Château d’Hem

Hem (anciennement Ham) est l’une des plus vieilles agglomérations de notre région. Le village rural est en effet mentionné dès 877 : « Hamma sur le fleuve Marque ». Les seigneurs de Hem commencent à apparaître au 12 ème siècle dans différents documents officiels. Ainsi peut-on découvrir Alard, puis Wautier ainsi que Jean et Gervais de Ham.

Au 13ème siècle c’est Alard de Bourhieles qui est seigneur de Hem et au 14ème on retrouve un Pierre puis un Jean de Hem. Du milieu du 15 ème à la fin du 18 ème siècle le village souffre du voisinage de la petite ville fortifiée de Lannoy qui lui vaut l’invasion des soldats français, espagnols, hollandais et anglais.

Le village de Ham vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)
La place du village au 16ème siècle vue en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Les détenteurs successifs de la seigneurie sont également les possesseurs de la cense qui y est associée. Sont ainsi nommés dans les anciens textes Jean de Bourghelles, chevalier, puis Gérard de Cuinghien, écuyer, puis son fils Jean et sa fille Marie, laquelle épouse en premières noces Adrien Vilain de Gand, avec lequel elle a un fils posthume également prénommé Adrien.

Le premier château féodal de Hem, construit un siècle plus tôt, échoit en 1546 à Maximilien Vilain de Gand, baron de Rassenghien, fils d’Adrien, tandis que la Cense est alors occupée par Pierre Lenglart, laboureur. Suivront les descendants du seigneur de Gand : Guilbert, Jacques Philippe, devenu marquis en 1660, François Gilbert, Michel Maximilien, François Gilbert, Jacques Ignace Philippe, Jean Guillaume puis Guillaume Louis, né en 1751. L’un d’entre eux, Guilbert de Gand, y fait installer, en 1610, de vastes jardins, des terrasses et des parterres qui rejoignent les terres cultivées tout autour.

Cadastre de 1824 situant le château d’Hem (Document Historihem)
Les armoiries de Vilain de Gand et le tumulaire découvert à Lomme (Document Historihem)
Le centre du village vu depuis le château d’Hem en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

« Le domaine est composé de la basse cour et du château proprement dit accompagné de ses jardins. Chacun de ces éléments est entouré de fossés remplis de l’eau de la petite Marque qui y serpente et fertilise les prairies où paissent des animaux. La basse cour, en briques, couverte de tuiles, comprend une série de bâtiments disposés sur trois côtés seulement et où se situe un imposant portail d’entrée, précédé d’un pont et accompagné d’une tour ronde à gauche, carrée à droite, d’un corps de logis à gauche, d’un pigeonnier à toiture en bâtière, d’une grange et d’étables.

Un pont relie cette ferme au château dont l’organisation est complexe puisqu’il est composé de deux cours et que la courtine se prolonge vers l’horizon au delà de la deuxième cour. Des tours cantonnent chacun des angles de ces deux cours, les unes carrées, les autres rondes, les unes modestes, les autres imposantes ou élancées. La destination des bâtiments est difficile à identifier. Tous sont disposés autour de la deuxième cour, tandis qu’autour de la première n’existent que des courtines régulièrement percées, hormis les tourelles précédemment citées et les portes. L’une d’entre elles donne sur un jardin dont le dessin figure une croix de Saint Louis, semble t il. »

Peinture d’Adrien de Montigny représentant le château en 1603 (Document Historihem)
Croquis représentant le château des marquis d’Hem aux 16ème et 17ème siècles (Document Historihem)

Le domaine devient ensuite un marquisat de 1660 à 1789. A la révolution, le domaine est vendu à savoir : le château et ses meubles, les jardins et potagers et l’acquéreur reste anonyme sur les registres. Louis Camille Vilain de Gand voit le reste de ses biens divisés en 6 lots.

Pourtant, suite à l’invasion autrichienne, puis à la libération du territoire, une liste de sinistrés hémois effectue des demandes de dédommagement et parmi eux un certain Louis Camille Degand (en un seul mot), qui sollicite l’indemnisation la plus importante du village, règlement à priori accordé par le Directoire de Lille.

Après la révolution et la guerre, l’indemnisation des sinistrés en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Après toutes les vicissitudes connues par le domaine au long des siècles avec les diverses invasions subies, il ne reste que des pierres éparses du château initial lorsqu’à la fin du 19ème siècle est construit le 2ème château d’Hem. Pourtant divers objets trouvés aux alentours du château témoignent de son histoire.

Photos de diverses pièces de monnaie espagnoles, hollandaises, françaises sous Louis XV et sous Napoléon, trouvées autour du château d’Hem (Documents Historihem)

Au vingtième siècle le domaine, qui comprend un parc de 7 ha, des douves de 2 ha et 30 ha de terres cultivables, est racheté par un industriel roubaisien, Mr Carlos Six, et son nom est désormais usuellement donné au château. La ferme est quant à elle occupée par Jules Chabrier puis par sa veuve Suzanne.

Pendant la première guerre mondiale, en 1914, l’armée d’occupation y installe un camp de prisonniers. Des officiers de l’armée allemande occupent alors le 2ème château d’Hem et le Kaiser plante un arbre commémoratif dans le parc, dénommé l’arbre du Kaiser, devant lequel se déroulent les parades militaires pendant la guerre.

Carlos Six et son épouse en 1914 à Longchamp (Document Historihem)
Le Kaiser dans le parc en 1916 (Document Historihem)

Le 6 Juillet 1917, un avion anglais Sopwith Triplane N° N5435 s’écrase, et les honneurs militaires sont rendus par les soldats allemands au Château d’Hem. Il s’agit du Sous-Lieutenant Hillaby Eric Crowther du 1 st squadron RNAS abattu par le Flg-Lt Bertram Heinrich de l’escadrille MFJ1.

Un avion anglais s’écrase et les honneurs sont rendus au château d’Hem (Documents Historihem)

A la libération, en octobre 1918, les soldats anglais du général Plumer cantonnent à leur tour dans le château d’Hem, dit château Six, quand ils y mettent le feu accidentellement lors de la célébration de leur victoire et l’incendie le détruit presque complétement. Seule subsiste une petite tour ronde avec son dôme, restes de l’ancienne chapelle, dans laquelle on célébrait encore une messe par semaine en 1914.

Le château incendié en 1918 et la chapelle dans la plaine dans les années 1950 (Documents Historihem)

Quelques temps après la première guerre le château d’Hem est reconstruit sur les terres de l’ancien marquisat. Il est toujours entouré de douves et la chapelle se trouve au milieu d’un bois. Dans le parc du château coule la petite Marque enjambée d’un pont rustique qui permet de la traverser commodément. La ferme est cédée en 1934 à Maurice Boddaert et son épouse Marguerite.

Le château et son parc dans les années 1920 (Documents collection privée)
Photo aérienne du domaine en 1933 (Document IGN)

Mais déjà s’annonce la 2ème guerre mondiale avec l’arrivée à Hem fin 1939 des troupes françaises puis anglaises et le château est à nouveau occupé par les Britanniques jusqu’à leur repli sur Dunkerque. Puis c’est l’évacuation et Mr Six part à Paris. Une compagnie de transport de la Wehrmacht s’installe au château et des cérémonies militaires sont à nouveau organisées au pied de l’arbre du Kaiser.

La chapelle du château encore entourée de bois peinte par F. Delsinne en 1935 (Document Historihem)

En 1942, le château, hypothéqué, est vendu à Mr Duflot de Seclin qui fait abattre tous les arbres du parc pour les revendre. Les souches sont récupérées par les habitants de Forest et de Hem pour le chauffage. Mr Maurice Boddaert devient locataire du parc à titre gracieux pendant 9 ans avant que celui-ci soit intégré à la ferme.

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

L’Auberge d’ Hempempont

La construction du bâtiment remonte au XVII ème siècle. A l’époque un certain Grimonpont fait construire une taverne à « Lampempont », au n° 232 de l’actuelle rue du Général Leclerc à Hem, laquelle, un siècle plus tard appartient à Marc Lamblin, cabaretier brassant sous l’enseigne de l’ « Hempempont » chez qui sont organisés des baptêmes.

Le bâtiment devient par la suite un poste relais pour les diligences empruntant la route qui mène de Lille à Lannoy. Les voyageurs et leurs chevaux y logent avant de reprendre la route le lendemain matin. Il sert aussi de station à un service de messagerie dont le siège est à Lille et qui dessert les communes limitrophes.

C’est Edouard Mulliez puis son frère Louis qui tiennent le poste de relais et, en parallèle, Edouard tient la boulangerie juste à côté tandis que Victoire leur sœur est épicière une maison plus loin au bord de la Marque comme on le voit sur la carte postale ci-dessous. On y voit également sur le pavé les planches de la bascule publique qui sert à peser les charrois de grains, de betteraves et de charbon ainsi que les bœufs.

L’auberge dans le tournant de la rue de Lille vers Annappes (Document Hem Images d’hier)

La famille Mulliez va ensuite céder l’établissement qui sera successivement géré par Mrs Delporte puis Vanrenneman puis Hespel avant d’être repris en 1908 par Oscar Duquesne aidé par ses 5 enfants. Celui-ci transforme alors les écuries en tonnellerie afin de confectionner et réparer les tonneaux des brasseries avoisinantes.

Auberge et tonnellerie Duquesne au début du vingtième siècle (Documents Historihem)

L’auberge comprend une salle commune et une salle de billard ainsi qu’une grande salle pour noces et banquets à l’étage. Quelques chambres sont mises à disposition des voyageurs et un salon avec piano est contigu à une salle à manger particulière. C’est Esther, l’une des filles d’Oscar qui se met au piano pour y faire danser les convives.

Quant à Emile, l’un des fils d’Oscar, animateur des fêtes du quartier et ducasse de l’Hempempont, il a l’idée de créer des fritures d’anguilles et d’aménager des gloriettes dans le jardin. C’est lui aussi qui à l’idée d’organiser un grand concours de coqs le dimanche des Rameaux.

Spécialité d’anguilles et combats de coqs (Document BD Au temps d’Hem)

Par ailleurs, à l’occasion de la procession du 15 août, sur la façade se dresse un monumental reposoir à base de tonneaux. Des cavaliers, accompagnés de la musique municipale et de la Philharmonie de la Citadelle, fondée en 1845 par le père de Louis Leclercq, brasseur, escortent le Saint Sacrement depuis l’église Saint-Corneille jusqu’à Hempempont.

Philharmonie de la Citadelle étendard de 1845 et photo de 1895 (Documents Historihem)

En ce début de vingtième siècle, les « coqueleux » sont nombreux et à l’Auberge d’Hempempont on bat les coqs. Dans un enclos grillagé, le plus souvent de forme ovale ou octogonale, deux gallinacés s’affrontent. Issus de savants croisements le coq de combat est doté d’un naturel belliqueux que l’homme se charge d’exploiter pour ses jeux.

Des deux combattants acharnés, l’un doit mourir. Leurs ergots sont garnis d’éperons d’acier de 51 millimètres de longueur, arme redoutable placée sur un bandage de cuir le tout solidement attaché par une ficelle poissée. Le coq agrippe du bec la tête de son adversaire puis s’élève d’un battement d’ailes, arque son corps et projette violemment en avant ses pattes repliées auxquelles il imprime un rapide mouvement de va-et-vient.

La partie peut durer douze minutes et, au cours des deux dernières minutes, les coqs peuvent alternativement se coucher puis se relever. Le dernier debout est le gagnant à la douzième minute sachant qu’un coq couché trois minutes a perdu. Le championnat se déroule en 48 parties et 3 tours, permettant ainsi de consacrer six lauréats.

Combats de coqs à l’Auberge d’Hempempont (Documents Historihem)

Les combats de coqs ont pourtant déjà été interdits une première fois en 1852 par arrêté préfectoral mais ont continué à s’organiser dans une certaine clandestinité. Il faudra attendre 1963 pour qu’une deuxième interdiction intervienne et pourtant là encore les coqueleux obtiendront un an plus tard l’autorisation de battre dans les lieux « à tradition locale ininterrompue ».

Autre événement, exceptionnel celui-là : à l’occasion de l’Exposition Internationale du Nord de la France, qui a lieu à Roubaix de Mai à Novembre 1911, regroupant 3429 exposants français et étrangers, un champ d’aviation de 10 hectares est construit à Hem, dans les plaines de Beaumont et sur les pâtures de la ferme Gorghemetz.

Le terrain est aussi une étape du Circuit Européen qui se déroule du 18 juin au 7 juillet 1911. L’étape est remportée par Vedrines, devant Roland-Garros puis Beaumont. Les aviateurs sont ovationnés par le public et se voient offrir des gerbes de fleurs par des petites filles. A l’issue de l’étape les participants sont invités à partager un banquet à l’Auberge d’Hempempont.

Invitation à l’Auberge à la fin de l’étape (Document BD Au temps d’Hem)

Sous l’occupation allemande, pendant la première guerre mondiale, les estaminets sont fermés mais pas les auberges. En juin 1915, alors que plusieurs familles des environs ont choisi de profiter du beau temps sous les gloriettes de l’auberge, toujours tenue par la famille Duquesne, une bombe allemande, tirée sur un avion allié, tombe dans la cour sur l’extrémité d’un hangar où elle explose.

Explosion d’une bombe en juin 1915 (Document Historihem)

Dans une gloriette attenante se trouve attablée une famille roubaisienne qui est touchée par les éclats, lesquels tuent le père de famille sur le coup ainsi qu’un jeune garçon de 13 ans originaire de Lille qui, debout, observait la poursuite de l’avion allié par l’avion allemand.

Deux autres jeunes roubaisiens, à proximité de la famille précitée, sont grièvement blessés. Enfin deux autres roubaisiennes sont blessées plus légèrement. Parmi la centaine de personnes se trouvant à l’auberge au moment de la chute de la bombe meurtrière c’est bien sûr l’affolement mais force est de constater que le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd.

L’auberge dans les années 1920 (Document Historihem)

Après la libération, vingt ans après la première, une nouvelle série de cartes postales représentant l’Auberge d’Hempempont est sortie. On y constate que, si la tonnellerie n’existe plus, les extérieurs sont à peu près aménagés de façon semblable et que la friture d’anguille reste le plat fétiche le l’établissement devant lequel le tramway continue d’amener régulièrement une clientèle des environs avide de loisirs et de bonne chère.

Dans les années 1930, s’ajoute à la ducasse d’Hempempont qui a lieu tous les ans en juillet, une course peu banale à savoir la course aux rats. Les rats sont placés dans les brouettes et les participants doivent non seulement faire la course mais aussi rattraper les rats qui se sauvent régulièrement des brouettes, pour le plus grand plaisir des spectateurs.

Départ de la course aux rats à Hempempont en 1932 (Document Hem 1000 ans d’histoire)

Puis, après les belles heures de l’entre deux guerres propices à l’amusement et aux événements de vie privée ou publique fêtés bien souvent à l’Hempempont, arrivent les jours sombres de la seconde guerre mondiale au cours de laquelle Emile Duquesne fait partie des prisonniers de guerre.

Enfin, après guerre l’annuaire Ravet -Anceau de 1948 nous enseigne que la fameuse Auberge d’Hempempont est gérée par Mme Jadoul Vicart puis plus aucune trace de l’auberge dans les années 1950. Durant ces années et jusqu’en 1970, le n° 232 rue du Général Leclerc n’apparait en effet plus dans les annuaires où l’on passe du 230 au 234.

Le bâtiment change de look en commençant par le toit qui est rasé et mis en terrasse. Bien évidemment la lanterne qui, surplombant la porte voisinait avec l’inscription Emile Duquesne, est enlevée. Quant aux panneaux blancs intercalés entre les fenêtres de l’étage et faisant la publicité des fritures d’anguilles, jambon, lait, œufs frais, ils disparaissent.

L’auberge dans les années fastes avec son toit et ses publicités (Documents collection privée)

Puis le magasin d’antiquités « la Renaissance » s’installe dans ces lieux chargés d’histoire dans les années 1980 et y demeure jusque dans les années 2000. Ce commerce sera ensuite remplacé par plusieurs magasins de décoration comme la Villa d’Este, Maison Flamande et Manée dans les années 2008, 2010 et 2012. Puis, après avoir été vide d’occupant durant un temps, le bâtiment est investi par un office notarial qui l’occupe encore de nos jours.

La villa d’Este, Maison Flamande et Manée en 2008, 2010 et 2012 (Documents Google Maps)
Photographie du bâtiment inoccupé en 2018 et de l’office notarial en 2023 (Documents Google Maps)

A suivre …

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Pompiers de Roubaix

C’est au Moyen-Age, en 1477, que Roubaix, alors gros bourg rural d’une centaine de « feux » (familles), devient la proie des flammes pour la 1ère fois dans le cadre de la rivalité entre le roi de France Louis XI et son rival le puissant duc de Bourgogne. Tournai est occupée et Wattrelos et Roubaix brûlées par les troupes du roi de France.

Roubaix au Moyen-Age ( Document Voix du Nord)

Deux siècles plus tard, un terrible incendie prend dans les maisons de bois aux toits de chaume, lequel ravage toute une partie de la ville. Il éclate dans la rue Pauvrée, gagne et dévore la chapelle du Saint-Sépulcre (à l’emplacement de la Banque de France, Place de la Liberté) et se répand le long de la Grand Rue et jusqu’à la Grand Place avant de s’arrêter à l’Hôpital Sainte Elisabeth dont seules les toitures sont atteintes. L’église Saint Martin et le château sont épargnés.

Roubaix à l’époque en croquis (Document Thierry Prouvost)

Les moyens de secours prévus à l’époque contre les incendies paraissent alors pour le moins dérisoires : sept douzaines de seaux en cuir acquis 2 ans plus tôt et confiés à 14 particuliers, avec injonction de les pendre à l’entrée de leur logis et d’en faire bonne garde, c’est là la totalité du premier matériel de secours mentionné à Roubaix dans un document officiel.

A l’orée du 18ème siècle, les échevins de Roubaix et Tourcoing passent un accord de mutuelle assistance et se munissent à cette fin de seaux, d’échelles et de crochets. Pourtant malgré la volonté des édiles les premières collaborations ne vont pas de soi, les pompiers de Roubaix se perdant dans la campagne entre les deux villes alors qu’ils voulaient porter secours à Tourcoing.

Quelques années plus tard lorsque les troupes de l’empire austro-hongrois font le siège de Lille, les dragons du Prince de Hesse mettent Roubaix à feu et à sang. Le château, la salle échevinale et l’hôpital sont mis à sac et bon nombre de maisons sont abattues, dégradées ou livrées aux flammes.

Ancienne enseigne du cabaret « A la réunion des pompiers » situé sur la Grand Place (Document Nord-Eclair)
Extrait du règlement du premier corps de pompiers de Roubaix (Document Nord-Eclair)

Si les pompes à incendie commencent alors à être utilisées à Paris ce n’est en revanche pas l’usage à Lannoy, Tourcoing et Roubaix (alors la moins importante des trois villes). A Roubaix, les ruraux habitant à l’extérieur des haies de l’enceinte du bourg se refusent à faire les frais d’un matériel coûteux surtout destiné à protéger les gens de la ville. De ce fait c’est décidé : Roubaix n’aura pas ses pompes. La première pompe à bras de Roubaix n’est donc acquise qu’après la révolution après plusieurs années d’épargne car elle coûte très cher.

Quant au premier corps de pompiers volontaire de la ville, sa constitution n’a lieu qu’en 1805,en raison du développement de la commune et de l’accroissement de son artisanat textile. Il se compose de 21 hommes y compris un chef. Les pompiers de l’époque ne perçoivent aucun salaire et, le maire n’ayant aucun budget pour le faire, c’est aux habitants que la ville fait appel pour leur assurer certaines gratifications pour leurs bons services.

Les soldats du feu sont alors dotés d’un splendide uniforme : habit gris mêlé, doublure écarlate, collet, revers et parements en velours noir avec passe-poil rouge, boutons en cuivre jaune, pantalon gris mêlé, guêtres noires et casque en cuivre jaune. 10 ans plus tard la compagnie augmente jusqu’à 80 hommes et son matériel est complété de 2 pompes munies de leurs agrès.

Extrait de règlement corps de pompiers de la ville en 1829 (Document Archives Municipales)

Le corps communal de sapeurs-pompiers est constitué en 1831 et fait alors partie de la garde nationale. Leur uniforme est encore plus magnifique : habit bleu foncé, collet, parements de velours noir, passe-poil rouge, pantalon et gilet bleu, boutons jaunes, demi guêtres noires et bien sûr casque en cuivre. La compagnie se voit adjoindre une musique d’instruments en cuivre dont les musiciens portent le colback (bonnet en forme de cône tronqué). Par ailleurs, à leur demande ils sont bientôt munis d’une arme qu’ils arborent fièrement lors de leurs défilés.

Médaille décernée aux sapeurs pompiers de la ville qui s’activent autour d’une pompe à bras (Document Nord-Eclair)

En 1840, la ville achète une partie de terrains et de bâtiments provenant de l’ancien Hôpital Sainte-Elisabeth et un grand bâtiment à usage de filature et d’habitation rue Neuve. L’Hôtel de Ville et un Hôtel des pompiers sont construits de 1844 à 1846 sur une partie de ces 2 terrains tandis que le reste est affecté à divers services municipaux : bibliothèque, archives, salles de Musique, Musée et Bureau de Police de Sûreté.

Le 24 Mai 1846, la mairie inaugure le premier hôtel des pompiers de Roubaix au cours d’une cérémonie attirant une foule importante sur ce terrain communal contigu à la place de la Mairie auquel on accède en passant entre la mairie et l’ancienne bourse du commerce. Il s’agit d’un bâtiment fort spacieux, composé au rez-de-chaussée d’un vaste local pour le dépôt du matériel et d’une buvette, et à l’étage de salons particuliers pour les réunions du conseil d’administration et la réunion du corps tout entier.

Les corps de pompiers des villes et communes voisines de France comme de Belgique y sont conviés. La fête militaire commence par un tir à la cible horizontale au cours duquel s’affrontent toutes les compagnies et subdivisions de compagnies de sapeurs-pompiers. Parallèlement, toutes les musiques accompagnant les détachements de pompiers participent à un festival au cours duquel chacune joue 2 morceaux de son choix. C’est la musique des pompiers de Roubaix qui ouvre le festival et celle de la garde nationale qui le clôture. Enfin un bal est offert aux détachements étrangers le soir dans le bâtiment tout juste inauguré.

L’ancienne mairie et l’ancienne bourse avant 1907 et une photo de la cour de l’hôtel des pompiers de l’époque (Documents BNR et Nord-Eclair)
Plan de l’Hôtel des pompiers : vue du rez-de-chaussée et coupe longitudinale et extrait du document relatif à l’inauguration (Documents archives municipales)
Dans le petit musée de cet hôtel des pompiers : une pompe de 1815, un drapeau de 1843, des haches et le portrait d’un des plus illustres capitaines de pompiers de la ville : Argillies, mort au feu dans l’incendie du café des Arcades (Document Nord-Eclair)

Un échange de courriers entre le maire de Roubaix et le préfet du Nord démontre que les risques d’incendie dans les manufactures sont à l’époque connus, les ouvriers qui travaillent et fabriquent la nuit compromettant ainsi la sécurité publique et pouvant occasionner des incendies. Pourtant la conclusion est que des mesures prohibitives seraient préjudiciables à l’activité commerciale de la ville dont les produits acquièrent alors une réputation de plus en plus étendue.

Les sinistres sont en effet nombreux dans les usines de Roubaix dans les décennies qui suivent. Ainsi en 1833, la filature Desvignes-Duquesnoy, rue Neuve est la proie des flammes mais fort heureusement grâce au déploiement rapide des grandes échelles, les ouvriers sont sains et saufs. En 1845, c’est la filature Duriez Fils rue de la Fosse aux Chênes puis celle de A.Dervaux et Delattre-Libert qui subissent un énorme incendie.

Et, la même année, soit l’année de sa construction, c’est l’incendie de l’usine « monstre » : la première filature Motte-Bossut, située près de l’emplacement de la future Grand Poste . Les roubaisiens la trouvaient gigantesque et impressionnante avec ses lueurs de chaudières rougeoyant dans la nuit.

Chariot pour pompe à bras et petit matériel dans un catalogue de la 2ème moitié du 19ème siècle (Document archives municipales)

Les pompiers ne disposaient alors que d’une simple pompe à bras. Les boyaux ou tuyaux devaient être graissés régulièrement. La presse de l’époque décrit la scène:« dépourvus de moyens efficaces pour arrêter l’incendie (…) Plusieurs de ces malheureux poussaient des cris lamentables, d’autres voulaient se précipiter par les fenêtres. On en vit un se laisser glisser adroitement d’étage en étage et parvenir jusqu’à terre sans accident. Quelques-uns descendirent au moyen des cordes enlevées à leurs métiers.  »

Heureusement qu’à l’époque, le canal n’était pas loin : le pont de l’Union reliait alors la rue de la Tuilerie à la rue de l’Union en enjambant le canal qui suivait le tracé du boulevard Leclerc. A noter la forme caractéristique des casques de cuivre portés par les soldats du feu à l’époque. L’usine est alors sauvée pour un temps.

L’usine monstre (Document collection privée)
L’incendie (Documents collection privée)

A suivre…

Remerciements au archives municipales de Roubaix, à la BNR et à Nord-Eclair pour sa rétrospective de 1968 : la flambante histoire des pompiers de Roubaix.

Chapelle Sainte Thérèse (Suite)

C’est en 1962 que, la chapelle étant pourvue d’un chapelain, Pierre Lefebvre, qui assure les services religieux, Monseigneur Dupont, évêque auxiliaire de Lille, bénit le maître autel de la chapelle Sainte Thérèse. Au 1er rang de l’assistance fort nombreuse se trouvent Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne, ainsi que Mr et Mme Jean Leplat, le maire de la commune et son épouse.

En 1966, le chanoine Pierre Lefebvre décède brutalement et, après une veillée de prières dans la Chapelle, ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Corneille.

Bénédiction du maître autel en 1962 (Document Nord-Eclair)

En 1967, c’est le mariage de la fille du fondateur de la chapelle, Anne Leclercq avec Louis Lepoutre, qui y est célébré par Mgr Henri Dupont, évêque auxiliaire de Lille, assisté du chanoine Denis Callens et de l’abbé Georges Leurent de Saint-Corneille. Mme Motte, harpiste, et René Courdent, organiste interprètent les œuvres choisies pour la cérémonie.

Le mariage Lepoutre-Leclercq en 1967 (Document Nord-Eclair)

Puis se déroule, en 1968, le dixième anniversaire de la chapelle, et, à cette occasion, le cardinal Lienart y est accueilli au son de la Fanfare Saint-Corneille, afin d’y célébrer la messe, assisté des chanoines Decourtray et Callens, en présence de Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne et toute leur famille. Les chants sont interprétés par la chorale Saint-Corneille sous la direction de Mr Moerman et accompagnés à l’orgue par René Courdent.

Célébration de la messe pour le dixième anniversaire en 1968 (Document Nord-Eclair)

En 1970, le culte catholique est toujours célébré dans la chapelle, 2 fois par semaine à savoir les samedi à 18h30 et dimanche à 8h30. Vers la fin des années 1980, la chapelle, qui peut accueillir jusqu’à 200 fidèles, voit encore célébrer par l’abbé Jean Housez, de la paroisse Saint-Corneille, une messe hebdomadaire le samedi à 18h30.

Régulièrement des animations s’y déroulent. Ainsi en 1975, le Choeur des Enfants de Paris, en tournée en Belgique et en Hollande, décide de fêter la Toussaint à la chapelle Sainte Thérèse à Hem en y animant la messe anticipée du 31 octobre à 18h30. Ce choeur, composé d’une trentaine de jeunes garçons, et spécialisé dans la musique chorale classique et contemporaine a déjà fait des tournées aux Etats-Unis, en Allemagne, Autriche, Italie et Afrique du Sud.

Choeur des enfants de Paris à Hem (Document Nord-Eclair)

La même année les Rossignolets de Roubaix viennent animer la première messe dominicale de 18h30 célébrée par l’abbé Bogaert. Et l’année suivante c’est un récital orgue et chant qui anime la chapelle : à l’orgue Jeanne Joulain professeur au conservatoire de Lille et organiste à Saint-Maurice à Lille, au chant le baryton Jacques Herbillon, professeur au conservatoire de Lille.

Rossignolets de Roubaix (Document Nord-Eclair)
Récital Orgue et chant (Document Nord-Eclair)

Depuis 1981, la chapelle appartient à l’évêché de Lille auquel la famille Leclercq l’a cédée. 10 ans plus tard c’est le père René Wittouk qui gère le lieu devenue une aumônerie d’artistes avec Reliance d’artistes. La chapelle fonctionne toujours en tant que lieu de culte avec, à côté, dans une partie du béguinage, un atelier réservé aux artistes et expositions, et des concerts y sont régulièrement organisés, pour demeurer fidèle à l’esprit qui a présidé à sa création : à la fois spirituel et artistique. Ainsi Reliance d’artistes anime l’office mensuel qui y a lieu en plus des messes hebdomadaires.

R Wittouck et Régis Degraeve de Reliance d’artistes (Document Historihem)

Depuis février 1995, le mobilier et le campanile sont classés au titre des monuments historiques. En 2012, c’est la chapelle dans son ensemble qui est classée par Frédéric Mitterrand, l’édifice étant alors reconnu pour sa place dans l’histoire de l’art et de l’architecture sacrée du XXème siècle.

Au début des années 2000, la chapelle est toujours répertoriée dans les lieux de culte catholique par le guide pratique Tout’Hem en Un. L’association « les amis de la Chapelle Sainte Thérèse agit en liaison avec les autorités ecclésiastiques pour veiller à la conservation de ce lieu mais aussi pour y promouvoir des rencontres dans un esprit chrétien. L’association désire également faire connaître la Chapelle et ne lésine par sur les moyens, un reportage pour France 3 y étant tourné et des visites guidées programmées pour les journées du patrimoine.

Les amis de la chapelle Sainte Thérèse en 2003 (Document Historihem)

Vingt ans plus tard la chapelle est encore en usage avec une messe chaque mercredi à 18h30, mais, en dehors de celle-ci, elle est fermée en semaine. Elle fait également toujours l’objet de visites guidées ponctuelles organisées par l’Office de tourisme de Roubaix.

En 2020, l’aumônier, le père Renaud Wittouck parle de sa chapelle, à l’occasion de l’exposition dossier organisée au musée de la Piscine de Roubaix : avant toute chose lieu de culte, lieu de baptême des enfants des membres de l’aumônerie ou de leurs connaissances, utilisation des vêtements liturgiques de Mannessier…

Les vêtements liturgiques (Document Narthex)

D’après lui la chapelle dégage un climat particulier propice à l’intériorité et la prière. Lors des visites guidées il explique que lui-même présente les lieux sous l’angle cultuel et spirituel tandis que le guide s’attache à présenter l’histoire de la chapelle ainsi que les artistes qui ont participé à sa construction.

Il appelle à retenir que, pour l’époque, la chapelle représentait une œuvre novatrice, dans laquelle tout a été pensé pour que la proximité qui existe entre les fidèles et le célébrant créée une ambiance très familiale et facilite la bonne participation de tous. Quant aux murs de vitraux, l’été c’est le mur Nord qui reflète une lumière particulière et l’hiver, lorsqu’un rayon de soleil le frappe, le mur sud est splendide.

Près de 65 ans après son inauguration la chapelle Sainte Thérèse est donc toujours à la fois un lieu de recueillement pour les croyants mais aussi un bâtiment remarquable de par son architecture et l’ensemble des œuvres d’arts qu’elle regroupe. Quant au quartier qui l’a accueillie à l’époque il n’a pas beaucoup changé et reste très calme malgré la proximité de la voie rapide invisible depuis l’Enclos Sainte Thérèse.

Remerciements à Historihem

Café du Bas du Bout (suite)

Et la solidarité ne s’arrête pas là puisque Gérard Mahieu a également profité de la générosité des amateurs colombophiles, lors des concours, pour offrir des colis de Pâques aux anciens du quartier : friandises, sucre, café, chicorée et biscuits. Tout naturellement ses successeurs, le couple Lempire perpétue la tradition à son arrivée dans les lieux en 1968.

Le colis de Pâques pour les anciens en 1966 (Document Nord-Eclair)

Il faut dire que le café est aussi le siège de la société de caisse d’épargne « les Amis du Bas du Bout » dont René Lempire est à la fois vice-président et trésorier et qui compte une centaine de membres actifs. Elle offre chaque année un banquet à une trentaine d’anciens du quartier le dimanche précédant Noël, souvent présidé par le maire, le docteur Jean Leplat.

Une réunion des Amis du Bas du Bout en 1968 à leur siège et manifestation sportive en faveur du comité d’entraide (Documents Nord-Eclair)

Pour que ce comité d’entraide fonctionne sont organisées des ducasses à Pierrot et des manifestations sportives au profit des anciens. Puis c’est la fête et, sous les guirlandes tendues entre les maisons de la rue, des parties acharnées de « trou-madame » et de jeux de massacre se déroulent sous l’oeil placide et les roucoulades des pigeons de concours.

L’intérieur du café : René, Léonce et leurs clients au bar (Documents Historihem)
Festivités dans les années 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)

Vue aérienne du Bas du Bout en 1971 (Document IGN)

A noter qu’avant même de reprendre le café de Gérard Mahieu, René Lempire avait été l’un des créateurs du comité dont il est trésorier. La fête a été créée ensuite afin de compenser les dépenses nécessitées par les colis et repas offerts aux anciens. Puis le café devient également le siège des supporters de l’USH (Union Sportive Hémoise), puis le siège de l’Olympic Hémois, club de football, ainsi que du Fémina Omni Sports Hémois et Léonce Lempire devient membre d’honneur du premier et vice-présidente du second.

René et Léonce Lempire mis à l’honneur pour leur treize ans au service des anciens en 1978 (Document Nord-Eclair)
Les publicités des années 1970 pour le café (Documents Historihem)

L’USH est née de la fusion du club de football du foyer Saint Corneille et du football club de Hem en 1964 et comporte des équipes de jeunes et une équipe séniors. Des survêtements sont offerts aux joueurs par leurs supporters du Bas de Bout en 1969 et en 1970 l’USH les remercie officiellement à l’occasion du tournoi des minimes. Puis en 1974, c’est le jubilé de deux joueurs qui est fêté : Gérard Cochez et Francis Lempire (le fils de René et Léonce).

Les survêtements offerts et les remerciements du club (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Le jubilé de Gérard Cochez et Francis Lempire en 1974 (Document Nord-Eclair)

L’Olympic Hémois qui a son siège au bas du bout dispose d’équipe séniors mais aussi d’une équipe jeunes dans les années 1970. En outre une école de football y a été créée pour les poussins, pupilles et minimes, fréquentée par 50 enfants tous les mercredis. Dix ans après sa création l’OH créée son journal mensuel et René et Léonce assurent avec leur dynamisme habituel l’animation du siège de cette sympathique équipe.

Une partie de la commission et le président et l’en-tête du mensuel (Documents Historihem)

Quant au FOSH, qui a aussi son siège au bas du bout, il y tient ses assemblées générales et Léonce en assure la vice-présidence avec beaucoup de sérieux. Créé en 1970, il compte 60 adhérentes de 15 à 20 ans et évolue au niveau national, ce qui implique des déplacements dans toute la France. Florence Decoopman évoluera même en international dix ans après la création du club.

L’assemblée générale et le comité (Documents Historihem)
Tournois avec remise de lot au café Lempire (Documents Historihem)

Dans les années 1980, le café continue ses activités et sa publicité dans le bulletin municipal de 1982 en atteste. Outre son activité principale le café du Bas du Bout reste alors le siège de 3 associations : les Francs-Amateurs, l’Olympic Hémois et le FOSH. Puis en 1995, l’établissement est repris par Patrick Fromage avant de fermer définitivement ses portes en 2010.

Publicité de 1982 (Document bulletin municipal de Hem)

Depuis la maison qui abritait le café a été rehaussée d’un étage avant de devenir une maison d’habitation. La rue Vaillant mène toujours au bas du bout mais aucune enseigne n’en fait plus mention. Elle a perdu son commerce historique et emblématique et est devenue une rue paisible à usage d’habitation sans plus de trace de l’animation qui faisait sa renommée au vingtième siècle.

Le café en 2008 et la maison d’habitation rehaussée d’un étage en 2023 (Documents Google Maps)
Vue aérienne de la rue Vaillant et le Bas du Bout en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Fête de la navette (Suite)

En 1989, la fête de la navette est couplée avec le bicentenaire de la révolution les 3 et 4 juin. Le samedi a donc lieu un tournoi du jeu de paume entre une vingtaine d’écoles roubaisiennes, dont les élèves ont été initiés à ce sport très ancien à compter de novembre 1988 et qui font ainsi la démonstration de près d’une année de pratique. A cet effet un emplacement spécifique a été érigé sur la Grand Place.

Programme du bicentenaire et le week-end des 3 et 4 juin en partenariat avec le comité d’organisation de la fête de la navette et tournoi et croquis du jeu de paume ainsi qu’une photo de presse (Documents archives municipales et Voix du Nord)

Pendant quelques semaines, en parallèle, la Poste expose des documents postaux d’époque, et pour le week-end de lancement de l’exposition, à savoir celui de la fête de la navette, ouvre un bureau temporaire, le samedi en mairie et le dimanche à la salle Watremez où elle propose un timbre à date spécial « Bicentenaire à Roubaix ».

Le timbre à date spécial « Bicentenaire à Roubaix » édité par la Poste (Document archives municipales)

Ce même samedi 3 juin un rassemblement de 1500 tambours est réalisé sur la place de la Fraternité pour défiler, en faveur des droits de l’homme, en cortège jusqu’à la Grand Place. Les tambours ont été créés par centaines dans les écoles et associations à partir de matériaux de récupération : bidons ou cylindres tendus de peaux. Sont associés des groupes avec des chars évoquant de grands épisodes de la révolution.

Cortège avec 1500 tambours, groupes et chars (Documents Nord-Eclair et la Voix du Nord)
Lâcher de ballons et de montgolfières aux couleurs du bicentenaire (Documents archives municipales, Nord-Eclair et la Voix du Nord)

Le rassemblement Grand Place se termine par le traditionnel jet de navettes et l’envol de ballons et de montgolfières. Dans la soirée c’est un spectacle de chansons berbères qui se déroule au théâtre Pierre de Roubaix. Il est suivi d’une soirée de démonstration de danse de rue par « Dans la rue la Danse » à la salle Watremez : la Megaboum de la Révolution, sur fond de funk, reggae, house et acid music, avec les meilleurs DJ de la région.

Le spectacle de chansons berbères avec Ferhat et Kassia et le lancer de navettes dans la foule (Documents archives municipales et Nord-Eclair)
Megaboum de la révolution et prestation de « Dans la rue la Danse » (Document archives municipales et Nord-Eclair)

Puis le dimanche 5 juin, place à un grand tournoi de belote révolutionnaire suivi d’un concert apéritif sur fond d’hymnes révolutionnaires, puis une fête non-stop l’après-midi avec l’Orphéon Jazz Band Circus, la Troupe à Manou, les orchestres Musica Viva, Lys Batterie d’Halluin et Groupe Coeur du Portugal, le magicien Ericson, les chorales de l’école Albert Camus et du collège Jean Lebas clôturé par un grand final avec l’orchestre Diapason.

Le tournoi de belote révolutionnaire (Documents Nord-Eclair et Voix du Nord)

On retrouve peu de choses sur la fête de la navette de 1990, laquelle a pourtant lieu puisque son coût est chiffré l’année suivante au moment de la préparation de celle de 1991. Le programme regroupe en tout cas les groupes Crazy Girls, Military Boys, les Alizés et New Génération, des clowns, du catch, ainsi que En voiture Simone et Irémée et enfin le journaliste et humoriste Jean Crinon.

Jean Crinon en disque et affiche du catch (Document collection privée et archives municipales)

Enfin en 1991, c’est une fête commerciale de la navette qui est organisée du 14 au 28 septembre, par la Ville de Roubaix, la Fédération des Groupements Commerciaux de Roubaix, l’Union Commerciale de Roubaix et le Crédit Municipal de Roubaix, sous le patronage de Nord-Eclair, mais elle est couplée à la manifestation des 28 heures de Roubaix à la marche qui se déroule les 14 et 15 septembre.

Affiche de la fête commerciale de la Navette (Document archives municipales)

Il semble que ce soit le chant du cygne de la fête populaire imaginée 4 ans plus tôt et qui parait avoir connu son apogée en 1989 avec le bicentenaire de la révolution. Car cette fois la presse ne se fait l’écho d’aucun cortège carnavalesque ou autres animations. La fête de la navette est réduite à un jeu organisée par l’Union Commerciale avec l’appui du Crédit Municipal qui permet de gagner des lots et ne sera à priori plus renouvelée à l’avenir.

Affiche apposée dans les commerces participant et règle du jeu (Documents archives municipales)

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Chapelle Sainte Thérése de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face

Dans les années 50, un industriel roubaisien, Philippe Leclercq, fils de Louis Leclercq, propriétaire de la Roseraie, domicilié à Hem, déjà connu pour ses activités en faveur des lépreux et des enfants du Biaffra, ami de l’art et des artistes, est désireux de doter Hem d’une chapelle ouverte à l’art contemporain.

Il réalise ce projet ambitieux en ayant recours à divers artistes en la personne d’ un architecte suisse Hermann Baur, du sculpteur Eugène Dodeigne, du peintre spécialiste en art sacré Georges Rouault, du tisserand Jacques Plasse-le Caisne, et des peintres-verriers Alfred Manessier pour la conception et Louis Barillet pour la réalisation.

Panoramas 1946 et 1961 (Documents IGN)
La chapelle flanquée des anciennes maisons à l’otil (Document collection privée)

Le 16 septembre 1956, une belle cérémonie se déroule à l’occasion de la pose de la première pierre, sur le terrain du jardin potager des époux Charles-Leclerc-Salembier, propriétaires de la première brasserie de Hem. 4 ouvriers s’affairent sur le chantier et c’est le chanoine Descamps, doyen de Lannoy qui procède à la bénédiction, élevant une croix à l’endroit où se situera l’autel.

Pose de la 1ère pierre de la chapelle (Document La Croix du Nord)
Bénédiction de la pose de la première pierre (Document La Croix du Nord)

La maquette de la chapelle est pleine de promesses. En 1957, la chapelle est construite et Mrs Baur, Mannessier, Dodeigne et Leclercq s’y retrouvent pour concevoir les finitions de l’aménagement intérieur. Le dimanche des Rameaux 1958, la chapelle est ouverte au culte, en présence du cardinal Liénart.

Maquette de la chapelle (Document Narthex)
Les concepteurs du projet réunis dans la Chapelle (Documents Historihem)

Catholique fervent, Philippe Leclercq explique plus tard (propos repris et diffusés dans le journal La Croix du Nord) : « « J’ai voulu retrouver la vraie hiérarchie des valeurs. Dieu premier serviJ’ai pensé à m’en ouvrir à mon cher Mannessier, l’estimant capable plus qu’aucun autre peintre de faire pour Dieu une œuvre digne des grands siècles chrétiens, époques où rien n’était trop beau pour le Bon Dieu. »

 « Je tiens essentiellement à ce que cette chapelle soit intégrée dans la communauté paroissiale et en soit aimée », écrit Philippe Leclercq au cardinal Liénart en 1954, en acceptant le vœu des paroissiens qu’elle soit dédiée à sainte Thérèse de Lisieux.

Sainte Thérése de Lisieux (Document collection privée)

5 ans plus tard Philippe Leclercq est élevé par le pape Jean XXIII à la dignité de Camérier de Cape et d’ Epée et, en 1969 puis 1970, il devient Chevalier de la Légion d’Honneur puis Commandeur de l’Ordre de Malte. A son décès, en 1980, il est inhumé dans le choeur de la chapelle.

Philippe Leclercq, gentilhomme du pape et Marthe Lestienne (Document Thierry Prouvost)
Photos de la chapelle de la famille en 1958 (Documents collection privée)

La chapelle Sainte Thérèse se situe le long d’une petite route, dans un quartier mi-rural, mi-ouvrier : le quartier d’ Hempempont. On ne l’aborde pas directement depuis la route grâce à une muraille de verdure obtenue par quatre tilleuls, mais par un trottoir, perpendiculaire à la rue qui longe la rangée de petites maisons chaulées qui la flanquent, et en passant devant un campanile de briques muni de petites cloches sur lesquelles deux textes de Sainte Thérèse sont gravés : « L’amour attire l’amour » et « ce que je demande c’est l’amour ».

Le trottoir d’accès avec le campanile à l’époque et en 2020 (Documents collection privée)
les cloches et leurs inscriptions en gros plan (Documents Historihem)

Les quatre maisons très anciennes rangées le long du trottoir forment « La Cité Leclerc » et celle-ci se trouve donc dans l’enceinte de la chapelle : l’Enclos Sainte Thérèse. Autrefois couvertes de chaume, ces maisons vivaient alors au bruit du métier à tisser. Elles représentent le type même de la « maison à l’otil », une fenêtre et une porte pour la cuisine et 2 fenêtres pour la grande salle dans laquelle se trouve le métier. Une fois la pièce finie, le tisserand la mettait sur sa brouette pour la conduire à Roubaix. Ces maisons ont ensuite servi de logement aux ouvriers de la brasserie Leclerc, d’où le nom de l’ensemble.

Rien de solennel donc pour l’accès au lieu de culte puisqu’il s’agit d’une chapelle et non d’une église et que l’ensemble doit rester d’une grande simplicité. C’est pourquoi il n’y a pas de transition entre le trottoir et le parvis, revêtus du même pavement de briques depuis les seuils des anciennes maisons à « l’otil » jusqu’à l’entrée de la chapelle.

La dalle carrée dans le parvis (Documents Revue Art d’Eglise)

Seule fantaisie dans le pavement : une dalle carrée, sur laquelle doit se faire la bénédiction du feu à la vigile pascale. Cette dalle porte un texte représentant la prière qui accompagne, durant la nuit de Pâques, l’allumage et la bénédiction du feu nouveau. L’entrée quant à elle est surmontée d’un auvent portant une mosaïque de Mannessier, ayant pour thème l’Alléluia.

L’entrée de la chapelle surmontée de l’auvent (Document collection privée) et étude pour la mosaïque (Document Historihem)

En pénétrant dans la chapelle le regard se porte sur la Sainte-Face, œuvre de Rouault, sur le mur nu au dessus de l’autel, représentée sur un panneau tissé (et non une tapisserie) selon le procédé de l’artisan J. Plasse-Le Caisne, de vastes dimensions, de couleurs noire et ocres, qui a posé d’innombrables difficultés techniques pour sa réalisation.

La Sainte-Face sur panneau tissé (Document revue Art d’Eglise)

Les murs de vitraux conçus par Mannessier représentent une méditation sur la vie de Ste Thérèse de Lisieux : le côté sud qui a l’aspect d’une fresque de verre et de ciment est fait d’un vitrail aux tons éclatants, qui évoquent son enfance et sa jeunesse, puis les rouges, bleus et violets qui rappellent ses années de souffrance au Carmel et côté nord le mur plus bas est également fait d’un vitrail aux tons plus légers qui symbolise sa vie céleste.

Les deux murs composés de vitraux (Documents Historihem)

Contre l’un des murs se trouve l’autel du saint sacrement, table de pierre sur pieds de fer, œuvre du sculpteur Dodeigne tout comme l’autel principal en pierre de Soignies surmonté d’une croix en fer forgé. Figurent également dans la chapelle d’autres œuvres de l’artiste telles que les fonts baptismaux et la statue de Ste Thérèse.

Autel principal et autel du Saint Sacrement, croix de fer forgé , fonts baptismaux et statue de Ste Thérèse (Documents collection privée)

L’architecture intérieure de la chapelle ménage un espace harmonieux, grâce aux pentes du toit, couvert d’un bois simple, avec un sol pavé de dalles en pierre noire des Pyrénées espagnoles et des bancs de chêne dessinés par l’architecte Hermann Baur. Ce mariage de lumière et de matière crée une ambiance particulière propice à l’intériorité.

Vue générale de l’intérieur de la chapelle (Document revue d’Art d’Eglise et collection privée)

A suivre…

Remerciements à Historihem

Café du Bas du Bout

La rue Edouard vaillant est une rue très ancienne, citée en 1824 en tant que rue Poivrée, qui débute rue du Général Leclerc et descend jusqu’à la Marque à la rangée Droulers. C’est un siècle plus tard, en 1927, que la rue prend son nom actuel d’Edouard Vaillant, du nom d’un homme politique socialiste, mort en 1915, l’un des inspirateurs de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. La rue ne mesure que 261 mètres de long et n’atteint pas la Marque mais s’arrête brusquement devant une rangée de petites maisons situées tout en bas : « au bas du bout ».

Vue aérienne de la rue Edouard Vaillant et du « bas du bout » en 1947 (Document IGN)

Au café du Bas du Bout , en bas de la rue au n°53, on organisait jadis des concours de Pinsons à la ducasse du dernier dimanche d’Août, exercice de chant comportant un prélude, un roulement et une finale, répété parfois jusque 600 fois en 1 heure, sachant que le nombre de chants détermine la victoire et non leur qualité.

Pour dresser un pinson, on le place en cage dans un verger où il s’en trouve déjà un en liberté, lequel devient son professeur. Le jour du concours chaque oiseau est apporté dans une cage minuscule et les cages sont posées sur des chaises éloignées de 2m60 les unes des autres.

Les Pinsonneux d’alors crevaient parfois les yeux des oiseaux au fer rouge, pratique sensée avoir un effet « bénéfique » sur leur chant. Curieuse ironie, c’est durant l’occupation de la première guerre mondiale qu’un commandant allemand prend un édit pour interdire cette pratique barbare. Cette législation se perpétue après guerre et les pinsonneux seront punis d’amende et de confiscation lorsqu’ils seront détenteurs d’un pinson aveugle.

Un pinsonneux la cage à la main (Document Hem d’hier et d’aujourd’hui)

La société de colombophilie les Francs-Amateurs existe quant à elle depuis 1879. C’est une passion qui exige du « coulonneux » le sens de l’observation, la patience, le savoir-faire, qualités détenues le plus souvent de père en fils, chaque génération d’éleveurs se transmettant les petits secrets de l’élevage et du dressage des pigeons. Soumise à une législation très stricte, la colombophilie est placée sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur. L’ouverture d’un colombier est soumise à autorisation préfectorale et chaque nouveau colombophile, doit s’affilier à une association de son choix qui lui remet une licence fédérale « sportif » pour prendre part aux compétitions ou « éleveur »pour élever des pigeons voyageurs.

A Hem, en 1886, on dénombre ainsi 37 propriétaires pour 504 pigeons , nombre qui tombe en 1900 à 2 pigeonniers déclarés pour 31 pigeons. Mais, après la première guerre, le nombre d’amateurs augmente à nouveau pour atteindre 76 en 1930 avec 1356 pigeons. La moitié des coulonneux hémois est inscrite aux Francs-Amateurs. Mais avec la seconde guerre mondiale les pigeonniers sont pillés. La colombophilie atteint son apogée après-guerre et plus précisément en 1952 avec 147 détenteurs totalisant 2233 pigeons.

Les Francs-Amateurs en 1968 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1960, sous la présidence de Louis Gauquié, des trophées sont remis aux lauréats qui ont les honneurs de la presse locale. L’occasion d’annoncer pour la fin de l’année 1968 une exposition « standard-sport », un pigeon par catégorie et par amateur, avec remise des prix aux lauréats de 1968 chez Lempire rue Vaillant. C’est en effet René Lempire qui a repris, en 1968, le café jusqu’alors tenu par Gérard Mahieu, cité Droulers, au bas du bout.

Publicité de 1970 (Document Mémento Public édité par la ville d’Hem)

Des expositions sont dès lors régulièrement organisées dans le café tenu par René et Léonce Lempire, leur établissement devenant le siège des Frans-Amateurs. Les réunions générales s’y tiennent et René devient trésorier de l’association. Les préparations de saison et les concours s’y succèdent donnant lieu à des festivités au bas du bout, notamment lors des remises de prix.

Photo d’une exposition en 1971 (Document Nord-Eclair)
Photo des Francs-Amateurs dans les années 1970 (Document collection privée)

Il ne s’agit pas, loin s’en faut, des seules occasions de faire la fête pour ce petit bout de rue animée. Ainsi, dès les années 1960, une Miss Bas du Bout est élue et soutient l’équipe de football de la ville engagée dans un tournoi en 1966 et, la même année, comme chaque année y est organisée une kermesse au profit des anciens du quartier.

Miss Bas du Bout soutient l’équipe d’Hem et la kermesse au profit des anciens du quartier (Documents Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem

Fête de la navette

Du 9 au 14 juin 1987, la municipalité roubaisienne organise une première fête de la « navette », vaste fête populaire, accessible à tous, et permettant la participation de nombreuses associations de l’agglomération. Le nom choisi pour cette nouvelle fête est celui d’un emblème roubaisien :

« dans le métier à tisser, instrument formé d’une pièce de bois, d’os, de métal, pointue aux extrémités et renfermant la bobine de trame, qui se déplace de la longueur de la duite en un mouvement alternatif », selon la définition du Petit Robert. Quel meilleur nom aurait on pu donner à cette nouvelle fête de l’ancienne « capitale du textile » ?

Programme de la fête de la navette en 1987 (Document archives municipales)

Pour l’occasion 2 auteurs roubaisiens bien connus : Denyse Soubrie (pour les paroles) et Jean Prez (pour la musique) réalisent un 45 tours au rythme trépidant interprété par Jean Prez avec l’apport d’Yvon Juillet à l’accordéon. Sur la 1ère face on trouve « la navette en fête » :

« Chantez aujourd’hui c’est la fête,

la fête de la navette,

elle est jolie ma chansonnette,

on l’a tous dans la tête.

C’est aujourd’hui journée de liesse,

et la foule dans l’allégresse,

au son d’un orchestre musette,

fêtera la navette »

Disque créé pour l’occasion et photos de Jean Prez et Denyse Soubry et d’Yvon Juillet (Documents collection privée)

Le coup d’envoi a lieu le 06 juin, dans la prestigieuse salle Pierre de Roubaix de la mairie, par la remise des prix aux lauréats de divers concours : photo, dessin, plus beau bébé. Les œuvres, photos et dessins, y restent quant à elle exposées jusqu’au 14 juin, date de clôture des festivités.

Une pluie de cadeaux s’abat sur les bambins et leurs mamans, les premiers de chaque catégorie recevant de surcroit la plaquette du Conseil Général des mains de Bernard Carton, son vice-président. Quand au sénateur maire de Roubaix, André Diligent, il tient à dire « son plaisir de voir un tel concours, que l’on disait dépassé, retrouver une nouvelle jeunesse.

Remise des prix aux plus beaux bébés et un dessin de Teel représentant l’événement (Documents Nord-Eclair)

Pour le programme, la municipalité a vu grand : un podium sur la Grand Place, pour des démonstrations de danse, des clowns, des magiciens, des musiciens, un concours de chant, des orchestres, mais aussi des manèges, structures gonflables et stands de confiserie, des fanfares, des sociétés musicales, des défilés avec chars et géants à grosse tête et des spectacles de marionnettes.

Dès le 1er jour Jumbo Fun, l’éléphant gonflable de 5 mètres de haut accueille les enfants qui se baignent dans les balles de son estomac. Le lâcher de ballons organisé par Kiabi emporte les cartons bleus et blancs sur lesquels figurent leurs adresses et chacun espère que c’est le sien qui ira le plus loin.

Jumbo Fun et les balles de son estomac (Document Nord-Eclair)

Sur le podium Nounours et ses clowns assurent les entractes, les fantômes d’Ecosse prennent le relais des danseurs de Manou, et l’Association Visages en fête maquille les enfants qui le souhaitent, avant de laisser place dans la soirée aux différents groupes de musique : Husch, Joël Matysiak, Bâton Rouge, Dynam’s et Insomnie.

Nounours et ses clowns, les danseurs de Manou et Husch et Insomnie (Documents Archives municipales et Nord-Eclair)

Le week-end de clôture est le point d’orgue de la fête et le programme est à la hauteur : le samedi commence avec l’aubade aux mariés par l’orchestre Musette Duo, puis sur le podium : Bambou, le Liberty Club de Roubaix, le groupe yougoslave Shumadia, le groupe de la maison d’Espagne, Essence d’Andalousie, l’Ancienne, les enfants du Massif Central, le Grupo Folclorico Portugues et le groupe Evasion avant le grand bal de l’orchestre Les Leaders.

L’Ancienne, Shumadia, Liberty Club, Evasion, Essence d’Andalousie (Documents archives municipales et Nord-Eclair)

En parallèle, toute la journée une exposition vente de produits régionaux se déroule dans la salle Pierre de Roubaix à l’Hôtel de Ville : bières, gaufres, fromages, confiseries, alcools, confitures, chocolats fins, plats traiteur, linge de table et de maison et vêtements imprimés, sans oublier bien sûr une exposition de navettes et de pendules anciennes.

Le dimanche est le jour du défilé carnavalesque qui part du carrefour Gounod pour rejoindre la Grand Place, avec ses géants, ses chars et ses Gilles, ainsi que ses fanfares, avant un lâcher de navettes (petits gâteaux ) du haut de l’Hôtel de Ville, avec le concours du Syndicat des Boulangers de Roubaix. Par ailleurs dès l’après-midi, sur le podium se succèdent : l’Orphéon Jazz Band, les Joyeux Bituriers et le groupe folklorique de la jeunesse polonaise.

Le géant de Roubaix, les Gilles et différentes fanfares participant au défilé (Documents archives municipales)

Si le temps n’est pas toujours au rendez-vous, puisqu’il pleut des cordes la plupart du temps, et si, de ce fait, la foule n’est pas aussi nombreuse et enthousiaste qu’attendu, le dernier dimanche fait le plein, en partie grâce au soleil. Le final est donc une réussite et la fête bat alors vraiment son plein.

Défilés, chars, lancer de navettes et confettis et Poppins épeulois en délire (Documents Nord-Eclair)

En 1988, entre le 4 et le 19 juin se déroule d’abord une grande tombola à l’échelle de la commune avec le concours de la quasi totalité des commerçants roubaisiens. Le tirage au sort des gagnants a lieu à la salle Watremez et 36.000F de lots et bons d’achat sont distribués, ainsi qu’un total de plus de 600 couplés gagnants à toucher dans les PMU de la ville, au cours d’une petite réception organisée dans le salon d’honneur de la mairie.

Tirage au sort et remise des lots (Documents Nord-Eclair)

Si la première fête, en 1987, a permis « d’essuyer les plâtres », l’année suivante c’est gagné : Roubaix tient sa grande fête populaire et les quartiers, tout comme le centre en profitent. Cette fois, forte de la leçon de l’année précédente, la municipalité dresse un chapiteau à côté de l’Hôtel de Ville, pour le week-end, au cas où…

C’est l’Orphéon Jazz Band qui lance les festivités le vendredi soir sous le chapiteau. Puis le samedi c’est le tour de l’illusionniste Jean Frédéric puis Bambou ouvre la danse sur des rythmes africains avant de laisser la place à de la danse classique et moderne par les élèves de l’école Françoise Vizor du Boulevard de Cambrai. Pendant ce temps des groupes costumés défilent dans le quartier du Moulin-Potennerie.

Le défilé au Moulin Potennerie et la danse par l’école Vizor (Documents Nord-Eclair)

Enfin le dimanche, la musique de la FAL (Fédération des Amicales Laïques) anime un concert apéritif en fin de matinée, avant de laisser la place au spectacle Grain de Folie (parodies burlesques) et au groupe Czardas. Puis le grand cortège carnavalesque constitué d’une trentaine de groupes, chars, sociétés musicales et attractions, part de la place du Travail jusqu’à la Grand Place où la fête se termine par le désormais traditionnel jet de navettes depuis la mairie.

Char des commerçants de la rue Jules Guesde, enfants de l’école Saint-Eloi chantant l’hymne de la navette, cosaques de la Ferme aux Loisirs, Poppins de l’Epeule, Dames de Calais et groupe Belle Epoque de Comines (Documents Nord-Eclair)

L’adjoint au maire de Roubaix Mr Brillon a droit à un tour de piste devant les tribunes officielles, invité dans la sarabande par un groupe de joyeux lurons puis donne de sa personne en compagnie du sénateur maire André Diligent depuis la tribune lors du lancer de navettes attendu avec impatience par la foule en cette fin de journée riche en attractions diverses.

Tour de piste, lancer de navettes et la foule à la réception de celles-ci (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Centre Commercial Schweitzer (Suite)

C’est à cette époque que le débit de tabac de Fethi Kaouadji ouvre ses portes. Il restera ouvert pendant 20 ans et fermera ses portes en 2014. Sur une photo de 2015, le panneau du centre commercial fait état du tabac presse loto PMU Le Corail qui deviendra ensuite un point colis. Sur ce même panneau on peut constater qu’une épicerie Prosma existe également à côté de la supérette des 3 villes.

Panneau du centre en 2015 (Document Google Maps)
Emplacement de l’épicerie en 2022 (Document Google Maps)

En avril 1995, le centre, encore en travaux, accueille la signature d’une convention entre l’atelier de confection Indiga, représenté par Mustapha Saifi, l’organisme Vecteur Formation, représenté par Pierre Davroux et la ville d’Hem, représentée par Mme Massart, maire de la ville.

La ville met les locaux à disposition de l’entreprise, qui de son côté s’engage à mettre ses capacités professionnelles, techniques, commerciales et pédagogiques au service de l’insertion sociale et économique à Hem. Le public sera composé d’habitants hémois en difficulté et la mairie exercera un contrôle annuel sur les embauches. Quant à Vecteur Formation, sa mission consistera bien sûr à former les candidats en vue d’un retour pérenne à l’emploi.

L’installation d’Indiga au centre Schweitzer en 1995 (Document Nord-Eclair)

Un an plus tard, la SARL à l’enseigne M’Tex, gérée par Mustapha Saifi est immatriculée au RCS et restera en activité pendant 10 ans dans le centre commercial. Titulaire d’un CAP de mécanicien tourneur, rien ne le prédisposait pourtant à ouvrir une entreprise textile de 800 mètres carrés à Hem. Il sera en outre lauréat en 2002 du prix création de la fondation Nord Entreprendre.

Photo de Mustapha Saifi (Document Talent des Cités)

En 2000, des travaux d’extension du centre commercial sont réalisés par la ville et à cette occasion M’Tex ouvre un bureau de stylistes et de modélistes et prévoit 6 embauches, le but étant de créer à terme sa propre marque. Sont également prévues les embauches d’une secrétaire et d’un commercial et il faut donc des locaux plus grands pour accueillir tout le monde.

L’extension des locaux de l’atelier de confection en 2000 (Documents Nord-Eclair)

En 2002, l’entreprise reçoit le prix « talent des cités » pour son savoir-faire et sa vocation sociale.Toutefois en 2003 la société est placée en redressement judiciaire et ne parvient plus à relancer suffisamment l’activité pour éviter la liquidation prononcée par le Tribunal de Commerce en avril 2004. 13 femmes perdent donc leur emploi après de mois de grèves ponctuelles et de salaires partiellement payés avec retard.

Société liquidée, 13 femmes licenciées (Document Nord-Eclair)

Mustapha Saifi avait également créé en 2000 un commerce de gros de textile, la SARL Arteny, qui fermera ses portes en 2009. La même année verra également la fermeture de sa deuxième société de commerce de gros : C2M international.

En 2007, le registre du commerce et des sociétés enregistrera également la radiation du deuxième atelier de confection du centre commercial : « De toutes Façons » qui avait vu le jour en 2000 et était géré par Bruno Vantichelen.

Pendant toute cette période, en 1999, la supérette des 3 villes, fermée depuis plusieurs mois, est reprise par Boualem Kechout. Il devient propriétaire du fonds de commerce de l’établissement dont les murs appartiennent à la ville et embauche 4 personnes dont une à temps plein. Il achète une chambre froide et une rôtissoire et souhaite créer un point chaud et une boulangerie mais manque de place pour s’étendre. En 2023, la supérette est toujours en activité.

Boualem Kechout dans sa supérette début 2000 (Document Nord-Eclair)
Photo de la supérette en 2022 (Document Google Maps)

En 2001, c’est la boucherie Kamel Longchamp qui ouvre ses portes. Elle est reprise en 2009 par Agrovia Hem, du Kamel Groupe, dont le gérant est Ramzy Kamoun d’après le site Société.com. Aujourd’hui la boucherie qui porte encore l’enseigne commerciale Kamel est toujours en activité.

Photo de la boucherie Kamel en 2022 (Document Google Maps)

La boulangerie du centre commercial a, quant à elle, connu plusieurs gérants depuis le groupe Holder, à savoir : le Comptoir du Pain de 1997 à 2007, puis Djamila Meftah et Nadget Mameche de 2007 à 2009 et enfin City, gérée par Fouad Baitar, boulanger installé à Roubaix dans un premier temps et qui gère 4 établissements.

Photo de la boulangerie en 2022 (Document Google Maps)

En 2009, la ville de Hem souhaite à nouveau procéder à la sécurisation, à l’aménagement du parvis et à la rénovation des façades du centre commercial, composé de 3 ensembles, pour un montant total de 300.000 euros.

Un restaurant ouvre alors ses portes pendant une petite année géré par Brahim Ben Bahlouli. Ce n’est qu’en 2014 que Nassim Baitar ouvrira son commerce de restauration rapide. En 2019, Kada Bouziane Belhadj le remplace pour 2 ans et en 2021, c’est l’I-Gill BBQ de Samir Bechia qui prend leur place.

Photos du snack en 2022 (Document Instagram I-Grill)

En 2010, c’est la pharmacie Schweitzer qui voit le jour, gérée par Driss Rajraji, officine toujours en activité aujourd’hui. Puis en 2015, un commerce de détail d’équipements automobile s’installe sur le centre à l’enseigne Best Pieces Auto. C’est Said et Hamid Kechout qui ouvrent cet établissement toujours en activité à ce jour.

Photo de la pharmacie en 2022 (Document Google Maps)
Photo de Best Pièces Auto en 2022 (Document Google Maps)

De nos jours le cabinet médical fonctionne toujours avec 2 médecins : Claudine Andriaminhamina et Anny Vermersch. Des infirmières complètent l’offre de santé en la personne de Sylvie Cottreel.

Photo du cabinet médical en 2022 (Document Google Maps)

Plus de 50 ans après sa création le centre commercial Schweitzer, après plusieurs rénovations, est donc toujours en activité même si les cellules qui le composent se sont recentrés sur les besoins essentiels type alimentaire et santé. Il est essentiel en effet que les habitants du quartier conservent leurs commerces de proximité.

Photos générales du centre en 2008 et 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem