L’abattoir vient de fêter le centenaire de sa construction quand le constat est fait de sa vétusté et de l’impossibilité d’une réfection totale de ses locaux car il est à présent situé quasiment en centre ville. Un projet de nouvel abattoir coûtant trois millions de francs est à l’étude. On pense à l’implanter en lieu et place de l’ancien dépôt de tramways rue de Mascara au Laboureur devenu propriété communale. La voie de chemin de fer toute proche est un argument pour cette implantation. Finalement en 1974, par arrêté du préfet, les abattoirs de Roubaix et Tourcoing sont condamnés, ils ne feront pas partie de la liste des neuf abattoirs du nord qui subsisteront à savoir Dunkerque, Hazebrouck, Valenciennes, Saint Amand, Douai, Avesnes, Maubeuge, Caudry et Lille.
Dernières images de l’abattoir Photo NE
Tous les abattoirs non autorisés doivent cesser de fonctionner au plus tard dans les quatre ans (1978 pour Roubaix et Tourcoing) avec une prime incitative pour fermeture de 334.160 francs. Il est vrai que les tonnages abattus étaient en baisse. Le reclassement du personnel est prévu : 22 personnes à Roubaix iront dans d’autres services, d’autres sont proches de la retraite, d’autres iront à Lille, ce sont principalement des chevillards.
Le lycée professionnel rue Lavoisier Photo VDN
L’abattoir fut démoli en 1978 et on établit sur son emplacement un lycée d’enseignement professionnel, dont la construction démarra en décembre 1978 pour s’achever en novembre 1980. Cet établissement propose aujourd’hui des filières vers un CAP ou un Bac pro dans les domaines de la restauration ou des services à la personne. La fonction de l’établissement jouxtant la Place ayant changé, le nom de la Place en fit autant : elle fut rebaptisée Place Jean Baptiste Clément, du nom de l’auteur du « Temps des cerises » le 28 février 1979.
Le lycée a remplacé l’abattoir plein centre de la photo Vue IGN 1982
Après que le CIL ait défini par son bureau d’études en 1953 le type de construction prévu pour la Mousserie, il reste cependant un problème à régler sur le terrain. Il s’agit des travaux de dérivation et de couverture du ruisseau de l’Espierre là où sera bâtie la nouvelle cité de la Mousserie. L’Espierre n’est plus la petite rivière saine et poissonneuse qu’elle fut autrefois. Elle est en effet plus proche d’un égout à ciel ouvert dont les odeurs pestilentielles se répandent régulièrement sur la campagne environnante. Qui plus est, elle déborde souvent, créant des inondations dévastatrices sur tout le territoire wattrelosien.
La Mousserie vue IGN 1950
Selon la presse, le CIL a donc demandé à la ville de participer à ces travaux qui concernent la Mousserie, c’est à dire à la réalisation d’un aqueduc de 658 mètres de long. Le montant est évalué à 59 millions de francs et la quote part de la ville de Wattrelos s’éléverait à 21 millions, celle de la ville de Roubaix à 20 millions, et le solde serait couvert par le CIL qui en assurerait la réalisation technique confiée au service des Ponts et Chaussées. Nous sommes en novembre 1953 et la question est débattue dans une réunion du conseil municipal. Le principe de deux emprunts pour couvrir la participation de la ville est mis au vote. Si tout le monde est d’accord sur l’utillité des travaux, la quote part de Wattrelos est estimée énorme par certains, d’autres exprimant les craintes devant le mécontentement des habitants du Laboureur, également concernés par les débordements de l’Espierre. Le maire répond que ces travaux n’auraient jamais pu être réalisés sur la ville de Wattrelos seule avait dû financer. Une occasion se présente dont il faut profiter.
Vue générale chantier de la Mousserie vue IGN 1957
En octobre, les travaux de la couverture de l’Espierre sont en cours et l’on prévoit l’élargissement du pont des couteaux qui assurera une liaison directe entre le boulevard de Metz à Roubaix et le quartier de la gare à Tourcoing. La couverture de l’Espierre s’effectue sur plus de 600 mètres pour faire de la Mousserie un quartier parfaitement sain. En décembre 1954, le nouvel aqueduc qui remplace le nauséabond riez a été mis en service. Henri Leconte ingénieur des travaux publics de l’État a dirigé la réalisation d’un aqueduc sur toute la largeur de la Mousserie en supprimant ses nombreuses sinuosités. Le but est d’emprisonner sous une voûte de 642 mètres une portion de cours d’eau de 775 mètres, sinuosités comprises. Les travaux commencés le 8 mars 1954 viennent de s’achever. On peut à présent voir le large dos de l’aqueduc à travers le sol bouleversé. L’ouvrage relie le pont des couteaux aux abords de la ligne de chemin de fer que l’on trouve derrière les bâtiments de la Lainière.
La mise en aqueduc de décembre 1954 Photo NE
Cet aqueduc se présente sous la forme d’un vaste couloir rectangulaire de trois mètres de large sur 2,30 m de hauteur. L’Espierre n’est pas le cours d’eau tranquille que l’on suppose, il faut donc anticiper ses colères qui le font s’élever de plus d’un mètre en moins d’une heure ! L’aqueduc a été mis en service au cours d’une cérémonie d’inauguration en présence de MM Albert Prouvost président du CIL, André Lefebvre , président de la société d’HLM « le bien être » et « le bien de famille » qui construit la cité de la Mousserie. Jules Mullié conseiller général, André Thibeau adjoint au maire de Roubaix, Guétemme secrétaire général de la mairie de Wattrelos, M Lancry directeur des travaux municipaux wattrelosiens, et de nombreux autres techniciens. Après que les visiteurs aient pénétré dans l’énorme boyau sous la conduite de M. Leconte, et qu’ils en soient sortis admiratifs des proportions et du gabarit, M. Blondeau chef de chantier donne l’ordre aux ouvriers de pénétrer dans le riez et d’enlever les batardeaux qui forment barrage. Peu à peu les eaux limoneuses de l’Espierre s’engouffrent dans l’aqueduc où elles évolueront désormais.
L’Union Roubaisienne des Sports Athlétiques (U.R.S.A.) a été fondée en 1892 par Edmond Desbonnet, le « père de la culture physique en France »1. Elle fut longtemps basée au 28 de la rue Jeanne d’Arc avant la disparition de la rue pour cause d’urbanisme. Quelques points de repére pour lancer la recherche historique.
Les premiers champions de la belle époque s’appelaient Raoul le boucher ou Constant le marin, noms qui les situaient entre les forains et les sportifs. Ils levaient la fonte et pratiquaient la lutte.
Les champions URSA 1912 Photo JdeRx
Les champions d’avant 1914 s’appelaient Goudnis, Charles Vanwinsberghe, Alphonse Pesez, Liévin Demey, Victor Lefebvre, Pierre Bogaert, Louis Vasseur. Le dernier nom de cette liste est sans doute le plus connu.
Passée la première guerre, l’URSA reprend ses activités et ce sera l’époque des Gaston Buter, Alfred Lounck, Démosthène Faith, Monnet, Léon Vandeputte, Vereecken, Jean Populier et Pierre Allène. La section de lutte compte aussi les César Luc, Charles Pâcome, Desnoullet, Stanys et Théo Drymala. La section haltérophilie est plus nombreuse encore. Citons Legleye, Herbaut, Debuf, Robert Cocheteux. En 1920, signalons deux adhésions importantes : Marcel Dumoulin et Georges Grisagelle.
Trois époques de l’URSA: Louis Vasseur, Charles Pacôme et Marcel Dumoulin Ph Coll Particulière
Tous ces noms vont de pair avec de nombreux titres de champions et des participations à des prestigieuses compétitions, du championnat de France aux Jeux Olympiques. Tout cela sera détaillé avec les portraits des différents membres.
Les champions URSA de 1953 Photo NE
Le comité de l’URSA en 1953 : Démosthène Faith président d’honneur, Marcel Dumoulin président actif, Georges Grisagelle secrétaire, Jean Populier, trésorier. En 1953 l’URSA compte une section haltérophilie, un groupe de judokas et des catcheurs. Le 27 septembre en la salle watremez à l’occasion d’un gala de catch, les professionnels viennent aider les amateurs et l’URSA, reconnu comme le plus ancien club de force de France.
Il ne s’agit pas d’une histoire de sous marins ni même d’objets volants non identifiés. Il s’agit d’un nouveau type de logement réalisé par le bureau d’études du CIL dans le cadre de la loi Courant, du nom du ministre qui fit voter en 1953 une loi facilitant la construction de logements tant du point de vue foncier que du point de vue du financement et de l’appareil de production. Le projet U53 est également établi dans la perspective des travaux du quartier de la Mousserie, qui seront adjugés en mai-juin 1953 : 1600 logements prévus sur 50 ha, 30 % collectifs et 70 % de maisons individuelles.
Le type U53 bureau d’études CIL vise à la fois à faire baisser les coûts de production et le prix de la maison. Les portes et fenêtres préfabriquées permettent un achat en nombre qui entraîne une baisse des coûts. Par ailleurs, l’utilisation de l’aluminium en tôle pour les toitures a pour conséquence l’allègement des charpentes ce qui représente de sérieuses économies, avec des matières isolantes de qualité supérieure. Les plomberies et tuyauteries également préfabriquées facilitent une pose rapide, soit 40 % d’économie ! La maison U53 offre une baignoire, un chauffe bain, un évier en grès dans la cuisine.
Le plan U53 publié par NE
Comment se présente un U53 ? C’est une maison d’une architecture un peu différente, avec une toiture en pente très faible, 5 degrés seulement, qui suffit à assurer l’écoulement des eaux, surmontée de cheminées très basses. De larges baies facilitent l’entrée de la lumière au rez de chaussée dans un living room de 18 m² avec une cuisine et la salle d’eau. À l’étage, il y a trois chambres bien éclairées et la maison dispose d’une cave. Le prix de revient d’un U53 a été abaissé à moins de 1.700.000 francs.
Les deux U53 de la rue du Commandant Bossut Photo NM
Des prototypes sont en construction au Brun Pain (Tourcoing) et rue du Commandant Bossut (Wattrelos). Le jeudi 16 février premier coup de pioche sur le chantier de la rue du Commandant Bossut. Neuf semaines après, soit quarante jours de travail ouvrables, deux unités de U53 sont construites. C’est une performance ! Des cinq semaines pour le gros œuvre, il n’en a fallu que quatre, les portes et cloisons ont été posées dès leur arrivée, cloisons mises au point d’après un brevet anglais qui servit pendant la guerre à bord des avions de la RAF. Les plafonds sont constitués par des plaques de 3,60 m, l’encadrement des fenêtres est en alliage d’aluminium absolument indéformable et l’équipement sanitaire se monte comme les pièces d’un véritable meccano.
Les deux maisons U53 de la rue du Commandant Bossut sont ouvertes à la visite dès le vendredi 8 mai. Près de huit mille personnes viendront les découvrir. Le succès est tel que le ministre d’État Édouard Bonnefous ne put y accéder.
Ces modèles de maison sont destinés à la Mousserie et la Tannerie pour un millier d’exemplaires. À la Mousserie il y aura aussi un certain nombre de maisons de type W construites selon le principe hollandais c’est-à-dire comprenant deux logements superposés. on pourra devenir propriétaire en 25 ans (apport initial 50.000 francs, mensualité de 5000 francs).
Le platane commun est largement utilisé comme arbre d’alignement pour orner les places et les rues, nous dit le dictionnaire. Ce sont des arbres qui supportent bien l’élagage et les conditions de vie en milieu urbain.
Le square des Platanes en 1951 doc IGN
Pas une commune en France qui n’ait son square ou sa rue des platanes. Pour Wattrelos, le square des platanes établit la jonction entre la rue des poilus, et se séparant en deux voies avec vers la gauche l’avenue Henri Carrette, et vers la droite se scinde en deux vers la rue des fossés et une dernière dérivation en impasse. Vu du ciel, ce square présente la forme d’un arbre.
Le chantier de 1952 Doc NE
C’est en mai 1952 qu’on apprend par voie de presse que la société de HLM La Maison Roubaisienne, créée en 1925 et basée rue de Roubaix à Tourcoing, réalise un ensemble de douze maisons le long des voies du square des Platanes. L’article annonce la bonne tenue du chantier. Ces maisons sont placées sous le régime de l’accession à la propriété et seront sans doute occupées en octobre.
Le square des platanes aujourd’hui doc google maps
Elles se répartissent de la manière suivante : deux maisons juste avant la branche gauche qui rejoint l’avenue Henri Carrette. Juste en face trois autres maisons. Puis dans l’impasse formée par le square des Platanes, cinq autres maisons, trois d’un côté et deux de l’autre. Enfin les deux dernières se situent après l’impasse, sur la droite, dans la partie qui rejoint la rue des fossés.
Il n’y a plus de platanes dans le square. De fait on les trouve maintenant sur le terre plein de l’avenue Henri Carrette.
Aviron : le cercle nautique l’Aviron de Roubaix, champion de France avec une longueur d’avance à Paris. Parmi les concurrents, l’Union nautique de Lyon, le Rowing Club de Castillon, Société Nautique de Soissons, l’Union Rowing de Paris, le club nautique dieppois, le cercle nautique de Lyon, et la société nautique de la Marne.
L’aviron, sport des élites CP Méd Rx
Les champions du monde célébrés par Victor Vaissier :
Ce sont les équipiers de notre Club Nautique,
Et c’est le Congo fin, le savon poétique
Qui l’emporte toujours, en prose comme en vers
Sur les autres savons que produit l’Univers.
Le café moderne siège de nombreuses sociétés sportives roubaisiennes CP Coll Particulière
Aviron : les champions du monde de l’Aviron et leurs amis sont réunis au café Moderne pour fêter les brillants succès remportés à Paris. De nombreux vivats ont été chantés et des bans vigoureusement frappés en l’honneur des quatre seniors roubaisiens : MM. Delchambre, Cau, Bouckaert et Hasebroucq et de leur dévoué président Emile Truffaut.
Cyclisme : la société les vrais pédaleurs établie chez Remy Waelkens, Vieille Place à Wattrelos fait courir le dimanche 16 septembre à l’occasion de leur championnat une course sur route Wattrelos Quesnoy soit 35 kilomètres pour tous coureurs amateurs.
Football : l’Association Sportive Roubaisienne a décidé d’ouvrir la saison de football le 9 septembre. L’entraînement aura lieu sur l’ancien terrain du club hippique à Croix.
Natation : la section de natation du Racing Club Roubaisien aux Bains lillois, pour le championnat du Nord. Water polo, 100 mètres à la nage font l’objet des engagements des roubaisiens.
L’Union des sports athlétiques prépare sa saison d’hiver en vue des championnats du Nord qui auront lieu en novembre. La section d’escrime est guidée par l’excellent professeur Dubar. La section d’athlétisme est menée par MM Dubeaurepaire, Dubly, Cresson, Scrépel, Masson et Bousin.
Au vélodrome de Barbieux, l’engouement des roubaisiens pour le cyclisme CP Coll Particulière
Cyclisme : le Grand Prix de Roubaix va réunir en octobre un beau plateau d’amateurs et de professionnels dans le cadre d’un grand tournoi international. De même que Paris Roubaix ouvre la saison pour le Vélodrome Roubaisien, de même le Grand Prix de Roubaix indique de façon non moins brillante la clotûre de la saison. Ces deux épreuves, la première pour le fond, la seconde pour la vitesse sont depuis six ans deux événements importants de l’année dans la série des fêtes roubaisiennes.
Cet abattoir fut agrandi plusieurs fois (1894, 1908 et 1925), modernisé en 1899 et équipé de chambres froides en 1919. Cette année là, un peu partout, les municipalités des grandes villes installent des services frigorifiques pour maintenir les produits congelés importés à basse température jusqu’au moment de leur consommation. Roubaix ne fait pas exception. Un projet d’installation pouvant abriter 200 tonnes de viandes est examiné. Il s’agirait de transformer une écurie de l’abattoir en un frigorifique et en une anti chambre de décongélation. La salle des machines serait établie sur un petit terrain libre à côté dépendant de l’abattoir.
Le quartier se développe autour de l’abattoir. Parmi ses riverains, on trouve deux tailleurs, deux estaminets, dont l’un s’appela un temps A la vache d’or, et bien sûr deux bouchers. La Place de l’Abattoir reçut sa disposition actuelle en 1925 : elle fut composée de deux terre-pleins plantés de tilleuls argentés, agrémentés de bancs pour les promeneurs, et elle fut alignée en son centre avec la rue de l’abattoir (future rue Léon Allart).
L’abattoir des années trente CP Méd
À cette époque, l’Abattoir communal est ouvert de 6 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Avril au 30 Septembre. De 7 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, du 1er Octobre au 31 Mars. L’établissement est fermé les dimanches et jours de fêtes.
L’abattoir accueille un grand nombre de professions : bouchers, charcutiers, chevilleurs, tripiers, fondeurs de suif et leur accès est sévèrement réglementé. MM. le Vétérinaire Inspecteur de l’Abattoir, le Directeur du Bureau d’Hygiène et le Commissaire Central de Police, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du règlement.
L’Administration Motte avait projeté en 1909 la construction d’un nouvel abattoir aux Trois-Ponts près du Tir National. Ce projet avait plusieurs gros inconvénients : il portait préjudice au commerce du quartier. Trop éloigné du centre, il perdait une partie importante de sa clientèle de bouchers qui se seraient rendus aussi rapidement à Lille ou à Tourcoing. D’où augmentation de dépenses et diminution des recettes.
L’abattoir modernisé CP Méd Rx
En 1925, on fait le choix de la modernisation. Les travaux vont pourvoir l’abattoir d’un outillage moderne et des perfectionnements pour l’hygiène : aqueducs, eau saine et abondante sous forte pression, lumière électrique dans les halls d’abattage, échaudoirs lambrissés en grès émaillés, monorails avec crocs ou baquets suspendus pour le transport, augmentation du nombre de pendoirs, salles de grattage et de dégraissage conformes aux exigences de l’hygiène, écuries, étables, bergeries, vestiaires et lavabos pour le personnel. Partout de l’air et de la lumière. Les recettes, loin de diminuer vont augmenter. Double bénéfice pour la Ville. Et pas de perte pour le commerce du quartier. L’abattoir sera complètement modernisé en 1928.
La photo aérienne de 1947 nous montre un quartier du Laboureur encore fort champêtre, où apparaissent néanmoins les maisons construites par la Société Roubaisienne d’habitations ouvrières dans les années vingt (cf notre article les 52 maisons du Laboureur). Sur la gauche, l’ensemble des maisons situées rue du Commandant Bossut et square Louise de Bettignies, sur la droite les maisons du square Léon Marlot.
Vue des chantiers 1951 au Laboureur vue IGN
Un article de presse de janvier 1951 nous apprend que la construction a repris et occupe progressivement les espaces libres. Les nouvelles habitations sont édifiées par le CIL, à l’image de ce qui se fait dans le Nouveau Roubaix ou la cité des Canaux entre Roubaix et Tourcoing. À Wattrelos, cela se fait en trois tranches : la première, déjà entamée au moment de l’article, comprend 78 logements entre la rue Faidherbe et la rue des Dragons. Les travaux qui ont du être interrompus à cause du gel ont repris et on pense que la location pour ces logements sera ouverte dans quelques mois. Sur cette autre vue aérienne datant de 1951, on peut voir nettement le chantier des nouvelles constructions au dessus de la rue Faidherbe, et à côté des maisons des années vingt.
Les nouveaux bâtiments terminés rue Monge Coll Particulière
La seconde tranche, dont le gros œuvre est en cours, comprend la construction de 294 maisons qui borderont la rue Monge jusqu’à la rue Ma Campagne. Une troisième tranche de 190 habitations qui rejoindront la rue de Béthune seront constituées par des appartements. À l’instar du Nouveau Roubaix et de la cité des canaux, les premiers immeubles collectifs du CIL apparaissent, alors que jusqu’ici on reproduisait le modèle de maison plébiscité par les visiteurs et les professionnels lors de l’exposition de la cité expérimentale du Congo au Blanc Seau en 1946. Des espaces verts sont ménagés ça et là entre les immeubles, il est même prévu qu’une Maison de l’Enfance avec personnel spécialisé vienne compléter l’ensemble. Nous reparlerons ultérieurement plus longuement de cet établissement particulier.
Autrefois appelée le chemin de la Hornuyère et dénommée dans l’immédiat après première guerre, la rue du Commandant Bossut établit la jonction entre le quartier du Laboureur et celui du Crétinier.
La société anonyme roubaisienne d’habitations ouvrières créée en 1921 (président Édouard Rasson, Victor Hache secrétaire et cheville ouvrière) va construire là, au Laboureur, son plus gros chantier d’après la première guerre. En effet, quelques mois après sa création, cette société va construire dix maisons au Hutin à Roubaix, vingt rue du Congo au Blanc Seau, quatorze rue Kléber à Croix, vingt deux avenue Linné à Roubaix, douze rue Motte-Bossut à Lys et cinquante deux au Laboureur, à Wattrelos.
Les premières maisons rue du commandant Bossut en 1923 Photo JdeRx
En 1923, le groupe d’habitations du Laboureur comprend deux séries : l’une de 28 maisons, l’autre de 24. La première correspond à l’emplacement du square Louise de Bettignies, le long de la rue du Commandant Bossut, et la seconde à celui du square Léon Marlot. La dénomination des rues rendant hommage aux héros (en l’occurrence roubaisiens) de la première guerre est caractéristique du début des années vingt.
La rue du Commandant Bossut en 1932 Photo IGN
Œuvre d’un architecte roubaisien, ces maisons sont d’un aspect agréable quoique sobre, d’une grande simplicité et bien dégagées. Le loyer de chaque maison s’élève à 65 francs. Plusieurs rues plantées d’arbres traversent le groupe de maisons. Il faut également noter que la rue du Commandant Bossut met en relation le quartier du Laboureur aux importants équipements industriels du Peignage Amédée Prouvost dans le quartier du Crétinier et au-delà à la Lainière de Roubaix.
La rue du Commandant Bossut aujourd’hui vue google mapsMaisons du square Marlot de nos jours vue google maps
Le vélodrome roubaisien de Barbieux situé sur la commune de Croix avait été bâti en 1895 à l’initiative de Théodore Vienne et Maurice Pérez. Il fut le lieu d’arrivée des 19 premiers Paris-Roubaix, dont la première édition s’est déroulée le dimanche 19 avril 1896. En 1910, une nouvelle piste en bois était posée au vélodrome et les tribunes étaient aménagées de manière à accueillir plus de 10.000 spectateurs. À l’issue de la Première Guerre mondiale, la piste en bois du vélodrome a disparu, probablement utilisée comme bois de chauffage par l’occupant allemand. Le vélodrome finira par être détruit pour laisser place à des habitations individuelles.
L’avenue Jaurès qui fut l’avenue Jussieu en 1919 CP Méd Rx
L’épreuve reprend en avril 1919 et faute de vélodrome en état, l’arrivée va se dérouler sur l’avenue Jussieu dont on vient d’élargir le parcours et qui deviendra l’avenue Jean Jaurès, il s’en faut d’un mois, le 10 mai 1919. C’est une ligne droite propice à un sprint à trois que remportera Henri Pélissier.
Le stade Dubrulle Verriest de nos jours Photo PhW
Les deux années suivantes, c’est le stade Jean Dubrulle, du Racing Club Roubaix qui accueille Paris-Roubaix. C’est en quelque sorte un renvoi d’ascenseur puisque le grand club omnisports roubaisien avait fait ses débuts au sein du vélodrome de Barbieux en faisant des démonstrations de course à pied et en y jouant ses premiers matches de football. Deux monuments du sport roubaisien collaborent ainsi pendant deux ans, avec sans doute l’intérêt de pouvoir faire des entrées payantes. Plusieurs milliers de spectateurs vont ainsi assister à l’arrivée du belge Deman sous une pluie torrentielle en 1920. L’année suivante, en réunion d’attente, les spectateurs peuvent assister à deux matchs de football et à des prestations musicales de la Concordia Harmonie. La piste avait été spécialement préparée par le RCR et c’est Henri Pélissier qui signe un second succès.
arrivée sur l’avenue des villas Coll Particulière
De 1922 à 1928, l’arrivée s’effectuera ensuite pendant sept ans sur l’avenue des Villas, une longue ligne droite propice aux sprints. Cette importante artère commence avenue Le Nôtre pour se terminer au rond point qu’elle forme avec le boulevard Clémenceau (vers Hem) et l’avenue Alfred Motte. Cette belle avenue mesure 1.840 mètres de longueur sur 30 mètres de largeur. Elle permet aux coureurs de disputer un long sprint sans être gênés par la foule qui est maintenue des deux côtés de l’avenue par des barrages. Après leur arrivée, les coureurs descendent en ville par le boulevard de Paris.
l’entrée sur le stade Amédée Prouvost, avant la chute Coll Particulière
Inauguré en septembre 1927, le stade Amédée Prouvost situé à Wattrelos est tout neuf. Il accueille l’Excelsior Athlétic Club de Roubaix fondé en 1928, issu de la fusion du Football Club de Roubaix et de l’Excelsior Club de Tourcoing. Ce club dispose de belles installations sportives de pointe et il est également largement aidé par les établissements Charles Tiberghien de Tourcoing et par le groupe Prouvost. L’arrivée du Paris-Roubaix cycliste de 1929 s’y fera pour la première et dernière fois. Pour pouvoir faire payer des droits d’entrée, rien de tel qu’un stade du point de vue des organisateurs. Mais il n’est guère facile de rouler sur la piste en cendrée de Wattrelos, et aumoment du sprint final le belge Georges Ronsse qui a course gagnée, dérape dans le dernier virage et brise sa roue, entraînant dans sa chute Déolet qui le suivait. La victoire revient au troisième, le jeune belge Charles Meunier. Les deux sprinters terminent à pied, le vélo sur l’épaule. La confusion gagne le stade, le service d’ordre est débordé et le public envahit la piste, empêchant ainsi le bon déroulement de la course ! Cette fin d’épreuve fera très mauvais effet auprès de la presse et des amateurs de cyclisme.
La fanfare cycliste du Nord Touriste CP Méd Rx
Et l’on repart pour cinq ans (1930-1934) sur l’avenue des villas. La fanfare cycliste du Nord Touriste fera partie du rituel de l’arrivée. Elle fait patienter la foule toujours aussi nombreuse derrière les barrages en jouant des morceaux et en effectuant des pas redoublés. L’arrivée est toujours jugée face au n°33 de l’avenue Delory nouveau nom de l’avenue des villas. Soixante gendarmes et vingt agents de police assurent le service d’ordre d’une épreuve dont l’engouement ne se dément pas. À la tête de l’organisation on trouve des noms célèbres à Roubaix, Jean Desruelles et même Constant Niedergang. Le système de doubles barrières est très au point, l’une en madriers, l’autre en claire-voie assurent la sécurité et annihilent toute poussée intempestive. L’ambiance est généralement assurée par le public belge, dont les coureurs vont rafler toutes les éditions de cette période.
Affluence aux abords de l’hippodrome des Flandres Photo JdeRx
En 1935-1936, Paris Roubaix se termine à l’Hippodrome des Flandres. Conçu en 1930 par l’architecte Jean Papet sur un terrain de 55 hectares en pleine campagne, il a été inauguré le 15 mars 1931, en présence d’une foule innombrable. En 1935 et 1936, il accueille l’arrivée du Paris-Roubaix. Jules Ladoumègue vient y courir un 1.500 mètres qu’il remporte dans la réunion sportive d’attente. Courses hippiques au galop, au trot et quelques épreuves cyclistes. Selon la presse de l’époque, ce n’est pas la grande foule qui attend les coureurs. De plus, pas de tour d’honneur, absence de l’hymne (la Brabançonne, le belge Rebry étant vainqueur) ni même de bouquet au vainqueur ! Le monde des turfistes était-il celui des amateurs de cyclisme ? On peut en douter.
La grande ligne droite de l’avenue Delory doc AmRx
En 1937-1939 c’est le retour de l’arrivée à Roubaix avenue Gustave Delory, On retrouve avec plaisir la longue ligne droite du sprint encadrée par un nombreux public le tout bien organisé. Des courses préliminaires font patienter la foule. Un italien gagne, surprise ! L’année suivante même dispositif, avec barrières de la rue Édouard Vaillant jusqu’à la rue Verte à Croix. Storme gagne, bouquets, ovations et comme il est difficile aux coureurs de s’extraire de la foule !
Pourquoi pas au parc municipal des sports ?
Les travaux du parc municipal des sports démarrent en mars 1929, il couvre huit hectares et l’architecte en est Jacques Greber, à qui on doit également les plans de l’école de plein-air. Le journal de Roubaix, dans une édition du mois d’août 1930 évoque une ouverture prochaine des installations. Mais le nouveau vélodrome ne voit le jour qu’en 1936. Contrairement à son prédécesseur, il n’est pas cerné de tribunes. Sa piste, longue de 500 m, est en ciment. Le Paris-Roubaix « officiel » reste cependant fidèle à l’avenue Delory. La Seconde guerre mondiale interrompt à nouveau l’épreuve. Elle reprend sous l’Occupation, en 1943. C’est justement cette année-là que l’arrivée est jugée sur le vélodrome du parc des sports pour la première fois, mais c’est une autre histoire.