Kiosques et aubettes du boulevard Leclerc

L’extrémité du boulevard Leclerc à hauteur de la place de la liberté et de la rue de Lannoy va être dotée au fil des ans de divers édicules, kiosques et aubettes destinés à un public toujours nombreux en cet endroit.

On y construit dès 1906 un kiosque permettant aux roubaisiens d’attendre le tramway à l’abri des intempéries. Cet édicule fait partie d’une série de 7 de style identique, placés en divers points le long des voies roubaisiennes. Cet abri est situé sur le terre-plein central du boulevard Leclerc, quasiment en face du café du Broutteux. Venus de la grand place par la rue Pierre Motte, les tramways qui s’y arrêtent empruntent le boulevard à contre-sens de la circulation, selon une pratique courante à l’époque.

Le kiosque dans les années 50

L’édicule perd sa raison d’être en tant que tel avec la disparition des tramways, mais il ne disparaît pas pour autant. Il verra son existence prolongée en 1956 par reconversion en magasin de fleurs à l’enseigne des « Floralies Roubaisiennes » sous la houlette de Mme Giot qui le loue dès l’arrêt de la circulation des trams. Elle déplace la porte qui ouvrait sur la chaussée pour la mettre côté terre-plein. Ce commerce disparaît pourtant en 1968, et son emplacement est aussitôt envahi par les voitures en stationnement.

Le magasin de fleurs – photo Nord Matin

Tout proche, car situé à la limite de la place de la liberté est édifié en 1909 un autre kiosque, qui marque le terminus de la ligne du Mongy. Nous ne nous appesantirons pas sur son destin, abordé dans d’autres sujets de ce blog. Nous signalerons simplement qu’il est démonté en 1954. Le journal qui relate cet événement se réjouit de la disparition de « la bien vilaine aubette et son malodorant prolongement » (l’édifice avait été flanqué de toilettes publiques).

Photo Nord Eclair

Sur le terre-plein du boulevard on pouvait également voir un kiosque à journaux. Suivant les modes successives, il sera d’abord haut et hexagonal, puis plus bas et rectangulaire. Il disparaîtra également dans les années 50.

Une photo aérienne de l’Institut Géographique National, datée de 1951, nous montre ces trois constructions réunies sur le site pour peu de temps encore.

Un document émanant du service de la voirie et daté de 1950 prévoit, la construction de WC et d’urinoirs placés en souterrain sur le terre-plein du boulevard. Pour accéder à cet équipement, deux escaliers, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Lors d’une délibération municipale du 1er juin 1951 les élus décident d’implanter, au niveau du sol, un nouveau kiosque abri de l’ELRT qui doit remplacer l’ancien. Ce projet doit faire l’objet d’une adjudication-concours. Le journal Nord Matin fait état des travaux de construction en 1952.

Ces travaux ont été confiés à la société Delfosse-Guiot sise rue de Crouy. Une photo aérienne de l’IGN, datant de 1953, nous montre effectivement les deux escaliers en place près du kiosque de tramways toujours en place. Entre-temps, la décision de supprimer les tramways est prise et l’abri prévu serait inutilisable pour les bus, situé qu’il serait à contre sens de la circulation automobile.

Le conseil municipal choisit donc une autre option et, en février 1954, il est décidé d’ériger une aubette destinée à un tout autre usage : il s’agit maintenant d’abriter le syndicat d’initiative. La voix du Nord qualifie l’ouvrage d’« aubette des amis de Roubaix ». Elle comporte deux pièces dont l’une comporte un guichet. Le long du bâtiment, un parterre de géraniums. Elle est construite par la mairie qui la prêtera aux amis de Roubaix. L’inauguration a lieu en septembre de la même année.

Photo Nord Matin

Plusieurs articles lui sont consacrés dans la presse. Pour Nord Eclair, c’est une mine de renseignements : On y trouve des dépliants touristiques, mais bien plus encore. Mme Leduc en est l’hôtesse en 1967 et, en 1970, c’est Mme Valentin qui l’anime. On y distribue une brochure qui présente l’essentiel de la cité et contient un plan. On y détaille les monuments publics, usines à visiter, une liste de logements disponibles en location, des adresses d’hôtels, de restaurants, de dancings. Pour les roubaisiens, on trouve encore des dépliants sur des destinations de vacances, et pour tous, divers documents à consulter sur place (Ravet-Anceau, horaires des bus, activités culturelles…)

Photo Nord Éclair 1970

Finalement l’aubette ne pourra pas résister à la vague d’aménagements paysagers ; elle sera démolie à la fin des années 70 pour laisser place à un espace vert agrémenté d’une fontaine. Ainsi disparaîtra le dernier des kiosques du boulevard Leclercq.

Photo coll. Particulière

On retrouvera, par la suite, le syndicat d’initiative non loin de là, implanté place de la liberté à l’emplacement de l’ancien Capitole.

Photo Syndicat d’initiative.

Les autres documents proviennent de la médiathèque de Roubaix, ainsi que des archives municipales.

Le Mongy atteint le centre ville

A l’origine, le car Mongy suit le boulevard Gambetta, ses deux voies empruntant le milieu de la chaussée latérale sud sans se préoccuper du trafic. Les deux voies virent enfin à gauche pour accéder à la place de la Liberté, terminus de la ligne. La voie « arrivée » longe alors le trottoir de la banque de France où descendent les voyageurs. Un peu plus loin se situe le garage des trams en attente de départ. Ceux-ci gagnent, le moment venu, par un aiguillage la voie de retour vers Lille et s’arrêtent à proximité du kiosque pour laisser monter d’autres usagers.

Ce virage brutal est souvent mis à mal par les circulations et il faut régulièrement revoir la géométrie des voies.

Boulevard Gambetta, il faut attendre les années 50 pour qu’on déplace les voies en rognant sur le terre-plein central de manière à séparer le tramway de la circulation automobile.

Les anciennes voies et les nouvelles en 1953

En 1954, le conseil municipal prévoit place de la Liberté la construction d’un terre-plein central qu’empruntera le tramway. Le reste de la place sera dévolu aux voitures avec deux chaussées latérales et le stationnement en épis de chaque côté de la voie. Le kiosque d’origine va disparaître, ainsi que la vespasienne attenante. Les travaux sont réalisés dans les années qui suivent. Le Mongy se faufile alors, place de la Liberté entre les voitures, en stationnement. Le réaménagement de la place en vue de la création du secteur piétonnier dans la seconde partie des années 70 supprimera la ligne de parking côté opposé à la banque de France.

Mais pourquoi ces transformations ? L’idée est de supprimer le terminus en « cul de sac », et de le remplacer par un circuit bouclé passant par la grand rue, la grand place, et la rue du Maréchal Foch pour retrouver la ligne en bas du boulevard de Paris. La voie empruntera donc l’axe de la grand’ rue après un virage à gauche au fond de la place de la Liberté.

Photo Delbecq (en bas)

La grand place abritera alors du terminus roubaisien. Les trams stationneront le long du trottoir de l’église, à l’endroit même où s’arrêtaient les premiers tramways de Roubaix-Tourcoing. Les bus stationneront plus vers le centre de la place les arrêts se faisant en épi.

Photo Nord Eclair 1973

En 1961, au carrefour dit « de la poste », devenu plus tard « de l’Europe », la fontaine des trois grâces va déménager, une dernière fois, et laisser place à un terre-plein fleuri. Ce rond-point circulaire est « rogné » pour laisser passer la voie unique du tramway.

Photos IGN

Finalement, le principe du terminus « en raquette » est remis en question, et on revient dans les années 90 à l’idée d’un terminus « en cul de sac » qu’on va placer boulevard Gambetta, à hauteur de la place de la Liberté. Les deux voies voisineront au centre du boulevard. Pour cela, il va falloir modifier une fois de plus le terre-plein de l’Europe, qui sera, cette fois, coupé en deux.

Photo du bas Delvarre

Le terminus sera modifié plus tard pour accueillir les nouvelles rames Bréda, et recevoir les arrêts des différentes lignes de Bus, constituant ainsi l ‘ « Eurotéléport » tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Les documents proviennent des archives municipales.

Le Mongy entre dans Roubaix

Le boulevard de Paris avant le Mongy

Dès l’origine, le « car » longe les deux trottoirs de la voie centrale du boulevard de Paris, utilisant, côté droit en descendant, la voie unique de la ligne A bis, dite « de Barbieux » des Tramways de Roubaix Tourcoing qui, depuis 1907, venant de la rue Neuve, emprunte les boulevard de Paris et de Douai, avant de suivre la rue de Barbieux jusqu’à l’avenue des Villas. Échange de bons procédés, la ligne A bis profitera du dédoublement des voies pour coexister avec le car Mongy sur le tronçon commun dont les voies montante et descendante suivent la bordure du trottoir au plus près.

En effet, les contre-allées étant réservées à la promenade des roubaisiens, on n’envisage pas d’y faire circuler le tramway. Cette implantation est particulièrement périlleuse pour les cyclistes qui empruntent la chaussée, et on finira par leur construire, en 1935, une piste cyclable sur le terre-plein de droite en descendant le boulevard. La situation va perdurer très longtemps, prolongée dans le seconde moitié du siècle par les interrogations sur l’avenir du tramway.

Les deux voies du boulevard de Paris

Il faut attendre 1993 pour que la situation change, Des décisions interviennent enfin et on décide d’un tracé plus logique pour les voies : on regroupe les deux sens de circulation et on reporte la ligne en site propre sur la contre allée de droite en direction du centre. Le reste de l’ancienne chaussée latérale et l’ancienne piste cyclable étant transformée en « cour urbaine ». La ligne pourra ainsi desservir directement les lycées Baudelaire et Jean Moulin.

Dossier d’étude de la communauté Urbaine

A l’extrémité du boulevard de Paris, le carrefour de la « barque d’or » avec les rues de Lille, Foch et Jean Moulin est un nœud ferroviaire compliqué où cohabitent déjà deux compagnies.

-La compagnie des tramways de Lille et de sa banlieue, dont la ligne F arrive de Croix par la rue de Lille pour remonter à l’origine la rue Neuve, puis, à partir de 1908, suivre la voie de gauche du boulevard Gambetta avant rejoindre la grand place par les rues de la Halle et Pierre Motte.

-Les voies de la compagnie des TRT descendent la rue Neuve et se séparent au carrefour pour emprunter l’une la rue du Moulin ( ligne I), l’autre le boulevard de Paris (ligne A bis).

Le Mongy devra s’insérer dans ce schéma. Il suivra, lui aussi le boulevard Gambetta, mais par la latérale de droite, les voies montante et descendante du boulevard de Paris se réunissent en contournant la fontaine des trois grâces, qui sera remplacée en 1925 par le monument aux morts.

Au premier plan à gauche la ligne F des TELB, au fond à droite une motrice 400 de l’ELRT

Des aiguillages permettent à la ligne A bis des TRT d’emprunter les voies de l’ELRT. Cette facilité sera utilisée lors de l’inauguration du Mongy, la voiture des officiels remontant ce jour là la rue Neuve pour les conduire directement à la mairie.

Les voies de l’ELRT partagent donc la chaussée du boulevard Gambetta avec les autres véhicules. Cette situation ne choque pas à l’époque, et on ne songe pas à utiliser le terre-plein central du boulevard pour placer les voies en site propre. Le remplacement de la fontaine par le monument aux morts ne changera rien au tracé des voies.

A droite, une motrice 400 et sa remorque – Photo collection particulière

En 1964, lors du déplacement du monument eaux morts on profite pour séparer les flux de situation. Les voies passent en site propre le long du monument et du parking central qui se trouve derrière.

Photos La Voix du Nord et Institut Géographique National 1965

Enfin, le projet de 1993 bouleverse le plan des voies. Celles-ci, après le Lycée Jean Moulin, se reportent dans l’axe de la chaussée pour traverser le carrefour, puis se s’écartent à nouveau pour encadrer la station et le monument aux morts avant de se rejoindre finalement pour se diriger, en site propre, vers le centre de la ville.

Dossier d’étude de la communauté Urbaine. A gauche Bd De Gaulle, à droite Bd Leclercq

A suivre …

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales de Roubaix

Le Mongy contourne le Parc

Après le tragique accident de Janvier 1912, la municipalité roubaisienne est confortée dans son idée de détourner le tramway de l’avenue Le Nôtre. Lors de la séance du conseil municipal du 2 août 1912, elle se préoccupe également du danger que constituerait l’ouverture par les propriétaires privés d’une rue à l’ouest du parc et parallèle à celui-ci, limitant la vue des promeneurs aux arrières d’une rangée de maisons.

Considérant que le projet de tracé prévu par la rue de Barbieux n’a pas avancé, personne ne n’étant décidé à le financer, le maire propose de tracer une nouvelle voie d’une largeur de 18 mètres à l’extérieur du parc. Elle prendrait naissance avenue de Jussieu, face au monument de Gustave Nadaud, traverserait les terrains situés en bordure du parc, passerait derrière la Laiterie et aboutirait au grand boulevard. On pourrait ainsi reporter la circulation des véhicules de l’avenue Le Nôtre à cette nouvelle avenue. Sur le terrain situé entre la nouvelle voie et le parc on pourrait établir la double voie de tramways. Circonstance favorable : les terrains nécessaires seraient offerts gratuitement à la ville par les riverains.

Pour atteindre l’accotement de la nouvelle avenue, la ligne va former un S prononcé à partir de l’Hippodrome. La photo nous montre cette double courbe :

Les voies suivent en ligne droite l’avenue Jean Jaurès. Malheureusement, celle-ci passe à frôler le café « la Laiterie » ,ne laissant pas la place pour les voies : celles-ci doivent faire un crochet pour éviter le débit de boissons et empruntent la chaussée, au grand détriment de la sécurité. Aussitôt après, la voie reprend sa place sur le bas-côté de la route au niveau de l’avenue du peuple belge. Après l’arrêt du vélodrome, c’est face de la laiterie que les cars s’arrêtent en 1919 mais un second arrêt « pourra être étudié ». On voit sur la photo les voies rejoignant leur site après avoir contourné la Laiterie, située à gauche.

Les choses restent en l’état plusieurs décennies. Mais on décide dans les années 50 de démolir la Laiterie. On profite naturellement de cette occasion pour redresser les voie de Mongy qui vont ainsi retrouver leur indépendance vis à vis de la circulation automobile, même s’il faut toujours traverser l’avenue du Peuple Belge.

Documents Nord Eclair et la Voix du Nord

Dès l’origine, le tram poursuit plus loin sa route en site propre jusqu’à la courbe formée par l’avenue Jean Jaurès pour rejoindre le boulevard de Paris. A cet endroit les voies se séparent ; si la voie vers Roubaix suit la courbure du Parc, celle menant à Lille traverse l’avenue pour rejoindre le trottoir opposé. Cette traversée, placée ainsi dans une double courbe en S est très dangereuse, et le restera longtemps !

Photo IGN 1947

L’autre voie, celle qui se dirige vers Roubaix quitte le parc en suivant une large courbe à gauche et accoste le trottoir juste avant le coin de boulevard de Douai, où est placé un arrêt. On voit sur la photo parvenir à l’extrémité du boulevard de Paris une motrice encore équipe de son trolley et accompagnée de sa remorque.

Les années 60 voient de nouveaux aménagements, cette fois du côté du « fer à cheval ». En 1963, pour faciliter la circulation automobile et diminuer le nombre des accidents, on élargit la courbe d’accès au nouveau boulevard. L’extrémité de l’avenue Le Nôtre va être infléchie pour ne plus déboucher directement sur le boulevard. Le rond-point situé au débouché de la rue verte va être amputé pour laisser place au tram.

Photos IGN

Il faudra encore attendre une trentaine d’années avant qu’on ne touche de nouveau au tracé de la ligne. Dans le cadre de la modernisation du tramway, la Communauté Urbaine prévoit dans les années 90 des modifications à la partie nord, qui touche au Boulevard de Paris, devenu entre-temps celui du Général De Gaulle.

En effet, le conseil municipal roubaisien décide en juin 1991 de regrouper les deux voies en site propre le long de cette avenue. La traversée de la chaussée de l’avenue Jean Jaurès n’a donc plus lieu d’être et le projet prévoit de faire passer les rails le long du parc, en empiétant légèrement sur celui-ci :

Ainsi en sera-t-il fait. Après bien des modifications de tracé, les voies vont désormais se trouver en site propre depuis la gare de Lille jusqu’à cet endroit.

A suivre, les diverses péripéties qui ont présidé à l’implantation de la ligne dans Roubaix même.

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

Mongy et Parc Barbieux

Le 19 juin 1900, Alfred Mongy fait  une demande de concession pour un réseau départemental de tramways dont une ligne à double voie reliant Lille à Roubaix et Tourcoing. Cette ligne doit suivre le tracé du boulevard à établir entre ces trois villes, se séparant en deux branches au Croisé-Laroche après une partie en tronc commun et formant ainsi un Y . Les voies seront établies en site propre sur l’une des deux banquettes qui bordent la chaussée centrale. La branche de Roubaix doit aboutir à l’Hippodrome, à l’extrémité sud du parc Barbieux.

L’entrée du vélodrome. Les voies sont en cours de pose – document collection particulière

Informée que le tracé du boulevard aboutira au « Beau Jardin », la municipalité roubaisienne manifeste dès 1901 les plus grandes réserves quant à l’emplacement des voies, craignant que l’harmonie du site ne pâtisse de ce voisinage.

Alfred Mongy, pour présenter son projet de tracé, demande à la ville de lui vendre cinq exemplaires du plan de 1898, introuvable dans le commerce. C’est sur ces cartes qu’il fait tracer les emprises de la ligne bordant le parc par le nord-ouest, le long de l’avenue de Jussieu. L’ingénieur du département préconise le passage sur le trottoir extérieur de l’avenue, qui sera à élargir en conséquence. L’ingénieur Mongy propose l’année suivante un projet alternatif qui ferait passer la ligne par l’avenue Le Nôtre, située dans l’alignement direct du boulevard.

Le premier projet

La municipalité proteste immédiatement contre le projet par le trottoir nord-ouest de l’avenue de Jussieu. Elle souligne les inconvénients de ce tracé qui coupe l’avenue Le Nôtre, les deux extrémités du parc, et interdit la plantation d’arbres sur le trottoir nord-ouest de l’avenue de Jussieu. Elle refuse d’ailleurs tout accès au tramway dans le parc par une délibération du 13 mars 1903. Le département continue néanmoins à privilégier ce tracé, et propose deux variantes pour la dernière partie avant l’accès au boulevard de Paris : les voies passeraient soit devant, soit derrière le monument Nadaud avant de rejoindre le boulevard de Paris devant le café du parc, au coin du boulevard de Cambrai.

Projet 1907

L’ELRT, créée en 1904 pour exploiter les lignes concédées à Alfred Mongy, entame les travaux d’implantation des lignes de Lille à Roubaix et Tourcoing de 1905 à 1909, en même temps que se construit le grand boulevard. Mais tout au long de ces années, le problème du passage du parc Barbieux reste sans solution. En effet, Roubaix considère que l’avenue Le Nôtre est une promenade publique, en aucun cas destinée à recevoir le trafic en provenance de Lille, c’est à dire des véhicules lourds, et rechigne toujours à voir le tramway longer l’avenue de Jussieu. Cette réticence sur ce dernier point n’est peut-être pas étrangère au fait que le maire, Eugène Motte, va proposer au conseil municipal en février de l’année suivante la mise en place d’une exposition internationale qui se tiendrait précisément le long de l’avenue de Jussieu !

Le croisé Laroche, vue vers Roubaix

Les élus roubaisiens privilégient donc un tracé empruntant la verte rue dans Croix, la rue de Barbieux, puis, soit le boulevard de Douai, soit la rue Daguesseau. Ils accepteraient éventuellement un tracé Nord-Ouest pourvu qu’il se situe à l’extérieur de l’emprise du parc, sur une bande de terrain à exproprier aux frais de la compagnie. La municipalité fait établir, par Louis Barbotin, un projet de tracé situé à l’écart de la rue de Jussieu, évitant le café de la Laiterie, et aboutissant au delà de la l’institution Boucicaut, directement au boulevard de Cambrai.

Pourtant, en 1908, malgré les réticences de l’ELRT, peu encline à entreprendre d’autres études, on aboutit à un accord : le tramway empruntera le verte-rue dont la largeur doit être portée à 16 mètres, préservant ainsi le parc. En attendant cet élargissement, une voie unique dotée d’une voie de garage permettant le croisement sera implantée avenue Le Nôtre. Dans un deuxième temps, on implantera la deuxième voie dans la verte rue et on supprimera le garage. On aura alors deux voies uniques, une pour chaque sens de circulation, en attendant de poser définitivement les deux voies dans la verte rue.

L’année suivante, dans le Journal de Roubaix, on se préoccupe de la forme et de l’emplacement des abris. Des arrêts sont prévus au Vélodrome, avec un abri en ciment armé, à l’octroi de Roubaix, et Boulevard de Cambrai.

L’octroi et l’arrêt avenue Le Nôtre

La ligne Mongy jouera un rôle important dans le transport des visiteurs de l’exposition de 1911. A cette occasion, l’ELRT demande l’autorisation de doubler la voie et d’installer une boucle de retournement et une voie de garage supplémentaires avenue Le Nôtre pour mieux assurer la desserte des voyageurs. Sur la boucle seront disposées les gares d’arrivée et de départ.

Toutes ces voies seront supprimées après la clôture de l’exposition. Seule subsiste la voie unique. Celle-ci va bientôt causer un accident spectaculaire : L’Echo du Nord du 23 janvier 1912 annonce en gros titre une collision frontale entre deux cars Mongy.

Cet accident s’explique par le fait que le bloc système (feux interdisant une voiture de pénétrer sur le tronçon à voie unique lorsqu’une autre l’emprunte déjà) ne fonctionnait pas depuis l’exposition. La compagnie attendait la remise en service de l’autre voie, supprimée par la volonté de la mairie à la clôture de l’exposition. La municipalité considère toujours que la voie de l’avenue Le Nôtre est provisoire et qu’elle n’a pas vocation à se pérenniser, surtout sous la forme d’une double voie. Elle attend toujours que la rue verte soit ré-alignée et élargie par le département.

A la place du bloc système défaillant, on instaure un système appelé « bâton-pilote » pour assurer la sécurité des circulations. C’est un dispositif simple, très employé sur les petites lignes de chemin de fer qui consiste à n’autoriser la pénétration dans une portion de voie que muni du fameux bâton, qu’on prend à l’entrée et qu’on rend à la sortie de la zone.

Document Journal de Roubaix – 1912

Sortant de l’avenue Le Nôtre, la ligne, à double voie, rejoint, en formant un S pour contourner le collège de jeunes filles, le haut du boulevard de Paris où est placé un arrêt au coin du boulevard de Douai.

La sortie du Parc Boulevard de Paris – Document collection particulière

A suivre…

Les divers documents proviennent des archives et de la médiathèque municipale.

La galerie Dujardin

Les frères Liagre, serruriers sont installés en 1886 en bas de la rue du Moulin, mais ils cherchent un emplacement plus favorable et bientôt remplacés rue du Moulin par un ferblantier, ils transportent leur commerce vers le bas du boulevard de Paris. En 1892 ils demandent l’autorisation d’effectuer quelques travaux modifiant la façade de l’immeuble situé dans les premiers numéros pairs pour y installer un magasin. La propriété est vaste, constituée de plusieurs corps de bâtiments. Elle va permettre plus tard la cohabitation de plusieurs activités à la même adresse. La propriété, comme celles situées entre la rue de Lille, la rue des Loups et le boulevard de Paris appartient aux hospices de Roubaix.

Le numéro 14 en 1962 – Photo IGN

La façade comprend un rez de chaussée où s’ouvre une large porte et, à sa droite, une grande vitrine. L’ étage est surmonté d’ un fronton central. Tout au long de son existence, cette façade semble avoir été blanche.

Le bas du boulevard vers 1930

Les frères Liagre sont donc installés boulevard de Paris avec un magasin dont le numéro est le 2, puis le en 8 en 1894-1900, et enfin le 14, à la suite de renumérotations successives. Toujours serruriers, ils étendent leurs champs d’activité à la poëlerie, la tuyauterie et la fumisterie. Ils se spécialisent notamment dans la fabrication de cuisinières. Derrière le magasin se situent les ateliers de fabrication.

Ils partent ensuite s’installer au 8 de la rue Neuve (voir à cet égard le sujet consacré aux frères Liagre) et, en 1910, on trouve à leur place Eugène Louis Dujardin qui fait commerce d’ameublement, et à la même adresse, la veuve Marie Dujardin, sa mère née Rudent (son père, Eugène Théodore, négociant, est décédé en 1899). Sa mère est une ancienne institutrice, qui tient alors un magasin d’antiquités..

Parallèlement à ses activités dans la vente de meubles, Eugène Louis Dujardin ouvre en 1905 avec Jean Courier la première galerie d’art de Roubaix, hébergée dans ses locaux du boulevard de Paris où il fonde la société des artistes roubaisiens. Des liens familiaux ne tarderont pas à se nouer entre les deux familles, puisque Eugène Louis épousera en 1913 Jeanne-Marie Courier, tandis que sa sœur, Rose Marie, va épouser Maurice Courier, le frère de Jeanne Marie. Tous deux ont pour père le co-fondateur de la galerie. Le recensement de 1906 fait donc état de trois habitants au numéro 14 : Eugène, sa mère et sa sœur, avec le concours de laquelle il exploitera la galerie.

La galerie Dujardin contribuera à faire connaître des artistes roubaisiens, tels ceux du « groupe des 10 » en montant de nombreuses expositions. Sa renommée débordera largement du strict cadre roubaisien. Sans doute pris par le développement de la galerie, les Dujardin cessent dans les années 20 leur commerce d’ameublement. Seule la mère continue d’exploiter son magasin d’antiquités .

La galerie en 1928

Les années 30 verront se modifier l’environnement immédiat de la galerie : en effet, tout ce qui restait du bloc d’immeubles près du carrefour avec la rue de Lille va être démoli pour être remplacé par l’immeuble que nous connaissons aujourd’hui, à commencer par les commerces formant anciennement les premiers numéros de la rue du Moulin, dont l’estaminet de la Barque d’Or. Très vite suivront les autres constructions avec, en 1930, la demande de démolition des numéros 2 à 12 sur le boulevard, appartenant à la Foncière des Flandres. Parmi ces numéros se trouvent les boutiques du photographe Shettle et du pâtissier Vanhaelst. Il faut bien reloger ces locataires en attendant la construction du nouveau bâtiment. Ils vont donc être provisoirement casés au 14 près du magasin d’antiquités de Marie Dujardin.

Documents collection particulière

Le nouvel immeuble est alors bâti ; il arrive à la limite du numéro 14 qui paraît bien petit sur la photo à côté de lui. Les boutiques de Vanhaelst et Shettle s’installent dans leurs nouveaux locaux, et libèrent le 14.

Les hospices de la ville de Roubaix demandent en 1939 l’autorisation d’effectuer des travaux visant à démolir le fronton menaçant de ruine. Il va être rasé jusqu’au niveau de la corniche du premier étage. En 1952 Rose-Marie Courier-Dujardin décède. Les destinées de la galerie sont alors prises en charge par sa belle-fille, Josée Courier-Meyer, mariée avec son fils Jacques. Elle se tourne vers des artistes contemporains.

Josée Courier-Meyer assure la promotion d’artistes qu’elle réunit dans «le « groupe de Roubaix », puis le « groupe des jeunes ». En 1960, les locaux abritent toujours la Galerie Dujardin, mais Josée maintient également le commerce d’ameublement. Les locaux étant suffisamment vastes, apparaît également au 14 l’enseigne Flandre sports, qui commercialise, signe des temps, des articles de sport et de loisirs de plein-air.

La cohabitation se poursuit jusqu’à l’orée des années 70, puis des changements interviennent : la galerie déménage et, après un bref passage rue du Vieil Abreuvoir, s’installe à Lille pour finalement disparaître à la suite d’un incendie. Le magasin de sports est repris par l’enseigne Cabanon et, en 1972, Nord Éclair annonce la démolition de l’ancien bâtiment. A sa place, Cabanon envisage d’installer un terrain d’exposition avant de reconstruire un immeuble neuf.

Photo Nord Eclair

Mais cette société va s’implanter ailleurs et, en 1976, la société SCC résidence les Edelweiss à Hem demande un permis de construire pour édifier sur le terrain 18 appartements et des commerces au rez de chaussée. Le projet n’aura pourtant pas de suite et le site servira longtemps de parking.

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Finalement, c’est une station de nettoyage de voitures qui s’implante sur le terrain, alors qu’en 2011, le musée La Piscine organise une exposition consacrée à la galerie Dujardin.

Photos collection particulière

Les documents non légendés proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.

L’hôtel Voreux

Le plan cadastral de 1884 nous montre, boulevard de Paris, une grande propriété comportant une pièce d’eau et un hôtel particulier construit autour d’une cour d’honneur. Cet hôtel, de même que les cinq autres bâtiments qu’on peut remarquer, constituent les premiers éléments de l’alignement des drapiers qui va se compléter dans les années qui suivent immédiatement.

Cet hôtel est édifié selon toutes les apparences par l’architecte Edouard Dupire Rozan, l’architecte du château Vaissier, pour la famille Voreux, négociants en tissus. Majestueux, il projette vers le boulevard deux ailes enserrant la cour, l’ensemble étant édifié de briques et de pierres de taille dans un style très classique.

On y trouve en 1885 Léon Louis Voreux et son épouse Jeanne Marie Hüe, qui y élèveront leurs deux filles. Le négociant va décéder en 1899 à 48 ans et sa veuve cède l’hôtel qui deviendra propriété de la famille Motte en 1902.

Photochateauvaissier.blogspot.fr

Edouard Motte-Lagache est un industriel, quatrième fils de Louis Motte-Bossut, co-fondateur de la société Motte-Bossut et fils. Il habite la propriété du boulevard de Paris avec son épouse Léonie Lagache, fille du maire de Roubaix, avec laquelle il élève six enfants. Après son décès en 1938, sa veuve continue à habiter l’immeuble avec la famille de sa fille Marguerite, qui a épousé Henri Prouvost.

Après la seconde guerre, le bâtiment héberge le Syndicat des filateurs de coton de Roubaix-Tourcoing et Syndicat des filateurs de coton teint et blanchi de France, puis est racheté en 1965 par la chambre de commerce de Roubaix. Celle-ci y installe PROCOTEX, Centre National de Promotion du Textile qui vise à former les futurs commerçants et cadres du commerce textile.

Nord Éclair du 22 mars 1966

A la suite du regroupement des chambres de commerce de la métropole lilloise, cet organisme change de nom en 1969 pour prendre celui de CEPRECO, qui continue à s’occuper de formations dans le tertiaire et la vente tout en s’ouvrant à la formation continue.

Photo la voix du Nord 1978

Mais les locaux deviennent trop petits pour accueillir les nombreux stagiaires, et il faut construire un nouveau bâtiment. Celui-ci trouve sa place dans le parc, à l’angle formé par la rue André Chénier, ancienne rue Voreux tracée sur l’ancienne propriété, dont le terrain appartient également à la chambre de commerce.

Le nouveau bâtiment en construction photo La Voix du Nord 1978

En 1980, la chambre de commerce rénove la façade et effectue des travaux de modernisation à l’intérieur du bâtiment libéré. C’est maintenant le CPLE, centre de pratique des langues étrangères qui s’y installe, venant de la rue de l’hôtel de ville.

Les installations du CPLE rue de l’hôtel de ville – photo la Voix du Nord

Cet organisme peut ainsi installer ses laboratoires de langue à destination des auditeurs soucieux de se perfectionner, par des sessions intensives avec des formateurs étrangers et des moyens audio visuels, à la pratique des langues.

Photo Nord Eclair 1980

Ce magnifique ensemble architectural, d’abord habitation familiale, puis centre de formation, est heureusement protégé et inscrit par les monuments historiques pour ses parties essentielles depuis 1998, ce qui nous assure de pouvoir le retrouver intact à l’avenir.

L’hôtel en 1989

Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.

Les drapiers

Au début des années 80, un plan de rénovation touche les numéros 52 à 60 du boulevard de Paris, à l’angle de la rue Charles Quint. Ces immeubles, font partie d’un imposant ensemble d’immeubles de style néo baroque datant de la fin du 19ème siècle qui se prolonge jusqu’au coin de la rue Colbert. Ils sont habités en 1900 par les familles Lefebvre au 52, dans le négoce, Cavrois-Lagache au 54, la filature, L.Cateaux au 56, un fabricant, Th Grimonprez au 58, un rentier, et, au 60, Voreux-Rammart. On y trouvera en outre, au fil des années la famille Lepoutre-Cavrois, puis Dazin-Leurent, puis Cavrois Deullin au 56, Parent-Pollet, puis Nollet-Lacroix au 58, la veuve Screpel au 60.

Photo La Voix du Nord 1980

Mais, lorsqu’on consulte le Ravet Anceau de 1970, on constate que les numéros 54 et 60 ne sont plus habités, suivis par le 58 en 1973, les deux derniers immeubles étant alors occupés par un ingénieur et un kinésithérapeute. Ces majestueuses habitations sont ensuite toutes abandonnées et, manquant complètement d’entretien, deviennent petit à petit des ruines.

État en 1982, au début des travaux

En 1980, la Société Centrale Immobilière de Roubaix-Tourcoing présente un dossier de permis de construire pour 51 appartements de standing sur l’emplacement de ces immeubles. L’idée est de conserver les façades, représentant une part du patrimoine roubaisien, et de démolir tout ce qui est en ruines. L’opération sera réalisée sous la houlette des architectes Martin, Van den Coorpe et Mareel.

Les démolitions, côté jardin. (Photo La Voix du Nord)

Les architectes, pour combiner les hauteurs sous plafond « modernes » et les fenêtres existantes beaucoup plus hautes, choisissent d’aménager le premier étage sur deux niveaux, en utilisant des mezzanines. Ces transformations permettront de créer 36 appartements. Pour rentabiliser l’opération, on profitera de la présence derrière cet ensemble d’un terrain libre rue Charles Quint pour construire un immeuble de 15 appartements neufs qu’on intégrera à l’ensemble. Des espaces verts vont permettre de préserver au maximum les arbres existants.

La fin des travaux est prévue pour fin 83. L’ensemble de l’opération est réalisé sous l’égide du C.I.L. Les nouveaux logements seront livrés en accession à la propriété. Le C.I.L offre des prêts conventionnés, et, dans le cadre de son quarantième anniversaire, il propose aux acheteurs de leur offrir les frais de notaire.

Les magnifiques façades sont conservées et rénovées, les logements s’intègrent parfaitement à l’existant. L’ensemble a fière allure et attire encore l’œil du passant d’aujourd’hui !

Pendant la construction – Photo Lucien Delvarre – médiathèque de Roubaix

Les documents proviennent des archives municipales.

Mobil à Barbieux

Le 10 Août 1931, Paul Guerret-Bellemare demande un permis de construire pour un poste de distribution de carburant. Ce monsieur est délégué de la Compagnie Industrielle des Pétroles, fondée en 1904 par Louis et Théodore Mante et dont le siège social est à Paris. La compagnie dispose déjà d’un dépôt de carburant à cet endroit, situé au coin de la rue Jean Jaurès et de la rue Louis Pluquet, en un lieu dénommé « Fer à cheval ». Les travaux seront réalisés sous l’autorité de l’architecte de la compagnie, Henri Thirion. L’ensemble disposera d’une fosse de graissage. Pourtant, une photo IGN aérienne de 1933 montre que les travaux n’ont pas encore commencé.

L’absence de photos avant 1947 ne permet pas de dire à quelle date le bâtiment est construit, ni même s’il l’a réellement été ; les Ravet-Anceau de 1936 et 1939 ne font référence qu’au dépôt d’essence de la C.I.P..

Par contre, on découvre sur la photo IGN de 1947 une autre construction : c’est celle qu’on peut encore voir aujourd’hui, et le Ravet-Anceau de 1953 indique Socony Vacuum française (c’est le nouveau nom de la CIP), négociant en essence.

La station comporte un bâtiment à toit plat et une curieuse construction présentant de multiples pignons. En 1954, la société Soconi-Vacuum devient la Mobil Oil. La station change alors d’enseigne.

Une Simca 9, dite « aronde » modèle 54-56 devant la station. Photo collection particulière

De 1958 à 1973, on peut lire dans le Ravet-Anceau Roger Ryckeghem, Mobil Oil Française. On peut encore admirer aujourd’hui le tableau électrique de la station, installé « à l’ancienne » sur une plaque de marbre :

Photos Jpm

Mais en 1975, la station disparaît ; elle va déménager, et l’ancien bâtiment va être vendu. A partir de 1981, le Grill-cafétéria « Le fer à cheval », s’installe à sa place. Ce sympathique restaurant est toujours présent aujourd’hui.

Pourtant, la photo suivante peut faire penser qu’il n’a pas perdu tout contact avec l’automobile :

Photo collection particulière

La station, elle, va donc s’installer un peu plus haut dans la rue, au numéro 72, là où se trouve une grande maison construite en 1921 sur un terrain étendu. Son propriétaire est Norbert Poullet-Masurel, qui habitera la maison jusqu’en 1970. Elle abritera également à partir de 1960 Carlos Masurel-Motte, puis G. Mallard-Masurel. En 1973, la maison, inhabitée, est mise en vente. Monique Pierre Mallard-Masurel et Carlos Masurel autorisent en février 1973 la société Ferret-Savinel à demander un permis de démolir les bâtiments. L’expertise demandée au service d’hygiène fait état d’infiltrations d’eaux pluviales et d’un entretien négligé. Il conclut que la remise en état serait prohibitive. La société a pour projet la construction d’un ensemble résidentiel de 16 appartements et d’une station service. En 1978, les nouvelles constructions sont réalisées.

Roger Ryckeghem, le gérant de l’ancienne station, prend en charge la destinée de la nouvelle. On rencontre cette dernière dans les Ravet-Anceau de 1981 à 1988. Un mini-market, selon la dénomination de l’époque, s’adjoint au service de distribution de carburant. Avec le temps, les « parapluies » protégeant les zones des pompes vont être remplacés par un auvent d’un seul tenant. Mais la station va disparaître, comme la plupart des points de distribution d’essence roubaisien. Les bâtiments, après avoir notamment hébergé une imprimerie, puis un commerce de distribution de produits fermiers, à l’enseigne de « La Ruche qui dit Oui ». hébergent aujourd’hui « Les trésors de Gaspard », une boutique consacrée aux enfants …

Photo Jpm 2018

Les illustrations non légendées proviennent des archives municipales, que nous remercions chaleureusement.

Le Celtic

En 1886, une dizaine d’années après l’ouverture de la rue Pierre Motte, seulement quatre immeubles, quatre estaminets, sont bâtis, les autres terrains restent nus. En particulier l’emplacement du futur numéro 11 n’est pas encore construit. Peu après pourtant, on édifie à cet endroit deux « baraques » où, en 1896, Charles Vantighem, marchand de crêpes, tient commerce. C’est cette même année que de J. Vanschorisse, fait la demande d’un permis de construire sur ce même terrain. La demande est accompagnée d’un plan présentant la future façade.

Cette façade, nous allons la retrouver pratiquement inchangée, aujourd’hui. Elle comporte une double vitrine encadrant une porte centrale. Une porte latérale, à droite, permet de contourner le magasin. Cette porte, pour laisser plus de place au commerce, est légèrement décalée sur la droite par rapport à la fenêtre correspondante du premier étage. L’architecte, Jean Baptiste Leconte, habitant rue du Fresnoy. adresse donc à la mairie la demande de démolition des deux baraques pour ériger le bâtiment qui portera le numéro 11. J. Vanschorisse est charcutier-traiteur ; il installe son commerce dans l’immeuble neuf. Le propriétaire du terrain en 1873 est Mme Veuve Grimponprez-Bossut, et en 1909, les héritiers Grimonprez-Cavrois.

En 1907, le magasin est déjà devenu un débit de boissons : la propriétaire demande l’ouverture d’un soupirail pour descendre plus commodément les fûts à la cave. Trois ans plus tard, A.Loucheur tient le café. La vocation du commerce ne changera plus désormais. Les tenanciers s’y succèdent : F.Delplanque en 1914, Ed.Tiberghien en 1926, G.Gilmet en 1928 et 1932.

L’année 1935voit Lucien Inglebert demander à faire des travaux d’agrandissement intérieurs, ainsi que le remplacement de la vitrine en bois par une autre en métal et le cimentage de la façade. Le commerce est un café-tabac, et est toujours sous la direction de Lucien Inglebert en 1938.

Durant la guerre, en 1943, on procède à un réaménagement des lieux. La propriétaire est alors Marguerite Dutilleul. Le but des travaux, conduits par l’architecte Anatole Leman qui habite rue Daubenton. est l’agrandissement de la salle du café qui inclut l’ancienne cour, se prolonge jusqu’au fond du bâtiment et se termine par une scène, destinée à accueillir l’orchestre. On accède au tabac, séparé du café proprement dit, en empruntant la porte de droite.

Un groupe, à identifier, devant l’établissement en 1944 – document collection particulière

Après la guerre, le café passe aux mains de Robert Lemire qui en est le propriétaire en 1950, suivi de E. Lietar de 1953 à 1970. Dans les publicités, on met l’accent sur l’aspect dancing de l’établissement, vantant les qualités de son orchestre et de son accordéoniste.

L’établissement poursuit ensuite son existence avec des modifications de vitrine mineures jusqu’à aujourd’hui, comme nous le montrent ces photos de 1964 (photo collection privée) et 2017 (photo Jpm).

Les autres documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.