L’église non rebâtie

Les églises Saint Sépulcre, du très saint Rédempteur et Sainte Bernadette aujourd’hui disparues. Coll Particulière

Roubaix a la particularité d’avoir reconstruit plusieurs églises sur son territoire. Ce fut le cas de l’Église du Saint-Sépulcre, place d’Amiens ; une première et grande église de briques en style romano-byzantin est construite entre 1870-1873, devient une église paroissiale en 1877. Mais, devenue vétuste, elle est démolie en 1961. Un accord entre la commune, propriétaire de l’édifice, et l’évêché assure le suivi d’un nouveau lieu de culte qui est bâti entre 1961 et 1962 par les architectes roubaisiens Luc Dupire et Marcel Spender. De même l’église du Très-Saint-Rédempteur construite rue Bourdaloue en 1881-1884 par Paul Destombes est bénie le 18 février 1884. Après les années 1970, l’église, faute d’entretien et par manque de moyens du diocèse, se dégrade. L’église ferme en 1988 et l’association diocésaine la fait démolir en 1990 avec l’accord de la commune. Une nouvelle petite église moderne de briques, plus fonctionnelle, est financée en partie par la commune en remplacement de la première, tandis que l’association diocésaine assure la maîtrise de l’ouvrage. Le projet est confié aux architectes Philippe Escudié et Jean-François Fermaut. Elle est bâtie en 1993-1994. C’est enfin le cas de l’Église Sainte-Bernadette, avenue Alfred Motte La première église Sainte-Bernadette élevée par Vilain et Serex s’avère à la fin du 20e siècle trop vaste pour les besoins paroissiaux et inadaptée aux modes de célébration contemporains. En 1990, l’évêché de Lille annonce la décision de vendre l’église et ses locaux annexes. Un concours d’architecture est aussitôt organisé et la première pierre de la nouvelle église posée en 1991, sur un terrain appartenant à la commune situé sur la même avenue. Elle est construite sur les plans des architectes Philippe Escudié et Olivier Bonte entre 1991 et 1993. Elle est financée par l’association diocésaine et par la commune de Roubaix.

L’église du Sacré Cœur vue de la rue Pellart Coll Particulière

L’Église du Sacré-Cœur du XIXe siècle, s’élève sur la place d’Audernarde et son parvis fait face à la rue Pellart. Elle résulte du vœu des Roubaisiens d’ériger un lieu de culte en l’honneur du Sacré Cœur si la ville est préservée de la guerre contre la Prusse. Sa construction débute donc en 1871 mais n’est pas achevée quand débute la Première Guerre mondiale. C’est en effet la première église roubaisienne dont la municipalité républicaine de l’époque refusa de prendre en charge les dépassements budgétaires. Les catholiques roubaisiens promettent alors de la terminer si la ville est épargnée. Promesse tenue en 1930. Le clocher abrite alors quatre cloches : la plus lourde pèse 3,6 tonnes, la plus légère 700 kilos.

Le projet d’Omer Lecroart doc NE

En 1971, le lieu de culte ferme pour des raisons de sécurité et il est rasé l’année suivante. La municipalité décide alors de construire un espace de jeux pour enfants équipés de bac à sable et de portiques. Pourquoi n’a-t-elle pas été rebâtie, alors qu’un projet avait été adopté à l’instar de l’église du Saint Sépulcre ? L’architecte Omer Lecroart avait en effet présenté un projet dont le coût s’élevait à plus d’un million de francs. La commission des églises avait pris une part du financement et la commune en prenait pour 75 % du montant. Un emprunt est alors envisagé.L’église est plus petite que la précédente 35 mètres sur 13 de large et sera rebâtie du côté de la rue Pellart. Il restera donc un emplacement libre entre l’église et le presbytère qui lui ne sera pas démoli.

Démolition 1972 doc NE

La démolition s’effectue jusqu’en mai 1972. Mais les choses en restent là. Deux projets ont été estimés très coûteux, le projet de 1973 combattu par une partie du clergé prévoyait l’adjonction d’un lieu de culte pour les musulmans, une mini mosquée de six mètres sur dix. Et puis une partie de la population catholique estime qu’il y a plus urgent à faire que de construire un lieu de culte quand il s’en trouve un à moins de cinquante mètres.

La chapelle du couvent en 1904 doc BNRx

On se reporte alors sur l’appropriation de la chapelle de la visitation qui servira d’église paroissiale après quelques aménagements. C’est en 1975 à l’issue d’une réunion à laquelle participent Monseigneur Gand évêque de Lille et Léonce Clérembeaux député et adjoint au maire, que la décision est entérinée. Les sœurs de la Visitation ont accepté d’envisager leur départ, à condition d’être relogées dans la périphérie. Des solutions sont recherchées sur Sailly-Lez-Lannoy.

Le projet « visitation » doc NE

Le couvent de la Visitation fera donc l’objet d’un projet en quatre parties : tout d’abord la chapelle qui sera appropriée pour diverses activités paroissiales. Puis le corps principal du couvent serait transformé en foyer logement pour personnes âgées, ensuite la plus grande partie du terrain serait mise à disposition du public sous forme de parc avec aire de jeux, sur le modèle du square Destombes. Enfin le bout de terrain situé entre les maisons de la rue de la Vigne et celles qui se trouvent au quai de Nantes et boulevard de Strasbourg vont recevoir un semble d’une cinquantaine de logements et de places de parking. Quant à la place d’Audenarde, désormais libre de toute occupation, elle fera l’objet d’une consultation de la population, avant de devenir un espace de jeux pour enfants.

L’opération Bell

Vue aérienne 1962 du quartier de l’épeule doc IGN

Depuis 1876, date de son édification, le Couvent des Clarisses a vu maintes fois son environnement évoluer. Le vieux sentier des Ogiers qui passait à proximité est devenu la rue de Wasquehal et la rue des Ogiers à son débouché dans la rue de l’épeule. L’endroit s’est progressivement garni de longues rangées d’habitations ouvrières alors que l’industrie remplissait l’espace entre la voie de chemin de fer et la rue de l’épeule. A titre d’exemple, dans la rue de Wasquehal on trouvait autrefois la Fonderie de l’Epeule, la Société anonyme de finissage anglais, la Société roubaisienne de vêtements imperméables. Un certain nombre de courées y furent édifiées : en 1953, nous trouvons au n° 21 la cour du Brondeloire et la cour Delannoy, au n° 10 la cité Delporte, au n° 30 l’impasse de la Fonderie, au n° 36 la cour Baudaert-Dupriez et au n° 108 la cour Leman. En 1883, le quartier des rues de Wasquehal, des Ogiers et Watt est décrit comme l’un des plus humides et des plus boueux de la Ville, avant la construction d’un aqueduc dont la réception définitive aura lieu le 30 avril 1885. Sa construction fit disparaître les fossés et permit d’élargir la chaussée. Créée par une délibération du Conseil Municipal du 24 février 1893, la rue Bell fut approuvée par la Préfecture le 6 Mars de la même année. Située à la limite des territoires de Croix et de Roubaix, elle est dans l’immédiat voisinage de la société du Peignage de l’épeule. La rue Bell se verra complétée par une nouvelle série de constructions au cours des années 1920.

Premières démolitions angle épeule Ogiers Photo NE

Une nouvelle mutation du quartier se prépare en 1970, il s’agit d’une importante opération de résorption de l’habitat qui concerne les ilots Bell (rue de Wasquehal), Frère (cour située rue de Mouvaux), Aigle d’Or (cour située rue de la fosse aux chênes), Faidherbe II (cours situées rue Cugnot, rue des Vélocipèdes, rue de la limite), la Paix (cours situées rue du fort, rue de la longue chemise), et Petit Paradis (cour située Grand Rue, rue Lacroix, rue Fourcroy). Les locaux utilisés à des fins d’habitation dans ces zones sont déclarés impropres pour des raisons d’hygiène, de sécurité de salubrité. L’opération de résorption va concerner un périmètre en forme de rectangle constitué par la rue de la limite, la rue de Wasquehal, la rue des ogiers, la rue de l’épeule.

Quel est l’état des lieux du quartier en 1972 ? La rue Bell, créée en 1893, longue de 190 mètres sur 10-12 de large, se déroule du n°3 au 61 et du n°22 au 72. On y trouve un serrurier M. Créteur au 3, un coiffeur dames Mme Duhem au 25, après la rue Morse. Il y a des maisons inoccupées aux n° 9, 13, 39. Du côté pair, le Patronage St Sépulcre est au 36, et la maison du 72 est inoccupée. Établie de 1871 à 1888, la rue Cugnot fait 160 mètres de long sur 10 de large et présente une soixantaine de numéros pairs et impairs. Un pharmacien, M.Goddefroy occupe les n°1 à 5, la crémerie Descamps le n°11, les Taxis Vanhoorde le n°33. Côté pair, la technique électrique est aun°6, et on dénombre deux cours, Delmotte n°16, Cour Fontaine n°24. Les n°10,14,22 sont inoccupés. La petite rue Foucault date de 1891, fait 110 mètres de long sur 12 de large et s’étend du n°1 au n°41 et n°2 à 38. La rue des Ogiers est plus ancienne, établie en 1871, elle ne fait que 95 mètres de long sur 12 de large. Malgré son parcours assez court, on y trouve un boulanger au 7, deux coiffeurs au 3 et au 14. La rue des vélocipèdes fait 115 mètres de long sur 8 de large et comprend peu de numéros : du n°1 au 39 et du n°2 au 46. Une entreprise de couverture Debarge est au 17, puis une succession de courées, Cour Malfait 21bis, cour Faidherbe 25, Cour Huvelle 6, Cour Vandenbroeck 40bis. Enfin la rue de Wasquehal réalisée en 1871, fait 430 mètres de long sur 10 à 12 de large et s’étend du n°2 au 118. On y trouve les Clarisses au n°2, la cité Delporte au 10, l’impasse de la fonderie (16/18), l’impasse fleurie 32, cour Baudaert Dupriez 36, cour Leman 108, et beaucoup d’inoccupés, environ 1/3 de la rue. Il s’agit donc d’une partie de quartier relativement ancienne, près d’un siècle d’existence, où s’est développé un habitat serré fait de courées et de barres, dont on va démolir l’intégralité des bâtiments ou presque.

Le projet Lecroart Photo NE

Le projet est de supprimer 58 habitations rue Bell et de construire 117 logements PLR et pour l’ilot Faidherbe II, démolir 80 habitations et construire 92 HLMO. L’architecte chargé du dossier est Omer Lecroart. La déclaration d’utilité publique a été décidée en juillet 1970 et les mesures d’expropriation démarrent en septembre 1972 pour la partie Faidherbe II, concernant notamment la cour Vanderdonck rue des Vélocipèdes et la ruelle Cugnot, comme nous l’apprend l’encart dans le journal daté de février 1973.

La visite de M. Vivien Photo NE

En 1972, c’est le début de l’opération démolition : rue Bell 2 à 72 (tout le côté pair) et rue de Wasquehal 42-44. Pendant l’été 1972, le quartier reçoit une visite ministérielle et sa première coulée de béton. Robert-André Vivien (1923-1995) homme politique français, député de Seine puis du Val-de-Marne, est alors secrétaire d’État au Logement et il participe activement à la solution du problème des bidonvilles et à la création de l’Agence nationale pour l’amélioration de l’habitat (ANAH). Il est en visite aux Ogiers.

Le premier bâtiment des Ogiers et la partie Vélocipédes dégagées Photo AmRx

Après cette visite, la première coulée de béton se déroule rue des Ogiers en présence du Préfet, en juillet. Le premier bâtiment réalisé sera celui des Ogiers. Les mesures d’expropriation prendront quelque temps, ce qui explique la chronologie de réalisation des nouvelles constructions.

Plan des immeubles Vélocipèdes Doc AmRx

En Septembre 1974, la partie Vélocipèdes est construite, et la rue Cugnot est épargnée par les démolitions. Coût trop élevé de l’opération ? Volonté de garder une rue déjà viabilisée ? Il manque encore les grands immeubles au fond qui seront réalisés en 1975.

Le quartier de nos jours vue google maps