7 place de la Gare

En Septembre 1903, Emile Van Belleghem transforme sa maison, située 7 place de la Gare à Roubaix, en hôtel, en construisant deux étages. Sa décision est judicieuse car l’immeuble se trouve juste en face de la gare, côté droit ; les voyageurs arrivant en train à Roubaix sont donc sur place immédiatement.

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Le nom choisi pour son établissement est : Grand Hôtel-Restaurant d’Isly. L’enseigne provient certainement de la rivière Isly, d’Afrique du Nord, au bord de laquelle le maréchal Bugeaud remporte une victoire, en 1844, sur les cavaliers du sultan marocain.

L’hôtel ouvre en 1904 : les chambres neuves aux étages sont superbement bien meublées et le restaurant est situé au rez de chaussée. Des salons de réception sont mis à disposition de la clientèle pour les noces et banquets, ainsi qu’une salle de billard.

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Le Grand Hôtel d’Isly est repris ensuite par Arthur Masclet et dans les années 1910 par G. Paris. Ce dernier organise des apéritifs-concerts.

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Pendant la première guerre mondiale, l’hôtel est réquisitionné par l’armée allemande et devient une caserne pour les officiers et soldats.

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Dans les années 1920, l’immeuble est transformé en commerce de tissus, tenu par R. Ladreyt en 1928, puis par Léon Thieffry dans les années 1930. Ce dernier se spécialise en tissus, draperies et lainages.

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Léon Thieffry partage ensuite ce bâtiment avec Marcel Guilbert, grossiste en fournitures de bureau, dans les années 1940 1950. Marcel Guilbert propose une gamme complète d’articles de papeterie, est dépositaire de grandes marques dont « 3m Scotch » et vend des meubles métalliques de bureaux.

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Marcel Guilbert décide en 1963 de modifier sa façade. Il connait une expansion importante, il quittera la région à la fin des années 1960 pour s’installer dans la Zone Industrielle de Senlis dans l’Oise, pour devenir un des plus gros fournituristes de France.

document archives municipales

Entre 1968 et 1972, l’immeuble reste inoccupé. En 1972, Paul Najberg s’y installe. Paul est tailleur, installé au 8 rue Royale à Lille et s’approvisionne en tissus à Roubaix dans les nombreuses usines textiles. Paul livre également ses tissus à de nombreux confectionneurs installés sur la région parisienne.

Cette activité de négoce de tissus étant devenue de plus en plus importante, il décide donc, en 1972, d’ouvrir son magasin au n° 7 place de la gare à Roubaix. Paul Najbert, très connu des nombreux fabricants de tissus de la ville, achète principalement des seconds choix et des fins de série. Les usines sont encore si nombreuses à Roubaix qu’il lui faut plusieurs jours pour toutes les visiter.

document archives municipales

Dans les années 1980 1990, les fils de Paul Najberg, Daniel et Serge, sont appelés à travailler dans l’entreprise familiale. Serge s’occupe de l’achat et de la vente des tissus, tandis que Daniel s’occupe de la bonne gestion de l’entreprise. Après le décès de Paul, ses deux garçons continuent à faire vivre l’entreprise en tant que négociants grossistes jusqu’à la fin des années 1990.

Daniel Najberg ( document Nord Eclair )

Le bâtiment du 7 place de la gare reste ensuite inoccupé quelques temps, puis deux agences d’intérim vont se succéder dans les locaux : Vedior Bis et Randstadt.

document google Maps

C’est en 2010, que Marie Najberg, la petite fille de Paul, décide de renouer avec cet héritage familial. Lors de la première édition du Marché aux Tissus, organisé par l’office de Tourisme de Roubaix, Marie et son père Daniel, décident de vendre des coupons de l’entreprise familiale. C’est le déclic : ils prennent conscience du besoin des particuliers de se fournir en tissus à Roubaix.

Marie et Nicolas Nieto ( document Nord Eclair )

Marie et son époux Nicolas Nieto vont au bout de leurs idées et ouvrent alors une boutique de tissus à destination des particuliers. L’aventure commence dans les anciens locaux du magasin de chaussures Papillon Bonte au 6 et 8 avenue Jean Lebas à Roubaix, avec leur enseigne « Aux Tissus de Roubaix ».

Le 6 8 avenue Jean lebas ( document google Maps )

Puis très vite, le succès aidant, et se trouvant très à l’étroit, Marie Nieto décide de transférer son commerce au bout de l’avenue Jean Lebas, dans un autre établissement au 7 place de la Gare en 2014. C’est une adresse qui n’a pas été choisie par hasard puisque, dans ces mêmes locaux, son grand-père Paul tenait son point de vente de tissus. Cela fait maintenant presque 10 années, que Marie gère avec réussite, son magasin de tissus en gros.

Aux Tissus de Roubaix, 7 place de la gare ( photo BT )

L’immeuble du 7 place de la Gare existe depuis maintenant 12 décennies, a été occupé par de nombreux commerçants et entreprises, et a toujours été bien entretenu. On y retrouve encore, au niveau du toit, la structure métallique qui soutenait la balustrade, les 4 piliers et l’enseigne d’origine du Grand Hôtel d’Isly.

photo montage BT

Remerciements aux archives municipales

Château d’Hem (suite)

Après guerre, le château est réquisitionné pour servir de logement à des familles sinistrées et ce jusqu’en 1953. En 1945, il est racheté par un industriel lainier de Tourcoing, Mr Bossuyt, mais en 1953, l’entretien du bâtiment s’avérant trop difficile à assurer, le nouveau propriétaire décide sa destruction. Seule la chapelle reste debout pendant vingt ans encore au milieu de la plaine.

La chapelle avant sa destruction en 1974 (Document Historihem)
Vue de Forest en 1950 avec en arrière plan sur Hem la ferme et ses pâtures et agrandissement de la ferme et du château avec la chapelle au début des années 1950 (Documents Historihem)

La ferme quant à elle est reprise par Gabriel Boddaert, le fils de Maurice, en 1962 et l’année suivante il supprime les chevaux de labour et mécanise les cultures. Le corps d’habitation situé derrière la ferme conserve encore quelques traces du château construit après 1920 et quelques piliers d’entrée de l’ancien jardin du château restent debout ainsi que la chapelle.

Vestiges du château intégrés à la ferme (Documents Historihem)

Puis en 1974, le petit-fils Bossuyt vend une partie de sa propriété à Mr Cornu qui en fait un Centre Equestre puis un Centre de Loisirs. Les petites écuries sont installées sur 7 ha possèdent 2 manèges olympiques et un parcours de cross. Elles assurent des leçons pour tous niveaux, l’hébergement et la vente de chevaux.

En 1976, c’est une grosse frayeur pour les propriétaires et leurs chevaux, quand un incendie se déclenche suite à une cigarette négligemment jetée sur un tas de paille qui embrase la toiture des écuries, alors qu’une trentaine de chevaux se repose dans les box. Fort heureusement tous sont rapidement évacués vers les manèges et les sapeurs pompiers de Roubaix parviennent à circonscrire l’incendie à un coin des écuries.

Publicité pour les petites écuries et incendie de 1976 (Documents Nord-Eclair)

Quant à Gabriel Boddaert, le fermier, il démolit ce qu’il reste de l’ancienne chapelle d’un diamètre de 9 à 10 mètres. Cinq ans plus tard il exploite les 32 ha de terres et la ferme dont sa famille est l’occupante depuis 45 ans. Enfin son fils Pierre Yves reprend l’exploitation en 1999 tandis que sa sœur habite dans les dépendances de l’ancien château.

La ferme et ses dépendances dans les années 2000 (Document Historihem)

Dans les années 1980, le Château d’Hem de Jean-Claude Cornu devient synonyme de sports et les publicités et articles se succèdent dans la presse locale pour vanter la «vie de château pour sportifs»: tennis, piscine, sauna, bains bouillonnants, mais aussi aérobic, gymnastique traditionnelle, stretching, modern’jazz, côtoient une brasserie avec pianiste où se restaurer et se détendre après l’effort.

C’est le tennis qui, en premier lieu, ouvre les portes de ses 7 courts dont 4 couverts en septembre 1981, avec une école de tennis. Les 2 surfaces de jeu sont en shiste et en synthétique et s’y ajoutent un club-house rustique et des vestiaires et 3 enseignants sont mis à disposition des adhérents. Puis viennent s’ajouter au complexe sportif une salle de musculation et enfin un practice de golf et une école de golf avec Nicolas Fourrier joueur diplômé d’état.

Jean-Claude Cornu et son équipe au centre de loisirs et publicité (Documents Nord-Eclair)
Tennis (Documents Nord-Eclair)
Salle de musculation puis practice et école de golf (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1980, le centre de loisirs a acquis une belle renommée et les publicités se font plus nombreuses dans la presse locale pour ce complexe niché dans un cadre verdoyant et bénéficiant d’un contexte historique prestigieux. En 2000 la carte Libersport tente de convaincre les amateurs de sport de rejoindre le centre.

Publicité de 1987 et carte Libersport en 2000 (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 2003, le club de fitness exploité par Delphine Cornu et son époux, propriétaires des murs du Château d’Hem, racheté par son concurrent Ocea, déménage à Villeneuve d’Ascq, rue de la Cimaise, au grand dam de ses utilisateurs. Pour les activités de spa et d’équitation rien ne change. En parallèle, le site hémois, déjà doté de 2 salles de réception, est reconverti pour en accueillir 2 supplémentaires.

Déménagement du club de fitness à Villeneuve d’Ascq (Document Voix du Nord)

Le centre équestre et ses écuries sont toujours là dans leur écrin de verdure de 4 ha avec avec un centre de dressage ouvert à tous les cavaliers et le Horse Jump 59 dédié aux sauts d’obstacles qui s’adresse tant aux professionnels qu’aux particuliers. Quant aux petites écuries du Château d’Hem elles font gîte pour chevaux.

Le centre équestre du château d’Hem (Document site web et facebook)

Le château propose également, aux professionnels comme aux particuliers, la location de 4 grandes salles de réception chacune avec jardin, entrée indépendante, allée d’accès et parking privé pour l’organisation de grands événements : mariages, anniversaires, séminaires, soirées à thèmes…

Les salles de réception (Documents ABC salles)

O’Green propose quant à lui une initiation au golf, des démonstrations de ce sport ainsi que des cours individuels ou collectifs. La terrasse du Green, restaurant traditionnel local, propose chaque semaine une nouvelle carte originale : une cuisine gourmande et riche de saveurs locales et traditionnelles.

Le restaurant la terrasse du Green (Document site web)

Enfin depuis 2018, l’hôtel Kyriad a remplacé l’ ancien hôtel Campanile. Le domaine du Château d’Hem propose donc également des solutions de logement qui complètent les offres du complexe sportif et celles de locations de salle. Le cadre est accueillant et le changement d’enseigne a été l’occasion de travaux pour améliorer le confort des chambres.

L’hôtel Kyriad (Documents site web)

Là où à la fin des années 1950, après la démolition du dernier château d’Hem, sur les terres de l’ancien marquisat, ne subsistait plus qu’une ferme entourée de champs s’est donc développé, dans un écrin de verdure un complexe de loisirs qui fait la part belle à la nature et qui cohabite avec la ferme toujours présente : le Château d’Hem, tel que les hémois le connaissent aujourd’hui.

Vue aérienne des années 1950-1960 et vue aérienne de 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Ibis à Roubaix

Le 31 janvier 1988, la première pierre d’un nouvel hôtel est posée, comme signe tangible de la volonté de transformation de Roubaix voulue par l’équipe Diligent : transformer une ville repoussoir en un pôle d’attraction. Et en premier lieu, loger les visiteurs ! André Diligent rassure le monde hôtelier existant à Roubaix : avec un trois étoiles de 92 chambres, un deux étoiles de 13 chambres, quatre une étoile de 20 chambres, nous ne disposions que de 200 chambres pour tout Roubaix. D’un seul coup, nous augmentons notre capacité hôtelière de 50 % et ce n’est pas fini. Mais je suis convaincu qu’il y a de la place pour tout le monde.

Le Sénateur Maire André Diligent posant la première pierre Photo NE

Le partenaire, c’est la chaîne Ibis, dont le premier hôtel ibis a ouvert à Bordeaux en 1974, construit par la société hôtelière Novotel-SIEH, qui a absorbé les hôtels Mercure en 1975 et deviendra le futur groupe Accor en 1983. L’objectif de cet hôtel est de créer une chambre 30% moins chère que celle de Novotel. En 1977, 14 hôtels Ibis ont ouvert en France. En 1980, Ibis ouvre son 50ème établissement. La même année, la société Aéroports de Paris autorise pour une durée de 50 ans les hôtels Ibis à exercer une activité hôtelière (556 chambres) sur les domaines publics des aéroports. Le groupe hôtelier Accor prend naissance en 1983 et ouvre son premier hôtel Ibis aux États-Unis en 1983. En 1984, Accor et la banque La Hénin réunissent les 123 hôtels ibis et Urbis au sein de la structure Sphère SA, qui devient le premier opérateur d’hôtels 2 étoiles en France. Roubaix sera le 215e Ibis.

Avant l’Ibis, un café restaurant CP Méd Rx

Estaminet déjà présent en 1898, bénéficiant de la clientèle des Halles Centrales, dénommée Brasserie de Belfort en 1908, toujours café dineurs en 1929, puis café de la poste en 1972, l’emplacement a toujours eu une vocation d’accueil du public en s’adaptant à son environnement. Nous sommes à présent face à l’IUT, à deux pas de l’ancienne filature Motte-Bossut qui est sur le point d’accueillir les Archives nationales du monde du travail (ANMT). Elles y seront installées en 1993. Le nouvel Hôtel est un deux étoiles, propose 64 chambres, un restaurant bar de 70 places. La presse cite d’ailleurs un programme en six points : dans les deux ou trois ans, Roubaix va se doter d’un formule un de la chaîne Accor, d’un Campanile deux étoiles, d’un trois étoiles de standing Accor Srai inséré dans un projet de centre d’affaires, un deux étoiles de la chaîne Ibis, celui-là vient de commencer et un Hotelia équipement hôtelier original pour personnes âgés qui s’installera à la place de l’ancienne CAF.

L’Ibis en attente de l’Eurotéléport et des ANMT Photo Guy Sadet

Inauguré en septembre 1988, l’hôtel Ibis connaît un démarrage assez calme, du selon le directeur de l’époque à la concurrence de Lille, de son animation et de ses restaurants. À l’occasion, l’Ibis joue le rôle de déversoir quand Lille affiche complet. Roubaix est par ailleurs en pleine transition. L’Ibis accueille plutôt un public de cadres, comme ceux du Lloyd continental. L’ouverture prochaine de l’Eurotéléport porte de grands espoirs. On sert 80 à 100 repas par jour et c’est souvent le midi. Le manque d’animation (il n’y a plus qu’un seul cinéma à Roubaix) et trop peu de restaurants pour intéresser les clients à rester le soir.

Sources : presse locale, Ravet Anceau, Wikipédia