La ligne B et le dépôt

Leers et les trams : Leers a connu les tramways sur son territoire dans la première partie du vingtième siècle. Sa position frontalière et sa proximité des centres industriels ont favorisé l’implantation de ce moyen de transport qui fut envisagé par un grand ingénieur du moment, M. Alfred Mongy.

La ligne B et le dépôt

Le 26 février 1904, est publié un décret déclarant d’utilité publique l’établissement d’un réseau de tramways dans le département du Nord, y figurent les lignes suivantes :

1) de Lille à Tourcoing et de Lille à Roubaix,

2) de Lille (place des Buisses) à Leers,

3) de Hem à Roubaix (place de la liberté)

4) de Leers au Blanc four à Roncq et

5) de Leers à Roubaix (place de la liberté)

Leers est donc concerné pour trois des lignes prévues. Il faut attendre la création de la Société Électrique Lille Roubaix Tourcoing en 1905 pour que les choses évoluent. L’ELRT entreprend la construction des lignes secondaires, en premier lieu Lille-Leers (ligne B) la plus importante du groupe. Voici la ligne B telle qu’elle est décrite dans l’arrêté : porte à ouvrir place des Buisses, la rue des Guinguettes, la rue de Bouvines, la rue de Lannoy, le chemin de grande communication n°6, la route départementale n°19 et le chemin d’intérêt commun 142 jusqu’à la place de Leers.

Les travaux commencent en août 1906 et sont achevés fin 1907. La presse suit le chantier. Ainsi le 18 août 1906, on apprend qu’un ingénieur accompagné d’un piqueur est arrivé à Flers Bourg avec une importante équipe d’ouvriers afin d’entreprendre le travail dans la traversée de la route de Lannoy. Le 21 septembre 1906, les tramways Mongy sont à Hem, les ouvriers commencent les travaux de construction dans le quartier de l’Hempenpont. Ils sont poussés avec une très grande activité. Il a été également posé sur la route d’Hem à Lannoy des rails et des traverses.

Les rails sur la rue de l’église (aujourd’hui rue des patriotes) doc Coll Part

Le 30 avril 1908, les voitures ont commencé à circuler la nuit et la journée du 30 courant sur la ligne Lille Leers. Les membres de la commission de réception de la ligne se sont installés dans les gaies et pimpantes voitures de la nouvelle ligne. Le secrétaire général et les ingénieurs du contrôle se sont montrés satisfaits des installations très perfectionnées de la ligne, voitures, voie et ligne de trolley. L’inauguration aura lieu le 2 mai 1908, les voitures réservées aux invités partiront de la place des Buisses à 9 heures et demie du matin. M. Vincent, Préfet du Nord accompagné des notabilités de la région arrive à Leers, au dépôt, à 10 heures 50, après avoir traversé des communes pavoisées dont certaines avaient édifié des arcs de triomphe à la gloire du progrès. La musique municipale de Leers joue la Marseillaise, puis c’est le moment des vins d’honneur. Un lunch est servi. M. Descubes président du Conseil d’Administration de l’Électrique Lille Roubaix Tourcoing prend la parole, puis le Préfet et le député maire d’Hem Henri Delecroix, au nom des populations desservies. La visite du dépôt se prolonge jusque midi, heure à laquelle tout le monde remonte en voiture pour regagner Lille. Ce dépôt entre donc en activité en même temps que la ligne. Il abrite alors une soixantaine de voitures.

Le dépôt de Leers en 1915 doc coll part

Pendant la première guerre, l’invasion allemande interrompt d’abord l’exploitation du réseau, mais dès le 16 octobre 1914, la reprise est ordonnée par le Préfet du Nord. Les employés subissent les représailles des soldats allemands qu’ils doivent transporter gratuitement, alors que l’utilisation des tramways est interdite aux personnes civiles non munies d’une autorisation délivrée par l’autorité allemande. Au moment de leur retraite, les allemands auront détruit ou saboté nombre d’équipement et même enlevé des motrices et des voitures !

Le terminus à la place de Leers doc Coll Part

La remise en route du réseau et le remplacement progressif des machines seront le lot des années vingt. Au coût important de ces mesures s’ajoute la concurrence du réseau routier, voitures individuelles et autobus tenant le haut du pavé. Dès 1931, le nombre de voyageurs transportés commence à décroitre. Il faut réaménager le réseau. En mars 1935 la ligne B ne va plus jusqu’à Leers, le terminus est ramené à Lys-lez-Lannoy. Un service horaire (ligne T) est mis en place partant de Wattrelos (rue de Leers) par Lannoy, empruntant les tronçons des lignes 3 (Leers-Roncq) et de l’ex 2 (Lille-Leers) par le pont de Grimonpont, la Place de Leers, rue du Fresnoy, rue de Leers à Lys-lez-Lannoy. Mais ce service s’interrompt en février 1936. De fait, le dépôt de Leers n’est plus utilisé, il sera même détruit lors de la retraite des soldats Anglais en juin 1940. Son souvenir persiste avec le bâtiment à l’angle de la rue Colbert et du Maréchal Leclerc lofté depuis quelques années, et surtout avec la cité du dépôt, juste derrière, qui occupe l’emplacement de l’ancien dépôt.

L’inauguration du stade Amédée Prouvost

Bien qu’annoncée à Roubaix, c’est bien à Wattrelos que l’inauguration officielle du Stade Amédée-Prouvost a lieu, les dimanche 4 et lundi 5 septembre 1927. On se rappelle évidemment les deux grands précédents roubaisiens, à savoir le Parc Jean Dubrulle et le Parc Maurice Maerten, deux terrains de sports roubaisiens situés dans le quartier du Pont Rouge. Les administrateurs des importantes usines des Anciens établissements Amédée Prouvost et Cie, à savoir la Société Anonyme de Peignage et les Filatures Prouvost et Cie, ainsi que La Lainière de Roubaix, prennent l’initiative de créer un magnifique parc des sports au Crétinier à Wattrelos, voulant ainsi doter l’un des quartiers les plus déshérités de la cité d’installations sportives modernes et admirablement agencées. Il est décidé que ce terrain de jeux serait dénommé Stade Amédée-Prouvost en souvenir du regretté et délicat poète roubaisien, Amédée Prouvost (1877-1909) troisième du nom, et non de celui du grand-père, fondateur du Peignage.

MM. Albert Prouvost, Gervais Herman, Edouard Edfrennes JdeRx

Le seul but poursuivi par le Comité du Stade, composé de M. Albert Prouvost, président d’honneur, Gervais Herman président, Edouard Edfrennes, secrétaire général, est de permettre au personnel ouvrier et employé des établissements précités, de même qu’à tous les jeunes gens qui le désirent, de pouvoir, leur journée terminée, et chaque dimanche et jours fériés, se recréer sainement et travailler au développement de leur condition physique, en un mot de devenir des hommes solides et éprouvés.

L’inauguration officielle du Stade Amédée-Prouvost a lieu le lundi 5 septembre à 11 heures 30. Elle est présidée par M. Henri Paté, vice-président de la Chambre des Députés, président de la fédération Française d’Athlétisme. Cette cérémonie a un caractère véritablement imposant. Le Choral Nadaud (cent exécutants) sous la direction autorisée du maître Duysburgh, donne une remarquable audition intitulée le Triomphe de l’Athlète. À midi, un grand banquet réunit de nombreuses notabilités sportives, qui se déroule au Pavillon des Sports du Stade Amédée-Prouvost. L’entrée au Stade sera gratuite pour la cérémonie d’inauguration.

Le stade en 1927 doc F. Bohée

Les festivités commencent le dimanche à 15 heures. Elles coïncident avec le vingt-cinquième anniversaire du Football-Club de Roubaix. Une série de 100 mètres, une de 110 mètres haies, du saut à la perche et la finale du 100 mètres précèdent la première mi-temps du match de basket entre le Football-Club de Roubaix et le Bruxelles Athlétic Club. Une série de 400 mètres, un match de basket-ball, la finale du 400 mètrs plat, le 1500 mètres plat, la finale du 110 mètres haies, la seconde mi-temps du match de basket. Pendant la réunion, un concert est donné par la Philharmonie du Crétinier. À 18 heures, c’est la remise des récompenses devant la tribune d’honneur. À 18 heures 30, au restaurant Amédée-Prouvost, punch offert à tous les membres du Football-Club de Roubaix.

Le Football-Club de Roubaix est sorti vainqueur des bruxellois en basket. Un premier match de football a opposé le Racing-Club de Roubaix au CA Messin et s’est terminé sur la victoire des roubaisiens par 4 à 1.

Le lundi après midi se poursuivent les épreuves sportives : séries de 200 mètres, match de basket-ball entre le Football-Club de Roubaix, champion du Nord et la Société de gymnastique de Molenbeek-Saint-Jean, champion de Belgique. Finale du 200 mètres plat, 800 mètres plat, deuxième mi-temps du match de basket-ball. Le football reprend ses droits avec un match opposant le Racing Club de Roubaix au Football-Club de Roubaix. Au repos, courses de relais, puis deuxième mi-temps du match. Enfin séries de 100 mètres plat réservées aux juniors. À 18 heures distribution des récompenses à la tribune d’honneur. Pendant la réunion, concert par la Philharmonie du Crétinier. En basket-ball, les roubaisiens ont vaincu les molenbeekois. Le derby roubaisien verra la victoire du Racing-Club de Roubaix qui l’emporte six buts à zéro sur un Football-club de Roubaix encore un peu tendre mais en progrès.

Septembre 1903

Le journal des sports de septembre 1903

Malgré le beau temps, la réunion de dimanche n’a pas attiré beaucoup de monde au Vélodrome Roubaisien., où se déroulaient pourtant les premières épreuves comptant pour le Championnat du Nord. Le journaliste relève la pénurie de coureurs régionaux professionnels. La course d’ouverture après deux séries a vu la victoire de Legrand en finale. Le championnat de vitesse professionnels, victoire dans la finale de Marcelli qui s’impose au sprint après le dernier virage. Le championnat de demi-fond (80 kms avec entraîneurs) donne Lepoutre premier, il a mené de bout en bout, Marcelli deuxième et Catteau troisième. La course des primes : les 1ere, 2eme et 3eme sont remportées par Quivy et la 4e par Bertrand. En finale, Martin bat Quivy et Bertrand. La course de motocyclettes voit la victoire de Bathiat devant Guilmant, Olivier et Grimpret. Victoire facile de Bathiat qui passe et repasse ses concurrents sur son rapide engin prenant le bas des virages avec sa témérité habituelle.

Publicité de septembre 1903 JdeRx

Les championnats pédestres du Nord ont vu la victoire de Weys (Club des Sports de Roubaix) sur 100 mètres. Pour le 1.500 mètres, c’est Missant (Club des Sports de Roubaix) qui triomphe. Il remportera également le championnat de l’heure sans entraîneurs.

Football. Tournoi international de Tournai. Dans la catégorie sociétés indépendantes, l’Ancienne de Roubaix bat l’Union Sportive de Tournai par 3 buts à 1, et est déclarée champion de Tournai.

Course pédestre Roubaix-Lille et retour (F.S.A.F.). Organisée par le club des sports de Roubaix, cinquante compétiteurs se sont élancés sur un parcours de 20 kilomètres. Le vainqueur est Rohart Donat devant Jean Missant et Jules Dubar.

Cyclisme. La course Wattrelos-Wez-Macquart est reportée au 20 septembre. Les engagements sont toujours reçus au Café Garin, 116 rue Carnot, au Laboureur, Wattrelos.

Football. Le Sporting Club Tourquennois quitte son terrain de la rue de Dunkerque pour prendre possession d’un grand emplacement de 25.000 m² de superficie qui permettra à tous les membres du club, footballeurs, cavaliers, coureurs à pied, athlètes, gymnastes, tennismen de pratiquer leur discipline. Il y aura même une bourloire ! Le terrain se situe rue de Courtrai, rue de Varsovie, rue de la Malcense.

Le nouveau terrain du Sporting Club Tourquennois JdeRx

Cyclisme. Accident au vélodrome roubaisien. Les coureurs Marcelli, Catteau et Vanmeenen terminaient leur séance d’entrainement et ils accomplissaient leurs derniers tours à pleine vitesse quand un cri retentir. La fourche de la machine de Marcelli venait de se rompre et le malheureux coureur qui pédalait tête baissée vint s’abattre lourdement sur le ciment après avoir accompli une terrible pirouette. On se porta au secours de Marcelli qui avait perdu connaissance. Il fut relevé et transporté jusqu’à la loge du concierge où il reçut les premiers soins. Le docteur Dumoulin constata une fracture du nez et de profondes blessures à la tête et aux jambes. L’accident sans être grave nécessitera deux à trois mois de repos. Les parents ont l’intention d’intenter un procès au constructeur de la machine, une bicyclette de course que Marcelli possédait depuis deux mois.

Saut en longueur. Le record de France a été porté à 6,90 m par Jean Catteau, du RCR le 23 août. Le record vient d’être homologué par le Comité du Nord.

Cyclisme. Après deux ans d’absence, voici le retour du grand Prix de Roubaix au vélodrome de Barbieux. Sont prévues les épreuves suivantes : amateurs sur 1.000 mètres, Régionale, Grand Prix de Roubaix, courses de primes, handicap international. Les engagements sont pris à Roubaix à la Direction du Vélodrome, 1 rue de la gare.

Athlétisme. L’Union des Sports de Roubaix informe qu’à partir du 1er octobre, le local de la société situé salle et rue Jeanne d’Arc, à Roubaix, sera transféré au 5 rue du grand Chemin.

Le premier maire de l’après seconde guerre

Louis Dornier (1890-1950) Photo Ville Wattrelos

C’est suite au décès de son premier magistrat Florimond Lecomte que Wattrelos se découvre un nouveau maire : Louis Dornier, faisant fonction dès le mois de mai 1944, qui devient maire en septembre, quelques jours après la libération de la commune. Il le restera huit mois, jusqu’aux élections municipales des 29 avril et 13 mai 1945.

Louis Dornier est né à Wattrelos le 11 juin 1890 dans le hameau du Petit Tournai. Il est le dernier enfant d’une fratrie de sept. Professionnellement il est lithographe, puis commerçant libraire. Il est encore soldat au 41e régiment d’artillerie de Douai, lors de son mariage avec Laure Maria Cossement le 6 décembre 1912 à Wattrelos, en présence de ses deux frères Jules et Emile.

Louis Dornier a participé à la première guerre mondiale : on le retrouve notamment au 2e régiment d’artillerie coloniale (2e RAC) , 13e régiment d’artillerie (13e RA) , 41e régiment d’artillerie (41e RA) , 59e régiment d’artillerie (59e RA) , 255e régiment d’artillerie de campagne (255e RAC).  Il est d’abord engagé contre l’Allemagne et ses alliés jusqu’en novembre 1915, puis sur le front d’Orient de décembre 1915 à juillet 1919. De retour à la vie civile en octobre 1919, il est titulaire de la croix de guerre, et des médailles de Serbie et d’Orient.

Louis Dornier est secrétaire général de la section wattrelosienne du Parti socialiste en 1920. Entré au conseil municipal en 1924, il sera adjoint d’Henri Briffaut dès 1935, puis premier adjoint de Florimond Lecomte. Il exerce les fonctions d’administrateur de l’Hospice Hôpital depuis novembre 1939. Il sera responsable du service de ravitaillement pendant la guerre.

Florimond Lecomte, maire de Wattrelos, décède le 21 mai 1944, Louis Dornier fait alors fonction de maire. En octobre 1944, il est procédé à l’installation de la délégation municipale. Jules Deldalle, président du comité local de la libération, donne communication de l’arrêté préfectoral désignant les membres de la délégation municipale. Louis Dornier est désigné président et maire, il installe les membres, puis prononce un magnifique discours dans lequel il rappelle le souvenir d’Henri Briffaut et de Florimond Lecomte, anciens maires, et il déclare que l’administration municipale tiendra permanence à la Mairie comme elle l’a toujours fait pour servir la population.

Il est décédé le 4 août 1950 quelques mois après avoir reçu la médaille d’honneur communale de Wattrelos en mai 1950. En son honneur la rue des Fleurs devient la rue Louis Dornier.

Alice Cotteaux

Melle Alice Cotteaux (1862-1953) Ph NM

En cette semaine de rentrée scolaire, voici l’évocation d’une femme qui exerça le métier d’enseignante avec dévouement et ténacité.

Alice Cotteaux est née à Maurois dans le Cambrésis le 4 février 1862. Après des études primaires, elle obtient son brevet de capacité et s’en vient à Lille pour suivre les cours du collège Fénelon d’où elle sort en 1881 nantie du brevet supérieur. Elle débute ensuite comme stagiaire à l’école de la rue Solférino à Lille le 28 mars 1881, et pour la rentrée d’octobre de la même année, la voici institutrice adjointe à l’école de la rue Léonard Danel toujours à Lille. Elle y demeure vingt années et le 1er octobre 1901, elle est nommée au poste de directrice d’école à Leers.

Ça n’est pas une sinécure, car elle arrive dans une commune dont les sympathies de l’administration municipale ne vont pas à l’école officielle et à ses représentants. Cependant Melle Cotteaux ne désarme pas et tient tête avec un rare courage aux tracasseries dont elle est l’objet. Elle parle encore sans passion des incidents dont Leers fut le théâtre à l’époque. En 1902, pour protester contre le départ des religieuses de l’école Saint-Henri voulu par la loi Républicaine, des enfants conduits par des meneurs se promenèrent dans les rues de la commune en criant : voilà les victimes de la liberté. À la suite de cette manifestation, le conseil municipal a adressé une requête au Préfet et refusé formellement l’aménagement des locaux de l’école communale de filles.

C’est alors que Melle Cotteaux, une institutrice aux ressources plus que modestes, à laquelle la population ne manifestait que méfiance et souvent méchanceté, se substitue à un conseil municipal défaillant et à une administration municipale aveuglée par le sectarisme. Elle achète de ses deniers des fournitures scolaires, du charbon, du pétrole pour permettre à ses élèves de continuer à suivre les cours. En 1912, elle fera faire à ses frais des aménagements dans l’habitation de la directrice, alors que cela incombait à la municipalité leersoise.

Ce n’est qu’après la première guerre que les choses s’améliorent avec l’arrivée de Joseph Leroy fervent républicain à la mairie en 1919. L’école publique ne pouvait que prospérer et Alice Cotteaux peut continuer ses fonctions pédagogiques jusqu’à l’âge de la retraite, en 1928, après 47 années de services rendus à l’enseignement laïc. Elle choisit de demeurer à Leers, avec sa fidèle gouvernante Melle Flore Delespaul. Elle est titulaire de la médaille de bronze de l’enseignement depuis le 10 juillet 1909, de la médaille d’argent depuis le 18 juillet 1927. Elle est officier d’académie depuis le 25 juillet 1925. Elle a joué un grand rôle dans la vie des amicales laïques et elle a créé en 1921 la section de gymnastique Les Féminines.

La retraite en 1928 doc JdeRx

Ses funérailles ont eu lieu le jeudi 8 janvier 1953 en l’église de Leers. Elle était directrice honoraire d’école, elle avait 91 ans. La levée du corps a été faite au domicile mortuaire, 51 rue de Néchin. Sur le char funèbre, de nombreuses fleurs des gerbes des couronnes offertes par le personnel enseignant, les élèves, l’Amicale laïque, par les anciennes élèves et amis de la défunte. En avant du convoi funèbre deux plaques étaient portées offertes par le personnel enseignant les élèves de l’école publique et par l’Amicale laïque. Les coins du poële étaient tenus par Melle Marie Leroy, déléguée cantonale, Madame Brienne, directrice honoraire d’école, Mmes Rachel Lefebvre et Loew Deldycke anciennes élèves. Parmi l’assistance on remarquait d’importantes délégations des écoles publiques locales, un groupe important d’anciennes élèves et le personnel enseignant, M. Duchatelet secrétaire général de la Fédération des Amicales Laïques du canton de Lannoy, Edgard Deffrennes vice-président de l’Amicale Laïque de Leers, MM. Vendevelde, De Ruyck , adjoints et plusieurs conseillers municipaux, représentant la municipalité. L. Castel institutrice honoraire à Roubaix, Jules Gillis directeur d’école en retraite, Alfred Bara maire de Lys, Roger Dhondt inspecteur de sécurité Sociale, Céran Lamblain secrétaire de Mairie, et d’autres personnalités locales et régionales. Après la cérémonie religieuse, le convoi s’est dirigé vers le cimetière où a eu lieu l’inhumation. L’éloge funèbre fut prononcé par M. Bailleul directeur d’école et par Edgard Deffrennes au nom de l’Amicale Laïque et des œuvres scolaires et post scolaires.

Plus récemment, son nom a été donné à l’école maternelle de la rue Mozart à Leers, un bel hommage rendu à sa carrière d’enseignante.

Sources Le Journal de Roubaix, Nord éclair, Nord Matin, Gaston Gilman (Nord Matin)

Aout 1903

Le journal des sports d’Aout 1903

Cyclisme. Une course de 24 heures à Roubaix. Le Vélodrome Roubaisien vient à peine de fermer ses portes sur le match Major Taylor Meyers Millo qu’une grande course de 24 heures est organisée pour les 15 et 16 aout. Cette épreuve de grand fond sera courue de bout en bout sans entraineurs et dotée de prix et de primes en argent. Avant le départ de l’épreuve, des courses de vitesse seront aussi organisées, des courses à pied notamment. Les engagements doivent être pris à la direction, 1 rue de la Gare à Roubaix. Prière d’indiquer dans quelle course on s’engage, le numéro de la licence et les couleurs.

Cyclisme. La course Roubaix-Quesnoy aura lieu le 2 août et le départ sera donné chez M. Vreck, constructeur de cycles au 49 rue Montgolfier à Roubaix. Il s’agit d’une course aller et retour. En cas de mauvais temps, la course serait remise au 16 aout.

Aviron. Le Cercle Nautique l’Aviron de Roubaix vient de terminer brillamment la saison aux régates de Dunkerque. Premier en 4 débutants (Mariage frères, Leveugle, Godfret) second en 2 débutants (Mariage frères) second en 2 seniors avec le Makoko II (Roussel, Kuntz). L’équipe 4 seniors (Roussel, Kuntz, Grosnier, Hazebroucq) enlève la course d’honneur avec grand brio.

Cyclisme. La course Roubaix Seclin et retour a été favorisée par un temps superbe. Le départ et l’arrivée ont eu lieu à l’estaminet du canon d’or 24 rue du Moulin à Roubaix. Hubert Desruelles remporte l’épreuve, devant Dissart, Durieux, Niedergang et Destré.

L’attraction looping the loop de Maurice Mondt doc Paris Musées

Cyclisme. À l’occasion de la course des 24 heures, Maurice Mondt viendra présenter son attraction Looping the Loop au vélodrome. Jeune homme de 24 ans très leste d’origine bruxelloise, Maurice Mondt est rompu à tous les exercices sportifs, c’est un équilibriste prodigieux à vélo et à patins qui fut aussi un coureur cycliste ces dernières années. César Garin se propose de boucler la boucle avec l’équipement de M. Mondt pour une somme de 800 francs. La parole est au jeune belge.

César Garin in Olympedia

Football. Ça sent la reprise. Les clubs roubaisiens battent le rappel : l’Ancienne, l’Olympique et l’Iris Club roubaisiens, le stade Roubaisien, le Racing Club de Roubaix, tous appellent leurs footballeurs à l’entrainement et vont participer à diverses compétitions de reprise.

Cyclisme et course à pied. Championnats du Nord au vélodrome.

Les abonnés du tramway

Septembre 1900 les abonnés du tramway

Les abonnés du réseau de Roubaix Wattrelos de tramways se sont réunis salle de la maison commune pour discuter de leurs intérêts. Voilà qui peut surprendre si on considère une association moderne pour défendre les droits des usagers. Il y a un peu de ça, même si on n’en est pas encore là. C’est la perspective de l’ouverture de nouvelles lignes à ouvrir sur Wattrelos qui a poussé cette assemblée à se constituer. Elle ne veut pas porter atteinte aux prérogatives du Conseil Municipal, mais pense qu’il est utile qu’un comité composé de personnes plus directement intéressées à la question se mette en contact avec l’administration municipale, pour demander que leurs intérêts ne soient pas lésés. Étant bien entendu que ces intérêts, à eux personnels, sont directement liés aux intérêts généraux de la ville.

Le tramway à Wattrelos avant 1900 Collection Particulière

Les revendications suivent : la population ouvrière devant se rendre tous les jours à Roubaix il importe qu’elle connaisse exactement les tarifs de transport qui lui seront imposés par la nouvelle convention. Elle décide qu’une commission sera nommée qui sera chargée de prendre connaissance du cahier des charges. On formera ce bureau lors de la prochaine assemblée générale fixée au samedi 8 septembre. L’article n’indique pas le nombre de participants. La question du tarif est mise en avant mais on peut imaginer que celle des trajets futurs, des horaires et de la fréquence des passages soient abordées.

Une nouvelle réunion a lieu qui regroupe les abonnés du réseau des tramways de Roubaix habitant Wattrelos. Elle se déroule à l’estaminet Debeurme. Après avoir discuté leurs intérêts, les abonnés constituent un bureau dans le but de se prémunir vis à vis de la nouvelle convention à venir. Il s’agit bien d’une association d’usagers ! Voici la composition du bureau : président Louis Beuscart, vice président Omer Laloy, secrétaire Paul Debeurme, commissaires Louis Lepoutre, Alfred Baudonck, Emile Jonville, Vincent Leclercq, Edouard Bettremieux, Charles Leman et Alphonse Delcambre.

Après un échange de vues, une adresse est rédigée pour l’administration municipale. Voici son contenu : Les villes de Roubaix et Tourcoing ayant accepté l’extension du réseau pour la traction électrique des tramways et par suite certains changements aux prix des abonnements, d’après ces nouvelles conventions, le prix de l’abonnement pour les communes suburbaines est porté de 7 fr à 10 frs pour l’extérieur et de 10 frs à 13 frs pour l’intérieur, soit une augmentation de 3 frs par mois si les autorités supérieures acceptent ces nouvelles conditions. En conséquence les soussignés habitant Wattrelos abonnés ne faisant le trajet de Wattrelos à Roubaix que pour se rendre à leur travail demandent l’extension jusqu’à la place de Wattrelos de l’abonnement du réseau urbain de Roubaix. Il nous serait impossible de supporter une augmentation de 30 % sur le prix actuel. Nous espérons nous sommes certains même que la compagnie après avoir pris connaissance de notre réclamation tout à fait justifiée nous donnera pleine et entière satisfaction. Toutes les communications pouvant intéresser les abonnés ou généralement tout le public peuvent être adressées à l’estaminet Debeurme, où la commission se réunira en temps voulu pour les examiner et les faire valoir.

L’estaminet de l’ancienne maison commune Collection particulière

Quelques temps après, le comité pour la défense des intérêts des abonnés aux tramways appelle à une autre réunion à l’estaminet de l’ancienne maison commune, rue Pierre Catteau. On fait appel aux adhésions. Les membres du bureau sont convoqués un peu avant, il y aura des communications très importantes.

Extrait de Wattrelos fin de siècle Atemem éditions

La fin de Michelin

La Manufacture française des pneumatiques Michelin avait implanté une unité de fabrication d’outillage mécanique à Leers dans la zone industrielle de Roubaix Est. En Juin 1994, les choses se gâtent. L’entreprise Michelin subit le contrecoup de la crise du marché automobile et des transports. Les 219 employés de l’unité de Leers sont menacés par un plan de restructuration national. Depuis plus de six mois, la direction a eu recours à du chômage partiel et à la mutation d’une soixantaine de salariés sur d’autres sites comme Epinal, La Roche sur Yon, Monceau les Mines.

L’entrée de l’usine en 1994 photo NE

On parle à présent d’un plan de pré-retraite et de la mutation sur des sites proches comme à la Pilaterie ou à Seclin. À terme 90 salariés devraient rejoindre d’autres sites plus éloignés mais certains n’envisagent pas le déménagement pour un site qui peut très bien fermer dans quelques temps. Une procédure de reclassement va être mise en place pour 120 salariés, auxquels on va proposer de nouvelles mutations. Mais il se peut que les gens refusent, ce qui est compréhensible, aussi on va créer une antenne emploi avec des aides à la reconversion. La direction qui a toujours assuré que ce n’était pas le professionnalisme qui était en cause mais bien la conjoncture, fait son possible pour reclasser le personnel.

Michelin se préoccupe également de son site : 60.000 m² de terrain, 20.000 de locaux, dont 2000 de bureaux, sous l’œil attentif du syndicat intercommunal de l’agglomération de Roubaix (SIAR). S’il y a reprise, le SIAR soutiendra le candidat qui reprendra le bâtiment ainsi qu’une partie du personnel. La fin des activités est prévue pour octobre 1994, d’ici là, l’usine tournera à 55 % de ses capacités.

pins AS Michelin-Leers

L’amicale des retraités de l’usine Michelin-Roubaix était une association dont le but était de maintenir les contacts humains entre les adhérents, organiser des loisirs et faciliter la créativité, l’entraide et l’information. Créée en 1984, elle sera dissoute en 1998.

Juillet 1903

Le journal des sports de juillet 1903

Pêche. Les pêcheurs roubaisiens sont à Dunkerque, représentés par la société Le Poisson d’Or. Ils remportent les prix suivants : série au nombre, premier prix Léopold Tiberghien, troisième prix ex-aequo Victor Sarrazin et Léonard Dejin, cinquième prix ex-aequo Decock, huitième prix Alfred Sampers. À la série d’honneur, entre toutes les commissions, premier prix ex-aequo Léopold Tiberghien et Decock. La société a également remporté la prime de nombre.

Tennis. Le challenge des tennis-clubs du Nord a rencontré un grand succès et les spectateurs qui se pressaient autour des magnifiques courts de la rue de Beaumont n’ont pas regretté leur déplacement. Le palmarès est le suivant : MM. Dubar et Motte sortent vainqueurs du tournoi de double, ils appartiennent au tennis-club de Roubaix. M. Rollez du tennis-club de Lille s’adjuge à nouveau la coupe du simple.

Aucouturier croqué par le journal l’Auto

Cyclisme. Départ du premier Tour de France, première étape Paris Lyon. Parmi les favoris, Maurice Garin, Aucouturier, Joseph Fischer, Chapperon, Wattelier, Georget, Muller, Pasquier.

Garin croqué par le journal l’Auto

Course à pied. Le record pédestre Roubaix-Lille (FSAF). Le trésorier de la FSAF, M. Clovis Carrette a offert une prime de 10 francs au coureur à pied qui fera le meilleur temps sur le parcours Lille-Roubaix et retour. M. Donat Rohart le principal vainqueur des épreuves de cette année tentera de ravir le record à Jules Dubar qui le détient en 1 heures 9 minutes et 30 secondes.

La publicité reprend les résultats journal l’Auto 1903

Cyclisme. Tour de France. Garin premier et Pagie second ont réalisé une extraordinaire performance. Deuxième étape, Lyon Marseille. Aucouturier vainqueur devant Georget. Garin reste en tête du classement général. Pagie n’a pas terminé la deuxième étape. Troisième étape, Marseille Toulouse.

Cyclisme. Courses du 14 juillet à Roubaix sous les auspices de la Municipalité seront courues autour du Parc de Barbieux. Au programme, courses de vitesse, course des tout-petits, course de fond championnat de Barbieux, course de dames, course de consolation. Envoyer les engagements par la poste à M. Théo Callens 34 rue Chanzy Roubaix. Aucun droit d’inscription.

Course à pied. Donat Rohart a réussi à battre le record de Roubaix-Lille et retour. Il améliore de deux minutes le précédent temps. Le nouveau recordman est engagé dans la course de Marathon et tentera bientôt le record du brevet pédestre des 30 kms.

Tour de France. Aucouturier gagne l’étape Marseille Toulouse, devant Brange, Samson et Garin. Prochaine étape Toulouse Bordeaux.

Sport d’Amiens Coll Particulière

Aviron. Les régates internationales du 12 juillet sont organisées par le cercle nautique l’Aviron Roubaisien, sur le canal dans le bief du Blanc Seau. Des tentes spacieuses ont été installées qui protégeront les spectateurs des ardeurs du soleil et en cas d’improbable pluie serviront d’abri. Le jury est composé d’Emile Truffaut, président, MM. Louis Lesur et Emile Delchambre, chronométreurs, MM Sarrot du Sport d’Amiens, Adolphe Marsy du Racing Club Roubaisien, Ernest Want de l’Aviron, Grau de l’Union nautique de Lille et Yserman du Sporting Dunkerquois. La course débutants est remportée par Fleurette du Sport d’Amiens. La seconde course débutants par Goliath du cercle de l’aviron. Une troisième course avec deux avirons et barreur par à la hâte du cercle de l’avion. La course suivante de quatre avirons est gagnée par Comme tu veux du Sport d’Amiens. La course de périssoires avec obstacles est remportée par Teuf Teuf de l’Union Nautique de Lille.

Tour de France. La cinquième étape Bordeaux Nantes fait l’objet de deux catégories : la première, les coureurs qui font le tour de France complet, et le seconde ceux qui ne font que l’étape. Garin remporte une nouvelle victoire devant Pasquier et Pothier. Ambroise Garin se classe dixième et premier de la deuxième catégorie.

Record de France. Une magnifique performance au Racing Club Roubaisien. M. Alphonse Scrépel a réussi dimanche un exploit peu banal. Au cours de l’épreuve de lancement du poids, il a fait sur six essais cinq jets au-dessus de douze mètres, en réussissant à lancer à 12,43 mètres, nouveau record de France.

Pêche. Les pêcheurs Roubaisiens à Gand. La société le Poisson d’Or a remporté plusieurs prix avec MM. Vandeveine, Decock, Crave et Deruyck à la série du plus grand nombre. La société a reçu la prime de nombre et une médaille.Ils récidiveront la semaine suivante à Dixmude.

Jean Chastanié du Racing Club de France extrait Wikipedia

Course à pied. Les grands prix du Racing-Club de Roubaix, au profit du Nouvel Hôpital. La participation de Monnier champion de France de la société Athlétique de Montrouge est acquise. Il vient de battre le record de saut en hauteur il y a quinze jours avec 1,76 m. Puységur le champion de France de saut à la perche sera là également et Chastanié le coureur du Racing-Club de France champion de France du 800 mètres plat. Le clou de la réunion sera la participation de Marius Eynard, champion du monde de lancement du disque, détenteur du record du monde avec 43,21 mètres, du Racing-Club de France. Entre autres invités et champions.

Marius Eynard en 1903 extrait Wikipédia

Tour de France. Sixième et dernière étape Nantes Paris. Vingt et un coureurs restent qualifiés et il semble bien que Garin qui possède une avance de plusieurs heures sur le second Pothier, remportera l’épreuve. Il gagne l’étape qui se déroule dans un grand désordre à l’arrivée.

Publicité après l’arrivée du 1er Tour de France Journal l’Auto 1903

Course à pied. Les grands prix du Racing-Club de Roubaix, au profit du Nouvel Hôpital. Devant 2000 personnes, Eugène Motte le député maire de Roubaix et Gustave Wattine prsident de la Cavalcade, les épreuves se sont déroulées sur le coquet terrain de la rue de Beaumont et ont donné les résultats suivants : Malfait (RCR) remporte la finale du 100 mètres, Scrépel (RCR) le lancement du poids, Sartorius (RCR) le 250 mètres haies, Catteau (RCR) le saut en longueur. Le 250 mètres plat scolaires est remporté par Brissy (TC Paris), le 400 mètres plat par Frasez (RCR). Monnier est le meilleur pour le saut en hauteur, ex-aequo avec Sartorius (RCR), ils n’ont pu franchir 1,70 mètres. Le concours du disque revient à Eynard qui échoue néanmoins dans ses tentatives pour battre le record du monde qu’il détient. Puységur remporte le concours de saut à la perche. La course du 2000 mètres steeple chase voit la victoire de Maertens (AC Bruxelles).

Les courants vagabonds

Mars 1896 Le mystère du téléphone qui brûle

C’est par un début d’après midi de Mars 1896, vers une heure et demie, que des crépitements se firent entendre en même temps qu’une vive lueur apparut autour de la sonnerie du téléphone installée chez les époux Desoubrie et destinée à recevoir les appels en l’absence du personnel municipal. Au même instant, une fumée acre et intense s’échappait des bureaux du secrétariat de la Mairie, qui se trouvait à l’époque dans l’actuelle rue Florimond Lecomte. Toute l’installation téléphonique municipale obtenue à la suite d’une décision du Conseil du 18 Août 1892 fondait littéralement suite à un échauffement subit.

Mairie de Wattrelos en 1896 Collection Particulière

Ce n’est que tard dans la soirée qu’on sut la cause de cet étrange incident. Un fil de traverse soutenant le tramway s’était détaché et avait touché le fil téléphonique, ce qui provoqua instantanément la combustion des deux sonneries et de l’installation entière qui fut détériorée au point qu’elle fut déclarée irréparable par Monsieur Schmidt, chef du service téléphonique venu en Mairie le lendemain.

Monsieur Henri Pollet Maire de Wattrelos rencontre aussitôt la Compagnie des Tramways et celle-ci s’engage à remplacer toute l’installation, ainsi que tous les frais occasionnés par l’incident. Ce contact entre fils eut d’autres répercussions : certains abonnés furent « électrisés » par leur téléphone, ou privés de communication pendant quelques temps. Les employées du bureau central avaient également ressenti les effets de l’incident, en éprouvant une certaine commotion au toucher des plaques. Autrement dit, un certain nombre de personnes manquèrent d’être électrocutées par ce malencontreux contact et par ce qu’on appellera désormais les courants vagabonds. Ce problème amènera la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing (T.R.T.) devant le Conseil de Préfecture à l’occasion d’une action intentée par les P.T.T en 1912, et elle fut condamnée à payer à l’État les dégradations occasionnées par l’électrolyse provenant des courants vagabonds.

Le passage à niveau de la rue Carnot Collection Particulière

Le tramway électrique était tout récent à Wattrelos et ses délateurs étaient nombreux. La ligne fut prolongée du Laboureur où se trouvait le dépôt jusqu’à la Grand Place de Wattrelos grâce à l’ouverture de la rue Carnot en 1894. L’année 1895 vit l’établissement de la voie, qui croisera celle du chemin de fer à hauteur des établissements Leclercq Dupire, et l’apparition des sinistres gibets qui soutiennent les fils électriques, du mot d’un correspondant mécontent écrivant au Journal de Roubaix. Ce dernier écrivait encore le 14 Décembre 1895: si encore le trolley et les traverses étaient convenablement soutenus! Mais depuis de longues semaines toute cette ferraille pend lamentablement à demi-accrochée, un des poteaux ayant été brisé à sa base et le fil n’ayant pas été fixé à son remplaçant.

La Mairie elle même était déjà intervenue pour faire cesser cet état de choses qui se situait sur la Grand Place de Wattrelos avec tous les désagréments et les dangers que présentait cette récente installation électrique. Quelques incidents complètent la liste des méfaits du tramway, qui sont plutôt dus à la nouveauté de son apparition : un cheval effrayé est blessé par le tramway le 7 février, la voiture du tripier bloque la voie et occasionne du retard le 2 Mars, sans compter les chutes des personnes qui descendent en marche, intrépides acrobates ou simplement en état d’ébriété.

Le tramway, comme le téléphone, survécurent à ces incidents. Mais qui pouvait prévoir à cette époque, que la rencontre de ces deux instruments du progrès provoquerait des étincelles ?

extrait de Wattrelos fin de siècle Atemem éditions