Centre social des Hauts-Champs

En 1962, le quartier des Hauts-Champs, Longchamp et Trois-Fermes, situé sur les 3 viles de Hem, Roubaix et Lys-lez-Lannoy voit la création du centre social dit « des Hauts-Champs » 258, avenue Laennec à Hem. Le bâtiment est la propriété de l’Association des Maisons de l’Enfance et le centre social en est simplement locataire. Ce quartier abrite quelques 16.000 habitants, dans un secteur appelé parfois à juste titre : le carrefour des 3 villes. Un incendie partiel, en1968, entraine très vite une petite rénovation ainsi que la création d’un accueil et d’une bibliothèque.

Photo panoramique de l’avenue Laennec dans les années 1950-1960, avant la construction du Centre social et photo aérienne de 1965 avec le centre social construit 5 ans plus tôt (Documents IGN)
Photo du centre social en 1962 (Document Historihem)

Dix ans plus tard en 1971, c’est une association des usagers qui reprend la gestion du centre social, devenu indépendant. Le jeudi, jour de repos scolaire de l’époque, le centre social est une véritable ruche où de nombreux enfants viennent se détendre : danse folklorique, basket-ball, menuiserie, couture, cuisine, expression manuelle…L’accent est mis pour les 8-14 ans sur les sports de plein air afin de leur assurer le défoulement nécessaire.

Par ailleurs un jardin d’enfants est créé pour les tout-petits, accessible chaque après-midi ainsi que le mercredi matin, pour permettre aux mamans de participer aux activités qui leur sont consacrées par le centre.

Les travaux de peinture des petits et le jardin d’enfants en 1971 (Document Nord-Eclair)
CP du bâtiment dans les années 1970 (Document collection privée)

S’ajoute au centre social le club des jeunes, construit du côté de la rue Villemin, qui en fait partie intégrante. Au programme, essentiellement du sport : judo, gymnastique, tennis de table, cyclotourisme mais aussi le groupe nature créé d’abord à l’initiative des jeunes et à leur profit.

Pour gérer les ateliers existants et en ouvrir d’autres, un comité de maison est créé et géré par les usagers eux-mêmes. Chaque groupe y a des représentants qui discutent avec l’équipe de professionnels afin d’améliorer l’offre existante pour chaque tranche d’âge. Ainsi aux ateliers couture et cuisine s’est ajouté un atelier vannerie et la section des majorettes compte près de 80 participantes.

Des ateliers pour les jeunes en 1974 (Documents Nord-Eclair)

Le centre social assure de multiples services pour les habitants du quartier : cours d’alphabétisation, bibliothèque très bien achalandée, club nature avec étude des oiseaux dans une réserve installée près du château Meillassoux rue du Général Leclerc, soins à domicile et au dispensaire par des infirmières, après-midi portes ouvertes tous les jeudis pour faire connaître le centre.

Par ailleurs des événements sont organisés régulièrement pour animer le quartier : ainsi de grands jeux de plein air sur le terrain du centre ou encore fête avec démonstrations de majorettes, jeux divers, danses et dégustations de crêpes, par tous les enfants, lesquels ont amené chacun un camarade pour faire connaître les activités du centre, que fréquente déjà une famille sur trois habitant le quartier, aux autres jeunes.

Jeux de plein air et fête avec majorettes en 1975 (Document Nord-Eclair)

Après quinze ans d’existence, le bilan dressé par la directrice Mme Dewinter, en 1977 est positif. Le centre répond en effet aux besoins des 3 groupes de population visés : nourrissons, adultes et personnes âgées. La consultation nourrissons et le centre social sont ouverts aux jeunes enfants. Des activités sont ouvertes aux enfants jusqu’à 12 ans par le biais de divers ateliers puis le club regroupe les adolescents.

Il existe par ailleurs des sections pour adultes : enseignement ménager et gymnastique pour les dames, rencontres cyclotourisme, judo et belote pour les messieurs. Quant aux personnes du 3ème âge leur sont réservés des cours de gymnastique spécifiques ainsi que des après-midi rencontres.

Le centre social en 1974, décoré pour les fêtes (Document Nord-Eclair)

La dénomination « centre social » est pour la directrice un label de qualité ainsi que la gestion exercée par les usagers eux-mêmes, le conseil d’administration étant composé aux deux tiers par les usagers du site. De plus afin d’assurer un bon développement du quartier le centre est à l’origine de la création de l’Union des associations du quartier des 3 villes.

Quant au syndicat intercommunal créé par les 3 municipalités concernées, il prend en charge la création d’un terrain d’aventures de 4.000 mètres carrés de superficie, situé derrière le centre social, sur lequel devront pouvoir s’ébattre, en dehors des heures scolaires, tous les enfants du quartier dans une sécurité relative et en toute liberté.

Plan de 1973 et photo du terrain d’aventures derrière le centre social en 1978 (Documents Nord-Eclair)

En 1979, intervient l’inauguration de la nouvelle salle polyvalente du centre social des Hauts-Champs, après plus de 15 ans de discussions et d’attente pour obtenir cette extension du lieu propice aux activités sportives et culturelles du quartier. L’inauguration a lieu en présence de Mr Gizycki, président de l’association des usagers du centre, de Mme Dewinter, sa directrice, et le ruban est coupé par Mr Pierre Prouvost, député-maire de Roubaix.

Inauguration de la nouvelle salle polyvalente en 1979 (Document Nord-Eclair)

Dans un vaste quartier neuf de 4000 logements, le centre a longtemps été le seul équipement et a donc connu en plus de 15 ans un développement considérable. Il s’occupe d’environ 2000 familles et occupe 45 salariés. Géré par des administrateurs usagers bénévoles alors qu’il est l’un des plus gros du pays, le centre social se trouve confronté à des difficultés financières en 1980.

Malgré les différentes subventions perçues de : l’Etat, la CAF, le fonds d’action sociale des travailleurs migrants, les 3 municipalités concernées, les HLM et CIL, la direction de l’action sanitaire et sociale, et malgré la participation des usagers, le budget de 1979 n’est pas bouclé et les Trois Villes sont décidées à faire un effort exceptionnel tout en attendant de l’Etat une augmentation conséquente de sa subvention pour l’année en cours. Faute d’une solution durable une baisse de personnel est à prévoir.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Auberge du Tilleul

C’est Jean-Louis Briffaut qui ouvre un café à l’angle de la rue du Cimetière (actuelle rue du 06 juin 1944) et de la rue du Saint-Amand (actuelle rue du Docteur Coubronne) à Hem en 1863. L’établissement à l’enseigne « Au Tilleul »est repris en 1874 par Rosalie Jouveneau.

Le choix du nom serait dû d’après les anciens à un gros tilleul qui pousse non loin de l’estaminet et auquel les coursiers peuvent attacher la bride de leur monture. La spécialité de l’établissement semble être le genièvre servi dans un verre spécial à gros fond.

Situation du café à l’angle des 2 rue au début du 20ème siècle (Document Historihem)

L’entrée est située juste au coin de la rue du Cimetière et les livreurs ramènent les boissons à l’aide de charrettes tirées par 3 ânes car les nombreuses côtes à monter sont trop épuisantes pour 2 animaux. Sur la photo, la carriole des livreurs vient d’arriver et prennent la pose avec les tenanciers de l’établissement.

Le café en gros plan au début du 20ème siècle (Document Historihem)

A l’époque, le dimanche, seul jour de repos est consacré par les hommes au cabaret où ils jouent aux cartes, aux fléchettes et aux bourles mais aussi fument et boivent, essentiellement de la bière et du genièvre mais jamais de vin, beaucoup trop cher. Alors qu’au début du 19ème siècle Hem comptait 11 estaminets, ceux-ci se sont multipliés.

6% des cabaretiers seulement sont propriétaires de leur établissement. Les locataires changent souvent mais les enseignes restent. Il y en a alors au moins 60 à Hem, même s’il est difficile d’en fixer le nombre exact tant la situation est fluctuante d’un mois sur l’autre. Au Tilleul, on danse beaucoup et les bals de la ducasse y sont organisés, durant lesquels les garçons de Hem et ceux de Forest, ville voisine, se disputent l’honneur de faire danser les jeunes hémoises.

Ensuite, c’est au tour de Georges Thieffry de reprendre le café. Pendant la première guerre, plus précisément en juin 1915, il combat avec vaillance au front quand il est atteint à la jambe par une « balle explosible ». Réformé en 1918, perçoit une pension d’invalidité et continue à souffrir de sa blessure jusqu’à son décès.

Lors de ses obsèques il reçoit un vibrant hommage de la fraternelle des anciens combattants dont il était l’un des membres fondateurs. Il reçoit également l’hommage de la municipalité en temps que conseiller municipal élu en 1929 et membre de la commission administrative du bureau de bienfaisance.

Le café du temps de Georges Thieffry (Document Historihem)

Ensuite Achille Delemme reprend la gestion du café pendant les années 1920 et sa fille, Denise Dal-Dellemme, lui succède à la fin des années 20 et jusqu’à la fin des années 1930. Durant cette époque la grande salle est prêtée gratuitement aux diverses sociétés hémoises :

Les anciens combattants y font leurs réunions ;la société mutuelle La Sécurité y tient son assemblée générale 2 fois par an et la société horticole des jardins ouvriers 2 fois par mois ; les démocrates populaires y font leur réunion mensuelle et la musique municipale sa réunion hebdomadaire ; c’est aussi Achille qui met en place le Tir à la carabine.

Le café géré par Achille Delemme (Document Historihem)

La culture n’y est pas oubliée puisqu’y siège le Comedia Club qui, dans les années 20 y présente ses représentations théâtrales telle que « Muerta la Valca » en 1924. Quant à Achille il fait lui-même partie de l’harmonie municipale et pose fièrement avec les autres musiciens au 3ème rang de la Photo prise en 1922.

La représentation de Muerta la Valca en 1924 (Document Histotihem)
L’harmonie municipale en 1922 (Document Historihem)

Mais l’établissement sert également de siège et de salle d’entraînement au club de lutte hémois dans les années 1930. Le Docteur Trinquet en est le président, Alphonse Pessé l’animateur et Stanis Drymala l’entraîneur. Le club marche fort et compte dans ses rangs plusieurs champions du Nord.

Entrainement du club en 1933 (Documents Historihem)
Le club de lutte hémois en 1934 ; sur la 2ème photo, debout au 1er rang en partant de la gauche Stanis Drymala.(Documents Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, la grande salle, auparavant dévolue aux bals, sert à entreposer les matériels réquisitionnés par les troupes allemandes d’occupation. A la fin de la guerre en 1945 c’est le ravitaillement qui est distribué par l’établissement. Le comité du ravitaillement fondé par la municipalité répartit les denrées entre les commerçants et distribue des cartes de ravitaillement aux familles pour chaque denrée.

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et à l’association Historihem

Zone artisanale Marcel Lecoeur à Hem – 2

Puis, dans les années 2000, le n°2 rue Colbert abrite, pendant 16 ans (entre 2002 et 2018), les Cafés Richard, torréfacteur-spécialiste au service des professionnels de la restauration, et fabricant-grossiste en machines à café.

Photo de l’entrée rue Colbert et du côté avenue de la Marne en 2008 (Documents Google Maps)
Publicité (Document publicitaire Tout’Hem)

Ensuite, des activités sportives se développent dans la ZA qui accueille notamment l’Orange Bleue au n° 27 de la rue Colbert. Ce club c’est : 700m² dédié au sport dans une ambiance conviviale et familiale. Il se compose d’un espace Cardio et Musculation avec plus de 50 postes de travail.

Photo du bâtiment abritant l’Orange bleue (Document Google Maps)

Des coachs diplômés d’état, sont à la disposition des adhérents pour les accompagner quel que soit leur objectif (perte de poids, remise en forme, préparation sportive, renforcement musculaire…). Et pour les détendre après les séance, un sauna est également mis a leur disposition.

Photos intérieures de l’Orange Bleue (Documents site internet)

Enfin dans les années 2010, arrive à Hem, au 37 rue Colbert, après ceux de Wattrelos et Neuville-en-Ferrain, le drive de la société Leclerc, sur le terrain que longe l’avenue de l’Europe.

L’enseigne y a repris un bâtiment déjà existant d’une centaine de mètres carrés dans lequel elle a installé une chambre froide et de congélation pour conserver au mieux les produits. Les livraisons se font, plusieurs fois par jour, depuis l’entrepôt central géré par le magasin de Wattrelos.

Photos du Drive Leclerc (Documents Google Maps)
Publicité (Document Tout Hem)

En 2012, une salle de réception s’installe également dans la ZA, au n° 41-43, à savoir : La Renommée, disponible pour les mariages, communions, baptêmes, anniversaires et réveillons, avec ou sans service traiteur. Elle ferme malheureusement ses portes quelques années plus tard.

Photo en 2012 (Document Google Maps) et Publicité (Document tout Hem)

Actuellement il s’agit donc plus d’une zone d’activités que d’une zone artisanale puisqu’elle abrite à la fois surtout des commerces et des activités sportives et culturelles.

Ainsi en lieu et place du magasin d’usine Kway se trouve, depuis 2013, le magasin Label Vie, enseigne engagée dans le développement durable depuis plus de 20 ans qui propose dans ses rayons de nombreux produits Bio : épicerie, fruits et légumes frais, crémerie, boissons, surgelés, compléments alimentaires et même produits pour bébés, ainsi qu’une boucherie et une boulangerie artisanales.

Photos en 2015 depuis la rue Colbert et depuis l’avenue de l’Europe (Document Google Maps)
Publicité (Document Tout Hem)

A ses côtés, l’entreprise Vélonline qui y propose depuis 2006 une large gamme de vélos généralistes : VTT, VTC, route, fitness, BMX, électriques et pliants. Des modèles plus originaux comme les tandems, tricycles et fat bike y sont également disponibles. En plus de son site e-commerce, Velonline dispose de deux magasins dans le nord de la France (à Hem et Marcq-en-Barœul).

Photo Velonline au 3 rue Colbert (Document Google Maps)

Depuis quelques années s’est installée au n° 27 la Pantoufle à Pépère qui propose des charentaises et des mules en feutrine. Avant cette aventure, Barbara travaillait dans le milieu de la formation et Arnaud était déjà dans l’univers du textile. Ce dernier possédait une boutique de vêtements, d’esprit marin, dans le quartier du Vieux-Lille.

Photos intérieures et logo La Pantoufle à Pépère (Document site internet)
Photos extérieur façade et arrière du bâtiment (Documents collection privée)

Enfin, l’école de danse fondée par Abda N’Diaye, Ndidance, installée au 41 rue Colbert à la place de La Renommée, compte plusieurs centaines d’élèves de 5 à 50 ans, une quinzaine de professeurs et des antennes à Hem et à Dakar.

Photos de Ndidance (Documents Google Maps et site internet)
Photo de Abda N’Diaye (Document La Voix du Nord))

A ce jour les automobilistes qui empruntent la voie rapide pour venir à Hem ou pour quitter la ville vers l’autoroute, longent donc, avenue de l’Europe, une zone d’activités toujours en mouvement 40 ans après sa construction et qui abrite, en plus des bâtiments initialement construits, un numéro 35 rue Colbert qui fera l’objet d’un prochain article.

Plan de la zone aujourd’hui (Document IGN)
Photo aérienne de la zone (Document Google Maps)

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la Ville de Hem

La Bonnerie

Suite d’un précédent article intitulé « La Roseraie »

Dans les années 2000, le bâtiment en L que l’on voit sur toutes les photos aériennes est habité par une famille. Il n’a quasiment pas été modifié si l’on excepte le campanile qui figurait au sommet d’un toit et a disparu. En témoignent les photos comparatives ci-dessous.

CPA et photos comparatives prises en 2000 (Document collection privée)

En face de ces bâtiments, de l’autre côté de la rue de Croix un ensemble de bâtisses, possiblement des écuries ou étables à l’origine, que l’on aperçoit également sur les photos aériennes, existe toujours. Il s’agit à présent d’habitations. Enfin le château quant à lui abrite les établissements NordNet et n’a pas subi de modifications apparentes de l’extérieur.

CPA et photos prises en 2000 (Document collection privée)

NordNet est une entreprise de télécommunications implantée dans la métropole lilloise, à Hem depuis 1995. La société a domicilié son siège social à Hem dans l’ancien château de la Roseraie, dénommé dès lors Château de la Bonnerie.

Photo du Château de la Bonnerie côté rue en 2008 et côté jardin en 2017 (Document Google Maps et Historihem)

Son fondateur, Thierry Tarnus a choisi ce nom car il veut que sa société apporte internet aux gens du Nord ; de fait il est le premier fournisseur d’accès internet dans le Nord et rencontre un énorme succès qui le conduit à céder sa société au groupe France Telecom en 1998, soit 3 ans après sa création.

En 2000, Nord-Eclair rencontre le directeur technique de l’entreprise en pleine croissance. Dominique Uzun explique comment les « entreprises du coin » ont très vite manifesté leur intérêt pour une entreprise proche d’elles et pouvant leur apporter un service direct. Ainsi leur client historique s’avère être « Les 3 Suisses » situés à 1 km à vol d’oiseau de l’établissement de Hem.

Dominique Uzun directeur technique en 2000 (Document Nord-Eclair)

En 2016, NordNet a la réputation d’être le fournisseur d’accès internet qui a su se développer dans le domaine de la sécurité des données et de l’accès au réseau même depuis les lieux où le numérique ne va pas. C’est le leader de l’internet par satellite et l’entreprise se positionne également sur la fibre optique. Deux ans plus tard l’entreprise ferme son établissement de Hem et le siège social de l’entreprise est transféré à Villeneuve d’Ascq.

Photos du château après le départ de Nordnet côté rue et côté jardin (Documents Google Maps)
Photos aériennes des années 2000 et 2021 (Photos IGN et Google Maps)

Depuis un programme immobilier « Château de la Roseraie » y est en cours. Il va s’agir d’une résidence de standing, proposant des appartements du studio au T5 voire T6 ou plus…Le slogan : « Vivre la vie de château, dans le confort moderne avec le charme de l’ancien ».

Des prestations de qualité sont vantées : façade en briques et pierres de taille, ferronnerie, couverture ardoise et zinc, jardins privatifs, ascenseur, hall d’entrée sécurisé, places de stationnement sécurisées…La mise à disposition des biens est prévue en 2023.

Plan provisoire, château côté jardin et une vue de l’intérieur (Documents le guide du neuf)
Photos intérieures du château à rénover (Documents Richou Investissements)

En Mai 2022, des panneaux annonçant les futurs travaux sont apposés de chaque côté de l’entrée de l’allée et le portail d’accès au château est clos. Celui-ci semble à l’abandon et ce domaine autrefois prestigieux dégage pour l’instant un parfum de désolation…

Photos de Mai 2022 (Documents collection privée)

Remerciements à l’association Historihem

Zone artisanale Marcel Lecoeur à Hem – 1

En 1976, à l’aboutissement de la bretelle de sortie de la voie rapide, les automobilistes arrivent directement boulevard Clémenceau. A leur droite des champs et à leur gauche également des champs hormis les deux rangées d’habitations qui bordent l’avenue de la Marne.

Photo aérienne de 1976 (Document IGN)

En 1979, la Communauté Urbaine de Lille, la Chambre des métiers du Nord et la ville montent un dossier en vue de l’implantation d’une Zone Artisanale à Hem, boulevard Clémenceau entre les bretelles d’accès à la voie express. La Communauté Urbaine achète les terrains, les viabilise et les revend à la Chambre des métiers.

La première tranche traitée compte environ 27.000 mètres carrés ; c’est la Zone Artisanale. Une zone d’emploi doit ensuite s’installer de l’autre côté de la bretelle, sur le boulevard Clémenceau où la société Damart projette de s’installer.

Zones d’activité en prévision en 1979 (Document Au Temps d’Hem)

La zone Artisanale Marcel Lecœur se situe donc au nord est de la ville, au cœur de l’avenue de l’Europe, du boulevard Clemenceau et de l’avenue de la Marne. La pose de la première pierre a lieu en avril 1982, en présence du ministre du commerce et de l’artisanat Mr Delelis, pour une fin de chantier espérée en fin d’année.

Assistent à l’événement Arthur Notebaert, président de la Communauté Urbaine, Gilbert Lalande, président de la chambre des métiers du Nord, et bien sûr Jean-Claude Provo, maire de Hem. La zone est composée de bâtiments de 500, 700 et 1000 mètres carrés qui doivent être divisés en ateliers d’une centaines de mètres carrés.

Six édifices, de dimensions variables, composent l’ensemble. A l’intérieur des bâtiments les cloisons sont disposées en fonction des besoins en surface estimés par les artisans et les box ainsi délimités sont de taille variable. L’implantation d’une vingtaine d’entreprises artisanales y est prévue.

Plan de la zone (Document Nord-Eclair)
Pose de la première pierre, Mrs Notebaert, Provo et Lalande en plein travail (Document Nord-Eclair)

C’est la Chambre des métiers du Nord, maître d’oeuvre, qui finance les travaux de construction des bâtiments. La voirie et les travaux d’assainissement sont pris en charge par la Communauté Urbaine et l’éclairage public par la municipalité. Un aménagement d’espaces verts et de plantations d’arbres est prévu afin de séparer le centre artisanal des habitations avoisinantes et d’en agrémenter les voies d’accès.

Photo aérienne en 1983 (Document IGN)

Le nom choisi pour cette zone honore Mr Marcel Lecoeur, ancien artisan serrurier parisien, ayant fondé en 1946 la « Fédération nationale de l’artisanat du bâtiment », devenue par la suite la « Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment »(CAPEB), qu’il a présidée pendant plus de 30 ans.

L’inauguration a lieu en 1983 en présence de nombreuses personnalités de la région. Le centre artisanal constitue en effet un atout de choix en matière de relance économique et d’emplois. Après avoir fait « le tour du propriétaire », l’ensemble des invités se réunit à la salle des fêtes pour célébrer la naissance de ce pôle économique de la commune d’Hem.

L’inauguration du centre artisanal en 1983 (Document Nord-Eclair)

L’entreprise Graphic Services, est le premier occupant de la zone dès l’année 1983. Cette entreprise de « pré-presse » : composition et photogravure, qui intervient entre l’agence de publicité qui réalise photos et maquettes et l’imprimerie qui va réaliser le produit fini, est en effet la première à emménager au n°4 rue Colbert et y garde son siège social pendant près de 40 ans.

Photo du bâtiment en 2008 (Document Google Maps)

La presse de l’époque a d’ailleurs qualifié cette société de pionnière dans la mesure où la zone était encore presque déserte quand Daniel Leroy y a installé sa petite entreprise de Photogravure, auparavant domiciliée à Roubaix depuis sa fondation en 1981. L’entreprise qui, en 1987, compte déjà une trentaine de salariés, travaille énormément pour le secteur de la Vente Par Correspondance (VPC), en pleine expansion à l’époque sur la métropole.

Daniel Leroy dans son bureau et un employé au scanner en 1987 (Documents Nord-Eclair)

En dehors de cette société, il est difficile de déterminer quels ont été les premiers occupants de la nouvelle zone artisanale. Quelques publicités donnent à penser qu’il s’agissait bien d’artisans comme cette publicité issue du journal Nord-Eclair dans les années 80.

Colbert 37 Publicité Ets Dewyndt (Document Nord-Eclair)

Par la suite toutefois, dans les années 1990, la zone prend un caractère plus commercial en accueillant notamment un magasin d’usine Kway, au numéro 1 de la rue Colbert, unique rue de la zone. Le point de vente, visible depuis le boulevard Clémenceau par l’arrière du bâtiment, est un peu la vitrine de celle-ci. Le « petit futé » ne manque d’ailleurs pas de le mettre à l’honneur.

Colbert 1 Photo du magasin d’usine en 2008 au 1 rue Colbert et en 2012 depuis le boulevard Clémenceau (Documents Google Maps)

extrait du « petit futé » et exemple de produits proposés par la marque (Documents sites du Petit Futé et Kway)

Pourtant, durant ces mêmes années 1990, la vocation initiale de la ZA persiste avec l’arrivée de la société PVC Express à Hem. Après 10 années passées rue de Lannoy à Roubaix, cette entreprise de menuiserie extérieure propose son expertise de la vente et de la pose de portes, fenêtres et volets roulants. Installée à l’époque au n° 36 rue Colbert elle y est toujours plus de 30 ans plus tard.

Photo de la société en 2008 et en 2019 (Documents Google Maps)

A suivre…

Remerciements à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à la Ville de Hem

La Roseraie

Ets Leclerq-Dupire à Wattrelos (Document ateliers-mémoire)

Louis Leclercq-Huet descend d’une famille d’industriels. Son père Louis Leclercq-Mulliez a en effet développé en 1865 les établissements Leclercq-Dupire à Roubaix-Wattrelos que son grand-père avait fondé. Louis épouse Jeanne Huet en 1885 et demeure dans un 1er temps à Roubaix , 74 boulevard de Paris avant de faire construire son château à Hem, au 111 rue de Croix, « La Roseraie »..

La Roseraie CPA et Photo (Document collection privée)
Photo de famille en 1923 dans le parc du Château (Document Historihem)

Louis, qui travaille avec son père élève une famille de 12 enfants dont 2 fils meurent: l’un à la guerre, l’autre accidentellement à l’armée. Quant à lui, pendant la 1ère guerre mondiale, en tant qu’industriel, il fait partie des otages emmenés en Allemagne au camp de Holzminden.

Les otages du Nord du camp de Holzminden (Document Historihem)

Membre de la chambre de commerce de Roubaix il conserve ses fonctions le plus longtemps possible aux Ets Leclercq-Dupire, jusqu’à ce que sa santé ne le lui permette plus et décède, en 1928, dans sa 66ème année, dans sa résidence de Hem. Son épouse le suit un an plus tard à l’âge de 63 ans.

Mortuaires des époux Leclercq-Huet (Documents Historihem)

Comme le montre une vue aérienne de 1932, La Roseraie, ce n’est pas qu’une grande demeure majestueuse. C’est également un énorme terrain qui comprend, outre la bâtisse principale : plusieurs dépendances puis une ferme, des jardins, des prés, un cours d’eau…

Photo aérienne de 1932 (Document IGN)
La famille sur le pont enjambant le cours d’eau (Documents collection privée)

Entre les années 1930 et 40, les jardins se structurent et le domaine est savamment entretenu comme en témoignent les séries de cartes postales qui lui sont consacrées. Un magnifique parc boisé et des jardins luxuriants font l’admiration des visiteurs. La demeure familiale est alors la propriété de Louis Leclercq-Motte et son épouse, fille d’Eugène Motte, qui ont 10 enfants. C’est Louis qui dirige les Ets Leclercq-Dupire à Roubaix et Wattrelos et fonde également, avec ses frères, les usines Leclercq-Dupire d’Ypres, Cysoing, Saint-Python….

La Roseraie série noire (Documents collection privée)

En 1936, le salut solennel et la cérémonie de clôture de la fête d’été en l’honneur de Notre Dame de Lourde, sous la présidence du cardinal Lienart, évêque de Lille, se déroulent à la Roseraie après une procession dans les rues de la ville et une grand messe solennelle chantée à l’église Saint-Corneille avec le concours de la chorale paroissiale.

La presse se fait écho du rassemblement de l’ensemble de la procession dans la propriété, et de la chorale d’hommes entonnant le Magnificat repris en choeur par la foule des fidèles. La cérémonie s’achève par la bénédiction du Saint-Sacrement sur la foule agenouillée.

Le programme de la fête d’été (Document Historihem)
Photos de la cérémonie à la Roseraie (Document Historihem)

Pendant la 2ème guerre mondiale, comme la plupart des châteaux et maisons de maître à l’époque, la propriété est occupée par les allemands comme le démontrent les 4 photos ci-dessous. Pourtant la demeure reste fort heureusement intacte si l’on se réfère à cette vue aérienne de 1947.

La Roseraie occupée (Documents collection privée)
Vue aérienne de 1947 (Document IGN)

En 1957, Louis Leclercq-Motte et son épouse célèbrent leurs noces d’or avec faste. La journée commence par une messe d’action de grâces à l’église Saint-Corneille, en présence de toutes les notabilités de la région. Puis une cordiale réception est offerte au domicile des jubilaires aux nombreux parents et amis où un grand repas familial rassemble ensuite une centaine de membres de la famille.

La famille pose sur l’escalier extérieur à l’arrière du château (Document Nord-Eclair)

La Roseraie reste ensuite la propriété des familles Leclercq-Motte et Motte-Watinne que l’on y retrouve domiciliées dans les Ravet-Anceau de 1958 à 72. Dans les années 60, un carton d’invitation est envoyé par Mme Jean Leclercq sous la forme suivante : « Gentilhomme et Gente Dame, soyez priés à danser, ce samedi trente et un mai en notre Cense de la Roseraie, où bal campagnard est donné pour fester de Sylvie et Christian les dix-huit et vingt-cinquième printemps » « Tenue de gente Dame ou Gentilhomme campagnard du siècle passé ».

La carte d’invitation à la fête (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Le petit train du Parc de Barbieux

En 1911, le Parc de Barbieux, à Roubaix, accueille l’Exposition Internationale, événement considérable qui couvre une surface énorme entre l’avenue Le Nôtre et la commune de Croix, comme le montre le plan de l’époque. Eu égard à la taille de l’événement, un « mini railway », un train miniature tracté par une locomotive à vapeur, est mis à la disposition des visiteurs pour faire un circuit dans l’exposition.

Plan de l’exposition de 1911 (Document BNR)
Circuit du mini railway, cerclé de crayon rouge sur le plan général (Document centenaire de l’exposition)

A l’avant du mini train on peut remarquer les initiales MR qui signifient Mini Railway. A part le conducteur, la locomotive peut emmener 24 passagers soit 12 par wagon, comprenant 6 rangées de bancs de 2 personnes. Le train miniature a un bâtiment qui lui sert de garage, au bout de l’avenue Le Nôtre qu’il rejoint grâce à une voie munie d’un aiguillage.

Le mini railway (Document collection privée)

En 1939, l’exposition du Progrès Social se déroule en partie sur Lille et en partie sur Roubaix, encore une fois dans le magnifique cadre du Parc de Barbieux. A nouveau des petits trains, électriques cette fois, permettent aux visiteurs de faire, sans fatigue, la promenade autour du parc pour découvrir les différents pavillons. Et sur la rivière est installé un port d’embarquement sur des canots avec ou sans moteur.

Plan de l’exposition du Progrès Social à Roubaix (Document collection privée)
Photos des mini trains électriques (Documents collection privée)
Photo du « port » (Document médiathèque de Roubaix)

En 1961, le Parc de Barbieux est décrit, certes comme un beau jardin très majestueux, mais auquel manquerait un centre attractif qui en fasse non plus un simple lieu de promenade mais un vrai espace de détente. La municipalité décide alors de donner vie au projet élaboré par une entreprise offrant toute garantie.

Il s’agit en effet de celle qui, en 1939, avait réalisé le « délicieux petit port », et qui serait à l’initiative d’un nouvel embarcadère pour canots et pédalos, qui permettraient de faire le tour du lac. Le port devrait être doté d’un bâtiment central, de pergolas, de terrasses avec des installations sanitaires et de nombreux jeux pour enfants.

Dessin imaginaire de de que pourrait être la réalisation projetée (Document Nord-Eclair)

Sont aussi évoqués : bowling, golf miniature, pétanque, tir à l’arc et snack-bar voire même un musée local où serait installée une maison roubaisienne typique de jadis. Le journaliste de Nord-Eclair se prend, de ce fait, à évoquer le plaisir qu’éprouveraient les Roubaisiens à retrouver dans les allées du parc le petit train qui y circulait durant l’exposition de 1939 (ou un autre modèle).

Réminiscence du petit train électrique de 1939 (Document Nord-Eclair)

Ce n’est pourtant qu’en juillet 1984 qu’un nouveau petit train, qui roule sur pneus, revient parcourir les allées du parc les week-end, pour la période estivale et pour le plus grand plaisir des promeneurs, adultes et enfants confondus: « un train d’plaiji au beau jardin » vert comme le gazon, les bancs publics et les arbres !

Pour ce faire, la municipalité fait appel à la famille Lecocq, spécialisée dans les animations de fêtes et les animations commerciales. Elle s’occupe aussi du manège installé à proximité du Bol d’Air, de la buvette et de la location des barques ainsi que du golf miniature.

Retour d’un petit train dans les allées du parc (Document Nord-Eclair)
Cartes postales couleur et photo de presse couleur des années 1980 représentant le petit train vert du parc (Documents collection privée et Nord-Eclair)

Dix ans plus tard, le petit train enchante encore le Parc de Barbieux. Ainsi un groupe de pensionnaires de la Résidence Orchidée à Croix monte à son bord en 1994 pour parcourir les allées des 33 hectares que couvre le jardin public, promenade effectuée à l’initiative des Amis du Parc Barbieux, association présidée par Emile Duhamel.

La promenade des anciens en petit train en 1994 (Document Nord-Eclair)

Instantané de Mémoire : « La sortie dominicale au Parc de Barbieux, dans les années 1980-90 enchantait les enfants : plaine de jeux, minigolf, promenade en barque ou pédalo, manège et, pour clôturer la promenade, le petit train qui permettait de revisiter l’ensemble sans fatiguer davantage leurs petites jambes déjà bien mises à l’épreuve par les heures de jeux précédentes. Bien sûr les nids de poules des allées et les faibles amortisseurs du train provoquaient quelques secousses mais c’était l’occasion de fous rires supplémentaires, avant d’aller se régaler d’une bonne crêpe ou gaufre… »

Le petit train en 1994 (Document BNR)

Malheureusement ce petit train a disparu voilà bien longtemps. Alors, à quand le retour d’un autre petit train, électrique, écologie oblige, dans ce magnifique jardin qu’est toujours le Parc de Barbieux, surtout depuis sa rénovation, afin d’enchanter les promenades des petits et des grands ?

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Blanchisserie du Nord (Suite)

La Blanchisserie Teinturerie du Nord est répertoriée dans l’annuaire téléphonique jusqu’à la moitié des années 1970. Elle exerce son activité sur laines peignées et filées ainsi que sur des fibres artificielles et synthétiques. La vue aérienne de l’entreprise en 1971 est donc l’une des dernières à la représenter en activité.

Publicités de la Blanchisserie des années 1970 (Documents Historihem et collection privée)
Vue aérienne de 1971 (Document IGN)

En 1976, soit après presque 50 ans d’existence, l’entreprise, victime de la crise économique, ferme ses portes. Grâce à la volonté d’une quinzaine d’artisans et de l’ancien propriétaire, d’une agence et de la municipalité, le site voit s’implanter une zone artisanale qui est la première à Hem.

L’ensemble est accompagné d’une supérette au n°346, au coin de la rue Jules Guesde et de la rue des Vosges, qui a pour objectif de desservir le quartier de la Vallée qui commence dans cette rue (perpendiculaire à la rue Jules Guesde), et s’étire jusqu’à la rue de la Vallée.

Dès 1979, un Intermarché est construit au 346, sur une surface de vente de 950 mètres carrés, comprenant alimentation, produits frais, bazar mais aussi un rayon photo. Un parking de 60 places complète l’offre du magasin par ailleurs d’une hauteur modeste et entouré d’un îlot de verdure pour ne pas gâcher l’environnement. Cette implantation doit entraîner la création de 20 emplois.

Fermeture définitive de la Blanchisserie (Document BD Au temps d’Hem)
Vue aérienne du site en 1981 avec l’ Intermarché et son parking (Document IGN)
Doc 15.5 Photo de la construction en 1979 (Document Nord-Eclair) et publicités Intermarché (Document collection privée)

C’est ainsi que dans les vingt cinq années qui suivent la fermeture de l’entreprise, les habitants voient s’installer sur ce site des représentants de professions très diverses :

  • des entreprises de bâtiment telles que Guelton (chauffage central), Dourdin (électricité générale), Alutherm (menuiserie alu et plastique), Isotherm (isolation technique et phonique), Morival (maçonnerie)

  • des entreprises telles que Best (agencement de bureaux), Buisine (agencement de magasins), Discem (cuisiniste)

  • puis Labbé (électroménager), IBB (imprimerie), Jeanine (studio photo) ou même Laile et Lacuisse (volailler), Hem Modelisme…

Publicités de l’année 1982 pour la Zone Artisanale de la Blanchisserie du Nord (Document Office Municipal d’Information de Hem)
Diverses publicités et autocollant du 362 (Documents collection privée)
Vue des bâtiments en front à rue en 2008 à côté de la grille d’entrée dans le site et du château d’eau encore existant (Documents Google Maps)

Ce n’est que dans la fin des années 2000 qu’intervient la destruction complète de l’usine, hormis les bâtiments en front à rue, après le rachat du site par la ville. Une future zone commerciale et artisanale, actée par le nouveau POS (Plan d’Occupation des Sols) doit voir le jour sur cet emplacement tout à côté du magasin Lidl qui a remplacé l’ancien Intermarché.

Vues de l’usine en démolition en 2007 et 2008 (Documents Historihem)

Puis en 2009 intervient la démolition du château d’eau, dernier emblème de la Blanchisserie du Nord, devant le voisinage ébahi : « 3 secondes de Waouah ! après 2 mois de préparation » témoigne le Directeur des Services Techniques de la ville de Hem. Des gravats de l’ancienne usine ont été laissés pour amortir la chute et une pelle de 40 tonnes vient achever la tour.

Démolition du château d’eau en 2009 (Document Nord-Eclair)

Après le temps des démolitions, vient le temps des constructions : la rénovation du magasin Lidl, l’aménagement d’une zone artisanale et enfin, 10 ans après la destruction du château d’eau, la sortie de terre d’un nouveau centre commercial de six cellules commerciales pour une surface de 740 mètres carrés.

Ce nouveau centre, situé entre le nouveau Lidl et les reste des bâtiments en front à rue de la blanchisserie, qui accueille des professions médicales, paramédicales et des associations, doit comprendre une pharmacie, une agence bancaire, un magasin de cycles, une opticienne et un café-poussette (concept de petite restauration adapté aux enfants en bas âge).

Le nouveau Lidl, les anciens bâtiments en front à rue, la zone commerciale en chantier en 2019 et la zone artisanale avec une publicité d’établissement (Documents Google Maps,Voix du Nord, collection privée)

Près d’un siècle plus tard il ne reste donc plus de la Blanchisserie du Nord qu’un bâtiment en front à rue et la vue aérienne de la zone en 1998, soit 20 ans après sa fermeture définitive, en comparaison avec celle qui peut être observée de nos jours n’a plus rien à voir. Il n’en reste pas moins que ce lieu est resté une zone artisanale et commerciale et donc une zone d’emplois pour la ville.

Vision comparative des vues aériennes de la zone en 1998 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Teinturerie Gabert (Suite)

Après l’appel à la résistance du Général de Gaulle, une poignée de hémois et hémoises s’engage dans la résistance. Parmi eux se trouve un dénommé René Thomas, syndicaliste convaincu et ouvrier chez Gabert. Domicilié impasse Vandemeulebrouck (dans la rue Jules Guesde), il participe à la structuration d’un réseau et devient l’âme de la résistance avec le Dr Trinquet.

Les tâches du réseau sont multiples : compter les camions de ravitaillement, les camions d’essence, les avions, voir quel bâtiment vient d’être abandonné par étirement des troupes allemandes, reconnaître les barrages antichars, comme celui situé entre l’usine Duprez et le passage à niveau de la Briqueterie et fait de rails sortant de terre de 60 cm à 1,20 m.

René se dépense sans compter, à ses frais, pour les réfractaires d’Hem. Il se montre d’un dévouement et d’un courage sans faille en participant à des actes de résistance pure, tels que le sabotage de la voie ferrée Lille-Bruxelles, sur les territoires voisins de Hem et en diffusant des tracts par voie d’air.

Il est malheureusement arrêté sur dénonciation et subit de longues séances de torture par la Gestapo à La Madeleine. Pendant 90 jours il est au secret, enchaîné, blessé, laissé sans soins mais ne parle pas. Sa femme donne le jour à leur fille pendant son emprisonnement. Puis il est déporté en Allemagne en forteresse d’abord puis en camp de concentration. Il n’en reviendra pas…

Les ouvriers de chez Gabert avant1939 : à droite, tête nue, René Thomas (Document Historihem)

Après-guerre l’usine reprend son activité et de nombreuses femmes y sont employées en tant que préparatrices en écheveaux, ces assemblages de fils repliés et réunis par un fil de liage. Sur la photo ci-dessous au 1er plan c’est Mlle Decottignies qui restera la dernière ouvrière de l’usine à sa fermeture 40 ans plus tard.

Les préparatrices en écheveaux avec Mlle Decottignies au 1er plan et la même 40 ans plus tard (Document Hem 1000 ans d’histoire)

L’entreprise poursuit son activité sans problème apparent durant les 30 années qui suivent. Entre 1950 et 1960, elle emploie jusqu’à 300 personnes et connaît son apogée pendant cette décennie.

Le bulletin de paie d’un salarié en 1957 (Document collection privée)

En 1971, il devient nécessaire de recimenter, recercler et rejointoyer la cheminée haute de 40 mètres après plus d’un siècle d’existence. C’est une entreprise de la région parisienne qui se charge de cette œuvre de haute voltige pour laquelle il faut non seulement n’avoir pas le vertige mais également ne pas craindre la température des fumées de 150 à 180 degrés à la sortie de la cheminée.

Photo aérienne de l’entreprise et du château Gabert en 1971 (Document IGN)
La réparation de la cheminée en 1971 (Document Nord-Eclair)

En 1975, la société, alors dirigée par l’arrière petit fils du fondateur Philippe Gabert et son frère Jacques, fête le départ en retraite de 2 cadres qui y ont travaillé pendant 40 ans : Jean Hotot, responsable des ateliers de bobinage, et Jean Vanhamme, responsable de la teinturerie sur bobine. La société emploie alors encore 270 personnes. Philippe Gabert se félicite dans son discours du fait que le plein emploi a pu être assuré pendant toute la durée de l’année précédente.

2 départs en retraite de cadres de l’usine en 1975 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement les années 1980 sonnent le glas de l’entreprise qui n’arrive plus à faire face économiquement après avoir dû déposer le bilan en 1977. Ainsi, alors qu’elle se trouve en concordat depuis, elle ne peut faire face à l’échéance concordataire de juin 1982.

C’est alors que le conseil municipal à l’unanimité décide le rachat des terrains et des bâtiments au moyen d’un emprunt. Le but est clair : l’entreprise devient locataire et peut relancer activité et investissements afin de sauvegarder l’emploi, tandis que la municipalité paye capitaux et intérêts de l’emprunt grâce au loyer versé.

L’entreprise Gabert se rapproche en parallèle du groupe Leblan par l’intermédiaire duquel elle devrait trouver des commandes. Pour atteindre le seuil de rentabilité il lui faut en effet assurer une charge de production de 100 tonnes par mois, résultat envisageable uniquement grâce à une modernisation de son outil de production et à la conquête d’une nouvelle clientèle. Pourtant la situation continue à empirer jusqu’à la fermeture.

L’usine en1982 (Document Nord-Eclair)

Deux ans plus tard l’usine n’emploie plus qu’une dizaine de salariés même si elle fait encore travailler à façon le personnel d’autres entreprises. Le tribunal de commerce prononce alors la liquidation des biens de la société qui, dès lors, semble condamnée à fermer définitivement ses portes.

Et en avril 1987, c’est le dernier acte, et la mairie est forcée de constater la vétusté des lieux et de décider la démolition des bâtiments (sauf un atelier et des entrepôts) construits sur 22.000 mètres carrés, y compris la mythique cheminée. Il est alors question que Kiabi y installe ses services centraux mais c’est finalement rue du Calvaire, face à la briqueterie d’Hem que cette installation aura lieu.

L’agonie d’un géant ainsi que titre le journal Nord-Eclair : les ateliers et la cheminée lors de la destruction (Document Historihem)
La cheminée Gabert tombe en 1987 (Document Au temps d’Hem)

Photo aérienne de Meillasoux et Mulaton et du terrain de l’usine Gabert après démolition.

En 1990, le réaménagement du site Gabert est décidé avec l’implantation d’un lotissement abritant des petites et moyennes entreprises accueillies sur des terrains de 1200 à 3500 mètres carrés. Cette zone d’activité est financée par un gros investissement communal, par une subvention du FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) pour l’aménagement des friches industrielles et le solde par un emprunt qui devrait être remboursé au moyen des recettes fiscales apportées par les entreprises installées sur le site.

La friche Gabert en gros plan avec le château après la démolition puis 10 ans plus tard (Documents Historihem)
Entrepôts transformés en loft en 2008 (Document Historihem)

30 ans plus tard, soit plus d’un siècle et demi après la naissance de l’entreprise, le site Gabert a laissé place à la zone d’activités prévue et délimitée par une allée ayant reçu le nom de Gabert, au n°6 de laquelle on retrouve l’ancien château Gabert joliment restauré.

Photo aérienne de la zone en 2022 (Document Google Maps)
Le château en cours de restauration puis actuellement au milieu de la nouvelle zone d’activité (Document Historihem et Google Maps)

Remerciements à Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leur ouvrage Hem d’hier et d’aujourd’hui et à ce dernier pour son ouvrage Hem 1000 ans d’histoire.

Blanchisserie du Nord

En 1928, au lieu-dit Le Monceau, plus précisément au 362 rue de Lannoy (actuelle rue Jules Guesde) à Hem, est édifiée une usine de blanchiment et teinturerie, dite « Blanchisserie du Nord », dont le fondateur propriétaire est Mr Charles Derly.

L’usine se compose au départ d’un atelier de fabrication en briques, avec un étage carré couvert d’un lanterneau. Le toit est à longs pans et la couverture en tuiles flamandes. Un autre atelier de fabrication en rez-de-chaussée est ajouté à l’ensemble en 1934. L’usine est surmontée d’une cheminée portant la date de construction et possède une cour et un château d’eau.

Vue aérienne de l’entreprise en 1933 (Document IGN)

La curiosité de la rue de Lannoy est à l’époque le passage à niveau qui se tient au coin de l’actuelle rue des 3 Fermes et qui permet le passage de la ligne de chemin de fer Roubaix-Somain, laquelle amène alors le charbon des mines aux usines textiles. Comme par ailleurs il existe un tramway Lille-Lannoy, une passerelle a été construite derrière l’usine grâce à laquelle la ligne de tramway contourne la blanchisserie pour « enjamber » la voie ferrée et rejoindre la rue de Lannoy à hauteur de la rue de la Léverie.

En-tête de papier à lettres de la blanchisserie (Document Historihem)

Le papier à lettres de la blanchisserie fait clairement apparaître le contournement de l’époque. La passerelle initiale détruite par les allemands lors de la première guerre en 1918 a été reconstruite et inaugurée en 1920, soit 8 ans avant la construction de la Blanchisserie du Nord. (Voir sur notre site un précédent article intitulé : la ligne Lille-Leers septième partie Hem la rue de Lannoy)

La passerelle et les motrices en 1920 (Document Journal de Roubaix)

Le procédé de blanchiment le plus anciennement connu, surtout pour les tissus de chanvre et de lin, consiste à soumettre les tissus à l’action réitérée de l’air, de l’eau, de la lumière et des lessivages alcalins, à l’aide de produits chimiques. Le travail est pénible et effectué majoritairement par du personnel féminin.

Le personnel de la Blanchisserie du Nord dans les années 1920-1930 (Documents collection privée)
Exemple d’atelier de blanchiment des textiles de l’époque (Documents Alamy Images)
Certificat de travail établi par la blanchisserie teinturerie du Nord en 1936 (Document collection privée)

Au début de la deuxième guerre mondiale, avec l’invasion de la Pologne, la France décrète la mobilisation générale, et la défense passive est mise en place dans la ville de Hem comme ailleurs, sur ordre préfectoral. La municipalité prévoit donc des mesures de sécurité et de protection particulières. Ainsi la commune est divisée en 7 secteurs dont le troisième prévoit un repli sur la Blanchisserie du Nord en cas d’alerte.

Chaque chef de secteur dispose de brancardiers, d’infirmières, de chefs d’abri et de chauffeurs auto. Les consignes sont données et, dès que l’aviation ennemie approche, l’alerte est donnée par coups de sirène continus et répétés. Les chefs d’abri se rendent sur place et veillent à ce que la descente aux abris se passe en ordre en donnant la priorité aux femmes, enfants et vieillards. Leur rôle, en fin d’alerte est également de faire ressortir les occupants de l’abri en ordre, pour éviter les accidents.

Dans les années 1950, la Blanchisserie et Teinturerie du Nord poursuit son activité. La vue aérienne de 1951 permet de constater que la voie ferrée ainsi que celle du tramway ont disparu. En 1959, le fondateur Charles Derly, décède à l’âge de 78 ans. Pourtant l’entreprise continue son activité comme en attestent les annuaires Ravet-Anceau de l’époque.

Vue aérienne de 1951 (Document IGN)
Enveloppe personnalisée postée en 1954 (Document collection privée)
Faire-part de décès de Charles Derly (Document Historihem)

Blanchir et teindre des vêtements et textiles est une activité très polluante et il faut en moyenne entre 100 et 150 litres d’eau par litre de tissu teint soit une quantité énorme d’eau. C’est sans doute la raison pour laquelle en 1964, l’entreprise fait réaliser un sondage pour recherche d’eau par la société auxiliaire des distributions d’eau.

En-tête sondage pour recherche d’eau en 1964 (Document Historihem)
Publicité et offre d’emploi des années 1960 (Documents Nord-Eclair)

En 1965, un grave incendie dévaste un bâtiment de l’entreprise abritant la forge, la menuiserie, les vestiaires des ouvriers et un stock d’entretien (matériel électrique et outillage), détruisant tout le matériel entreposé et occasionnant pour 300.000 francs de dégâts. Toutefois aucun chômage n’est à prévoir pour les 150 salariés.

Fort heureusement, en effet, le bâtiment est isolé du reste de l’usine par une clôture en ciment ayant fait office de coupe-feu et empêché la propagation de l’incendie aux autres bâtiments. La cause du sinistre, survenu de nuit, est inconnu et ce sont des riverains, ouvriers de l’usine, qui, ayant observé l’épaisse fumée s’échappant du bâtiment, ont prévenu le concierge lequel a fait intervenir les pompiers de Hem.

Cliché pris par le toit montrant les moteurs de machines détruits (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem et à la ville de Hem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem