Mobilisation des locataires

En 1962, la presse écrit à propos de la cité des Hauts Champs : dès leur arrivée, les locataires trouvèrent sous leur porte un charmant billet qui aurait pu être officiel ou émaner d’un quelconque syndicat d’initiative de quartier. Il s’agissait d’un feuillet contenant outre le plan du quartier lui-même, les adresses principales des services officiels les moins éloignés et les directions des commerces les plus proches. L’association populaire des familles était à l’origine de la rédaction de ce document qui rendit bien des services.

A l’époque, les Hauts Champs sont considérés comme une cité labyrinthe, sans équipements et sans accueil des nouveaux habitants. Il y a bien un gardien, mais était-il formé ? Pas d’aménagements : il n’y a pas de crèche, les enfants jouent au football sur l’ancien terrain de la briqueterie, et dans la cité, un terrain de volley-ball a été installé à l’initiative d’un locataire.

Un terrain de volley-ball de fortune en 1962 Photo Nord Éclair

L’association populaire familiale intervient dans le quartier. Robert Serrurier, responsable du secteur pour l’APF répond à la presse : un service de prêt de machine à laver, aspirateur et cireuse (58 rue Pasteur à Hem) a été mis en place et un service d’aide familiale (81/8 avenue Alfred Motte).

C’est le chauffage qui déclenchera la première action collective. La période de fonctionnement, fixée entre le 15 octobre et le 15 avril ne convient pas, car dès septembre 1960, il fait froid. Quarante personnes font circuler une pétition qui recueille 80% d’avis favorables. De là naît l’idée d’une association des locataires. Elle réunit les quartiers des Trois Baudets, de la Lionderie et les Hauts Champs et sera créée en août 1961. Le Président est Gilbert Guiart, le secrétaire est Alain Desjardin, qui habite le B11. Cette association n’est ni politique, ni confessionnelle, ni raciale. Au cours des réunions, le manque d’équipements est souligné : pas de centre commercial, ni de crèche, pas de terrains de jeux pour les enfants, absence de viabilité, pas d’éclairage, pas de cabine téléphonique, éloignement des moyens de transport. Plusieurs accidents ont eu lieu rue Paré, les écoles sont exigües, mais en voie d’agrandissement. En avril 1962, l’association est forte de 500 adhérents. Un bulletin ronéotypé est tiré qui relate les demandes et démarches effectuées par l’association. Son local, un baraquement qui servit autrefois d’installations sportives, se trouve rue Léon Marlot prolongée et des réunions s’y tiennent régulièrement.

Le local de l’association des locataires des Hauts Champs, Trois Baudets, Lionderie Photo Nord Éclair

De nombreuses associations de locataires se créent à cette époque, du fait de l’augmentation des loyers. Elles se regroupent sous l’égide de la fédération des  locataires CIL HLM de Roubaix Tourcoing.

 

Les dominos de Brossolette

Depuis 1965, le CIL de Roubaix Tourcoing construit des dominos, qui sont des résidences pour personnes âgées, réservées aux « plus vaillants ». Les premiers dominos construits se trouvent dans le quartier de Beaumont à Hem derrière l’église Saint Paul, et rue du Caire à Roubaix. Depuis il y en a eu d’autres, à Leers, Wattrelos, rue de Toul, à Toufflers, à Lys lez Lannoy et à Roubaix, le béguinage Marlot sur l’emplacement de l’ex usine Salembier et le béguinage Brossolette, dans la rue et près de la tour du même nom…

Les dominos du béguinage Marlot Photo Nord Eclair

Un domino est une petite maison individuelle comprenant une chambre, une salle de séjour, une cuisine et un cellier. Un témoin nous emmène visiter un domino de la rue Brossolette.

Les dominos du béguinage Brossolette en construction en 1972 Photo Nord Éclair

Nous sommes dans les dominos qui sont situés rue Brossolette, au pied de la tour du même nom. Ils sont gérés par Villogia. Ce secteur n’est pas du tout résidentialisé, mis à part une grille qui a été posée, parce qu’il y avait des gens qui se servaient de cet espace vert comme d’un raccourci pour repartir sur les Hauts-Champs. C’est ouvert à tous vents, tout le monde peut entrer librement. Malgré tout, il ne s’y passe pas grand-chose. C’est très arboré. Il y a trois barres de maisons, avec des espaces verts qui sont entretenus par Villogia. Mais chacun des habitants essaye de s’approprier un peu les lieux et de personnaliser son espace vert, et le bailleur laisse faire. Accessoirement, les pots de fleurs empêchent les circulations intempestives en vélo au ras des portes. A l’arrière des dominos, la pelouse est entretenue par Villogia, mais les gens qui habitent là s’en servent comme de leur jardin : l’été on y met une chaise-longue, éventuellement un barbecue… Donc, les avantages, sans les inconvénients de l’entretien.

Les dominos Brossolette recto verso Photos Gérard Vanspeybroeck

Il y a une batterie de garages situés au pied de la tour, dont certains appartiennent à des personnes des dominos. Juste derrière, on aperçoit les murs de l’usine Jules. Il n’y a pas de régisseur, et pas de gardien. Ceux qui le souhaitent peuvent se faire livrer les repas du CCAS. Il est évident qui si on n’est pas autonome, on ne peut pas vivre dans un de ces dominos. C’est comme dans un appartement. Les prix sont en fonction des revenus, mais c’est à peu près de 300 euros par mois. Ça reste très raisonnable.

Mes parents arrivent dans ce domino à la fin des années 80, venant de leur appartement de la rue Fragonard. Pour ma mère qui venait du fin fond de la campagne de Wattrelos, aux confins d’Estaimpuis, la rue Fragonard, c’était un grand progrès du point de vue du confort. La rue Fragonard, pour ma mère, c’était vraiment le bonheur, c’était le centre du monde. Un jour mon père décide qu’on va partir habiter dans un domino. Autant dire que, pour ma mère, ça a été un crève-cœur. Elle est partie vraiment en marche arrière jusqu’au domino. Et, comble de malchance, c’est à ce moment là qu’on a commencé à démolir l’église Ste Bernadette, qui était juste derrière, et ma mère, comme consolation, a pu assister à toute la démolition de l’église. Autant dire qu’elle nous a fait une déprime à ce moment là…

Plan réalisé par Gérard Vanspeybroeck

On entre par la porte fenêtre, directement dans le séjour. Il n’y a pas de vestibule, pas de couloir une surface de 53 m2 environ. Un salon salle à manger, une chambre, une cuisine, une salle de bains et un cellier. Il n’y a pas d’autre fenêtre que la porte-fenêtre, ce qui oblige parfois à allumer, même en pleine journée.  Dans la chambre, il y a aussi une fenêtre. Au fond, on arrive dans la cuisine : un évier sur la gauche, la chaudière individuelle de chauffage central au gaz, et une porte fenêtre à l’arrière. Selon la disposition des maisons, les gens entrent par un côté ou par l’autre. Ensuite, un petit couloir avec un placard dans le fond, une trappe qui permet d’accéder aux combles pour y ranger quelques objets. La salle de bains comporte également le WC, et il y a un vasistas pour la lumière du jour, une douche adaptée pour les personnes âgées, sans rebord, qui a été installée récemment. Tout au fond, un cellier avec des possibilités de rangements des légumes. Les orientations diffèrent selon les rangées de bâtiments.

Vue générale des dominos de la rue Brossolette Photo Gérard Vanspeybroeck

En ce qui concerne la vie collective,  beaucoup d’évolution en fonction du turn-over. La piste de pétanque qui est aujourd’hui abandonnée, était autrefois très utilisée. Maintenant la plupart des gens qui habitent dans les dominos possèdent des voitures. Ça les rend très mobiles, ils vont se balader, ce qui n’était pas vrai avant, les gens vivaient plus là,  il y avait plus de vie collective.

Appartement de la Potennerie Rouge

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Pour avoir un de ces appartements, il fallait être marié depuis au moins un an, habiter la ville de Roubaix. La mairie de Roubaix avait un quota d’appartements dans ce nouveau lotissement pour les enseignants qui travaillaient sur Roubaix. Donc on a habité cet appartement, au numéro 2.

Nous étions au troisième étage. C’était beau, ultramoderne, mais il n’y avait pas d’ascenseur. Il y avait une cave, où l’on pouvait mettre les boulets pour le chauffage au charbon, et les vélos… On n’a jamais eu de vol. On mettait les caisses de bière avec l’argent, pour les livraisons de la Grande Brasserie Moderne…J’ai un souvenir sur le chauffage. Comme il n’y avait pas de chauffage permanent, en hiver les tuyaux d’eau étaient gelés, on nous avait dit qu’il fallait mettre des journaux autour des tuyaux et chauffer pour dégeler. Donc j’ai fait ça, et ça a failli mettre le feu à l’appartement !

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Le plan de l’appartement

On entrait dans un petit hall où se trouvaient les toilettes, ensuite, il y avait une porte qui amenait à la cuisine. Il y avait des éléments dans la cuisine, et dans un coin, un endroit pour mettre une cuisinière mixte : à l’époque, j’avais une Coussement, le grand chic !  Les cuisinières Coussement mixtes à feu continu, c’était quelque chose ! On faisait des pommes de terre au four là dedans !… Elle était mixte, il y avait deux brûleurs à gaz…Je crois qu’il y avait ensuite l’entrée de la salle de bains, la chambre, et le grand balcon.

Ensuite, venait le séjour, et une seconde chambre avec une double porte. On l’a ouverte, donc ça faisait un grand séjour. Il y avait un feu continu dans le séjour sur le côté. Ça ne chauffait pas très fort, mais c’était un feu continu qui était loué en même temps que l’appartement. C’était le chauffage au charbon, il fallait monter les seaux à charbon. La cuisine était grande, la salle de bains aussi. Pour chauffer la salle de bains, on devait laisser la porte ouverte. On devait chauffer à mort… Le chauffe-eau était une ELM Leblanc. Le feu continu, c’était une espèce de feu gris-noir… C’était un truc allemand. C’était de la fonte, parce que c’était difficile à chauffer, mais, une fois que c’était chaud…

Les équipements de 1954 pubs journaux

Pour avoir cet appartement, j’ai fait la demande à la mairie de Roubaix. A l’époque, il n’y avait pas de surloyer, tout le monde payait le même loyer. Je ne crois pas que c’était cher, non, c’était très raisonnable, mais on était deux à travailler…

On a été les premiers à avoir une télévision, parce que le voisin, la porte à côté, était représentant en télévisions. Donc, on a été pratiquement les premiers sur Roubaix à avoir une télévision. Et il y avait une antenne, justement, qui avait été installée par le CIL. C’était une Philips, et elle a duré douze ans ! La télé était dans le séjour. Les gens passaient chez moi. On regardait l’émission de Jean Nohain, 36 chandelles, il y avait aussi Cinq colonnes à la une…

Le parc était magnifique, il n’y avait pas de barrières, c’était bien entretenu, bien fréquenté…

Merci à Camille Mullié pour ce témoignage, Photos PhW

Ces appartements ont été construits par le CIL en 1953 et 1954. Ils font partie de la série commencée au Galon d’Eau et poursuivie au square des Près. Nous parlons de Potennerie Rouge à cause de la couleur des briques employées, et pour distinguer ce lotissement de celui qui le jouxte, dit la Potennerie Blanche, qui a été construit après de 1958 à 1960.

La Potennerie blanche

En novembre 1958, l’office départemental des HLM démarre un grand chantier de construction de 1.200 logements. Neuf cents constitueront la cité des Hauts Champs, et trois cents inscrits dans le même programme de travaux, vont être construits rue Montgolfier sur le terrain Cavrois (entre les rues Du Puy de Lôme et Philippe Auguste). Par référence au type de fabrication, on procède par assemblage d’éléments fabriqués en grande série, parois, cloisons,  le chantier est appelé « secteur industrialisé ».  L’office départemental des HLM travaille en collaboration avec le CIL de Roubaix Tourcoing, et l’architecte de l’ensemble est M. Dubuisson.

Le chantier de la Potennerie Blanche en 1959 Photo Nord Éclair

Un an plus tard, le chantier a progressé : les blocs collectifs se dressent derrière le groupe CIL de la Potennerie Rouge, un grand immeuble le long de la rue Philippe Auguste, et trois petits immeubles situés perpendiculairement au premier. Il est prévu que les locataires commencent à s’installer au début de l’année 1960, pour répondre au problème plus qu’urgent du relogement des habitants du bloc Anseele, dont la démolition est bien avancée.

Le même chantier en 1960, du côté des loggias Photo Nord Éclair

En février 1960, le gros œuvre est achevé, les peintures intérieures sont terminées, et les accessoires, placards, meubles et tables de cuisine sont installés. On met en place les tuyauteries pour le chauffage, les appartements seront chauffés par le sol. Il y a des logements comprenant une salle de séjour, une cuisine, une salle d’eau et une, deux ou trois chambres selon le type. Les appartements de deux et trois pièces sont dotés sur la façade exposée au soleil d’une loggia avec porte-fenêtre donnant sur la salle de séjour. Les appartements seront terminés et proposés à la location à partir d’avril mai 1960.

La Potennerie blanche en décembre 1960 Photo Voix du Nord

Un article de la Voix du Nord daté de décembre 1960 relate l’installation d’un jeune couple dans un appartement de la Potennerie blanche. La cuisine équipée de rangements et les placards des chambres sont grandement appréciés. Par contre, l’absence de volets et la difficulté de poser des rideaux du fait de la disposition des fenêtres apparaissent comme des problèmes. Le bahut Louis XIV et le grand lustre ne correspondent pas aux dimensions de l’appartement. Malgré ces petits inconvénients, l’article se termine par la satisfaction des nouveaux locataires quant au chauffage. Plus de poêles, de radiateurs, on n’a jamais froid aux pieds, et pour le séchage des lainages, c’est épatant. En conclusion, les jeunes locataires n’ont pas l’impression de vivre dans une courée verticale, ils s’arrangent avec les voisins pour le nettoyage des escaliers et pour le bruit. Et puis, une fois fermée la porte d’entrée, on se sent parfaitement chez soi.

Vue aérienne de la Potennerie blanche en 1962 Photo IGN

A l’instar de la cité des Hauts Champs qui a déjà connu plusieurs opérations de rénovation et de réhabilitation, la Potennerie blanche est inscrite au Programme de Rénovation Urbaine. Le projet prévoit la démolition partielle  du  bâtiment  Renan  (3  entrées,  75  logements)  ainsi  qu’une réhabilitation et une résidentialisation du site. A l’angle de la Rue Montgolfier et de la Rue Renan, un nouveau collectif de 18 logements proposera des appartements de type 2, 3, 4 et 5. Huit  maisons,  en  accession à la propriété, seront également construites, après  déplacement  de  l’extrémité  de  la  Rue Renan vers la Rue Philippe Auguste. Les travaux devraient commencer à l’automne 2011.

D’après les informations recueillies dans Nord Éclair, Nord Matin, La Voix du Nord et auprès de la Mairie des Quartiers Sud

La Potennerie rouge

Le Parc de la Potennerie en 1957 et en 2011 Photos IGN

Le Toit Familial s’est rendu acquéreur des cinq hectares occupés par le château et le parc, par l’entremise du CIL. La démolition du château Huet intervient en avril 1951, elle est effectuée avec le souci de préserver les grands arbres de la propriété. Le permis de construire est délivré le 21 novembre 1951. Huit grands immeubles parés de briques rouges sont édifiés, qui porteront des noms d’oiseaux : la mésange, la chanterelle, la grive, le bouvreuil, le bruant, la bergeronnette, le pinson et le rossignol.

Parc de la Potennerie en juillet 1953 Photo Nord Éclair

A la fin de l’année 1953, le vieux mur triste qui enserrait la propriété a été en partie abattu, laissant ainsi apparaître les nouveaux immeubles, entourés d’arbres et de verdure. Une partie du parc a été réappropriée en jardin d’enfants, c’est le futur square de la Potennerie. En juillet 1953, il est procédé à l’inauguration du jardin du square Destombes, puis de celui de la Potennerie. Les officiels visitent les deux lieux sous la conduite de M. Bernard, chef des jardins et plantations de la ville.

Le 24 janvier 1954, le groupe de la Potennerie propose 152 nouveaux logements à la location, alors qu’une partie du parc a été réappropriée en square avec jeux d’enfants.

Une nouvelle rue

Le chantier de la nouvelle rue Photo Nord Éclair

En septembre 1954 se termine le chantier d’un lotissement réalisé par le CIL et la Maison Roubaisienne. Il s’est déroulé en deux tranches, une première d’une quarantaine de maisons, une seconde d’une vingtaine, soit une soixantaine de maisons, délimitées par la rue d’Hem et de la rue Jean Gougeon. Une nouvelle rue est alors tracée entre les nouvelles maisons, qui établit la jonction entre la rue d’Hem et la rue Claude Lorrain.

La nouvelle rue est destinée à desservir l’accès à cette nouvelle petite cité, mais présente d’autres avantages. Quand on vient de la rue d’Hem, elle permet d’accéder plus directement à l’église Saint Jean Baptiste, les commerces, la place du Travail…

La rue Marc Sangnier terminée Photo Nord Éclair

Il reste à lui donner un nom. Ce sera celui de Marc Sangnier, (1873-1950)  journaliste et homme politique français. Il occupe une place importante dans le mouvement de l’éducation populaire à travers les revues et mouvements qu’il a animés. Il est le pionnier du mouvement des Auberges de Jeunesse en France.

1966 Inaugurations et perspectives

Alors que la construction du H13 est sur le point de se terminer en avril 1966, il reste encore quelques ruines des maisons de la rue de Lannoy, dont la chaussée est encore apparente. Déjà MM. Thibeau adjoint, président de l’Office municipal HLM, Delannoy Président du CIL et Me Diligent, font les honneurs du chantier à M. Nungesser, nouveau secrétaire d’Etat au logement, en visite à Roubaix le 1er mai 1966. Auparavant il aura eu droit à la découverte d’une courée de la rue Vaucanson et à une évocation de l’ancien quartier des Longues haies par Maître Diligent qui lui cite Van Der Mersch et son fameux Quand les sirènes se taisent. Malgré cette courte, mais édifiante visite, le ministre promet un effort particulier pour faire disparaître les courées[1].

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Inauguration HLM 1966 Photo NE

L’inauguration des premiers appartements HLM du côté du boulevard de Belfort est proche : les appartements le long de la rue Bernard (aujourd’hui rue Jules Watteuw) sont terminés et occupés, et les deux ensembles situés du côté du boulevard de Belfort sont en voie d’achèvement. Le 9 juin 1966, le maire Victor Provo visite deux appartements témoins, aménagés par les Etablissements Decanis (literie du Nord) et le magasin d’ameublement Au Décor (98 rue de Lannoy, à deux as du chantier), accompagné de représentants de l’office municipal des HLM et de la municipalité. Puis au cours de la réception tenue à la Bourse du Travail, M. Thibeau rend hommage aux architectes Gillet et Bourget et aux entrepreneurs, puis le directeur des HLM, M. Ditte, rend hommage aux efforts de l’office HLM depuis sa création en 1924. Les appartements tests sont ouverts au public dès le samedi et lundi suivants.

Le H13 en 1966 doc AmRx

A l’autre extrémité du chantier, le H13 et le H4 du CIL seront inaugurés le samedi 25 juin. Les travaux de gros oeuvre ont été réalisés par l’entreprise Ferret Savinel, et ’installation du chauffage central par la maison Stiernet. Des logements témoins sont équipés pour l’occasion par de grandes maisons roubaisiennes : les meubles Debeyne, la lustrerie Confort clarté, la maison Soetens. L’aménagement intérieur est réalisé sous la conduite de Mme Delannoy, l’épouse du président du CIL, lequel présentera le H13 comme la préfiguration du Roubaix de demain : de ville laborieuse, Roubaix devient ville élégante[2]. Il ajoute qu’il y a encore six ou sept opérations Anseele à mener à Roubaix, ce qui équivaut à reconstruire 4500 logements vétustes par an. Le maire Victor Provo prend alors la parole pour rappeler que le Cil est né à Roubaix et que HLM et CIL doivent travailler ensemble. Il réclame plus de justice pour le département du Nord pour le logement en évoquant les difficultés de financement. Evoquant la question de la métropole[3],  il dit qu’il ne faut pas enlever aux communes la liberté d’entreprendre des travaux importants. Assistaient à cette deuxième inauguration, les députés Frys et Herman, le sénateur Diligent les adjoints Prouvost, Pluquet, Thibeau et Lagache, le secrétaire général des CIL, M. Omez, le président de la SAHRO André Motte, le directeur des HLM M. Ditte.

D’un côté comme de l’autre, le chantier n’est pas terminé : côté Pierre de Roubaix Boulevard de Belfort, on annonce pour 1967 la construction d’un immeuble le long de la rue Pierre de Roubaix, la construction du groupe scolaire, et celle de quatre petites tours entre les bâtiments récemment inaugurés et le boulevard de Belfort, et un grand ensemble parallèle au tracé de la rue de Lannoy qui enjambera la rue Bernard. Côté H13, les travaux de terrassement du centre commercial vont démarrer. Quatre grandes tours de dix neuf étages vont être édifiées en face de l’os à moelle, de l’autre côté du futur centre commercial. On annonce la fin de l’opération Anseele pour 1969.


[1] Titre de Nord Eclair du 1er et 2 mai 1966
[2] Extrait de l’article de Nord Eclair du 25 et 26 juin 1966
[3] On est à la veille de la création de la communauté urbaine qui interviendra en 1968