Rue Jules Guesde : entre Hem Bifur et le boulevard Clémenceau (suite)

Au 39 de la rue Jules Guesde, au coin du boulevard Clémenceau se trouve au début du vingtième siècle un estaminet nommé : A l’arrivée du boulevard. Dans les années 1950, c’est le café Debaisieux puis durant la décennie suivante le café de Constant Rondeau. La société d’épargne : Les amis du boulevard, y a alors son siège et y organise régulièrement des lotos et festivités diverses.

Photo de l’estaminet : A l’arrivée du boulevard et fête de Saint-Nicolas organisée par les Amis Réunis en 1960 (Documents Hem Mémoire en Images et Nord-Eclair)

Le café-brasserie : le Clémenceau prend la suite dans les années 1970, tenu par JM. Deboeuf. Puis la décennie 80 y voit s’installer le marchand de cycles et motocycles, agent Peugeot, M.Tondereau. C’est ensuite le pédicure-podologue Jean-Claude Kerkhove qui y tiendra son cabinet jusqu’à sa retraite.

Publicité du café-brasserie Le Clémenceau en 1974 et du commerce de cycles M. Tondereau en 1980 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Au milieu de la décennie 1960, le garage Devreese s’installe au n°17. Louis Devreese fait aussi station essence dans les débuts et se spécialise dans la mécanique agricole. Il devient également agent Citroën et fait sa publicité notamment sur le lancement de la Dyane en 1969. Le garage reste en activité durant une vingtaine d’années avant que le bâtiment reprenne un usage d’habitation.

Publicités du garage en 1968 et 69 et photo du bâtiment en 2023 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Durant la même période c’est la société de transports d’Edmond Delecroix qui occupe le n°10. Ce bâtiment abrite aujourd’hui la maison David, spécialisée en cannage et rempaillage de chaises. Au n°13, c’est un artisan en bonneterie G. Dupretz qui s’installe et reste en activité juqu’au début des années 1980, en la modifiant au milieu des années 1970 époque à laquelle il devient vendeur de textiles en soldes puis marchand forain.

Carte postale aérienne de la première portion de la rue à la fin des années 1950 et photos du bâtiment du 10 et du bâtiment voisin en 2008 et 2023, ainsi que du n°13 en 2023 (Documents Google Maps)

Le négociant grossiste en fruits et légumes Albert Delhaye occupe quant à lui le n°50 durant la décennie 1960, avant de céder la place à l’auto-école de Jean Merchez dans les années 1970. Son auto-école cohabite durant la fin de la décennie avec la bibliothèque pour tous avant que celle-ci ne déménage. L’auto-école hémoise quant à elle reste en activité jusque dans les années 2000.

Publicité des années 1970 pour l’auto-école et photos de la bibliothèque pour tous ainsi que de l’auto-école hémoise en 2008 (Documents Nord-Eclair et Google Maps)

Cette ancienne maison se situe au milieu des n°48 et 52. Si le 52 n’a hébergé que durant quelques années le cordonnier Achille Malfait à la fin des années 1960, le 48 a connu une belle activité durant les décennies 1980-2010 avec le Hem Pressing de R.Chiloup-Coupé puis le pressing Rossel. Les maisons des n°48 puis 50 ont ensuite accueilli en 2018 la boutique Little Cécile, toujours en activité, tandis que le n°52 a disparu pour laisser place à la nouvelle rue qui continue le boulevard Clémenceau.

Publicités d’Hem Pressing et Rossel, photos des établissements et de Little Cécile (Documents Historihem, guide pratique de Hem et Google Maps)
Protège-cahier publicitaire avec le cachet de la cordonnerie et l’ancien emplacement du 52 en 2008 (Documents collection privée et Google Maps)

Pour compléter ce tableau de la première portion de la rue Jules Guesde, citons l’installation de l’ancienne poste au n°19, remplacée par la marbrerie Piccini dans les années 1970, et du collège Elsa Triolet au n°20 à la même époque (sur ces sujets voir nos précédents articles édités sur notre site).

CPA de l’ancienne poste et photo de la marbrerie, photo du collège Elsa Triolet et photo actuelle de son emplacement et photo aérienne de 1976 avec le collège en construction (Documents collection privée, Google Maps et IGN)

Enfin, dans les années 1970, s’installe au n°2 bis la boucherie chevaline Mylle, durant une dizaine d’années, avant que Jean-Noël Craissin y ouvre son salon de coiffure à la fin des années 1980. Il était auparavant installé Place de la République et reste rue Jules Guesde jusqu’à son départ en retraite. Le bâtiment héberge alors une pizzeria.

Publicités de la boucherie en 1977 et 79 (Documents Nord-Eclair)
Publicités du salon de coiffure des années 90 et 2000 et photo en 2000 puis photo de la Pizzeria (Documents Historihem, Nord-Eclair, guide pratique 2000 et Google Maps)

Enfin, à la fin des années 1980, la friterie Dudu élit domicile au n°3, sur le parking qui a pris la place de l’ancienne école communale de filles Pasteur, et y fait le bonheur des habitués qui font régulièrement la queue devant la camionnette, notamment les week-end. Cet établissement appartient maintenant au passé et le parking a repris sa vocation initiale.

Publicité de 1989 et photo de la friterie en 1990 et photo aérienne de 1989 (Document Nord-Eclair, Historihem et IGN)

Depuis l’avènement du vingt et unième siècle, la première portion de la rue Jules Guesde qui correspond à Hem Bifur a beaucoup évolué, surtout côté pair, avec la nouvelle avenue d’Aljustrel qui prolonge le boulevard Clémenceau mais aussi avec la construction du complexe d’appartements et de la Résidence Seniors qui bordent la nouvelle rue du Lin, à l’ancien emplacement du collège, dans le prolongement de la rue de Beaumont.

Vue aériennes de 2004 et 2023 (Document IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

Ecole Pasteur (Suite)

Mais bientôt éclate la 2ème guerre mondiale avec ses restrictions. L’école du Centre reste donc à 3 classes. Les écoles bénéficient heureusement du charbon gratuit au prorata du nombre d’élèves : un grand poêle en tôle trône au milieu de la classe et une grosse buse la traverse pour rejoindre le conduit de cheminée au travers du mur du fond. Les élèves assis près du feu se plaignent parfois d’avoir trop chaud alors que les plus éloignés se réchauffent difficilement.

A la fin de la guerre c’est la libération mais l’explosion des dépôts de munitions situés au « Château de la marquise » endommage tout le quartier alentour et l’école Pasteur est sinistrée à 100% au point qu’il faut procéder à sa reconstruction. La directrice est logée rue Victor Hugo et à la rentrée scolaire suivante, au vu de l’effectif grandissant, une classe de l’école Pasteur est agrandie du volume de la pièce voisine par abattage du mur de séparation. Par ailleurs une femme de service est affectée dans chacune des classes enfantines.

Photos de classe de l’école après guerre en 1945 et 1948 (Document Historihem)

En 1950, une école maternelle est en projet dans la rue du Maréchal Foch. Dans l’attente de sa réalisation, et la population scolaire augmentant sans cesse, il s’avère indispensable de dédoubler la classe enfantine de l’école Pasteur. Par mesure d’économie celle-ci est installée dans une classe inutilisée de l’école Victor Hugo, place de la République, pour la rentrée de 1951.

Les photos de classe des années 1950 à l’école Pasteur permettent de voir encore toutes les élèves de l’école alignées avec un beau nœud dans les cheveux. En juillet 1952, l’école célèbre la fête nationale et les élèves font entendre leur répertoire de chants appris durant l’année scolaire avant de quitter l’école en chantant « Gai, gai l’écolier, c’est demain les vacances ».

Photos de classe de l’école en 1950 et 1952 (Documents Historihem)

Déjà juste après guerre, le conseil municipal a prévu la construction d’un groupe scolaire complet : école de garçons, école de filles, école maternelle, cantine scolaire, dans la propriété convoitée du Château de la Marquise qui s’étend entre la rue du Général Leclerc et la rue de Beaumont. Les projets étant finalement lancés en 1957, 10 ans plus tard l’école Pasteur est désaffectée tout comme l’école Victor Hugo.

L’Inspection académique envisageant l’ouverture à Hem d’une annexe mixte du Lycée de garçons de Roubaix, comprenant 2 classes de 6ème et 2 de 5ème, des visites des locaux désaffectés de ces 2 écoles sont organisées en 1959 pour y envisager une concrétisation du projet mais le proviseur décide finalement de surseoir à cette création.

Dans les années 1960, une petite cité est construite juste à côté de la place de la République et, pour en assurer l’accès à partir de la place, une nouvelle rue doit être ouverte face à l’église Saint-Corneille. Pour ce faire il faut détruire le bâtiment qui abrite le garage des sapeurs-pompiers. Les pompiers doivent provisoirement remiser leurs véhicules dans l’ancienne école de filles d’Hem Bifur, l’école Pasteur, dont les locaux sont réaménagés pour la circonstance. (Voir sur notre site un précédent article intitulé Les Pompiers de Hem).

Photos panoramiques des années 1962, 1971 et 1976 (Documents IGN)

En janvier 1969, la presse locale titre : la vieille école Pasteur est appelée à disparaître. Le matériel de lutte contre l’incendie ayant été cédé à la communauté urbaine et le corps de sapeurs-pompiers dissous, et un nouveau garage municipal ayant été construit aux abords de la place de la République, le bâtiment vétuste ne doit pas tarder à faire place à un square ou une nouvelle construction.

La vieille école est appelée à disparaître (Document Nord-Eclair)

La vieille école Pasteur qui apparaît encore sur les photos panoramiques du début des années 1970 n’est plus là sur celle d’avril 1976. Elle a donc été démolie au cours des 5 premières années de la décennie 1970 pour faire place à un parking sur lequel s’est installée pendant quelques temps la friterie DUDU, dans les années 1980-1990. Dans le mémento public de Hem en 1979, les écoles portant les noms de Pasteur et Victor Hugo sont intégrées au groupe scolaire du Centre rue de Beaumont, avec entrée par la mairie.

Friterie « Dudu » sur le parking et publicités de celle-ci (Documents collection privée)

Apparaissait encore dans les années 2000 une niche dans ce qui restait du mur d’enceinte côté parking, à l’entrée de la rue Jules Guesde, pouvant rappeler un endroit où se trouvait peut-être une statue religieuse du temps de l’école Pasteur, dernier vestige d’un bâtiment ayant abrité pendant plus d’un siècle une école de filles.

la niche dans le mur (Document collection privée)

A ce jour les photographies ne permettent plus de deviner qu’une école a un jour existé à Hem Bifur et la friterie des années 1990 a laissé place à un parking totalement libéré pour accueillir le plus de voitures possible.

L’ancien emplacement de l’école et la vue aérienne de 2022 (Documents Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem, André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui , et plus précisément à Jacquy Delaporte pour son ouvrage de 1981 : de la maison d’école aux 16 écoles publiques de la Ville de Hem