Rue du Maréchal Foch

L’avenue Foch dans les années 1930 (Document Hem Images d’hier)
Vue aérienne de l’avenue Foch dans les années 1950 (Document IGN)

Cette rue, longue de 391 mètres, joint la rue des Ecoles à la rue Louis Loucheur, dans le quartier des 3 Baudets. Elle est entièrement bordée de champs côté pair et de maisons CIL côté impair. Au début des années 1950, elle accueille l’école La Fontaine et ses 3 classes de maternelle. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site consacré à l’école Jules Ferry).

L’école La Fontaine (Document Historihem)

La rue est alors déjà essentiellement résidentielle, même si quelques commerces la parsèment durant cette décennie et les trois qui la suivent. Ainsi l’alimentation générale tenue par Maurice Monier au n°15 y restera jusqu’au début des années 1980. Ce marchand, très connu du quartier, possède une camionnette qui lui permet de sillonner les quartiers pour y proposer sa marchandise. Il gère son commerce avec son épouse Jeanne et bénéficie plus tard de l’aide de sa fille Joëlle et de son gendre André. Après la fin d’activité de ce commerce emblématique de la ville, la maison retrouve un usage d’habitation comme c’est encore le cas de nos jours.

L’alimentation M.Monier et sa camionnette Citroën type H (Documents Facebook, Tu sais que tu es un vrai hémois si tu connais…)
Publicité de 1972, Maurice et Jeanne dans les années 1970-80 et le n’° 15 en 2023 (Document Nord-Eclair, Facebook, Tu sais que tu es un vrai hémois si tu connais…, et Google Maps)

Au début des années 1960, 3 artisans et une autre commerçante rejoignent l’avenue. Il s’agit de L. Blin, spécialisé en radio et télévision au n°17 voisin, lequel deviendra par la suite Blin-Delestrée TSF en 1965, mais dont on ne trouve plus trace dans les années 1970. Au n°41 on trouve un temps J. Cloart : plâtrerie, décoration, transformation.

J Cloart publicité (Document Historihem)
les n°17 et 41 de nos jours (Documents Google Maps)

Au n°63, s’installe Louis Van de Putte, artisan en couverture, plomberie et zinguerie, lequel reste en activité jusqu’à la toute fin des années 1970 à cette même adresse. Enfin une épicerie ouvre ses portes au n°101, au début des années 1960 et pour une décennie, tenue par Mme Leclercq.

Louis Van de Putte publicité (Document Historihem)
Les n°63 et 101 de nos jours (Documents Google Maps)

La rue Foch est alors une belle artère qui porte le nom d’avenue et l’école maternelle est l’une des plus belles de la région d’après la presse locale. Pourtant à la fin des années 1960, force est de constater que de multiples dépôts d’ordures et immondices y sont entassés sur un terrain vague, tout contre l’école, ce que déplorent les riverains.

Trop d’ordures avenue Foch en 1969 (Document Nord-Eclair)

Dans les années 1970, c’est le stade Liétanie qui y est créé. Ce terrain de football, qui accueille les entraînements des enfants, porte le nom d’un dirigeant de club et footballeur hémois. Il reçoit également les enfants des centres aérés des quartiers de la Lionderie et des Trois-Baudets.

Un groupe d’enfants de centre aéré au stade (Document Nord-Eclair)

A la toute fin des années 1980, le square des Bleuets, d’une longueur de 137 mètres, apparaît aux côtés de l’école La Fontaine, à l’angle de l’avenue du Docteur Calmette, constitué de « dominos » destinés aux personnes âgées. Sur les plans et la photo aérienne des années 2000 on voit clairement le stade Liétanie suivi de l’école La Fontaine et du Square des Bleuets.

Le square des bleuets, extrait de plan de Hem et photo panoramique des années 2000-2005 (Documents Gralon et IGN)

Les arbres qui bordaient la rue Foch étant considérés comme trop envahissants sont remis en question en 1994 et suite à une réunion de Mr Decourcelle (adjoint à l’urbanisme) et des riverains, dans le restaurant scolaire de l’école La Fontaine, une décision est prise : la totalité des arbres situés côté impair sera abattue et côté pair entre les n°2 à 12 . Le reste des tilleuls subsistant côté pair seront élagués et taillés en espalier. Par ailleurs une bande cyclable est prévue.

Réunion scellant le sort des arbres de la rue en 1994 (Document Nord-Eclair)

Le vingt et unième siècle signe la fin d’une époque dans le quartier et un ambitieux projet qui va changer la physionomie de la vieille rue du Maréchal Foch. L’école Paul Bert-Jules Ferry, vieille de plus d’un siècle, située rue des Ecoles ne va plus accueillir d’élèves à la rentrée 2022. (Sur ce sujet voir un précédent article édité sur notre site consacré à l’école Jules Ferry).

A partir de 2020 et courant 2021 des travaux impressionnants ont lieu dans la rue du Maréchal Foch, occasionnant de sérieux problèmes de circulation. 2 chantiers y sont en effet menés de concert : la rénovation de La Fontaine ( durant les week-end et vacances scolaires) et la construction de la nouvelle école Jules Ferry, en lieu et place de l’ancien stade Liétanie et de la maison qui le séparait de l’école maternelle. Le chantier de construction avance comme prévu en vue d’une ouverture à la rentrée 2022.

La rue Foch avec le stade Liétanie en 2008, le terrain vague en 2017 et 2020 puis avec l’école Jules Ferry flambant neuve en 2023 (Documents Google Maps)

A ce jour la rue Foch a retrouvé sa vocation exclusivement résidentielle, sans aucun commerce, mais aussi scolaire. Elle est toujours bordée des maisons des années 30 sur son côté impair et abrite sur son côté pair un groupe scolaire comprenant une école maternelle presque centenaire mais rénovée et une école élémentaire flambant neuve. Les travaux se poursuivent pour ouvrir une rue face à celle de l’abbé Lemire qui rejoindra la rue Blaise Pascal parallèle à la rue Foch.

Vue aérienne de la rue en 2023 (Document Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem

L’Ecole Publique aux Trois-Baudets

Le 20 mai 1900, Henri Delecroix est élu maire de Hem et un mois plus tard une commission des nouvelles écoles est créée pour étudier la question de la construction de nouvelles écoles, seul le centre de la ville en étant pourvu. Le Hameau des Trois-Baudets se trouve ainsi à plus de 3 kms des écoles actuelles. Un terrain de 2500 mètres carrés y est donc acheté par la commune à Mr Flipo.

Extrait du cadastre de 1829 (Document Historihem)

En novembre, le conseil municipal décide donc de la création sur ce terrain d’un groupe scolaire comprenant 2 classes pour chaque sexe. En janvier 1902, le Ministre de l’Instruction Publique donne son approbation à ce projet et accorde une subvention d’Etat à la commune qui reçoit également une aide du Conseil Général. Pour le reste des fonds nécessaires, la municipalité contracte un emprunt sur 30 ans auprès du Crédit Foncier.

Une adjudication est lancée pour les travaux de construction de 2 écoles avec habitations pour instituteurs. L’architecte désigné est Jules Derégnaucourt un architecte Roubaisien. Il est décidé que les classes seront éclairées au gaz et les maisons d’habitation auront un bec dans le couloir et 2 dans l’intérieur.

Adjudication de la ville de Hem (Document Historihem)

A cette époque, les élèves les plus déshérités se voient attribuer des vêtements au début de l’hiver à condition de pouvoir justifier de 6 mois de présence à l’école. Des galoches et des bas sont également distribués et font l’objet d’une adjudication et une dizaine de familles bénéficient d’une bourse communale.

Pour la première fois en 1904, le registre des délibérations mentionne 2 noms d’école en lieu et place du vocable de groupe scolaire des Trois-Baudets habituellement utilisé à savoir : Paul Bert ( physiologiste et homme politique, défenseur de l’école républicaine et laïque, ministre de l’instruction publique en 1881-1882) pour l’école des filles et Jules Ferry (avocat et homme politique, ministre de l’instruction publique de 1879 à 1888, qui attache son nom à la législation scolaire obligatoire, gratuite et laïque) pour celle des garçons.

Les 2 écoles se trouvent juste à côté de l’église Saint-Joseph, église paroissiale du quartier des Trois-Baudets, juste construite au début du siècle. A l’époque la future rue des Ecoles (à partir de 1928) le long de laquelle sont construites l’église et les écoles se nomme encore chemin de la Fosse de la Léverie.

En 1911, en raison de l’augmentation de la population scolaire, le conseil municipal décide la construction d’une classe supplémentaire à l’école des filles. Le même architecte est donc chargé de la surélévation de l’école Paul Bert, et c’est l’entreprise de Jules Willecomme, installée à Sailly, qui exécute les travaux.

Extrait de plan de Roubaix-Hem de 1919 (Document Historihem)
Les 2 écoles dans les années 1910-1920 (Document Historihem)

En 1914, le conseil municipal adopte un projet d’acquisition de terrain de 2500 mètres carrés auprès de Mr Flipo, pour y procéder à un agrandissement des jardins des écoles Paul Bert et Jules Ferry. Mais par suite des événements de guerre le projet ne peut être mené à son terme de suite et le budget prévu est affecté à l’achat de denrées alimentaires avant d’être à nouveau voté, 5 ans plus tard, pour la réalisation de son objet initial.

C’est ainsi qu’en 1921, en vue de l’application de la loi sur l’éducation physique, un projet d’aménagement du terrain sportif récemment acquis, attenant aux 2 écoles, est approuvé et le budget nécessaire à sa mise en œuvre est adopté. Dans les années qui suivent l’électricité est installée dans les écoles puis en 1926 un appareil de cinéma acheté par la municipalité est installé dans les écoles des Trois-Baudets.

En 1931, avec le développement intensif du quartier, 172 filles sont inscrites à l’école Paul Bert et, la moyenne réglementaire étant de 40 élèves par classe, une quatrième classe est ouverte. Après l’élection en 1935 d’un nouveau maire, Jules Delesalle, l’école est agrandie et aménagée (rehaussement) avec toutefois bien des difficultés, les travaux étant arrêtés pendant plusieurs mois faute de fonds pour payer les entrepreneurs. L’école Jules Ferry a désormais 4 classes tandis que Paul Bert en compte 5.

Photo aérienne de Paul Bert et Jules Ferry en 1933 presque face au château Olivier et en 1947 (Document IGN)

Pendant la 2ème guerre, le crédit pour la distribution de vêtements chauds aux enfants qui fréquentent les écoles est augmenté et celles-ci bénéficient du charbon gratuit au prorata du nombre d’élèves. Un grand poêle en tôle trône au milieu de la classe et une grosse buse la traverse pour rejoindre le conduit de cheminée au travers du mur du fond.

En 1943, des cantines sont créées grâce à un « comité des cantines scolaires » regroupant la commission municipale des écoles, messieurs les curés, le délégué du secours national, le président des familles nombreuses, le syndicat agricole et un représentant des bouchers.

L’une des 2 cantines crées l’est à l’école Paul Bert pour le groupe scolaire des 3 Baudets. Le secours national prête 2 cuisiniers et des demandes de vivres et de charbon sont faites. Le repas se compose d’un potage, d’un plat de légumes et d’un verre de bière pour un prix modique.

Par ailleurs, dès 1946, un dictionnaire est remis aux lauréats du CEP (Certificat d’études primaires) et une cuisinière et une batterie de cuisine sont attribués à Mme Dubois, directrice de Paul Bert pour les cours ménagers qui sont dispensés dans cette école de filles.

Photos de classe de Paul Bert et Jules Ferry après-guerre (Documents Historihem)

Après guerre, c’est sous la mandature du docteur Jean Leplat qu’une femme de service est affectée dans chacune des classes enfantines de l’école Paul Bert. En 1948, un incendie, de cause indéterminée, endommage gravement une aile du bâtiment de l’école des filles dont les travaux de réfection sont confiés à 2 entrepreneurs hémois : Jules Constant pour la charpente et menuiserie et Eugène Dewailly-Farvacq pour la couverture.

Photo de l’école en 1949 et au même endroit en 2012 (Document collection privée)

Puis en 1950, 2 classes meublées étant encore disponibles à l’école Paul Bert, une classe supplémentaire y est ouverte pour les filles et, plus étonnant, une classe supplémentaire pour les garçons, le manque de place empêchant son ouverture dans les locaux de Jules Ferry, et Paul Bert disposant par ailleurs de 2 cours de récréation ce qui permet d’assurer la séparation filles-garçons y compris hors temps de classe.

Et 2 ans plus tard, 2 classes supplémentaires sont ouvertes à Paul Bert, ce qui porte leur nombre total à 7. Les locaux existent déjà mais il faut procéder à l’acquisition de mobilier supplémentaire. La même année, 2 hémois sont poursuivis en justice pour avoir peint des inscriptions à la peinture blanche sur les murs de Jules Ferry. Par ailleurs une cinquième classe y est ouverte.

Fête de l’école Lafontaine en 1954 et 1956 (Documents copains d’avant)

Ensuite c’est l’école maternelle Jean de La Fontaine qui est ouverte en 1952, rue du Maréchal Foch (laquelle relie la rue des Ecoles et la rue Louis Loucheur), sur un terrain acheté par la municipalité en 1950. Elle comprend 3 classes, une salle de repas, une salle de propreté, un couloir et un bureau de direction.

Par mesure d’économie le logement de l’adjointe, initialement prévu, n’est pas retenu et elle doit se contenter d’un logement HLM, mis à sa disposition par la ville. Le matériel de la classe enfantine de l’école Paul Bert est donc transféré dans la nouvelle école, laquelle s’avère vite trop petite. Dès 1954, une quatrième classe y est ouverte dans la salle de jeux.

CPA photo aérienne dans les années 1960 (Document collection privée)
Classe de Paul Bert en 1964 avec la directrice Mme Vantorre (Document Historihem)

                                                                                                                                  A suivre…

Remerciements à la ville de Hem et l’association Historihem, et à Jacquy Delaporte pour son ouvrage sur les écoles de Hem