Le PN 156 de Beaurepaire

Le boulevard de Beaurepaire est tracé au début des années 1870. Peu après, la voie ferrée reliant les gares de Roubaix et Roubaix-Wattrelos (gare du Pile) est posée : Il faut désormais que le boulevard traverse les voies. On installe donc un passage à niveau gardé (c’est le passage à niveau n°156 de la ligne de Somain à Roubaix et Tourcoing). Les emprises de la compagnie des chemins de fer du Nord sont assez larges : elles comportent 3 voies et incluent une bande de terrain supplémentaire permettant une extension éventuelle du nombre de voies. La maison du garde-barrière est placée à côté du château d’eau servant à alimenter les locomotives stationnées en gare. Y est accolée la cabane permettant la manœuvre des barrières.

Photo Nord Eclair

 Mais la ligne de tramway de Roubaix à Leers doit suivre le boulevard Beaurepaire. On veut éviter la traversée à niveau des voies du chemin de fer. On aurait pu faire franchir les voies au tramway par une passerelle comme au petit Lannoy sur la ligne 2 Lille-Leers ou au Sapin Vert pour la ligne 3 Leers-Roncq, mais on choisit de partager la ligne en deux : la ligne H conduit les voyageurs de la gare de Roubaix à la gare du Pile, par le boulevard Beaurepaire, la rue Molière, et la rue de Sévigné. Là, ils doivent descendre et aller jusqu’au passage à niveau pour emprunter la ligne 6, qui les conduira à la place de Leers. Cette lacune oblige les voyageurs à parcourir à pied la distance entre les deux têtes de ligne, ce qui leur permet accessoirement de passer par le bureau de l’octroi, judicieusement placé à cet endroit…

En février 1930, sont prévus dans l’ensemble des grands travaux à caractère ferroviaire (installation de la gare de débord et de la voie-mère avenue Motte, aménagement d’une douane en gare de Roubaix-Ville) la suppression de différents passages à niveau (boulevard d’Halluin et Crétinier rue de Cartigny). Le journal officiel déclare « urgents les travaux définis au projet… en vue des améliorations à réaliser dans les gares de Roubaix et de Roubaix-Wattrelos et à leurs abords».  L’Écho du Nord annonce la prochaine disparition du PN, « qui, sur la route de Leers, entrave si gravement la circulation des voitures et surtout du tramway, puisqu’il entraîne un transbordement de voyageurs ». Un arrêté préfectoral met en place une enquête sur le remplacement du PN par un passage supérieur (où la route surplombe la voie ferrée). Les habitants auront quinze jours pour prendre connaissance du dossier déposé à la mairie et apporter leurs remarques.

Les premiers à se réjouir de ce projet sont assurément les usagers du Tramway, qui pourront ainsi voyager de Roubaix à Leers en évitant un transbordement incommode. Il ne reste qu’à réaliser les travaux…

Photo Journal de Roubaix

 

 

En prélude à l’avenue des Villas

Dans les années 1880, au moment où il est question de créer un boulevard de ceinture incluant ce qu’on va plus tard appeler le nouveau Roubaix, le quartier du Huchon ou de Barbieux n’était desservi que par le Chemin de Barbieux, menant de la rue du Moulin à Croix. Sur cette voie venait s’embrancher les boulevards de Douai et Lacordaire, constituant, à l’époque, la ceinture ainsi que, plus vers Croix, un chemin menant à Hem en passant par la ferme Gorghemez, et une voie à peine ébauchée, qui deviendra la rue Bossuet, vers le parc nouvellement créé. Par ailleurs, un sentier remontant à plusieurs siècles, dit du Vert Baudet à Croix ou sentier du Huchon, s’embranchait également sur la rue de Barbieux, mais il a été fermé « lors de la construction de la promenade » (le parc). Il est rouvert partiellement par décision municipale du 1er juin 1880 à la suite d’une pétition des riverains du quartier : Il est représenté sur la carte par une ligne pointillée partant du parc et rejoignant en formant un angle la rue de Barbieux.

Ce sentier desservait plusieurs propriétés, mais, à la réouverture, les alignements n’ont pas été précisés, ce qui pose immédiatement des problèmes aux riverains. En 1886 M. Edmond Ternynck demande de construire une mur de clôture le long du sentier du Huchon (qu’on appelle aussi rue Monthyon), ainsi que le long de la rue de Barbieux et un troisième face au parc. Le directeur de la Voirie municipale regrette que les limites du sentier n’aient pas été fixées suffisamment, et précise qu’il faut soit élargir le sentier pour tracer une rue de 12 m de large (ce qui nécessite une série d’expropriations), soit supprimer complètement ce sentier, qu’il appelle « du vert Baudet ». Il préfèrerait qu’on déclasse cette rue pour privilégier un accès au parc Barbieux par un nouveau boulevard de ceinture, empruntant le boulevard Lacordaire et se dirigeant vers la rue de Lannoy., ceci pour « …réunir au parc Barbieux, pour y retenir la population qui tend à s’établir sur Croix, toute la partie du territoire comprise entre le parc et les limites des communes de Croix, d’Hem et de Lys » (pour nous le Nouveau Roubaix).

En octobre, les frères Georges et Max Brame, MM. Leveugle et Edmond Ternynck acceptent l’abandon gratuit des terrains nécessaires à l’élargissement à 12 mètres du sentier et le tracé de la rue Monthyon. Les frères Brame assortissent cette promesse à l’expropriation des immeubles gênant le débouché de la rue vers la rue de Barbieux. En effet, des immeubles appartenant à M. Pierre Delesalle-Defives existe à cet endroit. Le sentier l’évitait grâce à une courbe, mais il se trouve juste sur le nouveau tracé. Cet immeuble est occupé par plusieurs locataires, dont M. Jules Roger , qui tient un cabaret à l’enseigne du vert Baudet, et il faudra également indemniser ces gens.

En Janvier 1887 le conseil municipal approuve le tracé, récupère les terrains et le préfet du Nord entérine les dispositions prises. Pourtant, les autorités municipales décident de laisser provisoirement en l’état le débouché actuel dans la rue de Barbieux. La nouvelle rue est classée et répertoriée, mais n’est donc que partiellement tracée, car son accès à l’Est reste à réaliser. Apparemment, les choses en restent là plusieurs années, jusqu’en 1896, au moment où on projette le percement de l’avenue des Villas, qui doit aboutir à cet endroit même. A cette époque aboutit l’accord entre M. Delesalle et la municipalité pour la session du terrain et des bâtiments situés dans l’alignement. On imagine alors de d’élargir la rue Monthyon jusqu’à une largeur de 30 mètres, au lieu de 12 initialement prévus. Celle-ci pourrait ainsi servir de prolongement à l’avenue des Villas qui doit faire cette largeur. Mais d’autres bâtiments appartenant à M. Delesalle empiètent sur le nouveau tracé élargi.

 Les deux projets vont finalement se rejoindre et se confondre : Les riverains de l’avenue des Villas proposent plutôt de déclasser la rue Monthyon, puisque « l’engagement des propriétaires se trouvant caduc par suite de la non exécution de l’engagement de janvier 1887 », et de créer le prolongement dans l’alignement de la future avenue. C’est cette solution qui sera choisie. Il faudra alors, par toute une série d’échanges et de tractations rendre les terrains constituant la rue Monthyon et en acquérir d’autres pour prolonger l’avenue des Villas, ce qui scellera le bref destin de cette rue : tracée pour remplacer un chemin séculaire, elle sera, aussitôt née, supplantée par une avenue de prestige, chargée de retenir et attirer la population de ce qu’on appelle déjà « le beau jardin », pour constituer un des plus beaux quartiers de Roubaix.

 Les documents utilisés proviennent des archives municipales

 

 

 

 

Incendie au Chemin neuf

Dans la nuit du 28 au 29 mars 1967 un incendie ravage les entrepôts des établissements Salembier, négociant en bois, installés alors depuis une trentaine d’années au 51 rue Léon Marlot. Cette société, lancée par Jules Salembier, puis reprise par son épouse et enfin par ses enfants, alimentait les menuisiers et ébénistes, mais aussi les industriels de la région. L’entreprise employait une vingtaine de personnes. Les entrepôts, érigés à l’origine sur des terrains vagues, ont été assez vite englobés dans les constructions : celles en particulier de l’allée Henri Matisse et la cité du Chemin Neuf, construite par le CIL et propriété de la SARHO.

Salembier-96dpiLes hangars et le dépôt de bois – Photo IGN 1962

D’origine inconnue, le feu aurait pris naissance dans les entrepôts situés le long de l’allée Matisse. La Voix du Nord précise que les flammes, alimentées par ce combustible de choix, étaient visibles à plus de 20 kilomètres à la ronde. Les pompiers venus de Roubaix et Tourcoing luttent toute la nuit contre l’incendie, mais 1500 m3 de bois entreposés tant dans les hangars qu’à l’air libre, sont détruits par les flammes. Les habitants du quartier, tirés de leur lit, assistent au désastre en tenue de nuit. Nord Matin titre « nuit tragique au nouveau Roubaix ».

pompiersnuit-96dpiPhoto Nord Matin

Les habitations et les bureaux de la société sont intacts. Par contre les logements situés près du foyer de l’incendie doivent être évacués dans la précipitation : la chaleur dégagée par le brasier est telle que le zinc des toitures fond. Les familles les plus menacées doivent abandonner leur logement en n’emportant que l’indispensable. La Voix du Nord précise : Mme Paul Renault, dans sa précipitation, est partie pieds nus. « On a oublié, nous dit-elle, le chien, les poules et les canaris. Ils sont tous morts. » Les voisins font la chaîne pour essayer de sauver ce qui peut l’être.

pompiers-96dpiPhoto Nord Matin

Un mouvement de solidarité se met rapidement en place. Dès le lendemain, des tracts appellent les habitants du quartier à la générosité : 1700 francs sont collectés ce même jour. Cinq familles sont sans abri : tout le monde est hébergé pour la nuit dans le quartier, pour parer au plus pressé. Les services de la C.I.L., avec le concours de la S.A.R.H.O et du Toit Familial relogent finalement les familles sinistrées à Roubaix et à Hem, et une souscription est lancée à leur profit. Les services techniques de la ville mettent des camions à disposition pour transporter le mobilier qui a pu être préservé des flammes. Les dons s’avèrent très nombreux, les établissements Salembier n’étant pas en reste de générosité. Le secours catholique intervient également. L’association des locataires du Chemin Neuf organise et centralise les actions. La Voix du Nord parle d’un « magnifique élan de solidarité ».

soli-96dpiUne partie des dons recueillis – Photo Nord Matin

Deux mois plus tard, les travaux de remise en état des logements sont en cours. Les établissements Salembier cessent ensuite toute activité à cet endroit. Le terrain est aujourd’hui occupé par un béguinage.

Ces événements sont-ils restés dans les mémoires ? A vos témoignages !

beguinage-96dpiPhoto Jp Maerten

Ste Bernadette, projet et réalité

En mai 1935, le cabinet d’architectes Dupire envoie à la mairie une demande de permis de construire une église avenue Motte, pour le compte de l’association diocésaine de Lille . Cette demande est accompagnée des plans du futur édifice. Les travaux de construction sont réalisés durant l’année 1937. Pourtant, l’église terminée ne ressemble pas du tout à celle qui était prévue. Le projet initial semble plus ambitieux et utilise tout le terrain disponible : il prévoit un presbytère et un dispensaire reliés à l’église par des galeries couvertes. Autour, des espaces verts, appelés jardins des mères et jardins des enfants.

plan1-96dpi

Mais c’est surtout la façade qui affiche le plus de différences avec le projet initial. Deux clochetons bas à la place d’un clocher unique, des décrochements de niveau entre les bas-côtés et le vaisseau centra, qui accentuent la largeur et l’aspect massif de l’édifice, alors que les plans montraient une silhouette plus traditionnelle, formant un triangle surmonté d’un clocher élancé, et quatre clochetons donnant une impression d‘élévation à l’ensemble. Le portail est plus large avec trois vantaux au lieu de deux, l’ornementation est moins importante. Le rapport différent entre hauteur et largeur produit un aspect plus ramassé. Les ornements évoquant un château fort (créneaux et mâchicoulis) ajoutent encore à cet effet de masse.

Par contre, on retrouve les marches du parvis ornées de deux bacs recevant des végétaux :

La vue latérale montre bien la différence d’aspect entre le plan d’origine et la construction réelle. Le toit du transept prévu est beaucoup plus bas que celui de la nef, la pente de ces toits donne une impression de hauteur qui n’existe plus dans l’édifice final. Par ailleurs, les chapelles latérales prévues à l’entrée de l’église donnaient un relief qui a disparu dans la réalisation effective qui apparaît comme un bloc massif.

A l’intérieur, l’impression est la même : l’architecte semble finalement avoir renforcé l’impression de masse et de sobriété par rapport au projet d’origine. Les piliers définitifs sont plus larges et plus espacés, les ouvertures plus simples :

Par ailleurs, en 1937, les mêmes architectes envoient les plans d’une clôture qui doit longer la rue Marlot prolongée, mais qui n’a jamais été réalisée telle quelle.

Que penser de ces changements de dernière minute ? Sur les plans, l’église semblait prévue en pierres ; elle a finalement été construite en béton recouvert de briques. Les bâtiments annexes n’ont pas été réalisés, ni la clôture. Les différents jardins et espaces plantés non plus. Ceci est peut-être dû au manque de moyens financiers : on trouve de nombreux appels de l’abbé Carissimo au donateurs pour financer l’église. Le journal de Roubaix du 18 février 1935, par exemple, cite l’abbé : je ne puis m’empêcher de penser qu’il suffirait de trouver trois cent personnes donnant un billet de mille francs pour me permettre de commencer tout de suite la nouvelle et belle église dont les plans sont prêts… Peut-être quelqu’un a-t-il des informations à ce sujet, et pourra-t-il répondre à nos interrogations. A vos commentaires !

Le chantier de l’église en construction. On remarque au premier plan la voie de desserte sur le terre-plein de l’avenue Motte, et l’aiguillage d’accès à la gare de débord. On voit aussi sur la droite de la photo que le carrefour avec la rue Jean Macé est pavé, mais que le reste de l’avenue est encore simplement empierré.

Photos Collection particulière. Documents archives municipales

Avant l’avenue des Villas

En 1884, la partie sud de Roubaix, que l’on appelait « Roubaix Campagne », n’était constituée que de terres agricoles et de quelques hameaux. Ces terres dépendaient de quelques grosses fermes : Gourgemez, la Haye, la Petite Vigne, Maufait, l’Espierre, le Petit Beaumont… La population de la ville s’est considérablement développée et la partie sud va s’urbaniser progressivement : les usines et les habitations vont gagner ces zones potentiellement libres.

Pl1884-96dpiPlan cadastral de Roubaix Sud en 1884 – Document archives municipales

On veut donc structurer cette zone en traçant des voies le long desquelles s’implanteront les nouvelles constructions. Un projet de boulevard de ceinture se décide dès 1866. Il sera constitué des boulevards Lacordaire, de Reims, de Lyon et de Mulhouse pour relier le quartier de Barbieux à la gare de Roubaix-Wattrelos. Le projet se réalise vers 1888.

Entre temps les terres agricoles ont été, pour une bonne part, reprises par diverses sociétés,  et en particulier par la société Lemaire frères et Lefebvre, qui possède alors la majeure partie de ce qui constitue aujourd’hui le Nouveau Roubaix.

On retrouve souvent le nom de cette société lorsqu’il est question de tracer des voies nouvelles, dans les années 1890 . Certains terrains sont rachetés pour implanter la place du Travail en 1891, le boulevard de Fourmies, jusqu’à la place de l’Avenir, en 1892 et la rue Carpeaux en 1896. D’autres terrains sont cédés gratuitement, par exemple, ceux qui sont nécessaires à la prolongation du boulevard de Fourmies. Enfin, cette même société propose aussi de céder à la Ville des rues qu’elle a construites sur ses propriétés : c’est le cas de la rue Henri Regnault en 1891, la rue Meissonnier en 1895, la rue David D’angers, la rue Rubens et la rue Philibert Delorme en 1896. La société Lemaire frères et Lefebvre construit également des maisons dans le nouveau quartier.

Les ouvertures de rues et les constructions se multipliant, la municipalité veut voir plus grand, et construire une ceinture plus large, qui englobera toute cette zone et reliera la rue de Lannoy et Barbieux, en restant proche des limites de la commune.

QuartiersSud-1896--96dpiPlan des quartiers sud en 1896,  en noir les rues existantes, en rouge les voies projetées Document archives municipales

Dans un rapport au conseil municipal en 1896, le directeur de la voirie propose l’ouverture, entre le chemin de Barbieux et la rue de Lannoy, d’une avenue dite « des villas ». Il souligne l’engagement des propriétaires de céder les terrains concernés à titre gratuit pour que cette ouverture se réalise. Le projet va donc pouvoir prendre corps.

Le Garage des sports

 

 

Photo Delbecq – Archives municipales

La multiplication des automobiles a eu très tôt pour corollaire celle des garages et stations services. C’est ainsi que le carrefour de l’avenue Motte et de la rue de Lannoy, deux voies de communication importantes, voit rapidement apparaître un garage automobile.

Dès 1934, Julien Lejeune, habitant 103 rue Ma Campagne, informe les services municipaux de son intention de faire construire Avenue Alfred Motte à Roubaix un immeuble à usage de garage d’Automobiles. Le bâtiment prévu se développe sur 25 mètres le long de l’avenue.

Document Archives municipales

Julien Lejeune diffère sans doute son projet, puisque qu’on ne trouve aucune mention de ce garage automobile, dans le Ravet-Anceau de 1938. Celui-ci voit finalement le jour, car on le distingue sur une photo aérienne prise par l’Institut Géographique national en 1950. Le Ravet-Anceau fait par ailleurs mention en 1953 d’un Garage des sports, au nom de J. Lejeune, situé au 326. Le bâtiment du garage est rectangulaire, le faîte du toit est parallèle à l’avenue Motte. Il est prolongé jusqu’au coin de la rue de Lannoy par un bâtiment coiffé d’une toiture perpendiculaire à la précédente. Ce bâtiment présente un pan coupé dégageant l’angle des deux rues.

Le garage avant 1962 – Photo l’usine

En 1962 des travaux modifient l’aspect du garage : Une extension de près de 10 mètres est ajoutée, qui forme un angle droit au bout du bâtiment initial. Elle est construite sur un terrain libre, à côté de la propriété. D’autre part, le bâtiment faisant l’angle des deux rues est remodelé : il possède désormais un toit constitué de deux parties en angle droit laissant la place à une terrasse.

Entre 1965 et 1968, ce garage devient une station-service Antar et prend le nom de Relais des sports. Le gérant est alors R. Delporte. Un plan daté de 1966 nous en montre la disposition : la terrasse surplombe le bureau de la station et les pompes de distribution de carburant. Devant ces pompes, une piste permet aux voitures de venir se ravitailler. Les cuves contenant le carburant sont enterrées sous l’ancien garage, et la nouvelle extension abrite le pont élévateur et l’équipement de graissage.

Document archives municipales

Ce relais des sports perdure jusqu’après 1983, alors qu’en 1987 il est remplacé par l’entreprise Roubelec, protection contre le vol. A ce moment, un étage coiffé d’un toit à quatre pans vient s’ajouter au dessus d’une partie du garage initial.

Enfin s’installent dans le bâtiment les pompes funèbres Douillez, sans modifier son architecture extérieure.

Rue Jules Guesde, commerces

La rue Jules Guesde était à l’origine un chemin très ancien reliant le hameau du Pile à celui du Raverdi. Il traversait au niveau de la rue de Lannoy le hameau du Tilleul, où se trouvait un très vieux tilleul. L’arbre disparaît et le chemin devient la rue du Tilleul. Puis en 1922, ce sera la rue Jules Guesde, en hommage au député de Roubaix récemment décédé.

L’atelier mémoire, lors d’une de ses réunions mensuelles, a évoqué les commerces présents dans cette rue, et a croisé les souvenirs de ses membres avec des renseignements puisés aux archives municipales.

charrier1964 copiele n°1 rue Jules Guesde en 1964 Photo Nord Éclair

Intéressons nous d’abord au côté impair, en partant de la rue d’Hem, jusqu’à la rue de Denain. Le n°1 a peu évolué : après avoir été un estaminet entre 1906 et 1939, il devient après la guerre une boutique de photographe, d’abord avec Emile Charier, puis avec monsieur Leroy, avant que l’immeuble ne soit récemment racheté par la mairie. Un membre témoigne : « Quand monsieur Leroy a cessé son activité, le bâtiment est resté vide un moment, et la ville a préempté cet immeuble, en pensant y reloger peut-être le comité de quartier Moulin-Potennerie… »

Le n°3 est d’abord une épicerie, et devient en 1923 la mercerie Knoff pendant plus de 60 ans et sur trois générations ! Le n°5 a été avant guerre successivement un magasin de confection, puis une poissonnerie. Le n°7 était avant guerre une épicerie, puis une crèmerie jusque dans les années soixante dix. Le n° 9 a été une boucherie à partir de 1900 jusqu’aux années quatre-vingts. Le marchand de cycles installé après la guerre au n°11 a rapidement laissé place à une crèmerie. Après le carrefour de la rue de Bouvines, le n° 13, estaminet du début du siècle jusqu’à la guerre, est devenu un marchand de cycles, et enfin une crèmerie. Le n°15 a longtemps été l’épicerie, puis est devenu l’estaminet Vandemeulebrouck avant la deuxième guerre, il redevient ensuite une épicerie jusqu’à la fin des années soixante.

Magasin de tissus et de confections en 1906, le n° 17, se reconvertit en magasin de fleurs artificielles juste avant la deuxième guerre. Le n° 19 est un commerce d’alimentation depuis le début du vingtième siècle. On trouve avant la première guerre au n° 23 une épicerie, puis entre les deux guerres un coiffeur, un magasin d’électricité, et après la seconde guerre, une bonneterie.

Pas d’autre commerce avant le carrefour de l’impasse St Louis. Au n° 31, on trouve avant guerre une épicerie, puis l’horlogerie Goossens, devenue aujourd’hui une viennoiserie. Après l’impasse, le n° 33 a abrité durant la première moitié du siècle un estaminet, puis une droguerie jusque dans les années soixante dix.

Archives municipales de Roubaix

Au n°43 et suivants, l’usine de teintures et d’apprêts Derreumaux est démolie dans les années soixante dix, pour laisser place à un supermarché Miniper. Aujourd’hui c’est l’enseigne Lidl, qui a entrepris une reconstruction. Un membre de l’atelier précise : Lidl a tout un programme de reconstruction de ses magasins sous forme HQE, (haute qualité environnement) une structure en bois, de larges baies vitrées pour la lumière, et une très grosse réserve d’eau de pluie, en cas d’incendie…

Le n°61, après avoir été brièvement une crèmerie, une confiserie et une horlogerie, devient le magasin de camping et de jouets Deltête. Ce magasin avait également une vitrine sur la rue de Denain.

à suivre

Une nouvelle église

Maquette Eglise Photo La Voix Du Nord Salle des fêtes Photo Lucien Delvarre

Dès la démolition de l’église, et en attendant la construction de sa remplaçante, les offices religieux se déroulent dans la salle des fêtes du groupe scolaire Jules Guesde.

A quelques dizaines de mètres de l’emplacement de l’église démolie, au coin de la rue Jean Macé et de l’avenue Motte, se trouve alors un terrain municipal libre. Il a servi un moment à la construction de deux classes provisoires pour l’école voisine, à un autre moment de terrain de basket. C’est sur ce terrain que l’on prévoit de construire la nouvelle église, à côté de la salle des fêtes, et juste en face d’où se dressait l’ancienne.

terrain96dpiPhoto Lucien Delvarre

Au fond, remarquons un clocher de l’ancienne église : la photo est prise à une époque où celle-ci n’est pas encore détruite. Selon la Voix du Nord, la nouvelle église, œuvre des architectes Escudié et Bonte sera « plus petite et plus conviviale » et s’articulera autour d’un « arbre de vie central ».

La pose de la première pierre a lieu en septembre 1991. Symbole de tradition, la première pierre qui doit être posée est celle, récupérée, de la première église. Au parchemin qu’elle contenait depuis 1935 est joint un nouveau parchemin. C’est Mgr Deledicque, évêque auxiliaire de Lille, qui pose cette première pierre un dimanche matin, après des allocutions officielles prononcées dans la salle des fêtes, en présence d’André Diligent, sénateur-maire de Roubaix et de plusieurs élus.

pierre196dpiPhotos La Voix du Nord-Lucien Delvarre

La Voix du Nord cite Mgr Deledicque : « La nouvelle église Sainte Bernadette, plus petite, mais dont la maquette laisse présager que ce sera une belle réalisation de ce XXe siècle, correspondra mieux aux besoins actuels de la communauté paroissiale, qui, reconnaissons-le, est plus restreinte qu’autrefois. »

Les travaux commencent par l’érection du presbytère. Curieusement, la partie du mur qui formait le coin du terrain subsiste très tard et n’est démoli qu’à la fin. La construction se poursuit durant toute une année.

construction1Photos Lucien Delvarre

En décembre 92, deux ans après la démolition de l’ancien édifice, une journée portes ouvertes est organisée à la nouvelle église pratiquement terminée, « un édifice sobre et résolument moderne » pour la Voix du Nord. Il comprend également des salles de réunion, un bureau d’accueil paroissial et le presbytère. L’intérieur présente des briques apparentes. Son architecture est sobre et s’organise autour d’un pilier central symbolisant « l’arbre de vie ».

Photo Lucien Delvarre

Les projets de M. Jaune

En 1897, le plan de Roubaix ne montre aucune construction à l’angle du Boulevard de Fourmies nouvellement tracé et du chemin vicinal numéro 2 de Roubaix à Hem, qui va bientôt devenir la rue Linné. La construction va démarrer rapidement. La même année, une demande de permis est déposée pour le n°103, par M. Braco, qui est signalée comme estaminet en 1906 dans le Ravet Anceau…

FourmiesI165-Pl1926-96dpiUn des projets de M. Jaune Archives Municipales de Roubaix

En 1920, on trouve au n° 105, une maison au nom de M. Donat-Delereux, mais à partir de 1922, c’est M. Jaune, brocanteur qui figure à cette adresse. Il devient ensuite quincaillier de 1925 à 1929. Pour ce changement, Narcisse Jaune a officiellement fait en 1924 la demande de construction d’un magasin. Mais il change d’avis l’année suivante, et demande à faire bâtir un immeuble de trois étages. Il se ravise en 1926 et demande alors l’autorisation de construire d’un magasin au lieu de l’immeuble projeté.

Fourmies-I163-171-Plan-96dpiEn bleu sur le plan l’ancien tracé de la rue Linné, et en rose celui de la nouvelle avenue.

A l’occasion de l’alignement de la rue Linné qui va ainsi accéder au statut d’avenue, la propriété de M. Jaune doit être amputée d’un bout de terrain. Le plan de cette opération date de 1925 et l’on aperçoit que sa propriété s’étend jusqu’à l’angle de la rue Linné et de la place de l’Avenir (qui deviendra ensuite la place Spriet). En bleu sur le plan l’ancien tracé de la rue Linné, et en rose celui de la nouvelle avenue.

Cette période de travaux inspire sans doute à Narcisse Jaune quelques projets supplémentaires : transformer la façade de sa maison, et la faire recouvrir de ciment, construire un hangar pour stocker du bois dans sa cour, ainsi qu’une pièce supplémentaire. Quelle frénésie !

FourmiesI165-Modif1927-Pl-96dpi

Narcisse Jaune possède donc en 1925 une parcelle comprenant les n°105, 107 et 109. Ce constructeur infatigable demande encore en 1927 à faire des modifications intérieures à son immeuble qui est en fait un café, et voudrait aussi obtenir l’autorisation de construire une maison à usage de commerce sur son terrain, au 109. Une maison apparaît effectivement à cette adresse dans Ravet-Anceau à partir de 1932.

FourmiesI169-1927-Pl-96dpi

En juin 1927, M. Lerouge, (ça ne s’invente pas !) demande l’autorisation de construire au numéro 111 un immeuble, celui de la de pharmacie de l’Avenir. Une partie du terrain de M. Jaune a donc été cédée. En 1932, le commerce de Narcisse Jaune n’est plus un café, mais un magasin de meubles sis au n°105…

Une renumérotation a lieu en 1935. Le n°105 devient n°165. Le magasin de meubles apparaît en 1939 aux n°163-165. Après guerre, en 1955, on retrouve un E. Jaune, toujours aux n°163 et 165, sans autre précision, puis une alimentation générale s’installe au n°167, et un marchand de cycles au n°167 bis…

Documents Archives municipales, photos JPM

Notre Dame de Toute Bonté

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La statue de l’église St Jean Baptiste et celle de la place du Travail

Dans la nuit du 11 Juin 1940, un bombardement sur le quartier du Raverdi détruit 20 maisons rue Philibert-Delorme. Par bonheur, on n’a à déplorer aucune victime. La Voix du Nord ajoute « Quelques semaines plus tard, au cours du mois d’août, un incendie menaça d’anéantir un pâté de maisons. Devant ce danger, le curé du moment invoqua Notre-Dame de Toute-Bonté. On raconte que peu à peu le vent faiblit et tourna. Maisons et habitants furent épargnés. »

Les habitants, voyant là l’intervention divine de Notre-Dame de Toute-Bonté, décident, reconnaissants, de lui élever un monument. Après la guerre, le projet se réalise. M. Forest, architecte, est choisi. La statue est sculptée par Achille Vilquin sur le modèle de celle de l’église St Jean Baptiste, elle-même inspirée d’une Vierge à l’enfant en bois polychrome du 15ème siècle placée dans la chapelle Notre- Dame de Toute Bonté à Châteauponsac, en Haute Vienne.

La statue est placée sur une stèle dans un enclos situé à l’angle de la rue Henri Regnault et du boulevard de Fourmies. Une plaque au pied de la statue commémore l’événement.

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Un Pélerinage se déroule chaque année le jour du 15 Aout. Une Procession, partant de l’église St Jean Baptiste, se rend place du travail. Nord Matin précise en 1972 que c’est, à l’époque, « l’une des dernières processions de la région ».

Document Bernard Thiebaut