Un abattoir à Roubaix

Roubaix eut autrefois son abattoir municipal. Toute trace a aujourd’hui disparu, que ce soit de l’abattoir lui-même, ou de la place et de la rue qui en découlaient. Voici son histoire. Le projet d’un abattoir municipal à Roubaix date de 1852, mais il ne peut aboutir qu’avec le décret impérial du 23 mai 1860. Jusque là, le territoire de Roubaix était parsemé de tueries particulières, dans les cours de fermes ou dans le pire des cas, les arrières cours des estaminets. Il y eut aussi un marché aux viandes qui se tint un moment sur la place de la Liberté dont l’espace exigu ne favorisait pas les conditions sanitaires. Les motivations des édiles étaient multiples : tout d’abord assurer la salubrité d’un tel service, réguler l’arrivage des viandes et centraliser les abattages. La municipalisation devait également apporter des ressources financières supplémentaires à la ville, une fois remboursé l’emprunt contracté. Pour réaliser cet abattoir un emprunt de 230.000 avait été autorisé, remboursable en 19 ans. Il sera remboursé à partir des recettes de l’abattoir. Un temps prévu à l’extrémité de la rue du Moulin Bernard (rue Bernard, aujourd’hui rue Jules Watteeuw) là où se tiendra un temps la caserne des pompiers, ce sera finalement dans le quartier du Jean Guislain, à proximité du hameau de la vigne, lequel est à l’époque en pleine campagne. L’installation de l’abattoir s’effectue donc aux portes de la ville. Le terrain situé entre les rues Lacroix et Lavoisier, est acheté le 4 Juillet 1860, les bâtiments sont adjugés le 16 Juillet 1860. Le terrain acheté n’offrant pas vers le Nord, une forme régulière, on a dû, pour le compléter, acheter à une bande de terrain complémentaire, suivant acte du 29 Décembre 1862.

Annonce dans le Journal de Roubaix

L’abattoir est ouvert aux bouchers le 12 septembre 1862. Un médecin vétérinaire fut attaché à l’établissement pour l’inspection des viandes. Le 12 décembre on y a abattu des bœufs, des taureaux, des vaches, des génisses, des veaux gras, des moutons, des porcs et des veaux de lait pour un total de plus de 3.000 têtes. L’année suivante, on dénombrera l’abattage de 13.000 têtes. Et le nombre ne fera qu’augmenter chaque année jusqu’à atteindre plus de 40.000 têtes en 1913. La réception définitive de l’abattoir eut lieu le 31 mars 1863. Le 15 mai, on procède au nivellement et à la pose d’aqueduc sur la future place qui sera dénommée Place de l’abattoir suite à une délibération municipale du 18 septembre 1867.

L’abattoir en 1904 Doc BNR Med Rx

Il semble que les aménagements se poursuivent régulièrement : construction de bergeries, porte cochère et campanile, prise d’eau, horloge, en même temps qu’on pense à le rentabiliser, un droit de pesage est perçu dès février 1863, en plus des droits d’abattage. Par la suite, la ville percevra le droit d’abri et des loyers pour l’abattoir. En 1865 la petite rue qui relie la place de l’abattoir à la grand rue prend le nom de rue de l’Abattoir puis elle deviendra en 1906 la rue Léon Allart du nom de l’industriel maire de Roubaix.

Dès lors, l’abattoir remplit sa mission et voit ses équipements se compléter peu à peu. En novembre 1871, il est procédé à l’achat d’une bascule. En octobre 1872 un crédit de 6500 fr. est voté pour travaux d’amélioration. En Janvier 1873, un marché de gré à gré est passé pour l’enlèvement des engrais provenant de l’Abattoir public. L’environnement d’un tel établissement n’est sans doute pas très agréable. Comme l’indique la pétition d’un certain nombre d’habitants au sujet de la fonderie de suif existant à l’Abattoir. En 1876, il est envisagé de construire trois nouveaux échaudoirs, sorte de cuves contenant de l’eau bouillante. On se préoccupe également des abords de l’abattoir et notamment des arbres de la place pour lesquels sont commandés des abris en fer. La grille de l’abattoir est également modifiée. Une deuxième bascule est achetée, signe de l’évolution grandissante du service. Et l’on demande l’adjonction d’un nouvel atelier : une triperie.

Vue sur la grille doc BNR Méd Rx

En 1880, il est question du rehaussement du bâtiment sans doute afin d’améliorer l’atmosphère ambiante de l’abattoir. On continue d’entretenir l’abattoir comme l’indiquent l’acquisition de tables et l’appropriation des échaudoirs. En 1883, on aura abattu plus de 20.000 têtes. Un vétérinaire assermenté est chargé de l ’inspection sanitaire des Halles et de l’Abattoir. Il opère la saisie des denrées reconnues impropres à la consommation, lesquelles sont enfouies ; il examine les bêtes de boucherie amenées en ville pour y être abattues, et fait pratiquer par un sous-inspecteur placé sous ses ordres, des inspections dans les boutiques de comestibles. L’organisation de ce service est antérieure à 1883. L’Abattoir communal manque bientôt d’échaudoirs et il est question de l’extension et de l’aménagement des locaux. En 1889, 27.000 têtes abattues !

L’abattoir vers 1900 doc BNR Méd Rx

En 1890, il est décidé la construction d’un logement pour l’Inspecteur. Il est également procédé à la réception définitive des travaux de construction d’un hangar et d’appropriations diverses à l’abattoir. En sa séance du 13 octobre 1893, on envisage la construction de nouveaux échaudoirs, décision entérinée le 3 novembre. Une décision importante concerne le marché aux bestiaux. Créé à Roubaix par arrêté ministériel en date du 21 Décembre 1863, il a été relativement florissant dans sa période de début, mais il a perdu peu à peu de son importance, en réalité, il n’existe plus. Une délibération du Conseil Municipal, en date du 18 Novembre 1892, a cherché à lui donner un regain de vitalité, en instituant des primes, en faveur des éleveurs ou commerçants y amenant des bestiaux. Cette délibération n’ayant été approuvée que le 27 Novembre 1893, ce n’est que le 13 Février 1894 qu’elle a pu être mise en application. Le marché aux bestiaux de Roubaix est franc de tous droits ; il se tient sur la place de l’Abattoir le Mardi de chaque semaine de deux à quatre heures. Le 13 avril 1894, c’est l’établissement d’un parc à moutons, suite à une demande des bouchers. En 1898 34.000 têtes sont abattues. Signe de l’importance des activités professionnelles, le Syndicat des marchands bouchers et charcutiers en gros de l’Abattoir de Roubaix est créé le 22 Mars 1898 et son siège se trouve à deux pas de l’abattoir, au n°30 Rue Lacroix. En 1899, l’étuve Wodon consiste essentiellement en un autoclave dans lequel se trouve un chariot à claies, recouvertes de la viande dépecée en morceaux de 3 à 4 kilos ; la viande est cuite par la vapeur sous pression, à la température de 115°, pendant trois heures. L’appareil est d’une grande simplicité ; un seul homme suffit au maniement, la dépense en charbon est minime. Cette étuve à stériliser les viandes tuberculeuses est installée à l’abattoir dans le courant de l ’année 1900, elle a permis de rendre applicables les mesures indiquées dans l’arrêté ministériel du 28 Septembre 1896 qui réglemente les saisies des viandes provenant d’animaux tuberculeux. Ces viandes, après la stérilisation dans la vapeur surchauffée, sont livrées à la consommation et leur vente remplit un double but ; elle permet d’indemniser les propriétaires des animaux saisis et de livrer au public, à prix réduit, une marchandise rendue tout à fait saine et nutritive.

Chevilleurs et vache doc BNR Méd Rx

Le 20 novembre 1908, le Conseil municipal approuve le projet de l’agrandissement de l’échaudoir des charcutiers et de la tuerie des chevaux. Adolphe Coupez conseiller municipal rappelle qu’il est nécessaire de changer la place où se fait la fonte des suifs et la boyauderie. Les habitants de la rue Lacroix et de la rue Fourcroy se plaignent très souvent des buées nauséabondes qui se dégagent à cet endroit. De plus du point de vue de l’hygiène, il y a encore beaucoup à faire, conclut-il. En 1910, plus de 40.000 animaux abattus. En sa séance du 21 novembre 1913, le conseil municipal décide de moderniser l’abattoir et d’exécuter divers travaux de réfection, d’aménagements, les travaux ont été évalués à la somme de 827.769 fr. 59. En 1912, les 42.049 animaux abattus ont fourni 5.435.483 kil. de viande, soit une augmentation, pour 1913, de 741 animaux et une diminution de 166.353 kilos de viande. La boucherie hippophagique a sacrifié 350 chevaux de moins que l ’année précédente. La constante progression de la production fait que l’abattoir est estimé trop petit, et un projet de nouvel abattoir est envisagé dès 1909 par l’administration Motte. Nous verrons dans le prochain épisode ce qu’il adviendra de ce projet.

à suivre

 

 

 

Forage au Sapin Vert

En octobre 1951, les villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se sont associées pour entreprendre en commun un nouveau forage pour trouver de l’eau potable. Jusqu’ici, le service des eaux de Roubaix Tourcoing utilisait deux stations de pompage : l’une à Pecquencourt et l’autre à Tourcoing.

Chaque jour les deux stations fournissent 22.500 m³ d’eau, or la consommation moyenne des deux villes sœurs est de 21.000 m³. La marge de sécurité est mince, d’autant que les nouvelles constructions commencent et avec elles les nouveaux branchements, sans parler des période de pointe en été.

La station de pompage du Sapin Vert en 1951 Photo NE

Le nouveau forage se trouve sur le territoire wattrelosien, au Sapin Vert, rue Alfred Delecourt. Deux forages vont chercher l’eau à plus de 120 mètres de profondeur. La production s’élèvera à 7200 m³ par jour sachant qu’un tiers de l’eau recueillie appartiendra à la ville de Wattrelos.

La station du Sapin Vert aujourd’hui vue Google Maps

Les villes de Roubaix et Tourcoing augmentent leur marge de sécurité de 4800 m³ par jour. L’autre intérêt c’est de pouvoir rétablir automatiquement toute la pression désirable par la remise en service du bassin supérieur de réservoir de Mouvaux grâce à l’apport wattrelosien. La mise en service de la station du Sapin Vert est prévue pour le Nouvel An 1952, assure Monsieur Jean Quinsace, directeur du service des eaux de Roubaix Tourcoing.

d’après la presse de l’époque

Inauguration au Beck

Les trois villes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos se retrouvent associées au moment de l’inauguration de de la station de pompage du Beck en novembre 1961. Cette station est en effet destinée à alimenter en eau potable les trois cités. Monsieur Quinsac, directeur du service municipal des eaux de Roubaix-Tourcoing rappelle les enjeux : les trois cités regroupent une population de plus de 230.000 habitants et le besoin en eau va croissant. En 1957, il fut envisagé de construire une usine élévatoire et le premier forage eut lieu en octobre 1957 sur le territoire de Wattrelos. L’emplacement idéal fut trouvé dans le quartier du Beck, rue Leuridan Noclain, à l’est des usines Kuhlmann, au nord du canal de Roubaix.

L’inauguration de la station de pompage du Beck Photo NE

La construction a duré quatre ans. Trois forages permettent de pomper l’eau et de la stocker dans un réservoir de 1000 m³ à travers trois batteries de déferrisation. L’eau est ensuite envoyée directement dans les réseaux de distribution de Roubaix Tourcoing Wattrelos. L’usine est entièrement électrifiée et la station est télécommandée à partir de la division « travaux » du service des eaux de Roubaix, rue de la Lys. Chaque jour c’est 23.000 m³ d’une eau très pure qui est ainsi fournie. M. Bourgin, secrétaire général de la préfecture du Nord prend alors contact par téléphone avec le service « travaux » et par télécommande la station est mise en marche.

Un banquet est alors servi au Grand Hôtel de Roubaix pendant lequel les trois maires, MM Delvainquière pour Wattrelos, Victor Provo pour Roubaix et Lecocq pour Tourcoing insistent sur l’urgence et l’importance du problème de l’eau. Ils sont suivis dans cette préoccupation par M. Bourgin représentant le Préfet du Nord.

d’après  la presse de l’époque

Jean Sunny

Parler de Jean Sunny, c’est pour moi évoquer un souvenir d’enfance à Roubaix au début des années soixante. J’ignorais alors que Jean Sunny alias Jean Moussalli de son vrai nom était roubaisien d’origine. Fils d’un chirurgien dentiste de la rue du Collège, il est né à Roubaix le 15 août 1928 et il est décédé le 27 août 2007 à Gonesse (Val-d’Oise) Il fut élève du collège Notre Dame des Victoires, pratiqua le football à l’Excelsior sous la direction du fameux Henri Hiltl. Son père le destinait à la médecine mais la guerre en décida autrement. En 1939 il quitte Roubaix pour s’installer dans les Deux Sèvres où il s’occupe un temps de bonneterie. Mais le garçon est chaud bouillant et il se passionne pour les courses de stock car. Le stock-car, qui est autant un spectacle qu’un sport, n’a pas réussi au début à trouver un large public en France. Il faut attendre 1953 et 1957 pour que des courses-exhibition de stock-car soient organisées en France. Jean Sunny va y gagner notoriété et expérience automobile.

Jean Sunny Photo NE

Il s’oriente ensuite vers la cascade et l’acrobatie automobile. Il précise : ne confondons pas, il s’agit ici d’expériences mécaniques soigneusement calculées et mathématiquement préparées. Il m’a fallu trois années de recherches pour arriver à un tel résultat. Il organise ce qu’il appelle ses « rodéos » avec des voitures de série, c’est à dire l’automobile de Monsieur Tout le Monde. Il opère généralement sur des Simca Ariane ou Chambord mais ne dédaigne pas exécuter les mêmes exercices sur n’importe quel véhicule qu’on lui confierait. Et cela arrivait quelquefois ! Les exhibitions de Jean Sunny sont basées sur le calcul de l’équilibre et celui de l’adhérence au sol.

Le roi de la conduite sur deux roues Photo NE

Il devient donc le roi des casse-cou automobile qui roule sur une voiture penchée à 80 degrés. Il fut le premier qui descendit les Champs Élysées avec deux roues en l’air. Il fut d’ailleurs champion du monde de la spécialité avec un parcours de 1,420 km sur une voiture sur deux roues. Le succès entraîne d’autres activités, il devient le cascadeur du cinéma français, on peut admirer ses prestations dans des films comme le Fantômas d’André Hunebelle en 1964.

Il se produit toujours dans ses « rodéos » où il pratique les dérapages, risque à tout instant le tonneau. À bord de sa voiture déséquilibrée, il ramasse un tas d’objets posés sur la route, du plus grand au plus petit : un casque, un coquetier, un mouchoir, un dé à coudre ! L’homme est heureux, détendu, désinvolte et affable, selon le journaliste Marcel Leclercq. Je me souviens l’avoir vu à Roubaix en 1961, c’était l’un des héros de mon enfance.

d’après Marcel Leclercq

L’Académie des Sports de Roubaix

L’Académie des Sports de Roubaix fut fondée en 1911 par le professeur Édouard Dubus, si l’on en croit l’en tête de lettre. C’était une société agréée par le Ministère de la Guerre et de la Marine, enregistrée SAG n°8477, comme beaucoup de sociétés sportives à l’époque, dont l’un des objectifs était de préparer la jeunesse à s’entraîner en vue d’une hypothétique revanche. Cette société était affiliée à la Fédération Nationale des Sociétés d’Éducation Physique et de préparation au service militaire, mais également à la Fédération Française de Boxe, dont elle était l’un des plus beaux fleurons, se déclarant la plus importante société de boxe de France au début des années vingt.

En tête de lettre de l’ASR doc AmRx

Elle proposait des activités de boxe française et anglaise, d’éducation physique, d’escrime, de canne, de poids et haltères et de lutte. Son siège et sa salle d’entraînement se trouvaient au n°41 de la rue du chemin de fer à Roubaix. Elle était dirigée par le professeur Édouard Dubus, ex-moniteur de l’École Normale de Gymnastique et d’Escrime de Joinville le Pont. Il s’agit du fameux Bataillon de Joinville, une ancienne unité militaire de l’armée française accueillant des appelés sportifs, qui figure dans les établissements de formation à la pratique sportive constitués au sein des armées depuis 1852 avec l’École normale militaire de gymnastique de Joinville. C’était donc une référence !

Le professeur Dubus devant la galerie de portraits de ses champions Photo NE

Pendant près d’un demi-siècle, le professeur Dubus y forme un nombre impressionnant de champions du Nord, de Flandre, de France et même un champion d’Europe. Citons Fernand Detré, Vandeleene et Bodard, Emile Vanlancker, Alfred Baete, Voisin, Dejaghère, Lequenne. Pour le champions de France, Arthur Vermaut, Tiger, Defer, Motte, Deckmyn, les frère Schackels, Dewancker. Auguste Gydé fut champion de France militaire mais c’est son frère Praxille Gydé qui fut champion d’Europe au début des années trente.

Edouard Dubus prend sa retraite en 1956 et s’en va vivre à Nantes. La section de boxe disparaît en septembre 1959 alors que l’ASR s’est tournée depuis 1954 vers la marche et organise pour un temps les fameuses 28 heures de Roubaix. Les dirigeants de l’époque, tous honorés par le Mérite philanthropique et de l’oeuvre humanitaire de France en 1957, sont Gaston Duthilleul, Louis Bourgois, Cyrille Vandewalle, Georges Hasbroucq, Raoul Dujardin, Henri Hiroux, Marcel Mouriaux, Edgard Deflorence et Victor Vandermeiren.

1954 : la première édition des 28 heures remportée par Gilbert Roger Photo NE

L’Académie des Sports de Roubaix animera les 28 heures de Roubaix de 1954 à 1968, date à laquelle le Racing Club de Roubaix prendra le relais de 1969 à 1975 avant que ne soit créé le Club des Marcheurs Roubaisiens.

Forage au Beck

La question de l’alimentation en eau potable est récurrente à Wattrelos comme dans les autres communes alentour. Avec l’urbanisation croissante, les besoins ne font qu’augmenter. À tel point qu’en 1960, les stations élévatrices de Pecquencourt, de Wattrelos (Sapin Vert) de Tourcoing et de Roubaix aux Trois Ponts peinent à répondre à la demande. En dix ans, de 1945 à 1959, la consommation des roubaisiens et tourquennois a presque quadruplé passant d’un peu plus de 3 millions de m³ à près de 12 millions de m³. On évalue la moyenne journalière à 32.000 m³ mais c’est sans compter avec les pointes saisonnières de l’été. Les pompes travaillent jour et nuit, les réservoirs s’épuisent et on approche de la pénurie.

Forage au Beck en février 1960 Photo NE

Les géologues cherchent alors et découvrent une nappe aquifère suffisamment importante sur le territoire de Wattrelos au hameau du Beck, non loin du canal. Le Syndicat intercommunal des eaux de Roubaix Tourcoing et la commune de Wattrelos décident d’y édifier une nouvelle usine élévatrice en février 1960. Trois forages ont atteint la mappe et une citerne de 1200 m³ a été installée dans la proximité. Une salle des machines va être bâtie et on espère qu’au début de 1961 on débitera 20.000 m³ par jour !

Forage à proximité du canal Photo NE

La station du Beck sera commandée et contrôlée automatiquement, ce sera une sorte d’usine-robot, selon l’expression de l’époque. Elle va coûter deux millions de francs et elle couvrira les besoins en eau potable jusqu’en 1970. Mais il faut déjà se préoccuper de l’avenir. Rappelons que la ZUP de Beaulieu n’existe pas encore, entre autres chantiers importants. Des stations sont prévues à Billy Berclau, Pont-à-Marcq, Wavrin, Emmerin, comme une large ceinture d’usines élévatrices. L’eau potable est alors vendue 34 francs le m³, ce qui est plus bas que la normale, compte tenu des taxes prélevées par l’État pour les adductions d’eau dans les campagnes et le syndicat pour le renouvellement du réseau.

Vestiges de l’usine du Beck ? Vue Google Maps

Une première photo

Place d’Amiens sans l’église Saint Sépulcre Photo NE

Une vue éphémère, car elle présente la place d’Amiens sans l’église Saint Sépulcre. Cela n’a pas troublé Ghislaine Dequeant (bravo à elle !) qui nous donne son commentaire : la place où il y avait l’église St Sépulcre, Le magasin dont le store est baissé au centre, est la boulangerie et le magasin en face, au coin, est le fleuriste !…. sur la gauche, avec la grande cheminée, c’est la rue de Brézin, et la rue qui fait coin avec le fleuriste c’est la rue Newcommen. Pour en savoir plus retrouvez l’article sur l’église Saint Sépulcre dans ce site  http://www.ateliers-memoire-roubaix.com/eglise-saint-sep…glise-de-lepeule/

Le premier Circuit Franco-Belge

L’annonce dans le Journal de Roubaix

C’est le dimanche 1er juin 1924 que se déroule la première édition du circuit franco-belge, organisé par le Journal de Roubaix avec le concours de l’Amicale des Arts. Le grand quotidien régional contribue déjà aux manifestations sportives, attribuant des primes aux coureurs régionaux qui participent au Paris-Roubaix, et prêtant son concours à la belle épreuve motocycliste Roubaix-Paris-Roubaix. Cette nouvelle épreuve répond à l’attente de nombreux coureurs de la région. Cette course de 165 kilomètres emprunte un itinéraire qui va de part et d’autre de la frontière : départ à Roubaix, Pont du Laboureur, Wattrelos, Grimonpont, Leers, Lys, Lannoy, Petit Lannoy, Hem Forest, Ascq, Sainghin, Bouvines, Cysoing, Baisieux, Hertain, Tournai, Froyennes, Templeuve, Bailleul, Pecq, Warcoing, Espierres, Dottignies, Luingne, Mouscron, Aelbeke, Courtrai, Wevelghem, Menin, Halluin, Roncq, Bousbecque, Wervicq, Comines, Warneton, Deulémont, Quesnoy sur Deule, Linselles, gravier de Bondues, Tourcoing (gare des Francs) , rues de Dunkerque, Calais, Canal, Mouvaux, Croisé Laroche, Wasquehal, Croix, Roubaix, arrivée à la Laiterie du Parc de Barbieux.

Le circuit franco-belge du Journal de Roubaix est ouvert aux coureurs licenciés de l’Union Vélocipédique de France de 1ers, 2e, 3e, 4e catégories et débutants des départements du Nord, Pas de Calais, Somme, Aisne, Ardennes. Un délégué de l’UVF suivra l’épreuve en tant qu’arbitre, et l’arrivée sera jugée par un délégué de l’UVF et quatre dirigeants de club. Les coureurs devront être en règle avec les douanes belges et françaises.

Le parcours publié dans JdeRx

Quatre mille francs de prix viendront récompenser les vainqueurs. Les clubs pourront également concourir pour le challenge du Journal de Roubaix et le Challenge des débutants. Le premier consiste en un objet d’art remis au club vainqueur selon le nombre de points calculé sur les cinq premiers arrivés d’un même club. Des breloques seront offertes aux équipiers. Le second challenge est régi de la même manière pour les participants de cette catégorie. Les engagements sont reçus au siège de l’amicale des Arts, section cycliste, au n°86 rue de l’Epeule. On paie 3 francs, non remboursables et le dernier délai est fixé au 25 mai, minuit. MM. Maurice Taeck délégué régional de l’UVF sera le juge arbitre de l’épreuve, assisté par M. Ingelbrecht délégué sportif du comité du Nord de l’UVF. Jean Derycke président de l’Amicale des Arts remplira les fonctions de commissaire général de la course, assisté de quatre commissaires : MM. Léon Dumont et Léon Vandenhaute de l’Amicale des Arts, Victor Vankelsbecq du vélo club croisien et David Deruyter du vélo club tourquennois. Les chronométreurs seront MM.Pierre Benoît et Emaille.

Le poinçonnage des vélos Photo JdeRx

Les coureurs doivent se mettre en règle avec la douane : les belges doivent faire plomber leur vélo à la douane belge et avant le départ être en possession de la carte de libre passage. Idem pour les français à la douane française.Le 25 mai, on a dépassé la centaine de coureurs engagés ! On cite déjà quelques favoris : le belge Omer Huysse, vainqueur du Tour de Belgique indépendants, et Omer Vermeulen d’Anzin, vainqueur de Paris Lille.

Le matin de la course, il y a 142 engagés ! D’autres prix s’ajoutent à ceux déjà annoncés, avec comme contributeurs l’Amicale des Arts, et des primes de passage par différentes sociétés cyclistes.

Le départ est donné à dix heures et on attend les coureurs à l’arrivée vers 15 h 30. Finalement, ils sont 117 au départ pour cette première édition et les régionaux présents en nombre s’illustrent rapidement. La victoire revient au sympathique Julien Perrain de l’Amicale des Arts, qui a longtemps mené la course avec un train d’enfer, accompagné par le courageux Vandecasteele et l’accrocheur Gaston Dhaene. Entre Cysoing et Baisieux, un peloton d’une trentaine coureurs était en tête qui fut en quelques minutes complètement désagrégé. Le Mouscronnois Durieux fut avec Perrain l’artisan de ce lâchage, mais il creva peu après, ce qui le mit hors course. Ils sont alors six en tête, au contrôle de Tournai : Parmentier, Bourgois, Perrain, Vandecasteele, Vanmerhaeghe et Dhaene. Au pont de Pecq, Vanmerhaeghe prend sa chaussure dans sa chaîne, il est lâché. À Luingne il pleut et cela est fatal à Bourgeois. À Mouscron, ils ne sont plus que trois, Perrain, Vandecasteele, et Dhaene qui fait l’élastique. À Tourcoing, Dhaene est lâché dans la montée des Francs, il recolle un moment mais Perrain attaque à nouveau. À Mouvaux, Vandecasteele crève et laisse filer Perrain vers la victoire. Le deuxième sera le dottignien Dhaene et le troisième le malchanceux Vandecasteele. Omer Vermeulen se classe 4e.

Le vainqueur Julien Perrain doc le site du cyclisme

Le Challenge du Journal de Roubaix va à l’Amicale des Arts qui classe cinq coureurs dans les trente premiers (Perrain, Dhaene, Dossche (5e) Poupaert (20e) Vanderdonkt (23e). En deuxième position, le Vélo club croisien et en troisième le vélo club tourquennois. Le Challenge des débutants va au Vélo club tourquennois, en deuxième Amicale des Arts. Un peu de publicité en passant : le vainqueur a roulé sur une bicyclette Peugeot. La voiture Berliet de la maison Thersen et Lepault et conduite de main de maître par Vincent Dhulst, ancien coureur, a permis aux rédacteurs sportifs de suivre la course aux premières loges.

Somme toute, une bien belle première !

Le jardin, la cathédrale et le stade

Au début des années 2000, le parc du Brondeloire va subir de profondes mutations. Les installations sportives sont sur utilisées, preuve de leur nécessité. Mais les terrains sont à refaire, les équipements à sécuriser. Les jardins familiaux n’ont pas survécu aux querelles intestines, et les aménagements initiaux du parc sont à revoir, notamment la butte et la végétation qui l’entoure.

Le parc du Brondeloire aujourd’hui Vue Google Maps

Le jardin

C’est au printemps 2006, que naît le jardin de traverse, installé sur une friche dans le prolongement du parc du Brondeloire à l’Épeule, en contrebas de la voie ferrée. La regrettée Anne-Sophie Danjou est à l’origine de cet espace où l’on cultive la terre tout autant que le contact humain. Son leitmotiv, « c’était de partager avec les gens, de discuter avec eux du fait qu’on peut changer les choses à son échelle, de faire en commun ». Elle avait aussi créé les géants de la Garden Pride, « le carnaval des jardins où l’on devait se fendre la pêche sans se prendre le chou ».

Le jardin de traverse de Roubaix Photo Roubaix XXL

Aujourd’hui l’Association Jardin de Traverse gère 3 sites (Jardin de Traverse, Jardins du Hêtre, Jardin de Myosotis) dont deux jardins partagés écologiques (Jardin de Traverse, Jardin de Myosotis) à Roubaix. Elle développe des animations et activités autour du compostage, de la Biobox, du zéro déchet, de la trame verte et bleue, cabanes à livres, troc de plantes, pique nique, rendez-vous des composteurs, permaculture, apiculture, ateliers cuisine, couture, animation parents, enfants. Elle accueille le marché Bio AB Ecocert. L’espace Jardin de traverse se situe entre la rue du grand chemin et la rue des arts, à l’angle de la rue du Parc et de la rue du Vivier à Roubaix, le long de la voie ferrée, en plein cœur du quartier Ouest .

Les jardiniers du Jardin de Traverse sont engagés dans une démarche d’appropriation collective. Le jardin est conçu comme un endroit paisible et agréable, avec un verger, une vigne, des plantes grimpantes, un potager, des fleurs, des plantes indigènes mais aussi exotiques, des ruches, une petite mare pour favoriser l’écosystème et la biodiversité. Les visiteurs et les jardiniers s’engagent à maintenir le lieu propre et entretenu. Les propriétaires de chien sont priés de ne pas faire entrer leur animal sur le site. Les jeux de ballons se font hors du jardin.

L’association Jardin de Traverse s’articule autour de valeurs de solidarité, de tolérance et de bonne entente entre jardiniers. L’association cultive le plaisir de se retrouver et de partager ensemble. On trouvera au bas de cet article les coordonnées de l’association.

La cathédrale

Fin 2016, entre la rue du Marquisat et le Parc de Brondeloire démarre le creusement d’un énorme trou, qui formera la future cathédrale d’orage du Brondeloire. On creuse à près de 30 mètres de profondeur dans le but d’engloutir les millions de litres d’eau d’un orage. La MEL et l’entreprise Caroni gèrent ce chantier destiné à lutter contre les problèmes d’inondations. Une installation identique à Tourcoing (sur le site sportif Melbourne), permet aux habitants des quartiers du Trichon à Roubaix, de Wasquehal (quai des Alliés) et Tourcoing (Blanc-Seau) d’éviter de se retrouver les pieds dans l’eau.

La cathédrale d’orage Photo Patrick James VDN

L’eau usée et l’eau de pluie jusqu’ici dévalaient tout droit jusqu’à la station d’épuration de Wattrelos, et débordaient du réseau d’assainissement en cas de trop fortes précipitations, Et c’est depuis le grand canal de 50 mètres de long, actuellement creusé depuis la rue des Arts, qu’elles seront détournées vers la cathédrale. Les eaux arriveront par le canal d’amenée puis rejoindront la cuve et ses équipements, capables de retenir les polluants.

Le nouveau bassin de rétention a été inauguré le mercredi 24 octobre 2018. Ce dispositif n’est pas sans rappeler l’existence d’un vivier au dix neuvième siècle qui a laissé son nom à la rue. C’était une sorte d’étang à l’orée de la ville qui a disparu avec l’urbanisation et les canalisations successives. Ainsi a-t-on renoué avec les pratiques du passé ?

Le stade

En septembre 2013, une école de football voit le jour à l’Épeule. Son nom : Académie football. Lancée à l’initiative de la Ville et de Roubaix Sport Culture, l’école de football labellisée par la Fédération Française de Football organise son premier stage pendant les vacances de Toussaint pour une équipe de 46 enfants âgés de 6 à 12 ans. Entraînements, tournois et jeux au programme, mais aussi une sortie au LOSC pour assister à la rencontre Lille/Auxerre. Les parents sont présents pour soutenir les activités, ce qui a permis selon André Lazaoui, président de l’académie, de faciliter la transmission des valeurs prônées par l’école de football, à savoir respect, travail, entraide et volonté de réussite. Valeurs incarnées par Jamel Haroun, responsable de la structure et connu du grand public comme le gardien de but de l’équipe de France de futsal. En Juin 2016, le directeur de Roubaix Sport Culture annonce que l’académie de football est sur le point de s’arrêter à cause d’un problème de subvention. L’action n’a pas été retenue dans le cadre du contrat de ville. À ce moment, cette académie de football occupe entre 80 et 100 enfants âgés de 6 à 8 ans.

Le stade Photo Hubert Van Maele VDN

Le 27 janvier 2017, la ville lance une concertation sur l’avenir du parc de Brondeloire. Au centre des débats, le terrain de football, toujours en piteux état. Cet équipement, mis en service en 2004 dispose d’un sol en gazon synthétique. La ville propose aux joueurs une rénovation a minima du stade, en attendant un projet beaucoup plus ambitieux dans le cadre de l’ANRU, qui traitera l’ensemble du parc du Brondeloire. Coût de l’opération : 350 000 euros. Malgré ce budget, on est loin d’un beau stade flambant neuf. Et les footballeurs, qui font tourner avec bien du mal l’Académie de football de l’Épeule, l’ont vite compris : « On a honte quand on reçoit les gamins des autres équipes ». La Ville propose de refaire la moquette, de la peinture dans les anciens vestiaires, et de poser des préfabriqués. Le complexe viendra ensuite avec l’aide de l’ANRU.

D’après les articles de presse de l’époque

ANRU : Agence nationale pour la rénovation urbaine

Jardins de traverse : 12 rue du Vivier 59100 ROUBAIX Blog : http://www.jardindetraverse.fr