Travaux sur le pont

Le pont Saint Vincent d'autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx
Le pont Saint Vincent d’autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx

Depuis 1864, le pont Saint Vincent permettait de relier la rue Saint Vincent de Paul et la place de la Patrie, par-dessus la voie de chemin de fer. Nous évoquerons bientôt l’historique de sa création. Pour l’instant, nous allons aborder dans l’article présent sa modification, consécutive à la création de l’avenue des Nations Unies. Notons tout d’abord que le pont a pris le nom de la rue, qui lui fut antérieure de quelques années. Cent ans plus tard, le pont Saint Vincent, aux heures de pointe du matin, c’est 550 véhicules à l’heure dans un sens, 650 dans l’autre. Aux heures de pointe du soir, 800 dans un sens, 1.000 dans l’autre. Six kilomètres de bouchon, en moyenne.  

Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Eclair
Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Éclair

La réalisation d’une grande voie pénétrante entre Roubaix et Tourcoing est décidée en 1975, ce qui va entraîner un certain nombre de modifications, dont celle du pont.  Le Conseil Municipal du 16 novembre 1979 donne à la nouvelle avenue le nom de Nations-Unies. Au cours des années 1980 à 1983, les délibérations du Conseil Municipal sont abondamment marquées par les décisions prises pour le bon fonctionnement de la circulation dans cette nouvelle avenue. En Février 1982, le Pont Saint Vincent est coupé pour neuf mois, à cause des travaux pour mettre ce pont dans l’alignement de l’avenue des Nations Unies, et de la rue de Lorraine. On va également le rehausser pour permettre l’électrification de la ligne Lille Tourcoing.

Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Eclair
Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Éclair

Deux types de déviations mises en place : les éloignées et les rapprochées. Les éloignées, par les boulevards de Strasbourg, Metz, (Rx) des Couteaux, avenue Léon Jouhaux (Wos), pont et rue du Tilleul (Tg). Ou par les rue Carnot, de Roubaix (Tg) de Tourcoing, Collège, Grand rue (Rx). Les rapprochées : Gambetta (Tg) Alsace, Ouest, Mouvaux, Grand Chemin, ou Grand Chemin, Epeule, Arts, Boucher-de-Perthes, Mackellerie, Cuvier, Armentières, République. Après six mois de travaux, on a changé l’orientation du pont qui regarde à présent vers la rue d’Alsace (avant c’était la rue de Lorraine). On l’a aussi relevé de 80 centimètres pour permettre le passage de câbles.

L'élargissement du pont en 1983. Photos Nord Eclair
L’élargissement du pont en 1983. Photos Nord Éclair

Fin novembre, le Pont est rendu à la circulation, mais on n’en a pas fini avec lui. Il sera doublé en 1983, afin de passer les quatre voies de l’avenue des Nations Unies.

D’après l’histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, le journal du Comité de Quartier Fresnoy-Mackellerie, Nord Éclair

 

La disparition du petit Degas

Quand le pôle ressource Laennec ouvre en décembre 2008, le « petit Degas » était encore debout à côté du « grand Degas ». Le « petit Degas », c’est-à-dire le plus petit des deux morceaux suite à la première ouverture du bâtiment Degas pour le passage du prolongement de la rue Marlot (voir article antérieur sur ce sujet dans le blog). Il a été progressivement vidé de tous ses locataires.

Le petit Degas en passe d’être démoli Coll Particulière

En 2009, on l’a détruit afin de construire de jolies maisons avec jardins et garages. Beaucoup de vieux et de beaux arbres ont disparu, mais la qualité de vie des habitants s’est beaucoup améliorée dans leurs nouveaux logements. Puis ce fut le tour de grand terrain de football de disparaître, afin d’y construire le même type de logements, rue Charles Pranard.

Les nouvelles maisons de la rue Degas Coll Particulière

Ensuite on a attaqué la démolition des entrées C et D du « grand Degas » afin d’ouvrir une percée vers l’avenue Motte. Il y a eu beaucoup de débats autour de cette trouée, suivant les souhaits des uns et des autres. Certains voulaient des parkings, d’autres des jardins potagers, et pire encore, on envisageait d’y faire passer une ligne de bus.

Le grand Degas avant Coll Particulière

La percée a été réalisée, ce qui aère l’espace de vie, et le projet de passage d’une ligne de bus a vu le jour, du côté de la rue Michelet.

Les nouvelles maisons rue Pranard Coll Particulière

Merci à Patricia pour le texte et les illustrations.

 

 

 

La naissance de la sainte Famille

C’est le 11 janvier 1949, que le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, confie à l’abbé Alfred Potdevin la charge de fonder une paroisse dans le quartier du Hutin à Roubaix. Sous le vocable de la Sainte Famille, va naître cette nouvelle communauté chrétienne, entre le canal, le cimetière de Roubaix et Wattrelos. Investi de cette « incroyable mission », à vélo et avec entrain, l’Abbé Potdevin parcourt le quartier, qui est riche de plus de 3.000 habitants, afin de faire connaissance avec ses ouailles, et d’annoncer la bonne nouvelle : la construction d’une église dont la réalisation dépendra de leur bonne volonté. Sa parole est entendue, puisque de nombreux futurs paroissiens répondent favorablement à son appel.

L’abbé Alfred Potdevin Photo Collection Particulière

Quatre ans après la fin de la seconde guerre mondiale, le quartier bénéficiait du renouveau et du plein essor de nombreuses entreprises : la Lainière, rue d’Oran, le peignage Amédée Prouvost, rue de Cartigny, Dubar-Delespaul, Pennel et Flipo, Gallant  rue d’Alger, Olivier rue de Constantine, Lestienne, rue du Caire, Clarel rue Delespaul, pour ne citer que les plus importantes. On parlait de la future construction d’immeubles : en 1954, les appartements de la rue d’Oran, puis la cité des dominos, les appartements de la rue du Caire. Un peu plus tard, les premières tours, dont la tour du Hutin.

A cette époque la marche était pour la plupart le seul moyen de locomotion ! Pour assister à la messe dominicale, il fallait se rendre à l’église du Sacré Cœur boulevard de Strasbourg (aujourd’hui disparue) ou à Saint Vincent de Paul (aujourd’hui reconstruite). Comme il fallait agir dans l’urgence, la première messe fut célébrée le 1er février 1949, dans une maison de la rue Mazagran. Mais tout ceci ne pouvait être que provisoire, et nécessitait qu’on voie rapidement plus grand. L’Eglise se mit donc en marche, et c’est le 3 avril 1949, soit moins de trois mois après la naissance du projet que sera posée la première pierre. Sur le terrain allant accueillir le nouvel édifice, une foule de fidèles assiste à la messe concélébrée, parmi les officiants par le Cardinal Achille Liénart, Evêque de Lille, de Monseigneur Henri Dupont, Evêque auxiliaire, de Monsieur l’Abbé Alfred Potdevin, et de Monsieur l’Abbé Jacques Testelin.

L’événement dans la presse en mai 1949 Nord Éclair

Rendez-vous fut pris, trois mois plus tard, pour l’inauguration ! C’est un « sacré défi » que vont relever les membres de cette nouvelle communauté. Tout le monde s’investit tant financièrement que physiquement. C’est à celui qui achète le plus de briques, le plus de ciment, qui fournit le plus d’outils, qui se découvre de talents de manœuvre, de métreur, de maçon, de menuisier, de vitrier, de plombier et de couvreur. Les épouses et les mères assurent l’intendance. C’est une histoire de famille ! Une trentaine de gamins cassent, sans se lasser, des pierres nécessaires pour réaliser le sol de l’église et sur lesquelles sera coulé le béton. Les scouts charrient des brouettes de cailloux, de sable et de ciment sous la houlette des « chefs de chantier ». Tout se fait dans la joie et la bonne humeur, avec la même motivation pour tous. Mi-juin, le gros œuvre est déjà terminé, mais c’est le 23 juin 1949 que fut baptisée la Cloche Madeleine-Françoise, conçue et fondue, également dans le quartier. Le cérémonial se déroule selon les rites et tous les paroissiens bénéficient de la traditionnelle distribution de dragées.

La Cloche Madeleine-Françoise Photo PhW

Ce pari fou qui paraissait irréalisable pour certains, a été tenu, car le 3 juillet 1949, soit trois mois, jour pour jour, après la pose de la première pierre, l’église a été inaugurée, pleine de ces hommes et femmes qui ont cru et ont pris part à sa création. Seul le fronton, et quelques fenêtres, restaient à poser.

Le Cardinal Liénart se rendant à l’inauguration de la sainte Famille Photo Collection Particulière

Ce fut la fête dans le quartier. Les enfants, tout de blanc vêtus, les scouts, la fanfare, le clergé, les laïcs, ont parcouru les rues du quartier avant de se rendre à la Sainte Famille pour participer à la première messe. A l’issue de la cérémonie, le Cardinal Achille Liénart a remercié les bâtisseurs d’amour et de paix, en rappelant que c’est au milieu des actes de votre vie que s’accomplit l’œuvre de votre salut. Cette citation sera reprise par Monseigneur Adrien Gand, lors de la messe célébrée en plein air, pour le vingtième anniversaire de la paroisse en 1969, qui fut suivie d’un repas où tous les fidèles furent conviés.

La Chapelle de la Saint Famille CP Collection Particulière

 

Merci à Micheline Masure-Cagnet pour ce magnifique témoignage, et ce n’est qu’un début !

Les commerçants du Lido

Les commerçants du Lido ont tous adhéré à l’Union Commerciale du Centre, ce qui entraîne fin 1965 la formation d’un nouveau comité de commerçants de la rue de Lannoy restante avec l’unification des deux tronçons Belfort Guesde et Guesde Fraternité, soit 150 commerçants. Ainsi la rue de Lannoy a-t-elle survécu à l’amputation du début de son parcours.

Publicité Lido parue dans Nord Eclair
Publicité Lido parue dans Nord Éclair

Les anciens commerçants de la rue de Lannoy ont gardé tout leur savoir-faire pour l’organisation des campagnes commerciales. C’est ainsi qu’en décembre 1965, ils lancent l’opération « les dindes au champagne au Lido ». Le 1er mars 1966, à l’occasion du premier anniversaire, le géant Atlas visite le Lido, et donne le coup d’envoi des manifestations commerciales du 3 au 19 mars. Un grand concours anniversaire est lancé, « donnez votre avis sur le fonctionnement du Lido », basé sur le classement des six avantages importants du centre commercial : concentration des magasins et choix, cadre agréable, économie de temps pour les achats, magasins modernes et attractifs, pas de circulation automobile, parking attenant au centre. Nous n’avons pas trouvé le classement idéal, mais ces six critères décrivent le commerce moderne, qui anticipe bien entendu le futur Roubaix 2000.

 

Les n°4 et 12 (Roubaix ameublement)

En mars 1966, les commerçants s’expriment dans la presse. M. Gamin (au n°19 du Lido) trouve l’expérience excellente, affirme que la clientèle ancienne a suivi, et qu’une nouvelle est venue. La gare routière ELRT est toute proche, c’est un avantage, et le centre commercial présente une belle vue. Il manque toutefois une surface de stockage plus importante. M. Gazier (au n°8 du Lido) : pour les affaires, le bilan est positif, il n’y a rien de négatif dans cette opération, mais il pense déjà aux efforts pour le nouveau centre commercial. M. Duvet Dupreelle : (vice-président du Lido commerce d’ameublement) malgré un démarrage lent, nos commerces ont monté leur standing d’un cran en venant ici, mais finalement ça marche. Un point noir toutefois, l’accès difficile au Lido pour les piétons qui viennent de la rue Pierre Motte. M.Devaux (trésorier du Lido, droguerie) dit qu’il est difficile de comparer, le chiffre d’affaires est en hausse, mais les charges également. Les points forts sont la parfaite entente entre les commerçants, les magasins sont attractifs, à proximité de la bibliothèque, de la caisse d’épargne, de la mairie, de la poste. Le parking est en zone bleue, tout ça est parfait. Il faudrait cependant faciliter la traversée aux piétons de la rue Pierre Motte. M. Jankielewicz (président des commerçants du lido, vêtements) : il règne une bonne entente entre les commerçants, le bilan des affaires est positif, l’ancienne clientèle a suivi en partie, et une nouvelle est venue. Les souhaits des commerçants du Lido sont les suivants : prévoir un logement plus proche pour les commerçants, poursuivre l’éclairage tardif des vitrines, et rendre la traversée de la rue Pierre Motte plus facile.

 

N°30 (Papillon Bonte)

En 1967 Le Lido se présente comme le paradis du lèche-vitrine et du shopping, et en  novembre, les commerçants organisent « la farandole des automates » dans leurs vitrines, en quelque sorte, une promenade spectacle…Un grand tiercé gratuit des automates est organisé avec le patronage de Nord Éclair et de la Caisse d’épargne.

Les n° 31 (Lucien) n°32 (Violette) et n°18 (Nord Matin) Collection particulière

En mars 1967, les commerçants s’expriment à nouveau sur leurs affaires et la perspective du nouveau centre commercial de la rue de Lannoy. Mme Devaux (droguiste) se félicite du dynamisme et de la solidarité des commerçants du centre. L’arrivée de nouveaux locataires dans le bloc Anseele a renforcé la clientèle. La transition avec le futur centre commercial n’est pas automatique pour elle, car il faut voir les conditions financières et la situation du travail à Roubaix. Le chauffage moderne de M. Dujardin se porte bien. Le déplacement vers le centre urbain a entraîné une modification de la clientèle, on achète beaucoup moins à crédit ! Le commerçant rassure sa clientèle, les prix et l’accueil n’ont pas changé pour autant. Pour le futur centre commercial de la rue de Lannoy, n’a-t-on pas vu trop grand ? Les jeunes ne s’intéressent plus à la profession commerciale, il faut cependant de la jeunesse et du dynamisme pour un tel centre. Les établissements Blondeau (vêtements) constatent un fléchissement du pouvoir d’achat sur Roubaix, malgré un superbe équipement et le fait que les articles de qualité, bien que plus coûteux, prennent un part plus importante dans le chiffre d’affaires. Le futur centre commercial a l’avantage de regrouper tout ce que l’acheteur recherche, mais il faut voir les conditions et peut être faut-il une période transitoire pour préparer la clientèle à  changer de magasins. Jean Papillon (chaussures) signale que le Lido ne fait que progresser, la formule de l’allée à piéton est un succès. Cette expérience fait école, des représentants de la ville de Metz sont venus voir. Tous les corps de métier sont représentés, cela contribue au succès. On vient au centre en famille, ce qui n’était pas le cas avant. Il manque cependant les commerces traditionnels (boucheries, épiceries, boulangeries), dont le nouveau centre de la rue de Lannoy sera pourvu. Il faut encore faciliter l’accès aux piétons, car traverser la rue Pierre Motte n’est pas une sinécure. M. Oteman (magasin le Rouet) confirme le progrès par rapport à la rue de Lannoy, mais il se plaint des charges, de la situation locale du travail, et du fait que la vie dans le nord est plus chère qu’ailleurs. La formule Lido est payante, car il y a de nouveaux clients, mais le centre n’est pas encore assez connu. 

 

 

Le déplacement du monument

C’est en juin 1990, qu’on apprend le déplacement imminent du monument de Jean Lebas, pour cause d’aménagement de l’interconnexion bus Mongy métro, qui sera installée à proximité de Motte-Bossut. La future station de métro Roubaix 2000 sera la première à être achevée sur le territoire roubaisien. La CUDL demande donc à la mairie de déplacer le monument. Il n’est pas question de détruire, juste déplacer, mais où ?

L’emplacement initial CP Méd Rx

En juin 1945, la notification officielle du décès de Jean Lebas parvient à Roubaix. Le député maire de la ville, ancien ministre, est mort d’épuisement au camp de Sonnenburg en Prusse Orientale, où il était retenu prisonnier. En 1948, un comité a recueilli des fonds pour l’érection d’un monument à sa mémoire. Ce monument se dressera à l’entrée du boulevard Gambetta, à proximité de la Place de la Liberté. Comme la semelle qui supportera le mémorial fait vingt mètres de long sur douze de large, il faudra modifier la configuration du boulevard. A cette époque, le boulevard Gambetta est encore constitué d’une chaussée centrale avec deux terre-pleins latéraux, plus deux bas côtés pavés de 9 mètres de large. Il faudra donc modifier le profil du boulevard, qui aura désormais deux chaussées latérales avec un terre-plein central. Les chaussées pavées seront supprimées. On envisage d’ores et déjà la construction d’un nouveau pont pour relier le boulevard Gambetta avec la place Chaptal. Le réaménagement de la partie du boulevard entre la place de la Liberté et la rue Pierre de Roubaix entraînera une déviation par la rue Bernard (aujourd’hui rue Jules Watteuw) pour les véhicules allant vers le canal.

Configuration initiale du boulevard CP Méd Rx

En janvier 1949, après que le boulevard Gambetta ait été modifié, la construction du monument démarre et on prévoit l’inauguration le 1er mai. L’auteur de l’œuvre est le sculpteur roubaisien Albert Dejaeger, grand prix de Rome, et la Maison Ferret marbrier, 210 Grand-rue, spécialiste de la belle pierre, est chargée du chantier. L’ensemble représente une colonne de douze mètres sur laquelle se trouve le buste de Jean Lebas, vers lequel deux statues allégoriques la France et Roubaix élèvent leurs bras désespérés. Derrière la colonne, une autre figure symbolique représente un ouvrier en tenue de travail. On peut lire sur la colonne qui était Jean Lebas, quel rôle il a joué pendant les deux guerres mondiales. Ce monument est finalement inauguré le 23 octobre 1949, et l’on craint déjà que les inscriptions qui sont en bronze métal, s’oxydent et que le vert de gris se délaie sous l’action de la pluie, en coulées salissantes. Deux ans plus tard, les corps de Jean Lebas et de son fils seront ramenés à Roubaix.

Démontage, numérotation, remontage Photos Nord Éclair

La CUDL avait prévu de démonter le monument, de le stocker pendant trois ou quatre ans, soit la durée des travaux du métro, et de le remonter une fois les travaux terminés. Les roubaisiens ne sont pas d’accord, pour des raisons sentimentales, mais aussi financières. Le coût de l’opération se monte à 50 millions de centimes, et il sera pris en charge par la CUDL, si on le remonte tout de suite. Il faut donc trouver un emplacement de manière urgente.

Après concertation avec le Parti Socialiste, plusieurs propositions sont émises : le mettre à hauteur de la rue Henri Dunant, mais c’est encore trop près de l’installation métro. Le situer à l’angle de la rue Pierre de Roubaix et du boulevard Gambetta près de la Caisse d’Allocations Familiales, sur un terrain lui appartenant. On mettra là un chapiteau de l’ancien hospice Blanchemaille. Autre emplacement proposé : avenue des nations unies sur un terrain situé face au centre d’action sociale  On propose place de la gare, au dessus de la station qui s’appellera aussi Lebas, mais cela masquerait la gare, et la place est trop petite. On parle du Rond Point de l’Europe…Mais on va rester sur le terre plein du boulevard Gambetta, à hauteur de la CAF. Le monument sera retourné vers le pont qui permet d’accéder à Wattrelos.

Le monument Lebas aujourd’hui

En juillet,  l’entreprise Cazeaux de la Chapelle d’Armentières est chargée de démonter, et de numéroter les morceaux du monument. Le monument Lebas est désassemblé comme ces châteaux écossais achetés par des milliardaires américains, dit la presse. Dès octobre, on reconstruit…

Vie et mort de Saint Antoine

L'église Saint Antoine de Padoue CP Méd Rx
L’église Saint Antoine de Padoue CP Méd Rx

Les habitants du Fresnoy dépendaient de la paroisse Notre Dame avant que ne soit édifiée l’église Saint Antoine de Padoue, sur l’initiative du Chanoine Evrard, doyen de Notre Dame. Elle est construite en 1897 sur les terrains de la ferme Ducatteau Six. L’autorisation de célébrer le culte se fait attendre et c’est seulement le 12 août 1900 qu’elle sera consacrée et ouverte au public. A cette occasion, une superbe cérémonie sera conduite par le Chanoine Evrard devant une foule énorme de fidèles, et l’abbé Dehaeze, qui sera son premier curé, monte en chaire et prononce un sermon de circonstance. Il rend ensuite hommage aux dames de l’œuvre de Sainte Élisabeth, à la société chorale Saint Antoine, à la fanfare La Liberté qui contribue à la fête par l’exécution d’un morceau d’un grand effet. Sous le ministère de l’abbé Marais, il y aura la création d’une maison pastorale rue de Remiremont, d’une école de filles en 1909 et de garçons en 1913, d’un cercle d’études, de deux patronages. Les orgues seront installées en 1926.

Collection particulière
Collection particulière

Avril 1990, c’en est fini de l’église Saint Antoine. L’abbé Gand, qui dirigeait l’archiprêtré de Roubaix, disait que ce local n’était plus adapté à la vie de la paroisse. Trop grand, trop abîmé, trop vandalisé. L’évêché a décidé de démolir. La ville a donc accordé le permis de démolir. Aurait-on pu utiliser le bâtiment qui n’était pas en si mauvais état ? On aurait pu y installer un très beau marché couvert, mais non. Que fera-t-on des terrains ?

Les derniers jours de Saint Antoine Photo Nord Eclair
Les derniers jours de Saint Antoine Photo Nord Éclair

En fait, il y eut trois destructions : l’église, le presbytère et l’école. On démolissait beaucoup à Roubaix à cette époque : les magasins généraux, l’église Saint Rédempteur, la maison des docteurs, une grande partie de la rue de la fosse aux chênes, et bientôt l’église Sainte Bernadette. Le 7 septembre, c’est la fin de l’édifice, et commence le temps de la récupération : les cloches partiront pour la nouvelle église Saint Rédempteur au Pile. Le 15 septembre 1990, c’était la sixième édition de la journée des monuments historiques, qui allait devenir européenne, et que nous connaissons aujourd’hui sous l’appellation journées du patrimoine.

 

 

Inauguration du Lido

Parmi les premiers installés, Blondeau au n°1, Sonora au n°8 Photos Nord Éclair

Alors que les démolitions vont commencer rue de Lannoy, l’inauguration officielle du centre de transit du Lido, prévue pour fin janvier 1965, est reportée. Les commerçants prennent progressivement possession des nouveaux emplacements. La presse s’en fait l’écho : ainsi la maison Gazier-Merlevede, agence exclusive de la marque Sonora, qui se trouvait au 79 rue de Lannoy depuis 1932, s’installe au n°8 du nouveau centre commercial. De même, la maison Blondeau, installée depuis le début du siècle au n°19 de la rue de Lannoy, vient occuper le n°1 du centre commercial.  

Photos prises lors de l’inauguration Nord Éclair

L’inauguration aura finalement lieu le Samedi 27 février 1965, à 11 heures, en présence du maire de Roubaix Victor Provo. Pour l’occasion, une R4 Renault, le dernier modèle de la marque, sera mise en loterie gratuitement. Les commerçants du Lido, qui ont adhéré à l’Union Commerciale du Centre, participeront le soir même au bal avec concours et attractions qui se dérouleront au Colisée. Le Lido n’est plus un simple centre de transit, il est alors présenté comme le premier centre commercial moderne, et les roubaisiens découvrent le premier « shopping center » piétonnier de leur ville.

Les commerçants installés lors de l’inauguration février 1965 Nord Éclair

La rue du château et la rue Jeanne d’Arc existent encore et on a gardé une partie de la place des Halles pour un modeste emplacement de stationnement pour les voitures et pour les vélos, entre la poste et le centre commercial. Le Lido est un ensemble de 32 parcelles, réparties le long d’un secteur piétonnier composé d’une grande rue à double accès sur la rue Pierre Motte.  Le parking n’est que temporaire, car dès le second semestre 1965, on parle de l’extension de la poste sur ce qui reste de la Place des Halles.

Disposition du Lido doc NE

 

Une si longue installation

Alors qu’on attend l’arrivée d’Intermarché, le départ de C&A est annoncé. Propriétaire des terrains, le groupe n’a pas encore décidé de la suite : soit il y aura le maintien d’une enseigne avec diminution de la surface de vente, soit C&A quitte mais s’engage à trouver un successeur. On apprend qu’Intermarché a également repris le AS ECO de l’avenue Motte, et que des travaux de réfection sont engagés en vue de l’ouverture début mars.

Intermarché arrive, C&A s’en va Photo Nord Éclair

Le 27 février 1989, Jacques Catrice aborde un certain nombre de questions avec l’union des commerçants à la maison des associations place de la liberté. On est en campagne électorale pour les municipales, et il énumère les réalisations de l’équipe sortante : arrivée de l’IUT à l’ancienne poste, opération Motte-Bossut, réhabilitation de l’ilot de la Halle, énième redémarrage de Roubaix 2000, cette erreur monstrueuse. Il n’est pas question d’abandonner les commerçants abusés, et le projet en cours doit être le bon !

Les autres projets sont énoncés : réalisation d’une galerie marchande derrière le contour Saint Martin, un accord reste à trouver avec l’hôtel des ventes, qui est encore situé là. Une résidence Hotelia sera établie à l’entrée de la Grand Rue, et l’on procèdera à la reconquête progressive de l’avenue Lebas, et du boulevard Gambetta. Mais le grand problème roubaisien, c’est la circulation, car le flot des voitures évite le centre ville. Il s’agirait d’un problème de signalisation, car le panneau Roubaix centre n’existe pas ! Un autre souci, c’est que les commerçants n’habitent plus en ville et la désertification des immeubles du centre est à craindre. Il est prévu des mesures d’incitation à réaliser des logements pour étudiants, car cela peut être rentable pour les propriétaires, et amènera de la vie en ville.

Après qu’André Diligent se soit réjoui qu’Intermarché joue le rôle de locomotive pour les commerçants de la galerie marchande, la presse publie des réactions au nouveau projet de Roubaix 2000. N’aurait-on pu consulter riverains et usagers plutôt que de confier cette affaire à des décideurs étrangers au quartier et à la ville ? La question du parking est abordée : le fait que la nouvelle entrée soit située sur la droite du centre, n’y aura-t-il pas confusion avec le parking d’appel réalisé sur la pelouse, dont on déplore la perte, il y en a si peu à Roubaix.

L’accès par la rue Henri Dunant déjà mise en double sens de circulation, va aggraver les choses : à proximité, il y a une maternelle, et les entrées des trois tours. Alors accéder par la rue de Lannoy, pourquoi pas ? Concernant le centre commercial, on évoque les « nouveaux condamnés pour le cercueil ».

Le rez-de-chaussée régresse moins que l’étage, grâce au bon accès piétonnier de la place de la Liberté. L’ouverture du côté du boulevard de Belfort devrait être identique. Mais le désastre, c’est l’étage, malgré les escalators de l’époque Auchan. L’ouverture d’un Restaumarché est la bienvenue, mais pourquoi engager des frais pour une terrasse qui ne servira que quelques jours par an ?

Travaux de carrelage à l’étage Photo Nord Éclair

 Les problèmes d’approvisionnement subsistent. A l’origine, il devait être assuré par des petits véhicules en sous sol, le long de quais desservis par ascenseur avec giratoire au départ du boulevard de Belfort. Mais rien n’a été fait en ce sens.  En Mai, les travaux prennent du retard, mais le centre fonctionne dans la poussière et le bruit. M. Mascart Président du GIE dit que ces travaux sont un mal nécessaire. Madame Libbrecht intendante du centre, annonce beaucoup de demandes de cellules commerciales. A la fin des travaux, on peut compter que 98% des cellules seront occupées. Les commerçants tiennent un langage optimiste : ils rappellent la situation exceptionnelle du centre commercial, et pensent qu’avec les transformations, on va assister un grand et définitif démarrage.  Malgré ce bel enthousiasme, l’ouverture sera plutôt pour septembre, et non mai juin comme annoncé. Quelques plaintes sont quand même remontées à Dominique Plouvier, nouvel adjoint au maire chargé du commerce et de l’artisanat. Le chantier du CIC et des archives du monde de travail ont barré la rue de Lannoy, et la fleuriste installée juste à l’angle de Roubaix 2000 craint pour son commerce. Cela ajouté à la suppression de l’arrêt de bus, c’est une véritable calamité, on ne nous a pas prévenus, pas de signalisation.

Inter marché, pas encore ouvert Photo Nord Éclair

En septembre, les travaux d’infrastructure sont pratiquement terminés, mais les surfaces Intermarché ne sont toujours pas ouvertes. Puis en décembre, on apprend qu’Intermarché ne sera pas installé avant mars 1990, soit près d’un an de retard ! Il est rappelé que le groupe Intermarché a absorbé 66 AS ECO ! Pour Roubaix 2000, il ne reste plus que quatre cellules commerciales à vendre. Et on parle des enseignes Mac Donald et Feu vert pour remplacer C&A. Malgré le retard, l’avenir se présente bien…

 

La ferme du Hutin

Le quartier du Hutin était autrefois situé en pleine campagne, et divisé en Bas-Hutin et Haut-Hutin. Il englobait les terres situées entre la Grande Vigne (ferme Salembier rue d’Oran) et le territoire de Wattrelos. Il était traversé par plusieurs sentiers, parmi lesquels le Sentier du Mont-à-Leux qui passait près des fermes. Le Hutin était d’ailleurs le nom d’une cense et d’un hameau qui apparaissent dans les recensements de 1596 et de 1673. D’après l’historien Leuridan, la cense est occupée pendant deux siècles par la famille des de Lespaul, et elle prendra le nom de cense Delespaul. En 1850, un Constantin Delespaul, propriétaire, assiste au mariage du couple de cultivateurs Auguste Ferret et Elisa Houzet qui va exploiter la ferme.

La ferme du Hutin en 1868, au moment du projet de rue du Hutin, et à gauche du projet de canal doc AmRx

En 1868 est établi le tracé de la future rue du Hutin qui reprend en partie le sentier du mont à leux. On parle alors de la ferme Ferret. La ferme sera reprise par le couple Théodore Joseph Houzet et Amélie Joseph Lutun. Mariés à Roubaix le 31 juillet 1872, ce wasquehalien et cette tourquennoise d’origine vont exploiter la ferme désormais dénommée Houzet. En effet, leur fils et leur petit fils leur succèderont. Ils deviennent également propriétaires de la ferme, qu’ils rachètent à une dame Watine. Cependant le quartier se développe à partir de 1889. Le 24 mai 1889, les propriétaires riverains s’engagent à abandonner les terrains nécessaires et à participer aux frais de voirie. En 1890, c’est l’ouverture de la rue Delespaul, prélude à la réalisation du quartier, qui fait l’objet d’un projet d’urbanisme le 22 juin 1894. C’est le début de la fin des champs et pâtures de la ferme du Hutin.   

La structuration du quartier du Hutin en 1914 doc AmRx

Le petit fils de Théodore,  Henri Théodore Houzet-Bouckaert, reprend la ferme en 1924. Cette ferme a changé plusieurs fois de numéro (on cite les n° 6 18 44). Elle comportait une étable pour les vaches, une écurie pour deux chevaux, un pigeonnier, un poulailler, avec poules pintades et canards. On y stockait aussi les betteraves, le foin, les graines et futures semailles pour le potager. La cave était fraîche et bien garnie : conserves de pâté, jambon, lait, beurre, fromage, légumes, vins, tonneaux de bière, la température était idéale. Le fermier récupérait les drèches de la brasserie moderne, fraiches ensilées ou séchées pour la nourriture des bovins, ce qui donnait parfois au beurre un gout de bière. On y tuait le cochon, et on préparait le boudin, les pâtés de tête et de foie, des saucisses, on faisait fumer le jambon dans des tonneaux puis ils étaient cuits lentement dans un bouillon de légumes.

Photo aérienne 1953 IGN

Quand Henri Théodore Houzet reprend la ferme,  il n’y a que deux maisons et un café à proximité et des pâtures et des champs. Mais la ferme est peu à peu enserrée par les constructions. Bientôt l’exploitation de la ferme ne suffit pas, le fermier envisage sa reconversion dans une entreprise de transport. Il achète un camion Chevrolet que conduira son fils. Puis, sur le coin de pâture qui lui reste, il construit des garages. Les terrains de la ferme avaient une superficie de près de 10 hectares.

Les garages derrière la ferme, vue aérienne de 1964 Photo IGN

Les enfants ne reprendront pas l’exploitation : le fils sera contremaître dans le textile et la fille partira en Afrique du Sud. Faute de pâtures, le fermier vend ses six vaches. Né dans la ferme comme son père et son grand-père, Henri Houzet cessera son activité en 1956. Si l’exploitation a cessé, le bâtiment existe toujours avec sa cour carrée typique des vieilles censes d’autrefois.

La ferme du Hutin en 2013 vue Google

Remerciements à Agnès Deffrenne Houzet à qui nous devons la description de la ferme et de ses activités.

 

 

 

 

La construction du Lido

Le 10 juillet 1964, alors que les vêtements Marchand annoncent leur transfert place de la liberté, le chantier du centre de transit est commencé. Le 25 Août 1964, la presse titre : le chantier du centre de transit est en panne, à cause des congés payés !  Puis elle rectifie le tir, tout le monde ne chôme pas, notamment les entreprises Ferret Savinel et Léon Planquart, qui travaillent activement. Néanmoins le chantier a pris du retard, et l’inauguration ne se fera pas en 1964.

Les travaux d’août 1964 Nord Éclair

C’est en décembre 1964 qu’intervient la réception provisoire des travaux entrepris par la société d’aménagement de la région de Roubaix. Elle est effectuée par le maire Victor Provo, l’adjoint Georges Pluquet et Fernand Delcour, le directeur des services techniques de la ville. Il est fait mention du LYDO dans l’article de presse comme nom du futur centre de transit. Dès le 4 décembre 1964, les établissements Blondeau annoncent leur transfert par voie de publicité. Fin décembre, on assiste aux premières installations. L’inauguration officielle est prévue pour fin janvier 1965, mais elle aura lieu avec un mois de retard.

Les premières installations de décembre 1964 Nord Éclair