Teinturerie Declercq (suite)

La teinturerie Declercq est l’une des premières à utiliser un camion et Oswald figure en 1927 dans l’annuaire des grands cercles et du Grand Monde (Cercle de l’Union, Jockey-Club…) Manifestement la famille Declercq est une famille qui compte et la teinturerie fonctionne à plein régime même si Oswald a préféré cesser l’activité de teinture pour ce consacrer à l’apprêt.

Côté vie privée Oswald a épousé Aldegonde Screpel avec laquelle il occupe la maison d’habitation bâtie dans l’enceinte de l’usine et occupée auparavant par Napoléon Paul et son épouse Céline Roussel. Ils ont une voiture avec chauffeur et lorsque celle-ci le ramène à la maison, le chauffeur continue alors jusqu’au garage situé au cœur de l’usine. Là une plaque tournante lui fait effectuer un demi-tour afin qu’elle soit garée dans le bon sens pour sa prochaine sortie.

Photo d’un camion avec les chauffeurs en attente dans la rue (Document Famille Declercq)

Un important mouvement de grève se développe en France au lendemain de la victoire du Front populaire aux élections de mai 1936 : les ouvriers occupent leurs usines et s’organisent tandis que le pays est paralysé. A la mi-juin 1936, le Grand Echo du Nord de la France annonce un très important mouvement de reprise du travail dans les différents établissements en grève de l’agglomération lilloise et notamment la fin de la grève et la reprise du travail de 80 ouvriers à la teinturerie Declercq à Hem.

La teinturerie est reprise ensuite par Oswald fils, né en 1901, quand son père la lui cède après avoir racheté les parts de tous les autres membres de la famille et petits actionnaires. Elle devient sa propriété unique en 1943 et compte alors jusqu’à 162 ouvriers.

Photo d’Oswald fils (Document famille Declercq)

Pendant la 2ème guerre, l’usine continue à fonctionner comme en témoigne une facture de 1940. Le pont d’ Hempempont et, par voie de conséquence les riverains subissent également des destructions. Une facture de 1946 montre que l’entreprise survit à la guerre et continue à travailler dans l’immédiat après-guerre.

Destruction au niveau du pont pendant la seconde guerre (Document collection privée)
Factures de 1946, 1949 et 1952 (Documents Historihem)

Oswald a épousé Marthe Cottaz et vit dans la maison de maître située à droite de l’accès à l’usine avec leurs 2 fils : Philippe né en 1933 et Alain né en 1937 et leurs 2 filles Nicole et Janick. Son père emmène Alain très tôt dans les ateliers car il est passionné par la mécanique.

La maison de maître habitée par la famille à côté du pont et juste à droite de l’entrée de l’usine (Documents collection privée et famille Declercq)

C’est ainsi que ce dernier commence à travailler très jeune dans l’usine, à l’âge de 17 ans. N’étant pas très scolaire il apprend à souder avec les ouvriers de l’entreprise et se fabrique un karting avec lequel il se rend de son domicile rue de la Tribonnerie jusqu’à l’usine d’Hempempont.

Alain sur son karting (Document Carnets de Cheminée)

(Sur le sujet du domicile voir l’article paru sur notre site sous le titre : Famille Declercq, 28 rue de la Tribonnerie).

Puis il se forme au métier sur chacune des machines de l’entreprise, afin de pouvoir obtenir par la suite des responsabilités. Ainsi il parvient, comme son père, à remplacer les ouvriers malades ou absents et à relancer la production sur différentes machines. A la mort de son père il reprend donc l’affaire avec son frère Philippe qui a fait l’ITR (Institut Technique Roubaisien).

Photo d’Alain et Philippe Declercq (Documents famille Declercq)
Photo aérienne de l’usine en 1962 (Document IGN)

Après la mort d’Aldegonde en 1964, c’est Philippe et son épouse Mariam qui élisent domicile dans la belle maison d’habitation située rue de Croix, et ils y résident jusqu’à la vente de l’entreprise en 1991. Oswald fils quant à lui vit avec Marthe dans la maison de la rue de la Tribonnerie.

Dans les années 1970, l’entreprise devient la Société Nouvelle Declercq Frères et pratique uniquement l’apprêt de tissus de laine mixte ou imitation ainsi que divers traitements comme le calandrage, le tondage et le rasage des tissus.

Philippe s’occupe alors principalement des finances et gère l’aspect commercial et Alain quant à lui supervise tout ce qui est mécanique et le suivi du traitement des tissus. Les 2 frères gèrent l’entreprise « en bons pères de famille » et tout se gère en interne sans intervention extérieure ni syndicat.

Facture société nouvelle Declercq frères (Document Historihem)
Plan de l’usine (Document famille Declercq)
Un salarié sur sa machine (Document famille Declercq)

Les salariés sont alors au nombre de 120 et chacun a une machine attitrée mais Alain peut se substituer à l’un d’eux en cas de besoin afin de faire en sorte que la production ne s’interrompe pas. Puis des machines modernes sont achetées et fonctionnent en continu, entraînant un besoin en personnel moindre. Les départs en retraite et autres ne sont donc plus remplacés et l’effectif tombe à 60 personnes.

L’entreprise est alors revendue en 1991 à une société qui a d’abord racheté tous ses clients. Il s’agit du Groupe Chargeurs, une entreprise française, qui œuvre dans la protection temporaire de surfaces, l’entoilage pour l’habillement, les textiles techniques et la laine peignée haut de gamme.

A compter de la même année, Philippe Declercq quitte l’entreprise et la maison d’habitation datant du 19ème siècle et ayant abrité jusqu’alors la famille Declercq. C’est le nouveau directeur nommé par le groupe qui s’y installe avec sa famille.

Si une nouvelle direction est installée dans l’usine Alain Declercq y reste néanmoins jusqu’à sa retraite en 1997 en qualité de salarié. Il réalise la jonction entre la nouvelle direction et le reste du personnel. Après son départ la teinturerie Declercq fonctionne encore environ 2 ans avant que la petite quarantaine de salariés restants soient licenciés et les machines revendues à l’étranger. L’usine est alors complètement vidée et présente un spectacle de désolation.

Photos d’ateliers (Documents famille Declercq)

Désamiantée à l’initiative de la famille, toujours propriétaire des murs, elle est mise en vente mais la MEL exerce son droit de préemption en 2001. L’usine reste alors en friche pendant de nombreuses années, jusqu’à ce qu’un acheteur soit trouvé en 2013 pour le terrain sur lequel va se construire un projet immobilier.

Le projet, confié au cabinet Trace Architectes, prévoit à la fois des résidences d’appartements (une cinquantaine de logements au total), mais aussi des espaces verts et des commerces sur 700 mètres carrés (par cellule de 150 mètres carrés chacune)

Projet Jardins de la Marque (Document site internet)

Auparavant la MEL et la ville de Hem décident de tout raser, sauf la cheminée qui est classée. La première phase commence par la démolition de l’ancienne demeure construite sur le site, laquelle est atteinte par la mérule, a été squattée et vandalisée depuis le départ de son dernier occupant en 1999, et n’entre pas dans le projet immobilier .

La demeure dans les années 1970 côté façade et côté jardin (Documents Famille Declercq)
Démolition de la maison de maître sur la friche en 2013 (Documents Famille Declercq)

Pourtant le site industriel quant à lui, contaminé par les métaux lourds et hydrocarbures, de par son passé industriel doit passer par une phase de dépollution. Ce n’est qu’ensuite que peut commencer la phase de démolition proprement dite qui se produit en 2015, les pelleteuses épargnant seulement la cheminée, intégrée au futur projet.

Enfin en 2016, la première pierre des jardins de la Marque est posée, les 4 bâtiments de 3 étages doivent comporter des logements sociaux. Une micro-crèche est également prévue au pied de la cheminée. Quant aux commerces un caviste et des commerces de bouche sont pressentis.

Pose de la première pierre (Document ville de Hem)

Actuellement en lieu et place de l’ancienne teinturerie, on trouve donc une petite zone commerciale variée et agréable. La cheminée a été conservée et s’est fondue dans le nouveau paysage, servant de vigie à la micro-crèche ouverte sur le site. Le long de la rue du général Leclerc l’ancien mur de briques a été conservé.

La zone commerciale Biocoop et boucherie Lesage (Documents site internet)
La crèche au pied de la cheminée et le mur conservé (Documents site internet)

Des appartements sont disséminés côté rue Leclerc et côté Marque, environnés de verdure. Il s’agit de petits blocs de faible hauteur (2 étages) qui assurent à leurs habitants un cadre verdoyant et paisible. Les photos aériennes des années 2009, 2018 et 2022 nous montrent clairement l’évolution du site qui d’industriel devient résidentiel.

Résidences d’appartement (Documents Trace Architectes)
Photos aériennes de 2009, 2018 et 2022 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à Alain et Laurent Declercq, à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, Paul Delsalle pour son ouvrage Histoire de la vallée de la Marque et Robert Hennart pour sa promenade en Pévèle Mélantois

Teinturerie Declercq

Les industriels s’installent plutôt dans la seconde moitié du 19éme siècle dans le village de Hem qui auparavant restait à vocation agricole. Deux brasseries et une distillerie sont les premières industries répertoriées sur Hem dont celle de Mr Louis Vandenbogaert, originaire de Tournai en Belgique, lequel est d’ailleurs maire du village durant quelques temps de 1812 à 1816.

Napoléon III, qui souhaite concurrencer l’Angleterre incite à l’implantation d’industries dans le Nord de la France et c’est dans ce cadre que Napoléon Paul, né en 1835, et Armand Alphonse Victor De Clercq, né en 1837, qui franciseront ensuite leur nom en Declercq, originaires de Renaix (Belgique) décident de monter une entreprise le long de la Marque à Hem.

A cet effet tous deux reprennent une brasserie qui faisait faillite au 185 rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) et y créent une usine textile de teinturerie et d’apprêts en 1857. Ils ont épousé 2 sœurs Céline et Flore Roussel dont le frère est un entrepreneur roubaisien du textile de la rue de l’Epeule : Emile Roussel. Puis Victor, qui ne s’épanouit pas dans cette activité laisse l’entreprise à son frère et se consacre à une activité de brasseur.

CPA de la rue de Lille à son extrémité avec l’usine, vue vers Hempempont et vue depuis Hempempont (Documents collection privée)
Photo de Napoléon Paul (Documents famille Declercq)

Malheureusement la teinturerie de Napoléon Paul périclite et il doit emprunter à son beau-frère Emile Roussel pour remonter l’entreprise. Ce sont ses fils, Paul Alexandre et Oswald Paul né en 1872 , repreneurs de la teinturerie qui, après la mort en 1898 de Napoléon Paul, remboursent son beau-frère, ayant travaillé avec acharnement pour redresser l’entreprise et gagner la somme nécessaire.

Quant à Victor qui a lui aussi emprunté à Emile de quoi monter sa brasserie en 1895 il en fait une affaire florissante qui lui permet de placer ses enfants. Pourtant par la suite, avec l’arrivée des coopératives, l’entreprise périclite à son tour et ce sont les fonds garantis par diverses propriétés sur Hem et les cabarets appartenant à la brasserie qui permettent le remboursement de l’emprunt.

Photo d’Oswald, fils de Napoléon Paul (Document famille Declercq)

En 1893, Paul Declercq fils est répertorié comme teinturier dans le Moniteur de la Bonneterie et du Tricot. Par la suite avec l’arrivée du charbon, l’usine se voit adjoindre une grande cheminée, comme en atteste encore la date figurant sur la cheminée en briques : 1899.

Afin d’en faire une affaire florissante les 2 frères décident alors de se concentrer sur l’apprêt soit le traitement de finition après le tissage, permettant de donner au produit son aspect final, qui consiste en la modification des fibres textiles par le biais d’une action chimique, telle qu’une teinture.

A cette époque les eaux de la teinturerie se déversent journellement dans la Marque « sans avoir été traitées au lait de chaux ni décantées » et les eaux restent noires et infectes. Elles stagnent et des détritus de toutes sortes y surnagent. Le voisinage se plaint d’autant qu’il émane de la rivière des odeurs nauséabondes, et le danger représenté pour la santé publique est pointé du doigt. Cette prise de conscience va entraîner l’installation de bassins de décantation.

CPA de l’usine située à l’Hempempont face au café de la Renaissance (Documents collection privée)
Enveloppe à en-tête de Declercq Frères (Document famille Declercq)

L’usine est constituée d’un atelier de fabrication en rez-de-chaussée aux murs de brique, couvert d’un toit à longs pans brisés recouvert de tuiles flamandes. Les bureaux fonctionnent sur 2 étages carrés, avec murs de brique, pierre et béton armé. Le bâtiment les abritant possède une terrasse et un toit en pavillon couvert en ardoises.

Les bureaux sont installés dans un bâtiment faisant le coin de la rue de Lille et de la rue de Croix, qui abritait auparavant le bureau de péage du pont de la marque. Ce pont en bois et très étroit à la fin du 19ème siècle, est d’une grande importance pour la liaison Lille-Lannoy, tant pour le commerce que pour l’armée. Il est alors surveillé par les policiers du commerce extérieur (douaniers).

Sans ces péages dédiés aux routes, la presque totalité des ponts et autres ouvrages destinés à franchir les passages difficiles, qui furent construits en France jusqu’au dix-septième n’auraient en effet pas existé et, après la construction, il fallait entretenir, réparer et surtout reconstruire.

Pont d’ Hempempont (Document BD Au Temps d’Hem)

En avril 1904, des grèves éclatent pour réclamer la journée de 10h. Le journal politique quotidien La Lanterne relate que le comité de grève roubaisien ne peut que constater l’insuccès de ses négociations avec le patronat et convie les ouvriers à nommer dans chaque usine des délégations appelées à négocier avec leur patron. Ce même journal déclare qu’à l’usine d’apprêt Declercq le personnel était au complet la veille alors même que 11 teintureries roubaisiennes sur les 43 sont en grève. En 1908, la teinturerie est récompensée d’un grand prix dans la catégorie fils et tissus laine à l’exposition franco-britannique de Londres, section française.

Jusqu’en 1910, d’autres teinturiers apprêteurs s’installent le long de la Marque, tant et si bien que l’eau de celle-ci ne va plus suffire et qu’il va falloir utiliser des forages atteignant une centaine de mètres de profondeur pour approvisionner les usines en eau.

Facture de 1911 (Document Historihem)

A la veille de la première guerre mondiale, les ouvriers des 3 teintureries et des 2 usines d’apprêt de la ville prennent le tram ou le vélo pour se rendre au travail. Les gens de la ville viennent le dimanche à Hempempont, par le tramway pour manger des anguilles à l’Auberge juste en face de la teinturerie Declercq.

Les tramways d’Hem ont même leur chanson :

« Vous voulez aller en ville

c’est l’heure d’aller travailler

il n’y a rien d’plus facile

vous allez chercher le tramway.

Faut jamais s’en faire pour l’heure,

on peut prendre tout son temps,

comme y en a tout’s les demi-heures,

quand on l’rate, on a l’suivant

Ah ! C’qu’on est bien

su l’fameux tramway d’Hem…e

La Compagnie nous protège

elle n’veut pas nous éreinter

elle nous donn’ quand il n’y a pas d’neige

deux et parfois un tramway.

Les deux sont toujours en route

à moins d’panne évidemment

pour l’abonné y a pas de doute

c’est un système épatant

Ah ! C’qu’on est bien

su l’tramway du pat’lin ! »

CPA arrêt du tramway à l’Hempempont (Documents collection privée)

Lorsque l’occupation commence en Octobre 1914, la commune, comme toutes les autres est soumise à des vexations journalières et un pillage méthodique qui fait le vide aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Des hommes sont arrêtés pour constituer des bataillons de travailleurs forcés, lesquels sont envoyés travailler en Allemagne.

La commune doit également subvenir au logement, au bien-être et à la nourriture de l’ennemi. Au début de 1915, la maladie s’installe dans quelques foyers telle le typhus et le maire doit faire procéder à la désinfection des maisons. A la teinturerie Declercq des bains douches sont installés pour soldats. En 1918, les Allemands se retirent non sans avoir tiré quelques obus sur le pont d’Hempempont et l’avoir détruit derrière eux, ce qui amènera sa reconstruction en béton après-guerre.

Destruction du pont en 1918 (Document BD au temps d’Hem)
CPA du pont dans les années 1920 (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à Alain et Laurent Declercq, à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, Paul Delsalle pour son ouvrage Histoire de la vallée de la Marque et Robert Hennart pour sa promenade en Pévèle Mélantois

Damart Hem partie 2

Damart Hem partie 2

Le centre d’expédition n’ouvre donc ses portes qu’en septembre 87 soit plus de 5 ans après la cession des terrains destinés à sa construction et son inauguration a lieu en Novembre en présence de nombreuses personnalités : parmi elles, Mr Longuet, ministre délégué chargé de la Poste et des Télécommunications, Mr Aurousseau, préfet de la région, Mr Diligent, sénateur-maire de Roubaix, et bien sûr Mme Massart maire de Hem.

Photos de l’inauguration (Documents Nord-Eclair)

C’est Paul-Georges Despature, président du directoire de la SA, qui accueille les prestigieux invités en compagnie des « pères fondateurs » de Damart : Joseph, Jules et Paul Despature, et de Xavier Ruyant, directeur du nouveau centre hémois. Sont également de la fête Nicolas Hulot, journaliste-aventurier, et Hubert de Chevigny, pilote d’ULM, ayant vaincu début 87 le pôle nord en ULM, équipés de sous-vêtements thermolactyl et sponsorisés par la Poste.

Lors de la visite Mr Longuet découvre la partie stockage cartons entièrement automatisée, la galerie de liaison où est coupé, à cette occasion, le traditionnel ruban, l’unité de prélèvement où le ministre s’entretient avec quelques ouvrières, l’unité d’emballage avec ses nouvelles machines automatiques, et enfin la zone d’expédition avec la toute nouvelle peseuse-affranchisseuse spécialement mise au point pour l’usine hémoise.

Le traditionnel ruban (Document Nord-Eclair)

Pour commémorer l’événement de l’inauguration d’un centre de vente par correspondance par le ministre de la Poste, un bureau de poste provisoire est installé où est apposé le cachet commémoratif de la manifestation, reprenant, comme il se doit, le désormais fameux slogan Damart « froid moi jamais ».

Cachet commémoratif (Document collection privée)

Au cours de son discours Mr Despature souligne la qualité des liens que son entreprise entretient avec la Poste « maillon vital, fournisseur indispensable et souvent unique pour la VPC (Vente Par Correspondance) » ajoutant que « pour que la Poste et la VPC restent compétitives il importe que l’évolution générale des tarifs s’oriente vers la stabilisation». Chez Damart en effet le budget annuel dédié à l’affranchissement dépasse l’investissement consenti pour la construction des bâtiments hémois soit quelques 100 millions de francs.

En réponse Mr Longuet s’engage donc, tant sur la fiabilité du service que sur la compétitivité des tarifs, avec en point de mire, l’horizon 92 et le marché unique européen, et se déclare désireux de rendre hommage par le biais de Damart à la VPC en général laquelle représente 10% du chiffre d’affaires de la Poste.

Photo aérienne du centre d’expédition en 1988 (Document IGN)

Ainsi que le souligne Mme Massart dans son discours ce bâtiment, très moderne, ne fait pas l’unanimité et représente la « cathédrale du thermolactyl » pour les uns et le « Beaubourg d’Hem » pour les autres, l’important étant que le dynamisme de Damart pourrait permettre aux hémois de bénéficier de nouveaux emplois.

Photo de Damart Hem (Document collection privée)

Quelques temps plus tard, un transporteur de la Somme perd le contrôle de son poids-lourd et , juste devant l’usine flambant neuve, finit sa course dans le fossé. Bilan de cet accident impressionnant: plus de peur que de mal pour le chauffeur, une circulation interrompue pendant 3 heures à hauteur de Damart en fin de voie rapide, et un pylône d’éclairage public renversé…

Photos de l’accident en 1987 (Document Nord-Eclair)

Soucieux de rassembler toute son activité logistique à Hem l’entreprise réalise en 2009 un agrandissement considérable du site inauguré en grande pompe 22 ans plus tôt. Deux bâtiments sont ajoutés : le premier, de 4.000 mètres carrés, doit permettre le stockage de catalogues et le routage des mailings. Le second, sur 10.000 mètres carrés, doit servir à la préparation des colis.

L’extension de 15.000 mètres carrés porte donc l’ensemble de l’usine à 50.000 mètres carrés. C’est désormais de Hem que partent toutes les commandes pour les clients de la VAD (Vente A Distance), les stocks pour les différents magasins et points de vente, ainsi que les 140 millions de catalogues envoyés chaque année en France et à l’étranger.

Un tel flux nécessitant de meilleures conditions d’accès aux axes routiers un aménagement de la voie rapide a été réalisé par le Département afin que le site hémois lui soit désormais directement raccordé.

Extension du site originel en 2009 (Document VDDT Architectes)

A l’occasion de l’inauguration du nouveau site c’est le premier ministre François Fillon en personne qui se rend sur place accompagné de deux de ses secrétaires d’état: Valérie Letard et Laurent Wauquier. Une salariée, parmi les 500 personnes (essentiellement des femmes) désormais employées sur la plate-forme, leur explique l’organisation mise en place pour éviter aux préparatrices de commandes de trop se déplacer. A l’issue de la cérémonie le 1er ministre rencontre les professionnels de la VAD en mairie de Hem puis prononce un discours à la salle des fêtes.

Inauguration de l’extension du site en Octobre 2009 (Document Alamy Banque d’Images)

Puis en 2015, dans l’optique de doper de 25 % ses performances opérationnelles et de diviser par deux ses délais de livraison, Damart annonce un investissement de 5 millions d’euros dans la modernisation de sa plate-forme logistique de Hem. Ce site doit en effet accompagner la croissance du réseau de magasins. De 85 points de vente en 2015, Damart devrait compter plus de 125 implantations en France d’ici huit ans.

De plus, les ventes sont très liées aux variations climatiques. Si chaque année 4 millions de Thermolactyl sont vendus, l’usine doit pouvoir faire face lors de grands froids à des pics atteignant 30.000 commandes par jour ! Le projet consiste donc en la mise en place d’un système de type « trieur à pochette ».

Enfin, cette mécanisation accrue doit permettre aux 450 salariés de la plate-forme de bénéficier de meilleures conditions de travail : réduction du nombre de tâches répétitives, diminution des ports de charges, simplification de l’organisation des ateliers…

Nouvelle machine à colis (Documents la Voix du Nord)

Comme le montre la photo aérienne de 2020 la physionomie du boulevard Clémenceau à hauteur de la sortie de la voie rapide a bien changé en presque 40 ans et les champs ont donc laissé la place à un énorme site industriel sur lequel plusieurs centaines de salariés travaillent.

Site Damart à Hem en 2020 (Documents Google Maps)

La « Maison Hantée »

A la sortie d’ Hempempont, à la limite des territoires des villes de Hem et de Villeneuve d’Ascq, se situe une grande bâtisse en briques rouges, construite en 1939, qui semble à l’abandon. Entièrement claquemurée elle ne laisse deviner que des tentures en lambeaux aux fenêtres et des amoncellement de branchages devant la façade. A l’entrée un chien bruyant et agressif joue les cerbères.

Photos de la maison (Document collection privée)

Pourtant cette maison, tout droit sortie d’un film d’Alfred Hitchcock, a en fait toujours été habitée par des agriculteurs, connus du quartier pour vendre des pommes de terre. Un panneau de bois posé devant la grille fait en effet régulièrement la publicité de cette vente à tous les automobilistes qui passent devant pour rejoindre la voie rapide.

Pourtant la rumeur publique est tenace et veut que la demeure soit hantée par le fantôme d’un enfant de 5 ans décédé dans ses murs et dont les parents ont dès lors quitté la maison pour la mettre en location. Depuis, les différents occupants ne seraient pas restés, terrifiés par des pleurs d’enfant et des bruits de pas.

Différents propriétaires et/ou locataires s’y seraient également pendus dans la même pièce au fil des décennies. Par ailleurs il serait impossible de détruire l’immeuble car les engins de chantier y tomberaient en panne et les ouvriers y seraient blessés dans d’étranges circonstances.

Un étudiant en communication lui a consacré son mémoire de fin d’études et la propriété est devenue une star du Web, se classant dans le top cinq des maisons hantées recensées dans la région. De nombreux sites lui consacrent régulièrement des articles faisant d’elle une icône des phénomènes surnaturels.

Parallèlement, en raison de sa réputation, la demeure attire les jeunes en mal de sensations fortes et les buveurs de bière balancent des canettes sur la maison et ses occupants. Ceux-ci se voient donc contraints de murer les fenêtres afin d’éviter une casse permanente.

Photo de la façade avec ses menuiseries puis murée (Documents divers sites internet consacrés aux phénomènes paranormaux).

Pourtant en 2006, la maison quitte le domaine ésotérique pour le religieux. L’église évangélique d’expression africaine l’achète en effet pour y installer un centre culturel et le pasteur Emmanuel Kamondji explique dans le journal « La Voix du Nord » que la rumeur des fantômes pourrait avoir été propagée par un banal conflit de voisinage.

Photo du pasteur devant la maison en 2006 (Document La Voix du Nord)

Cette église cherchait en effet des locaux depuis une dizaine d’années pour y installer un temple, et un centre pour les associations de catéchèse, d’alphabétisation ou de soutien aux SDF et a été séduite par la situation de la propriété, au bord de la voie rapide, et par ses larges volumes.

Photo panoramique de la maison à l’époque et de l’emplacement de celle-ci en 2021 (Documents Google Maps)

Les paroissiens, qui doivent prendre possession des lieux dès 2007, commencent aussitôt à débroussailler le jardin avant que les travaux de réfection ne commencent, dès les financements trouvés. Les aménagements intérieurs permettent rapidement aux fidèles de se réunir dans les salles prévues à cet effet.

Photos de l’intérieur avant l’incendie (Document collection privée)

Fin 2014, un incendie, vraisemblablement d’origine criminelle, ravage la maison en fin de soirée. La porte d’entrée a en effet été fracturée et le feu s’est propagé dans les escaliers pour atteindre les combles. Plusieurs centre de secours des environs doivent unir leurs efforts pour venir à bout du sinistre.

Photos de l’incendie en décembre 2014 (Document La Voix du Nord)

Les dégâts occasionnés par l’incendie étant trop importants pour pouvoir envisager une rénovation l’église évangélique propriétaire des lieux doit se résoudre à faire abattre l’immeuble en juin 2015.

Le bâtiment après l’incendie (Documents collection privée)

Ainsi que le relate le journal La Voix du Nord, dans son article au titre évocateur : « la maison hantée ne fera plus peur », paru au lendemain de la démolition, malgré les anciennes rumeurs aucune avarie n’est venue perturber le travail de la pelle hydraulique, laquelle est venue à bout de la « maison hantée » en une heure et demie.

L’article précise toutefois que les ouvriers ont attendu que toute la maison soit par terre avant de faire le tri car on ne sait jamais : une tuile qui vole…

Démolition du bâtiment en juin 2015 (Documents collection privée)

Damart Hem partie 1

Héritiers d’une usine de draperie et tissage fondée en 1850 à Roubaix, et face au déclin du secteur textile, trois frères, Joseph, Paul et Jules Despature, recherchent une idée de génie pour sauver leur entreprise. Elle leur est soufflée par leur vieille tante, qui, victime de rhumatismes, ne jure que par les vertus de la triboélectricité (phénomène créé par la mise en contact de deux matériaux de nature différente).

En 1953, ils ont donc l’idée de créer des sous-vêtements réchauffant à partir d’une fibre synthétique, la chlorofibre, très efficace contre le froid, l’humidité et les rhumatismes. Par une alchimie savante, les micro-frottements du tissu créent, au contact de la peau, une énergie qui génère une chaleur électrostatique. Ils appellent leur création : le Thermolactyl et, comme leur entreprise se situe rue Dammartin à Roubaix, choisissent comme nom pour leur marque : Damart.

les frères Despature (Document site Damart)

L‘entreprise a alors la bonne idée de faire contrôler son nouveau produit par le milieu médical avant son lancement, puis d’éditer un petit catalogue de vente par correspondance, afin de vendre ses produits en direct de l’usine. Et elle bénéficie de la grande vague de froid hivernal de l’hiver 1954.

La société s’installe au 25 rue de la Fosse-aux-Chênes à Roubaix et se spécialise dans la confection de vêtements, sous vêtements, corseterie pour les personnes de 50 ans et plus, ainsi que des chaussures, y compris pour enfants.

siège de la société de nos jours (Document Google Maps)

A la fin des années 50, la société Damart s’installe également au 160 boulevard de Fourmies à Roubaix, sur le site de l’ancienne usine Ternynck (usine aussi vieille que le quartier, construite en même temps que le Boulevard de Fourmies), et prolonge le bâtiment de la filature vers le Boulevard de Fourmies. Ce site abrite les services des expéditions, la majorité des ventes se faisant par correspondance, qui emploient à cette époque 200 personnes.

Damart au Nouveau-Roubaix (Document collection privée et Google Maps)

Damart soigne avec humour ses slogans publicitaires qui sont restés gravés dans les mémoires. Dès la deuxième moitié des années 1960, elle détourne, pour la radio, le célèbre tube de 1965 du chanteur français Henri Salvador, « Le travail c’est la santé », devenu « Le travail c’est la santé, Thermolactyl, c’est la conserver !« . Puis la marque invente, en 1971, pour la télévision, le célèbre « Froid, moi ? Jamais ! Je porte Thermolactyl de Damart !« .

Publicité 1965 et 1971 (Document site j’aime les mots.com)

En 1982, un nouveau projet d’implantation voit le jour : Damart projette de construire une nouvelle unité, sur un terrain de 53000 mètres carrés en bordure du boulevard Clémenceau, dans la commune voisine de Hem. Après deux ans de négociations l’acte administratif de cession du terrain est enfin signé même si le projet n’est encore qu’à l’état d’ébauche.

A cette époque, comme le montre la photo aérienne ci-dessous, le boulevard Clémenceau à Hem est encore bordé de champs du côté gauche en venant du centre ville juste au bord de la voie rapide. Or le problème de l’emploi y est le même que dans tout le versant nord-est de la métropole, à savoir un taux de chômage élevé qui touche plus de 10% de la population active.

Photo aérienne de Hem Clémenceau (Document IGN)

C’est la raison pour laquelle depuis 5 ans, le maire de la ville, souhaitant drainer des emplois sur Hem a créé la commission d’emploi, et la municipalité intervient ainsi dans des opérations destinées à favoriser l’implantation d’entreprises créatrices d’emplois pour la commune, le projet Damart représentant à cet égard une inestimable opportunité.

Quant à l’entreprise, à l’étroit dans ses locaux du boulevard de Fourmies à Roubaix, elle voit dans la construction de cette nouvelle unité beaucoup d’avantages :

  • d’une part la proximité des unités déjà existantes devrait permettre un déplacement des services sans trop de difficultés.

  • d’autre part, une bonne partie du personnel de Damart Roubaix est originaire de Hem et le transfert des activités représente un avantage certain pour ces employés.

    Finalement, ce n’est qu’en 1986 que tombe l’arrêté préfectoral créant la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté) et permettant aux travaux de débuter. En juillet 1986, camions et bulldozers font leur apparition entre le boulevard Clémenceau et la rue de Beaumont.

    Deux immenses bâtiments sont construits : l’un réservé au stockage, d’une surface de 5000 mètres carrés sur 20 m de haut, l’autre destiné à l’exploitation, composé de 2 niveaux d’une surface de 8000 mètres carrés chacun. Les deux sont reliés entre eux par une galerie de 64 mètres de long.

A suivre. . . 

La brasserie Leclercq à Hem (Suite)

 

Publicités Leclercq Frères au 14 rue de Croix (Documents Historihem)

Après la guerre l’activité reprend sous le nom de Leclercq Frères, répertoriée dans le Ravet-Anceau de 1923 aux rubriques brasseur et cultivateur. Comme souvent à cette époque la brasserie est propriétaire d’estaminets tels que celui exploité par Jean Corteville sur la Place Verte (actuelle place de la République) qui distribue leurs bières. Sur la photo ci-dessous datant de 1932, la fanfare « La Gauloise », pose au complet devant l’estaminet.

Maison Jean Corteville (Document Mémoire en images de Hem)

Pendant la seconde guerre mondiale, la brasserie Leclercq est retenue comme abri pour le secteur de l’Hempempont, la rue de Lille et le Trié, avec la pelleterie et l’usine Electra, dans le cadre des instructions préfectorales de la défense passive dont le commandement est assuré par le maire de Hem. En 1945 et 1948, le Ravet-Anceau reprend l’entreprise Leclercq Frères à la rubrique brasserie.

Publicités bières Leclercq années 50 au 40 rue de Croix (Documents Historihem)

Dans l’annuaire de 1953, en revanche l’entreprise apparaît à la rubrique brasserie au nom de M. Leclercq. Puis dès 1955, l’entreprise « Brasserie Leclercq » est reprise à la rubrique du commerce de gros de vins et spiritueux. La fabrication s’arrête donc dans les années 50. C’est dans les années 60 que l’on retrouve ses dernières publicités Elle commercialise alors une bière Bock du Faisan de qualité supérieure. Les bâtiments sont vendus et démolis en 1976.

Bière Bock du Faisan (Documents Historihem)
Vues aériennes en 1947 et 1962 (Documents IGN)
Dernières publicités années 1960 (Documents Historihem et Nord-Eclair)

En 1982, on retrouve Jean Pollet inscrit en qualité d’exploitant agricole au 40 rue de Croix. Puis en 1998, La Gourmandine / Le Clos de la Source, installé à Mouvaux depuis 1991, ouvre un nouvel établissement dans le domaine, chargé d’histoire, du 40 rue de Croix à Hem. Il s’agit d’un service de traiteur qui met 4 espaces à disposition de sa clientèle dans l’ancienne et magnifique ferme-brasserie :

– La Nova (180 m²): Poutres apparentes, mezzanine et terrasse ouverte sur le jardin pour une salle très accueillante,
– La Grange (300 m²): Un toit de chaume magnifique, des murs de briques, de belles poutres en chêne, une mezzanine
– La Voûte (100 m²): Aménagée dans les anciennes écuries, la salle dispose d’un plafond de deux hauteurs en forme de voûte recouverte d briques.
– La Champêtre (60 m²): moderne et intime, idéale pour des repas de petits groupes réussis.

Le clos de la Source vu de la rue et de la cour intérieure (Documents Google Maps et site internet)
Vues d’une salle décorée (Documents site internet)

Exception faite de la malterie disparue depuis 1976 après plus de 50 ans de fonctionnement, le quartier est donc resté identique à ce qu’il était au début du 20ème siècle si l’on fait abstraction de la proximité de la voie rapide qui ne parvient cependant pas à altérer le charme et la tranquillité des lieux.

Vue aérienne de 1982 (Document IGN) et de 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

La brasserie Leclercq à Hem

Dès l’époque de la révolution française, on retrouve, à l’extrémité sud-est du bois de la Fontaine (situé sur Croix), les familles Leclercq, fermiers, cultivateurs et brasseurs à Hem, au pavé de Croix. C’est Jean-Philippe Leclercq, échevin pendant 44 ans, qui crée une brasserie avant la révolution. La ferme quant à elle existe déjà depuis le 16ème siècle.

Blason de la famille Leclercq, première brasserie de Hem (Document Hem 1000 ans d’histoire)

Parmi les dépendances se trouve la célèbre « grange au mars » où l’on stocke la belle et bonne bière de saison du bon vieux temps jusqu’en mars. C’est dans la cave de cette grange de plus de deux cent mètres carrés, située presque en face de la future brasserie Leclercq du 20ème siècle à gauche de la ferme (actuellement Le Clos de la Source), que deux prêtres, natifs de l’endroit les abbés Denis et Henri Leclercq, célèbrent la messe en cachette lors de la révolution.

La dépendance de la brasserie, à gauche, marquée d’un point blanc, au début du 20ème siècle (Document Historihem)

C’est le journal Nord-Eclair qui en 1968, relate la démolition en cours de ce bâtiment, frappé d’alignement depuis très longtemps, qui était tombé en ruine. On constate en effet sur une photo de la brasserie Leclercq au début du 20ème siècle, sur le trottoir d’en face une ruine dépassant les autres maisons.

La grange au Mars en cours de démolition en 1968 (Document Nord-Eclair)

Après la révolution, Charles Leclercq, fils de Jean-Philippe, répertorié comme laboureur, autrement dit paysan aisé possédant un cheval pour labourer, devient maire de la ville de Hem.

Charles Leclercq nommé maire de Hem en 1795 (Document Au temps d’Hem)

Ce n’est qu’à partir de 1850 qu’il est cité comme brasseur, remplacé ensuite par son fils Louis-Florentin qui épouse Esther Taffin et qui rentre au conseil municipal après la chute du second empire. La famille d’Esther possède un terrain, situé entre la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclercq) et le cours de la Marque, que son époux met en lotissements. Par ailleurs, entre 1830 et 1850, il prospère en exploitant des carrières de sable sur ses terres d’ Hempempont.

Plan de la brasserie vers 1830 (Document Historihem)
Plan du quartier dans les années 1860 (Document Historihem)
Papier à en-tête Leclercq-Taffin (Document collection privée)

C’est Louis-Florentin Leclercq-Taffin qui fonde en 1890 un syndicat des brasseurs de la campagne dont il devient le président, en vue de défendre les intérêts de ceux-ci, le cas échéant, contre les brasseurs des villes déjà organisés en syndicat des brasseurs du Nord. Il devient à son tour maire de la ville de Hem par la suite.

Ce n’est qu’en 1904 qu’une malterie est construite par Louis et adjointe ainsi à la « ferme-brasserie » mise en place par son père. L’année de sa construction apparaît clairement sur sa cheminée. Dès lors la brasserie Leclercq, connue sous le nom de Brasserie d’ Hempempont, prend de l’expansion, se modernise et voit sa renommée grandir ainsi que son personnel.

La brasserie au début du 20ème siècle (Document collection privée) et la brasserie à côté de la ferme (Document Historihem)
Les ouvriers prennent la pose en 1904 (Document Hem 1000 ans d’histoire)
La ferme et l’habitation de la famille (Documents Historihem)

Pendant la première guerre mondiale, Charles Leclercq, héritier avec son frère de l’entreprise familiale, écrit à celui-ci qui est au front : « après un repos de 8 jours, nous avons de nouveau des allemands à loger mais nous ne nous tracassons pas trop car nous sommes habitués ; c’est la 14ème fois que nous en avons à loger. A la brasserie, je force la fabrication et remplis les caves des clients en prévision des mesures prises pour la réquisition du malt. A Lille il n’y a plus que 3 brasseries qui travaillent sous le contrôle et pour le compte des boches…A la ferme on sarcle les blés ».

Charles doit ensuite évacuer, comme l’ordre en a été donné à tous les hommes de 18 à 48 ans. Ne pouvant aller au delà de Lille, il s’y cache dans les caves de son beau-père, Mr Salembier. Puis il retourne à Hem auprès de sa femme et de leurs 8 enfants. Il n’est pas inquiété alors que son frère le croyait prisonnier des allemands.

A suivre…

Remerciements à Historihem, la Ville de Hem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Hem 1000 ans d’histoire, et Bernard Thiebaut pour son ouvrage Hem Mémoire en images.

Centre équestre Le Comte (Suite)

Quant au restaurant Le Comte, l’idée de génie c’est sa situation au cœur du Centre Equestre qui permet de déjeuner ou dîner en contemplant les chevaux au dressage. La cuisine est « familiale, chaleureuse et régionale » et après le repas un grand jardin agrémenté de jeux de plein air accueille les familles.

Le personnel du restaurant (Document site internet)

Au décès de leur père Claude en 2004, ses enfants, France Davaine Le Comte et Pascal Le Comte, auparavant salariés du Centre, cogèrent l’entreprise créée par leur père. Ils décident de recentrer le site sur sa vocation initiale qui correspond à leur passion, à savoir, le centre équestre, le petit parc représentant un gouffre financier et une multitude de problèmes techniques à résoudre.

La photo aérienne de 2009, juxtaposée à celle des débuts montre clairement l’évolution du domaine. Les vues générales des manèges et des extérieurs permettent de se rendre compte de l’importance du Centre Equestre, labellisé FFE (Fédération Française d’ Equitation), plus de 3 décennies après sa création.

Le domaine en 1976 et en 2009 (Documents IGN)

Dans les années 2010, le Petit Parc vit donc quelques transformations par rapport à son état d’origine et la balade au fil de l’eau et les tacots n’existent plus. Il s’adresse aux familles avec enfants de 2 à 10 ans avec au programme : structures gonflables, trampolines, piste de courses de trottinettes pour les plus grand et piste de porteurs pour les plus jeunes. C’est aussi : des bacs à sable et un mini-golf ainsi qu’ un impressionnant château Playmobil où sont à présent exposées de nombreuses maquettes, le tout dans un parc verdoyant comprenant une mare et un ruisseau ainsi qu’un snack pour le goûter.

Pascal et Amandine Le Comte (Documents site internet)

 

Les jeux gonflables et les pistes de porteurs (Documents site internet)
Le château abritant l’exposition Playmobil (Documents site internet)

Après les jeux dans le parc une balade en poney est proposée aux enfants, à l’issue de laquelle ils reçoivent un diplôme. Le centre compte alors une cinquantaine de chevaux dont un peu moins de la moitié appartiennent à des propriétaires qui les logent sur place à l’année. Mais ce sont bien sûr les chevaux du centre qui officient pour les cours, pour lesquels une bombe est prêtée à chaque débutant.

Les chevaux au manège et aux box (Documents site internet)

En 2010, Pascal Lecomte, accompagné de Quir Royal Linière, cheval issu de l’élevage Le Comte et résultat de 20 années de sélection, grande fierté de son propriétaire, participe au championnat du monde d’équitation qui se déroule à Lanaken en Belgique, et réussit à se classer en milieu de tableau malgré un terrain très différent de celui du championnat de France et une préparation limitée à 15 jours.

Pascal Le Comte 2010 ( Document site internet et Tout Hem 2010)

Dès lors, à l’entrée le visiteur se fait une idée précise de ce qu’il va trouver sur le site. La publicité faite sur le mur à l’entrée du grand parking situé en bord de route annonce en effet : «un parc d’attraction pour s’amuser : le petit parc, le centre équestre Le Comte pour se faire plaisir, et le restaurant La Licorne pour se poser». A cela il faut rajouter le magasin dans lequel on trouve tout article nécessaire à la pratique de l’équitation.

La publicité murale, le magasin et le logo du restaurant La Licorne (Documents site internet)
Avis du Chti 2016 puis du Petit Futé sur le restaurant La Licorne (Document sites Chti et Petit Futé)

Début 2015, c’est Pascal Lecomte, fils de Claude, qui reprend la gérance, sa sœur s’étant recentrée sur son propre projet professionnel, et modifie les statuts de la société où il est rejoint en 2016 par sa fille Amandine. Un nouveau recentrage intervient alors et le site redevient un centre de loisirs équestre et de restauration. Le restaurant perd son ancien nom, se modernise et devient le restaurant Le Comte.

Différentes vues du Centre Equestre: marcheur et rond de longe (Documents site internet)

Ainsi, la fermeture du Petit Parc intervient en 2017 et Amandine Le Comte en explique les raisons à la Voix du Nord : « On n’arrivait plus à suivre. Il y avait toujours de nouvelles mises aux normes, de nouvelles réglementations et ça a joué sur le reste de l’activité. Le temps consacré au parc d’attractions était du temps que l’on ne consacrait pas au Centre Equestre ».

La salle intérieure pouvant accueillir 150 personnes a donc été réaffectée pour l’organisation de mariages. Le château, temple des maquettes de la marque Playmobil, est devenu un espace de stockage et les personnages ont fait l’objet d’une vente aux enchères. En tant que passionnée de gastronomie le rêve d’Amandine est alors de développer un maximum la partie restaurant.

Logo centre équestre et restaurant et la publicité murale à l’entrée du site (Document site internet)

Après des travaux de décoration façon Ranch Contemporain, le restaurant offre désormais une vue directe sur la piste intérieure où les chevaux évoluent. La carte propose exclusivement des produits français et faits maison hormis le pain et les frites. Le nouveau chef Romain Maréchal concocte une nouvelle carte tous les 15 jours.

Le restaurant donnant sur le manège et le nouveau chef et Amandine Le Comte (Documents site internet)

Pour la 1ère fois, en 2018, est organisée une journée portes ouvertes au Centre Equestre, afin de faire découvrir aux plus jeunes le monde du cheval. Pascal Le Comte y anime un atelier « Monde et vie du cheval ». Le 2ème atelier aborde l’approche d’un cheval, les caresses, comment soulever leur pied, leur passer un licol et enfin poser une selle.

Journée portes ouvertes en 2018 (Document Voix du Nord)

Depuis le passage de l’épidémie de Covid en 2020, le restaurant n’a pas rouvert ses portes mais le Domaine Le Comte propose à présent 2 espaces en location libre de traiteur et de tout autre prestataire. Avec ses 280 mètres carrés de salle de réception et 150 mètres carrés de véranda, jusqu’à 150 personnes peuvent y être accueillies en mode assis et 200 en mode cocktail. Salles de jeux pour enfants et jardin arboré ainsi qu’un office pour le traiteur complètent les services offerts par le Domaine.

En outre, la salle Champêtre de 100 mètres carrés avec sa véranda de 70 mètres carrés peut accueillir jusqu’à 80 personnes en mode assis et 100 personnes en mode cocktail. Elle dispose d’un parking et d’un office pour le traiteur mais également d’un jardin agrémenté de jets d’eaux rafraîchissants en période estivale.

Salles de réception et jardins en 2022 (Documents site internet)

Qui dit salons de réception fait bien sûr penser à des événements comme des mariages mais Le Domaine et la Salle Champêtre n’en font pas une exclusivité. Ainsi cette année, le centre a accueilli son premier salon des artisans. L’association des Vendeurs Démarcheurs Indépendants 59/62 a invité une vingtaine d’artisans à y exposer leurs créations dans une volonté de privilégier les circuits courts.

1er salon des artisans pour le centre en avril 2022 (Document Voix du Nord)

Après près de 50 ans d’existence, malgré les aléas de la vie professionnelle et le passage d’une crise sanitaire sans précédent, le Centre de Loisirs Le Comte est donc resté une entreprise familiale gérée par le fils du fondateur et sa petite-fille, son petit-fils, Benjamin, étant quant à lui associé dans l’entreprise qui occupe actuellement une petite équipe de 5 salariés.

Les gérants actuels ont à cœur de faire savoir aux visiteurs qu’ils sont dans un lieu qui a une histoire et éprouvent un réel attachement à l’entreprise familiale et une passion pour le cheval qui se transmet de génération en génération. Amandine Le Comte aime à penser que son entreprise est à la fois « pro et familiale » et qu’elle le restera.

Remerciements à la ville de Hem et à Amandine Le Comte

Centre équestre Le Comte

Dans les années 1970, Claude Le Comte est un entrepreneur très actif sur la ville de Roubaix où il gère déjà une entreprise de bâtiment au 25 rue du Grand Chemin, quand il a l’idée de créer un Centre Equestre pour répondre à la passion pour l’équitation de ses 2 enfants.

Les frère et sœur font en effet de l’équitation à haut niveau, ce qui implique le recours à une grosse infrastructure qui n’existe pas sur place à l’époque. France Le Comte excelle dans le dressage et devient championne de France junior puis se classe 3ème au championnat de France Pro avec son cheval Sir du Taillan. Quant à Pascal sa spécialité c’est le concours de saut d’obstacle.

Claude décide donc d’acquérir à Hem un terrain de 5 hectares appartenant à des agriculteurs, rue de Croix, juste à côté de ce qui va devenir la voie rapide. C’est sur une partie du terrain acheté qu’est construit le bâtiment principal du futur centre équestre. Les 2 hectares non constructibles sont dédiés aux pâtures pour les chevaux.

Photo panoramique du terrain vierge en 1971 puis du centre équestre construit sur la parcelle en avril 1976 (Documents IGN)

Dans un premier temps Claude Le Comte propose à sa clientèle : des promenades à poney pour les enfants et une initiation à l’équitation ou des baptêmes à cheval ainsi que des promenades en calèches pour tous. Il met également un bar à disposition des visiteurs et, tous les dimanches, organise un mini-spectacle : l’entraînement des mousquetaires.

Publicités de l’année 1975 (Documents Nord-Eclair) Autocollant publicitaire du Centre Equestre (Document collection privée)

La fin des années 1970 et le début des années 1980 voient le centre équestre organiser des concours hippiques. Puis, dès que Pascal et France obtiennent leurs diplômes de moniteurs, des cours d’équitation sont dispensés. Par ailleurs sont proposés à la clientèle non seulement un bar mais aussi un restaurant avec dîners dansants le samedi soir. Sont également mises à disposition des salles pour réunions, banquets et séminaires. La photo aérienne de 1981 montre déjà un agrandissement notable du site.

Publicités des années 1978-80 pour le centre équestre (Documents Nord-Eclair)
Publicités des années 1978-80 pour le restaurant Lecomte et la location de salles (Documents Nord-Eclair)
Photo aérienne de 1981avec le manège en premier plan et la carrière extérieure non encore couverte (Document IGN)

A la fin des années 1980, le Petit Parc ouvre ses portes et ajoute aux loisirs équestres des attractions pour les petits basés sur la marque Playmobil par ailleurs vendue dans l’enceinte du parc. Claude Le Comte a en effet une passion pour ces jouets et souhaite créer pour les tout-petits un mini-parc sur ce thème comme Disneyland l’a fait pour les personnages Disney.

Pour ce faire il a recours au talent du personnel de son entreprise roubaisienne d’électricité, qui se charge également de l’entretien électrique du mini-parc et de ses mises aux normes. Des personnages Playmobil géants ornent ainsi le parcours du site et notamment celui des bateaux sur lesquels les familles peuvent embarquer pour découvrir au fil de l’eau une exposition permanente de figurines Playmobil de taille normale.

Publicités pour le petit parc de l’année 1990 et nouveau logo (Documents Nord-Eclair et Citizen Kid)
L’entrée du petit parc vers la fin des années 1990, avec ses personnages Playmobil géants et la balade au fil de l’eau (Documents Petit Parc)

Instantané de mémoire : « Dans les années 1990, Le Petit Parc c’était la sortie du mercredi et des vacances scolaires. Les enfants s’éclataient dans le parc, adoraient découvrir les personnages Playmobil existant grâce à la balade en petits bateaux blancs et bleus qui défilaient doucement au fil de l’eau. Ils adoraient monter en voiture dans les tacots pour faire un petit circuit puis se régaler d’une bonne glace avant de repartir par la boutique le plus souvent avec une petite boîte Playmobil offerte par maman et le catalogue pour faire leur future commande au père Noël. S’y déroulaient aussi des anniversaires de copains et copines de classe où les parents organisateurs n’avaient pas grand-chose à prévoir pour amuser tout ce petit monde… »

Instantané de mémoire : « Des classes visitent souvent le parc et proposent aux élèves de maternelle une initiation au poney qui suscite bien des vocations. Celle qu’a suivie mon fils en 1998 a été le prélude à une année de cours pour apprendre à monter et cette expérience n’a pris fin que suite à une chute qui lui a fait trop peur pour continuer. Il n’en demeure pas moins que c’était un plaisir chaque semaine de retrouver l’ambiance du Centre Equestre et d’y prendre soin des animaux, les brosser, les seller avant de les monter… »

La classe poney de 1998 (Documents collection privée)

En 2000, un premier stage de dressage sponsorisé a lieu au centre équestre à l’initiative de l’entreprise Purina, fabricant d’alimentation pour chevaux et fournisseur du club. Le stage d’une journée proposé attire une dizaine de cavaliers d’âges et de niveaux divers et Nord-Eclair s’en fait l’écho.

Le stage de dressage en 2000 (Document Nord-Eclair)

C’est également l’occasion de célébrer, comme tous les ans depuis 1989, la fête du cheval. Le centre ouvre alors ses portes au public et les spectateurs sont nombreux autour du manège pour profiter des 4 carrousels exécutés par les élèves et leurs moniteurs ; cette année ceux-ci ont pour thèmes le Mexique, les mousquetaires du roi et les cavaliers hongrois.

La fête du cheval en 2000 où France Lecomte défile (Document Nord-Eclair)

Les baptêmes poneys et chevaux sont l’autre clou de la journée puisque l’année précédente près de 200 certificats ont été remis aux enfants en une journée, et ces baptêmes sont souvent de nature à leur donner le goût de l’équitation. En ce début de vingt et unième siècle, le Centre Equestre compte plus de 300 cavaliers. Il est ouvert 7 jours sur 7 et on peut y monter à poney à partir de 2 ans puis à cheval. Pascal Le Comte y est devenu instructeur cette même année.

L’année suivante, un dimanche matin de septembre, un joli défilé de 37 chevaux sillonne la place de la République, la rue du Docteur Coubronne et la rue du Général Leclerc : leurs cavaliers sont en tenue de concours. L’après-midi, les festivités continuent avec jeux équestres, démonstrations de voltige, carrousels, et baptêmes de cheval comme les autres années. Nombre de petits spectacles sont mis en scène par les membres du club, sur le thème du cirque pour les enfants de 6-8 ans et celui des «cariocas brésiliens» pour les cavaliers de niveau 4 et 5.

Photos de la journée du cheval en 2001 (Documents Nord-Eclair)

                                                                                                    A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à Amandine Le Comte

La ligne Lille-Leers – Sixième partie : Hem, la rue de Lille

Nous avons suivi la ligne à travers ce qui est aujourd’hui Villeneuve d’Ascq, et l’avons laissée à la croisée des chemins du Recueil et d’Hem. Ce dernier chemin, dit de grande communication numéro 6, marque, sur quelques centaines de mètres, la limite entre Flers et Annappes. A la création de la ligne, on est encore en pleine nature et le chemin n’est bordé que de rares constructions. Celles-ci disparaissent complètement après la courbe à droite qui nous fait abandonner Flers pour pénétrer complètement dans Annappes.

Plan cadastral 1890

Ici, le tramway circulera jusqu’à sa fin en plein champs, comme le montre cette photo aérienne de 1951.

Vue aérienne Annappes 1951 Photo IGN

Aujourd’hui le chemin est coupé dans sa partie centrale par un rond-point, puis longé ensuite par le remblai de la voie rapide.

Photo Jpm

Après une large courbe à gauche, nous abandonnons la campagne pour rencontrer les premières maisons de Hempenpont, l’entrée, tracée elle aussi en courbe, de Hem.

Photo Jpm

Ce hameau constituait le carrefour des chemins venant de Flers, qui menaient à Croix et au centre d’Hem. Le cœur névralgique en était une auberge spécialisée dans la friture d’anguilles, située sur le carrefour où se séparaient les routes de Croix et de Hem, et devant laquelle le tramway négociait une courbe brutale à droite pour se diriger vers le centre de Hem.

Entrée de la rue de Lille à Hem Document Historihem

Nous nous trouvons alors à l’entrée de la rue de Lille, qui a pris ensuite le nom du général Leclerc. La voie va emprunter cette artère en suivant de près le trottoir de droite.

Remarquez à droite sur la photo suivante, devant le mur de la teinturerie, l’abri pour les voyageurs, qui semble indiquer que l’arrêt desservant l’auberge était très utilisé par les clients. En dessous, la même vue, prise aujourd’hui.

Rue de Lille à Hem Photo collection particulière.
Photo Jpm

Le tramway poursuit sa route, remontant cette rue, l’une des plus importantes de la ville. La première partie est en ligne droite, et propose de la verdure à gauche et des constructions sur la droite. La voie est unique. L’aspect de ce tronçon a peu changé aujourd’hui.

Rue de Lille à Hem Photo collection particulière

Quittant Hempenpont, après avoir parcouru une centaine de mètres et dépassé l’intersection avec la rue de la Tribonnerie, menant aujourd’hui à la poste, nous abordons le quartier de la citadelle. Après un premier virage sur la droite, la ligne attaque un « S ». Au niveau de la première courbe, une grille marque l’endroit de l’actuelle avenue Pierre Bonnard qui dessert maintenant un quartier résidentiel. A cet endroit, on remarque l’aiguille de fin d’une zone de voie dédoublée. Les cheminées d’usine sont nombreuses à l’époque du tramway.

Photo collection particulière

Nous retrouvons ensuite sur environ deux cent mètres une zone moins lotie et plus verdoyante. Après une contre-courbe à droite, une portion droite que nous montre la photo suivante, prise vers Lille après guerre. Elle nous présente à droite une série de belles propriétés qualifiées de châteaux, et dotées, à l’époque, de grands parcs d’agrément. Le camion Renault AHN visible à gauche empiète sans vergogne sur la voie !

Photo collection particulière

Cent mètres plus loin, une large courbe vers la droite, vue vers Lille sur la photo suivante, nous approche du centre. Nous retrouvons ici des constructions serrées l’une contre l’autre de chaque côté de la rue.

Photo collection particulière

Au même endroit et dans la même courbe, mais en tournant cette fois le dos à Lille, nous apercevons tout au fond l’église de Hem :

Photo collection particulière

Poursuivant notre route, nous distinguons mieux l’église. Nous atteignons presque Hem-Bifur, le croisement avec la rue qui nous mènera à gauche vers Lannoy. Le mur blanc à droite est celui de la ferme Franchomme.

Devant cette ferme, plusieurs photos représentent des motrices de la ligne Lille Leers. En voici une mettant en scène la voiture 13, modernisée en 1934, et limitée à Hem-Bifur, ce qui place la photo dans les années peu après 1947.

Hem-Bifur Photo Historihem

Immédiatement après la ferme, l’aiguille et la courbe à gauche nous mènent dans la rue de Lannoy, qui a ensuite pris le nom de Jules Guesde. A l’angle des deux rues, un autre abri pour les voyageurs, construit sur le même modèle que celui rencontré à Hempenpont.

Photo collection particulière

A suivre la rue Jules Guesde, anciennement rue de Lannoy…