Il y a des personnes dont le parcours de vie a pu marquer la mémoire d’une ville. C’est le cas de Paul Jacobs. Né en 1873 à Château l’abbaye, une petite commune du valenciennois, Paul Jacobs vient s’installer à Roubaix où il exerce la profession de menuisier. Il se marie le 6 février 1907 avec Alphonsine Poulin et il est alors à la tête d’une fabrique de machines à lessiver et tonneaux mécaniques qui se trouve basée au n°298 du boulevard Beaurepaire.
Il vient ensuite s’installer à Wattrelos et poursuit la fabrication de ses machines à laver. Il sera l’inventeur de la lessiveuse La Merveilleuse. À la naissance de son fils Paul le 9 septembre 1910 il est encore menuisier et domicilié 236 rue Carnot, de même à la naissance de son deuxième fils Georges le 13 août 1912, et à la naissance de sa fille Lucienne en 1913.
Après la première guerre mondiale, il est démobilisé en 1919. Le 22 décembre, le Journal de Roubaix annonce par une simple ligne la réouverture du Cinéma du Laboureur, matinée dimanche à 2 heures et soirée à six heures. Programme nouveau. Cette salle a donc été créée par Paul Jacobs avant la guerre, au n°236 de la rue Carnot. Le programme du cinéma du Laboureur de l’époque alterne des films patriotiques, des images d’actualité et des programmes plus divertissants. Cinéma du Laboureur, Wattrelos. Mercredi et jeudi matinée à 2 heures, soirée mercredi à 6 h. Programme français : Le héros de 1918, Ne touchez pas au drapeau. Et d’autres vues nouvelles.
Le succès rencontré l’amène à augmenter le nombre de ses séances. Matinée dimanche, lundi, jeudi à 2 heures, soirée dimanche à 6 h. Programme français : Kit ou l’homme qui est resté chez lui, grand drame d’espionnage Mourir pour la Patrie et d’autres vues très intéressantes. Le 12 janvier : grandes séances de cinéma : Guerre de 1870-1871 ; Jacques l’honneur ; l’Entrée de MM. Clemenceau et Poincaré à Strasbourg et d’autres films nouveaux. Matinée à 2 h les dimanche, lundi, jeudi. En soirée le dimanche à 6 h. Programme français. Toutes les soirées de la semaine magnifique programme anglais.
En 1926, il ne s’agit plus simplement de cinéma. La publicité dans le journal indique : Cinéma-Bal. Il y a donc toujours des séances de cinéma mais également un grand bal animé par deux orchestres. Car Paul Jacobs aimait le cinéma, le chant et le théâtre. Il a d’ailleurs longtemps fait partie du faisait partie du Choral Nadaud dont il fut un premier baryton1. C’est l’époque où l’on développe de véritables lieux de loisirs, les plus célèbres étant le Fresnoy de le Colisée de M. Deconninck et le Casino de M. Gheldorf. Paul Jacobs fit ainsi de son établissement un endroit très couru à Wattrelos, il fut le premier avant que d’autres suivent son exemple le Pax rue St Joseph, la salle de la Concorde rue de Lisieux.
Le Ciné Bal Jacobs fit donc les beaux jours du Laboureur par l’organisation de fêtes et d’un grand bal permanent avec des séances de cinéma toujours variées. Il suivit la tendance au moment de l’arrivée du cinéma parlant en s’équipant pour l’occasion.
Dans les années trente, on parle du Dancing Jacobs avec bal le dimanche et séances de cinéma dans une salle bien chauffée. Le Bal Jacobs à Wattrelos vantait sa piste, son ciné et son orchestre !
En 1940, signe des temps, le ciné bal Jacobs devient le Dancing Ciné Métro, avec les mêmes ingrédients de spectacle. La guerre interrompra les séances et sonnera le glas du cinéma. Un supermarché prendra la suite. Paul Jacobs nous a quittés en mars 1955.
On lira la suite de l’histoire avec l’article intitulé le Supermarché du Laboureur
1D’après Nord Éclair