La société Platt frères est installée boulevard de Lyon depuis fort longtemps. En voyant ce site fermé depuis plusieurs années, le curieux peut se demander d’où vient cette société, et ce qu’elle fabriquait.
En faisant quelques recherches, on trouve au 19eme siècle à Old’Ham en Angleterre une entreprise Platt brothers (ou Platt Bros) qui fabriquent des machines textiles. Elle deviendra dans sa branche l’une des plus importantes d’Angleterre. L’un des membres de cette famille va-t-il s’expatrier en Normandie ? Toujours est-il que, en 1864 et 1866, naissent à Sotteville les Rouen John et William Platt. Leur père, Samuel, né en 1837 est ouvrier régleur de cardes. Après 1880, la famille quitte la Normandie et vient s’installer à Roubaix, où Samuel ouvre avant 1886 une fabrique de cardes et d’outils trempés au 187-189 rue de l’Alma, entre la rue de France et la rue de Tourcoing. L’entreprise prend le nom de Samuel Platt et compagnie.
La société quitte la rue de l’Alma avant 1906, Samuel prenant peut-être sa retraite (il est né en 1837), et l’affaire est reprise par John et William et on la retrouve en 1909 au 108 rue La Fontaine sous la nouvelle raison sociale de Platt frères.
Ils sont mécaniciens constructeurs, fabriquent de l’outillage nécessitant une trempe. La porte cochère conduit à une cour dans lequel se trouve l’atelier. Ils resteront à cette adresse jusqu’en 1924, date à laquelle ils installent d’abord leurs bureaux, puis l’entreprise elle-même boulevard de Lyon au numéro 106 à partir de 1926. Ils se spécialisent alors dans la fabrication de cardes destinées à l’industrie textile.
L’usine occupe un terrain qui s’étend jusqu’à la rue Ingres, d’où on aperçoit une cour servant aux chargements et déchargements. La grand porte métallique du Boulevard de Lyon sert à l’entrée du personnel. A sa droite se trouvent les bureaux techniques, dont la première fenêtre est celle du responsable d’atelier. Les bureaux situés à gauche de la porte métallique sont beaucoup plus récents et abritent les personnels administratifs et commerciaux qui ne figurent pas encore sur cette photo aérienne de 1962 :
La fabrication comportait plusieurs opérations. A partir d’un ruban d’acier reçu en bobine, on commence par l’emboutissage des dents. Puis le ruban est étire, passe dans un four à induction pour être préchauffé, puis sur les rampes à brûleurs à gaz pour être chauffé au rouge. Il traverse ensuite un bain contenant de l’huile pour être trempé et acquérir la dureté nécessaire. Ensuite, les dents sont avivées sous un jet d’huile de coupe. En bout de chaîne, le ruban est reçu sur un rouleau, puis emballé et expédié. Dans certains cas, le ruban est enroulé en hélice sur un tambour de carde pour emploi direct, mais, le plus souvent, le ruban est installé sur la machine par les soins du client.
Jusque dans les années 80, toutes les machines étaient anglaises, ainsi que les pièces détachées. A chaque panne, il faut attendre que les pièces arrivent d’Angleterre. L’alimentation de la chaîne se fait à la main, mais, à partir des années 60-70, la vitesse de parcours du ruban est régulée automatiquement, d’abord avec des platines électroniques pilotant des armoires à relais. Dans les années 90, on transforme et on améliore les machines avec des pièces françaises, et on en ré-automatise l’asservissement et la commande avec des automates français Télémécanique au départ, puis Siemens. Cette technologie n’a plus évolué jusqu’à la fin (pas d’informatisation). Dans les derniers temps, le directeur de production est belge.
Mais l’entreprise éprouve des difficultés et est contrainte à la fermeture. La société Bekaert tente en 2004 de reprendre l’activité, mais a doit, elle aussi, fermer en 2008. Elle regroupe aujourd’hui ses activités à Armentières. Depuis cette époque, le site est une transformé en friche industrielle. On pense y construire des logements, mais le terrain est peut-être pollué, ce qui retarde les choses.
Remercions Daniel pour sa collaboration.
Bonjour,
Quand j’habitais rue Ingres la foudre est tombée sur l’usine Platt qui était juste à côté de la maison; les ouvriers nous ont raconté qu’ils avaient vu la » boule de feu » traverser l’usine; je garde le souvenir d’un fracas étourdissant qui m’a causé une belle frayeur.
William platt, est décédé en 1939 dans un accident de voiture
http://www.bn-r.fr/presse/pdf/PRA_JRX/PDF/1939/PRA_JRX_19390901_004.pdf
voir en haut à gauche
Merci pour cette information. Pouvez-vous nous donner des précisions ?
Bonjour, ici
http://www.bn-r.fr/presse/pdf/PRA_JRX/PDF/1939/PRA_JRX_19390901_004.pdf
Survenu mercredi à 20 h. 30, au croisement de la Terrasse, sur le boulevard de Lille à Roubalx. Une auto conduite par M. Lucien Maillard entra en collision avec un camion.
Malheureusement. M. William Platt Industriel, demeurant à Roubaix au 341 rue Montgolfler qui se trouvait dans la première voiture, succomba des suites d’une fracture du crâne.
Son avis de décès
http://www.bn-r.fr/presse/pdf/PRA_JRX/PDF/1939/PRA_JRX_19390901_005.pdf
ici un autre article avec l’avis de décès de john Platt, le frère de William, décédé aussi en 1939 et dans l’avis on trouve :
J.W and H.Platt limited à Harrow
avis de décès de john platt :
http://www.bn-r.fr/presse/pdf/PRA_JRX/PDF/1939/PRA_JRX_19391231_004.pdf
famille platt à roubaix, rue de la Rochefoucauld
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/27/2/1499163448-roubaix-1906-platt.jpg
famille platt à roubaix, rue Lafontaine
https://image.noelshack.com/fichiers/2017/27/2/1499163573-roubaix-1906-platt-2.jpg
Quand j’y travaillais (de 1972 à 2006), la fabrication des « garnitures rigides de cardes » se faisait principalement à partir de fil métallique rond ( de 1 à 6mm) que l’on aplatissait dans des laminoirs (laminage), puis, dans ce fil aplati l’on poinconnait les dents (sur des « poinçonneuses » = poinçonnage), puis l’on trempait les dents de ce fil fans une huile (=trempe) pour qu’elles soient tres dures afin de pouvoir etriller la matière textile.
Merci pour ce commentaire.
Bonjour à tous les anciens de Platt frères. J’y ai travaillé de 1983 à 1991, comme responsable planning fabrication. Une belle expérience pour moi, car un poste d’homme pour une femme, ça n’est pas toujours facile socialement parlant! Mais le travail était intéressant. J’ai beaucoup aimé. Marie-Pierre Hage
Merci pour ce commentaire.