Nous avons quitté, dans le précédent article, le parcours de la ligne rue des trois frères Rémy, juste avant que la voie ne pénètre sur la place par une courbe serrée à gauche. Une double voie s’étend devant le bâtiment de la mairie. On voit sur la photo une motrice d’une des premières séries, déjà vestibulée (c’est à dire que les passerelles d’extrémité ont été fermées pour mettre les passagers à l’abri des intempéries). Elle est suivie d’une remorque.
Cette double voie n’est pas très longue comme le prouve la photo suivante, prise en sens inverse. Elle est plus récente, et représente une motrice de la série 300. Elle prouve en outre que la circulation à droite de la chaussée n’est pas encore entrée dans les mœurs à cette époque.
Aussitôt sortie de Roubaix, la ligne se sépare et forme une double voie, l’aiguille se situe quelques mètres après l’octroi, à l’intersection avec le chemin vert. La voie d’évitement est placée le long du trottoir de gauche lorsqu’on regarde vers Roubaix. Cet évitement est relativement long comme l’atteste la seconde photo. Au fond le café-octroi, qui a fait l’objet d’un précédent article.
La photo suivante, prise à quelques dizaines de mètres plus loin et dans la même direction, bien que plus ancienne, montre la ligne, encore en voie unique. Elle date d’avant 1905 ainsi que l’atteste la motrice, d’une des deux premières séries, en état d’origine qui se rend à Toufflers. A l’évidence, la ligne n’a cessé d’évoluer tout au long de son histoire.
En se retournant vers Lannoy et après avoir avancé encore quelques dizaines de mètres, on trouve de nouveau une double voie, mais, cette fois-ci, elle est disposée le long du trottoir opposé. Le fil de contact aérien est fixé, comme à Roubaix, sur les bâtiments qui bordent la route.
Avançons encore une centaine de mètres : Une photo nous montre une voie unique qui se dédouble. Sur cette partie double circule une motrice d’origine à deux marchepieds série 1 à 18. Ici aussi l’aspect a beaucoup changé : Tout au fond et à droite, les maisons disparues aujourd’hui étaient situées juste avant le passage à niveau. Les constructions à gauche de la motrice ont été remplacées plus tard par l’usine Lepers-Delespaul qu’on voit ci-dessous sur les photos couleur.
Le passage à niveau est traversé à angle droit par le tramway sur une voie unique. Ici les constructions nouvelles, la disparition de la gare et la suppression des voies de garage SNCF, remplacées par une zone piétonne, ont profondément modifié le point de vue. Les barrières ont laissé place à un passage pour piétons, et la plate-forme de la voie ferrée à un chemin de promenade qui va de la gare du Pile à Forest et Villeneuve d’Ascq.
Avançons encore d’une centaine de mètres vers le terminus. Ici, la voie est de nouveau dédoublée en passant devant un café-tabac qu’on remarque à droite. Celui-ci existe toujours aujourd’hui.
Les vues suivantes, prises en sens inverse à différentes époques nous montrent l’évolution de ce café, aujourd’hui le Flint. Sur la photo la plus ancienne une motrice de type 300 qui négocie la courbe sur une voie unique qui sera doublée par la suite.
Sur la droite la grille de l’ancienne propriété Boutemy, disparue de nos jours.
En avançant encore d’une centaine de mètres vers la place de Lannoy, nous voyons la ligne, empruntée par une autre voiture 300, qui longe l’usine Boutemy dont la première partie a été ensuite remplacée par les bâtiments de l’usine Stein, disparue elle aussi pour faire place à un supermarché. La partie située après le virage a été démolie également pour former une zone piétonne. La photo du bas, provenant de l’Institut Géographique National, date de 1965. Sur celle-ci, une flèche montre la direction de la prise de vue de la première photo. Le carrefour a aujourd’hui fait place à un rond-point
Nous sommes tout près maintenant de la place. Pour y accéder, la ligne fait une courbe à angle droit devant l’ancien Canon d’or, avant d’emprunter l’étroite rue des trois frères Rémy.
La motrice de type 300 vue ci dessous suit cette courte rue avant de virer à gauche et arriver sur la place. La photo du bas montre qu’une aiguille qui permettait aux tramways d’emprunter à droite la rue des Bouchers a été supprimée.
Les photos proviennent de la médiathèque de Roubaix, des archives départementales, et de collections particulières. Photos couleurs Jpm
Aussitôt parvenue dans la rue de Lannoy, la voie suit l’axe de la chaussée. Cette option a été choisie de manière à laisser de la place pour le stationnement le long de chaque trottoir. Les zones à deux files de rails permettant le croisement, peu nombreuses au début de l’exploitation, augmentent ensuite en nombre au fur et à mesure des besoins.
La photo suivante nous montre l’entrée de la rue avec, à droite, l’estaminet de la Tonne d’Or. Tout au fond à gauche, on devine le cabaret de la planche trouée. Le fil de contact qui amène l’électricité aux trolleys des motrices est suspendu par des câbles transversaux aux façades des maisons.
La voie unique traversait ainsi la rue de la Tuilerie avant qu’un dédoublement n’y soit établi, fournissant de ce fait l’occasion d’un déraillement spectaculaire au passage de l’aiguille d’entrée. Ici une motrice ELRT de type 600 en fâcheuse posture à cet endroit : Le premier essieu a pris la voie de gauche, et l’autre a suivi la voie de droite, sans doute à cause d’une aiguille entre-baillée !
Nous voici maintenant au carrefour de la rue Edouard Anseele où la voie est contrainte de former un S pour rattraper un défaut d’alignement de la rue. C’est là qu’on va installer l’aiguillage d’entrée d’un garage : la voie se dédouble pour permettre le croisement des rames circulant en sens inverse. Le stationnement est donc sacrifié côté gauche de la rue. Voici le carrefour vu dans les deux sens, d’abord en direction de la Justice, puis vers le boulevard Gambetta. Au premier plan sur les deux photos l’aiguille d’entrée du garage.
La zone de garage est courte. Les deux voies se rejoignent peu après, bien avant le boulevard de Belfort. Une motrice type 300 se dirige vers le boulevard Gambetta sur cette autre photo, prise en direction de Lannoy.
La voie, redevenue unique au sortir du garage, arrive au carrefour du Boulevard de Belfort et de la rue St Jean. Ici deux lignes se séparent : la ligne H quitte la ligne C par une aiguille à gauche pour se diriger vers la gare du Pile. Sur les photos, montrant le carrefour vu vers le boulevard Gambetta, puis vers le boulevard Beaurepaire, l’estaminet Debosshere porte l’inscription « arrêt tramway ».
La photo suivante, prise après ce carrefour vers le boulevard Gambetta, nous montre la partie de la rue après le croisement du boulevard de Belfort, qu’on identifie grâce à l’estaminet du Moulin à mi hauteur de la photo. La voie est unique, comme le fil de contact de trolley.
La ligne poursuit alors sa route jusqu’à l’église Ste Élisabeth, où un autre garage occupe la largeur de la place. On voit sur la voie directe une motrice de type 1 à 18 en état d’origine se dirigeant vers la Justice.
On aborde maintenant le croisement avec la rue rue Jules Guesde où, encore, la voie se dédouble sur quelques dizaines de mètres. La première photo montre le carrefour vers la Justice, la seconde, un peu plus loin vers Gambetta. La troisième, prise dans la même direction, mais encore plus loin après le garage, montre en premier plan une motrice de la première série (numéros de 51 à 62) en état d’origine. Le receveur regarde le photographe depuis la plate-forme arrière. Au fond, le clocher de Ste Élisabeth.
Le long de la place de la Fraternité, la voie se dédouble une fois encore. Une motrice de type 600 et sa remorque, en route vers Lannoy, accueillent les voyageurs qui disposent à cet endroit d’un magnifique kiosque-abri datant de 1909.
Un peu plus loin, au pont rouge, une croix sur le pavé indique le lieu d’un accident survenu en 1930, alors qu’une motrice 600 se dirige vers Toufflers. La photo est prise vers Lannoy, au coin de la rue St Hubert. Les maisons basses visibles à gauche ont été démolies dans les années 70 et font place aujourd’hui à un jardin partagé après avoir été longtemps une étendue d’herbe. Ici aussi, la voie est double.
Après la traversée de l’avenue Motte, la ligne atteint le quartier de la Justice et la limite de Roubaix. Là, face à l’ancien octroi, au coin de la rue du chemin vert, un dédoublement de la voie marque le terminus des tramways de la ligne C barré, sur laquelle ont circulé, dès leur mise en service, les « michelines » du type 200. La première de la série vue à la Justice, sans doute au terminus, un endroit où les constructions ont depuis complètement modifié le paysage…
A suivre.
Les documents proviennent des archives municipales et du site de la médiathèque numérique de Roubaix.
En mars 1861 François Henri met en place un service de voitures publiques comportant 10 places entre Roubaix et Lannoy. On voit bien l’importance de la demande pour des transports en commun entre ces deux villes, et il n’est pas étonnant qu’une quinzaine d’années plus tard, dès que la concession des tramways est attribuée à la Compagnie des Tramways de Roubaix et Tourcoing, 21 rue du grand Chemin, les projets étudiés prévoient 3 lignes dont la troisième doit justement relier les grand-places de Roubaix et de Lannoy. La construction des lignes débute en février 1877, et l’exploitation débute mars 1878 sur les premiers tronçons posés, avec des départs toutes les 10 minutes. L’inauguration de la ligne 3 jusqu’à la place de Lannoy a lieu en octobre 1879. Les voitures sont traînées par des chevaux. Elles comprennent un compartiment central fermé et des plate-formes extrêmes, ouvertes, où officie le cocher.
Ci-dessous une voiture à cheval qui stationne devant le kiosque formant salle d’attente devant l’église St Martin.
En mars 1879, la ligne, qui, venant de la grand place, se détache de la ligne 2 grand rue au niveau de la place de la Liberté, ne dépasse pas encore la traversée de la rue du Tilleul après 900 mètres sur les 2700 prévus. Elle suit le trottoir de la place de la Liberté avant de s’en écarter pour prendre l’alignement du centre de la chaussée de la rue de Lannoy.
La voie poursuit sa route au centre de la chaussée. Jusqu’au hameau de Bury, aujourd’hui dans le quartier de la Fraternité. Ensuite, le ministère autorise le tracé en accotement, mais la voie suivra finalement l’axe de la chaussée de bout en bout. On double la voie à certains endroits, notamment sur la place St Elisabeth, la place de la Liberté, la Justice devant l’octroi, de pour permettre le croisement des voitures.
En même temps, la ville demande la concession d’une partie « suburbaine », pour prolonger la ligne au-delà des limites de Roubaix jusqu’à la place de Lannoy. Dans ce tronçon, la pose de la voie ne pose pas de difficultés, mis à part au droit de l’estaminet Lienard, qu’on finira par exproprier parce qu’il dépasse de deux mètres l’alignement, et dans l’étroite rue menant à la place de la mairie. L’ensemble est mis en exploitation à la fin de l’année 1879, bien que la compagnie ait anticipé sur l’autorisation officielle d’ouverture des travaux !
En 1882, la compagnie fait faillite, et les travaux d’extension du réseau sont arrêtés, mais l’exploitation continue sur les lignes existantes, sous la direction du syndic. Cette situation va durer plusieurs années. Enfin la situation se débloque et en 1894, la Compagnie Nouvelle des Tramways de Roubaix et Tourcoing reprend la concession. Elle se propose d’électrifier la traction et de changer l’écartement de la voie, qui était à 1 mètre 44 pour la passer à un mètre. La ligne 3 est mise en service en janvier 1895. Elle prend l’indice C en 1905. Son tracé qui partait de la place de la Liberté est modifié pour, au sortir de la grand place, emprunter la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta avant de tourner dans la rue de Lannoy. Son terminus est maintenant la gare qu’elle rejoint par l’avenue Lebas. En 1909, la ligne est prolongée jusqu’à la douane de Toufflers, alors qu’une autre ligne, dénommée C barré, s’arrête à la Justice.
On voit ici un ancien tramway hippomobile, alors transformé en remorque, stationner sur la grand-place
Suivons maintenant la ligne. A son extrémité, la voie dessine une sorte de raquette devant la gare, contournant le kiosque au centre de la place, pour permettre aux trams d’effectuer un demi-tour avant d’arriver à l’arrêt, placé le long du trottoir. Elle se dirige ensuite vers la grand place en empruntant la double voie récemment posée le long de l’avenue de la Gare, comme on l’appelle à l’origine. Une motrice, probablement de type 51 à 62 de 1894, et sa remorque type B 100 attendent au terminus de la ligne C devant la gare. Une autre, de la même série mais en état d’origine, descend l’avenue Lebas.
Arrivée à la grand place, la ligne, au lieu de tourner tout de suite à gauche pour s’arrêter devant l’église St Martin, comme elle le faisait auparavant, traverse la place en parcourant un « S » pour se ranger face à la bourse, le long des voies de la ligne des TELB. Les deux photos suivantes nous montrent une voiture de type 250 de 1897. qui vient de la gare et se dirige vers l’arrêt devant la bourse et la rue Pierre Motte, et une motrice série 1 à 18 de 1895 qui arrive à ce même arrêt.
La ligne suit d’abord la rue Pierre Motte, où elle voisine avec la ligne F des Tramways de Lille et de sa Banlieue (TELB), puis emprunte le boulevard Gambetta à contre sens. Elle rencontre un premier arrêt offrant l’abri d’un kiosque aux voyageurs sur le terre plein du boulevard. Cette portion de voie est emprunté par d’autres lignes de la compagnie des TRT. Elle tourne ensuite à 90 degrés en coupant la voie du Mongy pour entrer dans la rue de Lannoy en passant devant le café de la Tonne d’Or.
Ci-après une motrice Buire 500 de 1910 rue Pierre Motte, et une motrice 600 ELRT de 1927 suivie de sa remorque de la série 800 vue dans les années 50 devant le kiosque de l’arrêt de la Tonne d’Or, puis une motrice 300 TRT de 1906 et sa remorque qui amorcent la courbe place de la Liberté, et enfin une motrice série 1 à 18 de 1895 qui s’engage dans la rue de Lannoy.
A suivre.
Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.
La décision de reporter grand place le terminus du Mongy une fois prise, on prend l’option de déplacer les voies qui vont désormais emprunter le centre de la place. On supprime celles qui longeaient la banque de France, et on crée une nouvelle courbe.
Les tramways vont circuler là où stationnent les voitures : on se borne dans un premier temps à modifier les traits tracés au sol pour laisser la place aux rails. On fait confiance aux automobilistes qui devront être attentifs à ne pas dépasser les limites fixées pour laisser le libre passage aux motrices.
Sans doute la cohabitation est-t-elle difficile à régler, car on décide très vite d’aménager un site propre pour la voie ferrée. On réserve donc dans l’axe de la place une bande de terrain dont les limites sont matérialisées par des haies basses. Les motrices reprendront leur place au sein de la circulation après la courbe les amenant dans la grand rue. Il leur faudra ensuite cohabiter avec les voitures sur le chemin de retour vers Lille jusqu’à l’entrée du parc Barbieux. Les automobilistes continueront à côtoyer les trams grand rue, grand place et rue du Maréchal Foch d’ailleurs à sens unique, alors que les autobus remplacent les anciens tramways partout ailleurs dans les rues de Roubaix. Ces aménagements sont terminés en 1955.
Les aménagements de la place de la Liberté n’évoluent pas pendant une vingtaine d’années : Une photo de 1976 nous montre qu’à cette date, si les modèles de voitures ont changé, la physionomie de la place n’a pas évolué.
Pourtant la circulation n’est plus la même : depuis les années 50 la presse insiste de façon récurrente sur les problèmes liés à la circulation. Nord Matin fait état en 1972 de grosses difficultés dues à la cohabitation avec les piétons qui traversent le boulevard devant le Broutteux. Le problème va trouver sa solution dans la création d’un secteur piétonnier. On projette en effet en 1976 de faire de l’extrémité de la grand rue une voie piétonne pour redonner un attrait au centre ville (voir notre article à ce sujet). Après étude, la décision se précise : le Mongy, un instant menacé par le projet, continuera à emprunter cette section.
La place de la Liberté est directement concernée par ce projet visant visant également à intégrer le centre historique et Roubaix 2000 dans un seul ensemble à travers le boulevard Gambetta. Les commerçants concernés sont conviés pour information par la chambre de commerce à une visite du secteur piétonnier de Dieppe qui date d’un an. Ils y découvrent un espace dotée de mobilier urbain, où animations et promotions commerciales permettent de donner une âme.
Dans le projet pour la place, seule la moitié côté banque de France, placée en sens unique, reste dévolue aux automobilistes. Le reste, le côté commerçant, est partagé entre les transports en commun et les piétons. Un première zone large d’une dizaine de mètres le long des magasins sera ornée de végétaux et de mobilier urbain. L’architecte prévoit des vitrines où les commerçants pourront installer leurs produits. Plus loin, un couloir sera réservé à la circulation des bus entre la zone piétons et la plate-forme centrale du Mongy.
En 77, on attaque les travaux qui vont durer plusieurs mois, mettant les patiences à l’épreuve. La Voix du Nord titre à cette occasion : « il faut souffrir pour être beau » ! L’équipement urbain est complété en 82 par une sanisette, sujet de curiosité pour les roubaisiens.
L’aspect de la place semble attirer les photographes, inspirés également par le spectacle des lumières nocturnes :
Dans années 90, les voies du tramway quittent définitivement la place ; il s’arrête désormais à Eurotéléport. On peut enlever les rails de la place, qui renoue avec les travaux : En effet, le percement des galeries du métro vont livrer une nouvelle fois, à la fin de la décennie, la place aux engins de terrassement. Il faut, après la station Eurotéléport, que les rames changent de direction en passant sous la place pour se diriger vers la grand place, avant, par une nouvelle courbe, de se diriger vers la gare.
Ces travaux terminés, on réaménage la place juste avant le tournant du siècle, et c’est alors un parking qui occupe la majorité de l’espace. Seule demeure ouverte à la circulation une voie placée le long de la banque de France.
Les documents proviennent de la médiathèque de Roubaix et des archives municipales.
Le Journal de Roubaix annonce en février 1877 la construction de la première ligne de tramways allant de la gare vers Wattrelos par les rues de l’Alma, du Grand chemin, St Georges, la grand place et la grand rue. L’ouverture a lieu cette même année, et on assiste aux premières circulations des cars, comme on les appelle. Ce sont de voitures à chevaux comportant des plate-formes ouvertes à chaque extrémité ; elles circulent sur une voie à l’écartement « normal », c’est à dire 1m44, identique à celui du chemin de fer. La voie traverse la grand place le long de l’église. Deux autres lignes sont mises en service, qui longent également le trottoir de l’église. L’une emprunte la grand rue et se dirige vers Tourcoing par les rues du collège et la rue de Tourcoing, l’autre emprunte les rues Neuve et de Lille vers Croix. Peu après, la ligne 3 quitte la grand place par la grand rue et se dirige vers Lannoy par la place de la liberté et la rue de Lannoy. Pour abriter les nombreux voyageurs, on construit en 1878 un premier kiosque devant St Martin.
Presque aussitôt, la compagnie des tramways du Nord inaugure une ligne venant de Lille par Croix. Elle pénètre dans Roubaix par la rue de Lille, suit la rue Neuve, et a son terminus de l’autre côté de la place, devant la Bourse. Cette ligne, baptisée F, est empruntée par des tramways à vapeur, d’abord à l’essai, puis définitivement en 1883. Les rames sont composées d’une locomotive système Francq et d’une remorque, souvent à plate-forme centrale. L’écartement du matériel roulant est également de 1m44, ce qui permettra aux deux compagnies d’utiliser la même voie.
Ces deux compagnies, celle de Lille et celle de Roubaix-Tourcoing, emprunteront donc la même voie de la grand-place à Croix, puis, à la suite d’un accord, les TRT abandonneront la voie qu’ils exploitent aux TDN en 1880. A ce moment, la zone devant l’église est dévolue aux voitures à chevaux des TRT, et celle devant la mairie et la bourse aux remorqueurs à vapeur des TDN .
Pour alimenter les machines, on installe une prise d’eau devant la bourse, ce qui déplaît à certains élus et fait l’objet de discussions acharnées au conseil municipal. Ce même conseil s’indigne en 1887 de ce que la compagnie lilloise encombre la place pour charger et décharger ses fourgons de messagerie. Une photo de l’époque nous montre au fond un fourgon des TDN en stationnement, et au premier plan les voies des TRT. Le kiosque à musique n’est pas encore construit.
1882 voit la faillite de la compagnie roubaisienne. Un syndic s’occupe d’assurer les circulations à titre provisoire. On crée alors la compagnie nouvelle tramways de Roubaix-Tourcoing qui abandonne la traction animale pour miser sur l’électricité, la voie normale (1m44 d’écartement) pour la voie métrique (1 mètre).
L’ inauguration des nouvelles installations aura lieu en automne 1894.
Les voies devant l’église sont au nombre de quatre ; elles se réduisent à une seule à l’entrée de la grand rue.
En 1896 on profite du percement de l’avenue de la gare, réalisé en 1882, pour implanter une ligne directe entre les deux places. Pour éviter l’engorgement des voies face à l’église, cette ligne 3, ou ligne de Lannoy, va contourner le rond point central et le kiosque à musique et placer son arrêt côté mairie, avec deux voies le long du terminus des TDN. Elle prendra ensuite la rue du Château pour gagner le boulevard Gambetta par la rue Pierre Motte. Devant l’église, une autre aiguille à droite, placée après le rond-point rejoindra cette même ligne.
On voit ci dessous sur la première photo à gauche une rame des TDN atteignant son terminus et, au centre, une voiture des TRT de la ligne de Lannoy. Sur la seconde, on remarque un ancien tramway hippomobile placé là par la compagnie à poste fixe et servant provisoirement d’abri aux voyageurs pour Lannoy à la demande de la municipalité. Pour le remplacer, on convertira ensuite en abri le kiosque situé près de la bourse, au coin de la rue du château.
En 1902 La ligne lilloise passe à la traction électrique. Il faut soutenir la ligne de trolley par des poteaux, mais aussi en installant des rosaces sur les bâtiments, et notamment la façade de la mairie, ce qui occasionne beaucoup de discussions au conseil municipal.
La voie rue neuve est maintenant à quatre files de rails puisque les deux systèmes d’écartement y cohabitent.
Une photo de 1908 nous montre l’état de la place. A gauche, le kiosque-abri mis à disposition et chauffé par la mairie. A sa droite, une voiture venant de Lannoy et, de l’autre côté du rond-point dont le kiosque à musique a disparu, une voiture des TRT stationne devant St Martin. Notez que les fiacres sont encore nombreux autour du rond-point. La suivante (photo collection particulière) nous permet de voir une voiture emprunter la rue du Château vers Lannoy. Le bâtiment central de la mairie n’est pas encore terminé.
A suivre…
Les autres documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix
L’extrémité du boulevard Leclerc à hauteur de la place de la liberté et de la rue de Lannoy va être dotée au fil des ans de divers édicules, kiosques et aubettes destinés à un public toujours nombreux en cet endroit.
On y construit dès 1906 un kiosque permettant aux roubaisiens d’attendre le tramway à l’abri des intempéries. Cet édicule fait partie d’une série de 7 de style identique, placés en divers points le long des voies roubaisiennes. Cet abri est situé sur le terre-plein central du boulevard Leclerc, quasiment en face du café du Broutteux. Venus de la grand place par la rue Pierre Motte, les tramways qui s’y arrêtent empruntent le boulevard à contre-sens de la circulation, selon une pratique courante à l’époque.
L’édicule perd sa raison d’être en tant que tel avec la disparition des tramways, mais il ne disparaît pas pour autant. Il verra son existence prolongée en 1956 par reconversion en magasin de fleurs à l’enseigne des « Floralies Roubaisiennes » sous la houlette de Mme Giot qui le loue dès l’arrêt de la circulation des trams. Elle déplace la porte qui ouvrait sur la chaussée pour la mettre côté terre-plein. Ce commerce disparaît pourtant en 1968, et son emplacement est aussitôt envahi par les voitures en stationnement.
Tout proche, car situé à la limite de la place de la liberté est édifié en 1909 un autre kiosque, qui marque le terminus de la ligne du Mongy. Nous ne nous appesantirons pas sur son destin, abordé dans d’autres sujets de ce blog. Nous signalerons simplement qu’il est démonté en 1954. Le journal qui relate cet événement se réjouit de la disparition de « la bien vilaine aubette et son malodorant prolongement » (l’édifice avait été flanqué de toilettes publiques).
Sur le terre-plein du boulevard on pouvait également voir un kiosque à journaux. Suivant les modes successives, il sera d’abord haut et hexagonal, puis plus bas et rectangulaire. Il disparaîtra également dans les années 50.
Une photo aérienne de l’Institut Géographique National, datée de 1951, nous montre ces trois constructions réunies sur le site pour peu de temps encore.
Un document émanant du service de la voirie et daté de 1950 prévoit, la construction de WC et d’urinoirs placés en souterrain sur le terre-plein du boulevard. Pour accéder à cet équipement, deux escaliers, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Lors d’une délibération municipale du 1er juin 1951 les élus décident d’implanter, au niveau du sol, un nouveau kiosque abri de l’ELRT qui doit remplacer l’ancien. Ce projet doit faire l’objet d’une adjudication-concours. Le journal Nord Matin fait état des travaux de construction en 1952.
Ces travaux ont été confiés à la société Delfosse-Guiot sise rue de Crouy. Une photo aérienne de l’IGN, datant de 1953, nous montre effectivement les deux escaliers en place près du kiosque de tramways toujours en place. Entre-temps, la décision de supprimer les tramways est prise et l’abri prévu serait inutilisable pour les bus, situé qu’il serait à contre sens de la circulation automobile.
Le conseil municipal choisit donc une autre option et, en février 1954, il est décidé d’ériger une aubette destinée à un tout autre usage : il s’agit maintenant d’abriter le syndicat d’initiative. La voix du Nord qualifie l’ouvrage d’« aubette des amis de Roubaix ». Elle comporte deux pièces dont l’une comporte un guichet. Le long du bâtiment, un parterre de géraniums. Elle est construite par la mairie qui la prêtera aux amis de Roubaix. L’inauguration a lieu en septembre de la même année.
Plusieurs articles lui sont consacrés dans la presse. Pour Nord Eclair, c’est une mine de renseignements : On y trouve des dépliants touristiques, mais bien plus encore. Mme Leduc en est l’hôtesse en 1967 et, en 1970, c’est Mme Valentin qui l’anime. On y distribue une brochure qui présente l’essentiel de la cité et contient un plan. On y détaille les monuments publics, usines à visiter, une liste de logements disponibles en location, des adresses d’hôtels, de restaurants, de dancings. Pour les roubaisiens, on trouve encore des dépliants sur des destinations de vacances, et pour tous, divers documents à consulter sur place (Ravet-Anceau, horaires des bus, activités culturelles…)
Finalement l’aubette ne pourra pas résister à la vague d’aménagements paysagers ; elle sera démolie à la fin des années 70 pour laisser place à un espace vert agrémenté d’une fontaine. Ainsi disparaîtra le dernier des kiosques du boulevard Leclercq.
On retrouvera, par la suite, le syndicat d’initiative non loin de là, implanté place de la liberté à l’emplacement de l’ancien Capitole.
Les autres documents proviennent de la médiathèque de Roubaix, ainsi que des archives municipales.
Dès l’origine, le « car » longe les deux trottoirs de la voie centrale du boulevard de Paris, utilisant, côté droit en descendant, la voie unique de la ligne A bis, dite « de Barbieux » des Tramways de Roubaix Tourcoing qui, depuis 1907, venant de la rue Neuve, emprunte les boulevard de Paris et de Douai, avant de suivre la rue de Barbieux jusqu’à l’avenue des Villas. Échange de bons procédés, la ligne A bis profitera du dédoublement des voies pour coexister avec le car Mongy sur le tronçon commun dont les voies montante et descendante suivent la bordure du trottoir au plus près.
En effet, les contre-allées étant réservées à la promenade des roubaisiens, on n’envisage pas d’y faire circuler le tramway. Cette implantation est particulièrement périlleuse pour les cyclistes qui empruntent la chaussée, et on finira par leur construire, en 1935, une piste cyclable sur le terre-plein de droite en descendant le boulevard. La situation va perdurer très longtemps, prolongée dans le seconde moitié du siècle par les interrogations sur l’avenir du tramway.
Il faut attendre 1993 pour que la situation change, Des décisions interviennent enfin et on décide d’un tracé plus logique pour les voies : on regroupe les deux sens de circulation et on reporte la ligne en site propre sur la contre allée de droite en direction du centre. Le reste de l’ancienne chaussée latérale et l’ancienne piste cyclable étant transformée en « cour urbaine ». La ligne pourra ainsi desservir directement les lycées Baudelaire et Jean Moulin.
A l’extrémité du boulevard de Paris, le carrefour de la « barque d’or » avec les rues de Lille, Foch et Jean Moulin est un nœud ferroviaire compliqué où cohabitent déjà deux compagnies.
-La compagnie des tramways de Lille et de sa banlieue, dont la ligne F arrive de Croix par la rue de Lille pour remonter à l’origine la rue Neuve, puis, à partir de 1908, suivre la voie de gauche du boulevard Gambetta avant rejoindre la grand place par les rues de la Halle et Pierre Motte.
-Les voies de la compagnie des TRT descendent la rue Neuve et se séparent au carrefour pour emprunter l’une la rue du Moulin ( ligne I), l’autre le boulevard de Paris (ligne A bis).
Le Mongy devra s’insérer dans ce schéma. Il suivra, lui aussi le boulevard Gambetta, mais par la latérale de droite, les voies montante et descendante du boulevard de Paris se réunissent en contournant la fontaine des trois grâces, qui sera remplacée en 1925 par le monument aux morts.
Des aiguillages permettent à la ligne A bis des TRT d’emprunter les voies de l’ELRT. Cette facilité sera utilisée lors de l’inauguration du Mongy, la voiture des officiels remontant ce jour là la rue Neuve pour les conduire directement à la mairie.
Les voies de l’ELRT partagent donc la chaussée du boulevard Gambetta avec les autres véhicules. Cette situation ne choque pas à l’époque, et on ne songe pas à utiliser le terre-plein central du boulevard pour placer les voies en site propre. Le remplacement de la fontaine par le monument aux morts ne changera rien au tracé des voies.
En 1964, lors du déplacement du monument eaux morts on profite pour séparer les flux de situation. Les voies passent en site propre le long du monument et du parking central qui se trouve derrière.
Enfin, le projet de 1993 bouleverse le plan des voies. Celles-ci, après le Lycée Jean Moulin, se reportent dans l’axe de la chaussée pour traverser le carrefour, puis se s’écartent à nouveau pour encadrer la station et le monument aux morts avant de se rejoindre finalement pour se diriger, en site propre, vers le centre de la ville.
A suivre …
Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales de Roubaix
Après le tragique accident de Janvier 1912, la municipalité roubaisienne est confortée dans son idée de détourner le tramway de l’avenue Le Nôtre. Lors de la séance du conseil municipal du 2 août 1912, elle se préoccupe également du danger que constituerait l’ouverture par les propriétaires privés d’une rue à l’ouest du parc et parallèle à celui-ci, limitant la vue des promeneurs aux arrières d’une rangée de maisons.
Considérant que le projet de tracé prévu par la rue de Barbieux n’a pas avancé, personne ne n’étant décidé à le financer, le maire propose de tracer une nouvelle voie d’une largeur de 18 mètres à l’extérieur du parc. Elle prendrait naissance avenue de Jussieu, face au monument de Gustave Nadaud, traverserait les terrains situés en bordure du parc, passerait derrière la Laiterie et aboutirait au grand boulevard. On pourrait ainsi reporter la circulation des véhicules de l’avenue Le Nôtre à cette nouvelle avenue. Sur le terrain situé entre la nouvelle voie et le parc on pourrait établir la double voie de tramways. Circonstance favorable : les terrains nécessaires seraient offerts gratuitement à la ville par les riverains.
Pour atteindre l’accotement de la nouvelle avenue, la ligne va former un S prononcé à partir de l’Hippodrome. La photo nous montre cette double courbe :
Les voies suivent en ligne droite l’avenue Jean Jaurès. Malheureusement, celle-ci passe à frôler le café « la Laiterie » ,ne laissant pas la place pour les voies : celles-ci doivent faire un crochet pour éviter le débit de boissons et empruntent la chaussée, au grand détriment de la sécurité. Aussitôt après, la voie reprend sa place sur le bas-côté de la route au niveau de l’avenue du peuple belge. Après l’arrêt du vélodrome, c’est face de la laiterie que les cars s’arrêtent en 1919 mais un second arrêt « pourra être étudié ». On voit sur la photo les voies rejoignant leur site après avoir contourné la Laiterie, située à gauche.
Les choses restent en l’état plusieurs décennies. Mais on décide dans les années 50 de démolir la Laiterie. On profite naturellement de cette occasion pour redresser les voie de Mongy qui vont ainsi retrouver leur indépendance vis à vis de la circulation automobile, même s’il faut toujours traverser l’avenue du Peuple Belge.
Dès l’origine, le tram poursuit plus loin sa route en site propre jusqu’à la courbe formée par l’avenue Jean Jaurès pour rejoindre le boulevard de Paris. A cet endroit les voies se séparent ; si la voie vers Roubaix suit la courbure du Parc, celle menant à Lille traverse l’avenue pour rejoindre le trottoir opposé. Cette traversée, placée ainsi dans une double courbe en S est très dangereuse, et le restera longtemps !
L’autre voie, celle qui se dirige vers Roubaix quitte le parc en suivant une large courbe à gauche et accoste le trottoir juste avant le coin de boulevard de Douai, où est placé un arrêt. On voit sur la photo parvenir à l’extrémité du boulevard de Paris une motrice encore équipe de son trolley et accompagnée de sa remorque.
Les années 60 voient de nouveaux aménagements, cette fois du côté du « fer à cheval ». En 1963, pour faciliter la circulation automobile et diminuer le nombre des accidents, on élargit la courbe d’accès au nouveau boulevard. L’extrémité de l’avenue Le Nôtre va être infléchie pour ne plus déboucher directement sur le boulevard. Le rond-point situé au débouché de la rue verte va être amputé pour laisser place au tram.
Il faudra encore attendre une trentaine d’années avant qu’on ne touche de nouveau au tracé de la ligne. Dans le cadre de la modernisation du tramway, la Communauté Urbaine prévoit dans les années 90 des modifications à la partie nord, qui touche au Boulevard de Paris, devenu entre-temps celui du Général De Gaulle.
En effet, le conseil municipal roubaisien décide en juin 1991 de regrouper les deux voies en site propre le long de cette avenue. La traversée de la chaussée de l’avenue Jean Jaurès n’a donc plus lieu d’être et le projet prévoit de faire passer les rails le long du parc, en empiétant légèrement sur celui-ci :
Ainsi en sera-t-il fait. Après bien des modifications de tracé, les voies vont désormais se trouver en site propre depuis la gare de Lille jusqu’à cet endroit.
A suivre, les diverses péripéties qui ont présidé à l’implantation de la ligne dans Roubaix même.
Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix.
Le 19 juin 1900, Alfred Mongy fait une demande de concession pour un réseau départemental de tramways dont une ligne à double voie reliant Lille à Roubaix et Tourcoing. Cette ligne doit suivre le tracé du boulevard à établir entre ces trois villes, se séparant en deux branches au Croisé-Laroche après une partie en tronc commun et formant ainsi un Y . Les voies seront établies en site propre sur l’une des deux banquettes qui bordent la chaussée centrale. La branche de Roubaix doit aboutir à l’Hippodrome, à l’extrémité sud du parc Barbieux.
Informée que le tracé du boulevard aboutira au « Beau Jardin », la municipalité roubaisienne manifeste dès 1901 les plus grandes réserves quant à l’emplacement des voies, craignant que l’harmonie du site ne pâtisse de ce voisinage.
Alfred Mongy, pour présenter son projet de tracé, demande à la ville de lui vendre cinq exemplaires du plan de 1898, introuvable dans le commerce. C’est sur ces cartes qu’il fait tracer les emprises de la ligne bordant le parc par le nord-ouest, le long de l’avenue de Jussieu. L’ingénieur du département préconise le passage sur le trottoir extérieur de l’avenue, qui sera à élargir en conséquence. L’ingénieur Mongy propose l’année suivante un projet alternatif qui ferait passer la ligne par l’avenue Le Nôtre, située dans l’alignement direct du boulevard.
La municipalité proteste immédiatement contre le projet par le trottoir nord-ouest de l’avenue de Jussieu. Elle souligne les inconvénients de ce tracé qui coupe l’avenue Le Nôtre, les deux extrémités du parc, et interdit la plantation d’arbres sur le trottoir nord-ouest de l’avenue de Jussieu. Elle refuse d’ailleurs tout accès au tramway dans le parc par une délibération du 13 mars 1903. Le département continue néanmoins à privilégier ce tracé, et propose deux variantes pour la dernière partie avant l’accès au boulevard de Paris : les voies passeraient soit devant, soit derrière le monument Nadaud avant de rejoindre le boulevard de Paris devant le café du parc, au coin du boulevard de Cambrai.
L’ELRT, créée en 1904 pour exploiter les lignes concédées à Alfred Mongy, entame les travaux d’implantation des lignes de Lille à Roubaix et Tourcoing de 1905 à 1909, en même temps que se construit le grand boulevard. Mais tout au long de ces années, le problème du passage du parc Barbieux reste sans solution. En effet, Roubaix considère que l’avenue Le Nôtre est une promenade publique, en aucun cas destinée à recevoir le trafic en provenance de Lille, c’est à dire des véhicules lourds, et rechigne toujours à voir le tramway longer l’avenue de Jussieu. Cette réticence sur ce dernier point n’est peut-être pas étrangère au fait que le maire, Eugène Motte, va proposer au conseil municipal en février de l’année suivante la mise en place d’une exposition internationale qui se tiendrait précisément le long de l’avenue de Jussieu !
Les élus roubaisiens privilégient donc un tracé empruntant la verte rue dans Croix, la rue de Barbieux, puis, soit le boulevard de Douai, soit la rue Daguesseau. Ils accepteraient éventuellement un tracé Nord-Ouest pourvu qu’il se situe à l’extérieur de l’emprise du parc, sur une bande de terrain à exproprier aux frais de la compagnie. La municipalité fait établir, par Louis Barbotin, un projet de tracé situé à l’écart de la rue de Jussieu, évitant le café de la Laiterie, et aboutissant au delà de la l’institution Boucicaut, directement au boulevard de Cambrai.
Pourtant, en 1908, malgré les réticences de l’ELRT, peu encline à entreprendre d’autres études, on aboutit à un accord : le tramway empruntera le verte-rue dont la largeur doit être portée à 16 mètres, préservant ainsi le parc. En attendant cet élargissement, une voie unique dotée d’une voie de garage permettant le croisement sera implantée avenue Le Nôtre. Dans un deuxième temps, on implantera la deuxième voie dans la verte rue et on supprimera le garage. On aura alors deux voies uniques, une pour chaque sens de circulation, en attendant de poser définitivement les deux voies dans la verte rue.
L’année suivante, dans le Journal de Roubaix, on se préoccupe de la forme et de l’emplacement des abris. Des arrêts sont prévus au Vélodrome, avec un abri en ciment armé, à l’octroi de Roubaix, et Boulevard de Cambrai.
La ligne Mongy jouera un rôle important dans le transport des visiteurs de l’exposition de 1911. A cette occasion, l’ELRT demande l’autorisation de doubler la voie et d’installer une boucle de retournement et une voie de garage supplémentaires avenue Le Nôtre pour mieux assurer la desserte des voyageurs. Sur la boucle seront disposées les gares d’arrivée et de départ.
Toutes ces voies seront supprimées après la clôture de l’exposition. Seule subsiste la voie unique. Celle-ci va bientôt causer un accident spectaculaire : L’Echo du Nord du 23 janvier 1912 annonce en gros titre une collision frontale entre deux cars Mongy.
Cet accident s’explique par le fait que le bloc système (feux interdisant une voiture de pénétrer sur le tronçon à voie unique lorsqu’une autre l’emprunte déjà) ne fonctionnait pas depuis l’exposition. La compagnie attendait la remise en service de l’autre voie, supprimée par la volonté de la mairie à la clôture de l’exposition. La municipalité considère toujours que la voie de l’avenue Le Nôtre est provisoire et qu’elle n’a pas vocation à se pérenniser, surtout sous la forme d’une double voie. Elle attend toujours que la rue verte soit ré-alignée et élargie par le département.
A la place du bloc système défaillant, on instaure un système appelé « bâton-pilote » pour assurer la sécurité des circulations. C’est un dispositif simple, très employé sur les petites lignes de chemin de fer qui consiste à n’autoriser la pénétration dans une portion de voie que muni du fameux bâton, qu’on prend à l’entrée et qu’on rend à la sortie de la zone.
Sortant de l’avenue Le Nôtre, la ligne, à double voie, rejoint, en formant un S pour contourner le collège de jeunes filles, le haut du boulevard de Paris où est placé un arrêt au coin du boulevard de Douai.
A suivre…
Les divers documents proviennent des archives et de la médiathèque municipale.