En 1993, une étude de faisabilité concernant la voie ferrée Lille/Mouscron avait pour but de relever les points de vue à l’arrivée sur Roubaix. Le quartier de l’Épeule fait déjà partie de cette «mise en scène du panorama de Roubaix». En novembre 1994, le Grand Projet Urbain de Roubaix est lancé. L’étude de l’agence Devillers est axée sur les territoires de la Boucle du Canal comprenant les communes de Roubaix et Tourcoing, un complément d’étude incluant les quartiers de l’Epeule/ Fresnoy/ Mackellerie. Le foisonnement végétal bordant la voie de chemin de fer est mis en avant, et on a l’idée d’aménager un grand parc longitudinal du côté de l’Epeule.
Un concours est alors lancé par la ville de Roubaix en mai 1996. Vingt quatre réponses locales ont été reçues, trois équipes sont finalement retenues, qui ont trois mois pour proposer une esquisse. Finalement, le 5 novembre 1996, c’est l’équipe B3L Paysages qui est retenue. Leur proposition se distingue par la volonté de placer les équipements sportifs perpendiculairement à la voie. Ils composent ainsi le parc par une trame longitudinale essentiellement végétale composée de bandes boisées, et d’une voie verte. Cette trame longitudinale est ensuite entrecoupée par les équipements programmés (terrains multisports, terrains de foot) et les éléments installés (butte, jardins familiaux). De plus, ils suggèrent la conservation des déchets de démolition pour constituer une butte culminant à sept mètres de haut, qui permettrait une vue sur la Mackellerie séparée de l’Epeule par la voie ferrée. Son flanc Est servirait de tribunes sur le stade. Sa face exposée au sud serait utilisée comme lieu de détente et comme point de vue privilégié sur les toits de Roubaix. Sur la face nord de cette butte, un amphithéâtre en gabions serait réalisé afin de conserver un bosquet de bouleaux déjà présent sur le site.
C’est en septembre 1997 que démarrent les travaux de démolition en vue de réaliser le parc Bell-Brondeloire. Sont concernés deux hectares de bâtiments en état de décomposition avancée, et les jardins familiaux. On va détruire tout ce qui se trouve entre le groupe Bell de l’OPAC de Roubaix, le supermarché Match, la rue du Brondeloire, le bâtiment Flipo Richir et la voie de chemin de fer. Cela représente une longue bande de terrain à assainir le long du remblai du chemin de fer. Les travaux de démolition doivent durer deux mois et demi. Les jardins ouvriers vont être déplacés de 150 mètres par rapport à leur situation initiale. Douze parcelles seront installées durant le premier semestre 1998, au beau milieu du futur parc. On a prévu un espace clôturé et gardienné pour les nouveaux jardins familiaux, un terrain de football avec vestiaires, des espaces de détente, un autre terrain multisports (foot, basket) aménagé en accès libre, et suffisamment loin des habitations pour ne pas gêner les riverains.
En 1998 est inauguré le parc du Brondeloire dont l’emplacement a été choisi parce que la grande surface libre appartenait déjà à la Mairie. De plus, le comité du quartier de l’Epeule réclamait depuis une dizaine d’années des équipements sportifs, car la population du quartier est jeune, notamment dans les logements du «groupe Bell». La décision de faire un parc sportif est prise immédiatement. Les entrepreneurs SOREVE et Nord Espace vert se sont occupés du chantier. L’Agence Paysages a abandonné le suivi du chantier en cours, et on constatera des différences entre la phase chantier et ce qui a été réalisé. Conséquence, les bouleaux qui définissent la forme du forum dans la butte du parc, sont pour la plupart morts ou en très mauvaise santé. Comment justifier ce forum si les bouleaux disparaissent? Les voliges destinées à délimiter les différentes pièces du jardin à l’ouest du parc n’ont pas été installées. Il en résulte une dégradation de ces espaces. Des adventices poussent sur les rebords des allées en grave. Les matériaux se mélangent (graves et terres végétales). On distingue encore les différents massifs.
Il est vrai que l’appropriation du site a été très rapide. Une association d’habitants a réalisé l’entretien et l’animation du parc pendant un temps. Le parc était attendu depuis dix longues années. Cette attente et la sur-utilisation ont très vite eu des répercutions sur le site. Le parc du Brondeloire a subi de nombreuses dégradations, il n’a pas connu de trêve en terme d’utilisation. Le site ne ferme pas totalement, il y a des brèches dans l’enceinte du parc et il n’est pas gardé la nuit. Dès Mai 1998, l’amphithéâtre en gabion est remis en cause. Il a subi de petites dégradations aux conséquences importantes. Son accès et son utilisation ne se font pas en toute sécurité. De plus des pierres ont été arrachées des grillages et projetées contre les trains passant à proximité, ou sur des voitures. On projette de noyer les galets dans du béton et de poser des garde-corps. Finalement on comblera l’amphithéâtre par de la terre et pour retenir celle-ci on posera des rondins de bois, et on sécurisera l’accès par un grillage. L’amphithéâtre a donc perdu sa forme et son utilité. Seule une assise a été installée à la base de la butte.
Le terrain de sport est également très dégradé, le parc est soumis à de très grosses contraintes d’usure notamment en hiver durant les périodes de gel et parce qu’il est très sollicité. Selon les services des sports, il serait déjà à reconstruire. Le parc est très utilisé, notamment en été ou les activités manquent terriblement dans le quartier. Les enfants viennent donc jouer dans le parc, terrain de foot et terrains de sports sont saturés. Les potagers sont également très vivants à la belle saison. On signale cependant des conflits dans les potagers (vols de légumes). En hiver, le parc offre moins de possibilités mis à part le terrain de foot. Des problèmes de trafics de drogues sont récurrents, et empêchent parfois d’autres usagers d’utiliser les infrastructures sportives, comme par exemple les écoles qui n’ont pas eu accès au parc pendant plusieurs jours. Dix ans à peine et une grande partie du parc est à refaire.
à suivre