Au tout début des années 60, les femmes portaient des jupes au dessous du genou : robe Corolle avec bustier ajusté taille serrée, la corolle de la jupe est amplifiée par le jupon chez Christian Dior ; jupe crayon associée avec des chapeaux à larges bords et illustrée ici par Audrey Hepburn. Le comble de l’indécence était de laisser apparaître un genou.

Mais la jeunesse du « baby-boom », qui commence à représenter un pouvoir d’achat important pour l’industrie du vêtement, aspire à autre chose. Cette aspiration va se traduire dans la mode.
La première minijupe est imaginée par la styliste Marie Quant, qui la commercialise en 1962 dans sa boutique appelée Bazaar sur King’s Road dans le quartier de Chelsea à Londres. On dit qu’elle a été nommée ainsi par référence à la voiture anglaise. Elle voulait innover par rapport à la mode précédente :“Je voulais que ces vêtements soient en rupture totale avec ceux de nos mères” (Quant by Quant). Elle imagine de raccourcir les jupes ramenées à mi-cuisse. Les jeunes apprécient immédiatement la liberté de mouvements qu’elle permet.

Cette mode est liée au développement des collants importés des Etats-Unis en 1960, souvent associés à des bottes ou à des chaussettes longues. Elle sonne le glas des bas, tributaires de porte-jarretelles. En quelques années, on assiste à la quasi-disparition des bas nylons ; les collants conquièrent le marché pour les jeunes, puis, peu à peu, pour les moins jeunes. Dans ce domaine s’illustre la marque Dim, originalement « Bas Dimanche », fondée en 1953, dont les collants sont lancés 10 ans plus tard par les campagnes de Publicis, associées à une musique qui reste dans tous les esprits.

En France, André Courrèges est le premier à amplifier le phénomène en faisant de la minijupe la pièce maîtresse de sa collection printemps-été 1965. Ceci provoque un scandale dans les esprits conservateurs : en 1964, Noële Noblecourt, présentatrice, est licenciée de la RTF pour avoir montré ses genoux à l’écran.

Dans les années suivantes, le mouvement s’étend jusqu’à former une « mode mini » qui prône le raccourcissement des jupes et des robes, et qui les associent à des manteaux et imperméables. La chanson de Jacques Dutronc prend acte du phénomène.

Coco Chanel n‘a pas compris cette demande de la jeunesse ; elle déteste la minijupe : « Je me suis battue avec tous les couturiers pour ces robes courtes. C’est affreux de faire voir les genoux. Je trouve ça indécent ! (…) Je crois que quand on déballe tout comme ça, on n’a plus envie de rien ». Indépendamment de ce jugement, la mini jupe connaît un formidable essor dans la société et le mot « minijupe » fait son entrée dans les dictionnaires français dès 1966. Les femmes n’hésitent désormais plus à dévoiler leurs jambes, et on découvre qu’il n’y a pas d’âge pour porter la minijupe. Toutes les vedettes et idoles « yéyées » convaincues dès la première heure (sauf Sheila, qui commence sa carrière avec une robe écossaise longue), donnent l’exemple.

La mini-jupe ne tarde pas à envahir nos rues…