Suite aux travaux de dérivation et de canalisation de l’Espierre des années soixante, on reparle de la station d’épuration au début des années soixante dix. Le problème du traitement des eaux de l’Espierre, collecteur « naturel » des eaux charriant les déchets des industries textiles de l’important centre de Roubaix Tourcoing Wattrelos est toujours d’actualité, et ce depuis plus d’un siècle ! Le 22 février 1887, un décret est pris pour la déclaration d’utilité publique des travaux nécessaires pour assurer l’épuration des eaux de l’Espierre avant leur sortie du territoire français. Et cela urgeait, la Belgique menaçait de construire un barrage à Leers-Nord !
Roubaix et Tourcoing avaient donc acquis des terrains situés à Wattrelos et à Leers, en vue de l’installation d’une station d’épuration des eaux de l’Espierre. La première usine fut construite en 1889 sur la berge de l’Espierre à proximité du canal. Pendant quinze ans diverses expériences furent menées avec des procédés divers (chaux, acide sulfurique) pour le traitement des eaux usées de l’Espierre. L’usine devait fermer ses portes en 1904 et les eaux devinrent de plus en plus nauséabondes et polluées. Les démarches des gouvernements belges et hollandais après la première guerre restèrent lettre morte. On projeta même en 1935 de transformer les bassins de décantation en bassins de pisciculture. La seconde guerre démarra là-dessus.
En mai 1960, le Syndicat intercommunal du bassin de l’Espierre (Siabe) était en place. Il regroupait les communes de Roubaix, Tourcoing, Wattrelos, Croix, Neuville en Ferrain, Hem, Leers, Lys , Wasquehal et Mouvaux. Il décida la création d’une station expérimentale à Wattrelos au même emplacement du Grimonpont. Le coût s’élevait à trois millions de francs. Mais la construction définitive n’avait pu être menée. Fin octobre 1966, les trois communes de Roubaix, Tourcoing et Wattrelos, ainsi que celle de Mouscron, décident de s’associer pour assurer le curage et l’entretien de l’Espierre, du Trichon et du riez Saint Joseph ses affluents.
La communauté urbaine prend le relais du Siabe, mène des études et élabore des projets. Il apparaît que l’usine du Grimonpont devra être conçue pour traiter un débit total de 160.000 m³ par jour, ce qui l’amènerait à être trois fois plus importante que l’usine de Marquette. Le coût est alors évalué à 75 millions de francs plus un million pour l’acquisition des terrains nécessaires. Les frais de fonctionnement se montent à plus de six millions de francs. Tout ceci entraînera une majoration du prix de l’eau de 6 centimes au m³. Les industriels pollueurs auront à supporter cette charge mais la communauté urbaine également par l’effort de tous les habitants à la protection de l’industrie textile locale (sic NE).
En juin 1974, une maquette de la future station est exposée à Tournai, à la Halle aux draps. L’usine de Wattrelos Leers traitera les eaux usées du bassin de l’Espierre avant qu’elles s’écoulent en Belgique. Elle brûlera les boues qui se déposeront dans les bassins de décantation, à raison de 300 tonnes par jour. En novembre 1974, le plan de financement est adopté par le conseil de communauté et ce sera la plus importante des opérations engagées par la communauté. La construction de cette station est la conséquence d’accords internationaux et elle va entraîner une dépense qui atteindra les douze milliards d’anciens francs. La première phase de la construction démarrera en 1975.