En Juillet 1969, plus de cinq milliards ont déjà été engagés pour assainir le bassin de l’Espierre. Peu de rivières charrient une eau aussi nauséabonde et ont fait également couler autant d’encre. L’Espierre, c’est ce petit ruisseau transformé par la volonté des hommes en un collecteur serpentant parfois à ciel ouvert, plongeant à d’autres endroits de son parcours dans le sous-sol de l’agglomération. Le riez prend sa source sur les hauteurs de Mouvaux, mais son eau claire est bien vite polluée par les eaux résiduelles des teintureries et autres usines du Blanc Seau. Il coule ensuite dans le sous sol roubaisien avant d’arriver sur le territoire wattrelosien par un siphon passé sous le canal de Roubaix à hauteur du pont des Couteaux. L’Espierre poursuit alors son chemin vers le Nord puis vers l’est, pour aller enfin vers le sud et repartir vers l’est.
Lors de la réalisation de la Mousserie, une première mesure d’assainissement fut prise sur 600 mètres, le cours de l’Espierre étant maintenu en sous-sol. Il refait surface aux abords de la rue des Patriotes et serpente de manière capricieuse à travers le territoire wattrelosien. Il se dirige vers la Martinoire, revient vers les Ballons, sert de frontière sur quelques kilomètres. Puis à la Broche-de-Fer, l’Espierre revient vers le centre de la ville, passe sous la Place de la République pique vers le Sartel et repart vers Leers et la Belgique pour se jeter dans l’Escaut à l’endroit du village nommé Espierre.
Sur la plus grande partie de son parcours l’Espierre se trouve enserrée dans des collecteurs plus ou moins importants mais le ruisseau reste sensible aux crues régulières. En période d’orage ou d’abondantes pluies, le volume d’eau gonfle et inonde différents quartiers de Wattrelos, plus particulièrement aux Ballons et à la Broche-de-Fer. La solution n’était pas seulement française. Côté belge, le Barkhem coule dans un lit particulièrement étroit avant de venir grossir l’Espierre aux Ballons, ce qui freine l’évacuation des eaux. Côté français, il fallait rectifier le cours de l’Espierre, nettoyer son lit et supprimer les courbes dans lesquelles les boues s’accumulaient.
Après la libération, des travaux sont entrepris entre le Laboureur et le Grimonpont mais insuffisants vu le bouchon constaté après le Grimonpont. Un accord intervient en 1957 entre français et belges sur le calibrage du ruisseau sur le territoire belge. Mais ce n’est pas encore assez, les crues se multiplient, l’urbanisation de la Mousserie en 1954 accélère la pénétration des eaux dans l’Espierre qui ne peut que déborder.