La vérité sur la Basse Masure

Des articles parus il y a quelque temps laissaient entendre que le café de la Basse Masure existait encore, et qu’il s’était transformé en boucherie. Il n’en est rien. Nous allons en faire la preuve, après un bref rappel des faits.

Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx
Le café de la Basse Masure en 1924 Photo JdRx

Le café de la Basse Masure était situé le long du chemin vers Mouscron au siècle avant dernier. Ses murs étaient recouverts de plâtre, et elle était déjà habitée en 1817 par une famille de 17 enfants ! Une « cantine » fut bientôt ouverte, où l’on vendait de l’épicerie et des alcools divers. Puis l’épicerie buvette devint un vrai café, qui fut une halte obligée pour les gens qui allaient de la Fosse aux Chênes vers Mouscron. Le café eut sa célébrité, en la personne de « Cho de l’Basse » François Fauvarque, son tenancier, lequel alliait bonne humeur et parties de boules mémorables. Le café se trouvait souvent sur le parcours des sorties carnavalesques et des cortèges ludiques. C’était un autre temps, sans voitures et sans télé.

Le café à l'orée des années soixante Photo NE
Le café à l’orée des années soixante Photo NE

L’urbanisation rattrape bientôt le café, et la Basse Masure devient un quartier, un genre de cité très animée. La maison tenait bon, elle restait le siège de tournois de boules, et s’associait régulièrement aux fêtes annuelles du Cul de four et de la Basse Masure.  Le café de la Basse Masure a-t-il survécu ? A-t-il été transformé ? Un témoignage de l’ancienne bouchère de la rue des Récollets, dont le magasin est cité comme étant l’ancien café, vient démentir cette assertion. En effet, sa boucherie a toujours été recensée dans la rue des Récollets, au n° 36 en 1929, alors que l’estaminet a longtemps été au n°70 de la rue de la Basse Masure. Le café n’existe plus en 1973, alors que la boucherie existe toujours vaillamment au n°36 de la rue des Récollets. A-t-il été démoli comme le café de la planche trouée dans le quartier des longues haies ? La réponse est affirmative, la démolition a été effectuée à la fin de l’année 1961, alors qu’il n’était plus qu’une ruine. Alors pourquoi cette erreur ? Les photos que nous a aimablement confiées Mme Gauquie nous renseignent sur ce qui s’est passé.

La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée
La boucherie de la rue des Récollets en 1973 Coll. Privée

Sur cette photo de 1973, on voit très nettement l’emplacement de l’ancien café, qu’occupe un parking de voitures garées en épi. La boucherie apparaît comme la dernière maison de la rue des Récollets, au n°36.

La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée
La boucherie Gauquie en 1979 Coll Privée

En 1979, M et Mme Gauquie, voulant profiter d’un éclairage supplémentaire pour leur magasin, firent procéder à des travaux. Ainsi la boucherie eut une ouverture sur la rue de la basse masure, ce qui a pu faire croire qu’elle en constituait l’angle.

Merci à Mme Gauquié de nous avoir expliqué l’évolution de ce bout de quartier, photos à l’appui.

Autres sources : le Journal de Roubaix , Nord Éclair, annuaires Ravet Anceau

 

9 réponses sur “La vérité sur la Basse Masure”

  1. J’ai une jolie photo avec des joueurs de boules 1926 ( Les vainqueurs du grand tournoi de boules (276 joueurs) Je suis auteur et collectionneur de jeu de boules et je cherche tous les documents sur les jeux de boules. J’ai meme ecrit deux livres sur les jeux. Je m’occupe pour un troisieme livre sur les jeux. Si vous voulez une copie faites-moi le savoir. Excusez les fautes. Le texte (histoire)du cafe est interessant pour moi.

    Henk Reesink

    1. Merci pour votre commentaire. Nous serions intéressés par les titres de vos ouvrages et l’endroit où nous pourrions nous les procurer. Si vous avez d’autres souvenirs n’hésitez pas! Nos recherches mentionneront sûrement d’autres lieux où l’on jouait aux boules, à la bourle, les bourloires…mais c’est au fil de nos découvertes!

  2. Ayant quelques temps hanté cet endroit (j’ai habité dans la courrée, au 30 bis de la rue des Recollets, et ayant eu de la famille dans la rue Basse Masure), ce sont des informations teintées de nostalgie… Merci pour cet article!

  3. à coté de ce café rue de flandres il y avait une courée au nom poétique de cour des tros pot d’nu.
    un autre café existait rue Basse Masure face au débouché de l’impasse vandamme. il s »agissait pendant la seconde guerre Mondiale du café du billard que tenait ma grand mère Mme Kindt .
    Dans l’autre sens vers la rue de Flandres il y avait dans les années 50 60 le café epicerie chez Théo ou se retrouvait des supporters du CORT.

    1. Mes grands-parents habitaient au 63 de la rue de la Basse-Masure.
      Ci-après, un extrait d’article de journal datant des années 1955-1959 (19 février), Nord Eclair :
      « La rue tortueuse de la Basse-Masure avec ses vieux immeubles, abrite le ménage de M. et Mme Desmettre-Morant. Cette rue doit-elle son nom à la basse et ancienne masure, sise au numéro 63, où vivent les deux jubilaires ? Toujours est-il que l’immeuble doit être vieux de plus d’un siècle. Il ne serait pas surprenant qu’il additionne les âges de M. et Mme Desmettre, soit 150 ans environ.
      C’est dans ce logis que les jubilaires sont venus se réfugier, il y a plusieurs années, quand le café qu’ils exploitaient rue Notre-Dame-des-Victoires, fut condamné pour faire place aux immeubles du C.I.L. »

  4. J’ai une quantité de souvenirs concernant la rue des longues haies dans laquelle je suis née en 1947. Durant la guerre d’Algérie on l’appelait le douar Anseele .Sur une photo d’internet on voit nettement l’enseigne du coiffeur , je me souvient de son nom : Cocu ,sa fille m’emmenait a l’école de pleine air le Pont Rouge , pas loin était une boutique de sous vêtements Petit Bateau .Il y avait Agnès la boulangère au coin de la cour Perquie ou nous habitions et une 2em dont la patronne etait surnommée la parisienne et la boutique de Céline qui vendait de tout : la moutarde en vrac,
    peignes , bonbons etc . Il y avait une boucherie chevaline et la crémerie tout en vrac : le beurre en motte ,le lait à la pinthe dans les contenants en fer tous les fromages à la coupe , rien n’était encore industrialisé . Les brasseries Modernes livraient la bière aux bistrots par une charrette encore tirée par deux chevaux L’un des nombreux cafés était tenu par la famille Verstraate ,Charles Verstraate accordéoniste roubaisien célèbre . Sur son tricycle , Jeannot le marchant de glaces passait en musique annoncé par l’internationale !une nuée de gosses autour .
    Ce qui me remonte à la mémoire persistante est l’odeur qui sautait au nez comme un mur : mélange de sueurs ouvrières , de pisses animales et humaines ,l’odeur du travail , de la peine
    de ce bétail humain tel que Vandermersch l’a dépeint dans
    « Quand les sirènes se taisent »

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