Il y a cinquante ans décédait des suites d’une longue maladie, Jean Delvainquière, alors maire de Wattrelos et conseiller général.
Il est né à Wattrelos le 20 avril 1912 au 22 de la rue Thiers d’un père tisserand et d’une mère canneteuse. Après avoir obtenu un brevet commercial à l’Institut Turgot de Roubaix, il suit l’exemple de son père Jules, militant socialiste et syndicaliste en adhérant aux Jeunesses Socialistes. D’abord employé dans l’industrie textile à Roubaix, il entre au Bureau d’aide sociale de Wattrelos, comme simple commis, en 1930. Il fonde alors la première mutuelle du personnel communal de la ville. Il épouse le 26 juillet 1934 Rosalie Mathyn, dont il a deux enfants. Il est alors employé de mairie et habite au 30 rue Saint Joseph. La seconde guerre mondiale survient, il est mobilisé en 1939. Fait prisonnier et rapatrié en 1942 à cause de ses blessures reçues au combat, il entre en résistance au sein du mouvement Libération-Nord, et remplace Augustin Laurent, menacé par la Gestapo, comme délégué du parti socialiste clandestin. Il devient aussi secrétaire général de la mairie de Wattrelos en 1943. À la Libération, il siège comme socialiste au Comité départemental de Libération et il entre à la Commission administrative de la Fédération SFIO du Nord et devient le trésorier de l’Union des élus socialistes du Nord.
Il fait son entrée au Conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité sociale de Roubaix en 1947, en devient le secrétaire en 1950, et le président en 1956. En 1970, il occupe toujours ce poste. Il est également membre du Conseil supérieur national de l’Aide sociale et conseiller technique de l’Union nationale des bureaux d’aide sociale de France et il préside le conseil d’administration de l’hôpital de Wattrelos. Il est alors secrétaire de la section syndicale des services municipaux et secrétaire adjoint de l’Intersyndicale des services publics et membre de l’Union locale CGT de Roubaix et de ses environs.
En octobre 1951, il est candidat dans le canton de Roubaix-Nord, mais il échoue face au MRP Jules Duquesne. En 1953, cependant, il est élu conseiller municipal de Wattrelos et commence alors une longue carrière d’élu local. En juin 1957, après la mort subite du maire et conseiller général de Wattrelos, Albert D’Hondt, il est élu maire sur une liste SFIO-MRP qui associe d’anciens membres du RPF à la gestion municipale. Il est régulièrement réélu, jusqu’en 1971. Il est alors vice-président de la Communauté urbaine de Lille-Roubaix-Tourcoing.
En 1958, il gagne le siège de conseiller général du canton de Roubaix-Nord, battant le conseiller sortant MRP, Jules Duquesne. Il est réélu en 1964 et 1970 et siège jusqu’à la fin de sa vie à l’Assemblée départementale. Il a moins de succès avec les législatives. En 1958, suppléant de Victor Provo dans la 7ème circonscription du Nord, il est battu par le divers droite Joseph Frys. En 1962, suppléant du docteur Marcel Guislain, ancien député SFIO et adjoint au maire de Roubaix, dans la 8ème circonscription, c’est un nouvel échec face au gaulliste Pierre Herman. En mars 1967, Jean Delvainquière se présente avec pour suppléant le maire socialiste de Croix, Gustave Dedecker. Il bat Pierre Herman, au second tour, il bénéficiant du report des voix communistes. Pendant cette courte législature, d’avril 1967 à mai 1968, il se fera le défenseur de sa région industrielle sinistrée et des ouvriers. À l’Assemblée nationale, il est nommé membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il intervient, le 26 mai 1967, dans le cadre des questions orales, à propos de la crise métallurgique et de ses graves conséquences dans le Nord. Il demande que l’on favorise enfin l’implantation de nouvelles industries par des avantages fiscaux et que l’on équipe la région d’infrastructures, ce qui n’avait pas été prévu au Ve Plan. Puis le 25 octobre, il prend part à la discussion du projet de loi de finances pour 1968 pour le budget des affaires sociales. Il y réclame l’augmentation de l’allocation aux personnes âgées, une réévaluation de leur retraite et l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans pour les femmes, en particulier les ouvrières. Il demande aussi une meilleure répartition des charges entre les communes et l’État au bénéfice des premières dans ce même domaine des affaires sociales. Inscrit au groupe de la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste), il proteste avec lui contre la législation par ordonnances du gouvernement Pompidou dans les domaines économique et social le 26 avril 1967, de même qu’il approuve avec les socialistes la loi Neuwirth autorisant la contraception le 28 décembre de la même année. Mais au lendemain de mai 68 et de la dissolution de l’Assemblée nationale, il ne résiste pas à la vague gaulliste et au discrédit qui affecte la FGDS. Lors des législatives de juin 1968, il se représente avec Gustave Debecker contre son ancien adversaire gaulliste, Pierre Herman et il est battu avec 49,4% des suffrages exprimés.
Durant ses mandats locaux, Jean Delvainquière accélère le développement de Wattrelos dans tous les domaines : économique, avec l’aménagement de la zone industrielle de la Martinoire, la première du département dès 1959 ; et démographique, avec la poursuite des grands programmes de logements, et notamment le lancement de la ZUP de Beaulieu, portant à plus de 45 000 le nombre d’habitants. Jean Delvainquière multiplie le nombre de classes d’écoles par trois en vingt ans et met en service un centre administratif attenant à l’Hôtel de ville, un centre socio-éducatif, des centres sociaux, des collèges, et surtout le lycée Zola, tant espéré par ses administrés. Lorsqu’il décède, des suites d’un cancer, le 13 mai 1971, sa ville natale lui rend un vibrant hommage. Il était titulaire de la Médaille de la Résistance, des Palmes académiques, de la Croix du Combattant et était Chevalier du Mérite social.
Il se plaisait à affirmer : c’est l’ambition de chaque militant que de lutter chaque jour dans sa sphère particulière pour améliorer le sort de tous ceux qui vivent de leur travail, salariés, artisans, petits commerçants et particulièrement ceux qui sont usés par ce travail, et c’est là un simple devoir. Wattrelos donnera son nom à la grand place qui conserve ainsi dans le cœur de la ville la mémoire d’un grand homme.