Maurice Van Den Bruwaene, pilote automobile

Dans le Ravet-Anceau de 1947-48-49, on découvre Maurice Van Den Bruwaene, en tant que garagiste, au 69 rue Jules Guesde à Hem, et ce n’est qu’à partir de 1955 que l’annuaire précise cette adresse en mentionnant : impasse Vandemeulebrouck. Ses publicités réalisées, en 1952 et 1954, dans le journal Nord-Eclair, ne font état que du 69 rue Jules Guesde, sans référence à l’impasse, et indiquent sa qualité de sous-agence Panhard.

Publicités de 1952 et 1954 (Documents Nord-Eclair)

Sans le témoignage des habitants de l’époque et les photographies il est donc difficile de localiser l’établissement à partir de sa seule adresse dans l’annuaire. En effet, dès 1953, on retrouve à la fois le commissariat au 69 et le garage Van Den Bruwaene à la même adresse mais quand on regarde la configuration des lieux, on s’aperçoit que le garage a toujours été dans l’impasse à l’arrière du bâtiment du 69 rue Jules Guesde, lequel a longtemps abrité la police nationale.

Carte postale du début du 20ème siècle (Document collection privée)
Photographie des lieux en 2020 (Document Google Maps)

Dans les années 1950 et 1960, Maurice Van Den Bruwaene est également connu comme pilote automobile. Il court, surtout sur Panhard, dans des grands prix. En 1953, il porte ainsi le numéro 35 dans une Dina Panhard, au Grand prix du cinquantenaire à Roubaix au parc de Barbieux. Il y termine à la sixième place au classement.

Photographie du grand prix en 1953 (Document D. Jouvenel)

Il participe également aux 12h de Reims, en 1953 dans une DB (Deutsch-Bonnet) Tank Rifflard avec laquelle il finit neuvième et, en 1958 dans une Panhard Monopole grâce à laquelle il se classe 1er dans la catégorie des 500 à 750 centimètres cubes. La même année il se classe 18ème au Rallye des routes du Nord dans une DB Panhard.

Résultat de la course et photo de Maurice près de sa voiture (Documents D. Jouvenel)

Pour le tour de France automobile en 1959, il conduit une Dina Panhard mais ne termine malheureusement pas la course dans laquelle il est contraint à l’abandon.

Photos du tour de France automobile de 1959 (Documents D. Jouvenel)

Enfin il compte plusieurs participations aux 24h du Mans. Ainsi, en 1960, il arrive 17ème au classement général et 2ème de sa catégorie sur sa DB Panhard HBR qui porte le numéro 47.

Photos des 24 heures du Mans en 1960 (Documents D. Jouvenel)

Sur une photo prise avec une de ses voitures de course on voit ses 2 mécaniciens devant l’atelier du garage de Hem dans l’impasse (à droite de la photo Georges Cau, chef d’atelier à Hem) ; puis sur une autre photo sont présents l’ensemble des mécaniciens de son garage.

Photo des 2 mécaniciens devant le garage ( Document D. Jouvenel) et photo prise en 2021 au même endroit (Document Google Maps)
Photo de l’ensemble des mécaniciens dans l’atelier de Hem (Document D. Jouvenel)

Il présente également au public Hémois sa voiture de compétition DB (Deutsch-Bonnet) avec laquelle il participe aux 24h du Mans. C’est son excellent mécanicien Georges Cau qui l’accompagne sur le circuit, considéré comme « un sorcier capable de sortir d’insoupçonnables chevaux supplémentaires d’un moteur » d’après les journalistes de l’époque.

Photo de la présentation de sa DB au public hémois dans la garage (Document D. Jouvenel)

Les publicités de 1963 font état du fait qu’il est concessionnaire pour les marques Panhard, René Bonnet (à la dissolution du groupe DB, René Bonnet fonde sa propre marque automobile à son nom, laquelle ne durera que 2 ans), Volvo et Neckar (Fiat Neckar constructeur automobile allemand filiale du groupe italien Fiat).

Publicité de 1963 (Document Nord-Eclair)
Publicité du véhicule Missile de René Bonnet et Photo de ce coupé sport des années 60 (Document Nord-Eclair et Wikipedia)

Dans les années 60, on retrouve enfin des publicités indiquant le garage de Hem comme atelier mais aussi deux magasins de vente et d’exposition, l’un à Lille, au 289 rue Léon Gambetta, l’autre à Roubaix, au 56 boulevard de la République, en tant que concessionnaire exclusif NSU (constructeur allemand spécialisé en moteurs rotatifs), Volvo et BMC (British Motor Corporation) Austin.

Publicité commune pour ses 3 garages (Document collection privée)

Lorsque Maurice Van Den Bruwaene décède, en 1974, l’église St Corneille à Hem est trop petite pour contenir l’ensemble de la foule venue assister aux funérailles. Celle-ci est désireuse de rendre hommage à la fois au brillant pilote automobile, virtuose du volant mais aussi au meneur d’hommes et d’affaires ayant implanté 5 garages dans l’agglomération lilloise. Nord-Eclair lui consacre un article avec photo au titre évocateur : le monde de l’automobile en deuil.

Annonce des ses funérailles (Document Nord-Eclair)

Pour rendre hommage à leur président d’honneur, les membres de la fanfare St Corneille montent une garde d’honneur avec leur drapeau. Le maire d’Hem, Mr Leplat est présent ainsi que Mr Yschard, du comité directeur de la fédération française du sport automobile et bien d’autres personnalités.

A Hem, 10 ans après c’est Pascal Delecroix qui est installé dans le garage. Il est agent Renault et fait de la publicité pour la R5. Par la suite, délaissant l’impasse Vandemeulebrouck, il installe son garage, qu’il occupe encore à ce jour, en tant qu’agent Renault et Dacia, au 63 rue Jules Guesde.

Publicité du garage Delecroix au 69 rue Jules Guesde (Document Nord-Eclair)
Publicité du même garage au 63 rue Jules Guesde et photo de celui-ci (Documents collection privée)

A Roubaix, un garagiste lillois, Mr Crequy, ouvre en 1975 un point de vente BMW, doté d’un magnifique hall d’exposition.

Publicité du garage Crequy de 1975 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 2000, la vente automobile y cède la place à un bar, billard, pizzeria à l’enseigne Le Shanon.

Photo du garage Crequy en 1975 (Document Nord-Eclair) et du Shanon en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à Damien Jouvenel ainsi qu’aux archives municipales de Roubaix

L’histoire de la poste à Hem

La poste en France est issue des relais de poste, mis en place par le roi au quinzième siècle pour transporter les messages royaux, et surtout des offices de messagers royaux créés au seizième siècle et autorisés à transporter le courrier des particuliers. L’administration des postes trouve quant à elle son origine avec la création de la « poste aux lettres» dirigée par le surintendant général des postes.

Messagers à cheval au 15 ème siècle (Document AFP)
Diligences dans le midi 19ème siècle (Document Wikipedia)

Le télégraphe quant à lui ne voit le jour qu’en 1845 et c’est seulement en 1879 que la poste fusionne avec le télégraphe pour devenir les PTT (Postes, Télégraphes et Téléphones) et se voit attribuer un ministère. L’acheminement du courrier se fait essentiellement par le rail à l’époque et seules les grands villes sont munies de bureaux de poste.

A Hem, à la fin du dix-neuvième siècle, seule une boîte aux lettres, modernisée en 1880 par l’achat d’une belle porte à cadran indiquant le passage du facteur, existe encore. Les industriels qui s’installent dans la commune réclament à grands cris l’ouverture d’un bureau de poste.

ancienne BAL de 1900 et 1925 (Document musée de la Poste)

Mais ce n’est qu’en 1891 que le Ministre autorise la création d’un bureau de quatrième classe, et à la condition que la commune fournisse durant 18 ans les locaux gratuitement. L’autorisation obtenue, dès 1892, la ville fait donc construire celui-ci à l’angle de la route de Lannoy et de la carrière de Beaumont (aujourd’hui rues Jules Guesde et de Beaumont) .

C’est l’architecte Mr Deregnaucourt, de Roubaix, qui est chargé de la réalisation du projet qui comprend le bureau de poste et le logement du directeur. Sur la façade du bâtiment, côté route de Lannoy, apparaît l’inscription « Postes et Télégraphes ».

carte postale début du 20ème siècle (Document collection privée)

Pierre Gosman, cabaretier, est alors nommé porteur de télégrammes. Enfin en 1898, le téléphone est installé et la receveuse des postes, surchargée, prend une aide à son compte.

dessin du bureau (Document Tout’Hem)
dessin ajout du téléphone et télégramme (Document Tout’Hem)

La Mairie n’est raccordée qu’en 1905 et, dès 1910, des réclamations commencent par suite d’encombrement du circuit téléphonique, obligeant les PTT à prévoir une seconde ligne mais pas immédiatement en raison d’un problème de manque de crédits.

dessin encombrement des lignes (Document Tout’Hem)

Avec la croissance rapide de la ville de Hem, un nouveau bureau de poste, répondant aux besoins d’une ville moyenne, est mis en chantier, à l’angle du boulevard Clemenceau et de la rue Jean Jaurès en 1968 pour être ouvert au public au début de l’année 1969.

chantier de la nouvelle poste en 1968 et bureau finalisé en 1969 ( Document Nord-Eclair et bulletin municipal de Hem)

Le nouveau bureau de poste bénéficie de places de parking ainsi que d’un distributeur de billets de manière à améliorer la vie des habitants du quartier des 3 Baudets, où un nouveau lotissement vient de voir le jour en face de l’église Saint-Joseph. Par ailleurs, s’il n’est plus à proprement parler en centre ville, il n’en est pas très éloigné.

Depuis 1970, si l’immeuble a connu quelques rénovations, notamment en matière de réfection des peintures de façade, il n’a pas été fondamentalement modifié comme le montrent ces 2 photos des années 70 et 2020. Seul le parking, régulièrement encombré en raison du grand nombre d’usagers a fait l’objet d’un agrandissement.

photos années 70 (Document collection privée) et 2020 (Document Google Maps)

Quant à l’ancien bureau de poste de la rue Jules Guesde, les locaux, un temps inoccupés ont accueilli ensuite les marbreries Scopi puis Piccini. A partir de 2020, cette dernière a diversifié ses activités en adjoignant à sa fonction première celle d’entreprise de pompes funèbres.

publicités marbreries (Documents collection privée)

Si, côté rue de Beaumont, une exposition de monuments funéraires a été aménagée à 10 mètres de l’entrée sur le coin et si la façade a subi un ravalement complet il est aisé de retrouver dans l’aspect du bâtiment actuel les vestiges de l’ancienne poste de Hem.

extrait d’une carte postale du début du 20ème siècle (Document collection privée) et vue similaire en 2020 (Document Google Maps)

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la ville de Hem.

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem (suite)

Dès la 3ème semaine d’Août 1914, les astronomes de l’observatoire de Hem entendent tonner le canon presque chaque jour. Bientôt les troupes allemandes envahissent la région. Ayant mis sa femme et ses enfants à l’abri en Angleterre, Robert compte regagner son observatoire mais celui-ci, de même que l’entreprise familiale, est occupé par les allemands, qui vont y installer un casino restaurant.

Observatoire occupé par les allemands (documents collection privée)

Il s’ exile alors lui aussi en Angleterre, pour la durée de la guerre, et se trouve rattaché au service d’optique de l’arsenal royal à Woolwich, passant ses nuits à l’observatoire royal de Greenwich.

Robert en exil à Woolwich (document JC Thorel)

De retour en France en 1919, il découvre les déprédations commises par l’armée d’occupation dans son observatoire et l’entreprise familiale :

– dans l’observatoire : le vol des pièces de précision et des instruments d’astronomie, la disparition des livres de la bibliothèque, le saccage de la maison d’habitation, la détérioration du matériel trop lourd pour être emporté et le sabotage de la coupole ainsi que la destruction du poste météorologique. Il doit donc commencer la remise en état de son observatoire qui sera longue et coûteuse…

-dans l’entreprise textile : le pillage des tissus et étoffes par les allemands mais également des machines et de l’outillage de l’usine. Son frère aîné, successeur de son père en 1910 à la direction de celle-ci, revenu diminué de la guerre et n’étant plus apte à remplir cette fonction, Robert en héritera à son tour en 1922.

Robert Jonckheere (Document association Jonckheere)

Robert est dès lors très pris par ses affaires s’occupant à la fois de la gestion de l’entreprise familiale et de la restauration de son observatoire pour laquelle il recherche activement des financements. Toute cette activité ne lui laisse que peu de temps à consacrer à sa famille et la séparation des époux intervient en 1926.

Le divorce est acté en 1927. Cette même année, le gouvernement anglais interdit l’importation de draperies étrangères et Robert, qui commerçait beaucoup avec ce pays, reste avec tout son stock de draperies de style anglais et se voit contraint de déposer le bilan de son entreprise de filature.

Il rencontre également trop de difficultés financières pour pouvoir continuer à supporter les frais et charges occasionnés par un observatoire et son personnel.

Après avoir vendu quelques parcelles de terrain de l’autre coté du boulevard, il se résout donc à vendre son matériel scientifique à l’université de Lille.

lunette astronomique à Hem en 1909 puis à Lille 100 ans plus tard (Documents association Jonckheere)

Le 12 décembre 1928, après de longs pourparlers avec celle-ci, le journal de Roubaix annonce le transfert de l’observatoire de Hem à Lille. Ce n’est pourtant qu’en 1929 que la vente est enfin conclue, Robert ayant tenté jusqu’au bout, sans succès, d’obtenir la direction du futur observatoire. L’observatoire astronomique disparaissant de Hem le boulevard qui portait son nom devient le boulevard Gustave Delory, du nom du député du Nord.

transfert de l’observatoire de Hem à Lille (document journal de Roubaix)
vente du terrain (document JC Thorel)

La propriété est quant à elle mise en vente dès le mois de mars 1930 en plusieurs parcelles. C’est Pierre Verspieren, assureur, qui se porte acquéreur de la 1ère parcelle, « en nature de jardin bien planté », avant de la revendre, en 1945, à Pierre Motte père. Quant à la 2ème parcelle comprenant la maison d’un étage avec terrasse, l’habitation du concierge et les chambres des observateurs, les bureaux et la bibliothèque un garage et les restes de la coupole, en partie démolie pour en extraire la lunette, elle est achetée par des épiciers grossistes en 1935 et revendue à Pierre Motte en 1948.

C’est dans les années 50 que les nouveaux propriétaires agrandissent le rez-de-chaussée et surélèvent la maison d’un étage la rendant telle qu’elle est actuellement toujours visible au n°80 du boulevard, devenu Clémenceau dans les années 30.

photos années 1950 et 2020 (documents collection privée et google maps)

Plus rien ne retenant Robert dans la région lilloise, il quitte celle-ci pour s’installer dans le sud, à Marseille où, après avoir exercé de multiples métiers, il obtient enfin, en mars 1930, un poste à l’observatoire de Marseille, où il travaillera jusqu’en 1962, année de sa retraite. Quand il décédera, en 1974, il laissera derrière lui, à Lille, une des plus importantes lunettes encore en service en France.

Pendant ce temps, en 1933, l’observatoire de Lille sort de terre rue du Faubourg de Douai, construit dans un style très semblable à celui de Hem ; il est inauguré fin 1934.

observatoire de Lille 1934 (Documents association Jonckheere)

La même année celui de Hem est pratiquement rasé en dehors des bâtiments d’habitation : l’ancienne habitation de Robert et les 2 garages au 80, et la maison du concierge au 82.

Le reste du terrain est devenu un lotissement de maisons bourgeoises dont l’accès est baptisé Allée de l’Observatoire.

Vue aérienne actuelle (Document Google maps)

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere.

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.

La ferme des 4 vents

Au dix-septième siècle, la ferme, située à l’extrémité de Hem, aux confins du territoire de Sailly-lez-Lannoy, est exploitée par la famille Castel et le reste jusqu’au vingtième siècle. La ferme est alors reprise par Victor Ruscart et son épouse Marie-Louise Delrue. L’exploitation comprend 16 ha et l’étable se situe à moitié sur le territoire de Sailly. Aucun tracteur n’est alors utilisé sur le domaine.

Ferme Ruscart (Document archives Historihem)

Vue aérienne de 1951 (Document IGN)

Lorsque Victor Ruscart cède la ferme pour prendre sa retraite, en 1970, il la vend à M. Henri Masquelier, pépiniériste à Lys-lez-Lannoy. L’entreprise de celui-ci fondée à Hem en 1874 par son aïeul, et transférée à Lys-lez-Lannoy en 1905 où elle occupait 2 ha, avait connu un nouvel essor en 1919 et porté sa surface à 7 ha et un nouveau bâtiment. En 1946, apparaissait la profession de paysagiste et l’entreprise connaissait une extension importante.

Dans les années 70, les jardineries en libre service se créent et la société Masquelier s’emploie à développer ce secteur, notamment en se réimplantant sur Hem où l’exploitation comprend alors 21 ha et prend pour nom commercial La Pépinière des 4 Vents.

Pépinières Masquelier (Documents collection privée)
Plan et photo aérienne 1971 (Document IGN)
Publicité de 1981 (Document collection privée)

La famille Masquelier la revend à son tour à Gonzague Pierchon et son épouse en 1987.

Ancienne Ferme Ruscart (Document archives Historihem)

La ferme reçoit alors l’appellation commerciale de Maison des Pâtures. Le journal Nord-Eclair se fait écho de cette incursion du Périgord dans le Nord.

Gonzague Pierchon vend du foie gras en 1987 (Document Nord- Eclair)

En effet, Gonzague Pierchon est à l’origine comptable et s’est retrouvé employé à la Chambre d’agriculture de Périgueux. Intéressé par le monde de l’agriculture, il a quitté son emploi pour étudier l’aviculture à Rambouillet. Ayant trouvé un corps de ferme à louer à St Amand les Eaux il y a développé son 1er élevage d’oies nordiste avant de se rapprocher de l’agglomération lilloise, où le foie gras se vend traditionnellement mieux, en s’installant à Hem.

Elevage des oies à l’extérieur (Document Nord-Eclair)

Il y pratique l’élevage extensif en pâture comme cela se fait traditionnellement en Dordogne, laissant les oies et canards gambader en pâture puis les nourrit de mais à volonté toujours à l’extérieur avant de passer à la phase de gavage.

Vue aérienne de l’exploitation en 1997 (Document IGN)
Vue de la ferme en 2008 sur Hem et sur Sailly lez Lannoy (Document Google Maps)

Après le départ en retraite du couple Pierchon, la ferme du 207 rue du Calvaire déviée est rachetée en 2016 par Nicolas Mulliez. Celui-ci, charpentier de formation, mais sensible aux thématiques agricoles, s’est formé dans une ferme proche d’Orléans, pionnière en agriculture biologique. Après le rachat de la ferme il décide de faire de son exploitation un véritable laboratoire pour la permaculture.

Vues de la ferme en 2019 sur Hem et sur Sailly lez Lannoy (Documents Google Maps)

Ses produits sont certifiés bio et il fournit aussi bien les particuliers que les magasins bio des environs mais aussi les restaurateurs. Avec son épouse il a aussi créé des gîtes tout confort et met également à disposition de sa clientèle une salle de réception pour les événements privés.

L’intérieur de la ferme (Document site internet de la ferme des 4 vents)

Il est curieux de constater comment cette ferme, exploitée à l’origine par des familles d’agriculteurs puis par un horticulteur, est ensuite devenue par l’intermédiaire d’un comptable de formation le domaine du foie gras avant d’être aujourd’hui une exploitation bio grâce à un charpentier de formation.

Remerciements à Historihem et la Ville de Hem

Robert Jonckheere : l’Observatoire de Hem

Fils de Louis Jonckeere, dirigeant d’une manufacture de lainage et draperie, rue Pasteur à Roubaix, Robert Jonckeere vient au monde, en 1888, dans cette même ville. Comme son frère aîné il effectue, au début des années 1900, un séjour en Angleterre pour y apprendre la langue et y suivre des cours à l’Ecole Polytechnique et à l’Université de Londres ; c’est dans ce pays qu’il rencontre sa future épouse Thirza.

Robert en 1904 (document JC Thorel)

En 1904, son père le rappelle en France pour commencer à l’initier à ses affaires. Cependant son travail à la manufacture ne le passionne pas même s’il a réussi à obtenir la confiance de son père pour représenter l’entreprise en Angleterre où il peut ainsi revoir fréquemment sa bien-aimée, tout en prospectant de nouveaux clients.

Il commence alors à passer ses nuits à observer les étoiles, d’abord avec un verre de monocle et une loupe avant de se procurer des lunettes de plus en plus puissantes, et se plonge dans la lecture de nombreux ouvrages traitant d astronomie. Puis il s’inscrit à différentes sociétés astronomiques : de France, d’Angleterre et même des Etats-Unis.

Domicilié chez ses parents, au 137 boulevard de Paris à Roubaix, il parvient à persuader son père de lui faire construire un petit observatoire sur le toit de la maison familiale, au dessus de sa chambre, opérationnel pour les fêtes de Noël de 1905 et appelé Stella, qui lui permet de se lancer, dès 1906, dans des observations astronomiques assidues et méticuleuses.

Robert devant son observatoire Stella (document JC Thorel)

En guise de cadeau paternel, pour sa majorité, il envisage la construction d’un véritable observatoire et finit par trouver le site idéal, de près de 2 ha, au lieu dit La Citadelle, hameau des 3 baudets à Hem, sur une petite colline de 53m d’altitude,lieu où avait été installé par l’armée, à la fin du siècle précédent, le Fort de la Lionderie.

Observatoire route d’Hem (document collection privée)

Ce terrain est acheté par parcelles à des cultivateurs de Hem en janvier 1908. L’accès se situe sur un boulevard ouvert à la circulation en 1902 et qui prendra le nom de boulevard de l’Observatoire. En Août 1908, tandis que les travaux se poursuivent, Robert épouse Thirza et les époux s’installent dans leur logement de l’Observatoire en Mai 1909.

Mariage de Robert et Thirza en 1908 (document JC Thorel)
Leur habitation au centre de la photo (document collection privée)

A l’entrée du terrain se trouve la conciergerie et, au 1er étage, le logement pour les aides attachés à l’Observatoire. Puis sont construits 3 corps de bâtiments reliés par des galeries :

Plan (document JC Thorel)

-au centre la grande coupole d’un diamètre intérieur de 8,24 m

-au sud la salle de la lunette méridienne

-au nord l’appartement de la famille, les bureaux et la bibliothèque,

soit un total de 57 mètres de façade

-un peu plus au Nord le chalet de météorologie

Robert sur sa chaise d’observation dans la coupole (document collection privée)
la lunette méridienne (document JC Thorel)
la bibliothèque riche de plus d’un millier de volumes (document JC Thorel)

En1909, Robert effectue ses premières mesures et, pour publier rapidement ses mesures et découvertes, il crée le Journal Astronomique de l’Observatoire de Hem dont le numéro 1 paraît dès septembre 1909.

Journal Astronomique 1909 (Document association Jonckheere)

Les observations météorologiques commencent en mai 1909 et un Journal Météorologique de l’Observatoire de Hem est créé en 1910 dont le 1er numéro paraît début 1911.

Journal Météorologique 1911 (Document association Jonckheere)

Le 22 Mai 1910, Robert est le 1er à retrouver la comète de Halley dans le ciel de la région : « astre chevelu qui donne l’impression d’une nébulosité vague et inconsistante, suivie d’une longue queue » ; sa publication contribue ainsi à la campagne d’information destinée à contrer une presse sensationnaliste annonçant la fin du monde.

Comète de Halley 1910 et Annonce fin du monde 1910 (document JC Thorel)

En 1911, il reçoit la visite de personnalités et d’astronomes éminents tel que Mr Benjamin Baillaud, directeur de l’observatoire de Paris, et Georges Lyon, recteur de l’académie de Lille, qui par leurs rapports extrêmement favorables sur ses travaux, lui font augmenter la subvention départementale dont il bénéficie.

Robert et Benjamin Baillaud 1911 (document JC Thorel)

A suivre…

Remerciements à Mr Jean-Claude Thorel, auteur du livre : Le ciel d’une vie- Robert Jonckheere ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Remerciements à l’Association Jonckheere pour son document : Extrait des premières publications de l’observatoire de Hem, édité en 2009.

Docteur Léon-Célestin Coubronne

Né en 1850, et arrivé à Hem en 1874, en qualité d’officier de santé, Léon-Célestin Coubronne y a exercé la médecine pendant près de 50 ans.

Il a son cabinet face au carrefour d’Hem-Bifur, au 59 de la partie de la chaussée de Lille, future chaussée à grande circulation n°6, puis route de Saint-Amand et enfin rue du Docteur Coubronne à partir de 1928.

Cabinet du Docteur, marqué d’une croix blanche, dans les années 1900 (Document collection privée)

Sa voisine Rosalie Mulliez est couturière. On raconte que quand il doit recoudre un patient il a recours aux services de celle-ci…

Célibataire, il vit, après la mort de ses parents avec sa gouvernante Mlle Berthe. Il effectue ses visites en voiture à cheval assis à côté de son cocher Auguste Debaisieux.

Berthe la gouvernante et Auguste le cocher (Document BD Au temps d’Hem)

Il ne se signale par aucun fait retentissant mais seulement par une bonté proverbiale, un désintéressement et une sollicitude qui lui attirent la sympathie de tous. Chacun bénéficie de ses soins et de ses attentions, surtout les pauvres.

Il s’efforce également d’améliorer les conditions d’hygiène dans la commune et mène un combat contre le déversement des eaux sales dans les rues et chemins et tente de faire fermer l’usine d’équarrissage. Il met en place une assistance médicale gratuite pour les plus défavorisés et prévoit une consultation de nourrissons.

Combat contre le déversement des eaux sales (Document BD Au temps d’Hem)
Visite à l’usine d’équarrissage (Document BD Au temps d’Hem)

Lorsqu’il décède, en Octobre 1923, la commune de Hem et les populations d’alentour (Lannoy, Lys, Forest et Annapes où il se rendait en visite chez ses patients) lui rendent hommage en nombre, avec beaucoup d’émotion, en présence de Mr. Delecroix, maire de la ville. La Musique Municipale exécute plusieurs marches funèbres.

Faire-part de décès (Document d’archive Historihem)

Henri Masquelier, prêtre-journaliste, assiste à la cérémonie. Né à Hem en 1856, dans une famille de cultivateurs du Petit-lannoy et ordonné prêtre en 1881 il fonde le journal lillois « La Croix du Nord » dont il prend ensuite la direction. Un compte-rendu des funérailles en forme d’hommage figure donc dans ce quotidien local en Octobre 1923.

Photo de Mr Henri Masquelier (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

Dès le mois suivant, un Comité se constitue et lance une demande de contribution auprès de la population en vue d’ériger un monument à sa mémoire. La municipalité soutient cette démarche à l’origine de laquelle se trouvent de nombreux habitants de la ville et de ses environs immédiats.

Son buste, réalisé par Mr Herbaux, sculpteur, grand prix de Rome, est installé au cimetière de Hem près du grand calvaire dès 1924 et inauguré par la maire de Hem, en présence de plusieurs sociétés ( pompiers, harmonie municipale, élèves des écoles publiques et des écoles libres, sociétés de secours mutuel, etc).

Buste du Docteur Coubronne en 1924 au cimetière et Mr Delecroix déposant une gerbe de fleurs (Document d’archive Historihem)

Le buste se trouve actuellement Place de la République, contre l’église et face au café-brasserie de la mairie ; malgré un projet évoqué en 2010, il n’a pas été déménagé sur la nouvelle grand place de Hem, devant le jardin des perspectives, dans la rue qui porte son nom depuis 1928.

Buste du Docteur Coubronne contre l’église (Document Philippe Drouffe)

En 1944, les chars anglais puis américains défilent dans Hem qu’ils viennent de libérer. Le défilé photographié lors de son passage devant l’ancien cabinet du Docteur Coubronne, à priori occupé à cette époque par des particuliers, permet de se faire une idée des dégâts subis par l’immeuble et surtout par l’habitation voisine.

Défilé des chars (Document d’archive Historihem)

Dans l’après-guerre, comme durant près de 30 ans, il semble que l’ancienne demeure du Docteur ait été occupée la plupart du temps à usage d’habitation. Une photographie aérienne des années 60 permet de constater que le 59 comme la maison voisine ont été remis à neuf.

Photo aérienne d’Hem Bifur avec le n°59 marqué d’une croix blanche (Document collection privée)

Instantané de mémoire d’une personne habitant le centre d’Hem à l’époque : « je me souviens d’un magasin où l’on vendait un peu de tout, une sorte de bric-à-brac là où se trouve actuellement la clinique vétérinaire. Quant à la maison voisine, située à la place du parking actuel, elle servait de logement aux ouvriers agricoles de la Ferme Franchomme ».

Puis en 1970, le mémento public du commerce, de l’industrie et du tourisme de Hem prévient les habitants de l’ouverture très prochaine du Crédit du Nord à Hem Bifur et, en 1971, une publicité atteste de l’arrivée de cet établissement bancaire dans la rue et le journal Nord-Eclair publie un avis d’ouverture de la nouvelle agence bancaire hémoise.

Publicité 1971 (Document collection privée)

Avis d’ouverture 1971 (Document Nord-Eclair)

Instantané de mémoire : « Quand j’ai eu mon concours de la fonction publique en 1981, c’est au Crédit du Nord d’Hem-Bifur que je suis allée spontanément ouvrir un compte bancaire. L’accueil y était chaleureux et je me souviens que Mr Derache, l’un des employés, avait toujours un mot gentil pour ses clients et qu’il faisait tout pour leur rendre service ».

Le docteur Philippe Delforge ouvre ensuite, en juillet 1989, une clinique vétérinaire dans les anciens locaux de la banque. C’est l’établissement qui occupe les lieux encore aujourd’hui sous le nom de clinique vétérinaire de la Marque. La boucle est bouclée : l’immeuble sis 59 rue du Docteur Coubronne est à nouveau consacré à la santé.

Instantané de mémoire :« Quand j’habite rue du Docteur Coubronne j’ai quatre chats et les occasions ne manquent pas d’aller consulter le docteur Delforge. Il est très professionnel mais aussi très humain et sait accompagner sa clientèle au mieux même lorsqu’il arrive qu’il faille mettre un terme à l’existence de mes compagnons à quatre pattes ».

Clinique vétérinaire de la Marque en 2021 (Document Google Maps)

Remerciements à Philippe Drouffe, l’Association Historihem et la Ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Brasserie Brabant-Desprets

La Brasserie Desprets Bonte, installée rue Jules Guesde à Hem, au lieu-dit le Monceau, à la limite de la ville de Lannoy, est mentionnée sur le cadastre de 1890, sous l’appellation Paul Desprets et dans le Ravet-Anceau de 1893 dans les 5 brasseries existantes à Hem. Il faut savoir qu’à l’époque les 5 brasseurs étaient propriétaires de la majorité des estaminets de cette petite ville. Un courrier datant de 1873 démontre que cette brasserie existait déjà auparavant, élément corroboré par le site patrimoine de France qui estime que la construction du bâtiment a eu lieu en 2 temps au dix-neuvième siècle.

Plan de Hem de 1953 situant le lieu-dit (Document archives Historihem)

Courrier Desprets Bonte de 1873 (Document collection privée)

Sur les cartes postales du début du vingtième siècle on peut constater que l’entrée principale de la brasserie, au dessus de laquelle figure l’enseigne Desprets, se fait par le bâtiment blanc sis au 470 rue Jules Guesde, légèrement en retrait du bâtiment en briques du 466-468 par rapport à la rue.

Le bâtiment début 20ème et en 2021 (vue de Lannoy vers Hem)(Documents collection privée et Google Maps)

Le bâtiment début 20ème et en 2021 (vue de Hem vers Lannoy) (Documents Hem Images d’hier et Google Maps)

Dès 1923, apparaissent dans les Ravet-Anceau les établissements Brabant-Desprets dirigées par Bernard Brabant, brasseur au 466-468-470 rue Jules Guesde à Hem, probablement suite à un mariage avec une descendante de Paul Desprets.

En ce début du vingtième siècle, la bière est livrée dans les cafés en tonneaux : la rondelle = 160 litres. Les rondelles sont portées par 2 hommes à l’aide d’un harnais d’épaule en bois appelé le « tiné ». Un 3ème doit les aider pour charger ou descendre les escaliers de la cave.

Porteurs de rondelles (Document Hem Images d’hier)
Porteurs de rondelles (Document bd au Temps d’Hem)

Les plates-formes sont tirées par 2 chevaux ou 3 mulets pour effectuer les livraisons.

Plates-formes de livraison (Document Hem Images d’hier)

A partir de 1947, on retrouve la société Brabant-Desprets répertoriée à la fois dans la brasserie et le commerce de gros de vins et spiritueux.

Tarif des vins et spiritueux en 1934 (Document archives Historihem)
Publicité années 50 (Document collection privée)

En revanche la famille Brabant-Desprets n’est pas domiciliée sur place. A cette époque on lui retrouve une propriété au 452 rue Jules Guesde soit juste avant la brasserie en venant du centre d’Hem. Cette importante propriété se distingue clairement sur la photo aérienne de l’époque.

Photo aérienne de 1947 (Document IGN)

Dans les années 60 la brasserie Brabant-Desprets semble à son apogée. Une vue aérienne permet de mesurer son importance en terme d’ampleur face à l’hospice.

Vue aérienne de la brasserie en 1962 (Document IGN)

Elle ne lésine pas sur la publicité et le sigle représentant les deux lettres B entrelacées du prénom et du nom de son propriétaire Bernard Brabant figure sur les cartes publicitaires et sous-bocks distribuées par l’entreprise.

Carte publicitaire  (Document collection privée)
Affiche publicitaire et sous-bock (Document archives Historihem)

L’entreprise est ainsi répertoriée jusque dans les années 70. En revanche en 1979 plus aucun établissement n’est indiqué à cette adresse. La propriété familiale apparaît en revanche toujours comme étant celle de la famille Brabant-Leurent après avoir été quelques années la demeure de Mme Vve Brabant-Desprets.

En 1981, le journal Nord-Eclair consacre un bel article à la reconversion de l’ancienne brasserie Brabant en centre d’accueil pour artisans. Sur les 4000 m² de la brasserie, les bâtiments inoccupés depuis plusieurs années constitués de : « logement, atelier, atelier de fabrication, logement patronal, magasin industriel, abri, magasin » selon le relevé du site consacré au patrimoine de France, ont été rachetés et les locaux sont revendus à des prix intéressants à des artisans.

Brasserie côté cour (Document Nord-Eclair)

La façade extérieure est préservée et rénovée tandis que les bâtiments sont rasés puis remis en valeur dans une zone d’activité dénommée l’ancienne brasserie.

Brasserie en façade (Document Nord-Eclair)

Les caves de la brasserie accueillent alors 5 orchestres de la région qui ne trouvaient pas de locaux. Cette information fait écho à une photographie du début du vingtième siècle qui peut être une forme de publicité pour la brasserie ou signifier que les propriétaires ou les employés de celle-ci participaient à l’époque à une formation musicale.

Photo musiciens Brabant (Document collection privée)

Depuis 1982, un certain nombre d’entreprises se sont succédé dans les anciens locaux de la brasserie au 466-468, exerçant les professions les plus diverses : commerce de voiture, entreprises de bâtiment, agence immobilière, mais aussi activités de santé humaine telles que psychologie et sophrologie. La façade extérieure a été rénovée au fil du temps et aujourd’hui le bâtiment a fière allure et évoque par son architecture le souvenir du passé industriel hémois.

Le bâtiment en 2008 et 2020 (Documents Google Maps)
La façade du 468 rénovée en gros plan (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem et la Ville de Hem et Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem images d’hier ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

L’auberge du Coq

Ce bâtiment, sis sur la place d’Hem, doit dater du XVIIème siècle ; on invoque alors Saint-Corneille pour guérir le « haut mal » ou épilepsie, ainsi qu’une foule d’autres maladies. Les pèlerins sont fort nombreux et viennent d’un peu partout chaque année plus spécialement autour du 14 septembre, anniversaire de la mort du saint.

Invocation de Saint-Corneille (Document Au Temps d’Hem)

Avant d’invoquer celui-ci, une coutume fort ancienne consiste à offrir un coq vivant souvent acheté dans cet établissement. Quand on s’y attable, chacun apporte en même temps sa bûche pour participer au chauffage ou l’achète au tenancier.

Cet estaminet sert également de Maison Commune pour la réunion des échevins et baillis de l’Ancien Régime puis des Conseillers municipaux après la révolution et jusqu’en 1883, année de construction de la première Mairie.

Représentation de la Maison Commune (Document BD Au temps d’Hem)

La société des archers apparaît à Hem en 1834 comme l’indique son drapeau. C’est un groupement sportif qui oblige ses membres à présenter certaines conditions de moralité, à prêter serment et à observer les règlements de la compagnie Il existe des concours individuels et des concours entre sociétés. Celle de Hem a son siège à l’auberge du Coq.

Drapeau en soie brodée d’une image de Saint-Sébastien (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

En 1887, l’établissement est repris par Louis Dufermont, cultivateur à Hem et conseiller municipal de la ville.

L’immeuble est situé au bout de la place d’ Hem, derrière l’église Saint-Corneille et une carte postale du début du vingtième siècle colorisée permet d’en constater l’importance.

Auberge du Coq au centre de la photographie (Document collection privée)

En 1935, une publicité annonce clairement les multiples activités de l’établissement : estaminet toujours, mais aussi marchand de légumes, fruits, primeurs et conserves de premier choix à des prix défiant toute concurrence (Arrivages frais tous les jours-Livraisons à domicile). Concrètement un couloir sépare la partie café et la partie primeurs.

Publicité 1935 (Document collection privée)

A l’occasion de la fête annuelle des brancardiers et infirmiers du Nord une manifestation est organisée à la gloire de Notre Dame de Lourdes le 07 juin 1936, par la paroisse Saint-Corneille. Lors de la procession, le cortège s’arrête devant l’auberge du coq et l’on distingue très bien sur la photographie la façade de l’établissement ainsi que son enseigne. A cette époque, ce sont donc déjà les noms de Demagny et Wauqier qui y sont indiqués.

Prospectus annonçant la procession (Document site Historihem)
Photographies de la procession (Document site Historihem)

Une vue aérienne de 1950 permet de constater que le centre d’ Hem consiste encore en quelques maisons groupées autour de l’église, environnées de nombreux champs, la vocation agricole de Hem étant encore très importante malgré l’implantation depuis la fin du dix-neuvième siècle de quelques industries.

A cette période l’immeuble situé au n° 8 de la place n’a plus aucune implication dans les affaires communales puisque la Mairie a été construite depuis plus de 50 ans. Le bâtiment n’abrite plus que 2 commerces.

Vue aérienne 1950 (Document IGN)

En 1958, le Ravet Anceau fait ainsi référence à l’établissement non plus en temps qu’auberge du coq mais en temps que café au nom de Demagny et en temps qu’épicerie au nom de Wauquier. En 1972, le nom de Demagny apparaît toujours à la rubrique cafetier mais l’épicerie Wauquier n’est plus répertoriée à cette adresse.

La maison du surgelé occupe ensuite l’immeuble à compter de 1979 comme en témoigne une publicité reprenant les trois établissements de l’enseigne dans la métropole en Mars 1982.

Publicité mars 1982 (Document Nord-Eclair)

« Instantané de mémoire : Lorsque je m’installe rue du Docteur Coubronne en décembre 1986, pas besoin de prendre la voiture pour faire mes courses au quotidien. Tous les commerces de 1ère nécessité sont regroupés dans un rayon de moins d’un kilomètre autour de mon domicile : boulangerie, boucherie, supermarché et même un vendeur de produits surgelés sur la place sur laquelle s’installe aussi le marché chaque dimanche matin».

Photographie aérienne (Document Hem 1000 ans d’Histoire)

Après la fermeture de la maison du surgelé c’est un cabinet comptable qui s’installe, en 1993, dans cet ancien bâtiment après avoir procédé à sa rénovation complète. Il s’agit du cabinet de Bernard Panyen qui ensuite développe la société Bernard Panyen et Associés, société d’expertise comptable qui occupe toujours les locaux à ce jour.

Photo du bâtiment en 2017 (Document Google Maps)
Logo de la société (Document site internet BPA)

De l’ancienne auberge du coq, ne subsiste plus qu’une trace à ce jour à savoir le coq en relief qui figure toujours au dessus de la porte d’entrée.

Photo du coq aujourd’hui (Document collection privée)

Depuis 1950, la place de la République a bien changé et l’ancienne place du village est devenue un centre ville même si des champs l’isolent encore de la voie rapide.

Photo aérienne 1989 et 2021 (Document IGN et Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem et la Ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem 

Marie-Paule Cadeaux (suite)

Marie-Paule Deshayes est également la responsable de l’Union Commerciale pendant 20 ans et n’est jamais à court d’idées pour mettre en oeuvre diverses opérations commerciales, au moins une par année.

Dès 1993, elle organise ainsi une opération Noël avec l’association commerciale « Hem j’aime », afin de tenter de redynamiser les petits commerces de Hem qui subissent la concurrence des supermarchés. Des lots (petit électro ménager et paniers garnis) sont remis aux participants du tirage au sort de la quinzaine commerciale de fin d’année.

Photos du lancement de l’opération et de la remise des lots (Documents La Voix du Nord 1993 et 1994)

La même année a lieu le jumelage de la ville de Hem avec celle de Wiehl, en Allemagne dans le district de Cologne, à l’initiative de Denise Houdry ajointe à la culture de la ville de Hem. A cette occasion Marie-Paule prend l’initiative de créer dans les commerces de la ville des vitrines aux couleurs de l’événement également marqué par des festivités : rencontres sportives, échanges scolaires, fête champêtre, plantation de l’arbre du jumelage dans le parc de la mairie, etc

le jumelage et la vitrine de la boutique à cette occasion (Document Marie-Paule Deshayes)

1994 est l’année de « La Brasserie du Commerce », c’est-à-dire, « l’opération moules » le jour de la braderie. Ce jour-là les commerçants de Hem régalent 350 convives dans la salle Leplat où ont été installées de longues tables recouvertes de sets « Hem en fête ». Après plusieurs soirées de préparation et plusieurs heures de nettoyage sur le parking de la salle, quelques 400 kilos de moules et 200 kilos de frites sont servis à table le midi pour le plus grand plaisir des « bradeux ».

Photos de la salle Leplat et publicité pour l’événement (Document Marie-Paule Deshayes)

Puis Marie-Paule et son mari entament à nouveau une rénovation de la façade en 1995 et un agrandissement intérieur. La nouvelle vitrine permet de mettre en valeur l’élégance des produits proposés par la boutique. A cette occasion la publicité qui paraît dans la presse met l’accent sur le côté de plus en plus chic de la boutique et des produits proposés à la clientèle.

Photo de la nouvelle façade (Document collection privée) et de l’intérieur de la boutique rénovée (Document Marie-Paule Deshayes)

Marie-Paule, en plus de la papeterie et de la maroquinerie ainsi que des classiques de son commerce se lance en effet dans les listes de mariages. Elle se consacre à l’esprit « traditionnelle boutique » et ne propose que du haut de gamme qui ne se vend pas en grande surface. Elle reste ainsi fidèle à son idée de faire venir dans son magasin une clientèle à la recherche de ce que l’on ne trouve pas ailleurs.

Nouvelle publicité (Document collection privée)

A la fin des années 90 et pendant 10 ans, Marie-Paule participe également à l’opération du Téléthon, une association caritative déterminée à vaincre la maladie, et avec laquelle, en femme d’engagement, elle ne peut envisager de ne pas faire quelque chose, entraînant à sa suite l’union des commerçants dont les gérants du pressing hémois de la rue Jules Guesde.

Téléthon 1999 à Hem (Document Marie-Paule Deshayes)

Dans le même esprit, elle participe à une exposition organisée à la salle Leplat, le salon de la femme, en 2002, où elle fait en sorte que son « stand » soit le plus attractif possible et représente au mieux les différents types de produits accessibles dans sa boutique, petite par la taille mais grande par le contenu proposé.

Photo de l’exposition de 2002 à la salle Leplat (Document collection privée)

Enfin, toujours partante pour toute initiative de nature à mettre de la vie dans la commune et ainsi participer à la redynamisation du commerce hémois, elle participe à une manifestation organisée en partenariat entre la municipalité et l’association « Bien Vivre à Hem », à savoir l’élection de l’ambassadrice de la ville en 2002.

Flyer annonçant l’événement et photo des lauréates avec Marie-Paule (Document Marie-Paule Deshayes)

Le temps a passé vite et en 2010, Marie-Paule prend sa retraite. Malheureusement il n’y a aucun repreneur pour le fonds de commerce et le magasin familial ferme ses portes.

Le bâtiment est vendu et ce n’est qu’en 2013 qu’Olivier Roffiaen y installe son auto-moto-école, encore en activité à ce jour.

Photo du bâtiment à vendre en 2010 et de la nouvelle auto-moto-école en 2020 (Documents Google Maps)

Remerciements à Marie-Paule et André Deshayes

Le château et la ferme de Beaumont

Le fief de Beaumont à Hem remonte au 13ème siècle et appartient initialement à la Maison de Lannoy. La première représentation que l’on a du château remonte aux années 1640, par l’intermédiaire du chanoine Antoine Sanders, dit « Sanderus », théologien et érudit auteur de nombreux ouvrages au dix-septième siècle. Le domaine se situe au bout du chemin de Beaumont, sur un simple chemin rural.

A l’époque le fief de Beaumont se compose d’un château bâti sur motte avec donjon et chapelle, entouré de grands fossés et d’une cense contenant maison, étables, bergerie, grange, fournil, basse-cour, jardins, prés, pâtures, bois, champs entourés d’eau et terres de labour. (Source historique des « château et cense de beaumont » à Hem Nord publiée par Mr Volpi, basée sur les recherches de Max Barrois)

Croquis du 1er château de Beaumont (Document archives Historihem)

Le domaine se maintient dans son intégrité jusqu’à la révolution. Une vente réalisée en 1732 à la famille Libert (conseiller du roi de France) fait en effet mention :« d’un château seigneurial avec porte, avec une basse cour et plusieurs jardinages entourés d’eaux pour l’usage et la commodité du seigneur et attenant au château, un lieu manoir amassé de granges, étables, fournil et autres édifices à usance de cense, avec prés, pâtures, bois, chaingles (enceintes), eaux, rejets, flots, flégards (sentiers) et terres labourables en plusieurs pièces tenant ensemble et contenant 25 bonniers environ ». (Sources généalogiques et historique des provinces du Nord)

En 1773, le château, en mauvais état, est vendu par la famille Libert à Paul Joseph Dutoit, fermier de Beaumont, et Michel Joseph Letellier maçon à Hem. Ensuite en 1872, c’est Jules Brame Delemer qui devient propriétaire du domaine puis Max Barrois son descendant.

Le journal Nord-Eclair de 1941, dans sa rubrique : Regards sur le passé, publie une photographie du château de Beaumont au début du vingtième siècle. S’agit-il bien du château situé dans le fief de Beaumont comme le laisse supposer l’article du journaliste qui en reprend l’histoire, ou s’agit-il d’une autre propriété ? En effet, dans l’annuaire de 1923, le château de Beaumont est la propriété d’un industriel nommé Glorieux et c’est encore le cas en 1948 mais il s’agit d’une propriété sise au 209, boulevard Clémenceau et non de l’ancienne seigneurie.

Photo du Château au début du 20ème siècle Document Nord-Eclair)

Dans les années 1930, on retrouve l’impressionnante propriété de l’ancien fief de Beaumont sur une vue aérienne au niveau du 12 de l’actuelle rue Montaigne à Hem, à la limite de la ville de Croix.

Photo aérienne du Château de Beaumont en 1932 (Document IGN)

En 1931, la cense de Beaumont est toujours entourée de douves. Elle est gérée par Louis Lienart qui la laissera l’année suivante à son fils Pierre. La pièce d’eau cerne une île où se trouve un chalet. Le château est alors à l’opposé de l’entrée de la ferme.

Photos de la ferme en 1931 (Documents archives Historihem)

En 1944, les propriétaires sont Mrs Barrois et Detroyat (célèbre aviateur). En 1945, le château, loué à l’association : « les amitiés scoutes », devient un lieu de réunion des troupes scoutes et guides. Ainsi, à l’été 1957, les 2000 scouts et guides de France des districts de Roubaix-Tourcoing y organisent une agréable journée de rassemblement.

Le programme est le suivant : une messe en plein air célébrée par l’aumônier d’une fraternité scoute, un déjeuner au restaurant installé pour l’occasion ou un pique-nique sous les arbres du parc verdoyant, un kayak pour naviguer sur la rivière, une exposition de peintures, des manèges et de nombreux jeux, un junicode suivi des nombreuses démonstrations organisées par les scouts et guides qui, dans la soirée, procèdent au renouvellement des feux de la Saint-Jean.

La fête champêtre de 1957 (Documents Nord-Eclair)

Pourtant la même année la presse annonce la prochaine disparition du château et de la ferme pour permettre la création d’une magnifique cité résidentielle. Fort heureusement le site sera finalement épargné et la construction se fera autour permettant aux futures résidences de bénéficier d’un cadre exceptionnel et surtout assurant la préservation d’un patrimoine historique.

Prochaine disparition du château et de la ferme (Documents Nord-Eclair)

Les derniers gérants sont le couple Meyer jusqu’en 1961. La Cense est ensuite rachetée puis aménagée, en 1962, par Mr Remi Ange Silvio Volpi, industriel roubaisien dans la teinture à façon au 232 boulevard de Fourmies.

En 1947 et 1962, les vues aériennes montrent un domaine toujours aussi imposant sans autre demeure dans le voisinage immédiat.

Photos aériennes de 1947 et 1962 (Documents IGN)

Dans les années 1970, le domaine, fort bien entretenu, est toujours très champêtre. En revanche, dès 1976, les habitations se densifient et en 2021, l’ancienne cense de Beaumont est environnée de maisons.

Photos des années 1970 (Documents collection privée)

Photos aériennes de 1976 et 2021 (Documents IGN et Google Maps).

Vue de l’étendue du domaine sur le plan de la ville (Document Google Maps)

Pourtant la construction en elle-même n’a pas beaucoup changé et lorsque l’on observe de plus près la photographie de l’entrée du domaine côté ferme, en venant de la rue Boileau, on s’aperçoit que le porche crénelé déjà observé sur les photos de 1931 se retrouve à l’identique sur les photos actuelles.

Photo du porche actuel (Document archives Historihem)

Le 12 rue Montaigne est aujourd’hui le siège de l’entreprise de recherche-développement en autres sciences physiques et naturelles de Mr Luis Gonzales Alvarez. De nos jours, lorsque l’on passe dans la rue Montaigne on ne voit aucune trace de l’ancien domaine ; seul un petit portail blanc, à côté du numéro 6, donnant sur une allée marque l’entrée de l’ancien château. Dans la rue Boileau, le portail n’est pas plus grand mais une petite plaque indique la présence de la Cense de Beaumont. Au fond de l’allée on distingue le porche crénelé dont la photographie figure ci-dessus.

Photo du portail côté Boileau (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem