Cinéma Noël

A l’origine, le 76 rue Jouffroy à Roubaix, est un estaminet doté d’une grande salle pour noces et banquets, une bourloire comme il en existe beaucoup dans la ville à la fin des années 1890. En 1907, le cabaretier Théodore Delbart est le premier à organiser des projections cinématographiques. Ce sont vraiment les premiers balbutiements du cinéma :

les sièges sont en bois et inconfortables, l’électricité est fournie par un moteur à gaz qui fait vibrer toute la salle. . . Son successeur Noël Deboever poursuit l’activité dans les années 1910 et donne son prénom « Noël » au cinéma.

Au début des années 1920, G. Leleu reprend l’établissement qui devient le « Modern Cinéma Noël ». Il gère déjà deux cinémas roubaisiens : celui de la rue de l’Alma et celui de la rue Lacroix. A son décés, dans les années 1930, sa veuve continue l’activité.

document collection privée

Après la seconde guerre mondiale, Julien Colleit devient directeur du cinéma. Une visite de la commission de sécurité l’autorise à poursuivre son exploitation à la condition qu’il fasse les travaux nécessaires et importants pour la mise en conformité. Julien Colleit, conscient que la sécurité passe avant tout, s’exécute et, de plus, profite de l’occasion pour agrandir son établissement. L’architecte Edouard Lardillier à Paris est chargé du dossier et dresse les plans.

Doc 3

documents archives municipales

En 1949, le cinéma est donc agrandi, élargi et refait à neuf. Toutes les normes de sécurité sont respectées conformément à la notification préfectorale. En 1950, après 3 mois de travaux, le cinéma ouvre à nouveau, et reprend le nom de cinéma Noël. C’est une salle familiale et conviviale.

Cinéma Noël ( document collection privée )

Le cinéma « Noël » est magnifique. C’est la plus intime des salles de spectacle de la ville, qui a comme préoccupation essentielle, d’offrir au juste prix, des spectacles suceptibles de satisfaire les plus difficiles et les plus exigeants.

973 fauteuils ( 790 sièges en orchestre et 183 au balcon ) sont disponibles pour les clients qui bénéficient de spectacles de haute qualité, d’une ambiance et d’un confort auquel la Direction a attaché beaucoup de soins.

La façade est très sobre et harmonieuse et attire de loin le regard. Les portes laquées blanc sont encadrées de colonnes en marbrite noire du plus gracieux effet décoratif.

la façade ( document collection privée )

Le hall d’entrée est coquet, spacieux et parfaitement aménagé. Une cabine vitrée de délivrance des billets se trouve au milieu du hall et permet un service accéléré et une attente réduite. A gauche, un large escalier méne au bar du sous-sol.

Le hall d’entrée ( document collection privée )

La salle de spectacle est magnifique, de couleur rouge et ocre. Une moquette épaisse et confortable, qui court tout le long des allées, étouffe le bruit des pas. Deux gigantesques appliques modernes posées sur les murs latéraux font rayonner une lumlière reposante. Les fauteuils très confortables sont garnis de velours rouge. Les rangées entre les sièges permettent aux spectateurs d’allonger les jambes. Des sorties de secours permettent d’évacuer rapidement la salle en cas d’urgence.

A l’étage, le balcon offre une vue d’ensemble, compléte et plongeante. Le confort des places de « la corbeille » est identique à celles de « l’orchestre ».

Vue de la scène ( document collection privée )
Vue de la corbeille ( document collection privée )

Au sous sol, le bar de forme elliptique propose des boissons fraîches, des crèmes glacées, des confiseries ainsi qu’une gamme variée de bonbons et chocolats. Des vitrines publicitaires entourent la salle.

En 1955, la direction investit à nouveau, pour que le cinéma Noël devienne un temple dédié au septième art. La salle est désormais équipée en Cinémascope. Un écran Walker de 70 m2 remplace le vieil écran panoramique. Cet écran est fait d’une seule pièce sans couture ni soudure. C’est un véritable tour de force technique. Quatre pistes sonores indispensables permettent de créer le son stéréophonique. Tous les derniers perfectionnements techniques sont installés : de quoi satisfaire complétement l’amateur de beaux spectacles.

document Nord Eclair

Peu de temps après, en 1958, Agnès Colleit Buht céde le cinéma à la société Gheldof et Ligeron du groupe du Casino de Roubaix. En 1960, le cinéma Noël devient « le Flandre ». En 1976, le cinéma se trouve sous la direction de Mme Raymonde Gheldof.

document Nord Eclair

Malheureusement, le 5 décembre 1979, le cinéma « le Flandre » ferme définitivement ses portes, comme de nombreux cinémas de quartier roubaisiens. Pendant toute la décennie des années 1980 et le début des années 1990, le cinéma va rester à l’abandon. Le site va devenir un dépotoire, un terrain de jeux pour les gosses du quartier. Le bâtiment va être squatté et les façades extérieures murées vont servir de panneaux d’affichage.

documents Nord Eclair

Le 25 Octobre 1996, la CUDL, Communauté Urbaine de Lille, demande le permis de démolir le cinéma pour raison de vétusté.

Le cinéma en 1996 à l’angle de la rue Jouffroy et de la rue Rocroi ( document archives municipales )
Le cinéma à l’angle de la rue Rocroi et de la rue de Maubeuge ( document archives municipales )

A la place de l’ancien cinéma Le Flandre, se construisent ensuite quelques logements sociaux : la résidence Maubeuge Rocroi. Il ne reste alors plus aucune trace de ce lieu de spectacle longtemps emblématique de Roubaix.

Photo BT

Remerciements à Philippe Waret et Alain Chopin ainsi qu’aux archives municipales

Un cinéma à Leers

Du temps de la longue rue, Henri Messian et Jeanne Tailliez tiennent l’estaminet au n°21. Henri est directeur du cinéma à la même adresse en 1906, selon les listes du recensement. En 1931, c’est Martial Messian qui est mentionné directeur du cinéma, son père Henri restant cafetier. Martial est alors âgé de 26 ans. En 1936, Les époux Léorini ont pris en gérance le café et le cinéma au 21 de la rue Joseph Leroy à Leers.

L’estaminet et le cinéma du Triangle doc Leers Historique

Pendant la guerre M. Léorini fit partie du train de Loos et fut déporté. Parti à 96 kilos, il revint pesant à peine 43 kilos suite au passage dans les camps de la mort, au travail forcé, aux coups et blessures, aux longues marches. Il est revenu squelettique et méconnaissable, à deux doigts de la mort. De ce fait, il a reçu la médaille de la reconnaissance française. Le cinéma devient le Réal Ciné.

M. et Mme Léorini doc NE

En 1946, le cinéma fonctionne à nouveau avec le couple Léorini, ce sont de braves gens qui ont recueilli un jeune réfugié belge qui retrouvera sa famille après la guerre. Le tenancier du cinéma a reçu le titre de citoyen d’honneur de la cité car il n’a jamais refusé, comme sa femme d’ailleurs, de mettre sa salle gratuitement à la disposition des groupements aux buts d’entraide.

La salle de cinéma sert donc également à des réunions mais aussi à des spectacles de théâtre, ainsi le groupe lyrique des amicales laïques s’y est produit maintes fois. En mai 1951, y est organisé le gala de Miss Leers dont l’élection fut précédée par un bal animé par l’orchestre des gardiens de la paix de Lille. Après quelques heures de musique et de danse, on départagea les onze concurrentes toutes bien jolies. Jean Rémy de Radio Lorraine animait la cérémonie. Les gardiens de la Paix de Lille firent office de jury neutre pour départager les deux concurrentes les plus en vue. Ce fut finalement Melle Régine Dupont 16 ans, domiciliée 50 Gibraltar droite qui fut élue. Elle reçut de nombreux cadeaux et notamment un voyage à l’île de Walcheren aux Pays Bas. Elle doit participer à la finale de Miss Nord le 24 novembre à Lille.

Régine Dupont Miss Leers 1951

La fête ne s’arrête pas là. Le cinéma Léorini devient le cadre de l’émission « on recherche des vedettes de la chanson ». Onze candidats se présentent dont six sont retenus. Il s’agit de Maurice Wostyn, Edith Renard, Michèle Poclet, Paul Jeandel, Michel Meurisse, Théophile Dejardin qui furent tous récompensés par des cadeaux offerts par les commerçants, que l’Association des vieux travailleurs remercia bien sincèrement.

Sources Leers Historique « Les estaminets leersois », le Journal de Roubaix, Nord éclair.

Le cinéma Pax

La Fédération des loisirs familiaux fait construire un cinéma au milieu de la rue Saint Joseph, en mars 1933. On peut déjà admirer l’imposante façade de cet établissement moderne, l’un des plus beaux et des plus vastes de la région. Il pourra contenir 1.200 personnes. Les travaux doivent être terminés pour Pâques.

Le cinéma Pax en construction mars 1933 doc JdeRx

La Fédération des loisirs familiaux, dont le siège social est au 130 de la rue du Blanc-Seau à Tourcoing, et dont l’administration se trouve au 214 Grand Rue à Roubaix, estime que trop souvent les entreprises de divertissement contribuent à la décadence des mœurs et servent de propagande aux idées les plus subversives. Elle se donne pour but d’offrir des distractions et des spectacles attrayants et modernes tout en demeurant sains et honnêtes. Elle ne veut pas laisser le monopole des entreprises de divertissement à ceux qui en font un usage néfaste. Aussi se propose-t-elle de créer et de gérer des cafés, salles de consommation et de jeux populaires, cinémas, bibliothèques. Elle organise également des excursions, voyages et villégiatures1

Une des premières séances du Pax en 1933 doc JdeRx

De fait le cinéma Pax va ouvrir ses portes le samedi 29 avril 1933. On termine actuellement l’aménagement intérieur et les spectateurs pourront bientôt admirer cette magnifique salle spécialement étudiée pour satisfaire les exigences de l’art, du confort et du spectacle. Les premiers terrassements ont été effectués en novembre 1932, et en moins de six mois une nouvelle salle de cinéma est apparue, un véritable tour de force. Avec le concours de M. Desplanque, architecte à Roubaix, la direction du cinéma s’est efforcée de s’adapter à la technique toute nouvelle du « parlant ». La décoration intérieure est de style moderne, d’une extrême simplicité de ligne, mais d’un aspect imposant rappelant le Gaumont Palace, une des plus belles et des plus vastes salles de Paris. Mille spectateurs s’y trouveront à l’aise dans d’excellents fauteuils réservés à des prix très modiques. C’est donc un grand succès en perspective pour le Pax. Cette salle de cinéma ambitionne d’apporter à toute la population laborieuse de Wattrelos quelques distractions, un peu de repos et de paix au milieu des soucis et des difficultés de l’existence.

L’intérieur du cinéma Brochure Loisirs familiaux

La direction du Pax n’a pas hésité à faire appel aux maisons les mieux qualifiées de la région. Ainsi les établissements Augustin Masquilier fils de Tourcoing se sont vus confier l’entreprise générale de cet imposant immeuble. La charpente métallique et les travaux de ferronnerie ont fait l’objet de tous les soins des établissements Goethals et Cie rue d’Angleterre à Tourcoing. Les travaux de plâtre et de staff ont été réalisés par la Maison Louis Allard fils rue Notre Dame à Roubaix. L’installation du chauffage a été faite par la maison Georges Blomme rue de Rohan à Roubaix, qui a installé un système de chauffage par groupe aéro-calorigène avec humidification de l’air. Cet appareil pourra donc servir l’été pour la ventilation et le renouvellement de l’air. La Maison Decoulange et Julien 83 Grand Rue à Roubaix s’est chargée de l’équipement en électricité du cinéma. La salle bénéficie d’un éclairage indirect du plus heureux effet s’accordant bien avec le style moderne de la décoration.

On pourra se procurer des tickets d’entrée aux pris de 3 frs, 4 frs, 5 frs et 7 frs. La première représentation a lieu le samedi 29 avril à 19 heures 30. Le dimanche les séances seront données à 15 heures et 18 h 30. On pourra y voir toutes les belles productions de l’art cinématographique, chefs d’oeuvre émouvants et comiques, avec les meilleurs artistes du monde. La population wattrelosienne s’est rendue en nombre à cette première séance et assista à un grand programme réunissant Noël Noël, Tramel, Pauley et Dréan.

Le cinéma Pax aujourd’hui n’est plus un cinéma doc google maps

Le cinéma Pax sera le fleuron de cette fédération, qui gérera également les cinémas du Foyer Populaire à Linselles, le Cinéma Roncquois, le Cinéma Rex 214 Grand Rue à Roubaix et un certain nombre de cafés.

1Extrait d’une brochure de présentation de la Fédération des Loisirs familiaux, société anonyme à capital variable.

La Salle de la Concorde

Le dimanche 5 février 1933, le vicaire général Dewailly chancelier de l’évêché, vient bénir solennellement la nouvelle construction bâtie à proximité de l’église Sainte Thérèse à Wattrelos, qu’on désignera sous le nom symbolique de La Concorde. Le syndicat de formation et d’instruction professionnelle qui l’a fait construire souhaite que tout se passe dans ce nouvel établissement au milieu de l’amitié et de la paix. Il s’agit de la salle des œuvres paroissiales de l’église Ste Thérèse dont le besoin s’est rapidement fait sentir avec le développement de la paroisse.

L’église Sainte Thérèse de Wattrelos Coll. Particulière

Le rez-de-chaussée est occupé aux trois quarts par une salle de spectacle spacieuse garnie de fauteuils basculants qui pourra contenir 600 personnes sans parler des nombreuses places comprises dans la tribune en arrière de la salle. Dans le fond de cette salle de spectacle qui à l’avenir pourra recevoir l’appoint d’un second étage, est aménagé un café et tout à côté, près de l’entrée, une pièce plus petite qui sera destinée au secrétariat social et à la location des places. Au premier étage, au dessus du café, une salle ayant les mêmes proportions que celles du café servira de lieu de réunion des groupes de la Fédération Nationale Catholique, de la Ligue Patriotique, du cercle d’études sociales, des scouts, des œuvres de la couture. Deux cours plantées d’arbres donnent accès à l’immeuble, l’une par la rue de Lisieux, et l’autre par la rue du Commandant Bossut.

La salle de la Concorde en 1933 doc JdeRx

Tous ces travaux, excepté le chauffage, ont été réalisés par des maisons wattrelosiennes. M. Herbaut l’architecte 85 rue Carnot, a dirigé l’exécution de tous ces travaux. Le terrassement, la maçonnerie et le ciment age ont été l’œuvre de M. Henri Puttman 118 rue Jean-Jaurés. Les travaux de charpente et de menuiserie furent menés à bien par MM. Matthys et Martin, 1 rue sainte Thérèse. Le plafonnage a été confié à M. François Vankinkelen 4 rue du Moulin. Les pierres de taille furent installées par MM. Hanot frères, rue de Leers,. M. Georges Joveneaux rue Faidherbe installa la ferronnerie et la plomberie ainsi que la pompe à bière. Il livra également une grande cuisinière pour banquets. L’installation du chauffage a été confiée à la maison Le Morvan et Stiernet les spécialistes bien connus du 18 rue Pellart à Roubaix.

La bénédiction de la nouvelle salle La Concorde eut lieu le dimanche matin en présence du vicaire général. Une messe fut célébrée à 10 heures et la Chorale Paroissiale interpréta la messe de Guignard sous la direction de M. Vercruysse avec à l’orgue Mme Gourmez. Puis M. le curé prononça le sermon du jour. À l’issue de la cérémonie religieuse, le vicaire général, le curé plusieurs ecclésiastiques et les membres du conseil paroissial montèrent sur la scène. M. Tiers président du conseil paroissial dit la nécessité de la construction de cet immeuble pour abriter les différentes œuvres paroissiales. Il remercia les souscripteurs, les paroissiens et tous ceux qui concoururent à son érection. Monsieur le vicaire général exprima son admiration pour l’œuvre accomplie et forma des vœux pour sa prospérité. Il procéda ensuite à la bénédiction des différents locaux.

Concert d’inauguration doc JdeRx

Pour l’inauguration de la salle La Concorde le dimanche 12 février, un concert de gala est organisé. Les Wattrelosiens auront la primeur de la représentation de l’opérette « Un mariage au studio », dont le livret a été écrit par le poète-chansonnier bien connu, M. Bodart-Timal. Le compositeur wattrelosien Albert Doyen a écrit l’orchestration de cette œuvre. La musique est plaisante et bien appropriée au texte. Beaucoup d’airs entendus au cours de la représentation de cette œuvre resteront au répertoire. L’exécution de cette pièce a été confiée à la Troupe Henri Portier, à la Chorale Ste Thérèse et à la Symphonie Wattrelosienne. Un groupe d’enfants viendra agrémenter le spectacle, ce qui fera environ 80 personnes en scène et à l’orchestre. Le compositeur dirigera lui-même l’exécution. Un grand moment pour les annales artistiques wattrelosiennes. Une deuxième représentation eut lieu le dimanche 19 février 1933. Le 12 mars, la Salle de la Concorde inaugure sa fonction cinéma, avec la projection du film « La Grande Amie » en huit parties d’après le roman de Pierre l’Ermite. Les 4 et 5 juin c’est une foire aux plaisirs qui est organisée à la Concorde, café concert, restauration, de quoi satisfaire tous les goûts. La salle de la Concorde bientôt appelée Théâtre de la Concorde au n°2 rue de Lisieux devient donc un endroit culturel important du quartier du Laboureur et de de Wattrelos avec notamment sa programmation régulière de pièces de théâtre.

Le Théâtre de la Concorde doc JdeRx

1970 le centre commercial en chantier

L’opération Édouard Anseele c’est quinze ans de travail : 13 hectares à dénuder, 1.800 logements insalubres à détruire, 4.000 personnes à reloger, 240 commerces à exproprier. Puis une infrastructure à refaire de fond en comble, 1.700 logements à construire, un parking souterrain de 1250 places, un centre commercial de 80 magasin, un groupe scolaire, une salle des sports de 900 places et un foyer de vieillards (pour le 3e âge) à édifier. Le tout est situé à proximité immédiate du centre ville. Les promoteurs ont souhaité arrêter l’inquiétante évasion du pouvoir d’achat des roubaisiens vers l’extérieur (Lille, Belgique). Le parking de 1.250 places reste un atout important.

La galerie en construction Photo NE

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La toiture du cinéma Lacroix

Le cinéma Lacroix se trouve au 66-68 dans la rue du même nom, à l’angle de la rue Montaigne. L’établissement existe depuis de très nombreuses années. A. Leleu était le gérant dans les années 1910, sous l’enseigne Royal Leleu, puis ce fut R. Feys avec l’enseigne Royal Lacroix.

Façade du cinéma rue Lacroix ( document archives municipales )

Dans les années 1970, le cinéma de la rue Lacroix est toujours présent. Pendant toutes ces années, de nombreuses transformations ont été nécessaires pour le rénover.

Mais, en Juin 1972, la toiture du cinéma s’effondre, deux heures avant la séance de 20h30 du samedi, au cours de laquelle on devait passer le film : « Le temps des vautours ». Fort heureusement, personne ne se trouvait à l’intérieur de la salle !

document Nord Eclair

Les riverains ont entendu un grondement de tonnerre, et, en sortant de chez eux, ont constaté un énorme nuage de poussière. Les pompiers arrivés sur place font tomber les briques, les restes de charpente et les tuiles qui menacent encore de chuter. La police boucle le quartier et ferme la rue Lacroix, le temps que la communauté urbaine déblaye les gravats.

La façade de la rue Montaigne ( document Nord Eclair )

La toiture était certes vétuste ; le directeur Georges Feys avait déjà entrepris certains travaux de réparation, mais les habitants du quartier estiment que le passage incessant des camions, dans la rue Lacroix est à l’origine des vibrations ressenties dans toutes le vieilles bâtisses du quartier, et en particulier les camions de démolition de l’église du Sacré-Coeur toute proche.

Quoi qu’il en soit, le cinéma est désormais fermé.

Le 4 Août 1972, l’architecte Pierre Charlet dépose un permis de construire, pour la rénovation de la partie de la toiture qui s’est effondrée.

Les travaux démarrent rapidement en Août. La toiture est réparée fin Septembre, et le cinéma peut ré-ouvrir au début du mois d’Octobre.

document collection privée

Malheureusement, comme de nombreux cinémas de quartier, le Royal Lacroix subit une baisse importante de fréquentation et ferme définitivement ses portes quelques années plus tard.

le bâtiment en 1987 ( document archives municipales )

Remerciements aux archives municipales.

Un cinéma disparu : le Casino.

C’est une histoire du siècle dernier. En effet, le Casino commença sa carrière dès le début du XXe siècle. Ancien entrepôt reconverti en salle de danse et divertissements variés, le Casino Palace connut la mode du skating ou patin à roulettes, puis le cinématographe que son directeur de l’époque, Édouard Montignies, propose à partir de 1912.

L’entrée du Casino d’autrefois, 50 Grand Rue doc BNRx

Après la première guerre, le Casino devient le cinéma des armées pour un temps, avant de redevenir un lieu de divertissements, un peu comme un Fresnoy de centre ville. La création du Colisée en 1927 le pousse à devenir une vraie salle de cinéma, après un détour par le cirque, souhaité par son directeur de l’époque M. Pico. Casino et Colisée se livrent alors à une concurrence acharnée.

L’intérieur du Casino doc BNRx

M. Scève est le directeur après la seconde guerre, puis M. Gheldof prend sa suite et organise tout un circuit de salles qui sera dirigé par M. Paul Maes. Le 4 mai 1978, c’est la dernière séance du Casino, divisé en sept petites salles il devient le Club 7. Racheté en 1985 par M. Crombet, il devient les Arcades et ferme définitivement ses portes le 14 octobre 1998.

L’entrée du Casino 12 Place de la Liberté doc coll particulière

Le Casino eut comme particularité d’avoir deux accès, l’un au 50 de la Grand Rue et l’autre, au 12 Place de la Liberté, d’abord identifié comme bar du Casino Palace mais qui deviendra une entrée à part entière, correspondant mieux du point de vue de la sécurité à l’accès et la sortie des spectateurs, ainsi qu’au déroulement des animations diverses organisées par le cinéma (les trois mousquetaires, en chair et en os par exemple.)

Sources : les cinémas de Roubaix par Alain Chopin et Philippe Waret, presse locale

 

 

Qu’est devenu le cinéma Familia ?

En 1926, Gaston Isorez ouvre son cinéma « Le Familia », rue David d’Angers, dans le quartier du Nouveau Roubaix en pleine construction. C’est à la fois un cinéma, une salle des fêtes, une salle de bal du dimanche. Dans les années 1930, les H.B.M. Habitations à Bon Marché amènent une population dense dans ce nouveau quartier populaire. Joseph Rigamensi prend la direction de l’établissement.

document Nord Éclair

En 1944, le nouveau directeur, M. Dhollander, rénove cette salle des fêtes qui devient alors un véritable cinéma, respectueux des consignes strictes de sécurité. Les années 1950 -1960 sont propices au développement des cinémas de quartier, mais les années 1970 sont beaucoup plus difficiles, à cause de l’apparition de la télévision dans les foyers. Le cinéma Le Familia ferme ses portes au début des années 1980.

Le Familia à la fin des années 1970 ( document Archives Municipales )

En 1983, les trois frères Castelain (François-Xavier, Jean-Bruno et Pierre-Damien), passionnés de musique, décident de créer un nouveau concept branché, un espace-rencontres à Roubaix : le café-restaurant-spectacle. Ils reprennent le cinéma Familia, rue David d’Angers, fermé depuis peu de temps. L’architecte Jean Marie Dillies, à Villeneuve d’Ascq, est chargé de faire réaliser les travaux qui démarrent en Avril 1983, et, en particulier, la rénovation de la façade.

La façade, avant et après ( documents Archives Municipales )
François-Xavier Castelain lors des travaux ( document Nord Éclair )

Dans un premier temps, le 1er Septembre 1983, le café ouvre tous les soirs. Un mois plus tard, le 1er Octobre, c’est l’inauguration officielle avec un premier spectacle à l’affiche, et à partir du lundi 3 Octobre, le restaurant ouvre tous les midis. La proximité d’entreprises importantes du boulevard de Fourmies permet d’envisager un développement conséquent de l’activité restauration. L’enseigne choisie est : Côté Jardin.

( document Nord Eclair )
Côté Jardin ( document Archives Municipales )

Le projet est ambitieux, les frères Castelain très motivés, l’accueil sympathique, mais le succès n’est pas au rendez-vous : Côté Jardin ferme ses portes définitivement quelques temps plus tard. Le bâtiment reste inoccupé un certain temps, puis, en 2005, Kamel Kamli reprend le bâtiment et dépose une demande de permis de construire pour le maintien d’une surface commerciale au rez de chaussée, et la construction de 4 logements à l’étage, en duplex, avec pose de Velux sur le toit.

( document Archives Municipales )

La façade atypique est conservée et repeinte ; les menuiseries sont en PVC bleu foncé. 4 places de parking couvertes sont prévues. Le résultat est magnifique ; la bonne réalisation des travaux de ravalement de façade incite d’ailleurs la municipalité à accorder une subvention conséquente.

( document Archives Municipales )
Photo BT 2020

Remerciements aux Archives Municipales, et à Alain Chopin et Philippe Waret pour leur livre : Les cinémas de Roubaix.

Un morceau de rue disparaît

Mai 1999, l’annonce paraît dans les journaux, on va amputer un morceau de Grand Rue, celui qui fermait le rectangle de la place de la liberté à partir de la rue Jean Monnet (ex rue Pauvrée). De l’autre côté du trotttoir c’était autrefois le magasin Nord et Loire qui a disparu (entre autres) pour laisser place à l’entrée de l’ensemble Géant Casino. On va prépare maintenant s’attaquer à la suite de l’alignement des magasins existants pour l’arrivée d’un nouveau cinéma, à ce moment prévu le complexe australien Village Road Show.

Quels sont les immeubles qui vont être abattus ? Il s’agit des n° 43 au 51, des commerces plus que centenaires. Ainsi le n°43 fut-il longtemps un café tenu par M. Vanongeval puis après la seconde guerre, sous l’enseigne « Au Forgeron » par Jules Prez, professeur de musique. C’était aussi le siège des transports en commun Lebas et Dumont et du Trait d’Union Messagers au début des années soixante. Les chaussures Sam viennent s’y installer en 1968 et s’y trouvent encore au moment de la démolition.

Le magasin de chaussures Sam au n°43 Coll particulière

Le n°45 était la célèbre chemiserie de la famille Hamard, à l’enseigne des « Cent mille cravates ». Depuis les années soixante dix, le magasin était occupé par les Tricots Nord Maille.

Les cent mille cravates au n°45 Coll Particulière

Le n°47 a toujours été occupé par un bijoutier, M. Masquelier auquel succéde M. Meurisse à la fin des années soixante. Le n°49 fut longtemps l’échoppe d’un tailleur M Verhelle, puis M. Leroy-Verhelle, avant de laisser la place à la maroquinerie « Au cuir de France », au début des années soixante dix.

Vue aérienne des premiers numéros Photo NE

Le 49bis, c’était la célèbre bijouterie de M Fourgous, « au Coeur d’or », auquel succède M. Daraut. Puis le magasin Lano, confections hommes, s’y installe, tout droit venu de la rue de Lannoy au moment de sa démolition en 1964. Le photographe Bourgeois prendra la suite pendant les années quatre-vingts, venant de la rue Pauvrée. Il se réinstallera par la suite dans la Grand Rue, un peu plus haut, au n°33.

La bijouterie Fourgous, au cœur d’or Coll Particulière

Depuis les années vingt, on pouvait trouver au 49ter les Galeries Ste Anne, mercerie, soieries, tricots. En 1979 l’Office du tourisme y fait un passage avant de s’installer dans l’ancienne entrée du cinéma Casino place de la liberté. Dans les derniers temps, on y trouve Abrinor, une agence immobilière.

Les Galeries Saint Anne au n°49 Coll Particulière

Le n°51 était occupé par les tissus Lesur, puis Massard. Le fabricant de matelas et de literie Cheval vient s’adjoindre aux négociants, en même temps que les jardins populaires de Roubaix.

Vue des derniers bâtiments à démolir Coll Particulière

Le n°53 échappera aux démolitions, c’est un café tenu par Georges Desmytter, qui porte au moment de la démolition l’enseigne des Olympiades.

Les olympiades, le café survivant Coll Particulière

L’ensemble de ces bâtiments disparaît en 1999. C’est en 2004 que s’ouvre le Duplexe, des œuvres de Michel Vermoesen et Daniel Najberg, célébrant le retour du cinéma dans une ville qui en était privée depuis 1986.

Le Duplexe Vue Google Maps

Une brasserie, un cinéma, une teinturerie.

La rue Copernic commence rue Jules Guesde pour se terminer rue de Leuze. Sa longueur est de 130 mètres sur une largeur de 12 mètres. Elle fut classée dans le réseau urbain le 29 décembre 1905. En 1909 on avait construit à l’angle de la rue du Tilleul (devenue rue Jules Guesde), une maison à usage d’estaminet avec salle de concerts. Plus tard ce fut un cinéma, le Studio 47. A l’occasion d’une visite sur place, Daniel Najberg nous fit remarquer ce que seul son coup d’œil de passionné du cinéma aurait pu voir : la cabine du projectionniste était encore en place et visible de la rue.

La cabine de projection de l'ancien cinéma
La cabine de projection de l’ancien cinéma

En 1903, on avait bâti 17 maisons dont 5 en front à rue et 12 en courée constituant la cité Raux-Penet du nom de son propriétaire. Si la courée a disparu, son entrée subsiste fortement transformée au n°5. Avant même que la rue Copernic soit véritablement créée, on y trouvait déjà la Brasserie Coopérative « Union de Saint Amand » fondée le 29 octobre 1898 qui comptait 1.300 adhérents en 1915. Cette coopérative cessa son activité avant 1940.

Carton et action de la brasserie St Amand Coll Particulière
Carton et action de la brasserie St Amand Coll Particulière

Les bâtiments de la brasserie furent rachetés par la Teinturerie du Pile, laquelle se trouvait déjà rue de Condé depuis 1935. Les deux associés Achille Beghin, et Henri Descamps rachètent donc la brasserie pour étendre leurs activités. Différents travaux y furent exécutés, en particulier en 1946 quand on y éleva une cheminée haute de 30 mètres, pour remplacer la précédente plus modeste qui avait été détruite durant l’occupation.

La cheminée de la teinturerie doc AmRx
La cheminée de la teinturerie doc AmRx

La teinturerie du Pile devient vite une référence de la teinture en écheveaux. L’entreprise a pour clients le tissage Craye (l’actuelle Manufacture), Bergère du Nord, Phildar. René Béghin reprend l’affaire et la production progresse de 3 tonnes de fil par jour à 14 tonnes. En 1988, l’usine dépose le bilan, pour fermer définitivement en 1991. L’usine est cédée au franc symbolique à la Ville. En l’an 2000, on décide de raser le bâtiment et les deux cheminées les plus récentes. La plus ancienne subsistera comme la trace de l’industrie dans le quartier.

La rue Copernic aujourd'hui Vue google maps
La rue Copernic aujourd’hui Vue google maps

Que fera-on de l’espace ainsi dégagé ? La réponse se trouve probablement dans le Programme Métropolitain de Requalification des Quartiers Anciens Dégradés dans lequel on retrouve le quartier du Pile à Roubaix et celui du Crétinier à Wattrelos.

Sources

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs

Article Voix du Nord

Série permis de construire Archives Municipales

http://www.lafabriquedesquartiers.fr