Le second vélodrome de Wattrelos

S’il est un sport qui se développe après la première guerre, c’est bien le cyclisme. Malgré la disparition du vélodrome des quatre villes du Laboureur, dont la mémoire subsiste avec les jardins ouvriers du vélodrome, ce sport a repris du poil de la bête. En effet, pas une ducasse sans sa course cycliste. Ainsi le circuit du Saint Liévin, ou encore les courses au Laboureur, au Plouys, au Sapin-Vert et au Touquet. Sans oublier la traditionnelle course cycliste du 14 juillet.

Publicité cycles Baert doc JdeRx

Les marchands de cycles sont nombreux et organisent même des grands prix, tels les cycles Baert. Il y a encore la course Wattrelos Seclin et retour, organisée par l’Union Sportive Wattrelosienne avec l’aide des commerçants. Les coureurs cyclistes wattrelosiens brillent : ainsi les deux frères Adolphe et Armand Vanbruaene remportent le troisième critérium du Réveil du Nord du 24 mai 1926. De nouvelles sociétés de cyclistes se forment, ainsi « La Roue d’Or » affiliée à l’union vélocipédique de France, dont le siège est chez M. Lebrun 37 rue Jean Jaurès à Wattrelos.

Le vélodrome de Wattrelos, rue du Beck doc JdeRx

Aussi ce n’est pas une surprise que de voir Wattrelos inaugurer son deuxième vélodrome, le 15 mai 1927, autour du terrain municipal des sports, rue du Beck.

Courses sur le vélodrome doc JdeRx

L’inauguration est faite devant un public de 2000 spectateurs auxquels on propose une réunion sportive très intéressante : grand match de vitesse en trois manches, course individuelle de 20 kilomètres, américaine de 50 kms (150 tours), course de primes (40 tours). À signaler les belles prestations fournies par les jeunes Seynave de Menin et Lebrun de Wattrelos. Le comité de la « Roue d’Or » s’est chargé de l’organisation des différentes épreuves cyclistes s’étant déroulée sur le coquet vélodrome.

Les officiels doc JdeRx

M. Briffaut député maire de Wattrelos était entouré de MM. Delvinquière et Pesin adjoints, Windels, Lecomte et Carpentier, conseillers municipaux.

à suivre

Septembre 1900

Aviron : le cercle nautique l’Aviron de Roubaix, champion de France avec une longueur d’avance à Paris. Parmi les concurrents, l’Union nautique de Lyon, le Rowing Club de Castillon, Société Nautique de Soissons, l’Union Rowing de Paris, le club nautique dieppois, le cercle nautique de Lyon, et la société nautique de la Marne.

L’aviron, sport des élites CP Méd Rx

Les champions du monde célébrés par Victor Vaissier :

Ce sont les équipiers de notre Club Nautique,

Et c’est le Congo fin, le savon poétique

Qui l’emporte toujours, en prose comme en vers

Sur les autres savons que produit l’Univers.

Le café moderne siège de nombreuses sociétés sportives roubaisiennes CP Coll Particulière

Aviron : les champions du monde de l’Aviron et leurs amis sont réunis au café Moderne pour fêter les brillants succès remportés à Paris. De nombreux vivats ont été chantés et des bans vigoureusement frappés en l’honneur des quatre seniors roubaisiens : MM. Delchambre, Cau, Bouckaert et Hasebroucq et de leur dévoué président Emile Truffaut.

Cyclisme : la société les vrais pédaleurs établie chez Remy Waelkens, Vieille Place à Wattrelos fait courir le dimanche 16 septembre à l’occasion de leur championnat une course sur route Wattrelos Quesnoy soit 35 kilomètres pour tous coureurs amateurs.

Football : l’Association Sportive Roubaisienne a décidé d’ouvrir la saison de football le 9 septembre. L’entraînement aura lieu sur l’ancien terrain du club hippique à Croix.

Natation : la section de natation du Racing Club Roubaisien aux Bains lillois, pour le championnat du Nord. Water polo, 100 mètres à la nage font l’objet des engagements des roubaisiens.

L’Union des sports athlétiques prépare sa saison d’hiver en vue des championnats du Nord qui auront lieu en novembre. La section d’escrime est guidée par l’excellent professeur Dubar. La section d’athlétisme est menée par MM Dubeaurepaire, Dubly, Cresson, Scrépel, Masson et Bousin.

Au vélodrome de Barbieux, l’engouement des roubaisiens pour le cyclisme CP Coll Particulière

Cyclisme : le Grand Prix de Roubaix va réunir en octobre un beau plateau d’amateurs et de professionnels dans le cadre d’un grand tournoi international. De même que Paris Roubaix ouvre la saison pour le Vélodrome Roubaisien, de même le Grand Prix de Roubaix indique de façon non moins brillante la clotûre de la saison. Ces deux épreuves, la première pour le fond, la seconde pour la vitesse sont depuis six ans deux événements importants de l’année dans la série des fêtes roubaisiennes.

L’homme d’un seul tour ?

Louis Pennequin

On ne sait pas grand-chose de Louis Pennequin, sinon qu’il est né à Roubaix en 1883 d’un père marchand de légumes rue de la Paix à Roubaix. Il s’engage dans l’armée en 1901 et la quitte en 1903, son père étant décédé. Il exerce la profession de sellier, puis il est marchand de charbons au moment de son mariage à Tourcoing en 1904.

 Il est mentionné au départ de la course des quatre heures du parc des sports des quatre villes en juin 1910, puis il est engagé dans le Tour de France avec le dossard 166. Alors que le Tour n’est pas encore terminé, une souscription populaire est lancée par le Nord Touriste afin de préparer un accueil aux deux « Tour de France » roubaisiens que sont Crupelandt et Pennequin. Les deux champions sont associés pour l’accueil qui leur est fait dès le mardi soir à la gare puis à la mairie. Une réception sera donnée au 8 rue du grand chemin, local du Vélo Club Lion de Roubaix Tourcoing et leurs cantons.

Crupelandt a brillé en remportant la première étape et s’est mis en évidence dans les étapes de montagne. Pennequin roule en tant qu’individuel, au sein de la catégorie « isolés ». Il est victime d’un accident de machine pendant l’étape Luchon Bayonne, ce qui fait qu’il ne pourra plus figurer dans le classement. Mais il n’aura pas passé la montagne en vain. Il a tenu à terminer le tour, en parcourant les cinq dernières étapes avec un courage qui mérite tous les éloges. Pour cet exploit, il sera associé à Charles Crupelandt dans l’hommage que rendirent les roubaisiens à leurs deux « Tour de France ».

Le Taureau du Nord

Lorsque Charles Crupelandt effectue son service militaire en 1907, sa fiche militaire indique déjà comme profession «vélocipédiste». Car ce jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux gris bleu a commencé une carrière de coureur cycliste depuis 1904. Il court tantôt avec des sponsors, tels la marque Radiator, ou les cycles La Française,ou en individuel, le reste du temps. Ses premiers résultats sont discrets, mais en progression constante : en 1904, il se classe 13ede Paris-Roubaix, en 1905 5e de Bruxelles-Roubaix, en 1906 6e de Paris-Tourcoing, et en 1907 1er des 24 heures d’Anvers, 1er des 8heures d’Andrimont, 2e de Paris-Bruxelles. Il court autant sur route que sur les pistes des vélodromes. En 1907, il effectue donc son service militaire pendant deux ans et revient à la vie civile en septembre 1909, soldat de 1ère classe, avec un certificat de bonne conduite, et un brevet de vélocipédiste dûment délivré par l’autorité militaire, suite à une épreuve effectuée le 23septembre 1909.

Charles Crupelandt photo JdeRx

Sa carrière reprend de plus belle. Chaque année, de 1910 à 1914, il est désormais sponsorisé : en 1910 la marque Le Globe Dunlop et les cycles Depas ; de 1911-1913, les cycles La Française Diamant et en 1914 La Française Hutchinson. En 1910, le jeune champion gagne une étape du Tour  de France qui se déroule entre Paris et Roubaix. Il gagnera deux étapes lors du Tour de France 1911, ce qui lui vaudra d’être accueilli à Roubaix par une foule dense et d’être reçu à l’Hôtel de ville de Roubaix. Son palmarès s’étoffe : en 1910, il se classe deuxième de Bruxelles-Roubaix, et cinquième de Paris-Roubaix, entre autres nombreuses places d’honneur. En 1911, il remporte la course Paris-Menin, fait troisième de Paris-Bruxelles, et quatrième des 24 Heures de Buffalo, le célèbre vélodrome parisien.

Vainqueur d’une étape du Tour 1910 à Roubaix Photo JdeRx

En 1912, consécration, il remporte son premier Paris-Roubaix en dominant au sprint Gustave Garrigou Il participe à des classiques italiennes, comme le tour de Lombardie ou Milan San Remo. En 1913, il gagne la classique Paris-Tours, fait troisième du Championnat de France, troisième de Paris-Roubaix, troisième de Paris-Bruxelles et s’illustre sur les pistes des vélodromes de Paris et de Roubaix. En 1914, il est au sommet de sa forme, c’est sa meilleure saison : il est sacré champion de France à Rambouillet, il gagne Paris-Roubaix pour la seconde fois, il est premier des 24 heures d’Anvers, troisième de Milan-San Remo. Pendant toutes ces années, le Tour de France, créé en 1903, ne lui aura pas vraiment souri. Il est forfait en 1904, il abandonne en 1906 et en 1907. Mais en 1910, il finit à la sixième place du classement, après s’être octroyé la première étape, Paris Roubaix ! En 1911, il prend la quatrième place au classement général, après avoir remporté la quatrième étape, Belfort-Chamonix, et la septième étape, Nice Marseille. Il abandonnera les trois années suivantes. À la fois pistard et routard, Charles Crupelandt se situait parmi les meilleurs coureurs cyclistes français de l’époque, tels Lapize et Fabert.

Crupelandt champion de France Coll Particulière

Le 2août 1914, c’est la mobilisation générale, et Charles Crupelandt rejoint dès le lendemain le 13e régiment d’artillerie. En 1915,on lui décerne la Croix de guerre pour faits de bravoure. Mais il a été gravement blessé par deux fois : fracture ouverte de la clavicule et perte des deux premières phalanges à l’index et au médius de la main droite. La guerre a-t-elle détruit l’homme ? Il est condamné par le conseil de guerre en 1916 pour vol, est gracié en 1917. Il travaille alors au dépôt des métallurgistes à Paris, puis à Courbevoie où il apprendra le métier d’ajusteur. Le 15 avril 1918, il est intégré au 1er régiment de zouaves. A nouveau condamné pour vol en février 1919, il écope de deux ans de prison. En 1921, il est de retour à Roubaix, et veut reprendre la compétition cycliste. Mais à la différence de l’armée en 1916, l’Union vélocipédique de France ne lui trouvera pas de circonstances atténuantes, et refusera de lui délivrer une licence. Suspendu à vie, Charles Crupelandt ne disputera plus que des courses de seconde zone au sein d’une fédération dissidente, la Société des courses. Crupelandt se reconvertit à Roubaix dans la vente de vélos puis y tient un bistrot. Il meurt à Roubaix, amputé des deux jambes et quasiment aveugle, le 18 février 1955.

Jean Marcelli

D’origine courtraisienne et arrivée à Roubaix au milieu du XIXe siècle, la famille Marcelli est d’abord une famille de bouchers. Comme son oncle et son père, Jean Marcelli, né en 1881, est destiné à reprendre le flambeau. Sa fiche militaire le présente comme tel en 1901. Il semble avoir suivi une formation à Bruxelles où il habite quelque temps. Mais il est aussi décrit comme mécanicien en cycles et il a déjà à son actif le titre de champion du nord.

Jean Marcelli pistard roubaisien

Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher, rue du Pile, quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois. Jean Marcelli est décrit comme un gaillard d’un mètre soixante seize,aux yeux gris, atteint d’une forte myopie. Il est toujours boucher,rue du Pile quand il se marie en novembre 1903, mais deux ans plus tard, il apparaît comme cycliste professionnel et en 1906, il reprend le magasin de cycles concessionnaire de la marque « la Française » au 107 de la rue de la Gare et il abandonne le métier de boucher, s’adonnant ainsi à sa passion. Son cousin et homonyme fera de même, mais pour une autre passion : étant violoniste, il deviendra marchand de pianos dans la rue du Bois.

Jean Marcelli en 1911

Jean Marcelli est plutôt un pistard, plus à l’aise sur les vélodromes que sur les routes.  Sa carrière professionnelle se déroule de 1905 à 1913. Parmi ses nombreuses victoires dont l’inventaire reste à faire, il remporte une régionale professionnelle en 1907, à nouveau le championnat du nord sur la piste du vélodrome de Barbieux en octobre 1908. Il va régulièrement s’illustrer dans les courses de vitesse sur piste au vélodrome de Roubaix ou au vélodrome des quatre villes à Wattrelos. Comme beaucoup de marchand de cycles, il deviendra négociant en cycles et automobiles, toujours au 107 rue de la Gare.

Concessionnaire automobile en 1914

Les illustrations sont extraites des pages du Journal de Roubaix

L’extraordinaire vie de Théodore Vienne

Théodore Vienne Coll particulière

Né à Roubaix le 29 juillet 1864, Théodore Vienne est un industriel du textile français, mais également un organisateur sportif pour le cyclisme et la boxe. Sa passion pour le sport débute avec la pratique de la vélocipédie, on ne parle pas encore de cyclisme à l’époque, et il devient le Président d’une des quatre sociétés vélocipédiques roubaisiennes en 1891, le cercle vélocipédique roubaisien. Il organise les premières courses sur la piste de Barbieux, c’est à dire l’anneau formé par les allées extérieures du Parc avec son compère Maurice Pérez, lui-même président du sport vélocipédique roubaisien. Les conditions ne conviennent plus à une activité sportive en plein développement, tant du point de vue des pratiquants que de celui des spectateurs. Théodore Vienne et Maurice Pérez s’associent pour fonder le vélodrome de Barbieux en 1895, dont on sait qu’il est plus sur le territoire croisien que roubaisien. Des courses sur piste sont bientôt organisées régulièrement sur le nouveau vélodrome. L’année suivante, les deux compères s’associent avec le Journal le Vélo pour la création de la course cycliste Paris-Roubaix en 1896, qui deviendra l’une des classiques préférées des champions cyclistes, malgré la difficulté de son parcours.

Paris Roubaix 1898 Photo Site Le Lensois Normand

Théodore Vienne est toujours amateur de sport, mais il s’oriente de plus en plus vers sa vocation d’organisateur de spectacles. Ainsi accepte-t-il de faire construire des arènes jouxtant le vélodrome de Barbieux, après avoir accueilli les taureaux dans un premier temps dans l’enceinte du vélodrome. En 1899, la tauromachie à Roubaix se pratique donc comme il se doit dans des arènes et cela durera cinq ans avant qu’elles ne soient démolies.

Démolition des arènes CP Méd Rx

Mais Théodore Vienne est déjà à Paris, où il devient le directeur puis le propriétaire de la Grande Roue de Paris. La combinaison vélodrome et arènes a-t-elle fait germer en lui l’idée d’un lieu proposant plusieurs attractions ? Toujours est-il qu’il fait construire, quartier de Grenelle à Paris, pour l’Exposition Universelle de 1900, cette roue immense à rayons comme ceux d’une bicyclette, de 100 mètres de diamètre. Il l’exploitera encore après la fin de la première guerre, au sein d’un Luna Park fort en vogue.

La grand roue en 1900 Coll particulière

Le sport l’intéresse toujours. En 1907 il fonde avec Robert Coquelle et Victor Breyer, le Wonderland français. C’est à la fois une salle et une école de boxe, ouverte à tous les jeunes gens capables de boxer ou voulant apprendre à boxer, sur le modèle du Wonderland anglais, la salle de Whitechapel dans l’est de Londres. Le Wonderland opère « salle de la Grande-Roue », 74 avenue de Suffren et aussi salle Wagram. Théodore Vienne et Robert Coquelle organisent les premiers matchs de boxe anglaise en France. On peut au voir, au Wonderland, les vedettes étrangères comme Frank Erne, Joe Jeannette, Willie Lewis, Sam McVea et Georges Carpentier. En imitant le Wonderland de Londres, pépinière de champions, les directeurs parisiens rendent un énorme service au noble art, en créant un mouvement en faveur de la boxe. On dispute les éliminatoires des championnats de France professionnels en 1909 et Le Wonderland français devient le ring officiel de la Fédération française de boxe.

Le luna park en 1923 Coll Particulière

Construit en 1909, le Luna Park de Théodore Vienne sera le troisième parc d’attractions de l’histoire de France, après les jardins du Tivoli et Magic City. Il devient l’équivalent, pour Paris, du Prater de Vienne ou du Tivoli de Copenhague. Le vaisseau spatial de l’attraction « Un Voyage vers la Lune », mis en place lors de l’exposition Pan-Américaine, a inspiré le nom de ces parcs, et de ceux qui ont suivi. Le départ du Tour de France cycliste 1912 aura lieu au Luna Park qui abrite également des Montagnes Russes.

En 1912, Théodore Vienne est le président de la commission des organisateurs de matchs de la Fédération française de boxe, et il se marie en 1913 à 51 ans. Après la Première Guerre mondiale, Henri Decoin succède à Théodore Vienne et rouvre le Wonderland en février 1920. Décédé le 1er mars 1921 dans le 15e arrondissement de Paris, Théodore Vienne est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Des arènes à Roubaix

La passion tauromachique se saisit de la bourgeoisie roubaisienne qui décide de s’offrir des « courses de taureaux » entendre des corridas dès le mois de septembre 1893 à Roubaix. Pas d’arènes, ni d’endroit spécifique à ce moment pour ce genre de spectacle. Le 24 septembre 1893, une première course tauromachique se déroule dans le Manège roubaisien, lieu plutôt réservé aux évolutions équestres ou cavalières. Les trois initiateurs sont MM. Wattine, Ribeaucourt et Bossut. Le Manège roubaisien donnera son nom à la rue du même nom, perpendiculaire au boulevard de Paris. Nous la connaissons aujourd’hui comme rue du Maréchal Delattre de Tassigny. L’attraction plaît et on récidive le 1er octobre et le 8 octobre dans le même endroit. Mais on cherche bientôt un autre lieu pour ces évolutions tauromachiques. Quelles sont les raisons de ce « déménagement » ? Manque de place pour l’accueil des spectateurs, enceinte non sécurisée ?

Corridas au vélodrome CP Méd Rx

Le 23 septembre 1897, c’est au tour du vélodrome de Barbieux d’accueillir les toros pour une série de corridas. Mais pour satisfaire les spectateurs et la tradition tauromachique, il fallait un lieu consacré à cette pratique. On décida de construire des arènes juste à côté du vélodrome, lequel n’était sans doute pas trop adapté pour accueillir les corridas. Conçu pour les courses cyclistes, il était utilisé à l’occasion pour des courses pédestres, et pour les premiers matches de football du Racing Club de Roubaix. On imagine aisément les dégâts que pouvaient occasionner les taureaux ! L’inauguration des arènes, dites le torodrome eut lieu le 23 octobre 1899.

Les arènes de Roubaix collection Jules Beau 1899

Des corridas seront organisées sur la piste des arènes entre 1899 et 1904, mais également des attractions n’ayant rien à voir avec la tauromachie, qui desservirent son image et sa réputation déjà peu appréciée des défenseurs de la loi Grammont votée le 2 juillet 1850, qui stipulait ceci : « Seront punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques. » À l’origine, le texte de la loi Grammont de 1850 ne visait pas les corridas, mais en 1884 le ministre de l’Intérieur, Pierre Waldeck-Rousseau, donna des instructions pour que le texte soit appliqué aux corridas. Le 16 février 1895, un arrêt de la Cour de cassation jugeait le taureau de combat comme animal domestique, et ce faisant, le faisait entrer dans le champ d’application de la loi Grammont1.

Les arènes de Roubaix CP Méd Rx

On peut constater que malgré cet arrêt, on poursuivit la tauromachie à Roubaix et qu’on fit pire encore : le 14 juillet 1899, un combat à mort entre un taureau et un vieux lion y est présenté à 12.000 spectateurs. Le lion est rapidement vaincu, sans résistance, tandis que le taureau est tué par un matador. D’autres attractions ont suivi : Dona Tancrède, la statue au milieu de l’arène.

Dona Tancrède, le taureau et la statue CP méd Rx

Ces spectacles tauromachiques regroupent des milliers de spectateurs, mais sont de plus en plus critiquées par certains Roubaisiens qui, en 1904, obtiennent la démolition des arènes. Les corridas se poursuivent alors au vélodrome voisin, et continuent d’accueillir des matadors renommés. La dernière corrida se déroule le 15 juin 1914 quelques mois avant une autre boucherie, humaine celle-là  qu’on a appelé la Grande Guerre. L’engouement roubaisien pour la tauromachie fut passager, il s’agissait plus d’une mode que d’un réel sport. Il ne survivra pas à la première guerre mondiale.

1d’après Wikipédia

Le parc avant le vélodrome

Cyclisme au parc Coll part

Voici le commentaire des amateurs de vélocipédie dans le Journal de Roubaix. Ce n’est guère flatteur pour le Parc de Barbieux dont il faut cependant rappeler qu’il n’a pas été conçu spécialement pour le cyclisme.

Voilà trois saisons déjà que les coureurs n’ont pour s’entraîner que la piste circulaire de Barbieux. Ovale irrégulier de 1100 m, cette pseudo-piste sillonnée de trous et de bosses descend sur 600 m. Arrivé en face du kiosque, le coureur aperçoit une côte tellement raide qu’il hésite à la gravir, on la surnommée le casse-jambes, longue de 500 m, on la monte, on la parcourt en emballage sur des cailloux gros comme le poing et au sommet c’est l’arrivée. Les Duquenne, les Delespierre, les Accou ont souvent tempêté contre les sabots des chevaux qui détérioraient cette route, ou cette piste. Certains jours des centaines de visiteurs, on se fait renverser par les bicyclettes ou on renverse les cyclistes. Cela démontre l’utilité d’un vélodrome. Les lillois possèdent déja une piste cimentée.

Au moins, les vélocipédistes sont conscients des problèmes rencontrés. Cet article date de 1894. Leurs vœux seront bientôt exaucés.

 

Le vélodrome roubaisien à Croix

Le vélodrome de Roubaix à Croix Photo Coll Particulière

Depuis déjà longtemps, un vélodrome s’imposait à Roubaix. C’est aujourd’hui chose faite. En descendant le Beau Jardin vers Croix, on trouve à l’angle de la verte rue, parallèle au Beau Jardin et de la route de l’Hempempont (route de Croix à Hem) un vaste terrain de 16.000 m² situé à la hauteur du club hippique et lui faisant pendant, de l’autre côté de la route du Bean Jardin, est fortement en pente, mais présente une profondeur de 160 m. La piste sera faite en ciment posé en partie sur la terre et dans la partie basse du terrain et sur des voûtes en maçonnerie de l’aspect le plus élégant. Ses dimensions principales sont de 333 m 33 de tour, soit 3 tours au km, et 6 m 35 de largeur. Les virages qui auront 21 m de rayon seront relevés de 37 centimètres par m et construits d’après ceux du vélodrome de l’est, le plus récent des vélodromes parisiens. Les lignes droites de la piste auront 100 m 80. Les créateurs se sont attchés à en faire une piste de vitesse en même temps que parfaitement propices à des courses en ligne dont nos concitoyens sont si friands.

Les travaux de terrassement viennent de commencer et l’entrepreneur espère tout terminer pour la fin du mois de mai.

Extrait du Journal de Roubaix

Un vélodrome au Laboureur

Le vélodrome des quatre villes est inauguré dans le quartier du laboureur à Wattrelos, le 25 juillet 1909. On y retrouve les éléments qui font un vélodrome à cette époque : la piste en bois, des tribunes, des virages, des gradins, et l’inévitable souterrain qui relie l’extérieur de la piste à la pelouse intérieure. La piste wattrelosienne est plus grande que celle du vélodrome de Barbieux, 400 mètres contre 333 mètres. Elle est donc entièrement en bois, et ses dimensions sont les suivantes : 8,30 m de largeur, avec des lignes droites de 9 mètres. Le long d’une de ces lignes droites, on trouve les loges, les tribunes et le pesage. En face, une immense tribune de 7000 places. En tout le vélodrome des quatre villes peut accueillir 20.000 places.

Le vélodrome du Laboureur en construction Photo Journal de Roubaix

Dès le 14 juillet, des essais ont été effectués et quelques pistards viennent faire des tours de piste. Enfin, après six semaines de travaux, le vélodrome quasi terminé reçoit la visite d’Henri Desgrange, directeur du journal l’auto, qui la déclare incomparable ! Les motocyclistes peuvent y atteindre 120 km/h. Ses administrateurs Adolphe et Henri Briet, Gustave Dhalluin, et son directeur sportif César Garin, le frère cadet de Maurice, peuvent en être fiers. On s’est également organisé à l’extérieur, il y a déjà des estaminets « à l’arrivée du vélodrome », « au vélodrome des quatre villes », et ce quartier du Laboureur autrefois un peu désert va revivre et se développer.

Les gradins du vélodrome Photo Journal de Roubaix

Le 25 juillet, c’est donc l’inauguration et une réunion de gala est organisée pour l’occasion. À 15 heures, les coureurs Darragon, champion du monde, Parent champion de france, et Serrès s’affrontent dans un match de demi-fond en trois manches. Ils tournent à plus de 80 km/h. Puis un match poursuite oppose les pistards Deruytter de Tourcoing, Tiberghien de Wattrelos, Deman de Reckhem, et Behague d’Herseaux. Le prix des places est le suivant : loges 5 francs, pesages 4 francs, tribunes 2,50, gradins et virages 1,50, populaires 1 franc. Il a été décidé que s’il pleuvait, on remettrait, mais ce ne fut pas le cas. Les portes sont ouvertes dès 13 h 30, et la société musicale des Enfants de la Lyre vont animer la réunion. Un garage de 500 vélos est prévu pour les spectateurs venus à bicyclette, et un service spécial de tramways amène les voyageurs jusqu’à un arrêt juste en face du vélodrome.

Le vélodrome en service CP Coll Part

Le vélodrome des quatre villes disparaîtra avec la première guerre, mais il aura accueilli les plus grandes réunions de pistards et même un temps les matchs de football du Racing Club de Roubaix, alors à la recherche d’une grande enceinte sportive.

À suivre