L’incendie de « La Lainière » en 1960

Samedi 16 Janvier 1960 à 13h40, un incendie se déclenche dans un vaste bâtiment de 3 étages ( appelé La Cave Lepoutre ) de 8000 m2 à La Lainière de Roubaix. Dans ce vaste local sont stockés 400 tonnes de fils de laine avant pelotonnage.

Alertés par les systèmes performants de sécurité de l’usine, les ouvriers sur place préviennent les pompiers de Roubaix et de Tourcoing qui arrivent sur place rapidement et découvrent des flammes, certes, mais surtout une épaisse fumée qui se dégage des matières entreposées et qui gênent l’approche du foyer.

document Nord Eclair sur 8 colonnes, dimanche 17 Janvier 1960

Pour essayer de dissiper cette épaisse fumée, les pompiers brisent les vitres de l’immeuble et déversent des tonnes d’eau, mais, cette eau, au contact du feu et du sol brûlant, forme à son tour une vapeur, ce qui rend impossible toute visibilité ainsi que de pénétrer à l’intérieur de l’entrepôt.

document archives municipales

Vers 19h les pompiers appellent leurs collègues de Lille en renfort. Le feu est toujours intense et les bandes de béton qui soutiennent les fenêtres des étages commencent à fondre. Les sauveteurs commencent à être inquiets. A 20h15, la nef centrale s’écroule et trois explosions retentissent, provoquées certainement par des bonbonnes de produits chimiques utilisés en teinturerie. Un pan de mur s’écroule à son tour dans un fracas épouvantable.

document archives municipales

Les personnalités arrivent dont le préfet Mr Hirsch, et Mr Midol, l’un des directeurs de La Lainière, qui précise : la « Cave Lepoutre » n’est pas une cave mais un entrepôt de stockage de 100m de long sur 80m de large sur 3 niveaux, et qui comprend un atelier de pelotonnage, une teinturerie sur écheveaux mais également une imprimerie et un laboratoire photo.

document archives municipales

Vers 20h30 la cave Lepoutre s’embrase complètement. Il s’agit alors pour les pompiers d’épargner impérativement le reste des bâtiments de l’usine pour éviter un désastre complet.

Jean Prouvost et l’un de ses directeurs sur les lieux du sinistre ( document Nord Eclair )

Jean Prouvost en déplacement à Paris arrive dans la nuit de samedi à Dimanche. Les pompiers luttent toute la nuit à la lueur des projecteurs, et au petit matin, arrivent enfin à maîtriser le sinistre. Il va falloir plusieurs jours avant de pouvoir pénétrer dans le bâtiment.

300 personnes travaillent dans la cave Lepoutre, mais compte tenu du « roulement des équipes » ce sont 700 personnes qui sont touchées par cette tragédie. Mr Nicod, directeur du personnel, s’engage à recaser provisoirement l’ensemble des salariés concernés dans d’autres ateliers et services de l’usine.

Le lendemain, dans la presse locale, la direction demande expressément au personnel concerné de ne pas venir au travail, et déclare que les dispositions sont prises pour que toutes les personnes soient reclassées dans d’autres services de l’entreprise. Il n’y aura donc pas de chômage technique.

document Nord Eclair

Le lundi matin, le bilan est lourd : une dizaine de pompiers intoxiqués sont hospitalisés, l’entrepôt est détruit, 400 tonnes de laine sont parties en fumée, 150 machines sont détruites, et 700 personnes travaillant sur cette partie de l’usine sont concernées.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Le feu est enfin complètement maîtrisé le lundi en début d’après midi. Les dégâts sont colossaux ; il ne reste plus de la cave Lepoutre que des décombres.

document collection privée

Certes, ce bâtiment ne représente qu’une partie modeste de l’ensemble de la Lainière ( le rectangle rouge sur la photo ci-dessus ), mais la totalité de l’activité de l’usine sera forcement perturbée par la disparition de certains rouages importants, tel le pelotonnage, par exemple.

document Nord Eclair
document Nord Eclair

Il est donc essentiel de reconstruire rapidement cette partie de l’entreprise. Le mercredi matin, on commence déjà à déblayer les tonnes de gravats, les architectes sont déjà à pied d’oeuvre pour commencer à établir leurs plans de reconstruction.

document Nord Eclair

En 1961, un an après, une ossature se dresse sur le terrain où la cave Lepoutre a brûlé. En attendant la reconstruction complète, et grâce à la solidarité patronale, la Lainière assure son rythme de production. Les 5.000 ouvriers et employés de l’entreprise peuvent désormais assurer leurs fonctions à la Lainière.

Remerciements aux archives municipales.

Du roller-skate chez Cabour

En 1981, la municipalité décide qu’une partie de la Grand rue ( entre la Grand Place et la place de la Liberté ) va devenir piétonnier.

document Nord Eclair

Ce grand changement satisfait bon nombre de commerçants. Par contre, supprimer la circulation des voitures peut entraîner des conséquences inévitables et graves pour le garage Citroën situé au 29 Grand rue. Ce concessionnaire exclusif, la SA Cabour et J. Vancauwenberghe, doit alors transférer son atelier et son service commercial, dans son deuxième garage rue Racine.

le garage Citroën fermé en 1984 ( document archives municipales )

Après travaux, la Grand rue devient piétonnière en Août 1982 et le garage Citroën reste toujours fermé. En Janvier 1985, un projet d’ouverture d’une piste de roller-skate voit le jour, dans cet ancien garage. Quatre associés : Alain Carré, Jean-Pierre Seri Gnabbe, Robert Delgado et Dominique Bord louent le garage à la société Cabour, et dans un premier temps l’ensemble du rez de chaussée de 2400 m2.

Les quatre associés ( document Nord Eclair )

Un centre de roller-skate consiste à offrir à une clientèle très jeune, un total de 500 m de pistes de patins à roulettes. On peut y trouver 4 pistes différentes : un circuit d’initiation pour les plus petits, un autre pour les 7 à 12 ans, un troisième pour les grands de 12 à 77 ans et enfin un dernier pour les sportifs.

La réalisation d’une piste de roller à l’américaine, est unique dans la région. Il faut aller à Paris ou à Ostende pour trouver presque aussi bien. L’arrivée de ce centre, destiné à attirer beaucoup de monde dans le centre ville, est alors une très bonne chose !

l’ouverture ( document Nord Eclair )

Le centre de roller-skate ouvre le 6 Février 1985. Le matin, le centre accueille les écoles, et les professeurs de sport sont très favorables à cette activité qui apporte un complément pour l’éducation sportive. L ‘après midi, le centre est ouvert au grand public qui est accueilli par un animateur et un disc-jockey : l’ambiance est chaude, musicale et fondée sur des spots lumineux et colorés. Ceux qui ne font pas de patin, peuvent y trouver 15 jeux vidéo, un bar sans alcool et une piste de danse.

Les 4 responsables de ce centre de roller-skate sont ambitieux et envisagent déjà d’agrandir avec la création d’une salle de hockey sur patin, à l’étage, d’un café de jeunes côté Grand rue, et pourquoi pas des boutiques si l’ouverture sur l’avenue des Nations Unies est possible, par la suite. L’entrée est fixée à 15 Frs plus 10 Frs pour la location des patins, si l’on n’en possède pas soi-même.

Cachet.   Le N° de téléphone est en attente ( document collection privée )
document Nord Eclair

Après un démarrage encourageant l’affaire stagne dès le mois d’Août 1985. Les deux associés restants, Jean-PierreSeri Gnabbe et Alain Carré sont fortement désabusés, car, si au départ 90 à 95 % des clients louaient des patins, ils ne sont plus que 50 % aujourd’hui : les jeunes arrivent avec leurs propres patins sous le bras.

Jean-Pierre et Alain incriminent tour à tour, la presse et la municipalité. La présence de la police municipale devrait rassurer la clientèle mais sa présence constante en arrive à faire craindre une certaine insécurité. La SARL paraît bien mal en point. Les deux patrons estiment qu’on leur met des bâtons dans les roues et qu’on les empêche de travailler. Ils menacent de quitter Roubaix si l’on ne porte pas plus d’intérêt à leur maintien dans la ville.

document Nord Eclair

Au mois de Novembre 1986, un arrêté municipal annonce la fermeture prochaine du roller-skate de la Grande rue. En effet, une décision de la commission de sécurité de la ville constate qu’il n’y a pas d’issue de secours ! La situation financière de la petite entreprise reste très précaire. Le billet d’entrée est d’un prix modeste et un restaurant est en cours d’installation. Il leur est dès lors difficile de trouver des financements car les banques restent frileuses et souhaitent des premiers résultats positifs.

document Nord Eclair

La municipalité reste ferme et intransigeante sur la sécurité. Nous ne faisons qu’appliquer la loi, affirment Mrs Lamaire et Vandierendonck. Certes, cette fermeture tombe au plus mauvais moment, car les jeunes arrivent à Roubaix, et on tente par tous les moyens de structurer et d’animer le centre ville. Le jour même où la police fait appliquer l’arrêté municipal de fermeture, le tribunal de commerce de Roubaix prononce la liquidation du roller-skate. C’en est fini !

Quelques années plus tard, l’intérieur du garage Citroën est complètement rasé, car le projet de la construction de l’Espace Grand Rue arrive à grands pas. De nos jours la façade du garage Cabour existe toujours, l’intérieur étant occupé par une partie de l’immense magasin du Furet du Nord et des bureaux installés sur les deux étages.

la façade de nos jours ( photo BT )

Remerciements aux archives municipales

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Une Bugatti, rue du Maroc

Septembre 1989, branle-bas de combat, dans la rue du Maroc à Roubaix face au N°56. Des policiers de Roubaix et des démineurs venus d’Arras ont été requis par une étude notariale. Cette maison est inoccupée depuis le mois de Mai de cette année. Le vieux monsieur qui y résidait est décédé à l’hôpital.

Le 56 rue du Maroc de nos jours ( Photo BT )

D’après les voisins, Pierre Dominé et son frère Jean, décédé il y a maintenant une dizaine d’années, étaient passionnés par les véhicules anciens et surtout par les armes. Soucieux d’éviter des cambriolages, ils avaient fait courir le bruit que leur maison était piégée.

document Nord Eclair

En fait, les motifs de crainte ne sont pas fondés et tout se passe bien, à part un certain émoi dans le quartier. Il n’empêche que c’est quand même un joli trésor que tout ce petit monde peut admirer : une Hotchkiss et surtout une Bugatti. Ces deux voitures très anciennes sont en parfait état, certes très poussiéreuses, mais sans un seul point de rouille, seul le bouchon du réservoir de la Bugatti est manquant.

document Nord Eclair

Les deux voitures sont emmenées par l’entreprise Lys dépannage pour être stockées provisoirement dans ses locaux roubaisiens.

document Nord Eclair

La Hotchkiss date de 1958 et la Bugatti de 1928. Cette dernière est un coupé de 8 cylindres en ligne de 17 chevaux avec conduite à droite. Les frères Dominé ne la sortaient qu’une fois l’an pour une escapade en Bretagne en été ce qui explique que le compteur n’indique que 28.780 kilomètres parcourus en 61 années. Le véhicule est assuré au kilomètre, et l’assureur Bernard Tack de la rue Claude Lorrain, confirme les chiffres sans problème.

document Nord Eclair

La Bugatti de 1928 est très rare ; il n’y en aurait que 3 ou 4 de ce type, en France. Elle sera vendue aux enchères à la salle des ventes de Roubaix. Maître Mercier , commissaire priseur, qui s’y connaît pourtant bien en la matière, n’a pas encore eu l’occasion de voir ça, dans sa carrière. Les enchères pourraient bien atteindre des sommets. Le club Bugatti France estime la valeur du véhicule à un prix pouvant atteindre 500.000 Frs, et peut-être même davantage . . .

document Nord Eclair

En ce mois de Novembre 1989, à l’hôtel des ventes de Roubaix, Mr Picaud, expert parisien, vante les qualités de ce « trésor roulant » : très bonne origine… excellente conservation… quelques travaux mécaniques suffisent à la remettre en route…A l’époque dans les années 1920 1930, seulement 1000 exemplaires sont sortis de la maison Bugatti, et j’ignore combien sont encore en marche aujourd’hui !

Le vente commence, la mise à prix est de 200.000 Frs, les enchères ne durent que quelques minutes. A 400.000 Frs ils ne sont plus que deux amateurs en lice. L’un des deux, un collectionneur passionné qui souhaite rester anonyme, remporte le véhicule pour la somme de 470.000 Frs.

document Nord Eclair

L’acheteur ne fait pas de commentaires sur ses projets pour son véhicule. Sera t il dans une salle d’exposition ? Dans un musée automobile ? Reverra t il la Bretagne ?

Il souhaite absolument garder l’anonymat, mais cela risque d’être un peu difficile de passer inaperçu au volant d’une rutilante Bugatti « jaune canari ».

document Nord Eclair

Remerciements aux archives municipales

Pompes Funèbres Vandenberghe

Paul Vandenberghe naît en 1931 à Roubaix. Il trouve un emploi dans l’entreprise de Pompes Funébres de H. Desmet, 120 rue du Moulin, puis celle de Mr Vandevelde, rue Ma Campagne, et commence à apprendre le métier. Son père, est menuisier, il fabrique et vend ses meubles au 118 rue de Denain, depuis 1948.

Paul accompagne régulièrement son père « coulonneux » au café de la Betterave, rue de Lannoy à l’angle de la rue Jules Guesde, car c’est le siège de l’association colombophile. C’est là qu’il rencontre Jacqueline, la fille de Marcel Pomart, passionné également par les pigeons voyageurs.

Paul et Jacqueline se marient en 1954. Ils souhaitent créer leur petite entreprise et profitent de l’expérience professionnelle acquise par Paul, pour ouvrir leur propre commerce de Pompes Funèbres. Ils trouvent un local au 102 rue Jules Guesde qui était auparavant le commerce de modes de Mme Firmin.

Plan cadastral

C’est une toute petite échoppe de 78 m2, mais bien située, dans une rue passante et commerçante d’un quartier populaire. Paul et Jacqueline s’y installent en 1955 et font l’acquisition d’un local au 5 rue Guillaume Lefebvre pour créer un atelier de menuiserie. Ils embauchent Jean-Claude Crépin pour la fabrication de cercueils.

En 1967, ils décident d’améliorer l’accueil de la clientèle en transformant leur façade du 102 rue Jules Guesde. Les affaires commencent à fonctionner correctement et, en 1970, ils reprennent la maison voisine au 104 de la rue, pour agrandir leur commerce.

le 102 104 rue Jules Guesde ( document archives municipales )

Au début des années 1970, ils communiquent par de la publicité dans la presse locale. Paul propose un service complet aux familles des défunts, s’occupe de l’accueil des familles, des démarches administratives, propose les cercueils, conseille des décors, prépare les obsèques, organise les convois, vend des fleurs artificielles, des plaques de marbre et des monuments funéraires..

Publicité 1972 ( document Nord Eclair )

Au début des années 1970, Paul et Jacqueline reprennent un local de 491 m2 au 187 boulevard de Reims à l’angle de la rue Armand Meeschaert, pour y installer leur nouvel atelier de menuiserie et la fabrication de cercueils. C’était auparavant le garage de carrosserie de Gaston et Georges Derbaudringhien, devenu ensuite un centre de location de véhicules à enseigne « Lillcars ».

Plan cadastral

Les affaires du commerce de Pompes Funèbres fonctionnent de façon très satisfaisante, grâce à l’expérience et au savoir faire du couple Vandenberghe.

Jacqueline et Paul Vandenberghe ( document J. Vandenberghe )

Pour satisfaire la demande de leur clientèle, ils souhaitent ouvrir un funérarium, mais le manque de place se fait cruellement sentir dans leurs locaux de la rue Jules Guesde. En 1979, ils déposent donc une demande de permis de construire pour la création d’un funérarium boulevard de Reims, en réduisant l’atelier de menuiserie. Ils confient le dossier à leur architecte Emile De Plasse sis 230 rue Pierre de Roubaix et les travaux à l’installateur « Decora » de Lionel Gauduin.

 

plan des travaux et photo ( documents archives municipales )

Les travaux s’achèvent début Septembre 1980, et le 27 Septembre, c’est l’inauguration officielle. Les installations se composent de quatre salons d’accueil indépendants qui permettent aux familles de se recueillir dans l’intimité. Une salle d’attente est réservée aux personnes qui ne souhaitent pas entrer dans les salons. Tout est aménagé en mobilier de style avec une décoration particulièrement soignée et raffinée. Un parking couvert, rue Armand Meerschaert juste à l’arrière, est à la disposition de la clientèle.

Publicité inauguration ( document Nord Eclair )

Paul Vandenberghe décède malheureusement en 1981, 6 mois après l’ouverture du funérarium. Jacqueline continue seule l’activité. Ensuite, le décès de son fidèle menuisier qui fabriquait les cercueils, amène Jacqueline à prendre la décision d’arrêter l’atelier de menuiserie. Elle se fournit alors, chez des confrères-fournisseurs. Jacqueline a l’occasion de reprendre, en 1984, la maison voisine de l’entreprise initiale : le 106 de la rue Jules Guesde, ce qui lui permet de loger plus facilement sa famille de 4 enfants. L’entreprise possède toujours les deux adresses, les bureaux au 104 rue Jules Guesde et le funérarium au 195 boulevard de Reims.

( document Nord Eclair )

En 1995, à la demande de sa clientèle, Jacqueline Vandenberghe, aidée par son fils Dominique, décide de regrouper les deux points de vente. Les bureaux et l’habitation de la rue Jules Guesde sont vendus. Jacqueline demande un permis de construire pour la transformation de son local en surface commerciale sur la totalité de son terrain boulevard de Reims. La modification de façade et le ravalement des N° 187 à 193 sont réalisées par l’entreprise Mario Bertoli de Wasquehal.

Jacqueline et son fils Dominique ( document J. Vandenberghe )

Dans ces nouveaux locaux, outre les bureaux, se trouve désormais un magasin d’exposition de monuments et d’articles funéraires ( fleurs artificielles, couronnes, plaques en granit, etc ). Le funérarium, quant à lui, reste à la même place. Sobrement aménagé, chaque salon assure ainsi aux familles, la possibilité de rendre un dernier hommage, dans une parfaite dignité, au proche disparu.

l’entreprise en 1996 ( documents archives municipales )

En 1996, Jacqueline à 64 ans, décide de prendre une retraite bien méritée. Elle cède son affaire à une entreprise de Pompes Funèbres Générales, le groupe Dignité Funéraire. Ce label de qualité étant conforme au service funéraire de grande qualité qu’a toujours respecté le couple Vandenberghe, Jacqueline donne son accord pour que le commerce du boulevard de Reims garde l’enseigne Vandenberghe.

( photos BT et document A. Wein )

Remerciements à Jacqueline et Jacques Vandenberghe, ainsi qu’à Adrien Wein et aux archives municipales.

Résidence Colbert

En 1961, un projet de construction d’un immeuble résidentiel voit le jour au 168 rue de Lille à Roubaix. Le terrain sur lequel sera érigé le bâtiment, est de 1382 m2, il se trouve à l’angle de la rue de Soubise, au carrefour des rues de la Perche et Colbert.

Plan cadastral

C’était auparavant, le centre d’apprentissage des garçons ; un bâtiment très vétuste qui est rasé au début des années 1960, car un nouveau centre se construit au 8 boulevard de Lyon en 1959 ( voir sur notre site, un article précédemment édité et intitulé : le Lycée Louis Loucheur ).

Le projet est baptisé «  Résidence Colbert », car la rue du même nom se trouve juste en face. Le bâtiment bénéficie d’un emplacement de premier ordre, à proximité de commerces, d’écoles et de moyen de transports. Les façades de tous les appartements sont orientés vers le Sud et Sud-Est.

brochure d’accueil 1961 ( document T. Rosez )

La construction démarre en fin d’année 1961. Les travaux avancent rapidement, et déjà en début d’année 1963, la Société Civile Immobilière Colbert crée un appartement témoin.

appartement témoin ( document Nord Eclair )

C’est un immeuble moderne de 7 étages, composé de 40 à 50 appartements de 2 à 6 pièces, d’un très grand confort dont la superficie varie de 40 m2 à 155 m2. La façade est en briques. Chaque appartement dispose de larges baies vitrées. L’isolation phonique est efficace, grâce à un système ingénieux de doubles murs.

C’est une résidence de grand standing qui attire de nombreux industriels, directeurs et professions libérales.

La fin des travaux en 1963 ( document Nord Eclair )

Les appartements sont répartis entre 3 entrées, ce qui donne aux propriétaires l’impression de résider dans un petit immeuble. Trois ascenseurs desservent tous les niveaux y compris le sous-sol où se trouvent les caves de chaque appartement, et la chaufferie dans laquelle sont installées deux énormes chaudières pour l’eau chaude collective et le chauffage central de chaque appartement. Les 3 halls et escaliers sont en marbre noir veiné et pierres ardoisières.

Une des 3 entrées ( documents T. Rosez )

De magnifiques rampes gainées de cuivre massif ainsi que d’autres ornements, viennent briller comme de l’or à chaque étage et dans toutes les parties communes. Des garages individuels se répartissent au rez-de-chaussée à l’arrière du bâtiment. Un local commun est à la disposition des résidents pour les bicyclettes et poussettes d’enfants dans chaque entrée.

documents T. Rosez

La particularité de cette construction, est qu’elle est dotée de plusieurs appartements à double distribution ( 1 entrée sur les salons, et 1 entrée directement sur la cuisine). Chaque appartement possède son propre vide-ordure placé dans l’arrière-cuisine, une « Loggia » en balcon de 3 M2 donnant vue sur les garages et les jardins, à l’arrière du bâtiment, ainsi que 4 petits studios en rez-de-chaussée façade, servant de chambre de bonne pour les domestiques de certaines familles, donnant directement sur un grand séchoir de 100 M2, caché de toute vue, en entresol, aéré pour y étendre le linge de maison. Une loge-appartement est spécialement conçue au rez-de-chaussée à côté des garages, pour y accueillir le couple de concierges qui travaille au service des résidents, et entretient la résidence.

Plan du rez de chaussée

Cette résidence se veut définitivement et résolument moderne, tout en conservant les valeurs du passé. En effet, les matériaux utilisés sont de très grande qualité, voire luxueux, les hauteurs sous plafond des logements dépassent les 2,70 mètres. Pourtant on y trouve tout le confort moderne, de très grands espaces communs, de larges accès, de gigantesques placards à rangement dans les différentes chambres, une grande salle de bains dotée d’une baignoire en fonte émaillée, l’eau chaude courante et le chauffage central ( 8 grands radiateurs en fonte par appartement ), évacuation des déchets domestiques et surtout, une station-service Total puis Elf, avec deux pistes pour la vente de carburants, un pont pour le graissage et l’entretien des véhicules, ainsi qu’une aire de lavage.

Publicité Sovac ( document Nord Eclair )

Les travaux se terminent en 1963, et la commercialisation est confiée à 10 cabinets immobiliers de la métropole. Un financement possible est proposé par la SOVAC à Lille. En 1965, Le cabinet Lecluse organise des visites pour vendre les derniers appartements restants.

La station service n’existe plus ( document 1984 archives municipales )

Comme la plupart des stations-service implantées en bas d’immeubles, la station-service du rez-de-chaussée ferme ses portes au début des années 1980, pour raisons de sécurité et pour éviter les odeurs désagréables d’essence pour les résidents. De même, les vide-ordures de chaque appartement, tellement pratiques, seront condamnés dans les années 2000 pour des lois sur l’hygiène …

le bâtiment de nos jours ( document Google Maps )

Construite sur de fortes fondations, avec des matériaux de qualité, et jusqu’à présent superbement entretenue par ses copropriétaires, la Résidence Colbert n’a pas vraiment vieilli. Bien au contraire, cette résidence a été conçue à l’époque glorieuse des années 1960, durant laquelle l’énergie était peu coûteuse. Elle reste résolument belle et en bon état, de par son architecture, sa conception et les matériaux utilisés. Unique dans la région, sa couverture en cuivre verdie par le temps, est reconnaissable par les Roubaisiens à des kilomètres !

Elle est facile et agréable à vivre au quotidien de par sa conception, ses volumes et ses dimensions modernes et pratiques.

La Résidence Colbert a désormais 60 ans. Bien évidemment, certains problèmes de plomberie, d’arrivée et évacuation des eaux, de mécanismes moteurs d’ascenseurs, et quelques lois de remises aux normes demandent certaines réparations, modifications et restaurations parfois couteuses.

Mais ne faut-il pas aujourd’hui continuer à préserver au mieux notre patrimoine roubaisien d’autant que jamais une telle résidence ne pourra être construite à nouveau …

Remerciements à Tanguy Rosez et aux archives municipales.

Docteur Gérard Lecocq

Jeudi 12 Avril 1979 à 14h30, le Docteur Gérard Lecocq arrive à son cabinet situé au 172 de la rue de Blanchemaille à Roubaix. Il se gare sur son parking tout proche, quand soudain trois coups de feu claquent. Gérard Lecocq s’effondre.

Le 172 rue de Blanchemalle de nos jours ( Photo BT )

Dix minutes plus tard, un homme entre au commissariat de la rue Saint Vincent et annonce : « J’ai tué mon médecin parce qu’il voulait me faire mourir ». Les policiers restent sceptiques mais quand ils découvrent l’arme utilisée dans sa 2 CV, ils se précipitent sur les lieux et arrivent en même temps que les pompiers alertés par un témoin. Gérard Lecocq est décédé. Deux balles dans le dos, et une dans la tête.

Document Nord Eclair

Le meurtrier, Eugène Seine, qui ne semble pas jouir de toutes ses facultés mentales était soigné depuis plusieurs années par le docteur Lecocq. Agé de 55 ans, c’est un ancien coiffeur de la rue de Blanchemaille, aujourd’hui sans emploi. Il habite maintenant rue Emile Zola.

L’assassin menotté sort de la voiture des policiers ( document Nord Eclair )

Gérard Lecocq est marié et père de famille. Il a 52 ans, et habite à Leers avec sa famille, Christine son épouse et leurs deux filles Véronique et Pascale. Il exerce son métier avec passion depuis plus de 25 ans.

Instantané de mémoire : Le Docteur Lecocq était notre médecin de famille depuis des années. C’est avec stupeur que nous apprenons son décès. Nous l’estimions beaucoup. C’était un excellent médecin. Dès qu’on l’appelait le matin, il passait dans la journée pour soigner les enfants et prescrire les médicaments nécessaires. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, très distingué, les tempes grisonnantes, une fine moustache, les verres de lunettes légèrement teintés. Il était toujours très élégant, en costume trois pièces, une cravate attachée par une pince, de véritables boutons de manchettes. Et surtout il était passionné de belles voitures, il en changeait pratiquement tous les ans, je me souviens : la dernière était une voiture de sport, une Datsun 240 Z, elle était superbe ! Nous sommes consternés par cette nouvelle.

Gérard Lecocq ( document Nord Eclair )

Le Docteur Gérard Lecocq était un praticien estimé, un généraliste chevronné et qualifié. Toute la profession est en émoi. Devant ces agressions et ces violences de plus en plus fréquentes, le corps médical s’inquiète. La relation médecin-malade toujours faite de confiance mutuelle, se dégrade. Le droit de guérir est exigé sans nuances par les malades, sinon le réflexe de l’auto-justice fonctionne alors !

( document Nord Eclair )

Tous les médecins de Roubaix informent leur clientèle par voie de presse, que leur cabinet médical sera fermé le jour des obsèques du Docteur Lecocq le vendredi 20 Avril. «  »C’est un jour de deuil pour tous les médecins. Nous serons tous unis autour de notre ami. Un service de garde sera assuré pour les urgences » ».

( document Nord Eclair )

Une foule immense est présente à la cérémonie à l’église Saint Martin : de nombreux patients du docteur, des habitants du quartier où il pratiquait, des confrères médecins roubaisiens, des adjoints au maire, conseillers municipaux, le directeur de la C.P.A.M, des membres des chambres syndicales des médecins et des infirmières.

Alors que, de nos jours, les informations communiquent régulièrement sur les nombreuses agressions que subissent les médecins de la part d’une infime part de leur patientèle, ce fait divers datant de près de 50 ans est là pour nous rappeler que ce phénomène existe malheureusement depuis bien longtemps.

Remerciements aux archives municipales.

Café Vandamme (suite)

Lors des années 1960 et 70 , le café Vandamme-Messiaen à Leers devient une véritable institution sur la place de Leers. De nombreuses familles Leersoises participent aux repas de communions, mariages et enterrements.

le café Vandamme au début des années 60 ( document Ch Duhamel )

Marguerite Vandamme, qui travaille à la radiodiffusion de Lille, prend toujours congés lors de la fête foraine de la commune pour aider ses parents. Les familles y viennent nombreuses le dimanche pour ses savoureuses frites, croque-monsieurs, sandwichs, et hot-dogs.

Jules, Jeanne, Marguerite, Eloi et les cousins Bernard et Jean Pierre Desmet. C’est toujours le comptoir initial qui est présent en 1965 ( document Ch Duhamel )
1966, le comptoir vient d’être changé ( document Ch Duhamel )

En 1967, Eloi Duhamel, l’époux de Marguerite Vandamme, en accord avec ses beaux-parents, décide de rénover le bâtiment principal dont les origines remontent au milieu du XVIIIe siècle. Jules décède subitement en juin alors que le permis de construire vient juste d’être déposé.

La construction du nouveau bâtiment débute dès l’automne. C’est l’entreprise de bâtiment de Pierre Derycke, sise rue de Néchin à Leers, qui assure le gros œuvre.

La photo ci-dessous montre l’ampleur des travaux : des étais sont placés pour supporter la charpente et la toiture. Malgré ces travaux très importants, le café reste ouvert et Jeanne reçoit les clients dans la salle de réception située à l’arrière.

les travaux en 1968 ( document Ch Duhamel )
le café extérieur et sa terrasse en 1969 ( documents Ch Duhamel )

Sur les 2 photos ci-dessus, on remarque la nouvelle façade en pierres de taille au rez de chaussée, et en briques à l’étage, les menuiseries neuves en bois, les enseignes des dépositaires de bière ( Deher-Brau, Météor et Setz-Brau ). A gauche, la vitrine coulissante permet la vente à emporter, et à droite se trouve une terrasse avec ses tonneaux et parasols en période estivale.

Eloi perçoit le goût des jeunes et installe jusqu’à 3 flippers dans les années 1970. Devant l’évolution du café, Marguerite Pipart à la friterie, les cousins cités précédemment , et leurs enfants Joëlle et Christian viennent aider principalement le week-end .

Marguerite Pipart et Joëlle à la friture en 1971 ( document Ch Duhamel )
Christian et son cousin Jean Marc 1974 ( document Ch Duhamel )

A la fin de cette décennie l’activité ralentit, et Christian doit effectuer son service militaire. Il est donc décidé d’arrêter la friterie fin décembre 1978 après 30 années d’activité.

Heureusement, le café est encore le siège de nombreuses associations ; principalement celles des réfractaires et maquisards dont le président est le cousin Maurice Desmet, des anciens d’Afrique du Nord, des cyclos du Leers omnisports, du club de compétition cycliste Leersois, du club de tir aux pigeons d’argile, sans oublier le siège des agriculteurs de la commune présent depuis l’ouverture du café en 1933.

Lors des fêtes commémoratives, le jeu de 421 est tenu par les associations comme celles des réfractaires et maquisards

Jeanne Vandamme avec Louis Baussard, le cordonnier et Marcel Spileers, le crémier, commerçants du centre-ville 1972 ( document Ch Duhamel )

Marguerite Vandamme et son époux succèdent à Jeanne qui reste néanmoins très active dans le commerce jusqu’à son décès en 1994.

Marguerite et sa fille Joëlle, le comptoir est récent ( document Ch Duhamel )

Eloi décède en 1998 et Marguerite, dont le contact avec les clients est sincère et apprécié, continue l’activité avec l’aide de son filleul Francis Messian et de son fils Christian. Les parties de belote y sont nombreuses.

Marguerite à droite et Christian à gauche entre deux fidèles clients et amis ( document Ch Duhamel )

Marguerite chute en 2009, en conséquence elle ne peut maintenir son activité que les vendredi soir et dimanche matin jusqu’à son décès fin 2016, à l’âge de 88 ans. C’est l’année où le café ferme définitivement.

La salle de réception, prête pour l’assemblée générale des cyclotouristes ( documents Ch Duhamel )
1968-2016 l’intérieur du café Vandamme que de nombreux Leersois ont connu ( document Ch Duhamel )

En 2019, le café est cédé à Jean-Bernard Michiels de la « Poissonnerie Leersoise ». Il transforme complètement l’établissement, ne garde que la façade, et divise l’ancien café en 2 commerces. Il transfère sa poissonnerie, l’espace cuisine et les chambres froides à gauche, et garde l’activité de café à droite en créant l’enseigne « Le Petit Vandamme » en 2020.

Témoignage de JB Michiels : En appelant le café : « Le Petit Vandamme », je souhaite rendre hommage aux Leersois qui ont connu ce lieu durant de longues années. C’est un chouette clin d’œil au passé du lieu, et à ses propriétaires qui ont fait les belles heures du commerce local.

la façade actuelle ( photo BT )

Le café Vandamme a vécu une époque fabuleuse. Ce fut une véritable institution à Leers, pendant plus d’un siècle. Tous les Leersois en gardent un excellent et mémorable souvenir.

Remerciements à Christian Duhamel, le fils de Marguerite Vandamme

La triperie André

André Vaurs est boucher-tripier. Il est installé aux Halles Centrales de Roubaix. A la fin des années 1940, il y occupe l’emplacement N° 86.87. Les affaires commencent à retrouver un rythme normal, en cette période d’après guerre.

Publicité Décembre 1952 ( document collection privée )

En 1955, les affaires d’André Vaurs sont florissantes. En plus de ses deux emplacements 86.87, il développe son affaire en reprenant les parcelles voisines : les N° 84 85 15 19 et 20.

En 1956, les Halles Centrales sont démolies pour cause de vétusté. Tous les commerçants sont priés de quitter les lieux. André Vaurs a l’opportunité de reprendre un local situé au 13 rue Pierre Motte ( juste en face des anciennes Halles ). C’est le commerce de la boucherie-chevaline de M. Hellin Sellier.

( document collection privée )

La surface de 83m2 au sol est très petite et la porte cochère voisine ne lui appartient pas, car il s’agit de l’accès à la réserve du Monoprix voisin ; mais il bénéficie de tout le dynamisme de cette rue très commerçante.

Publicité 1957 ( document Nord Eclair )

André est boucher et spécialisé dans le commerce des abats ; il souhaite donc apposer son enseigne : « Triperie André » sur sa façade. Il développe alors, une gamme de produits très complète : rognons de porc, tripes, foies de génisse, cervelle d’agneau, ris de veau, langue de bœuf, tête de veau, joue de bœuf, parfaitement présentés dans la vitrine réfrigérée.

La nouvelle façade 1962 ( document archives municipales )

Au début des années 1960, les affaires fonctionnent correctement, André Vaurs décide donc d’investir en transformant sa façade en 1962. Après avoir eu l’accord de son propriétaire Jacques Heim installé au 7 rue Pierre Motte, il confie le dossier à Guy Delhaye décorateur à Bully-les-Mines pour mener à bien le projet. André profite de l’occasion de sa réouverture pour communiquer sur les promotions, dans la presse locale.

Publicité 1963 ( document Nord Eclair )

A la fin des années 1960, son fils Jean-Pierre, après ses études de boucher, vient l’aider à la tenue du commerce. En 1975, André prend sa retraite à 65 ans. Il cède son magasin à son voisin Michel Bruffaerts exploitant le Comptoir de la Viande au 45 de la même rue.

Publicité 1976 ( document Nord Eclair )

Michel Bruffaerts ne garde pas longtemps ce point de vente, puisqu’il le céde ensuite à la boucherie chevaline Hippo Nord en 1977.

Publicité 1977 ( document Nord Eclair )

La sévère concurrence des grandes surfaces amène la boucherie chevaline à fermer ses portes à la fin des années 1970. A partir de cette année-là, le commerce ne sera plus jamais, à vocation alimentaire.

Dans les années 1980, s’implantent les sociétés Rainbow Color (Photo) AAAB (Sécurité) et VAK ( sécurité ). En 1989, Fabien Hamès, jeune diplômé en optique, reprend le pas-de-porte du 13 rue Pierre Motte, y fait effectuer les travaux d’aménagement, et ouvre son premier commerce d’optique à l’enseigne Krys.

documents archives municipales et Nord Eclair

Les affaires de Fabien Hamès, aidé par son épouse Nathalie, fonctionnent de façon très satisfaisante. En 1999, le manque cruel de place les incite à changer d’emplacement pour le N° 9 de la même rue ( voir un précédent article sur notre site, intitulé : 9 rue Pierre Motte ).

Vont alors se succéder diverses entreprises au n° 13 : entre autres : en 2008 l’assureur Warhol du groupe GAN, puis en 2010 Humanis.

documents Google Maps

De nos jours le 13 rue Pierre Motte est occupé par un commerce de cigarettes électroniques : Neo Vapo.

Photo BT

Remerciements aux archives municipales

Café Vandamme

Le café Vandamme à Leers est une véritable institution. L’activité débute en 1933 par Jules Vandamme et Jeanne Messian, dont leurs familles possèdent déjà un café : Caroline Vandamme, la sœur de Jules tient à Linselles, le café « Au Coq Chantant », car à l’étage de l’établissement, se trouve un parc destiné aux combats de coqs encore fréquents à l’époque. La réputation de ce café, 50 ans après le décès de Caroline est telle que l’arrêt de bus porte aujourd’hui, le nom de Vandamme. Cet arrêt est situé à l’angle de la rue de Castelnau et de la rue de Lille à Linselles.

le café « Au Coq Chantant » ( document Ch Duhamel )
Caroline Vandamme jouant à la belote avec ses fidèles clients. ( document Ch Duhamel )
Photo de l’endroit de nos jours ( document Ch Duhamel )

Jules Messian et son épouse Clémence Vandenbergh, les parents de Jeanne, gèrent l’estaminet de la Poste à Leers, 14 place Sadi Carnot. • Au décès de Jules en 1910, à l’âge de 41 ans, son épouse continue seule l’activité.

l’estaminet de la poste 14 place Sadi Carnot en 1925 : A partir de la gauche Georges (2e ),Clémence (3e ) et Jeanne (5e ) ( document Ch Duhamel )

La famille n’est pas épargnée par les malheurs, leur fils Albert est assassiné par les Allemands à Longwy en 1917, quant à leur fille Marguerite, elle décède en 1920 à l’âge de 15 ans, conséquence d’une peur atroce causée par la charge d’un taureau présent dans la pâture de la ferme de Bretagne.

En 1933, leur dernier fils Georges succède à sa maman et poursuit l’activité sous le nom du café de la poste Messian-Lannoo jusqu’en 1973.

L’immeuble de nos jours est un cabinet médical ( Photo BT )

En 1928, Jeanne Messian se marie avec Jules Vandamme. Ce dernier est électricien sur les lignes de haute tension. Quant à Jeanne, elle quitte le domicile familial et reprend le café de la Coopérative au 10 rue des Patriotes, aujourd’hui le café «  Liberty », jusqu’en 1933.

le 10 rue des Patriotes en 1933, Jules Vandamme tient par la main sa fille Marguerite (document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules souhaitent ouvrir un commerce plus grand. L’opportunité se présente en 1933, en effet l’ancien relais de diligences de M. Delcroix, situé juste en face, est en vente, à côté du bâtiment Pluquet qui empiète sur la rue.

Avant la guerre, le futur café Vandamme, inséré entre le presbytère et l’auberge Pluquet, dont l’un des descendants fut un résistant fusillé par les Allemands ( document Ch Duhamel )

A l’étage, au-dessus de l’ancienne entrée des diligences, se trouve un parc pour les amateurs de combats de coq. Avant-guerre, des tournois mémorables avaient lieu, avec bien entendu, les coqueleux Linsellois.

Jeanne Vandamme au comptoir en 1938, les portes de gauche permettent d’accéder chez le coiffeur. ( document Ch Duhamel )

Bien avant 5 heures du matin, le café est ouvert pour les ouvriers du Transvaal et de Motte-Bossut, et ferme bien tard le soir. Durant la guerre, Jules prend le maquis, Jeanne tient son commerce, une pièce est dédiée au coiffeur Pierre Willequet. Lors de la destruction de l’auberge Pluquet en 1953, un bâtiment sera construit pour le coiffeur. C’est aujourd’hui un cabinet médical.

Jules et Jeanne ( document Ch Duhamel )

Après-guerre, le café devient un lieu incontournable de la commune, Jules est considéré comme  » bon vivant » tandis que Jeanne est affable avec sa clientèle.

Dans les années 1950, les prix des consommations sont stables, ce qui permet de faire imprimer le tarif et de l’afficher pendant des années dans le café.

Tarif des consommations ( document Ch Duhamel )

Le café est agrandi, le coiffeur ayant quitté les lieux, La façade et l’intérieur sont métamorphosés. A l’arrière, l’ancienne remise des diligences est transformée en une grande salle de réception pour banquets, mariages, et réunion d’associations.

Jules, Flore Delespaul, et Jeanne devant la friture, pour la vente à emporter en 1953 ( document Ch Duhamel )
la salle de réception ( document Ch Duhamel )

Jeanne et Jules sont sensibles à l’évolution des goûts des jeunes de la ville. Ils remplacent le billard par l’un des premiers baby-foot « Stella » et un Juke-Box. Devant l’évolution du café, l’aide apportée par les cousins Bernard, Jean-Pierre et Jean-Marc Desmet est la bienvenue.

Jules et Jeanne devant le Juke Box en 1957 ( document Ch Duhamel )
Jeanne Vandamme et à sa gauche une personnalité de la ville, Edgar Deffrene ( Combattants Républicains ) en 1958 à l’arrière du café. ( document Ch Duhamel )

à suivre . . .

Remerciements à Christian Duhamel, le petit fils de Jules et Jeanne Vandamme

Lycée Professionnel Louis Loucheur ( suite )

Suite d’un article précédemment édité sur le Centre d’apprentissage.

Le Collège d’Enseignement Technique accueille plus de 400 élèves. Au milieu des années 1970, l’agrandissement des salles de formation devient indispensable. Un deuxième étage est ainsi construit pour créer quelques salles de cours supplémentaires.

Le Collège devient L.E.P Lycée d’enseignement professionnel, puis quelques temps après, Lycée Professionnel Louis Loucheur et dépend ainsi de la région Nord-Pas de Calais.

Le collège, avec son deuxième étage ( document archives municipales )

Au milieu des années 1980, le Lycée Louis Loucheur collabore à des entreprises théâtrales. Les élèves réalisent des décors de théâtre, des objets, des meubles et même des façades de maison pour des compagnies et en particulier pour l’Aventure à Hem ( Voir sur notre site un article précédemment édité et intitulé : Théâtre de l’Aventure). Ce « chantier-école » permet aux lycéens de mettre en pratique leur savoir faire à l’extérieur de l’établissement.

document Nord Eclair

En 1992, Le Conseil régional, demande un permis pour construire une plate-forme dans les locaux techniques, côté Edouard Vaillant. Cet agrandissement permettra de développer les métiers technologiques et scientifiques basés sur les énergies électriques et énergétiques.

Plan du Lycée

Le Lycée Louis Loucheur se développe encore. La région Nord Pas de Calais dépose en 2003, un permis de construire sur un terrain leur appartenant au 143 bis rue Jean Moulin, pour la construction d’un bloc supplémentaire de 3 salles de classes et de sanitaires.

Plan Cadastral

Après le proviseur Patrick Derancy, c’est Liliane Norrés qui arrive à la direction du lycée Loucheur au début des années 2010. Pleine d’enthousiasme et de pugnacité, elle décide qu’une rénovation de son établissement est nécessaire. Le Conseil Régional accepte de financer du nouveau matériel. La direction et les professeurs incitent les élèves à s’unir autour d’un projet fédérateur : la réfection des locaux. De quoi donner aux lycéens l’envie de s’approprier les lieux. L’heure du renouveau a sonné.

document Nord Eclair

Suite à cette rénovation, le Lycée Louis Loucheur reçoit, dans sa catégorie, le prix de l’éducation citoyenne en 2014. Une façon pour les jeunes lycéens de mettre la main à la pâte de manière très utile, et qui est ainsi récompensée.

document Nord Eclair

Autre récompense : en 2015, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, en visite au lycée Louis Loucheur, remet le titre de meilleur apprenti de France à Jefferson Catteau dans la catégorie ; carreleur-mosaïste. Apprenti en « bac pro carrelage » au lycée, Jefferson a passé plus de 100 heures de travail, en dehors des cours, pour réaliser son œuvre. Ce qui en dit long sur sa motivation !

document Nord Eclair
document Lycée L Loucheur

En 2021, les élèves du Lycée décorent les plots en béton qui se trouvent sur le trottoir face à leur établissement, à la vue des nombreux piétons et automobilistes sur le boulevard de Lyon, pour démontrer les intérêts de la formation professionnelle.

document Lycée L Loucheur

L’année suivante en 2022, des lycéens en Bac professionnel « Gros Oeuvre » réalisent, grâce à l’imprimante 3D du lycée, un énorme logo en béton pour le festival de musique URBX de la Grand Place. Un QR code est installé au pied de la structure afin que les passants puissent connaître l’origine de l’ouvrage.

document Nord Eclair

De nos jours, après une période un peu difficile, le nombre de lycéens ayant quelque peu chuté, l’effectif repart à la hausse sous l’impulsion de Jean-François Caron, proviseur, en poste depuis quelques années. L’effectif du lycée est de 58 personnes pour encadrer les élèves : l’équipe enseignante (32) une équipe d’agents (11), et une équipe technique et administratif (15).

Photo des ateliers de nos jours ( photos BT )

En relation étroite avec le tissu économique et industriel local, l’établissement forme aux métiers du bâtiment. Les formations préparent du CAP ( Certificat d’Aptitude Professionnel ) au Bac Pro ( Baccalauréat Professionnel ) dans 4 domaines : Génie Thermique et Sanitaire, Maçonnerie Gros Œuvre, Peinture Revêtement, et Carrelage. Les formations sont proposées sous statut scolaire et pour certaines d’entre elles sur le niveau terminal par apprentissage. Le lycée accueille également en son sein une classe de 3e Prépa-métiers.

document Lycée L Loucheur

Remerciements à Jean-François Caron, ainsi qu’aux archives municipales.