé d’alignement depuis très longtemps, qui était tombé en ruine. On constate en effet sur une photo de la brasserie Leclercq au début du 20ème siècle, sur le trottoir d’en face une ruine dépassant les autres maisons.
Après la révolution, Charles Leclercq, fils de Jean-Philippe, répertorié comme laboureur, autrement dit paysan aisé possédant un cheval pour labourer, devient maire de la ville de Hem.
Ce n’est qu’à partir de 1850 qu’il est cité comme brasseur, remplacé ensuite par son fils Louis-Florentin qui épouse Esther Taffin et qui rentre au conseil municipal après la chute du second empire. La famille d’Esther possède un terrain, situé entre la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclercq) et le cours de la Marque, que son époux met en lotissements. Par ailleurs, entre 1830 et 1850, il prospère en exploitant des carrières de sable sur ses terres d’ Hempempont.
C’est Louis-Florentin Leclercq-Taffin qui fonde en 1890 un syndicat des brasseurs de la campagne dont il devient le président, en vue de défendre les intérêts de ceux-ci, le cas échéant, contre les brasseurs des villes déjà organisés en syndicat des brasseurs du Nord. Il devient à son tour maire de la ville de Hem par la suite.
Ce n’est qu’en 1904 qu’une malterie est construite par Louis et adjointe ainsi à la « ferme-brasserie » mise en place par son père. L’année de sa construction apparaît clairement sur sa cheminée. Dès lors la brasserie Leclercq, connue sous le nom de Brasserie d’ Hempempont, prend de l’expansion, se modernise et voit sa renommée grandir ainsi que son personnel.
Pendant la première guerre mondiale, Charles Leclercq, héritier avec son frère de l’entreprise familiale, écrit à celui-ci qui est au front : « après un repos de 8 jours, nous avons de nouveau des allemands à loger mais nous ne nous tracassons pas trop car nous sommes habitués ; c’est la 14ème fois que nous en avons à loger. A la brasserie, je force la fabrication et remplis les caves des clients en prévision des mesures prises pour la réquisition du malt. A Lille il n’y a plus que 3 brasseries qui travaillent sous le contrôle et pour le compte des boches…A la ferme on sarcle les blés ».
Charles doit ensuite évacuer, comme l’ordre en a été donné à tous les hommes de 18 à 48 ans. Ne pouvant aller au delà de Lille, il s’y cache dans les caves de son beau-père, Mr Salembier. Puis il retourne à Hem auprès de sa femme et de leurs 8 enfants. Il n’est pas inquiété alors que son frère le croyait prisonnier des allemands.
A suivre…
Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.
Quant au restaurant Le Comte, l’idée de génie c’est sa situation au cœur du Centre Equestre qui permet de déjeuner ou dîner en contemplant les chevaux au dressage. La cuisine est « familiale, chaleureuse et régionale » et après le repas un grand jardin agrémenté de jeux de plein air accueille les familles.
Au décès de leur père Claude en 2004, ses enfants, France Davaine Le Comte et Pascal Le Comte, auparavant salariés du Centre, cogèrent l’entreprise créée par leur père. Ils décident de recentrer le site sur sa vocation initiale qui correspond à leur passion, à savoir, le centre équestre, le petit parc représentant un gouffre financier et une multitude de problèmes techniques à résoudre.
La photo aérienne de 2009, juxtaposée à celle des débuts montre clairement l’évolution du domaine. Les vues générales des manèges et des extérieurs permettent de se rendre compte de l’importance du Centre Equestre, labellisé FFE (Fédération Française d’ Equitation), plus de 3 décennies après sa création.
Dans les années 2010, le Petit Parc vit donc quelques transformations par rapport à son état d’origine et la balade au fil de l’eau et les tacots n’existent plus. Il s’adresse aux familles avec enfants de 2 à 10 ans avec au programme : structures gonflables, trampolines, piste de courses de trottinettes pour les plus grand et piste de porteurs pour les plus jeunes. C’est aussi : des bacs à sable et un mini-golf ainsi qu’ un impressionnant château Playmobil où sont à présent exposées de nombreuses maquettes, le tout dans un parc verdoyant comprenant une mare et un ruisseau ainsi qu’un snack pour le goûter.
Après les jeux dans le parc une balade en poney est proposée aux enfants, à l’issue de laquelle ils reçoivent un diplôme. Le centre compte alors une cinquantaine de chevaux dont un peu moins de la moitié appartiennent à des propriétaires qui les logent sur place à l’année. Mais ce sont bien sûr les chevaux du centre qui officient pour les cours, pour lesquels une bombe est prêtée à chaque débutant.
En 2010, Pascal Lecomte, accompagné de Quir Royal Linière, cheval issu de l’élevage Le Comte et résultat de 20 années de sélection, grande fierté de son propriétaire, participe au championnat du monde d’équitation qui se déroule à Lanaken en Belgique, et réussit à se classer en milieu de tableau malgré un terrain très différent de celui du championnat de France et une préparation limitée à 15 jours.
Dès lors, à l’entrée le visiteur se fait une idée précise de ce qu’il va trouver sur le site. La publicité faite sur le mur à l’entrée du grand parking situé en bord de route annonce en effet : «un parc d’attraction pour s’amuser : le petit parc, le centre équestre Le Comte pour se faire plaisir, et le restaurant La Licorne pour se poser». A cela il faut rajouter le magasin dans lequel on trouve tout article nécessaire à la pratique de l’équitation.
Début 2015, c’est Pascal Lecomte, fils de Claude, qui reprend la gérance, sa sœur s’étant recentrée sur son propre projet professionnel, et modifie les statuts de la société où il est rejoint en 2016 par sa fille Amandine. Un nouveau recentrage intervient alors et le site redevient un centre de loisirs équestre et de restauration. Le restaurant perd son ancien nom, se modernise et devient le restaurant Le Comte.
Ainsi, la fermeture du Petit Parc intervient en 2017 et Amandine Le Comte en explique les raisons à la Voix du Nord : « On n’arrivait plus à suivre. Il y avait toujours de nouvelles mises aux normes, de nouvelles réglementations et ça a joué sur le reste de l’activité. Le temps consacré au parc d’attractions était du temps que l’on ne consacrait pas au Centre Equestre ».
La salle intérieure pouvant accueillir 150 personnes a donc été réaffectée pour l’organisation de mariages. Le château, temple des maquettes de la marque Playmobil, est devenu un espace de stockage et les personnages ont fait l’objet d’une vente aux enchères. En tant que passionnée de gastronomie le rêve d’Amandine est alors de développer un maximum la partie restaurant.
Après des travaux de décoration façon Ranch Contemporain, le restaurant offre désormais une vue directe sur la piste intérieure où les chevaux évoluent. La carte propose exclusivement des produits français et faits maison hormis le pain et les frites. Le nouveau chef Romain Maréchal concocte une nouvelle carte tous les 15 jours.
Pour la 1ère fois, en 2018, est organisée une journée portes ouvertes au Centre Equestre, afin de faire découvrir aux plus jeunes le monde du cheval. Pascal Le Comte y anime un atelier « Monde et vie du cheval ». Le 2ème atelier aborde l’approche d’un cheval, les caresses, comment soulever leur pied, leur passer un licol et enfin poser une selle.
Depuis le passage de l’épidémie de Covid en 2020, le restaurant n’a pas rouvert ses portes mais le Domaine Le Comte propose à présent 2 espaces en location libre de traiteur et de tout autre prestataire. Avec ses 280 mètres carrés de salle de réception et 150 mètres carrés de véranda, jusqu’à 150 personnes peuvent y être accueillies en mode assis et 200 en mode cocktail. Salles de jeux pour enfants et jardin arboré ainsi qu’un office pour le traiteur complètent les services offerts par le Domaine.
En outre, la salle Champêtre de 100 mètres carrés avec sa véranda de 70 mètres carrés peut accueillir jusqu’à 80 personnes en mode assis et 100 personnes en mode cocktail. Elle dispose d’un parking et d’un office pour le traiteur mais également d’un jardin agrémenté de jets d’eaux rafraîchissants en période estivale.
Qui dit salons de réception fait bien sûr penser à des événements comme des mariages mais Le Domaine et la Salle Champêtre n’en font pas une exclusivité. Ainsi cette année, le centre a accueilli son premier salon des artisans. L’association des Vendeurs Démarcheurs Indépendants 59/62 a invité une vingtaine d’artisans à y exposer leurs créations dans une volonté de privilégier les circuits courts.
Après près de 50 ans d’existence, malgré les aléas de la vie professionnelle et le passage d’une crise sanitaire sans précédent, le Centre de Loisirs Le Comte est donc resté une entreprise familiale gérée par le fils du fondateur et sa petite-fille, son petit-fils, Benjamin, étant quant à lui associé dans l’entreprise qui occupe actuellement une petite équipe de 5 salariés.
Les gérants actuels ont à cœur de faire savoir aux visiteurs qu’ils sont dans un lieu qui a une histoire et éprouvent un réel attachement à l’entreprise familiale et une passion pour le cheval qui se transmet de génération en génération. Amandine Le Comte aime à penser que son entreprise est à la fois « pro et familiale » et qu’elle le restera.
Remerciements à la ville de Hem et à Amandine Le Comte
Dans les années 1970, Claude Le Comte est un entrepreneur très actif sur la ville de Roubaix où il gère déjà une entreprise de bâtiment au 25 rue du Grand Chemin, quand il a l’idée de créer un Centre Equestre pour répondre à la passion pour l’équitation de ses 2 enfants.
Les frère et sœur font en effet de l’équitation à haut niveau, ce qui implique le recours à une grosse infrastructure qui n’existe pas sur place à l’époque. France Le Comte excelle dans le dressage et devient championne de France junior puis se classe 3ème au championnat de France Pro avec son cheval Sir du Taillan. Quant à Pascal sa spécialité c’est le concours de saut d’obstacle.
Claude décide donc d’acquérir à Hem un terrain de 5 hectares appartenant à des agriculteurs, rue de Croix, juste à côté de ce qui va devenir la voie rapide. C’est sur une partie du terrain acheté qu’est construit le bâtiment principal du futur centre équestre. Les 2 hectares non constructibles sont dédiés aux pâtures pour les chevaux.
Dans un premier temps Claude Le Comte propose à sa clientèle : des promenades à poney pour les enfants et une initiation à l’équitation ou des baptêmes à cheval ainsi que des promenades en calèches pour tous. Il met également un bar à disposition des visiteurs et, tous les dimanches, organise un mini-spectacle : l’entraînement des mousquetaires.
La fin des années 1970 et le début des années 1980 voient le centre équestre organiser des concours hippiques. Puis, dès que Pascal et France obtiennent leurs diplômes de moniteurs, des cours d’équitation sont dispensés. Par ailleurs sont proposés à la clientèle non seulement un bar mais aussi un restaurant avec dîners dansants le samedi soir. Sont également mises à disposition des salles pour réunions, banquets et séminaires. La photo aérienne de 1981 montre déjà un agrandissement notable du site.
A la fin des années 1980, le Petit Parc ouvre ses portes et ajoute aux loisirs équestres des attractions pour les petits basés sur la marque Playmobil par ailleurs vendue dans l’enceinte du parc. Claude Le Comte a en effet une passion pour ces jouets et souhaite créer pour les tout-petits un mini-parc sur ce thème comme Disneyland l’a fait pour les personnages Disney.
Pour ce faire il a recours au talent du personnel de son entreprise roubaisienne d’électricité, qui se charge également de l’entretien électrique du mini-parc et de ses mises aux normes. Des personnages Playmobil géants ornent ainsi le parcours du site et notamment celui des bateaux sur lesquels les familles peuvent embarquer pour découvrir au fil de l’eau une exposition permanente de figurines Playmobil de taille normale.
Instantané de mémoire : « Dans les années 1990, Le Petit Parc c’était la sortie du mercredi et des vacances scolaires. Les enfants s’éclataient dans le parc, adoraient découvrir les personnages Playmobil existant grâce à la balade en petits bateaux blancs et bleus qui défilaient doucement au fil de l’eau. Ils adoraient monter en voiture dans les tacots pour faire un petit circuit puis se régaler d’une bonne glace avant de repartir par la boutique le plus souvent avec une petite boîte Playmobil offerte par maman et le catalogue pour faire leur future commande au père Noël. S’y déroulaient aussi des anniversaires de copains et copines de classe où les parents organisateurs n’avaient pas grand-chose à prévoir pour amuser tout ce petit monde… »
Instantané de mémoire : « Des classes visitent souvent le parc et proposent aux élèves de maternelle une initiation au poney qui suscite bien des vocations. Celle qu’a suivie mon fils en 1998 a été le prélude à une année de cours pour apprendre à monter et cette expérience n’a pris fin que suite à une chute qui lui a fait trop peur pour continuer. Il n’en demeure pas moins que c’était un plaisir chaque semaine de retrouver l’ambiance du Centre Equestre et d’y prendre soin des animaux, les brosser, les seller avant de les monter… »
En 2000, un premier stage de dressage sponsorisé a lieu au centre équestre à l’initiative de l’entreprise Purina, fabricant d’alimentation pour chevaux et fournisseur du club. Le stage d’une journée proposé attire une dizaine de cavaliers d’âges et de niveaux divers et Nord-Eclair s’en fait l’écho.
C’est également l’occasion de célébrer, comme tous les ans depuis 1989, la fête du cheval. Le centre ouvre alors ses portes au public et les spectateurs sont nombreux autour du manège pour profiter des 4 carrousels exécutés par les élèves et leurs moniteurs ; cette année ceux-ci ont pour thèmes le Mexique, les mousquetaires du roi et les cavaliers hongrois.
Les baptêmes poneys et chevaux sont l’autre clou de la journée puisque l’année précédente près de 200 certificats ont été remis aux enfants en une journée, et ces baptêmes sont souvent de nature à leur donner le goût de l’équitation. En ce début de vingt et unième siècle, le Centre Equestre compte plus de 300 cavaliers. Il est ouvert 7 jours sur 7 et on peut y monter à poney à partir de 2 ans puis à cheval. Pascal Le Comte y est devenu instructeur cette même année.
L’année suivante, un dimanche matin de septembre, un joli défilé de 37 chevaux sillonne la place de la République, la rue du Docteur Coubronne et la rue du Général Leclerc : leurs cavaliers sont en tenue de concours. L’après-midi, les festivités continuent avec jeux équestres, démonstrations de voltige, carrousels, et baptêmes de cheval comme les autres années. Nombre de petits spectacles sont mis en scène par les membres du club, sur le thème du cirque pour les enfants de 6-8 ans et celui des «cariocas brésiliens» pour les cavaliers de niveau 4 et 5.
A suivre…
Remerciements à la ville de Hem et à Amandine Le Comte
Nous avons suivi la ligne à travers ce qui est aujourd’hui Villeneuve d’Ascq, et l’avons laissée à la croisée des chemins du Recueil et d’Hem. Ce dernier chemin, dit de grande communication numéro 6, marque, sur quelques centaines de mètres, la limite entre Flers et Annappes. A la création de la ligne, on est encore en pleine nature et le chemin n’est bordé que de rares constructions. Celles-ci disparaissent complètement après la courbe à droite qui nous fait abandonner Flers pour pénétrer complètement dans Annappes.
Ici, le tramway circulera jusqu’à sa fin en plein champs, comme le montre cette photo aérienne de 1951.
Aujourd’hui le chemin est coupé dans sa partie centrale par un rond-point, puis longé ensuite par le remblai de la voie rapide.
Après une large courbe à gauche, nous abandonnons la campagne pour rencontrer les premières maisons de Hempenpont, l’entrée, tracée elle aussi en courbe, de Hem.
Ce hameau constituait le carrefour des chemins venant de Flers, qui menaient à Croix et au centre d’Hem. Le cœur névralgique en était une auberge spécialisée dans la friture d’anguilles, située sur le carrefour où se séparaient les routes de Croix et de Hem, et devant laquelle le tramway négociait une courbe brutale à droite pour se diriger vers le centre de Hem.
Nous nous trouvons alors à l’entrée de la rue de Lille, qui a pris ensuite le nom du général Leclerc. La voie va emprunter cette artère en suivant de près le trottoir de droite.
Remarquez à droite sur la photo suivante, devant le mur de la teinturerie, l’abri pour les voyageurs, qui semble indiquer que l’arrêt desservant l’auberge était très utilisé par les clients. En dessous, la même vue, prise aujourd’hui.
Le tramway poursuit sa route, remontant cette rue, l’une des plus importantes de la ville. La première partie est en ligne droite, et propose de la verdure à gauche et des constructions sur la droite. La voie est unique. L’aspect de ce tronçon a peu changé aujourd’hui.
Quittant Hempenpont, après avoir parcouru une centaine de mètres et dépassé l’intersection avec la rue de la Tribonnerie, menant aujourd’hui à la poste, nous abordons le quartier de la citadelle. Après un premier virage sur la droite, la ligne attaque un « S ». Au niveau de la première courbe, une grille marque l’endroit de l’actuelle avenue Pierre Bonnard qui dessert maintenant un quartier résidentiel. A cet endroit, on remarque l’aiguille de fin d’une zone de voie dédoublée. Les cheminées d’usine sont nombreuses à l’époque du tramway.
Nous retrouvons ensuite sur environ deux cent mètres une zone moins lotie et plus verdoyante. Après une contre-courbe à droite, une portion droite que nous montre la photo suivante, prise vers Lille après guerre. Elle nous présente à droite une série de belles propriétés qualifiées de châteaux, et dotées, à l’époque, de grands parcs d’agrément. Le camion Renault AHN visible à gauche empiète sans vergogne sur la voie !
Cent mètres plus loin, une large courbe vers la droite, vue vers Lille sur la photo suivante, nous approche du centre. Nous retrouvons ici des constructions serrées l’une contre l’autre de chaque côté de la rue.
Au même endroit et dans la même courbe, mais en tournant cette fois le dos à Lille, nous apercevons tout au fond l’église de Hem :
Poursuivant notre route, nous distinguons mieux l’église. Nous atteignons presque Hem-Bifur, le croisement avec la rue qui nous mènera à gauche vers Lannoy. Le mur blanc à droite est celui de la ferme Franchomme.
Devant cette ferme, plusieurs photos représentent des motrices de la ligne Lille Leers. En voici une mettant en scène la voiture 13, modernisée en 1934, et limitée à Hem-Bifur, ce qui place la photo dans les années peu après 1947.
Immédiatement après la ferme, l’aiguille et la courbe à gauche nous mènent dans la rue de Lannoy, qui a ensuite pris le nom de Jules Guesde. A l’angle des deux rues, un autre abri pour les voyageurs, construit sur le même modèle que celui rencontré à Hempenpont.
A suivre la rue Jules Guesde, anciennement rue de Lannoy…
Venant de Lille, la ligne quitte Hellemmes au carrefour avec la rue Jules Ferry : elle oblique alors vers la droite le long de ce qui est aujourd’hui le centre commercial Cora. Elle va traverser Flers, toujours sur le chemin de grande communication numéro 6, qui a pris ici au 20ème siècle le nom de rue Jules Guesde.
A partir de ce point, à l’origine, le trajet va devenir franchement campagnard, après les constructions relativement clairsemées sur le territoire d’Hellemmes. A Flers, le plan cadastral de 1890 n’indique pratiquement aucune habitation, mis à part un petit groupe au droit du bourg de Flers et quelques rares fermes éparses : le tramway y circule au milieu des champs.
Il est à noter que 50 ans plus tard, la proportion de terres agricoles n’a pratiquement pas diminué. Comme le montre cette photo aérienne IGN de 1947, peu avant la fermeture de la ligne, la fièvre bâtisseuse ne s’est pas encore manifestée :
Parmi les bâtiments que la ligne dépasse au niveau du Bourg, on remarque sur les photos qui suivent, juste après le carrefour avec le chemin menant au Sart, un petit groupe de constructions et une grande ferme, dénommée, sur le plan cadastral de 1825, la « ferme de la Frannoy ».
L’un de ces bâtiments est l’école des filles. On retrouve cet ensemble quasiment inchangé aujourd’hui.
De même, la très ancienne ferme existe toujours elle aussi ; elle est aujourd’hui dénommée de « ferme du haut » après avoir été connue sous le nom de ferme Delesalle. Elle offre maintenant au public des animations culturelles et artistiques.
Mais le bourg s’étend, et le côté impair de la rue ne tarde pas à se bâtir. En face de la ferme, plusieurs maisons sont érigées aux numéro 247 et suivants. La photo suivante, des années 30, nous montre les constructions bordant la rue et la voie du tramway.
Ces maisons sont toujours présentes aujourd’hui. L’aspect du quartier n’a pas tellement bougé, même si le revêtement de la rue a changé et que les voitures qui parcourent celle-ci se sont modernisées.
Un peu plus loin, la rue, laissant à sa droite l’ancien château, s’étire quasiment en ligne droite, passant devant le lieu-dit Tiraloque entre les hameaux de la Cousinerie et de Canteleux. Ici alternent aujourd’hui maisons anciennes et habitations récentes, mais on continue toujours à suivre sans peine l’ancienne ligne du tramway.
De nos jours pourtant, la proportion des constructions neuves augmente petit à petit et le quartier prend un aspect plus aéré alors qu’on approche de l’autoroute de Gand. Enfin, celle-ci coupe notre route. Pour retrouver notre chemin, il faut la traverser. De l’autre côté, on peut de nouveau la suivre sur une centaine de mètres à hauteur du Mac Donald. On arrive à l’endroit où elle remontait par un coude brusque vers le nord et le hameau du Recueil en longeant la commune d’Annappes. Ici, plus question de suivre quoi que ce soit, car toute cette zone a été bouleversée lors de la constitution de Villeneuve d’Ascq et l’édification du quartier de la Cousinerie dans les années 1970.
Dans cette zone, il est pratiquement impossible de retrouver l’emplacement de la ligne. Mais nous pouvons en superposant les cartes anciennes sur une carte IGN moderne parfaitement y tracer le parcours disparu de notre ligne de tramways.
Il est possible de nous imaginer ce tracé à la sortie de la Cousinerie : il traversait pratiquement la voie rapide là où s’étend aujourd’hui l’échangeur donnant accès au quartier. La voie traversait le rond-point qu’on connaît de nos jours.
Mais, de l’autre côté de l’échangeur de la voie rapide, nous retrouvons l’ancien chemin numéro 6 qui, débouchant du passage souterrain, va nous amener à Hemponpont et au Recueil.
Ici, on retrouve un peu l’environnement de l’époque : maisons anciennes et verdure. Après environ deux cents mètres, nous laissons sur la droite la route conduisant au Recueil et nous prenons à droite pour arriver à Hem.
En 1923, le fermier Louis Jonville, propriétaire d’un hectare de terre enclavé dans le terrain de la Marquise d’Auray de Saint Pois, et en mésentente avec celle-ci, décide de vendre son terrain et c ‘est Mr Declercq Oswald, père, industriel en teinturerie et apprêts, à Hempempont qui se porte acquéreur.