La longue histoire du bâtiment Degas

Le bâtiment Degas doc Archives Partenord

La cité des Hauts Champs fut construite de juin 1958 à mars 1961, en même temps que la cité Cavrois située à la Potennerie. De là vient la numérotation des immeubles, le groupe Cavrois et ses trois cents logements prenant les cinq premiers numéros, et le groupe des Hauts Champs avec ses 900 logements, les numéros de 6 à 12. La première dénomination du bâtiment Degas est donc le B9. On l’appellera très vite la petite barre, par opposition à la grande barre de 300 mètres qu’était le B12, qui se trouvait sur les territoires de Roubaix et d’Hem, et qui disparut en 1985. Le bâtiment 9 possède quand même 15 entrées sur cinq niveaux, ce qui représente 225 logements.

Début 1961, la cité des Hauts Champs n’est pas encore terminée, mais on y habite déjà et on s’y perd un peu. Nord Eclair titre d’ailleurs à l’époque, la cité labyrinthe, pour montrer à quel point la signalétique n’est pas suffisante. Les lettres qui surplombent les entrées d’immeubles ne sont pas visibles, il n’y a pas de noms de rue. En 1962, les voies sont à peine ébauchées et on tasse le terrain pour faire des parkings pour les voitures. Les bâtiments sont alors dénommés, et comme pour rappeler les noms de rue des HBM de l’autre côté de l’avenue Motte, on prend des noms de peintres : Greuze, Chardin, Vlaeminck, Degas… Le Bâtiment 9 devient ainsi le Degas. Mais il faudra du temps avant que les gens s’habituent, d’autant qu’il s’agit des noms des bâtiments et non celui des rues. Ensuite, les bâtiments donneront leur nom à la rue qui les jouxte : ce sera le cas des rues Degas, Chardin, Greuze…La cité apparaît alors comme mal desservie, les transports sont loin, les loisirs aussi, les centres commerciaux ne correspondent pas encore à l’attente, et la cité semble tourner le dos à la ville. Le bâtiment Degas se situe au milieu du quartier des Hauts Champs, quand le lotissement dit des petits cubes, au chemin vert, est achevé en 1966.

Dans l’angle formé par la rue Pranard et la rue Degas se trouvait une chaufferie qui permettait avec ses six chaudières modernes d’apporter chaleur et eau chaude aux appartements de la cité. Cependant les architectes avaient prévu qu’en cas de panne, on puisse raccorder des poêles à des cheminées existantes dans les logements. Modernisme certes, mais prudence également. A côté de cette chaufferie est venue s’installer une supérette. Comme le disent encore les habitants des Hauts Champs, on a du mal à traverser l’avenue Motte, dont la circulation est très dense.

Dans la cité, on continue à vouloir améliorer la signalétique : ainsi pour le bâtiment Degas peut-on lire dans le Ravet Anceau, les noms donnés à deux entrées, troënes et azalées, reprenant en cela l’exemple des HBM qui avaient donné des noms d’arbres à leurs bâtiments.

Cependant la rue Degas est devenue célèbre par la taille de ses nids de poule. En 1978, les rues de la cité sont encore des voies privées, et elles ne sont pas entretenues par la ville !

En juin 1983 démarre un chantier de réhabilitation du bâtiment Degas. Mais à la suite de problèmes d’hygiène et de sécurité, et de non-conformité des travaux de peinture et chauffage, on y travaille encore en 1986 ! Le bâtiment Degas a même été coupé en deux, car on a abattu ses entrées I et J en vue d’aérer le quartier en faisant une percée, mais les pelouses et plantations ont été  saccagées, l’endroit s’est transformé en décharge publique. A ce moment de l’histoire, il est question d’un passage piétonnier sur l’emplacement libéré, ou de la prolongation de la rue Léon Marlot jusqu’à la rue Joseph Dubar…

Quand la rue Léon Marlot traversa le bâtiment Degas

Le bâtiment Degas doc Archives Partenord

Construit comme les autres immeubles de la cité des Hauts Champs de 1959 à 1961, le bâtiment n°9, dit Degas fut nommé la petite barre, en référence au bâtiment B 12, alias la Grande Barre qui faisait plus de 300 mètres. Il avait été construit par le CIL et possédait quinze entrées, intitulées de A à O. En septembre 1985, on démolit la Grande Barre murée depuis quelques temps déjà. Va-t-il en être de même pour la petite barre ? Non, le bâtiment Degas fera l’objet d’une réhabilitation, et l’on démolira deux de ses entrées (I et J) pour prolonger la rue Léon Marlot jusqu’à la rue Joseph Dubar, dans le but d’améliorer la circulation du quartier. Il faudra quelque temps avant que la rue Léon Marlot passe entre le grand et le petit Degas, et qu’elle établisse la jonction avec la rue…Degas. Comment ce chantier s’est–il déroulé ? Nous faisons appel aux témoignages…

Commentaire de David :

J’allais souvent chez ma grand-mère (Mme André pour ceux qui l’ont connu-Bât 10 rue Ch.Pranard) et je peux juste vous dire que cette percée aurait dû, tant qu’à la réaliser, être faite bien avant , afin de faciliter l’accès à la boulangerie qui était située juste en face de l’actuelle entrée « poids-lourds » du site CAMAIEU ! Cette boulangerie a disparu la trouée est réalisée et c’est vrai qu’elle avait soulevé pas mal d’interrogations quant à la survie du plus petit « morceau » de la barre ainsi coupée !