Le Café Les Tuileries Photo Nord Éclair
En janvier 1970, l’ouverture du café « aux tuileries », au rez-de-chaussée de l’os à moelle semble être le signe annonciateur du retour des commerces dans la zone du bloc Anseele. Ce café vaste et moderne, situé rue Winston Churchill, présente des luminaires publicitaires, de larges baies vitrées, un bar élégant avec des petites lampes rouges, une grande salle de réunion. Il faudra cependant attendre deux ans encore pour l’ouverture du centre commercial.
Août 1970, Roubaix est donc une ville test, un champ privilégié pour les opérations de rénovation urbaine et de résorption de l’habitat insalubre. La perspective historique est rappelée par le journaliste, loi sur les HBM, le CIL, la loi Vivien sur l’éradication de l’habitat insalubre. La grande opération Edouard Anseele démarrée en 1957 s’achève, on en est au moment de l’installation de l’équipement central du quartier, un grand centre commercial régional construit sur un parking souterrain de 1200 places.
Le bloc Anseele en 1971 Photo Nord Éclair
L’opération serait une réussite sur le plan social et humain, mais présente un déficit de 400 à 450 millions d’anciens francs. Les spécialistes en analysent les raisons : les logements sociaux entraînent une faible rentabilité des loyers, et au moment des expropriations commerciales, on a racheté les fonds de commerce, mais on ne vend à présent que des pas de porte dans le nouveau centre, dont on annonce l’ouverture pour le milieu de l’année 1972.
Construit sur le modèle suédois avec galerie marchande en plein air, ce bâtiment de 240 mètres de long comportera 80 commerces répartis sur deux niveaux : commerces d’alimentation au niveau inférieur, des magasins de confection, et d’ameublement, au niveau supérieur, et même une petite salle de cinéma de 300 places, un restaurant grill, le tout agrémenté de parterres de fleurs. Ses atouts sont la proximité du centre ville et son fameux parking de 1250 places. Cependant il éprouve quelques difficultés au niveau de la vente de ses cellules commerciales, retardée par la rareté et le coût élevé du crédit.
En mars 1971, la construction du nouveau centre est pratiquement achevée : les escalators sont en place, on procède aux ultimes travaux : pose du dallage, installation des faux plafonds, et de l’électricité, le centre sera terminé vers le mois de juin.
M. Maisonneuve, le Président de la SEGECE, société chargée de la promotion du centre commercial, commente la maquette et les atouts du centre. Il évoque l’ouverture du parking avec places payantes en mai ou juin, dont la gestion est confiée à la Communauté Urbaine. L’achèvement des travaux va accélérer les demandes de cellules commerciales. A ce moment, seulement 20% sont vendues et 40% sont en négociation ! Il est vrai que les surfaces se vendent à un prix moyen de 12.000 à 13.000 francs le m².
Le parking souterrain ouvre en septembre 1971 et ses tarifs sont annoncés dans la presse : 4,50 F pour la journée, la nuit pour 2 francs, le dimanche pour 1 franc, et l’abonnement stationnement est de 40 francs par mois. Comparés aux prix actuels du parc de stationnement, ça laisse rêveur ! Ce parking est annoncé comme le plus grand du Nord. Il ne reste plus qu’à lui donner des raisons d’être utilisé, au-delà des habitants du quartier, avec l’ouverture du centre commercial.