Les canards et cygnes du Parc Barbieux

Dès le début du vingtième siècle, l’étang des cygnes est conçu pour accueillir nombre de cygnes pour le plus grand plaisir des futurs promeneurs. Le plan d’eau situé à la limite des villes de Croix et Roubaix est pourvu notamment d’un îlot leur permettant de rester hors d’atteinte ainsi que d’un abri qui leur est tout spécialement destiné.

L’étang ou lac des cygnes, en carte postale ou photo, prévu dès la conception du parc (Documents collection privée)

Le Beau Jardin devient très vite un lieu de promenade fort apprécié des adultes mais c’est aussi l’endroit où parents et nourrices amènent les enfants, des nouveaux nés aux plus grands, à la rencontre des cygnes et des canards. Ces gracieux animaux s’approchent alors pour le plus grand bonheur des enfants afin de leur réclamer à manger, n’hésitant pas à se mêler aux pigeons et autres oiseaux sur les allées.

Cartes postales et photos du tout début du vingtième siècle (Documents collection privée)

Face à cet engouement une série de cartes postales est éditée qui met en scène la visite aux canards et le « déjeuner des canards », lequel se déroule soit au gré des allées du parc soit plus spécifiquement sur le pont qui permet aux promeneurs de traverser la « rivière » pour poursuivre la promenade de l’autre côté.

Cartes postales dédiées au rendez-vous avec les canards (Documents collection privée et Parc Barbieux blogspot)

Cette tradition perdure au fil des décennies et l’on retrouve plus tard dans les années 1950 à 1970 des cartes postales dédiées à ces animaux et aux enfants qui accourent au parc avec des restes de pain pour les distribuer à ces charmants volatiles, peu farouches et désireux de se mêler aux humains pour quémander quelque nourriture.

Cartes postales et photos dédiées aux cygnes et canards dans les années 1950 à 1970 (Documents BNR, collection privée et archives municipales)

 

Pendant que les décennies s’écoulent le Parc Barbieux devient le poumon vert d’une ville qui grandit de plus en plus. Les photos panoramiques parlent d’elles-mêmes entre 1932 et 1981. Les constructions se resserrent de plus en plus autour du jardin public au fil des 50 années qui s’écoulent.

Photos panoramiques de la partie du parc située entre le boulevard de Paris (actuel bd de Gaulle) et la rue qui le traverse et relie Roubaix à Croix (actuelle rue du Peuple Belge)

Au début des années 1990, Mr Delahotte, président du comité national pour la défense de la flore et de la faune et des Amis du Parc Barbieux décide une opération de « remplumage » du parc. Il y procéde, en 1994, à l’installation de 10 canards sur les plans d’eau avec l’espoir de les y voir vivre et prospérer durant de nombreuses années pour le plus grand plaisir des visiteurs.

On remplume le beau jardin (Document Nord-Eclair)

Instantané de mémoire « Dans les années1990, alors que nous habitions à Hem, la sortie dominicale consistait souvent à embarquer vélos et trottinettes, voire rollers, et à nous rendre en famille au Parc Barbieux. Les enfants pouvaient sans risque rouler dans les allées du parc, avec un arrêt à l’aire de jeux voire une séance de mini-golf et une promenade en petit train avant de terminer par un arrêt sur le petit pont pour y distribuer aux canards le pain gardé spécialement pour eux. »

Maman cygne et Maman canard et ses bébés dans les années 1990 (Documents archives municipales)

Mais, en août 1998, la presse locale fait ses gros titres sur l’hécatombe chez les canards et les cygnes. Après le Parc du Héron à Villeneuve d’Ascq c’est le parc Barbieux à Roubaix qui est touché par le botulisme. La chaleur alternant avec les orages, le manque d’oxygénation et la stagnation des eaux ont créé un milieu aquatique glauque, propice à la prolifération des algues.

Une bactérie s’est alors développée dans l’étang asphyxié, y générant une toxine mortelle, laquelle affecte le système nerveux des animaux qui barbotent dans l’étang et s’y nourrissent. Survient alors une apathie, suivie d’une paralysie des pattes puis des poumons des canards. 35 cadavres de canards sont ainsi ramassés en 2 jours.

Hécatombe chez les canards et les cygnes (Document Nord-Eclair)

Les promeneurs se lamentent ainsi que les jardiniers auxquels incombe la tâche fastidieuse de récupérer les petits cadavres. La polémique enfle car seul le plan d’eau côté Bol d’air est recouvert d’un magma vert pomme épais et visqueux. Est mise en cause la pompe côté cascade, hors service depuis plus de 15 ans et jamais réparée en raison du coût de l’intervention.

Il est donc préconisé de réparer la pompe, voire d’installer un jet d’eau au milieu de l’étang. En attendant, une vanne d’eau de ville est ouverte au niveau de la grotte pour tenter de renouveler un minimum les eaux hyper saturées ce qui devrait prendre au moins une semaine…

Même si les 150 à 200 canards et cygnes qui peuplent le parc n’appartiennent à personne, ils ont été adoptés par les nombreux visiteurs qui s’émeuvent grandement de la situation. L’association « les amis du parc Barbieux » tient alors une réunion de crise sur place pour enjoindre à la ville de mettre tout en œuvre pour faire cesser au plus vite la pollution biologique de l’étang.

Le directeur des espaces verts de la municipalité, Mr Pigache, donne l’information selon laquelle des prélèvements ont été effectués et envoyés à l’Institut Pasteur à Lille. Il indique avoir pris des mesures d’urgence en ouvrant en grand les vannes d’alimentation pour régénérer l’eau des étangs. Il précise également avoir demandé une étude à une société spécialisée dans le traitement des eaux pour établir un diagnostic et éventuellement proposer un remède biologique.

Réunion de crise de l’association les amis du parc Barbieux (Document Nord-Eclair)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix

Eglise Saint Paul (suite)

Lorsque l’abbé Callens fête ses 25 ans de prêtrise un an plus tard, en 1955, les paroissiens rendent hommage à celui qui est à l’origine de l’érection de l’église et de la création de leur nouvelle paroisse. A l’issue de la cérémonie, la foule se répand dans les stands aménagés autour de l’église à l’occasion de la fête champêtre organisée au profit des œuvres paroissiales.

Les 25 ans de prêtrise de l’abbé Callens en1955 (Documents Nord-Eclair)

C’est aussi dans la nouvelle paroisse que l’abbé Michel Couthiez, prêtre de la Mission de France, célèbre sa messe de prémices en 1957. Drapeaux et guirlandes décorent les environs de l’église, tandis que le cortège part de la rue Edouard Vaillant où réside la famille du nouveau prêtre. L’abbé Callens souligne avec fierté le fait que c’est déjà le 2ème enfant de la nouvelle paroisse qui devient prêtre.

L’abbé Couthiez célèbre sa messe de prémices en 1957 (Document Nord-Eclair)

Un généreux donateur, la famille Segard, propose de financer la décoration du choeur , vierge de toute décoration depuis son inauguration. Mme Marie-Anne Poniatowska est contactée. Elle propose un premier projet en couleur qui est refusé par la Commission Diocésaine d’Art Sacré. Un deuxième projet est accepté en différents tons de gris, susceptibles de mieux se conserver dans le temps. L’abbé Callens, peu attiré par cette peinture moderne y fait ajouter des extraits de textes sacrés.

Maquette de la future fresque murale réalisée en 1957 et l’artiste en 1960 devant l’un de ses oeuvres (Documents Historihem)

Les peintures murales sont dessinées en atelier sur des calques. Puis, ils sont appliqués sur le revêtement mural qui n’est pas de bonne qualité. Le chantier est long et difficile (1958-1959). Il faut dire que l’oeuvre est gigantesque car les peintures s’étalent sur les 150 m2 des murs du choeur de l’église.

L’abbé Callens tempête sur les échafaudages et les échelles qui encombrent son église. En outre, une fois le chantier terminé, l’artiste apprend que l’abbé Callens a fait « nettoyer les tâches » grâce à un détergent, don d’un droguiste qui venait de marier sa fille en l’église Saint Paul ! C’est la catastrophe, et elle doit recommencer ses peintures sur toute la longueur et une hauteur de 1 mètre 50 !

Les peintures murales en cours de réalisation (Documents Historihem)

C’est en janvier 1960 que son éminence le cardinal Liénart vient inaugurer cette œuvre. L’abbé Callens est forcé de constater que « tout le monde aime l’oeuvre réalisée malgré la rigueur du camaïeu gris et l’austérité de la conception ». Le cardinal remercie l’artiste d’avoir, par son talent, doté une modeste église d’une décoration qui achève de lui donner son caractère religieux.

La bénédiction des fresques par le cardinal Liénart (Documents Nord-Eclair)

En 1962, les dix ans de l’église sont célébrés en présence de Mgr Chavanat et en 1964, c’est Mgr Thoyer, évêque missionnaire, qui vient procéder à la confirmation de 120 enfants dans la paroisse hémoise. Enfin en 1970, ce sont les quarante ans de sacerdoce de l’abbé Callens que fête la paroisse en présence de Mgr Chavanat.

Les dix ans de l’église en 1962, les confirmations en 1964 et les 40 ans de sacerdoce de l’abbé Callens en 1970 (Documents Nord-Eclair et Historihem)
Photo aérienne en 1962 (Document IGN)

De l’abbé Callens on disait que « c’était un homme de caractère que l’on surnommait le « chef du village ». Malheur à qui touchait aux fleurs de l’église, il allait sonner à la porte du coupable ! Il avait 3 ou 4 moutons dans le jardin de son presbytère : il échangeait les dragées des baptêmes contre du pain sec pour les nourrir. Mais, c’est aussi dans son presbytère que l’association « les Amis de Beaumont » pouvait stocker le charbon qui servait au chauffage du chalet de Beaumont, local de l’association. »

Photo de l’abbé Callens (Document Historihem)

Les 25 ans de la paroisse sont une grande fête de famille dans ce quartier qui abrite à présent 5000 habitants. L’abbé Callens, décédé en 1976, manque à l’appel mais les paroissiens ont accueilli avec joie son successeur, l’abbé Gérard Bogaert, doyen de Roubaix Centre et son jeune assistant, l’abbé Hugues Derville. Ils célèbrent la messe avec Mgr Gand, évêque de Lille avant une réception dans la salle paroissiale.

Une grande fête de famille en 1977 (Document Nord-Eclair)

Les fresques peintes par Marie-Anne Poniatowska se dégradent avec le temps. Les couleurs se ternissent et se fondent progressivement dans une sorte de grisaille uniforme et monotone. Au début des années 1980,une restauration du choeur apparaît indispensable. Un nouveau tabernacle ainsi qu’un nouvel autel sont installés et Joël Belly, jeune céramiste de talent, se met au travail pour les habiller. Enfin une moquette verte est posée pour garnir le sol.

La restauration du choeur en 1981 et photo du choeur (Document Nord-Eclair et site internet)

Malheureusement, en août 1992 dans la soirée, le clocher de l’église est en feu et même si, fort heureusement, l’épais panache de fumée alerte les voisins rendant l’intervention des pompiers très rapide, les dégâts matériels sont importants. Le clocher n’a fait office que de cheminée et nécessite seulement le remplacement de quelques tuiles.

Le clocher en feu dans la soirée (Document Nord-Eclair)

En revanche, le court-circuit électrique, qui semble être à l’origine du sinistre, a occasionné des ravages dans la nef. Deux colonnes à la base du choeur doivent être remplacées, les plâtres refaits et la moquette changée. Plus grave, une partie de la fresque est touchée laquelle sera entièrement refaite avec l’autorisation de l’artiste, à présent installée en Californie.

Les dégâts dans la nef (Document Nord-Eclair)

En 2000, la paroisse nouvelle de la Trinité voit le jour, issue du rapprochement des trois paroisses : Saint Jean Baptiste et Saint Michel à Roubaix et Saint-Paul à Hem. De fait ces 3 paroisses ont déjà plusieurs années de vie commune derrière elles puisque l’abbé Pierre Baert, curé des deux premières depuis 4 ans, s’occupe déjà de la troisième depuis 2 ans et demi, avec l’aide de l’abbé François Jeunet, attaché à Saint Michel.

Trois clochers pour la nouvelle paroisse de la Trinité (Document Nord-Eclair)

Quand l’église est touchée par le mérule en 2007 d’importantes réparations permettent de la sauver et l’artiste, venue constater la rénovation de l’église s’engage à revenir. Deux ans plus tard l’événement consiste en la venue à Hem de Marie-Anne Poniatowska, cinquante ans après la création de sa fresque murale, pour fêter ce jubilé.

Le retour à Hem de Marie-Anne Poniatowska pour les 50 ans de son œuvre (Document Nord-Eclair)

A cette occasion elle confie que cette œuvre d’une vie est le fruit d’un travail fastidieux. Elle insiste tant sur le travail préparatoire nécessaire pour connaître la vie et l’oeuvre de Saint-Paul que sur les défis techniques rencontrés à l’époque tels que les murs « mal fichus » du choeur. Au final, cinquante ans plus tard, celle qui s’est ensuite consacrée au dessin, y voit plutôt la vie de Saint-Paul en bande dessinée.

La princesse couronne son œuvre (Document Nord-Eclair)

Depuis la création de la paroisse de la Trinité, le béguinage, qui abritait le presbytère, s’est retrouvé inoccupé pendant quelques années avant d’être mis à la disposition de l’association A.G.I.R en 2015. Initiée par la Paroisse de la Trinité à Roubaix/Hem, l’Association, d’inspiration chrétienne, se donne pour objet la lutte contre les discriminations et l’accompagnement vers l’insertion de familles en situation de très grande précarité principalement roms.

Le Béguinage et les chrétiens et les Roms (Documents site internet et Lille Actu 2014)

Née dans les années 1950, la première église « en pièces détachées », qui avait laissé sceptiques les observateurs de l’époque quant à sa pérennité a finalement bien traversé le temps et les épreuves. Ce lieu de culte demeure vivant contrairement à l’église Saint-André, bâtie à l’ancienne, mais désacralisée. Restent quelques décennies à patienter pour savoir si elle atteindra son centenaire.

L’église Saint-Paul extérieur et intérieur (Documents photos BT et K Neels)

Photo aérienne en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Pompes funèbres Top Béghin

C’est au n°6 de la rue du Docteur Coubronne, qui mène à la Grand-Place, que Raymond Beghin-Droulez ouvre son petit magasin de droguerie, peinture, décors, vitrerie et décors funèbres, dans les années 1930. Il y commercialise également les papiers peints Leroy (récompensés aux expositions universelles de 1855 et 1867), des toiles cirées, des linoleums, des chaises, des fauteuils et des berceaux…Dans l’annuaire de 1945, il est répertorié à la rubrique peinture.

Carte postale reprenant les n°2 à 8 de la rue Coubronne, photographie d’Isidore Leroy et publicités de Raymond Beghin-Droulez (Documents collection privée, Historihem et papiers peints Isidore Leroy)

Son commerce est si proche de la Place que l’adresse figurant sur les publicités est double : à la fois 6 rue du Docteur Coubronne et Place d’Hem. Par ailleurs, on retrouve une publicité de Léon Beghin-Gauquié, lequel a pour adresse Grand-Place à Hem, et qui commercialise : papiers peints, toiles cirées, linoleums, mais aussi chaises, fauteuils, berceaux, décors funèbres, plaques en marbre, ripolins, émail et couleurs.

Publicité de Léon Beghin Gauquié (Document Historihem)

Ce n’est qu’au milieu des années 1950 que la droguerie devient également une entreprise de pompes funèbres et apparaît dans les 2 rubriques de l’annuaire Ravet Anceau. Dix ans plus tard R.Beghin est toujours répertorié comme peintre tandis que Mme JP Top Beghin tient la droguerie.

En février 1968, la droguerie Top-Beghin inaugure un magasin agrandi et rénové. Le commerce reprend en effet les n° 4 et 6 de la rue du Docteur Coubronne. Le couple Top y a convié de nombreuses personnalités de la municipalité et de la chambre de commerce. Du champagne est offert et Jean-Pierre Top propose à ses invités de circuler dans les rayons pour y admirer l’immense choix de peintures et papiers peints mais aussi la gamme d’outils et produits d’entretien.

Inauguration du nouveau magasin en février 1968 (Document Nord-Eclair)

Malheureusement, 3 ans plus tard, l’immeuble abritant le magasin refait à neuf est la proie d’un incendie qui démarre à l’étage dans la cuisine tandis que Mr et Mme Top terminent leur journée de travail au magasin. Les époux parviennent à grand peine à sortir leurs enfants qui dormaient au second étage du n°6, tout juste restauré, avant l’arrivée des pompiers. L’habitation est inhabitable mais le magasin ne subit que peu de dégâts dus essentiellement aux fumées et à l’eau déversée par les soldats du feu pour venir à bout du sinistre.

Une maison ravagée par le feu à Hem (Document Nord-Eclair)

Le commerce peut donc continuer son activité et proposer en 1971 ses rayons spécialisés : papiers peints, peintures, revêtements de sol, mais aussi ses services : décolleuses, tables à repasser et livraisons à domicile. Mieux, un an plus tard c’est Service Top, supérette d’alimentation, qui est proposée à la clientèle avec son alimentation générale mais aussi ses rayons spéciaux : frais, surgelés, et cave aux vins.

Publicités de 1971, 1975 et 1976 (Documents Nord-Eclair)

Service Top obtient en 1974, après l’achèvement d’importants travaux d’agrandissement et de rénovation, un quart de page dans la presse locale pour vanter : « la solution idéale pour votre problème décoration ». 600 modèles de papiers peints se trouvent alors en exposition permanente dans le secteur du magasin qui leur est consacré, la partie réservée à la peinture et la droguerie fait également l’objet d’un soin extrême notamment pour la présentation de l’éventail des couleurs proposées, et les moquettes sont positionnées sur des présentoirs grande largeur…

Un quart de page pour Service Top en 1974 et publicité de 1975 (Documents Nord-Eclair)

C’est en 1978 que Top-Beghin met en service une chambre funéraire pourvue de salons et équipements annexes et conçue pour offrir aux familles des défunts un cadre propice au recueillement. C’est Jean-Claude Provo, maire de la ville, qui inaugure l’établissement en présence de nombreuses personnalités locales et des communes voisines. L’accès se fait par le n°6 rue du Docteur Coubronne mais l’établissement donne également sur la rue du Cimetière, juste après les salons de l’Auberge du Tilleul.

Ouverture de la chambre funéraire en 1978 et sa façade sur la rue du Cimetière en 2008 et rue du 06 juin 1944 en 2022 (Document Nord-Eclair et Google Maps)

L’année suivante une vente à prix cassés est organisée avant transformation et les années 1980 voient la disparition du rayon alimentation au seul profit de la droguerie ( la restauration de l’église Saint-Philippe à Lannoy est une des réalisations de l’entreprise) et des pompes funèbres avant l’apparition, au milieu de la décennie, d’un rayon cadeaux (lequel propose des listes de mariage).

Vente à prix cassés avant transformation en 1979 et recentrage sur la droguerie et les pompes funèbres dans les années 1980 (Documents Nord-Eclair et Ville de Hem)
Ouverture en 1985 de Top Cadeaux et publicités diverses (Documents Nord-Eclair)

Durant les années 1990-2000, l’activité cadeaux continue à se développer et à faire l’objet de nombreuses publicités dans la presse locale notamment à chaque occasion festive : fêtes des pères et des mères, fêtes de Noël… Le slogan est vite trouvé : « le cadeau qui sera sûr de lui faire plaisir ». A noter que ces publicités font état de la Place d’Hem en tant qu’adresse bien que le commerce se situe rue du Docteur Coubronne. En revanche les publicités de la droguerie mentionnent bien l’adresse véritable.

L’activité cadeaux dans les années 1990 et les publicités pour la droguerie en l’an 2000 (Documents Nord-Eclair)

En ce début de vingt et unième siècle, la façade du magasin est à nouveau refaite et elle continue à évoluer au fil des décennies de même que l’activité. Si en 2008, l’enseigne fait encore état de Top-Beghin et les étalages présentent encore des produits de droguerie, il n’en est plus de même en 2012. L’enseigne fait alors état des pompes funèbres Top-Beghin et l’activité droguerie disparaît.

La façade du commerce en 2008 et 2012 (Documents google Maps)

Ces dernières années la façade a été à nouveau rénovée et fait état des pompes funèbres et de la marbrerie Funéraire Top. Les pompes funèbres Top ont actuellement 3 agences à Hem, Lannoy et Villeneuve d’Ascq. Entre 2004 et 2022, l’entreprise a été dirigée par Olivier puis Sylvie Top. Elle est actuellement dirigée par le groupe Segard Buisine et ce depuis 2022.

La façade actuelle du magasin hémois puis vue sur l’entrée de la chambre funéraire et une photo aérienne de l’entreprise avec sa chambre funéraire donnant sur la rue perpendiculaire (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Eglise Saint Paul

Au début des années 1950, l’autorité diocésaine décide de créér une nouvelle paroisse sur la plaine de Beaumont, alors en pleine transformation, et plus exactement à cheval sur les trois villes de Roubaix, Hem et Croix. Elle sera placée sous la protection de l’apôtre Saint Paul, fondateur de l’église catholique, mais avant tout tisserand et même grand patron des « bourleux ».

C’est l’abbé Jules Callens qui en sera le pasteur et, en attendant la construction de l’église, il obtient, en 1952, la libre disposition d’une vaste salle au sein des Ets Jourquin, fabricant de tissus et draperies, 51 à 79, rue Pigouche, pour la convertir en chapelle provisoire au moyen de quelques travaux d’aménagement. Un autel aux lignes sobres, niché dans une alvéole lumineuse, est posé. Des peintures enjolivent les murs et un velours est tendu sous les nefs (la verrière de l’usine) pour donner au sanctuaire un aspect plus seyant.

L’usine ayant abrité la chapelle provisoire en 2023 (Document Google Maps)
Chapelle provisoire Saint-Paul en 1952 (Document Historihem)

La chapelle est inaugurée en septembre 1952 et bénite par son Excellence Mgr Dupont, en présence de nombreux fidèles. Accompagnés de la fanfare Saint Corneille et de la chorale paroissiale Notre Dame de Lourdes, la foule se dirige en cortège de l’avenue Gustave Delory, où Mgr Dupont a été accueilli par l’abbé Callens, jusqu’à la rue Pigouche où, devant la chapelle, stationne une foule nombreuse.

Le cortège et la foule nombreuse stationnant devant la chapelle (Document Historihem)

Devant la chapelle, dont la cloche sonne à toute volée, des prières et des chants sont interprétés par la chorale durant la bénédiction. Puis la foule s’engouffre dans la chapelle et prend place sur la centaine de chaises préalablement installées. Mgr Dupont poursuit alors les rites liturgiques. La cérémonie se termine par des vêpres solennelles au son de la chorale.

L’inauguration et les ecclésiastiques durant les prières précédant la bénédiction solennelle (Document Historihem)

Très vite, les habitants du quartier prennent l’habitude d’y suivre les exercices religieux, et on y célèbre mariages, baptêmes et enterrements. Mais l’abbé Jules Callens ne perd pas de vue l’édification de la future église et se rend en Autriche, avec son architecte, pour y découvrir des églises préfabriquées vastes et robustes, en bois, y ayant vu le jour récemment. Les plans sont livrés par un menuisier autrichien : « l’Osterreichischer Holzbauverband » avec les éléments préfabriqués et l’architecte de Mouvaux, Carlos Ducoulombier, dirige le montage sur place en 1953-1954.

Un croquis de l’église et du presbytère (Document Mérimée)

Les contrats sont passées dès 1953 et 20 wagons amènent bientôt à Roubaix les éléments du futur sanctuaire qu’il ne reste plus qu’à construire. L’église, longue de 37m20 et large de 19m60, comportera une nef unique large de 16m, un vaste porche comprenant les fonts baptismaux et une salle funéraire, deux chapelles et des salles latérales servant aux enfants de choeur et aux réunions, ainsi qu’un clocher haut de 20 m. Le bois sera renforcé à l’extérieur par un crépi, ce qui le mettra à l’abri des intempéries.

Facture de l’église préfabriquée en 1953 (Document Historihem)

La plaine de Beaumont étant alors un vase chantier l’église ne peut pas être assemblée dans l’immédiat et de longs mois vont passer avant sa construction. L’abbé Callens en profite pour peaufiner ses projets à savoir la création d’une cité paroissiale : des salles d’oeuvres et des groupes scolaires en rapport avec l’importance de la population enfantine de la paroisse. Il lui faut aussi prévoir l’ameublement de l’église, ses vitraux, son chauffage, etc

Projet élaboré par l’abbé Callens (Document Historihem)

Moins d’un an après l’inauguration de la chapelle provisoire, les paroissiens assistent à la bénédiction de la première pierre de leur église définitive, au bout de la rue Carpeaux prolongée, sur le territoire de Hem. La foule prend place sur le remblai de terre tandis que le clergé pénètre à l’intérieur du choeur à l’emplacement futur du maître autel. L’abbé félicite l’architecte Carlos Ducoulombier et les artisans du travail

déjà accompli mais aussi les paroissiens venus aider à remuer la terre pour creuser les fondations.

Bénédiction de la première pierre en 1953 (Document Historihem)

Les paroissiens veulent, en effet, participer activement à la construction de leur église et un groupe de terrassiers bénévoles se constitue. Tous les soirs ce groupe d’une vingtaine d’hommes, de toutes conditions, la bêche ou la pelle sur l’épaule, s’en vont ainsi travailler « à l’église ». Le vallonnement du terrain nécessite pas mal de remblais et l’architecte accueille volontiers ce renfort des « Castors de Beaumont ».

Intervention des Castors de Beaumont (Documents Historihem)

En décembre 1953, l’ossature de la nouvelle église apparaît et son clocher se dresse déjà vers le ciel. Quelques mois plus tard, en mars 1954, le bâtiment est presque achevé et les ouvriers travaillent sur le clocher. Les murs sont composés de panneaux de bois doubles avec matelas d’air, recouverts à l’extérieur de toile bitumée, de grillage céramique et de crépi de ciment et à l’intérieur de plaques d’héraclite et de plâtre. Le chauffage est assuré par rayonnement du sol.

Ossature de la nouvelle église en décembre 1953 et le bâtiment presque terminé en mars 1954 (Documents Historihem)

Pour l’inauguration de l’église, à la Pentecôte 1954, les rues nouvelles, toutes pavoisées, de la plaine de Beaumont sont parcourues par un cortège à la tête duquel se trouve la fanfare Saint Corneille et l’Harmonie Municipale de hem, suivies par les enfants des écoles, une foule nombreuse et les membres du clergé et enfin l’abbé Jules Callens, curé fondateur de Saint-Paul suivi de son éminence le cardinal Liénart.

Le cortège se rend à la nouvelle église par les rues pavoisées (Documents Historihem)

Celui-ci fait d’abord le tour de l’église qu’il bénit avant d’entrer dans l’édifice, suivi des personnalités ecclésiastiques et civiles, pour y réciter les prières rituelles. L’abbé Callens s’adresse ensuite à ses paroissiens pour remercier tous ceux qui l’ont aidé dans la réalisation de la paroisse et la construction de l’église. Puis des vêpres solennelles terminent la cérémonie religieuse à l’issue de laquelle l’abbé reçoit, en son presbytère, le chef du diocèse et les personnalités ecclésiastiques.

La bénédiction de l’église extérieur et intérieur (Documents Historihem)

A suivre…

Remerciements à l’Association Historihem

Rue Alexandre Ribot et rue de l’Abbé Lemire

La rue Alexandre Ribot, longue de 380 mètres, est située dans le quartier des Trois-Baudets et relie la rue de la Lionderie à la rue Louis Loucheur. Elle porte le nom d’un homme politique français du dix-neuvième siècle, ministre des affaires étrangères, Président du Conseil, promoteur des habitations à bon marché et membre de l’Académie des Sciences Morales et de l’Académie Française.

Photo aérienne de 1933 où l’on distingue le domaine du Château Olivier et la nouvelle rue Alexandre Ribot et sa perpendiculaire, la rue de l’Abbé Lemire (Document IGN)

La rue qui mène au Château Olivier, est apparue en 1931. Elle est bordée de maisons ouvrières pour répondre à l’augmentation rapide de la population en raison de l’industrialisation galopante de la ville à partir de la fin du 19ème siècle et du début du vingtième siècle. Elle est de celles qui change la physionomie de Hem, ancien village rural où les champs font place aux habitations.

Photos de la rue Ribot bordée de maisons ouvrières, sous 2 angles différents (Documents Hem Mémoire en Images)

Sa perpendiculaire, la rue de l’Abbé Lemire, longue de 184 mètres, relie quant à elle, dès la même époque, la Chapelle Saint-Joseph à la rue du Maréchal Foch. Elle porte le nom d’un prêtre du dix-neuvième siècle, élu député du Nord et qui sera Maire d’Hazebrouck. A l’origine de lois interdisant le travail des enfants dans les usines à feu continu, il est également promoteur des habitations à bon marché et président de l’Office International des Jardins Ouvriers.

La rue de l’Abbé Lemire vers Saint-Joseph (Document Hem Mémoire en Images)

Ces deux rues sont à priori destinées à loger des familles ouvrières lors de la construction des maisons les composant. Pourtant, dans les années 1950 à 1970, certaines sont investies par des artisans et commerçants dans des activités assez variées.

Juste après-guerre on retrouve un marchand de cycles, Fontaine, dans le Ravet-Anceau au n°81 de la rue Ribot. Puis dans la décennie suivante c’est Mme R. Fontaine qui tient un magasin de confection pour dames et enfants à la même adresse mais son commerce n’est ensuite plus repris et laisse place à une habitation.

Dans les années 1950, ce sont l’épicier Danel au n°2 et le cordonnier Pycke au n°8 qui s’installent dans la rue. L’épicerie est reprise, à la fin des années 1950, par J.Moutier jusqu’au début des années 1960 avant de devenir un 8 à 8, transféré ensuite rue des Ecoles.

Dans les années 1970, c’est Cnet Teinturerie ou Cnet Pressing qui s’y installe durant quelques années avant de céder la place à la boucherie charcuterie Debruyne-Van Meerhaege, laquelle y demeure jusqu’à la fin des années 1980 . Quant à Jean-Baptiste Pycke, c’est l’un des derniers cordonniers de « l’ancienne école », avec Alfred Willekens de l’impasse Belin, à avoir exercé dans la commune, et ce jusqu’à la fin des années 1960, avant que son adresse redevienne un simple domicile.

Publicités de l’épicerie Danel et de Cnet Pressing ainsi que de la boucherie Debruyne ( Documents Historihem)
Photo de JB Pycke dans son échope (Document Hem Images d’Hier)

Le n° 2 bis abrite ensuite des boulangeries : Rasson-Delcroix dans les années 1970 puis James dans les années 1980 avant d’être occupé dans les années 2000 par des snacks : Hem Sn:ck et Green Ice Burgers.

Publicités de Rasson-Delcroix et James (Documents Historihem)
Photos du n°2 bis en 2008 et 2016 (Documents Google Maps)

Au milieu des années 1950 et pendant une dizaine d’année, c’est au n°10 de la rue Lemire que s’installe un coiffeur pour hommes : P. Rousseau. Ce numéro redevient ensuite un simple domicile, le salon n’ayant pas de successeur. A la même époque les n° 82,83 et 84 de la rue Ribot accueillent de nouveaux commerces.

Au n° 82, c’est la bonneterie Delemmes qui reste ouverte jusqu’à la fin des années 1960 avant de fermer ses portes, sans repreneur. Au 83, la lingerie mercerie Deloge est reprise dans la décennie suivante par Mme Vve Mullier-Blanchatte jusqu’au début des années 1970 puis par Mme Leclercq-Vanmanssart, dont le conjoint fait radio-taxi à la même adresse, pendant la décennie suivante avant de laisser la place à un domicile. Enfin, au 84, c’est une épicerie des Docks du Nord qui fonctionne de la moitié des années 1950 à la moitié des années 1960.

Publicités de Mmes Mullier et Leclercq (Documents Historihem)

A la fin des années 1950 et jusqu’au milieu des années 1960, Mme Tribalat ouvre, au n° 76 de la rue Ribot, un dépôt de teinturerie dégraissage. Outre les publicités classiques elle distribue à sa clientèle des reproductions de peintures ou photographies encadrées avec la mention « offert par la maison Tribalat-Clément ».

Publicités de Mme Tribalat (Documents Historihem)

La décennie 1960 voit arriver dans la rue Ribot un fabricant de bonneterie : Facheaux qui y reste au n°1 jusqu’au début des années 1970. A la même époque Jean Janssens installe son atelier de tailleur pour homme au n°64 et sa fille y ouvre ensuite en parallèle un salon de coiffure pour dames avant de se marier et de déménager son salon au n°36 jusqu’au milieu des années 1970, sous le nom de Deschamps-Janssens, avant de partir s’installer rue Louis Loucheur.

Publicités du salon de coiffure de Mme Deschamps (Documents Historihem)

Au n ° 67, à la même époque et jusqu’à la fin des années 1970, Marcel Delbecq ouvre son entreprise de peinture et vitrerie. Par la suite, il tient également commerce de droguerie au 3 bis de la même rue. La fin de son entreprise voit le numéro 67 de la rue Ribot redevenir une simple maison d’habitation.

Publicités de Marcel Delbecq, artisan et de Hem Décor, sa droguerie (Documents Historihem et Mémento public CIT)

A la fin des années 1960, un  artisan : J. Selosse s’installe au n°16 de la rue Lemire et se spécialise en pose de revêtements de sols. Il n’a pas de successeur, commerçant ou artisan à cette adresse. Mais, à la fin des années 1970, un autre artisan : C. Deschoemaker s’installe temporairement comme plombier au n°1, également sans successeur.

Les derniers à ouvrir un nouvel établissement dans ces 2 petites rues sont la confection Scouflaire, au n° 18 de la rue Lemire, à la fin des années 1970 pour quelques années et les Ets Bergeman, dont le siège est situé au 85 de la rue de la Lionderie, au n° 3 bis de la rue Ribot dans les années 1980. Si le 18 de la rue Lemire est redevenu de suite un domicile, il semble que le 3 bis de la rue Ribot qui portait encore l’enseigne Hem Décor et le panneau des Ets Bergeman en 2008 soit à présent inoccupé.

Publicité des Ets Bergeman et photos du bâtiment en 2008 et de nos jours (Documents Historihem et Google Maps)

Hormis les numéros 2 bis et 3 bis de la rue Ribot, devenus des locaux professionnels et dont le premier abrite encore à l’heure actuelle une activité commerciale, les rues de l’Abbé Lemire et Alexandre Ribot ont donc, de nos jours, retrouvé leur vocation première et résidentielle et, vues du ciel, ces 2 voies présentent toujours la même apparence qu’à leur création au vingtième siècle même si leur environnement s’est considérablement densifié.

Vue aérienne de la rue en 2022 (Document Google Maps)

Remerciements à l’Association Historihem, à Jacquy Delaporte pour son ouvrage Hem Images d’Hier et à Bernard Thiébaut pour son livre Mémoire en Images de Hem.

La Police à Hem – 2

Le commissariat de Police de Hem, d’après l’annuaire de 1953, se situe ensuite rue Jules Guesde, au n°69, où le service n’est assuré que par 3 gardiens jusqu’en 1979. Pourtant la population hémoise fait face à une recrudescence des délits passés de 218 en 1967 à 855 en 1976. Le maire, Jean-Claude Provo, élu en 77, fait donc une demande au préfet pour obtenir un commissariat digne de ce nom. Le dossier est présenté au Ministère de l’Intérieur dès 1978. En 1979, la réponse tombe : le commissariat de police est officiellement transféré de Lannoy à Hem.

Photo du Commissariat de la rue Jules Guesde en 2016 et le bâtiment en 2020 (Document Google Maps)

Instantané de mémoire : « Lorsque je réussis mon concours me permettant d’intégrer la fonction publique en 1981, c’est dans ce commissariat que je suis convoquée pour une enquête de moralité. Je me souviens encore de mon entretien avec le représentant des forces de l’ordre qui me reçoit et vérifie mon casier judiciaire avant de me dire qu’un simple vol dans un magasin m’aurait empêchée d’intégrer la fonction publique… ».

C’est également à la révolution française que remonte la création de la police municipale dans les villes, chargée, sous l’autorité du maire, de « faire jouir les habitants des avantages d’une bonne police, notamment de la propreté, de la salubrité, de la sûreté dans les rues, lieux et édifices publics ».

Sous la cinquième république et dès 1965, une commune de plus de 2 000 habitants peut être dotée d’une police municipale, laquelle est étatisée au milieu des années 1970. Concrètement c’est donc à partir de 1980 que les polices municipales se développent. Le phénomène s’explique par le sentiment d’insécurité grandissant ; les élus de nombreuses villes répondent donc aux attentes des citoyens en créant leur propre police.

Photo des policiers municipaux des années 80 et dessin de bande dessinée (Documents Hem 1000 ans d’histoire et Au temps d’Hem)

En 1983, une police municipale est donc créée à Hem pour être opérationnelle l’année suivante et, au fil du temps, son effectif passe de 4 à 10 gardiens sous la direction d’un chef de police qui travaille en parfaite relation avec la police nationale. A l’époque c’est l’ancienne conciergerie de l’ex-château Catrice (devenu la mairie de Hem en 1949) qui abrite la force de police municipale.

Bâtiment accueillant la police municipale jusqu’en 2019 (Documents collection privée)

A la fin des années 80, un redéploiement des forces de police, au niveau national, entraîne la fermeture du commissariat de police hémois, malgré les interventions répétées du maire et des communes voisines au plus haut niveau. Revenue 10 ans en arrière, la ville de Hem se retrouve avec un simple poste de police (toujours situé 69 rue Jules Guesde) constitué d’un gradé et de 3 gardiens, le commissariat compétent étant celui de Roubaix.

A partir de 2019, la police municipale de Hem est mutualisée avec celle des communes voisines et ce sont 14 gardiens qui se relaient au fil de la semaine pour couvrir l’ensemble des territoires concernés et y assurer la police de proximité.

Police municipale et nationale sont abritées depuis septembre 2018 dans les mêmes locaux, construits par la ville à cet effet entre la rue Victor Hugo et la rue du Général Leclerc.

Le bâtiment commun aux 2 polices vu côté rue Leclerc (sur le parking de la Mairie) et côté rue Victor Hugo (Documents Google Maps)

Outre le gain de locaux le commissariat commun doit engendrer un gain d’efficacité. Les contacts entre les 2 polices sont, de fait, plus fréquents, les échanges d’informations sont facilités et la complémentarité des équipes est renforcée.

Vue aérienne du bâtiment et photo de son enseigne (Documents Google Maps et Tout’Hem)

Enfin, depuis le 1er juillet 2021, la police municipale de Hem travaille 7 jours sur 7sur sur un secteur qui s’étend sur 5 communes Hem, Leers, Toufflers, Forest-sur-Marque et Lannoy Il y a eu notamment un recrutement de 4 nouveaux agents et l’effectif se monte, à présent, à 18 personnes. On note une hausse de l’effectif au sein de la brigade canine également, laquelle existe depuis 2017, avec l’acquisition d’un deuxième chien

Remerciements à la ville de Hem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Rue Pasteur

Plan de situation (Document IGN)

La rue Pasteur, longue de moins de 250 mètres, située à la frontière des villes de Hem et Roubaix, relie, à partir de 1930, la rue Briet à Hem à la rue de la Justice à Roubaix. Elle est située non loin de la Briqueterie Briet, comme on le constate sur la vue aérienne de 1947 ci-dessous.

Vue aérienne de 1947 (Document IGN)

Dans les années 1950, seuls un comptable agréé au n°56, J. Debuy, et un artisan en ferronnerie au n°11, Mr Monger-Dubus, y sont répertoriés dans les activités professionnelles. Le reste de la rue ne compte que des maisons d’habitation. Il faut dire que, comme le montre la vue aérienne ci-dessus, la rue n’est pratiquement entourée que de champs.

Le n°11 de nos jours (Document Google Maps)

Mais durant la dizaine d’années qui suit, le panorama change avec la construction d’immeubles qui préfigurent le futur quartier des Hauts-Champs. On retrouve dans le Ravet-Anceau de 1965 au n°11 R. Monger dans la rubrique serrurerie mais 2 autres commerces l’ont rejoint entretemps à savoir un photographe et une librairie.

Vue aérienne du quartier dans les années 1960 (Document IGN)

Au n°5 de la rue on trouve en effet, dans les années 1960 et le début des années 1970, le photographe A. Dumont ou Studio Dumont qui va rester une bonne dizaine d’années en activité. La maison initiale d’habitation n’a pas été transformée et seule la fenêtre du rez-de-chaussée sert de vitrine tandis qu’une silhouette en carton installée devant la porte fait office de publicité.

Le studio Dumont au n°5 et la même maison en 2008 (Documents Historihem et Google Maps)

Les publicités publiées dans les journaux de l’époque font état de tous travaux photographiques : portrait, identité, agrandissement, et mettent l’accent sur la livraison rapide des travaux amateurs. Ensuite les reportages de mariage, la vente d’appareils photo et cinéma, ainsi que la location de films ciné et flashs sont mis en avant, sans compter les publicités plus ciblées au moment des communions.

Les différentes publicités du studio Dumont (Documents Historihem et Nord-Eclair)

La librairie est quant à elle tenue à l’époque par Mme Blumenthal au n°47. Ce commerce se tient en réalité dans un petit local tout en longueur attenant à la maison d’habitation. Il porte pourtant le nom pompeux de « maison de la presse » dans laquelle sont vendus librairie, papeterie et journaux si l’on se fie à une publicité parue dans la presse locale en 1963 et doit bénéficier des allées et venues des parents d’élèves de l’école des Hauts-Champs située juste en face dans la rue de la Justice à Roubaix.

Publicité Blumenthal en 1963 (Document Nord-Eclair)
Ecole des Hauts-Champs rue de la Justice en 2008 face au bout de la rue Pasteur (Document Google Maps)

A la fin des années 1960, un artisan carreleur G. Selosse, s’installe au n° 13. Dix ans plus tard c’est une entreprise générale de bâtiment qui lui succède, dont les bureaux se situent à Lys-lez-Lannoy, gérée par Robert Voisart. Celui-ci propose en effet les services suivants : peinture, vitrerie, tapisserie, décoration, revêtements de sol. Cette entreprise fait de nombreuses publicités dans la presse locale jusqu’au début de la décennie suivante.

Publicités de Robert Voisart dans les années 1970 et 1980 (Documents Historihem et Nord-Eclair)
Le 13 rue Pasteur de nos jours (Document Google Maps)

Puis au début des années 1970, c’est d’abord le petit commerce de librairie qui est repris par G. Duquennoy. A la fin des années 1970, les publicités dans la presse locale font état du commerce «  la Paprasserie » à l’angle de la rue de la Justice qui propose : papeterie et journaux régionaux, mais aussi parfumerie et confiserie, rayon mercerie et bonneterie et tricot sur mesure.

Publicité de 1979 Paprasserie (Document Nord-Eclair)

On ne retrouve plus trace de ce commerce ni dans le répertoire des commerçants, artisans et professions libérale édité par la ville d’Hem en 1984 ni dans le guide pratique de la ville édité en 2000. Pourtant sur la photo du commerce fermé prise en 2008 apparaissent des panneaux publicitaires Ubald et Butagaz laissant penser que le commerce a dû être occupé ensuite par une épicerie de quartier.

Photo du 47 et 47 bis rue Pasteur en juin 2008 et en novembre 2022 (Document Google Maps)

A l’heure actuelle et depuis la fin des années 2010, le local a été totalement refait à neuf, et abrite un cabinet de plusieurs infirmiers libéraux avec une adresse distincte de la maison située au 47 à savoir : le 47 bis rue Pasteur. Quant au n° 47 il abrite depuis 2020 une entreprise spécialisée dans le secteur des travaux d’isolation.

Quant à l’ancien studio Dumont, dans la 2ème partie des années 1970, il est repris par le studio Aropa puis l’enseigne devient studio Jeannine Aropa dans les années 1980. La publicité du commerce fait état de Labo Photo Couleur, reportages, portraits mais aussi d’un grand choix d’appareils photos, de cadres et albums.

Publicités des années 1976, 1980, 1982 et 1986 (Documents Nord-Eclair et Office Municipal de Hem)

Dans le répertoire des commerçants de 1984, le commerce apparaît dans quatre rubriques à savoir : clés, imprimeur, photographe d’art et photographie appareils, films, accessoires. Et en 1986, sa publicité met l’accent sur les photos d’identité. Enfin une publicité de la fin des années 1980 fait état d’une deuxième adresse au 362 rue Jules Guesde, soit dans les locaux de l’ancienne blanchisserie.

Les deux adresses du studio Jeanine dans la deuxième partie des années 1980 (Documents Nord-Eclair)

Aujourd’hui la rue n’abrite plus de magasins mais quelques entreprises individuelles au n°7 une fabrication de biscuits, biscottes et pâtisseries de conservation, au n°11 une entreprise de conseil en logiciels et systèmes informatiques, au n° 23 une entreprise de transports, qui s’ajoutent au cabinet d’infirmiers libéraux du 47 bis cité ci-dessus.

Vue aérienne des années 2000 (Document IGN)

Remerciements à l’association Historihem.

La Police à Hem – 1

Après la révolution française, la loi confie aux communes rurales la lourde charge de recruter des gardes-champêtres. Ceux-ci doivent avoir au moins 25 ans, savoir lire et écrire, avoir une bonne condition physique, faire partie des vétérans nationaux ou des anciens militaires pensionnés ou munis de congés pour blessures.

Ils prêtent serment devant le juge de paix du canton «de veiller à la conservation de toutes propriétés qui sont sous la loi publique et de celles dont la garde leur est confiée». Il deviennent des agents de la force publique par leur inscription au registre de la gendarmerie qui peut les requérir et avec qui ils partagent une mission de police commune: la surveillance des campagnes.

Une peinture de garde-champêtre (Document Wikipedia)

Au dix-neuvième siècle, le garde-champêtre abandonne le bicorne au profit du képi. En plus de la surveillance des propriétés rurales et forestières ainsi que de la chasse, le garde champêtre se voit attribuer un accroissement de compétences résultant de lois spéciales : pêche, plantation d’arbres, sel, tabac, voirie, etc. Il relève les contraventions et délits constatés par procès-verbal.

Au début du 20ème siècle entre également dans ses fonctions le rôle de crieur public qui proclame à la cantonade, sur un roulement de tambour ou à son de trompe, diverses décisions officielles (arrêtés municipaux, décrets préfectoraux, ordres de mobilisation générale). Le garde champêtre devient un personnage incontournable dans la vie du village. Il est reconnu par la population comme auxiliaire de la gendarmerie et du procureur. Les contrevenants le craignent.

Un garde-champêtre au 20 ème siècle (Document Wikipedia)
Le garde-champêtre, crieur public (Document Au temps d’Hem)

A Hem, à la fois agent communal, agent de la force publique et officier de police judiciaire, il porte une plaque avec le nom de la commune et le sien et il est armé d’un sabre ou d’un fusil. Au début du vingtième siècle, c’est l’un des rares fonctionnaires avec l’instituteur, le facteur et les douaniers.

Depuis 1907, devant l’église St Corneille, a été édifié un bâtiment communal comportant morgue, prison et pompe à incendie, salle pour les blessés et urinoir public…Le garde-champêtre y dispose d’une prison à deux lits, dans laquelle il fait séjourner les délinquants, sous sa surveillance, avant qu’ils ne soient écroués.

Le bâtiment abritant la prison avant sa destruction en 1962 (Document Nord-Eclair)

Le 04 décembre 1920, le conseil municipal se prononce favorable au principe de l’institution de la Police d’ Etat mais proteste énergiquement contre la suppression des gardes-champêtres, agents absolument indispensables dans les communes rurales pour le maintien de l’ordre et pour veiller à la conservation des récoltes.

Le comité des fêtes existant dans chaque quartier procède, chaque année, à l’élection de son maire (président du comité) et cette élection donne lieu à des festivités avec cortège, concert, course cycliste, jeux divers, bals publics… A cette occasion le rôle incontournable du garde-champêtre est tenu par un habitant.

Mr Lesafre dans le rôle du garde-champêtre en 1926 à Hem 3 Baudets (Document Hem Images d’Hier)

A l’époque, le véritable garde-champêtre se nomme Henri Lescouffe. Nommé à cette fonction en mai 1899, en remplacement d’Oscar Gosmans, titulaire de la médaille de la police depuis 1920, il prend sa retraite en mars 1930, et devient administrateur du Bureau de Bienfaisance, restant ainsi au service des Hémois.

Pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, un comité de guerre est constitué pour assurer tous les services de la mairie et le ravitaillement de la commune. Arthur Duprez, garde-champêtre, en fait partie en tant que chef de police.

Par ailleurs, pour assurer l’ordre public et la sécurité des habitants, 30 hommes de police auxiliaire sont choisis parmi la population pour leur valeur morale et physique qui se voient allouer une somme modique pour chaque nuit passée en service.

Enfin, la ville, qui compte plus de 5000 habitants a le droit d’avoir un commissariat de police. Le comité de guerre demande donc l’affectation d’un commissaire de police à Hem et prend l’engagement d’assurer toutes les dépenses afférentes au service.

Dès 1942, un commissariat est implanté à Lannoy, chef-lieu du canton, et l’annuaire de 1945 nous apprend que le 1er commissariat de Hem se situe au n°5 de la rue du Docteur Coubronne, non loin de la prison.

Photo de rue et aérienne de l’immeuble situé n°5 rue du Docteur Coubronne en 2020 (Document Google Maps)

Après la Libération, à l’occasion de la Ducasse, Charles LESIRE, membre du Comité des Anciens du quartier du Centre, assure les fonctions fictives de garde champêtre et dresse des procès verbaux, fictifs eux aussi, aux automobilistes et aux cyclistes, afin d’alimenter la caisse du Comité.

Photo de Charles Lesire dans le rôle du garde-champêtre (Document Hem d’Hier et d’Aujourd’hui)

Remerciements à la ville de Hem et à Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

A suivre…

La Piscine des Trois Villes à Hem (Suite)

Organisation d’un stage de plongée en 2001 (Document Nord-Eclair)

En 2001, dans le cadre du « Contrat Temps Libre » financé par la ville et la CAF (Caisse d’allocations familiales) Mr Meyer, moniteur de la section plongée de la Fraternelle Laïque, encadre un stage d’initiation à la plongée pour les 10-12 ans, en 12 séances pendant lesquelles les élèves apprennent les rudiments de l’activité : préparation et vérification du matériel, signes élémentaires de communication en plongée, retrait et réajustement des masques sous l’eau, respect des règles de sécurité…

Cérémonie des vœux en 2002 (Document Nord-Eclair)

Après l’an 2000, année de transition difficile, la cérémonie des vœux de 2002 est l’occasion de faire un bilan positif d’une année 2001 riche en visites : plus de 30 000 enfants, scolarisés dans les 3 villes ont en effet fréquenté le bassin. La piscine, accessible depuis toujours aux personnes à mobilité réduite, décide la création en 2002 d’une section handisport au club de plongée où 3 encadrants ont suivi une formation à cet effet.

Par ailleurs, le stage de plongée organisé en 2001 ayant remporté un vif succès auprès des ados, deux initiations à la plongée subaquatique sont à nouveau inscrites au planning de 2002, cette fois pour la tranche d’âge de 10 à 14 ans. C’est le club de plongée des 3 villes qui met le matériel et l’encadrement à disposition. L’opération est renouvelée à plusieurs reprises dans les années 2000.

Initiation à la pongée pour les ados en 2002 (Document Nord-Eclair)

Très motivés les jeunes s’inscrivent au brevet et la liste d’attente est longue, 60 candidats sur Hem comme sur Lys-lez-Lannoy. Les 25 postulants de 2002 ont tous réussi leur examen de passage et ont reçu leur diplôme, bronze ou argent en fonction de la distance parcourue en apnée. Le club des 3 villes, section de la Fraternelle Laïque, compte à présent 160 licenciés.

Le succès des candidats au brevet (Document Nord-Eclair)
Piscine des 3 villes en 2008 (Document Google Maps)

Au début des années 2010, le succès de cette discipline ne se dément pas d’autant qu’en 2011, le vice-champion de France de plongée en apnée est un Hémois : Alexis Duvivier. Calme et maître de lui il a parcouru 200,5 mètres sous l’eau, ce qui fait de lui le champion de France de la catégorie apnée dynamique. Pour lui l’apnée est un plaisir et la compétition un jeu.

Alexis Duvivier vice champion de France (Document Nord-Eclair)

Puis la piscine ferme pour un an pour une importante rénovation, impliquant nouvelle façade et nouvelle toiture, et une nouvelle remise aux normes, avec travaux additionnels destinés à faire baisser le coût de fonctionnement. Sont ainsi effectués, pour un coût de 2,5 millions d’euros : remodelage et déménagement de l’entrée, réfection des vestiaires et de l’infirmerie, réfection des réseaux électriques et de l’étanchéité du bassin ainsi que des équipements de traitement des eaux, remplacement des carrelages des couloirs et du fond du bassin, installation de capteurs solaires sur la toiture, meilleure isolation permettant une baisse de 35% de la consommation d’énergie…

La nouvelle piscine extérieure et intérieure (Documents La Voix du Nord)

A l’occasion de la réouverture de la piscine en avril 2012, le magazine Tout’ Hem se fait l’écho des multiples activités proposées à savoir : plongée, leçons de natation pour enfants et adultes, aquagym et des nouveautés : jardin aquatique dans une eau à 32 degrés pour les 2 à 5 ans, séance senior le samedi matin dans une eau à 32 degrés et vélo aquatique.

Réouverture de la piscine (Document Voix du Nord)
Les vélos aquatiques et les médaillés de l’école de natation (Document La Voix du Nord)

En 2015, des cours sont proposés aux enfants le samedi après-midi par l’association Osez l’Eau, alors que la piscine est fermée au public. En outre, la même année un des rares clubs d’apnée est créé: Apnée Plongée Hem. Les adhérents ont la joie d’être rejoints par le désormais champion et recordman du monde d’apnée dynamique avec palmes : Alexis Duvivier.

Apnée Plongée Hem et Alexis Duvivier (Documents La Voix du Nord)

En 2018, un maître-nageur, titulaire d’une licence et d’un master en activités physiques adaptées ainsi que d’un doctorat en sciences du sport est embauché pour proposer des activités aquatiques pour personnes atteintes d’obésité ou du cancer du sein un jour où la piscine est fermée au public.

Enfin en 2019, la ville lance un plan natation anti-noyades dans les écoles en collaboration avec l’ Education Nationale et avec le soutien du Ministère des Sports et de la Jeunesse : à la clef des leçons, un brevet de natation pour les élèves de CE2 et des cours de renfort en CM1 en cas d’échec à l’examen ou de grosses difficultés.

En près de 50 ans la piscine des 3 villes est donc passée d’un simple rôle d’équipement de loisirs et d’animation de quartier à un véritable rôle essentiel dans le bien-être et la sécurité de l’ensemble des usagers des communes concernées.

Remerciements à la ville de Hem et à l’Association Historihem

La Marque : Nature et Ruralité (suite)

La Marque et la Petite Marque subissent au vingtième siècle le contrecoup de la pollution industrielle (Voir sur ce sujet un précédent article édité sur notre site et intitulé : « l’industrialisation de la Marque »). Un engorgement dans le lit même des rivières est constaté, créé par la rencontre de matières en suspension et d’hydrocarbures suivi de déserts craquelants et blanchâtres quand l’eau se retire ou au contraire un sol poisseux d’huile…

Ainsi en 1974, la presse locale se fait l’écho des problèmes rencontrés sur Willems, du fait de la pollution de la Petite Marque et du Riez Simon, son affluent, presque totalement obstrué, au grand dam des agriculteurs. A l’époque la communauté urbaine a posé un diagnostic mais n’a pas encore oeuvré à la solution. Curer le cours d’eau équivaudrait à poser un emplâtre sur une jambe de bois et il faut donc réfléchir à une solution d’ampleur.

L ‘opération anti pollution de 1974 (Documents Nord-Eclair)

Par ailleurs des irresponsables considèrent le lit de la rivière comme un déversoir de détritus et n’hésitent pas à s’y débarrasser de leurs déchets encombrants. Ainsi en 1976, des tonnes de mazout sont déversées dans la rivière avant d’y brûler et l’on y retrouve souvent des cadavres d’animaux victimes de la pollution, notamment un héron de passage englué dans le mazout.

Un héron englué dans le mazout ensuite incendié à Forest (Documents Nord-Eclair)

Un plan est alors élaboré, en 1976, pour « dépolluer la rivière qui brûle » : la petite Marque. L’agence de bassin Artois-Picardie attribue le problème à 2 sources principales : les pollutions urbaines (environ 20.000 équivalents habitants) et industrielles (environ le double). Il en existe de 3 types : la pollution organique, les matières en suspension émises principalement par l’entreprise Balamundi de Baisieux et les hydrocarbures issus essentiellement de l’entreprise Imperator de Baisieux et Willems.

Les pollutions urbaines et industrielles organiques devront donc être acheminées jusqu’à la station d’épuration de la ville nouvelle implantée sur Forest-sur-Marque. L’usine Imperator devra traiter elle-même sa pollution et procéder à une épuration classique et Balamundi devra faire de même au moins en partie le reste étant acheminé à la station d’épuration de Villeneuve d’Ascq.

Quant à toutes les teintureries de Hem et Forest elles devront installer un appareillage de pré-traitement des eaux qui seront ensuite acheminées vers cette même station. Resterait le problème de l’entreprise Brabant, régénératrice de solvants à Tressin, qui pollue en discontinu.

Dépolluer la rivière qui brûle (Document Nord-Eclair)

Sur Hem, une association dynamique, l’association de promotion des activités nautiques de Hem pratique le canoë-kayak et œuvre pour le nettoyage de la rivière dans les années 1980. A cette époque la balade sur la rivière est plutôt agréable au moins jusqu’à l’arrivée de la Petite Marque venue de Willems, noire et charriant des matières en suspension, et dont les rives paraissent mazoutées et huileuses. Ce n’est que passé le pont d’Hempempont que la rivière redevient agréable.

Retour à la vie et à la lumière après Hempempont en 1984 (Document Nord-Eclair)

Au niveau de la ville de Hem, c’est en 1989 qu’ une nouvelle canalisation est installée derrière la Résidence de la Marque, laquelle passe par l’avenue Delecroix et se branche sur la station d’épuration de Forest-sur-Marque afin de collecter les eaux usées des habitations et des entreprises riveraines : Lenfant et SIH. Ces travaux sont financés par la Communauté Urbaine.

Le nouveau collecteur de la ville de Hem (Document Nord-Eclair)

En 1990, la ville s’attaque au problème des dégâts causés par les rejets industriels dans la rivière. La presse locale annonce qu’un tout nouveau réseau sous forme d’un gros collecteur de 80 cm de diamètre va être installé entre l’ancien site Gabert, drainé dans le cadre de l’aménagement de la zone d’activité Le Rivage, et la rue Jules Ferry. Son rôle consistera à recueillir les eaux de ruissellement ainsi que les eaux usées et il sera ensuite prolongé jusqu’à Hempempont.

Une station de refoulement sera créée au niveau de l’ancien site Gabert, un dispositif qui permet d’envoyer sous pression et dans la bonne direction les eaux collectées. Enfin un séparateur de flots effectuera un tri entre les eaux usées des riverains qui doivent être traitées et les eaux de pluie qui peuvent être rejetées directement dans la Marque.

La Marque va mieux respirer 1990 (Document Nord-Eclair)

Mais la pollution n’est pas le seul problème rencontré. Réduite à un modeste filet d’eau en été, la rivière peut au contraire se répandre sur des centaines de mètres de large en hiver au grand dam des chemins, cultures, caves, voire même des maisons, surtout dans les plaines humides. Les villes de Hem et de Forest mais aussi celle de Willems notamment sont souvent confrontées au problème.

Zones inondables (Document Historihem)

La situation s’aggrave dans les années 1970, avec l’urbanisation galopante. En effet jusqu’alors la surface cultivée était suffisante pour absorber les eaux de pluie, mais l’extension des surfaces couvertes par des bâtiments ou des routes a entrainé l’imperméabilisation du sol qui, couvert de béton, n’absorbe plus les eaux de pluie et les entraine dans la Marque. En parallèle l’urbanisation croissante augmente le débit de celle-ci qui reçoit donc à la fois les eaux d’écoulement et les eaux usées.

Par ailleurs la rivière n’est plus curée depuis que la Communauté Urbaine a repris les compétences de l’ancien syndicat de la vallée de la Marque. Or la pollution et l’écoulement des boues rendent plus nécessaire que jamais le curage de la rivière.

En période de fortes pluies les champs se couvrent presque entièrement d’une eau qui les fait ressembler à des étangs. Parfois le phénomène commence dès le mois d’octobre et peu durer jusqu’à la fin du printemps. Il a alors des conséquences importantes pour les agriculteurs dont le rendement des fourrages et des cultures peut diminuer de moitié sur certaines terres.

Les inondations s’aggravent dans la vallée de la Marque (Document Nord-Eclair)

L’aggravation des crues au fil des décennies est en partie due au fait que le bassin de la Marque dépend de plusieurs organismes lesquels manquent de coordination. Le constat s’impose : il faut un aménagement global et, en 1985, est créé le syndicat intercommunal de la Marque, présidé par le maire de Willems.

Après une étude demandée à la direction départementale de la navigation, la solution adoptée consiste en l’aménagement de bassins inondables en périodes de crues, capables d’éponger les hautes eaux et de restituer de l’eau ensuite pour soutenir le débit. Il faut aussi préserver les haies et les arbres et contrôler les constructions.

En 1985, on estime à 40 le nombre de barrages importants constitués essentiellement par la chute d’arbres. Ils empêchent l’eau de s’écouler normalement, ce qui a pour effet d’amplifier les inondations. Un nettoyage léger s’impose : les arbres concernés sont coupés et redéposés sur les rives.

Un nettoyage léger de la rivière en 1985 (Document Nord-Eclair)

Il faut également faire le nécessaire pour que les eaux usées soient traitées et un gros travail reste à faire sur ce point. Sur 3 ans d’énormes progrès ont lieu avec le rattachement des secteurs de Croix Barbieux et Roubaix à la station d’épuration de Marquette et celui de Forest-sur-Marque à la station de Villeneuve d’Ascq. Restent à y rattacher Hem, Willens, Tressin et Baisieux.

Par ailleurs un plan de curage de la rivière en 4 tranches à partir de Wasquehal est monté par le syndicat en accord avec les services du département, de la région et de l’Etat. Les subsides de ces 2 partenaires doivent être versés dans le cadre d’un contrat de plan de rivière d’une part et d’un autre d’hydraulique agricole (chaque année des centaines d’hectares de terres agricoles étant noyés par les débordements de la rivière). Malheureusement un blocage dans le versement entraîne le report des travaux.

Et en 1988, sur les communes d’Hem et Forest-sur-Marque, les débordements sont particulièrement spectaculaires. Les raisons sont multiples : de fortes précipitations alliées à une absence de gel, l’absence de curage de la rivière depuis longtemps, et l’imperméabilisation des terres due à la construction en nombre de routes et de maisons.

Les inondations de Hem et Forest-sur-Marque en 1988 (Document Nord-Eclair)

L’année suivante l’opération de curage de la rivière, commencée entre la Planche Epinoy et Wasquehal, se poursuit entre Hempempont et la Planche Epinoy. Le chantier commence par l’aménagement de 2 sites de dépôt pour recevoir la vase, laquelle contient notamment des produits chimiques qui ne doivent pas atteindre la nappe phréatique.

A l’Hempempont un accord est trouvé avec les propriétaires des terrains traversés et des pelles hydrauliques peuvent donc entrer en action depuis les rives. Par ailleurs des techniques spéciales sont utilisées comme le fraisage et le pompage à partir d’une barge, avec rejet dans un bassin de décantation installé sur l’ancien site de la teinturerie Gabert.

Curage de 1989 et techniques spéciales de curage (Document Historihem)

La troisième section de curage programmée concernera la partie de la rivière entre Hempempont et les lacs villeneuvois. Le plus gros du curage sera alors achevé, la hauteur de la vase au delà des lacs villeneuvois étant nettement moindre. Mais, une fois le curage réalisé jusqu’aux lacs les inondations des secteurs d’Hem et Forest-sur-marque sont considérablement réduites mais non totalement supprimées car il faudrait pour cela doubler le gabarit de la rivière ce qui s’avère impossible en milieu urbain. La durée des inondations est également moindre puisque les eaux s’éliminent plus vite grâce à un écoulement plus facile dans la Marque.

Le Conseil Général au fil de la Marque (Document Historihem)

Mme Massart, maire de la ville, et Mr Deffontaine, président du syndicat intercommunal du bassin de la Marque et vice-président de la CUDL peuvent descendre la Marque, en 1991, en compagnie de Bernard Derosier, président du Conseil Général et constater, au cours de cette promenade bucolique au fil de l’eau, les énormes progrès alors réalisés en matière d’environnement et d’assainissement. Pourtant il reste beaucoup à faire et le Conseil Général s’engage alors dans un programme d’aide à l’assainissement des communes d’une durée de 10 ans.

La crue de janvier 2003 et les inondations importantes survenues sur Hem démontrent en effet que 2 zones sises le long de la Marque Nord restent principalement exposées aux aléas inondation et principalement Hem et Forest-sur-Marque ainsi que Villeneuve d’Asq, Anstaing, Tressin et Chereng. Un plan de prévention des risques d’inondations (PPRI) de la Marque a été approuvé en 2015 visant les phénomènes de débordement de cette rivière et de ses affluents.

La crue de janvier 2003 à Hem (Document nord.gouv)

Par ailleurs la Métropole Européenne de Lille s’engage en 2022 dans un programme de reconquête écologique des cours d’eau métropolitains dont la Marque et décide de lancer différents projets visant à améliorer leurs conditions écologiques au bénéfice de la biodiversité locale, la maîtrise des inondations et l’atténuation des effets des changements climatiques.

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Tell et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem et enfin à Paul Delsalle pour son ouvrage sur l’ Histoire de la Vallée de la Marque.