Fêtes quinquennales 1967

Les fêtes quinquennales de l’année 1967 se déroulent dans le quartier du Fresnoy-Mackellerie. Elles sont organisées par le comité officiel des fêtes du quartier, qui a six ans d’existence. Le président d’honneur est Monsieur René Vanhove, directeur de la société des transports de la rue de Rome,  le président actif est Monsieur Charles Farvacques, cafetier et marchand de vélos rue Cuvier, assisté de Monsieur Albert Stuer, débitant de tabacs, le secrétaire M. Henri Isebaert, de chez Guilbert, assisté de M. Roger Bouy, entrepreneur en électricité,  le trésorier Monsieur Jean Hébert, coiffeur, assisté de M. Jean Claude De Brigode, boucher chevalin.

Le comité des fêtes Photo NE
Le comité des fêtes Photo NE

Le vendredi 2 juin, avant les fêtes et comme une belle introduction, se déroule le 5eme circuit cycliste du Fresnoy-Mackellerie, patronné par Nord Eclair. La course emprunte l’itinéraire suivant : boulevard d’Armentières, rues de Lorraine, Ouest, Fresnoy, Rome, Naples, Ouest, Luxembourg, Danemark, Mackellerie, Mouvaux, Rome, Solferino, Cuvier, boulevard d’Armentières à parcourir vingt-quatre fois. Le départ est donné entre les cafés « au cristal » et « au pélican d’or » à l’angle des rues Cuvier et du Fresnoy. Il y avait soixante-quatorze partants et seulement quatorze à l’arrivée de ce long parcours que la chaleur a rendu pénible. Jacques Bommart de l’ASPTT de Lille remporte la course détaché.

Le cinquième circuit Photo NE
Le cinquième circuit Photo NE

Le programme des fêtes quinquennales se répartit sur deux journées, le samedi 2 et le dimanche 3 juin. L’ouverture des festivités est annoncée par une grande caravane publicitaire à 10 heures 30. L’après-midi, le public peut assister à un concours sur vélo excentrique rue Boucher de Perthes et rue de Naples. En début de soirée, à 18 heures 30, a lieu une promenade flamande avec la participation de la fanfare scolaire de la Fédération des Amicales Laïques. A 20 heures 30, sur le terrain des sports de la rue de Rome, sous un chapiteau, un grand bal est donné animé par l’orchestre Ray Lombrette et sa grande formation. A 22 heures, on procède à l’élection de la reine et de ses demoiselles d’honneur ; les photos des candidates ont été publiées dans le journal, elles sont au nombre de seize, toutes aussi charmantes les unes que les autres. Des cadeaux sont offerts par la Confiserie Saint Jacques, La Redoute et Nord Eclair.

La Reine et ses dauphines Photo NE
La Reine et ses dauphines Photo NE

Le lendemain matin, réveil en fanfare par la FAL à 8 heures 30. Dès 9 heures 30, on peut assister à une démonstration de judo par le Club Saint Martin. Une heure plus tard, la musique reprend ses droits avec un concert donné par la Grande Fanfare de Roubaix. A midi, le comité des fêtes reçoit le maire de Roubaix Victor Provo au terrain des sports de la rue de Rome. Il est accompagné de Pierre Prouvost adjoint, et de François Winants président du comité directeur des fêtes, entre autres. A 15 heures, c’est le grand défilé musical et carnavalesque avec la participation des sociétés suivantes : clique scolaire et fanfare de la FAL, les lurons du Fresnoy, le char « le broc géant de l’apéritif », le groupe « les marins acrobates », le bataillon des majorettes de Méricourt, la fanfare des trompettes et cors avionnais, le groupe « les vrais O’gustes » de Gand, le char « les anciens », le groupe « Drumband D.O.K.A » de Gand, le bataillon des majorettes du stade-parc, la clique et musique « l’étoile du Marin », la société de gymnastique « l’Ancienne », le char aumônière, le char de la reine et de ses demoiselles d’honneur.

Les marins acrobates Photo NE
Les marins acrobates Photo NE

Ce défilé parcourt toutes les rues du quartier, et la présentation de chaque groupe est faite rue de Naples vers 17 heures 30 avant dislocation. A 20 heures, un grand bal termine les fêtes sous le chapiteau de la rue de Rome.

On imagine le travail que représentait l’organisation d’une telle fête, et l’animation extraordinaire qu’elle représentait pour les commerçants et les habitants du quartier. Ces fêtes quinquennales ont repris une longue tradition de festivités de quartier qui faisaient de Roubaix une ville de musique, de carnaval et de convivialité. Si quelqu’un avait encore en sa possession la plaquette de présentation des fêtes de 1967, nous serions heureux de pouvoir la consulter.

Une maison tirée au sort

Après la première guerre, de grandes opérations de souscription sont lancées au profit des mutilés. C’est ainsi que le  14 octobre 1923, une maison du boulevard de Fourmies est proposée comme don en présence de Me Gaillard, huissier et de cinq orphelines de guerre. Tout cela se déroule place du Travail. La maison est le premier « lot », mais il y en a d’autres : une cuisinière émaillée, une bicyclette, une garniture de cheminée, une coupe de fruits, un lit, une bicyclette pour enfants et d’autres choses encore. La distribution de ces objets est effectuée chez M. Roger, 42 rue Daguesseau.

Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix
Villa La Délivrance en 1923 Photo Journal de Roubaix

C’est à l’occasion des fêtes de la Délivrance, qui se sont déroulées dans les quartiers du Moulin, du Raverdi, de la Potennerie et du Nouveau Roubaix. Le tirage a eu lieu un dimanche à 10 heures, sur un podium de la Place du Travail, pavoisée de drapeaux français et belges. La maison a été nommée «maison de la Délivrance ». M. Friant président du comité des fêtes officie, entouré des membres du comité des mutilés et Me Gaillard. Deux mille personnes entourent le podium sur lequel se trouvent cinq orphelines de guerre : Melles Marcelle Jouvenaux, Raymonde Meunier, Marie Mouray, Marie Pardoen, Léonie Blondel, en costumes d’alsacienne ou de lorraine. Chacune est placée devant une roue.

Les orphelines Photo Journal de Roubaix
Les orphelines Photo Journal de Roubaix

Une symphonie sous la direction de M. Debeyne se fait alors entendre. Puis on procède au tirage, le n°5580 sort. Mais personne ne bouge, ni ne répond. On poursuit, la cuisinière est au n°38.985, à Melle Vandenbulck qui demeure rue Carpeaux. Près de 200 numéros sont ainsi tirés pour 90.000 billets au moins. Me Gaillard dresse le procès-verbal de circonstance. Mais qui est le gagnant de la Maison de la Délivrance ?

On fait des recherches et on trouve que l’heureux gagnant de la maison se nomme Théophile Declercq et qu’il habite rue de Naples cour Delacroix à Roubaix. Une auto est mise à la disposition des membres du comité qui se rendent chez le susnommé. Emotion, on ne veut pas croire au bonheur. M. Théophile Declercq est âgé de 67 ans et il travaille comme ouvrier tisserand chez Glorieux et Therpon rue du Favreuil, sa femme et lui originaires de Gand. Ils montrent une photographie de leur fils mort il y a deux ans des suites de ses blessures de guerre. Puis, on les emmène en auto à la Place du Travail où ils sont accueillis par la Marseillaise et la Brabançonne. Un Vin d’honneur est offert dans un café tout proche, les gagnants reçoivent les félicitations de M. Friant qui remercie également l’huissier et le Journal de Roubaix.

Villa La Délivrance aujourd'hui Vue Google maps
Villa La Délivrance aujourd’hui Vue Google maps

Il y eut de nombreux gagnants, et pour ceux qui n’ont gagné ni la maison, ni autre chose, l’horlogerie bijouterie Duhamel Lardé propose de rembourser un billet pour un achat de 20 francs en sa boutique. Le travail de mémoire n’est pas terminé, il faudrait pouvoir retrouver le nom de l’architecte qui a conçu la maison et celui de l’entrepreneur qui l’a bâtie.

Contributions d’artistes

La nouvelle bibliothèque municipale de Roubaix a donc été construite de juin 1956 à décembre 1958. Le projet de construction prévoyait au-dessus de chaque porte d’entrée une table saillante permettant d’exécuter deux motifs sculptés. Le 4 septembre 1958, l’administration roubaisienne charge Pierre Lemaire de réaliser ces deux motifs sculptés. Il est statuaire, professeur à l’École Nationale des Arts et Industries Textiles (ENSAIT).

Sculptures de façade Photos PhW
Sculptures de façade Photos PhW

Il présente « deux esquisses symbolisant les activités de l’esprit encouragées par la lecture ». Ce sont des sculptures de deux mètres de longueur sur quatre-vingt-treize centimètres de largeurs et 6 millimètres d’épaisseur. Le travail comprend esquisses, maquettes à grandeur, moulage, sculpture. Chaque motif sera réalisé au prix de 287.000 francs de l’époque. Soit 594.000 francs. Le 7 novembre le conseil municipal adopte le projet.

Le 6 mars 1959, le peintre roubaisien André Missant écrit au Maire de Roubaix pour l’informer qu’il a procédé à l’étude de la décoration picturale de la bibliothèque. Il fait une proposition de deux tableaux et d’une fresque dont il joint les croquis : un portait de Maxence Van der Meersch 95/59 cm pour la salle de lecture du 1er étage, un tableau allégorique « les arts » à placer au palier de l’escalier principal 1,00/65, et une fresque « la lumière émanant du Livre » 3,50/1,55 à placer dans la salle de lecture en face du portrait de Van Der Meersch. Le prix des trois œuvres se monte à 500.000 francs, cadres et bordures compris. L’artiste livrerait dans un délai d’un mois à six semaines à compter de la date de notification de l’avis favorable de l’administration municipale.

Les propositions Missant AmRx
Les propositions Missant AmRx

L’administration municipale retiendra finalement le portrait de Maxence Van Der Meersch et le tableau allégorique « les Arts » par sa délibération du 26 mai, pour une somme de 250.000 francs.

Sources Archives Municipales de Roubaix

Pennel & Flipo 1935-1945

Le bulgomme devient le produit phare de la maison. On souhaite étendre la production en ouvrant une nouvelle unité. Une nouvelle usine s’ouvre donc en Belgique à Hérinnes les Pecq, la première pierre est posée en septembre 1936, et l’usine tourne en janvier 1937.

En tête Pennel belge Coll Particulière
En tête Pennel & Flipo belge Coll Particulière

En 1937, intervient la création de l’Enverdaim, traitement pour imperméables, pour lequel un brevet est obtenu en 1938. Le procédé Enverdaim fut acheté par la firme Ferguson and Shiers de Manchester, qui vendait ses produits sous la marque Doeskin (littéralement « peau de daim » ).

Publicité Enverdaim Coll Particulière
Publicité Enverdaim Coll Particulière

Avant la guerre, le chiffre d’affaires se répartissait de la manière suivante : rayon confectionnés ameublement : 33,3 %, Tapis : 10,58 %, Gommage : 38,42 %, Tissus divers : 15 %, Dermoplast : 0,48 %, Feuille de gomme : 2,20 %.

La guerre éclate, et dans un premier temps, l’entreprise pense se délocaliser dans la commune de Pons, en Charente, entre Royan et Cognac, mais elle est de retour à Roubaix dès octobre 1940. Pendant la guerre, Jean Pennel crée dans son établissement une section de jeunes apprentis, car  «les matières premières manquent et la main d’œuvre juvénile est exposée au désœuvrement ». Ce sont donc les circonstances qui ont entraîné les premières bases d’un apprentissage rationnel et de l’enseignement professionnel. La première promotion d’apprentis date de 1940. En 1941, la S.A. Pennel & Flipo devient une S.A.R.L.

L'usine en 1940 Coll Particulière
L’usine en 1940 Coll Particulière

De 1942 à 1944, l’entreprise Pennel & Flipo œuvre à soustraire les jeunes aux réquisitions et rafles de l’occupant, en les éloignant dans le cadre de chantiers forestiers. Ainsi les jeunes ayant l’âge du service militaire, s’en vont travailler dans des chantiers forestiers à Bouconville dans la Meuse et à Chermisy en Champagne, avec le concours du secrétariat général des eaux et forêts.

Le journal du Bulgomme Col PhW
Le journal du Bulgomme Col PhW

L’entreprise Pennel & Flipo assurera également le lien entre son personnel mobilisé ou prisonnier et les familles avec le journal de l’entreprise, intitulé Le journal de Bulgomme. Dans le numéro d’avril 1940, on pouvait y lire les travaux effectués dans l’usine, des conseils de cuisine, de la poésie, un article sur le comité d’entraide des enfants de mobilisés, des histoires de permissionnaires, les événements familiaux et une importante rubrique du courrier des mobilisés.

(à suivre)

De l’Ouest au Danemark

Au moment des vacances scolaires de Pâques, une mission italienne composée en majorité de jeunes gens et de jeunes filles de Modène venait à Roubaix rendre visite à la nombreuse colonie italienne de la ville et de ses environs, et soutenir l’apostolat des deux Pères Bruno et Severio. Ces deux prêtres italiens étaient installés rue de l’Ouest dans une des maisons aux balcons caractéristiques ayant appartenu à M. Dujardin. Un témoin nous raconte que Mme Magris dont la famille était italienne, et qui était l’épouse de l’entrepreneur bien connu dans le quartier, avait fait refaire le grand salon par le peintre Michel Toulemonde et l’avait fait aménager en chapelle.

Le cardinal Liénart rue de l'Ouest Photo NE
Le cardinal Liénart rue de l’Ouest Photo NE

Le 5 avril 1967, c’est le Cardinal Liénart en personne qui vient apporter son soutien spirituel à la colonie italienne, avant le départ des jeunes missionnaires. Une messe est célébrée en l’église Saint Antoine, par l’abbé Desmettre, professeur au collège de Marcq, puis les paroissiens français et italiens ont écouté les homélies de don Galasso, prêtre de la mission de Modène et de Monseigneur Devos, vicaire général. Après la messe, une réception est donnée dans la salle paroissiale de la rue de Remiremont, à deux pas de l’église. Le consul d’Italie, M. Tarquinio, rue d’Isly à Lille, est présent, ainsi que l’abbé Dejager, curé de Saint Antoine, le RP Falciola de Modène et d’autres prêtres de la mission. Après les remerciements des uns et des autres, le Cardinal Liénart a ces mots : « Vous êtes le trait d’union entre l’Italie et la France. C’est dans le plan de Dieu ». Et il souhaite à tous les modéniens un heureux séjour. Le Cardinal se rendra ensuite à la mission de la rue de l’Ouest, où sont installés les jeunes de Modène.

Devant l'église Saint Vincent Photo NE
Devant l’église Saint Vincent Photo NE

Signe de l’importance de la présence italienne à Roubaix et ses environs, il est procédé au jumelage de la paroisse et de la mission catholique italienne dans le cadre de l’église Saint Vincent de Paul en 1982. L’église Saint Vincent de Paul fut construite avant la première guerre mondiale, mais ce sont les allemands qui l’occupèrent en premier, la transformant en écurie pendant leur séjour de quatre ans à Roubaix. Quand ils eurent vidé les lieux, et après un grand nettoyage, l’église devint le cœur de la paroisse le 9 mai 1920, avec l’arrivée de son premier desservant, le curé Minnebon.

L'église Saint Vincent de Paul rue du Danemark CP coll Particulière
L’église Saint Vincent de Paul rue du Danemark CP coll Particulière

L’église est rénovée à la fin des années soixante, et Monseigneur Decourtray vient la bénir le 10 mars 1968. En juin 1979, on célèbre le départ et le jubilé de l’abbé Picques, qui fut le curé de la paroisse pendant 28 ans. En mars 1980, c’est l’installation de l’abbé Saint Venant, et son successeur l’abbé Ferrucio Sant arrivera le 12 décembre 1982. Avec l’appui de Monseigneur Gand, l’église Saint Vincent de Paul devient la paroisse de la communauté italienne de l’agglomération, ainsi que celle de tous les habitants du quartier. Les offices sont d’ailleurs célébrés dans les deux langues.

L'intérieur de l'église Saint Vincent de Paul Coll Particulière
L’intérieur de l’église Saint Vincent de Paul Coll Particulière

d’après la presse locale, et les témoignages des participants de l’atelier mémoire du Fresnoy-Mackellerie

La création d’une bibliothèque

Dans l’immédiat après-guerre, l’idée d’une bibliothèque populaire est à l’ordre du jour. Le 16 janvier 1945, après la visite d’un Inspecteur Général des Bibliothèques, la création d’une bibliothèque municipale est retenue par l’Administration. Le projet aboutira après de nombreuses péripéties.

Les magasins Rammaert-Jeu CP Méd Rx
Les magasins Rammaert-Jeu CP Méd Rx

Une délibération municipale en date du 30 juin 1950 décide de l’acquisition des magasins Rammaert-Jeu située 22-23 Grand Place, dans le but d’y installer des services administratifs et une bibliothèque municipale.

Puis définir un projet d’aménagement.

Si l’avant-projet d’aménagement des services est approuvé le 6 février 1953, celui de l’installation de la bibliothèque est revu afin d’en réduire le coût sans mettre en péril la valeur du projet. Lors d’une réunion tenue le 19 juillet 1954, il est donc remanié et approuvé : au rez-de-chaussée, on trouvera une salle de prêt, une salle de périodiques, une bibliothèque enfantine, une salle de conférences, une salle d’exposition, un bureau, un atelier de reliure. Au sous-sol, des magasins de livres et la chaufferie. Au 1er étage : une salle de lecture, une salle de distribution et de catalogue, un bureau de bibliothécaire et des magasins. Aux 2e et 3e étages, des réserves et l’appartement destiné au bibliothécaire, dont les dispositions réglementaires ont prévu qu’il soit logé dans ses services. Le 9 mai 1955 intervient l’approbation du projet de construction de la bibliothèque.

Ensuite, la question du financement.

Le 8 septembre 1955, le Préfet informe le conseil municipal du montant de la subvention du ministère de l’Éducation Nationale. Elle est inférieure à la somme escomptée, ce qui oblige les conseillers à modifier le dispositif financier, en augmentant la part de la ville, le 20 février 1956. L’adjudication des travaux est lancée en avril 1956. Le chantier est ouvert en juin 1956. La dépense prévue se monte à un peu plus de 40 millions de francs.

Adjudication doc AmRx
Adjudication doc AmRx

Mais il est apparu nécessaire d’aménager deux salles supplémentaires et un logement pour le concierge, sans parler des hausses intervenues sur les devis, et la présence du champignon sur la charpente ! Le coût total de l’opération sera finalement de 59,5 millions de francs, soit une augmentation de près de 45% !

Après quelques péripéties de chantier, dont l’effondrement des palissades de façade par grand vent, on enlève en juillet 1958 les dites palissades. Le même mois, le conseil municipal approuve la« revalorisation » du budget. Une subvention supplémentaire sera demandée à l’Etat.

Façade juillet 1958 Photo NE
Façade juillet 1958 Photo NE

Le 11 juillet 1958, suite à un appel lancé par Charles Bodart-Timal[1], qui suggère d’installer un musée local dans l’une des salles de cette bibliothèque, un vœu est émis et adopté en séance publique du conseil municipal. Il sera fait appel au ministre sur la regrettable situation faite au musée abrité dans l’ENSAIT de Roubaix, fermé depuis 1939 ! Il est demandé la cession gratuite par l’Etat des œuvres à la ville de Roubaix, qui aménage une importante bibliothèque municipale où pourraient se trouver ces œuvres d’art. L’attention du ministre est attirée sur la collection Tissus de l’ancien musée, en voie de détérioration. La ville s’engagerait financièrement. En quelque sorte, c’était demander un juste retour des choses. En effet, la Ville de Roubaix avait cédé gratuitement sa bibliothèque par convention en 1882 avec l’Etat afin de créer l’Ecole Nationale des Arts Textiles (l’actuelle ENSAIT). Même s’il était précisé que cette bibliothèque était ouverte à tous, peu de Roubaisiens la fréquentaient. Un article de février 1959 annonce la réouverture de cette bibliothèque[2], fermée depuis deux ans, où l’étudiant, le chercheur et le bibliophile trouveront de quoi satisfaire leurs goûts respectifs[3]. Mais Roubaix souhaite désormais disposer d’un véritable centre culturel digne de l’importance de sa population. L’ouverture prévue pour la fin de l’année 1958, aura lieu le 23 mai 1959.

A suivre

 


[1] Charles Bodart-Timal (1897-1971) chansonnier roubaisien d’expression picarde du Nord

[2] Grâce à l’intervention de Marcel Wattebled directeur de l’ENSAIT, et avec l’artiste peintre érudit Jean Lanthier comme bibliothécaire.

[3] In Nord Eclair février 1959.

On lira avec intérêt sur le sujet le travail suivant : La Mise en place d’un service patrimonial dans une bibliothèque de lecture publique : le cas de la Médiathèque de Roubaix. Maîtrise en sciences de l’information et de la documentation. Esther De Climmer.- Lille : Université Charles De Gaulle, 2000 (en Médiathèque)

 


 

Pennel & Flipo : 1924 à 1934

Le 10 juin 1924, c’est la création de la société anonyme des Ets Pennel & Flipo. Firmin Dubar[1]  annonce aux jeunes entrepreneurs : il faut dix ans pour créer une entreprise !

Deux des parrains de l'entreprise: Firmin Dubar et l'abbé Pinte Photo VDN
Deux des parrains de l’entreprise: Firmin Dubar et l’abbé Pinte Photo VDN

Ils se lancent donc dans la fabrication de feuille de gomme. Pour la fabriquer, il faut une calandre avec un mélangeur pour l’alimenter. Le calandrage est un procédé de mise en forme du caoutchouc qui permet de fabriquer des feuilles de caoutchouc dont l’épaisseur et la largeur sont constantes. On utilise également le calandrage pour recouvrir une feuille de tissu d’une mince couche de caoutchouc ou pour imprimer un dessin sur la feuille ou lui donner une texture. Pennel & Flipo seront les premiers à utiliser ce nouveau procédé en Europe. Pennel et Flipo avaient acheté une première calandre chez Repiquet à Bobigny. En 1928, ils achèteront une autre calandre plus grande chez Repiquet, pour tissus de grande largeur, encore en service trente ans après ! Ce matériel produisait 5.000 mètres par journée de huit heures.

Calandre Repiquet Coll. Particulière
Calandre Repiquet Coll. Particulière

En 1926, Pennel & Flipo s’intéressent aux vêtements de pluie caoutchoutés. 1930, l’entreprise prospère ! L’atelier devient petit, surtout après l’achat d’une deuxième grande calandre chez Repiquet. Il fallait aussi trouver une clientèle. Ce seront les confectionneurs pour lesquels on produit du gommage à façon. Ils font leurs achats de tissus à Roubaix Tourcoing, ils font l’économie des transports, le « gommeur » de Roubaix va les chercher. Pennel & Flipo auront bientôt un agent unique à Paris au n°3 rue André-Gill de 1926 à 1929 (Métro Pigalle) puis au 70 rue de l’aqueduc de 1929 à 1936, (Métro Stalingrad) et enfin boulevard Voltaire.

Bulgomme Coll. Particulière
Bulgomme Coll. Particulière

En 1932, le Bulgomme, caoutchoutage cellulaire, fait l’objet d’un brevet. Il contribuera à assurer solidement la réputation de la maison, alors qu’elle produit encore les articles qui l’avaient fait vivre jusque là, à savoir les culottes, alèzes, bavoirs, bonnets de bain, tabliers en tissus imprimés caoutchoutés. La gomme renforcée remplace progressivement le taffetas huilé.

En  1932, on prépare la loi sur les allocations familiales. Certains industriels pratiquaient déjà la prime en faveur de la mère au foyer. Quand parut la loi sur les allocations familiales obligatoires, les prestations légales étaient inférieures à celles déjà pratiquées. L’année suivante, en 1933, cinq entreprises dont Pennel et Flipo (Leclercq Dupire, Léon Olivier, Lesaffre et cie et Saint Gobain) versent une allocation complémentaire pour couvrir la différence.

L'usine en 1936 Coll Particulière
L’usine en 1936 Coll Particulière

On poursuit l’équipement, signe de l’évolution de la production. En 1933-1934, il est procédé à l’achat d’une quatrième calandre chez Repiquet. Pennel & Flipo, à cette époque, c’est 100 salariés. On célèbre les traditionnelles fêtes patronales suivantes : la Sainte-Anne pour la confection, et la Saint-Eloi pour la fabrication. Le bilan des dix ans est positif. Firmin Dubar pouvait être fier de ses filleuls.

à suivre

D’après l’historique de la société Pennel et Flipo, et le Journal de Roubaix


[1] Firmin Dubar (1860-1947) directeur de la firme textile Dubar-Delespaul à Roubaix, parrain de la nouvelle société.

Le mystère du vase de Sèvres

Parmi les monuments qui agrémentent çà et là le beau jardin, alias le Parc de Barbieux, se trouvait autrefois un imposant vase de Sèvres en grès céramique. L’auteur de cette œuvre était le sculpteur Gauvenet, entré à la Manufacture nationale de Sèvres en mai 1908, pour y être sculpteur de 1912 à 1925, puis artiste-sculpteur de 1925 à 1943. Il est l’auteur de nombreuses sculptures et formes, et notamment des vases.

Le pavillon des deux villes à l'exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière
Le pavillon des deux villes à l’exposition des arts décoratifs de 1925 Coll. Particulière

Ce vase de couleur blanc crème provenait de l’Exposition des Arts décoratifs de 1925, à laquelle participèrent conjointement les villes de Roubaix et Tourcoing. Ses dimensions étaient considérables : 7 mètres 30 de hauteur, trois mètres de diamètre, à sa partie le plus ventrue. C’est une délibération du conseil municipal du 18 juin 1926 qui nous donne l’origine de la présence de cette urne monumentale. Il s’agit d’un don de l’État à la ville de Roubaix.

Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx
Le vase de Sèvres du Beau Jardin CP Méd Rx

Nos édiles ne souhaitèrent pas le placer à l’intérieur du parc, dont il aurait immanquablement obstrué la vue. Ils préférèrent lui donner comme emplacement un rond-point situé en bordure de l’avenue Jean Jaurès, situé à égale distance de la Laiterie et de l’extrémité du parc côté Croix. C’était un des points les plus hauts du parc, qui conviendrait parfaitement à sa mise en valeur, sans gêner pour autant la perspective d’ensemble du parc. Il en coûta 12.200 francs pour installer ce monumental vase.

Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin
Victor Provo inaugurant le golf miniature Photo Nord Matin

Il disparaîtra en février 1962, à cause de son mauvais état. Les concessionnaires du Bol d’Air utilisèrent son emplacement pour des pistes de pétanque plus prosaïques, la pelouse comprise entre le Bol d’Air et le vase étant reconvertie en un golf miniature. C’est un véritable centre de délassement, pour reprendre les termes de l’époque, que Victor Provo, maire de Roubaix,  inaugura début juillet de la même année. Le golf miniature et les cinq pistes de pétanque faisaient partie d’un ensemble de travaux comprenant également les nouvelles terrasses du Bol d’Air.

Le golf miniature Coll. Particulière
Le golf miniature Coll. Particulière

Quand les loisirs prenaient le pas sur les commémorations symboliques…

Pennel & Flipo : les débuts roubaisiens 1921-1924

La première société Pennel & Flipo est constituée en 1921 et ses locaux se trouvent dans un ancien café reconverti en atelier (Estaminet Hiroux en 1914). Aujourd’hui démoli, ce café, qui appartenait à la Brasserie Jonville, était situé au n°58 rue de l’espérance. Jean Pennel a 25 ans, il est chimiste. Joseph Flipo a 29 ans, fils de fabricant, il est dans la finance.

Publicité dermoplaste Willot Coll. Particulière
Publicité dermoplaste Willot Coll. Particulière

Ils vont se lancer dans la fabrication d’un sparadrap pharmaceutique, le dermoplaste Willot, un produit du laboratoire Joseph Willot, le pharmacien roubaisien bien connu de la rue du vieil abreuvoir. Mais le dermoplaste ne suffit pas à faire vivre la société. Ils font la découverte d’un produit à Paris, les culottes bébé en feuille de gomme de couleur naturelle. Le produit est fabriqué par la société S.I.T. caoutchouc Paris, qui sera reprise par la société Kléber Colombes. C’est la grande époque du caoutchouc ! A Roubaix, Emile Degraeve établit la manufacture de caoutchouc du Coq français (n°173 en 1885) qui sera reprise par la société Hutchinson.

Société Degraeve Col Méd Rx
Société Degraeve Col Méd Rx

Les commandes augmentent, on complète la gamme: un bavoir, une alèze… Côté dermoplaste, d’autres produits : le taffetas Pierart, œuvre d’un pharmacien parisien, qui change le traditionnel taffetas chiffon à base d’huile de lin par une feuille caoutchoutée, et un autre fournisseur, Morel, pour acheter du drap d’hôpital afin de renforcer le rayon pansement. Mais tout cela revient cher : trop de fournisseurs, trop d’intermédiaires. Les deux associés se décident à passer à la fabrication du principal produit, la culotte bébé en caoutchouc ! Ils ont bien un fournisseur de feuilles, la maison Lick et Paramount de Paris, mais elles sont de qualité irrégulière et en quantité insuffisante ! Alors, fabriquer le produit de base ?

Les parrains de l'Oiseau de France Monde Illustré 1923
Les parrains de l’Oiseau de France Monde Illustré 1923

Leur projet est clair : il faut construire un immeuble, y mettre du matériel, apprendre à s’en servir, et trouver l’argent nécessaire. Pour l’argent, des souscripteurs ont accepté de prendre le risque, ils y retrouveront plus que leur compte après coup. Il y a tout d’abord Adolphe Delmasure et ses deux frères. Adolphe Delmasure (1890-1978) est une personnalité de l’Action Catholique du département du Nord. Fils d’industriel et lui-même petit patron, il est à l’origine des secrétariats sociaux et de l’émergence du syndicalisme chrétien C.F.T.C. dans le Nord. Puis Firmin Dubar (1867-1947) a participé. Lui, c’est la famille. Il est l’oncle des deux partenaires. Sa sœur Marie Dubar a épousé Charles Flipo, lesquels sont les parents de Joseph Flipo. La femme de Firmin Dubar est une Pennel. Et il possède des terrains dans le quartier du Hutin, ce qui n’est pas négligeable. Vient ensuite Alphonse Louis Allard (1860-1936), un important industriel roubaisien. Ils reçoivent aussi de l’aide de la part de l’Abbé Pinte lequel était chimiste de formation. L’abbé Jules Pinte, Firmin Dubar et Joseph Willot, c’est l’équipe reconstituée de l’Oiseau de France, journal de résistance pendant la première guerre. Ce sont des héros !

L'usine Pennel & Flipo en 1934 Coll Particulière
L’usine Pennel & Flipo en 1934 Coll Particulière

Avec de tels parrainages, le 10 juin 1924, la société anonyme des Ets Pennel & Flipo est créée avec un capital de 900.000 francs. Elle absorbe la première affaire qui apporte ses actifs. Un beau champ de blé est acheté dans le quartier du Hutin et un premier immeuble est construit.

 (à suivre)

D’après l’historique de la société Pennel et Flipo, et le Journal de Roubaix

La Maison du livre, une libraire du centre ville

Roubaix est une ville d’imprimeurs et de libraires. Au dix-neuvième siècle, dans la rue du vieil abreuvoir se trouvait l’imprimeur lithographe Lesguillon, qui occupa les n°17, 19 et 44. A deux pas, dans la rue Nain, il y avait l’imprimerie Jenicot. Au début du vingtième siècle, on trouvait à Roubaix une trentaine d’imprimeurs et autant de libraires. On trouve trace dans le Ravet Anceau en 1895, d’une librairie au 21 de la rue du vieil abreuvoir : Mme Laplace de Tayrac, dont le mari est contrôleur des douanes, tient là une librairie papeterie. Elle sera reprise par Melle  Vieillard, signalée en 1910 par le Ravet Anceau. Après la première guerre, dans les années vingt,  la librairie prend le nom de Maison du Livre et devient la propriété Dendievel.

La Maison du livre des années trente. Coll particulière
La Maison du livre des années trente. Coll particulière

C’est en 1935 que M. Bonnehon, professeur au Conservatoire National de Roubaix et directeur du Petit Monde Artistique de Roubaix, perpétue la vocation de l’établissement. Une publicité parue dans le Journal de Roubaix présente la librairie comme la maison de l’élite intellectuelle de Roubaix. On y trouve toutes les nouveautés, un grand choix de livres techniques, des œuvres poétiques. Un nouveau rayon vient d’apparaître pour le théâtre et on y trouve toutes les livres classiques. La librairie proposera également des romans de voyage et d’aventure, des livres pour enfants, ainsi qu’un grand choix d’estampes, d’eaux-fortes et de dessins, les revues et les journaux trouvent également place sur ses rayons. Enfin, une nouvelle vitrine mettra en valeur le magasin.

La Maison du livre de M. Bonnehon Coll Particulière
La Maison du livre de M. Bonnehon Coll Particulière

M. Bonnehon cède sa librairie en 1972 à M. et Mme Lenglet. Le premier étage du magasin accueille alors une nouveauté, le club de livres France loisirs, alors que disques et cassettes viennent renforcer les rayons de la Maison du Livre. Le développement est tel que la Maison du Livre va un temps s’installer au n°27 de la rue du vieil abreuvoir, dans l’ancienne poste. On y retrouve tous les rayons de la librairie traditionnelle : lettres, sciences, poésie, tourisme, religion, loisirs. Sans oublier la papeterie, le dessin et les objets d’arts[1]. En 1986, Bédéphile, un magasin spécialisé dans la présentation et la vente des bandes dessinées, voit le jour au n°21, tenu par le fils de M et Mme Lenglet.

La Maison du livre au n°27 Coll Particulière
La Maison du livre au n°27 Coll Particulière

En 1994, la Maison du Livre quitte la rue du vieil abreuvoir et va s’installer au n°21 de la Grand rue. Cette imposante librairie est à la fois maison de la presse, dépôt de France Loisirs, dispose de rayons consacrés aux dvd et cd roms, et continue de proposer des ouvrages pour tous les goûts, sans oublier la papeterie. En 2002, M. et Mme Lenglet prennent leur retraite et cèdent leur librairie à l’un des vendeurs, M. Lejon, David Lenglet poursuivant le Bédéphile de la rue du vieil abreuvoir. Mais le 21ème siècle sera fatal à cette librairie plus que centenaire, qui renoncera devant la concurrence d’une grande surface de 1200 m2 installée au printemps 2005 dans le centre commercial Espace Grand rue.

La Maison du livre Grand rue Coll Particulière
La Maison du livre Grand rue Coll Particulière

 


[1] In La Maison du Livre, 100 ans de librairie, de passion et d’indépendance » Décembre 2004 Quelle belle idée Editions