Les cycles Vercoutère

Charles Jules Vercoutère est né en 1880. Il est mécanicien, passionné par le vélo. En 1908, il s’installe marchand de cycles au n° 113 rue de l’Epeule, à l’angle de la rue de l’ Industrie, sous l’enseigne « Au vélo d’or », et se met à la fabrication de tubes pour cadres de vélo.

( Document coll. priv. )

Il crée une bicyclette avec un cadre plus court, ce qui facilite le roulage, et le déplacement devient moins fatigant. Ce vélo connaît un succès immédiat. Rapidement Charles s’installe au 105 de la même rue, et bénéficie d’une double grande vitrine.

( Document BNR et coll. priv. )

Charles Jules se marie avec Ernestine Vandermaelen. Ils ont deux enfants : Charles-Georges né le 22 février 1913 et Maurice né le 24 juillet 1918. En 1925, Charles s’associe avec ses deux cousins : Philibert et Adolphe. Ils fabriquent un vélo auquel ils donnent la marque PAC ( les trois initiales des prénoms de chacun : Philibert Adolphe Charles ).

( Document coll. priv. )

Par la suite, les trois compères vont prendre des destinations professionnelles différentes ; mais Charles va garder la marque PAC, très connue, qui va devenir Pneus-Accessoires-Cycles. Les deux fils, Charles-Georges et Maurice, sont maintenant adultes et sont également passionnés par le vélo, comme leur père qui leur a transmis le virus.

( Document BNR )

Sur cette photo, de gauche à droite : Charles Vercoutère père, Maurice son fils cadet, Ernestine son épouse et Charles son fils aîné.

( Document coll. priv. )

Ils fabriquent les tubes de cadres sur lesquels ils posent les accessoires ( freins, selles de vélo, pédalier etc…). Ils peuvent donc créer des bicyclettes spéciales : des tandems, des triplettes et même des quadruplettes !

( Document coll. priv. )

Ils créent également des vélos excentriques, pour les acrobates du cirque, avec des roues carrées, des roues décentrées, des mono-cycles, des vélos avec une grande roue devant et une petite à l’arrière, etc…Ils les fabriquent bien souvent sur mesure. Leur magasin est un véritable musée de la petite reine ; ils présentent non seulement les bicyclettes qu’ils fabriquent, mais également de très belles pièces de collection acquises, comme le grand B.I, le vélocipède Michaux et bien d’autres, tous datant des années 1860 1870.

Rue de l’Épeule à l’angle de la rue de Turenne ( Document coll. priv. )

Les frères Vercoutère sont très connus dans la profession, et très demandés. Ils ont d’ailleurs eu l’occasion de prêter un de leurs vélos à Raymond Devos pour un de ses sketchs. Ils vendent également beaucoup d’accessoires, leur spécialité étant une petite coccinelle métallique qui maintient les câbles de frein les uns contre les autres.

( Document coll. priv. )

Mais leur plus grande fierté c’est de sortir leurs cycles lors des fêtes locales, comme la braderie de la rue de l’Epeule, ou les fêtes de quartier Epeule-Alouette ; à chaque fois, ce sont des attroupements de promeneurs surpris et ébahis de voir les frères Vercoutère se promener sur leurs vélos si originaux. Le père et les deux fils ne vivent que pour le vélo. Au milieu des années 50, Charles-Jules, à 74 ans, prend plaisir à faire plusieurs fois par semaine des aller-retour Roubaix-Tournai ( 40 km ) et ce, sans fatigue.

( Document Nord Eclair 1961 )

Charles et Maurice décident de créer l’événement en faisant une exposition unique de tous leurs vélos de collection dans le hall du Colisée à partir du 7 Septembre 1961. Cette exposition est organisée par le comité du quartier Epeule, et par l’association Nord Touriste présidée par M. Dupriez. Les deux frères Vercoutère prennent leur retraite et le magasin est cédé en 1985. Charles et Maurice n’ont pas de descendants si bien qu’avant leur décès ils ont décidé ensemble d’offrir leur prestigieuse collection de cycles à un grand musée Parisien.

Remerciements à la BNR et aux Archives Municipales

.

Les Ets Carrez-Bernard

Eugène Carrez est né à Merville en 1876. Il est commerçant et possède un magasin de chaussures-chemiserie-confection dans sa ville natale. Il se marie avec Albertine Bernard. Ils créent ensemble en 1898 l’entreprise Carrez Bernard au 322 324 rue de Lannoy à Roubaix. Eugène et Albertine ont un fils : André qui naît en 1902

( Document BNR et coll. priv. )

L’entreprise Carrez Bernard fabrique du savon mou ( savon noir d’entretien ). Il est fabriqué avec de l’huile végétale et de la potasse. De couleur noirâtre ou vert très foncé, on le trouve sous forme liquide ou semi-liquide. D’autres activités viennent en complément : le commerce en gros d’épicerie, la torréfaction de cafés, le négoce de pétrole, essence et huiles. Dans l’entreprise, c’est le palais des arômes ; d’un côté le sentiment de propreté ( le savon à l’huile d’olive ), et au fond du bâtiment, l’odeur de café (grâce au brûloir de torréfaction ).

Les attelages de livraison devant la façade du 324 rue de Lannoy ( Document ANMT )

Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante ; si bien qu’en 1929 Eugène fait construire un 2° étage à la savonnerie. Les travaux sont réalisés par L Dugardin 67 Bld de Belfort et la charpente par Joseph Soudan 155 rue Jouffroy. Au début des années 1930, le fils d’Eugène : André aide son père à la gestion de l’entreprise. Adulte, il en devient le directeur commercial. Il habite au 48 avenue Jean Jaurès à Roubaix, dans une maison construite par l’architecte Jacques Barbotin.

Eugène Carrez en 1937 ( Document ANMT )

En 1937 Eugène achète un véhicule automobile : une Panhard, pour pouvoir effectuer les déplacements jusque Trungy, dans le Calvados, et séjourner dans la maison familiale. Hubert Carrez, le fils d’André naît en 1935 à Roubaix. il habitera sur place 324 rue de Lannoy.

( Document ANMT )

En 1940 la Mairie de Roubaix ordonne une réquisition de carburants ( essence et gas oil ) et également de produits d’épicerie sèche : biscuits, boites de lait sucré, et surtout conserves de poisson et de viande, pour subvenir aux besoins de la population.

Eugène Carrez décède en 1954. Après guerre, dans les années 50, l’importation de savon industriel, par de très grosses firmes américaines, vient concurrencer la production de Carrez Bernard. La fabrication du savon mou cesse en 1958. André Carrez continue de se spécialiser dans l’épicerie en gros et la production de cafés (torréfaction et ensachage ).

Sachets de cafés ( Document ANMT et coll. priv.)

1963 : L’entrepôt de 440 m2 étant trop petit, André Carrez fait une demande de permis de construire pour agrandir. Il fait appel à l’entreprise Jacquemart-Behal de Lens pour construire un hangar métallique de 442 m2 de stockage supplémentaire. En 1970 Hubert Carrez ( le fils d’André ) dépose une demande d’agrandissement pour son entrepôt ( hangar couvert ). André Carrez décède à son domicile du 48 avenue Jean Jaurès en 1972. Hubert Carrez qui habite au 324 rue de Lannoy continue seul à gérer l’entreprise

A la fin des années 1970, les premières difficultés se font sentir. L’arrivée des grandes surfaces fait énormément souffrir les commerces de détail, et par conséquent l’activité des grossistes alimentaires. Les salariés de l’entreprise reçoivent leur lettre de licenciement en rentrant de vacances en Août 1987. L’entreprise familiale s’arrête. Après le décès de Hubert Carrez à Roubaix en 2000, le bâtiment va rester inoccupé quelques années.

( Document Archives Municipales )

En 2006 Miguel Fernandes reprend une partie de l’entrepôt qui se trouve dans l’allée privée, pour le transformer en logement confortable

( Document Archives Municipales )

L’année suivante, la SCI Renaissance Immobilière propose de transformer la friche industrielle par l’architecte Gregory Boyaval de Roubaix, en 7 logements-loft et 2 cellules commerciales. Quant au bâtiment principal qui était le domicile de la famille Carrez, on trouve aujourd’hui un cabinet médical composé d’orthophonistes. Il ne reste plus que les deux initiales C B sur le fronton de la façade.

( Photo BT )

.

Remerciements aux Archives Nationales du Monde du Travail ( ANMT ), aux Archives Municipales et à la BNR pour les documentations, ainsi qu’à Patrick Miette pour son témoignage.

.

La droguerie Crombé

C’est l’un des commerces les plus anciens de Roubaix. En 1806, Louis Crombé ouvre une droguerie rue du Vieil Abreuvoir. C’est à l’époque un commerce de teintures, de couleurs, de pigments, de colorants pour le textile. En 1830, Louis fait construire les locaux actuels au 47 rue Nain.Puis les Crombé vont se succéder de père en fils, pendant plusieurs générations. Le petit commerce va se développer, de façon extraordinaire, grâce au textile et à l’explosion démographique.

Document Nord Éclair

Les produits vendus vont bien sûr évoluer au fil des années. On y trouve toujours les colorants mais également des peintures, des produits chimiques, des engrais, des fournitures pour artistes peintres ( dont Rémy Cogghe ), des appareils et produits photographiques. Madame Crombé se déplace à Lyon pour se fournir chez les frères Lumière.

Document coll. priv.

Sur cette facture de 1906, sur les deux colonnes latérales, on constate l’impressionnante liste de produits et références disponibles. A la fin des années 1920, un deuxième magasin ouvre, au 3 bis rue de Lannoy, et un troisième à Avesnes-sur-Helpe, géré par le cousin : M. Renard

Document coll. priv.

Tous les corps de métier viennent s’approvisionner chez Crombé : les peintres, les antiquaires, les photographes, les médecins, les dentistes, les entreprises, les mairies . . .

Dans les années 1960-1970, l’entreprise Crombé se spécialise davantage dans son métier de base : la droguerie, et abandonne la photographie et la fabrication des produits maison. Une petite dizaine de salariés travaille dans l’entreprise. Il n’est pas toujours très simple de travailler chez Crombé, vu la dangerosité des produits. Certains produits toxiques peuvent provoquer explosion, pollution. D’ailleurs le magasin possède une ligne rouge téléphonique avec le service de secours des pompiers.

En 1971, Jules Crombé prend sa retraite de conseiller municipal, mais continue à aider Albert Crombé à la direction de l’entreprise. Gérard Dumoulin, un ancien salarié de la CIMA à Croix, embauché en 1967, devient rapidement son bras droit. En 1987, Ludovic Crombé ( sixième génération ) reprend l’affaire de son arrière arrière arrière grand-père et continue l’activité. Gérard Dumoulin devient le pilier de la célèbre maison Crombé.

A droite Ludovic Crombe, le patron et Gerard Dumoulin ( Document Nord Eclair 1997 )

Monsieur Gérard, comme on l’appelle, est tout de suite reconnaissable quand on entre dans le magasin. Il est grand et porte toujours sa blouse blanche impeccablement propre.

Document Google Maps

La famille Crombé reprend la maison voisine au 49 rue Nain. Le rez de chaussée de cette habitation se transforme en bureaux et le garage permet une meilleure réception des livraisons de marchandise.

Toutes les références sont stockées par famille : les produits toxiques sont déposés dans la cour intérieure à l’air libre ; les plus dangereux sont entreposées au sous-sol, dans les magnifiques caves voûtées.

Quand on regarde la façade extérieure de la droguerie on a peine à imaginer l’importance des bâtiments. La surface totale avoisine en effet les 2000 m2.

Document G Dumoulin

Gérard connaît parfaitement les 10.000 références du magasin. Il est incollable sur les détachants, la restauration de vieux meubles, les produits d’entretien. Il teste tous les nouveaux produits proposés par les représentants, avant de les référencer. Sa devise est : la qualité, le service et le conseil en plus ! Et les clients sont ravis d’avoir trouvé chez Crombé, le produit miracle conseillé par un vendeur toujours aimable et sympathique.

Document G Dumoulin

Tous les produits doivent être parfaitement visibles et bien présentés, d’où l’importance de soigner de superbes étalages dans les 2 grandes vitrines extérieures.

Au début des années 2000, les premières difficultés apparaissent. La vente de certains produits chimiques dangereux est maintenant interdite dans les magasins de détail ; ces produits tels que formol, arsenic, benzine, ammoniaque pur, mono chlorobenzène, toluène, perchloréthylène, etc… représentent une bonne partie du chiffre d’affaires, et les produits de droguerie ( lessive et d’entretien ) sont malheureusement très concurrencés par la grande distribution. Il reste heureusement les peintures, articles de beaux arts.

C’est ainsi qu’en 2015 Ludovic Crombé cesse l’activité après plus de 200 ans d’existence. Par ailleurs, Ludovic a plutôt la fibre artistique, et aucun de ses fils ne souhaite continuer l’activité.

Photo BT

Aujourd’hui le magasin est vide. Depuis les vitrines extérieures, on peut encore apercevoir des anciens présentoirs publicitaires, des gondoles métalliques rouillées. La fin d’une époque. . .

.

Remerciements à Gérard et Christiane Dumoulin pour leur témoignage et la documentation.

.

Les papiers peints Hourez ( suite )

( Documents Isabelle Vervust )

Henri est intéressé par toutes sortes de publicités originales : il amène deux petits éléphants, devant et à l’intérieur de son magasin ! ce qui va bien sûr attirer clients et badauds.

( Document coll. priv. )

Il fait également beaucoup de publicité sur les bus et tramways, il fait peindre la camionnette de livraison en imitant un papier peint à fleurs, bleu et blanc.

Henri est marié avec Francine Suys. Ils ont deux filles. L’aînée Véronique travaillera avec ses parents dans l’entreprise. Isabelle la cadette donnera un coup de main appréciable lors des vacances scolaires.

En médaillon Henri Hourez ( Documents Nord Eclair 1969 et Isabelle Vervust )

Début Septembre de chaque année, c’est traditionnellement la braderie de la rue de l’Epeule ; c’est un événement incontournable et, bien sûr, Henri Hourez et sa fille Isabelle, sont présents.

( Documents Isabelle Vervust )

Henri innove également dans le matériel, comme cette machine qui découpe les bordures de papier peints, et cette vitrine composée de plusieurs miroirs posés côte à côte, qui permet de visualiser le résultat final de la cuisine ou du séjour et facilite le choix du client.

Henri et son épouse Francine travaillent énormément ; ils ne comptent pas leurs heures. Les moments de loisirs sont assez rares, si bien que, dès qu’ils en ont la possibilité, ils partent dans leur maison de campagne des Landes, avec leur véhicule : une Citroën SM Maserati ; Henri est passionné par les belles automobiles.

Au milieu des années 60, la maison Hourez reprend le 187 rue de l’Epeule au coin de la rue Watt, commerce tenu par Mme Dehaene café « chez Manu » et E. J. Dehaene coiffeur.

Henri et Francine ont maintenant 8 personnes pour les aider : 5 vendeuses, 1 comptable, 1 secrétaire et 1 chauffeur-livreur. A la fin des années 1970, la maison Hourez rachète le commerce de M Demey, la teinturerie Duhamel au 175.

( Document Archives Municipales )

Le commerce s’étend désormais du 175 au 187 de la rue de l’Epeule.

Henri, son épouse Francine et leurs deux filles habitent à l’étage et, comme le bâtiment est immense, il y a suffisamment de place pour stocker aussi les rouleaux de papier-peint. Un toboggan est d’ailleurs installé pour descendre plus facilement les rouleaux commandés par les clients.

Henri Hourez prend sa retraite au début des années 1980. Il cède son affaire à un confrère, Jean Devaux, qui possède plusieurs magasins à l’enseigne Murosol.

En 1983, Jean Devaux demande à son architecte JC Lequain à Wattrelos une étude pour rénovation de la façade et en 1984 il fait poser par l’entreprise « Publicart » une enseigne de 2,00m sur 2,50m sur la façade .

( Document Archives Municipales )

Malheureusement le succès ne sera plus au rendez vous ! La mode est, à présent, à la peinture sur les murs plutôt qu’au papier peint et les grandes surfaces spécialisées en bricolage-décoration font une rude concurrence au commerce de détail.

Murosol ferme donc ses portes à la fin des années 90 ; le bâtiment est rasé et on trouve aujourd’hui à cet emplacement un bureau de poste, le CCAS de Roubaix et aux étages, des logements sociaux.

( Document Archives Municipales et Photo BT )

.

Remerciements aux Archives Municipales, à la BNR ainsi qu’à Isabelle Vervust et Véronique Toulemonde pour la documentation et leurs témoignages.

.

Les papiers peints Hourez

Henri Hourez naît en 1860 à Croix au 117 rue Kleber. Il est maître-peintre. Pour compléter ses revenus, il décide d’ouvrir en 1889 une petite échoppe de papiers peints à Roubaix au 181 183 rue de l’Epeule. La Maison Hourez est créée.

( Documents BNR et Isabelle Vervust )

Il se marie avec Marguerite Pollet. Leur fils, Raoul, voit le jour en 1899. Adulte, Raoul devient peintre tapissier et continue l’activité.

( Documents coll. priv. )

Les affaires se développent. Un important choix de papiers peints est proposé à la clientèle malgré l’étroitesse de ce petit commerce. Il propose des revêtements de sol ( linoleum ), des toiles cirées et quelques articles divers comme des balais, des paillassons, etc…mais la spécialité de la Maison Hourez reste incontestablement le papier-peint.

Raoul n’hésite pas à présenter sur le trottoir, les papiers peints et les linos.
( Documents Isabelle Vervust )

Raoul se marie, en 1923, avec Valentine Haustrate. Leur fils naît en 1929 ; ils décident de le prénommer Henri, comme le grand-père.

En 1949, Raoul décède brutalement à l’âge de 50 ans. Son épouse Valentine se retrouve seule à gérer le commerce, si bien que son fils Henri abandonne ses études de tapissier à la célèbre école Boulle de Paris et remonte à Roubaix pour aider sa mère à la gestion de la petite entreprise. Henri a 20 ans, il est courageux et volontaire. Il a plein d’idées et de projets ambitieux en tête. Il va développer la « Maison Hourez » et lui donner une incroyable expansion. Au début des années 1950, Henri reprend le commerce voisin de graineterie de M. Derycke au 179 rue de l’Epeule.

Reprise du 179 rue de l’Epeule ( Document Isabelle Vervust )

En 1959, il reprend le commerce de l’autre côté au 185, tenu par M d’Albuquerque qui vend du beurre et des œufs. La façade fait alors 19 mètres de large et il décide de transformer sa devanture par une rénovation de façade avec remplacement des vitrines. Il confie les travaux à l’entreprise Waquier de Croix. Les travaux s ‘élèvent à 300.000 Frs.

( Document Archives Municipales )

En 1960, Henri Hourez reprend le 177 de la rue, à Georges Descat. C’est une maison particulière avec un très grand jardin. L’architecte Pierre Neveux de Roubaix est choisi pour la transformation de la façade avec un budget de 20.000 NF de travaux.

Le couloir principal avec d’un côté, les papiers peints et de l’autre, les revêtements de sol ( Documents Isabelle Vervust )

Les années 60 sont exceptionnelles. La Maison Hourez propose le choix le plus important de papiers peints de la région, la livraison à domicile, une collection complète avec les marques Leroy, Inaltera, Nobilis ou Décofrance. De nombreux artisans peintres-tapissiers viennent de toute la métropole pour s’approvisionner chez lui, vu le choix immense proposé.

( Documents Nord Eclair 1965 et Isabelle Vervust )

Henri a le sens du commerce : le superbe porte-clefs Hourez est offert gratuitement pour tout achat d’une valeur de 30 Frs. Il a aussi le sens du bon goût et de la présentation des produits qu’il vend. Il fait souvent appel au décorateur Dominique Lemaire qui décore ses vitrines extérieures comme par exemple celle du « manége enchanté » ci-dessus.

.

à suivre . . .

.

Rermerciements aux Archives Municipales, à la BNR ainsi qu’à Isabelle Vervust et Véronique Toulemonde pour la documentation et leurs témoignages.

.

Cinquantenaire de la Brasserie Union de Rx Tg

En 1938,la brasserie « Union de Roubaix Tourcoing » de la rue Meyerbeer fête le cinquantième anniversaire de sa fondation. Fondée en 1888, cette brasserie coopérative est l’une des plus importantes de la ville.

( document coll. priv. )

Pour fêter cet événement mémorable, la Direction de l’établissement décide d’offrir à l’ensemble de ses salariés un banquet dans la salle Henri Watremez, rue de l’Hospice, car évidemment une immense salle est nécessaire pour accueillir tout ce monde, en date du 19 Juin 1938.

( document coll. priv. )

Quelques personnalités sont invitées au repas : Mr Sory adjoint au maire, Mrs Verbeurght et Vanherpe de la mairie, Mr Mandroux inspecteur du travail.

Mr Théo Tillie président du conseil d’administration de la brasserie prend la parole avant le repas ; il rend hommage au dévouement du personnel, remet des plaquettes-souvenirs à Mrs Rose et Desfontaine, et remet des médailles du travail à 29 salariés (ouvriers et employés).

( document coll. priv. )

Le banquet se déroule ensuite, animé par l’excellent orchestre de Mr Albert Duhamel.
Après le dessert, plusieurs discours sont prononcés, des hommages, des éloges sur la brasserie, devenue en 50 ans une grosse affaire de 150.000 hectos par an (les bières dont le célèbre Bock Meyerbeer, les vins et les liqueurs).

( document coll. priv. )

Un impressionnant cortège est organisé dans les principales artères de la ville. Tous les véhicules de la brasserie défilent : les véhicules hippomobiles mais aussi les nouveaux camions de livraison, avec les drapeaux tricolores qui flottent au vent.

( document coll. priv. )

Une foule immense assiste sur les trottoirs, à cette succession d’attelages et de camions. C’est manifestement une action publicitaire d’envergure, pour démontrer la force et l’importance de la brasserie Meyerbeer.

( document coll. priv. )

Le défilé rue de l’Alouette ( au N° 4 le studio photo de Mr H. Planque et au N° 2 la bonneterie de Mme Delattre ).

( document coll. priv. )

Le convoi publicitaire passe devant la pâtisserie de Mr Bogart au 97 rue du Grand Chemin.

( document coll. priv. )

Devant la cordonnerie de Mr Longuépé au 3 rue de l’Alouette.

( document coll. priv. )

Une foule immense pour l’arrivée sur la Grand Place.

A la fin des années 50 la Brasserie Meyerbeer sera reprise par la Brasserie Nord Lorraine, et ensuite par la Société Européenne de Brasserie ( Champigneulles ) en 1962.

La brasserie ferme ses portes en 1970, au grand désespoir de la Direction et du personnel, car Meyerbeer ne pourra donc pas fêter son centenaire en 1988.

.

 

Le bijoutier de la Grand Place (2 )

Robert Bousquet est vice président de la chambre de commerce de Roubaix ; il fait partie de l’élite des horlogers bijoutiers de France ; il est membre agréé du Haut Commerce de France.

( Document E. Bousquet )

On retrouve aussi Robert Bousquet dans des clubs sportifs ; il est président du lutteur club de Roubaix.

( Document E. Bousquet )

Robert Bousquet aime plaisanter, si bien qu’il n’hésite pas un seul instant, lorsqu’un journaliste de Nord Eclair lui propose de rédiger un article « Poisson d’Avril » pour les lecteurs du quotidien :

Document Nord Eclair 1 et 2 Avril 1965

Le 1er Avril 1965 un bus effectue des manœuvres en marche arrière pour éviter un chantier de travaux rue du Général Sarrail. Pour une raison inconnue, le moteur s’emballe ; le bus recule très brutalement et vient fracasser la vitrine de la bijouterie.

Document Nord Eclair 1 et 2 Avril 1966

Le 1er Avril 1966 quelques mois avant la coupe du monde de football, qui a lieu à Londres cette année là, le trophée est dérobé lors d’une exposition à Westminster. Scotland Yard retrouve le précieux objet convoité et décide de l’exposer à la bijouterie R. Bousquet sous haute surveillance policière britannique.

Robert aime les plaisanteries et apprécie surtout ce style de publicité peu onéreuse.

( Document coll privée )

En 1967, toujours dynamique pour développer son commerce, il prolonge l’ouverture de son magasin en nocturne jusqu’à 21h30 le mercredi, comme la plupart des commerçants du centre ville.

( Document E. Bousquet )

En avance sur son temps, Robert est un homme de communication. Lors du salon des arts ménagers, à la foire de Lille, il présente son stand à la célèbre Jacqueline Joubert, speakerine de l’ORTF. Sur la photo de droite, il fait admirer un de ses bijoux à la chanteuse Jacqueline Boyer.

En 1971, Robert Bousquet tombe malade. Il est hospitalisé à la clinique St Jean et part ensuite en convalescence dans le sud de la France. A la fin des années 70, Max Revel est nommé président du conseil d’administration de la SA Bousquet.

( Document Archives Municipales )

En 1981, Max Revel dépose une demande de permis de construire pour la transformation du magasin qu’il confie au bureau d’études d’Antoine Addic de Lille. Les façades vont être rénovées avec des huisseries neuves, des rideaux de fer anti effraction, et surtout l’utilisation de matériaux luxueux comme la pierre de Corton, la miroiterie argentée bronze, les peintures laquées noires, les vitrines en acajou verni. L’ensemble coûtera 210.000 Frs. Le résultat est magnifique.

( Document E. Bousquet )

La rentabilité du magasin n’est malheureusement plus ce qu’elle était durant les années précédentes. C’est peut-être dû à un investissement de rénovation trop important ; c’est également le début d’une situation économique locale difficile. Le magasin arrête son activité au début des années 90.

( Photo Annette Rimbert )

La Société Nord Cadeaux reprend le magasin au milieu des années 90, avec l’enseigne « La griffe d’Or » ; il s’agit d’une boutique de cadeaux, bijoux, montres et listes de mariage. Malheureusement le succès n’est pas au rendez-vous et le commerce ferme, très peu de temps après son ouverture.

( Photo Annette Rimbert )

En 1998, le magasin devient un institut de beauté à l’enseigne «  Karité » spécialisé en centre de minceur, d’esthétique, de bien-être, de relaxation, l’institut est maintenant présent au centre de Roubaix depuis 20 ans.

( Photo BT )

.

Remerciements aux Archives Municipales, et à Edyth Bousquet pour son témoignage et la documentation.

.

Le Cercle Artistique Roubaisien

le Cercle Artistique Roubaisien en 1936 ( coll. priv. )

C’est en 1934 que Robert Carette fonde le C.A.R Cercle Artistique Roubaisien, avec quelques mordus du chant passionnés comme Mrs Dubois, Hoste, Declercq, Keyaert, Deldalle, Pollefeyt, et bien d’autres. La mission du Cercle est de préparer les jeunes au chant et de leur apprendre l’amour des beaux airs et des belles pages du patrimoine lyrique. Le quartier du Pile possède déjà une troupe lyrique d’amateurs qui se produit au sein de l’Amicale Pierre de Roubaix. Quand celle-ci cesse son activité, l’idée de fonder un groupe lyrique et théâtral recueille l’adhésion de tous. Le recrutement organisé de suite permet de rassembler de nombreux chanteurs et choristes. En 1935, le C.A.R remporte déjà un premier succès au concours de chant. Pendant de nombreuses années, le C.A.R va remporter des prix, dans divers concours, tant en opérettes et opéras, que dans les diverses catégories de chanteurs individuels.

Diplôme concours de chant ( Archives Municipales – Don  M Tartare 2017.001 )

Dans le quartier du Pile, ces concours de chant, où de nombreux talents sont découverts, sont toujours suivis par des milliers de spectateurs passionnés. Dans le groupe s’installe un esprit de camaraderie et d’entraide assez remarquable. C’est dans le café de M Prosper Hoste, au 303 rue Jules Guesde, que se trouve le siège du C.A.R et c’est un voisin bien connu des habitants du quartier qui est président d’honneur: M Louis Derryx commerçant en cycles. Dans le café de M Hoste, la salle du rez de chaussée ainsi que le premier étage sont assiégés, envahis, submergés les jours de répétition, toujours dans la joie et la bonne humeur, réunions qui se terminent toujours par l’hymne du C.A.R.

Hymne CAR ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

En 1948, le C.A.R remporte 43 prix individuels dont 18 premiers prix. Ce record exceptionnel fait honneur aussi bien au Comité d’Administration et à la Direction Artistique qu’aux lauréats eux-mêmes. Et si ces chiffres ne sont plus atteints par la suite, c’est qu’au fil des ans les brillants éléments de la Société sont mis « hors concours ».

 

Concours international de chant 1954 ( coll. priv. )

Les 5 et 6 Juin 1954, pour son 20° anniversaire, le C.A.R organise le Concours International de Chant Lyrique Amateur, sous le patronage de la Fédération, avec l’aide de la ville de Roubaix et du Comité de quartier. 176 personnes participent à ce concours. Une semaine avant la date, le journal local précise qu’ il y a finalement près de 200 interprètes à cette manifestation et que les horaires prévus sont avancés de 30 minutes. Le jury est composé de personnalités nationales et internationales : des professeurs de conservatoire et des directeurs d’opéra de Paris, du Luxembourg, de Bruxelles, de Sarrebruck, de Gand, de Bordeaux, de Lyon . . .

Plusieurs catégories parmi les concurrents : Soprani et Barytons à la Bourse du Travail, Boulevard de Belfort, Mezzos-Contraltos, Ténors et Basses au Conservatoire de Musique, rue de Soubise. Une foule immense vient assister à cette fête

Le Dimanche 6 Juin en fin d’après midi, pendant la délibération du jury à la Bourse du Travail, a lieu un concert du cercle Orphéonique de Roubaix. Les prix sont ensuite décernés aux meilleurs chanteurs : dans chaque catégorie, 10 prix sont distribués pour un total de 70.000 Frs.

Concours international de chant ( Nord Eclair Juin 1954 )

Dans les années 60, les temps deviennent plus difficiles ; les jeunes délaissent de plus en plus l’art lyrique et se tournent plus volontiers vers le rock and roll et la musique pop. Mais le C.A.R ne se décourage pas et continue sa tâche : diffuser le chant et la musique, la seule langue connue de tous les peuples.

En 1961, au programme, figure « La Cocarde de Mimi Pinson » et « Les Mousquetaires au Couvent ». En 1966, le Cercle Artistique Roubaisien reçoit 3 000 F de subvention pour mettre en scène « Carmen » de Bizet.

Carmen ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Prosper HOSTE, président honoraire du C.A.R et du cercle symphonique Jean Macé-Pasteur, est nommé chevalier du mérite philanthropique. En mai 1969, le Cercle Artistique Roubaisien remporte le prix du festival international d’art lyrique à Vichy. Au début des années 70, le Cercle Artistique Roubaisien organise une soirée cabaret flamand à l’amicale Pierre de Roubaix, et se distingue en présentant « les cloches de Corneville » au théâtre Pierre de Roubaix. En 1973, nouveau succès pour le C.A.R : « Le pays du sourire » en janvier et « la cocarde de Mimi Pinson » en septembre, une animation sous chapiteau place Carnot en avril, avec des airs de la belle époque. L’année suivante, le Cercle Artistique Roubaisien présente « les mousquetaires au couvent ». Cinq opérettes et pour la première fois un opéra font partie des projets pour la prochaine saison.

La fille du tambour major ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )
Les mousquetaires au couvent ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

Mais malgré les succès des spectacles, les difficultés sont de plus en plus lourdes et s’amoncellent : recrutements difficiles, décors très coûteux, nécessité d’un éventail de costumes impressionnant, problèmes de trésorerie. L’âge d’or est terminé. Le Cercle Artistique Roubaisien aura donné à ce quartier du Pile le titre glorieux de dernier bastion du chant lyrique à Roubaix.

La troupe du CAR en 1978 ( Archives Municipales – Don M Tartare 2017.001 )

.

Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation.

.

Le bijoutier de la Grand Place

Robert Bousquet est né à Paris en 1909. Après ses études, il devient apprenti en horlogerie bijouterie. Il se marie en Juin 1930 avec Ludivine Nys qui est secrétaire sténo dactylo dans un restaurant parisien.

( Document E. Bousquet )

Robert décide de s’installer à son compte. Son épouse étant originaire de Roubaix ( rue du collège ), il ouvre sa bijouterie horlogerie en Février 1932, au 42 rue de la Vigne, dans un petit commerce qui était auparavant le magasin des meubles De Beyne. Le couple Bousquet-Nys choisit son enseigne : Au Carillon.

( Document E. Bousquet )

Robert a le sens du commerce ; il offre le café à tous les visiteurs et n’hésite pas à poser un carillon géant sur son véhicule pour faire de la publicité dans la rue de la Vigne.

( Document E. Bousquet )
( Document E. Bousquet )

En 1946, Ludivine et Robert Bousquet souhaitent déjà développer leur clientèle sur la métropole lilloise et décident donc d’être présents sur un stand à la Foire Commerciale de Lille.

( Document E. Bousquet )

Le savoir faire professionnel de Robert est reconnu de sa clientèle. Les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante, si bien que son jeune frère Henri est appelé en renfort ; il vient l’aider au SAV horlogerie dans la boutique et emménage dans une maison voisine.

Edyth, la fille de Ludivine et de Robert naît en 1952.

( Document coll. priv. )

Avec le développement important de l’activité, la boutique devient trop petite. Robert souhaite acquérir un magasin plus grand si bien que, quand il est informé que le célèbre café de l’Univers se libère sur la Grande Place, il saute sur l’occasion et s’y installe en 1953.


( Document Archives Municipales )

Le magasin est bien sûr installé au rez de chaussée ; au 1° étage sont aménagés le bureau de Robert et les archives comptables ; au 2° étage se trouve l’atelier horlogerie, desservi par un monte charge très pratique.

Robert garde son domicile rue de la Vigne, le temps d’aménager le 1° étage du bâtiment de la Grand Place. Ludivine et Robert y emménageront plus tard en 1957.

( Document E. Bousquet )

Le magasin a une surface de vente de 95 m2, ce qui permet à Robert d’étendre sa gamme d’orfèvrerie et de joaillerie et d’ajouter des articles cadeaux et trophées sportifs. Il développe également le choix en proposant des montres de marques prestigieuses, comme Lip, Tissot, Seiko, Breitling, Omega. Il est dépositaire exclusif des produits Jaeger-LeCoultre, et présente un choix fabuleux de 1000 montres exposées dans ses 15 vitrines !

( Document E. Bousquet )

Les affaires sont prospères. Robert Bousquet investit dans la publicité pour son nouveau magasin : « Le Bijoutier de Roubaix Grande Place » . En 1954, Robert Bousquet reçoit la croix de chevalier de l’ordre du mérite commercial.

( Document E. Bousquet )

Robert aime les automobiles, et en particulier les belles voitures américaines. Sur cette photo, on aperçoit son véhicule stationné en face de son magasin, une Henry J. Kaiser d’une belle couleur bleue.

( Document E. Bousquet )

Il crée le « Club du Haut Commerce de Roubaix » qui regroupe les principaux commerçants du centre ville comme Papillon Bonte, Screpel Pollet, le restaurant Maurice, la coiffeuse Marcelle Duhamel et bien d’autres. Il en devient le président.

( Document E. Bousquet )

Imaginatif, Robert Bousquet créé le concours de l’exactitude, à la fin des années 50. Ce concours, réservé aux écoliers de Roubaix, consiste en une rédaction de textes sur l’exactitude. Très populaire auprès des roubaisiens, il est reconduit d’année en année, de 1956 à 1963. Robert n’hésite pas à distribuer, sur le trottoir de son magasin, des bulletins de participation aux élèves intéressés, et aménage magnifiquement une de ses vitrines pour présenter le concours.

( Document E. Bousquet )

Les lots sont nombreux : une montre en or, un livret de Caisse d’Epargne de 10.000 anciens francs, un voyage pour visiter l’usine Lip à Besançon et y rencontrer M. Fred Lip en personne, un déplacement en hélicoptère de la compagnie Sabena à l’Exposition Universelle de Bruxelles de 1958 et de nombreux autres cadeaux de valeur pour les gagnants suivants.

.

À suivre . . .

.

Remerciements aux Archives Municipales, et à Edyth Bousquet pour son témoignage et la documentation.

.

Des cuisinières à la salle de sports

Une entreprise de chauffage, tôlerie et fumisterie est créée en 1865 par les frères Liagre au 14 Boulevard de Paris. Les ateliers se situent dans la rue parallèle juste derrière, la rue des Loups.

L’entreprise de Georges Liagre fonctionne de façon très satisfaisante et, pour faire face à son développement, elle déménage dans de nouveaux locaux plus grands, au 8 rue Neuve , en 1908.

Georges Liagre est présent à l’Exposition Internationale de Roubaix en 1911. Il présente sur son stand ses fourneaux de cuisine au charbon et au gaz. Il obtient la médaille d’argent du concours de l’exposition. Cela va encore lui amener davantage de clients, si bien qu’il doit penser à nouveau à trouver des locaux plus vastes.

Au début des années 1920 Paul Liagre reprend l’affaire ; il s’installe au 211 rue de Lannoy dans l’ancienne brasserie Delcourt Herbeau. Il créé un magasin de vente au 211 bis.

Il dépose la marque « Enfin » pour ses cuisinières.

La production de fourneaux de cuisine, en tôle émaillée et à revêtements de faïence, continue. Après quelques années d’expansion, l’entreprise est reprise par 3 associés et amis : J. Portié, J. Courouble et M. Fleurbaix en 1950.

Les affaires se développent. En 1957, au vu des problèmes de circulation de la rue de Lannoy et de l’importance du tonnage des camions de livraison, le gérant de la société des cuisinières Enfin, J Portié, décide d’agrandir la porte d’entrée. Les travaux sont confiés aux Ets Buirette, rue Thecles.

Document Archives Municpales

En 1962, la société Deville, de Charleville Méziéres, reprend l’entreprise. Elle est spécialisée dans les appareils de chauffage au mazout ; la « flamme bleue Deville » est une enseigne familière aux yeux des Français. Deville reprend la fabrication des cuisiniéres Enfin au charbon et au gaz, qui viennent donc en complément de leur système de chauffage au fuel.

Deux ans plus tard, en 1964, Deville décide d’investir dans d’importants travaux : la construction d’un atelier, d’un grand hall à charpente métallique qui permet l’évolution à couvert du personnel, des marchandises et des véhicules. Un parking de 20 places et une cour de 68 m2 sont également créés. Ce bâtiment n’est pas visible de la rue ; les voisins de la rue Nabuchodonosor donnent leur accord pour la construction. Les Ets Browaeys, 14 rue Boucicaut sont chargés des travaux.

Document Archives Municipales

Les photos suivantes nous présentent le site avant et après les travaux.

Documents IGN 1953 et Google Maps

En 1982, des travaux d’embellissement sont réalisés : ravalement de façade avec peinture extérieure et pose d’une enseigne Deville.

Document Archives Municpales

A la fin des années 1980, la production des cuisinières est stoppée. Il ne reste plus à Roubaix qu’un dépôt, et en 1990 Deville ferme ses portes.

En 1996, la ville rachète le bâtiment. Les locaux en façade, rue de Lannoy, deviennent des bureaux.

Photo BT

L’immense hall de 1200 m2 devient une salle de sports avec entrée rue Nabuchodonosor. Cette salle de sports s’appelle « Salle Deville ». Plusieurs disciplines y sont pratiquées : sports de combat et sports collectifs dont basket, futsal et badminton.

Photo BT

Dix ans plus tard, en 2016, la salle de sports Deville, dont le revêtement est très dégradé, dit adieu aux sports collectifs ( murs trop proches du terrain de jeu, revêtement très dégradé, hauteur de toit non conforme aux normes, etc . . . ).

Aux yeux de la municipalité roubaisienne, la pratique des sports collectifs et du badminton n’est plus du tout adaptée à ce qu’est devenue au fil du temps la salle Deville ; elle va être transformée pour accueillir uniquement des sports de combat.

Le terrain qui était réservé aux sports collectifs est recouvert de tatamis, pour accueillir les clubs de boxe thaï, de kick-boxing, de self défense, de lutte, de judo, et de musculation. La salle reçoit également les écoliers pour les activités péri scolaires.

Photo BT

La salle Deville est dirigée par Jacques Aspeel qui est aussi responsable des activités de boxe.

Ces disciplines ont un franc succès dans le quartier, comme de manière générale à Roubaix. Tous les soirs, la salle est bondée et les sports de combat servent d’exutoire à la jeunesse.

Remerciements aux Archives Municipales pour la documentation, à Jean François Portié et à Jacques Aspeel pour leur témoignage.

Les documents non légendés proviennent de collections privées.