Evolutions d’une façade

A travers les années, la vitrine de la pharmacie de l’Avenir a bien évolué, en suivant les modes successives. La voici en quelques photos.

Années 50 : la façade a été rénovée. Signe des temps, remarquer le porte-vélos à droite de la porte d’entrée

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1970 : Deux vitrines, une de chaque côté de la porte. Le porte-vélo y est toujours. Le bandeau est éclairé par des spots

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1988 : le bandeau est refait, mais conserve le même graphisme. Les lettres sont rouge sombre . On ajoute les mentions herboristerie et homéopathie, et un rideau pare-soleil (associé à l’installation de la climatisation).

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2000 : Le graphisme de l’enseigne a de nouveau changé : lettres blanches de type Helvetica. Le porte-vélos a disparu. La pharmacie appartient alors à M . Challiez. Le bandeau est de nouveau éclairé par des néons.

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2010 : les lettres de l’enseigne sont désormais vertes et éclairées par des spots. On entre par la porte située à droite (agrandissement de la pharmacie). Ajout à même la façade sur le pan coupé avenue Linné du mot Orthopédie avec les mêmes caractères, ainsi que, sur les vitrines de Homéopathie, Hydrothérapie, Parapharmacie, produits vétérinaires, matériel médical.

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2013 : la vitrine principale, plus chargée, arbore maintenant, écrit verticalement : matériel médical, location-vente. La façade sur l’avenue Linné arbore Orthopédie.

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Documents collection particulière

La pharmacie depuis 1970

Mme CLERC et Mme DOOGBAUD témoignent

 On a agrandi assez vite, en 70. C’est une pharmacie qui se développait, et il n’y avait pas assez d’espace. On a élargi la vitrine en gagnant sur une pièce et en supprimant la fenêtre correspondante. La deuxième fenêtre est devenue une porte pour les livreurs, et le bureau restait sur l’avenue Linné. On a installé le chauffage central qui n’existait pas.

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L’officine en 1970 -photos collection particulière

 La façade a été agrandie, munie de deux portes, une pour la clientèle, et l’autre pour les livreurs, celle-ci donnant sur une pièce de déballage. Par ailleurs, l’espace client a été rendu plus spacieux par la suppression de la réserve attenante. Des petits comptoirs séparés ont été installés devant des armoires-tiroirs, nouveau mode de rangement des médicaments.

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L’aménagement dans les années 70

 En entrant dans la pharmacie, les clients avaient, sur la gauche, une partie en libre-service, signalée par « servez-vous », et une gondole tournante. A l’arrière, la petite cour couverte servait de réserve et de vestiaire pour le personnel. Les lois avaient évolué, et c’était devenu obligatoire.

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La vitrine dans les années 70 – photo collection particulière

 Au début des années 1980, on a créé une SCI, et on a racheté de l’immeuble, pour agrandir les locaux. On n’a pas touché à la façade, mis à part la modification du bandeau et l’ajout d’un pare-soleil : sur cette place il faisait très chaud ; on a aussi installé la climatisation, peu après. On a installé un escalier intérieur pour communiquer avec l’étage.

Au premier on a aménagé le préparatoire, le bureau et les réserves, ainsi qu’une chambre pour la garde. La réception des commandes continuait à se faire en bas. On a essentiellement fait des travaux à l’étage ; le rez -de- chaussée est resté inchangé, mise à part l’installation d’une réserve dans l’ancien bureau. A l’étage, il y avait le bureau sur la droite, puis la chambre pour la garde, le préparatoire sur la gauche suivi des réserves.

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Le plan de l’étage dans les années 80

 Auparavant, au premier, il y avait deux locataires, dont une vieille dame, qui y était déjà en 1936. On n’a jamais utilisé le deuxième étage. En 1990, on cède la pharmacie à M. Challiez. Il a racheté les murs par la suite. Il a pris sa retraite et a cédé aux pharmaciennes qui y sont actuellement. Depuis, il y a eu d’autres transformations, et, en 2013, la pharmacie a été transférée à la place du garage attenant.

La grande transformation aussi a été le passage du manuel à l’informatique dans les pharmacies. On l’a subi aussi… On a mis deux postes de travail pour la saisie. C’était imposant, ça prenait beaucoup de place. Je vois encore les gens qui me disaient « je suis dans l’ordinateur ! ». Au début, on a eu beaucoup de mal à s’adapter, ayant eu peu de formation. On a appris vraiment sur le tas. Mais on y est arrivé, parce qu’il le fallait bien. Il fallait tout entrer au clavier et ne pas oublier de sauvegarder chaque soir : il ne fallait surtout pas perdre le fichier clients !

C’était un handicap commercial, parce qu’on était tellement pris qu’on avait moins de temps pour écouter les patients. Ceux-ci devaient attendre. La carte vitale n’existant pas, on prenait une photocopie des renseignements concernant les assurés, qu’on entrait dans l’ordinateur par la suite. Ceci a modifié le temps de travail de la secrétaire qui est passé d’un mi-temps à un temps plein.

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Document Nord-Matin – 1952

Une pharmacie des années 60

Nous rapportons le récit de Mme Clerc et Mme Doogbaud qui ont tenu la pharmacie pendant plus de 20 ans .

Mme Clerc a assisté Mr Lhuillier au début des années 60 , puis elle a arrêté de travailler et c’est Mme Doogbaud qui l’a remplacée en 1965 : il y a eu continuité. Mr Lhuillier est décédé en 1967 et Mme Doogbaud a assuré l’intérim. Puis la pharmacie a été mise en vente. MmeClerc et Mme Doogbaud ont formé une SARL pour reprendre la pharmacie en Juin 1968. Ensuite la pharmacie a pris le nom de « Pharmacie de l’Avenir » car la place Spriet s’appelait auparavant place de l’Avenir. .

Le quartier du Nouveau Roubaix s’est peuplé dans les années 20 et 30 , et la population n’a pas varié depuis , ce qui fait que la pharmacie est toujours restée au même endroit : en effet il y a un «  numerus clausus », pour les pharmacies, par tranches d’habitants dans les villes. Parfois , il y a des déplacements de pharmacies, lorsqu’elles sont concentrées en un endroit, et qu’il se construit des quartiers nouveaux. Par exemple, M. Delcroix , qui tenait une pharmacie rue de l’Epeule, où il y en avait déjà trois ou quatre, s’est déplacé pour satisfaire le besoin de création d’une pharmacie dans le premier centre commercial des Hauts Champs (Auchan), Avenue Motte.

1968-96dpiLa pharmacie en 1968

 Lors de la reprise en 1968 , des premiers travaux ont été faits ; il y avait des locataires dans les étages. Mme Lerouge était la propriétaire.

Cette photo montre comment était la pharmacie au moment de la cession. M. Lhuillier avait dû refaire la façade quelques temps avant car elle était moderne, déjà, pour l’époque… Il y avait une petite vitrine, une porte, suivie de deux petites fenêtres .

A côté , donnant sur le Boulevard de Fourmies , se trouvait la maison de M. Lhuillier. Des médecins sont venus s’ y installer plus tard.

Cette maison avait une cour qui correspondait avec l’arrière de la pharmacie. M. Lhuillier entrait dans la pharmacie par la réserve à l’arrière en passant à côté du bureau .

 Plan 1968-96dpiDans la réserve , les rayonnages étaient faits avec des caisses empilées , caisses dans lesquelles on livrait les boites de lait pour bébés pendant la guerre. Dans la pharmacie , trop exiguë, il fallait faire rapidement des travaux pour mieux recevoir la clientèle .

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La pharmacie avec le pèse-personnes et la même vue du couloir menant à la réserve

Les rayons ont l’air surchargés Il faut dire que le métier a évolué : Mme Clerc précise qu’au début de ses études de pharmacie, dans les années 50, il n’y avait pratiquement pas de spécialités ; c’étaient des préparations pour la majorité des prescriptions. Parmi les premières spécialités qui ont eu beaucoup de succès, il y a eu un tranquillisant, ce qui a révolutionné la médecine.La Parapharmacie s’étant développée, elle a fini par prendre beaucoup de place : il a fallu ré-agencer les locaux .

 Nous verrons ,dans un prochain sujet , les modifications et transformations effectuées par la suite …

Un centre médico-social

Pendant très longtemps, la préoccupation du suivi sanitaire des enfants a été l’apanage des organismes privés ou des œuvres de charité. On trouve trace dans les documents d’archives, de crèches attachées aux usines. C’est le cas de l’usine Dazin Motte, située boulevard de Fourmies.

1 – Chambre d’allaitement de la filature Étienne Motte au début du siècle – coll. Particulière
2 –  Le foyer du vieillard boulevard de Reims – photo Nord Éclair 1947
 3 – Extrait d’une demande de permis de construire. Entreprise Dazin-Motte 1926 – document Archives municipales

 

Entre les deux guerres, la municipalité se préoccupe de favoriser de meilleures conditions de vie pour les classes laborieuses, et de traiter les problèmes d’hygiène : création du centre aéré et de l’école de plein-air, construction d’écoles claires et aérées, dotées de lavabos nombreux, établissements de bains, dispensaires. Mais aussi, rénovation de l’habitat et résorption des logements insalubres dans de vastes programmes de constructions. On trouve pèle-mêle dans le Ravet-Anceau de 1935, à la rubrique « établissements de bienfaisance » les crèches municipales des rues de Sébastopol et de Tourcoing, le dispensaire anti-tuberculeux de la rue des Longues Haies, et les différents hospices civils.

En 1946, M. Henri Quint, directeur du service d’hygiène et des sports publie un rapport visant la protection sanitaire des femmes enceintes, la protection sociale des futures mamans, la surveillance médico-sociale des enfants, la mise en place de consultations pour les nourrissons,et la création d’un service social de l’enfance. L’année suivante, Nord Éclair recense 12 foyers du vieillards dont un boulevard de Reims et un au Raverdi, alors que le Cavet-Anceau de 1955 indique des centres sanitaires et sociaux rue de Cassel, rue Decrême, au 209 rue Ingres, ainsi que rue Marie Buisine et rue de Tourcoing. Ils sont répartis sur le territoire de Roubaix de manière à desservir tous les quartiers. On recense aussi trois crèches municipales : rue Marie Buisine (quartier du Pile), rue de Tourcoing, et au 211 rue Ingres, au coin de l’avenue Linné.

Le conseil municipal décide en 1956, dans l’esprit du rapport de M. Quint, de développer un programme de constructions dans ce domaine, et, en 1950, on projette de créer un centre sanitaire et social boulevard de Reims à l’angle de la rue Jean-Baptiste Notte, à l’emplacement du château Bossut-Plichon, dénommé plus tard le château Droulers, sur un terrain resté libre après la construction de la Potennerie Blanche. Ce projet n’aboutira pas, et on construira finalement des immeubles sur ce terrain pour reloger les derniers habitants de l’îlot Edouard Anseele.

Mais le projet suit son cours. En 1960, on construit une série de centres sociaux : rue de Cassel à l’emplacement du château Wibaux, boulevard de Metz, rue Decrême, rue Marie Buisine et boulevard de Fourmies, de manière à desservir l’ensemble de la ville en évitant des déplacements inutiles. L’idée est de regrouper les services en ouvrant des centres polyvalents. C’est ainsi que le centre du boulevard de Fourmies doit comprendre des centres médico-scolaire, médico-sportif, de vaccinations, de protection maternelle et infantile, un centre social et de médecine du travail. A cela doit s’ajouter un foyer du vieillard et une crèche. Il sera bâti sur un terrain appartenant à la ville au coin de la rue Charles Fourrier.

Plan archives municipales

L’architecte H. Hache, déjà choisi pour la construction du centre préalablement prévu boulevard de Reims, est associé à P. Dessauvages pour la réalisation. Victor Provo inaugure cette année là un centre de désinfection quai de Gand et pose le même jour la première pierre du centre boulevard de Fourmies et de la crèche de la rue de Cassel. Les travaux de construction s’étendent sur l’année 61, et l’inauguration du centre est faite l’année suivante par Victor Provo, qui prononce son discours dans la nouvelle salle de restaurant du foyer du vieillard.

Le chantier – Photos Nord Éclair et Nord Matin