Le collège abandonné

Quand on emprunte la rue du Gauquier à Wattrelos et qu’on atteint le relais du vieux puits, on franchit la frontière et on se retrouve dans la rue de Moscou d’Estaimpuis. Une centaine de mètres plus loin, on aperçoit sur la droite un imposant bâtiment abandonné. Il s’agit du collège Jean-Baptiste de la salle d’Estaimpuis.

Vue du collège doc Google Maps

Cet établissement d’enseignement confessionnel fait partie de la nombreuse liste d’instituts s’étant installés le long de la frontière, côté belge, au moment de la loi du 7 juillet 1904 qui était relative à la suppression de l’enseignement congréganiste, dite « loi Combes », loi de la République française qui interdit l’enseignement en France à tous les congréganistes et les congrégations religieuses, même autorisées, et organise la liquidation de leurs biens.

Le pensionnat du temps de sa splendeur Coll Part

Des groupes de pères de famille (l’expression est celle du Journal de Roubaix) désireux de conserver à leurs enfants leurs maîtres et enseignements religieux s’étaient associés un peu partout pour créer et confier ces établissements aux Frères des écoles chrétiennes en Belgique. Ainsi trouve-t-on à Leers-Nord le pensionnat des sœurs de la Sagesse, ou le Pensionnat de la Sainte Union à Estaimpuis.

Vue aérienne du Collège Coll Part

Le collège Jean-Baptiste de la salle fut d’abord provisoirement installé à Kain les Tournai en 1904, avant d’être transféré en octobre 1908 sur son emplacement actuel, près de la gare d’Herseaux. La remise des prix de l’année 1907/1908 eut d’ailleurs lieu dans la toute nouvelle chapelle du collège, avant que la rentrée d’octobre n’accueille les nouveaux collégiens.

Le collège aujourd’hui doc Google Maps

Ouvert en 1908, le collège fermera définitivement ses portes en 1984. Le somptueux bâtiment subit alors une lente dégradation, jusqu’à tomber en ruines. Un premier projet de réhabilitation en logements privés de luxe a été présenté en 2004, puis un autre en 2010. Il s’agissait de transformer l’établissement en 65 appartements, lofts et duplex, 3 200 m2 de bureaux et une piscine privée. Ce second projet a été mis en œuvre, mais n’a pas pu aller à son terme en raison d’incendies à répétition et de la fiabilité du promoteur. Depuis, le bâtiment est de nouveau à l’abandon.

Motte-Bossut 1926

Une vieille photo retrouvée dans un grenier et il n’en faut pas plus pour réactiver l’envie de faire quelques recherches. La photo est signée Alexandre Mischkind qui était un grand photographe roubaisien de l’entre deux guerres. Elle a été offerte comme souvenir de la fête en l’honneur des médaillés du travail qui s’est déroulée le 29 aout 1926. Bien qu’elle ait un peu souffert, elle reste un document de l’époque et notamment pour les salariés des établissements Motte-Bossut fils de Leers.

Motte-Bossut 1926 doc coll fam

Nous parcourons la presse de l’époque et nous y trouvons un compte-rendu que nous vous livrons in extenso ci-dessous.

Une fête des médaillés du travail.

Trente cinq ouvriers de la maison Motte-Bossut récemment décorés de la médaille du travail ont été l’objet d’une charmante réception dimanche après-midi. Les décorés s’étaient réunis à l’usine où l’Harmonie municipale est allée les chercher pour les conduire à la Mairie, où ils ont été reçus par l’Administration municipale. Monsieur Joseph Leroy, maire, entouré du Conseil Municipal, a félicité chaleureusement les braves ouvriers, dont la vie de labeur vient d’être récompensée, et a formulé à leur adresse et à celle de leurs familles, les meilleurs vœux. M. Jules Couque, au nom des médaillés, a remercié en termes excellents l’Administration municipale. Après l’exécution de la Marseillaise et le chant d’un chaleureux vivat en l’honneur des décorés, un vin d’honneur a été servi et la fête s’est prolongée dans une atmosphère de franche et cordiale sympathie.

La maternité de Wattrelos

En janvier 1935, les travaux d’agencement étant complètement terminés, les services de la maternité vont pouvoir fonctionner. L’inauguration officielle a lieu le dimanche 20 janvier à 10 heures 30 en présence de l’administration municipale, du Conseil Municipal et du représentant de M. le Préfet du Nord.

Cette cérémonie marque la fin de toute une série de travaux dont le montant s’élève à plus de un million et six cents cinquante mille francs. Le programme a pu être réalisé grâce au concours financier de la ville, qui a voté un crédit de 936.000 francs et une subvention allouée par le Pari Mutuel de 750.000 francs. En plus de la construction de la Maternité, la commission administrative a pu étendre son programme primitif en raison des rabais obtenus lors de l’adjudication du gros œuvre soit environ 400.000 francs. Elle a apporté d’appréciables améliorations dans l’ensemble des services : installation d’une chaufferie générale avec canalisations souterraines la reliant aux différents pavillons, construction d’un pavillon pour les religieuses, installation d’une cuisine moderne mixte gaz vapeur. L’amélioration des services de l’hôpital par le déplacement du Centre chirurgical va permettre de séparer par la suite d’une façon plus complète et plus pratique les services de médecine et de chirurgie. La construction de huit nouveaux logements pour vieux ménages porte leur nombre à vingt. Ces travaux terminés, les établissements hospitaliers comptent actuellement environ 380 lits (hospice hommes et femmes), vieux ménages, hôpital, contagieux et maternité.

Vue aérienne, la maternité est le bâtiment de droite Coll Part

Une cérémonie d’une grande simplicité se déroule le dimanche 20 janvier à l’hôpital de Wattrelos, à l’occasion de l’inauguration de la maternité et des autres travaux importants. Une réunion s’est tenue dans le coquet intérieur de la nouvelle maternité en présence de M. le docteur Vieilledent, inspecteur de l’hygiène, délégué de M. le Préfet du Nord, de M. Paul Debeurme, président de la commission administrative des hospices, de MM les docteurs Victor Leplat, Maillard, Jean et René Leplat, de l’administration municipale, représentée par M. Delvainquière et de nombreux conseillers municipaux, de MM. Cuenot commissaire de police, Lepercq architecte, Lombaert, Delcroix, Arbion, Brunelle, administrateurs des hospices, Honoré économe des établissements hospitaliers, Dusoulier secrétaire adjoint de la mairie, Couillet chef des travaux, Houttemane secrétaire de police, Tonneau brigadier de police.

Paul Debeurme doc JdeRx

M. Paul Debeurme fit l’historique des établissements hospitaliers et parla de leur développement. Il salua ensuite M. Vieilledent et félicita M. Lepercq architecte. Il remercia l’administration municipale de sa générosité envers les hospices et rendit hommage à M. Honoré aux religieuses et au personnel dévoué. Il exprima sa reconnaissance à MM. Les docteurs et particulièrement à M. Victor Leplat qu’il salua comme le doyen des établissements puisque le distingué praticien les fait bénéficier de sa science depuis le 11 juin 1888, soit presque un demi-siècle.

M. Vieilledent exprima les regrets de M. le Préfet retenu par ailleurs. Il se dit heureux de venir à Wattrelos et se plut à reconnaître la parfaite organisation qui règne dans les établissements hospitaliers. Il félicite les personnalités qui ont contribué à l’édification de la maternité et à l’exécution des autres travaux. Il assure enfin les personnes présentes de la bienveillance de M. le Préfet pour le succès de l’œuvre, qui se développera grâce aux concours intelligents de la sage-femme, des religieuses et du personnel. Après ces allocutions, les personnalités visitent la maternité la salle de chaufferie et les différents pavillons où d’utiles améliorations ont été effectuées. Une délégation a tenu après l’inauguration à aller déposer une gerbe sur la tombe de M. Ledoux ancien économe.

À l’occasion de l’ouverture, le public est admis à visiter les nouvelles installations le dimanche 27 janvier de 10 heures à midi et de 14 heures 30 à 16 heures 30.

à suivre

Histoire de Leers

Lorsqu’il entreprend l’écriture de ce livre, l’abbé Monteuuis a déjà été lauréat du prix Montyon décerné par l’académie française pour son ouvrage « l’âme d’un missionnaire ». Il est arrivé à Leers en 1898 et très vite il a été concerné par le projet de Monseigneur Sonnois archevêque de Cambrai qui souhaitait que ses curés écrivent la monographie de leur paroisse1.

Il se met donc au travail. Il consulte les archives communales, qui ne remontent qu’en 1837 et les registres paroissiaux qui ne vont pas au-delà de 1700. Il élargit l’horizon de ses recherches et s’intéresse à l’histoire de la châtellenie de Lille à laquelle appartenait la plus grande partie du pays et celle de l’évêché de Tournai dont dépendait la paroisse de Leers.

La couverture du livre Histoire de Leers

Dans l’introduction, il présente le Leers de son temps, en 1905, puis raconte l’histoire de Leers en trois parties : les origines, la féodalité, l’église et la paroisse. Pour la première partie, il travaille sur l’étymologie de Leers, les triez, l’origine et l’ancienneté du village et les armes de Leers (héraldique).Pour la seconde partie, il reprend les travaux de Théodore Désiré Joseph Leuridan (1819-1900) bibliothécaire archiviste roubaisien qu’il rencontre en sa maison de Roubaix pour échanger avec l’aimable érudit, quelques mois avant sa mort.

Il dépouilla si bien toute sa science, nous parlant des vieilles censes et des vieux châtelains comme il nous causait de ses petits enfants que nous pûmes puiser abondamment à cette source lumineuse et féconde.

Suit un inventaire précis des lieux dits composant la terre de Leers et de leurs propriétaires. Pour la troisième partie, il établit l’histoire chronologique de l’église et de la paroisse de Leers, en évoquant les principaux évènements et en listant la vie des curés qui se sont succédé à la tête de la paroisse. Une conclusion très morale sur l’histoire qui vient d’être racontée vient achever ce bel ouvrage.

Autographe de l’abbé Monteuuis extrait du livre

Ce livre très précis et rigoureusement écrit est un outil précieux pour la mémoire des leersois qui y retrouveront la trace de leurs ancêtres sinon l’évocation historique de la vie de leur paroisse. Il est paru en 1905 chez un imprimeur lillois Lefebvre-Ducrocq et il a été réédité par les soins de l’Association Leersoise d’études historiques et folkloriques en 1985 dans la collection Histoire, Westhoek, les éditions des Beffrois. Plus récemment il a été publié dans la collection des monographies des villes et villages de France en 2008 aux éditions le livre d’histoire, Lorisse éditeur, Paris.

1Histoire Leers page 12

Mars 1904

Le journal des sports de mars 1904

Football. Match retour entre le Racing Club Roubaisien et l’Union Sportive Boulonnaise, respectivement champions de la région terrienne et champions de la région maritime. Les deux équipes jouent à Boulogne et font match nul un but partout. Le vent violent a perturbé l’agencement du jeu. La première rencontre ayant été remportée par le RCR par 10 à 0, les roubaisiens sont donc champions du nord pour la troisième fois .

Escrime. La fête sportive et musicale organisée par le cercle d’escrime L’Union Roubaisienne a obtenu un grand succès en son local de la rue des Arts. On signalera les assauts de M. Dubus contre M. Rosez, M. Désiré Loridan président du Contre de Sixte contre M. Couset, M. Surmon professeur à Roubaix contre M. Bernard maître d’armes au Contre de Sixte. Une démonstration de boxe a été présentée par M. Losfeld et deux de ses plus jeunes élèves. Puis un assaut de canne entre MM. Van Coppenolle et Lauwerrier, tous deux du Contre de sixte a fait l’objet d’un rappel par les spectateurs. Enfin une démonstration de boxe française (méthode Charlemont) a été effectuée par MM. Lorthiois et Van Coppenolle. La partie musicale a été assurée par MM. Vandenboken, Daerinck et Verhaegen et Bus. La soirée s’est terminée par une comédie en un acte Rosalie, parfaitement interprétée.

Publicité mars 1904 JdeRx

Cyclisme. La fanfare cycliste du Nord Tourisme a fait une première répétition à bicyclette sur la pelouse du Vélodrome Roubaisien. Le retour au local Café Régnier Brancquart, Grand Rue, s’est effectué en musique, par le boulevard de paris et la rue neuve, au milieu d’une escorte de cyclistes et de curieux.

Boxe. Une fête intime aura lieu à la salle de l’Académie de boxe française, 47 rue Saint Georges à Roubaix. Au programme de nombreux assauts de boxe et de canne disputés par les professeurs MM. Desruelles frères, et des maîtres étrangers ainsi que des élèves des deux salles de Roubaix et Tourcoing. Les amateurs de lutte auront également satisfaction avec un match de lutte entre M. Paul Boghaert professeur attaché aux salles Desruelles et M. Velghe l’amateur renommé.

Publicité mars 1904 JdeRx

Escrime. L’assaut de la salle Dubar aura lieu lundi suivant 7 mars dans la coquette salle de la rue Neuve. Parmi la pléiade de tireur signalons la présence de MM. Riant et Herpin professeurs à Lille, Deschamps professeur à Tourcoing, Robert président du Cercle d’escrime de Lille, Fort et Dubar professeurs à Roubaix et tous les élèves de la salle Dubar, MM. Valentin, Nys, Lefrançois, Lestienne, Delétang.

Cross Country. Le Championnat du Nord a été couru sur le terrain de l’Union Sportive Tourquennoise, le départ a été donné à la mi-temps du match de football UST-RCR. Il y avait là 35 concurrents pour se disputer le titre. En individuel, la victoire revient à M. Verhaege du Stade Roubaisien et le classement par clubs également au Stade roubaisien qui place quatre coureurs dans les dix premiers.

Gaston Ragueneau en 1904 Photo La Vie au grand air

Cross Country. Le challenge international du Racing Club de Roubaix s’est couru par un temps superbe. Près de cent coureurs venus de Paris, Calais, Arras, Douai et les sociétés locales ont participé. C’est le grand favori, Ragueneau de la Société Athlétique de Montrouge qui l’a emporté, et trois clubs parisiens se classent aux trois premières places du classement par équipes.

Football. La demi finale du championnat de France entre le RCR et le Club Sportif Havrais n’a pu avoir lieu, les havrais ont fait forfait. Les roubaisiens ont donc matché le cercle sportif brugeois et remporté la partie par 7 buts à 2.

Le Stade Roubaisien a transféré son siège social au Café Moderne 1 rue de la Gare à Roubaix.

Un cinéma à Leers

Du temps de la longue rue, Henri Messian et Jeanne Tailliez tiennent l’estaminet au n°21. Henri est directeur du cinéma à la même adresse en 1906, selon les listes du recensement. En 1931, c’est Martial Messian qui est mentionné directeur du cinéma, son père Henri restant cafetier. Martial est alors âgé de 26 ans. En 1936, Les époux Léorini ont pris en gérance le café et le cinéma au 21 de la rue Joseph Leroy à Leers.

L’estaminet et le cinéma du Triangle doc Leers Historique

Pendant la guerre M. Léorini fit partie du train de Loos et fut déporté. Parti à 96 kilos, il revint pesant à peine 43 kilos suite au passage dans les camps de la mort, au travail forcé, aux coups et blessures, aux longues marches. Il est revenu squelettique et méconnaissable, à deux doigts de la mort. De ce fait, il a reçu la médaille de la reconnaissance française. Le cinéma devient le Réal Ciné.

M. et Mme Léorini doc NE

En 1946, le cinéma fonctionne à nouveau avec le couple Léorini, ce sont de braves gens qui ont recueilli un jeune réfugié belge qui retrouvera sa famille après la guerre. Le tenancier du cinéma a reçu le titre de citoyen d’honneur de la cité car il n’a jamais refusé, comme sa femme d’ailleurs, de mettre sa salle gratuitement à la disposition des groupements aux buts d’entraide.

La salle de cinéma sert donc également à des réunions mais aussi à des spectacles de théâtre, ainsi le groupe lyrique des amicales laïques s’y est produit maintes fois. En mai 1951, y est organisé le gala de Miss Leers dont l’élection fut précédée par un bal animé par l’orchestre des gardiens de la paix de Lille. Après quelques heures de musique et de danse, on départagea les onze concurrentes toutes bien jolies. Jean Rémy de Radio Lorraine animait la cérémonie. Les gardiens de la Paix de Lille firent office de jury neutre pour départager les deux concurrentes les plus en vue. Ce fut finalement Melle Régine Dupont 16 ans, domiciliée 50 Gibraltar droite qui fut élue. Elle reçut de nombreux cadeaux et notamment un voyage à l’île de Walcheren aux Pays Bas. Elle doit participer à la finale de Miss Nord le 24 novembre à Lille.

Régine Dupont Miss Leers 1951

La fête ne s’arrête pas là. Le cinéma Léorini devient le cadre de l’émission « on recherche des vedettes de la chanson ». Onze candidats se présentent dont six sont retenus. Il s’agit de Maurice Wostyn, Edith Renard, Michèle Poclet, Paul Jeandel, Michel Meurisse, Théophile Dejardin qui furent tous récompensés par des cadeaux offerts par les commerçants, que l’Association des vieux travailleurs remercia bien sincèrement.

Sources Leers Historique « Les estaminets leersois », le Journal de Roubaix, Nord éclair.

Le cinéma Pax

La Fédération des loisirs familiaux fait construire un cinéma au milieu de la rue Saint Joseph, en mars 1933. On peut déjà admirer l’imposante façade de cet établissement moderne, l’un des plus beaux et des plus vastes de la région. Il pourra contenir 1.200 personnes. Les travaux doivent être terminés pour Pâques.

Le cinéma Pax en construction mars 1933 doc JdeRx

La Fédération des loisirs familiaux, dont le siège social est au 130 de la rue du Blanc-Seau à Tourcoing, et dont l’administration se trouve au 214 Grand Rue à Roubaix, estime que trop souvent les entreprises de divertissement contribuent à la décadence des mœurs et servent de propagande aux idées les plus subversives. Elle se donne pour but d’offrir des distractions et des spectacles attrayants et modernes tout en demeurant sains et honnêtes. Elle ne veut pas laisser le monopole des entreprises de divertissement à ceux qui en font un usage néfaste. Aussi se propose-t-elle de créer et de gérer des cafés, salles de consommation et de jeux populaires, cinémas, bibliothèques. Elle organise également des excursions, voyages et villégiatures1

Une des premières séances du Pax en 1933 doc JdeRx

De fait le cinéma Pax va ouvrir ses portes le samedi 29 avril 1933. On termine actuellement l’aménagement intérieur et les spectateurs pourront bientôt admirer cette magnifique salle spécialement étudiée pour satisfaire les exigences de l’art, du confort et du spectacle. Les premiers terrassements ont été effectués en novembre 1932, et en moins de six mois une nouvelle salle de cinéma est apparue, un véritable tour de force. Avec le concours de M. Desplanque, architecte à Roubaix, la direction du cinéma s’est efforcée de s’adapter à la technique toute nouvelle du « parlant ». La décoration intérieure est de style moderne, d’une extrême simplicité de ligne, mais d’un aspect imposant rappelant le Gaumont Palace, une des plus belles et des plus vastes salles de Paris. Mille spectateurs s’y trouveront à l’aise dans d’excellents fauteuils réservés à des prix très modiques. C’est donc un grand succès en perspective pour le Pax. Cette salle de cinéma ambitionne d’apporter à toute la population laborieuse de Wattrelos quelques distractions, un peu de repos et de paix au milieu des soucis et des difficultés de l’existence.

L’intérieur du cinéma Brochure Loisirs familiaux

La direction du Pax n’a pas hésité à faire appel aux maisons les mieux qualifiées de la région. Ainsi les établissements Augustin Masquilier fils de Tourcoing se sont vus confier l’entreprise générale de cet imposant immeuble. La charpente métallique et les travaux de ferronnerie ont fait l’objet de tous les soins des établissements Goethals et Cie rue d’Angleterre à Tourcoing. Les travaux de plâtre et de staff ont été réalisés par la Maison Louis Allard fils rue Notre Dame à Roubaix. L’installation du chauffage a été faite par la maison Georges Blomme rue de Rohan à Roubaix, qui a installé un système de chauffage par groupe aéro-calorigène avec humidification de l’air. Cet appareil pourra donc servir l’été pour la ventilation et le renouvellement de l’air. La Maison Decoulange et Julien 83 Grand Rue à Roubaix s’est chargée de l’équipement en électricité du cinéma. La salle bénéficie d’un éclairage indirect du plus heureux effet s’accordant bien avec le style moderne de la décoration.

On pourra se procurer des tickets d’entrée aux pris de 3 frs, 4 frs, 5 frs et 7 frs. La première représentation a lieu le samedi 29 avril à 19 heures 30. Le dimanche les séances seront données à 15 heures et 18 h 30. On pourra y voir toutes les belles productions de l’art cinématographique, chefs d’oeuvre émouvants et comiques, avec les meilleurs artistes du monde. La population wattrelosienne s’est rendue en nombre à cette première séance et assista à un grand programme réunissant Noël Noël, Tramel, Pauley et Dréan.

Le cinéma Pax aujourd’hui n’est plus un cinéma doc google maps

Le cinéma Pax sera le fleuron de cette fédération, qui gérera également les cinémas du Foyer Populaire à Linselles, le Cinéma Roncquois, le Cinéma Rex 214 Grand Rue à Roubaix et un certain nombre de cafés.

1Extrait d’une brochure de présentation de la Fédération des Loisirs familiaux, société anonyme à capital variable.

L’abbé Monteuuis

Gustave Isidore Monteuuis est né à Bourbourg en 1857 d’un père professeur. Il est le cinquième enfant d’une fratrie qui en comporte dix. Il sera prêtre du Diocèse de Cambrai (1882-1913), puis de celui de Lille. Il fut un temps professeur de philosophie au Collège des Dunes à Dunkerque puis il sera le Curé de Leers de 1898 à 1919. Son urbanité, son zèle et son dévouement lui valurent l’affection de ses paroissiens.

L’église de Leers Collection familiale

Licencié es Lettres en 1879, il est l’auteur d’ouvrages pieux ou historiques parmi lesquels « l’âme d’un missionnaire » primé par l’académie française (Prix Montyon 1894). Mais il est aussi l’historien de Leers, avec « l’Histoire de Leers » (1905), « Le Cambriolage de l’église de Leers », le 5 mars 1906, une belle page ajoutée à l’histoire de Leers (1906), de Bourbourg, Notice sur Notre-Dame de Bourbourg (1908), Un saint prêtre, le chanoine Hooft, ancien doyen de Bourbourg (1817-1908) (1908), enfin c’est un passeur de mémoire idéal, avec « Sous le joug allemand, les Allemands à Leers du 22 août 1914 au 11 novembre 1918 », chez l’imprimeur Desclée et De Brouwer, octobre 1919.

L’abbé Monteuuis Collection Particulière

Concernant Leers, les deux ouvrages qu’il consacre à sa paroisse sont ceux d’un historien de qualité et d’un passeur de mémoire. Il avait amassé dès son arrivée à la tête de la paroisse en 1898 une documentation abondante auprès des Archives Départementales et Communales, des sociétés savantes dont il était membre et des anciens Leersois dont il avait recueilli les souvenirs. Son ouvrage sur l’occupation allemande à Leers a vraiment été écrit de l’intérieur puisqu’il a été présent dans sa paroisse tout ce temps-là.

Paraphe du chanoine Monteuuis

L’abbé Monteeuis a célébré son jubilé à Leers le 22 septembre 1901. Puis il a prêché le Triduum d’Adoration en l’église de Notre-Dame, à Roubaix, les 27, 28 et 29 juillet 1909. Nommé chanoine titulaire à Lille en 1919, il décède quelques mois plus tard le 9 avril 1920. Il est inhumé à Leers.

La pierre tombale de l’abbé à Leers extrait site geneanet

Février 1904

Le journal des sports de février 1904

Hockey. Le Racing Club de France n’a fait qu’une bouchée de la jeune équipe du Racing Club de Roubaix qui a été battue par quatorze buts à un sur ses terres.

Estaminet de la Tonne d’or rue de Lannoy Coll Particulière

Tir. La société d’archers du Cœur Joyeux établie chez M. Louis Dutrieux, donnera un tir de 500 francs le premier dimanche du mois de mars prochain. Alphonse Parsy de la société des Sans Peur de la rue d’Alger est sorti vainqueur de la partie d’arbalète qui s’est déroulée à l’estaminet de la Tonne d’Or rue de Lannoy. Il était opposé à M. Paul Dubus.

Football. Le Club Sportif Wattrelosien rencontrait l’Étoile Sportive de Roubaix Wattrelos ce dimanche. L’Étoile Sportive ne présentait que 9 hommes sur le terrain. Le score est éloquent, le CSW l’emporte par 22 buts à 0.

Escrime. L’académie d’armes de Roubaix se réunit en assemblée générale à son local au Café Fourmisien rue du vieil abreuvoir. Les personnes désireuses de faire partie de la société peuvent se faire inscrire chez le professeur M. Victor Fort, 164 rue de Lille à Roubaix ou auprès de M. Jules Scarceriau au Café Fourmisien.

Un partenaire incontournable ! extrait site Gallica

Cyclisme. Le club des Imperforables vient de se créer au Café du Cycle, 20 rue du Collège à Roubaix. Paul Six en est le président et Victor Turpain le capitaine de route. Le but de la société est de faire des excursions en groupe. L’adhésion des sociétaires au Nord Touriste a été décidée, afin de bénéficier des avantages que procure cet organisme : libre circulation aux frontières, assurance contre les accidents. On peut s’inscrire au local.

Cross Country. Le championnat du Nord de cross country se disputera à Calais le dimanche 7 février. Voici les clubs engagés pour cette épreuve importante : Racing Club Roubaisien (tenant), Racing Club d’Arras, Stade Roubaisien, Iris Olympique Roubaisien, Racing Club de Calais, Union Sportive de Calais. Une équipe militaire du 8e de ligne prendra part à cette épreuve mais ne comptera pas pour le championnat.

Classements football doc JdeRx

Football. Championnat du Nord. Le Racing Club Roubaisien a battu l’IS Lille par 8 buts à 0. Les roubaisiens sont donc champions du nord première série en terrien et rencontreront l’US Boulonnaise, champion de la région maritime.

Cross Country. M. Deregnaucourt du Stade Roubaisien s’est attribué la première place du classement individuel après avoir accompli les quinze kilomètres du parcours en 1 heure et 13 minutes. Il faut signaler l’excellent résultat de l’équipe militaire composée de huit hommes du 8e de ligne et qui a accompli le parcours de groupe en 1 heure et 16 minutes.

Athlétisme. Le Club des Sports de Roubaix va organiser une grande fête sportive au théâtre des menus plaisirs rue Cugnot à l’Epeule. Les principaux artistes et athlètes de la région prêteront leur gracieux concours y compris le meilleur athlète tourquennois. Le Cercle Athlétique de Lille enverra dix de ses meilleurs athlètes pour rehausser l’éclat de cette fête. Chant, escrime, boxe, poids et haltères, acrobaties, le programme sera aussi complet que varié.

Football. Les championnats du Nord. Le Racing Club Roubaisien reçoit l’US Boulonnaise et ne fait pas de quartier. Dix buts à zéro ! Cela fait du club roubaisien le favori de la finale du championnat de France !

Football. Sociétés indépendantes. Le Club des Sports de Roubaix se rendra à Wattrelos pour matcher l’Étoile sportive de Roubaix Wattrelos sur le terrain des courses hippiques.

La Salle de la Concorde

Le dimanche 5 février 1933, le vicaire général Dewailly chancelier de l’évêché, vient bénir solennellement la nouvelle construction bâtie à proximité de l’église Sainte Thérèse à Wattrelos, qu’on désignera sous le nom symbolique de La Concorde. Le syndicat de formation et d’instruction professionnelle qui l’a fait construire souhaite que tout se passe dans ce nouvel établissement au milieu de l’amitié et de la paix. Il s’agit de la salle des œuvres paroissiales de l’église Ste Thérèse dont le besoin s’est rapidement fait sentir avec le développement de la paroisse.

L’église Sainte Thérèse de Wattrelos Coll. Particulière

Le rez-de-chaussée est occupé aux trois quarts par une salle de spectacle spacieuse garnie de fauteuils basculants qui pourra contenir 600 personnes sans parler des nombreuses places comprises dans la tribune en arrière de la salle. Dans le fond de cette salle de spectacle qui à l’avenir pourra recevoir l’appoint d’un second étage, est aménagé un café et tout à côté, près de l’entrée, une pièce plus petite qui sera destinée au secrétariat social et à la location des places. Au premier étage, au dessus du café, une salle ayant les mêmes proportions que celles du café servira de lieu de réunion des groupes de la Fédération Nationale Catholique, de la Ligue Patriotique, du cercle d’études sociales, des scouts, des œuvres de la couture. Deux cours plantées d’arbres donnent accès à l’immeuble, l’une par la rue de Lisieux, et l’autre par la rue du Commandant Bossut.

La salle de la Concorde en 1933 doc JdeRx

Tous ces travaux, excepté le chauffage, ont été réalisés par des maisons wattrelosiennes. M. Herbaut l’architecte 85 rue Carnot, a dirigé l’exécution de tous ces travaux. Le terrassement, la maçonnerie et le ciment age ont été l’œuvre de M. Henri Puttman 118 rue Jean-Jaurés. Les travaux de charpente et de menuiserie furent menés à bien par MM. Matthys et Martin, 1 rue sainte Thérèse. Le plafonnage a été confié à M. François Vankinkelen 4 rue du Moulin. Les pierres de taille furent installées par MM. Hanot frères, rue de Leers,. M. Georges Joveneaux rue Faidherbe installa la ferronnerie et la plomberie ainsi que la pompe à bière. Il livra également une grande cuisinière pour banquets. L’installation du chauffage a été confiée à la maison Le Morvan et Stiernet les spécialistes bien connus du 18 rue Pellart à Roubaix.

La bénédiction de la nouvelle salle La Concorde eut lieu le dimanche matin en présence du vicaire général. Une messe fut célébrée à 10 heures et la Chorale Paroissiale interpréta la messe de Guignard sous la direction de M. Vercruysse avec à l’orgue Mme Gourmez. Puis M. le curé prononça le sermon du jour. À l’issue de la cérémonie religieuse, le vicaire général, le curé plusieurs ecclésiastiques et les membres du conseil paroissial montèrent sur la scène. M. Tiers président du conseil paroissial dit la nécessité de la construction de cet immeuble pour abriter les différentes œuvres paroissiales. Il remercia les souscripteurs, les paroissiens et tous ceux qui concoururent à son érection. Monsieur le vicaire général exprima son admiration pour l’œuvre accomplie et forma des vœux pour sa prospérité. Il procéda ensuite à la bénédiction des différents locaux.

Concert d’inauguration doc JdeRx

Pour l’inauguration de la salle La Concorde le dimanche 12 février, un concert de gala est organisé. Les Wattrelosiens auront la primeur de la représentation de l’opérette « Un mariage au studio », dont le livret a été écrit par le poète-chansonnier bien connu, M. Bodart-Timal. Le compositeur wattrelosien Albert Doyen a écrit l’orchestration de cette œuvre. La musique est plaisante et bien appropriée au texte. Beaucoup d’airs entendus au cours de la représentation de cette œuvre resteront au répertoire. L’exécution de cette pièce a été confiée à la Troupe Henri Portier, à la Chorale Ste Thérèse et à la Symphonie Wattrelosienne. Un groupe d’enfants viendra agrémenter le spectacle, ce qui fera environ 80 personnes en scène et à l’orchestre. Le compositeur dirigera lui-même l’exécution. Un grand moment pour les annales artistiques wattrelosiennes. Une deuxième représentation eut lieu le dimanche 19 février 1933. Le 12 mars, la Salle de la Concorde inaugure sa fonction cinéma, avec la projection du film « La Grande Amie » en huit parties d’après le roman de Pierre l’Ermite. Les 4 et 5 juin c’est une foire aux plaisirs qui est organisée à la Concorde, café concert, restauration, de quoi satisfaire tous les goûts. La salle de la Concorde bientôt appelée Théâtre de la Concorde au n°2 rue de Lisieux devient donc un endroit culturel important du quartier du Laboureur et de de Wattrelos avec notamment sa programmation régulière de pièces de théâtre.

Le Théâtre de la Concorde doc JdeRx