La longue histoire du bâtiment Degas 2

Après percement Photo Lucien Delvarre

Après le percement du bâtiment n°9 en 1986, on parlera désormais du grand Degas et du petit Degas. Il est prévu de prolonger la rue Léon Marlot afin qu’elle rejoigne la rue Joseph Dubar en passant entre la chaufferie et l’ancienne supérette. Il s’agit d’assurer le désenclavement du quartier, et l’on pense implanter des commerces dans la rue Léon Marlot prolongée. Seule la boulangerie Dujardin s’y installera. Le prolongement viendra plus tard.

Le bâtiment Degas accueille alors des activités de rencontre et d’animation entre habitants soutenues par le centre social des hauts champs. La Confédération Syndicale du Cadre de Vie y tient également une permanence. Le 13 octobre 1986, intervient l’assemblée générale fondatrice du comité de quartier, qui s’installera dans le bâtiment Degas à l’entrée 13. Son premier Président sera André Delcroix, membre de la CSCV,  auquel succéderont Ernest Gongolo et Thierry Dony actuellement en fonctions. Suite à un certain nombre de péripéties, perturbation de réunion, intrusions, le local ayant été vandalisé, le comité de quartier quittera le bâtiment Degas en 1993 pour s’installer au n°176 de l’avenue Motte, en octobre 1994.

Entretemps, en 1989, on a refait les peintures des bâtiments en associant les habitants pour le choix des couleurs. A la même époque, un atelier bois est installé dans une cave de l’entrée G du bâtiment Degas, à l’initiative du centre social des Hauts Champs. Un formateur technique intervient pour apprendre aux locataires à entretenir leur logement, et à intervenir sur des petites pannes. Les gens peuvent faire des travaux dans l’atelier où il ya des machines. Cet atelier propose également des animations aux enfants du quartier. Cette opération se termine en 1996 pour des problèmes de sécurité et de financement, et l’atelier bois intègre le centre social des Hauts Champs.

En 1995, la chaufferie située à l’angle des rues Degas et Pranard est démolie, on rase les anciens locaux inoccupés de la supérette, et le chauffage est alors assuré par Logicil à Hem. A partir de 1996, la situation se dégrade progressivement, et on évoque la fermeture des balcons des bâtiments 9 et 10, car ils servent de dépotoir pour des ordures, quand celles-ci ne tombent pas sur les passants. Les murs sont graffités, les entrées sont squattées, le quartier n’est plus sûr. Le 27 mars 2000, la rue Léon Marlot est enfin prolongée. Les habitants étant contre la percée jusqu’à la rue Joseph Dubar, on ne crée pas de nouvelle traversée et la desserte se fera par la rue Degas et la rue Pranard. Des ralentisseurs sont installés à l’entrée de la percée Marlot/Degas, et à l’angle Degas/Pranard, qui feront la joie des skate-boards.

Après le relogement de ses habitants, le Petit Degas a été démoli en février 2009, et on va bâtir des maisons individuelles et un bloc de neuf appartements sur l’emplacement libéré. La livraison est prévue pour le troisième trimestre 2010, et un mail piéton sera réalisé tout le long de la rue Degas jusqu’au passage menant vers l’école. L’histoire du bâtiment ne s’arrête pas là. Après la démolition des entrées C et D du Grand Degas (soit 28 appartements) prévue pour le troisième trimestre 2009, la rue Chardin va être prolongée pour la faire aboutir vers la rue Degas. Voie piétonne ou voirie ouverte à la circulation automobile ? La Ville et le bailleur Partenord organisent des réunions d’information et de concertation avec les habitants. La percée Chardin sera terminée en Juillet 2010.Une nouvelle desserte parallèle à la percée Marlot  reliera donc l’Avenue Motte à la rue Degas. Le bâtiment Degas survivra-t-il à toutes ces ouvertures ?

La longue histoire du bâtiment Degas

Le bâtiment Degas doc Archives Partenord

La cité des Hauts Champs fut construite de juin 1958 à mars 1961, en même temps que la cité Cavrois située à la Potennerie. De là vient la numérotation des immeubles, le groupe Cavrois et ses trois cents logements prenant les cinq premiers numéros, et le groupe des Hauts Champs avec ses 900 logements, les numéros de 6 à 12. La première dénomination du bâtiment Degas est donc le B9. On l’appellera très vite la petite barre, par opposition à la grande barre de 300 mètres qu’était le B12, qui se trouvait sur les territoires de Roubaix et d’Hem, et qui disparut en 1985. Le bâtiment 9 possède quand même 15 entrées sur cinq niveaux, ce qui représente 225 logements.

Début 1961, la cité des Hauts Champs n’est pas encore terminée, mais on y habite déjà et on s’y perd un peu. Nord Eclair titre d’ailleurs à l’époque, la cité labyrinthe, pour montrer à quel point la signalétique n’est pas suffisante. Les lettres qui surplombent les entrées d’immeubles ne sont pas visibles, il n’y a pas de noms de rue. En 1962, les voies sont à peine ébauchées et on tasse le terrain pour faire des parkings pour les voitures. Les bâtiments sont alors dénommés, et comme pour rappeler les noms de rue des HBM de l’autre côté de l’avenue Motte, on prend des noms de peintres : Greuze, Chardin, Vlaeminck, Degas… Le Bâtiment 9 devient ainsi le Degas. Mais il faudra du temps avant que les gens s’habituent, d’autant qu’il s’agit des noms des bâtiments et non celui des rues. Ensuite, les bâtiments donneront leur nom à la rue qui les jouxte : ce sera le cas des rues Degas, Chardin, Greuze…La cité apparaît alors comme mal desservie, les transports sont loin, les loisirs aussi, les centres commerciaux ne correspondent pas encore à l’attente, et la cité semble tourner le dos à la ville. Le bâtiment Degas se situe au milieu du quartier des Hauts Champs, quand le lotissement dit des petits cubes, au chemin vert, est achevé en 1966.

Dans l’angle formé par la rue Pranard et la rue Degas se trouvait une chaufferie qui permettait avec ses six chaudières modernes d’apporter chaleur et eau chaude aux appartements de la cité. Cependant les architectes avaient prévu qu’en cas de panne, on puisse raccorder des poêles à des cheminées existantes dans les logements. Modernisme certes, mais prudence également. A côté de cette chaufferie est venue s’installer une supérette. Comme le disent encore les habitants des Hauts Champs, on a du mal à traverser l’avenue Motte, dont la circulation est très dense.

Dans la cité, on continue à vouloir améliorer la signalétique : ainsi pour le bâtiment Degas peut-on lire dans le Ravet Anceau, les noms donnés à deux entrées, troënes et azalées, reprenant en cela l’exemple des HBM qui avaient donné des noms d’arbres à leurs bâtiments.

Cependant la rue Degas est devenue célèbre par la taille de ses nids de poule. En 1978, les rues de la cité sont encore des voies privées, et elles ne sont pas entretenues par la ville !

En juin 1983 démarre un chantier de réhabilitation du bâtiment Degas. Mais à la suite de problèmes d’hygiène et de sécurité, et de non-conformité des travaux de peinture et chauffage, on y travaille encore en 1986 ! Le bâtiment Degas a même été coupé en deux, car on a abattu ses entrées I et J en vue d’aérer le quartier en faisant une percée, mais les pelouses et plantations ont été  saccagées, l’endroit s’est transformé en décharge publique. A ce moment de l’histoire, il est question d’un passage piétonnier sur l’emplacement libéré, ou de la prolongation de la rue Léon Marlot jusqu’à la rue Joseph Dubar…

Quand la rue Léon Marlot traversa le bâtiment Degas

Le bâtiment Degas doc Archives Partenord

Construit comme les autres immeubles de la cité des Hauts Champs de 1959 à 1961, le bâtiment n°9, dit Degas fut nommé la petite barre, en référence au bâtiment B 12, alias la Grande Barre qui faisait plus de 300 mètres. Il avait été construit par le CIL et possédait quinze entrées, intitulées de A à O. En septembre 1985, on démolit la Grande Barre murée depuis quelques temps déjà. Va-t-il en être de même pour la petite barre ? Non, le bâtiment Degas fera l’objet d’une réhabilitation, et l’on démolira deux de ses entrées (I et J) pour prolonger la rue Léon Marlot jusqu’à la rue Joseph Dubar, dans le but d’améliorer la circulation du quartier. Il faudra quelque temps avant que la rue Léon Marlot passe entre le grand et le petit Degas, et qu’elle établisse la jonction avec la rue…Degas. Comment ce chantier s’est–il déroulé ? Nous faisons appel aux témoignages…

Commentaire de David :

J’allais souvent chez ma grand-mère (Mme André pour ceux qui l’ont connu-Bât 10 rue Ch.Pranard) et je peux juste vous dire que cette percée aurait dû, tant qu’à la réaliser, être faite bien avant , afin de faciliter l’accès à la boulangerie qui était située juste en face de l’actuelle entrée « poids-lourds » du site CAMAIEU ! Cette boulangerie a disparu la trouée est réalisée et c’est vrai qu’elle avait soulevé pas mal d’interrogations quant à la survie du plus petit « morceau » de la barre ainsi coupée !