Château d’Hem (suite)

Après guerre, le château est réquisitionné pour servir de logement à des familles sinistrées et ce jusqu’en 1953. En 1945, il est racheté par un industriel lainier de Tourcoing, Mr Bossuyt, mais en 1953, l’entretien du bâtiment s’avérant trop difficile à assurer, le nouveau propriétaire décide sa destruction. Seule la chapelle reste debout pendant vingt ans encore au milieu de la plaine.

La chapelle avant sa destruction en 1974 (Document Historihem)
Vue de Forest en 1950 avec en arrière plan sur Hem la ferme et ses pâtures et agrandissement de la ferme et du château avec la chapelle au début des années 1950 (Documents Historihem)

La ferme quant à elle est reprise par Gabriel Boddaert, le fils de Maurice, en 1962 et l’année suivante il supprime les chevaux de labour et mécanise les cultures. Le corps d’habitation situé derrière la ferme conserve encore quelques traces du château construit après 1920 et quelques piliers d’entrée de l’ancien jardin du château restent debout ainsi que la chapelle.

Vestiges du château intégrés à la ferme (Documents Historihem)

Puis en 1974, le petit-fils Bossuyt vend une partie de sa propriété à Mr Cornu qui en fait un Centre Equestre puis un Centre de Loisirs. Les petites écuries sont installées sur 7 ha possèdent 2 manèges olympiques et un parcours de cross. Elles assurent des leçons pour tous niveaux, l’hébergement et la vente de chevaux.

En 1976, c’est une grosse frayeur pour les propriétaires et leurs chevaux, quand un incendie se déclenche suite à une cigarette négligemment jetée sur un tas de paille qui embrase la toiture des écuries, alors qu’une trentaine de chevaux se repose dans les box. Fort heureusement tous sont rapidement évacués vers les manèges et les sapeurs pompiers de Roubaix parviennent à circonscrire l’incendie à un coin des écuries.

Publicité pour les petites écuries et incendie de 1976 (Documents Nord-Eclair)

Quant à Gabriel Boddaert, le fermier, il démolit ce qu’il reste de l’ancienne chapelle d’un diamètre de 9 à 10 mètres. Cinq ans plus tard il exploite les 32 ha de terres et la ferme dont sa famille est l’occupante depuis 45 ans. Enfin son fils Pierre Yves reprend l’exploitation en 1999 tandis que sa sœur habite dans les dépendances de l’ancien château.

La ferme et ses dépendances dans les années 2000 (Document Historihem)

Dans les années 1980, le Château d’Hem de Jean-Claude Cornu devient synonyme de sports et les publicités et articles se succèdent dans la presse locale pour vanter la «vie de château pour sportifs»: tennis, piscine, sauna, bains bouillonnants, mais aussi aérobic, gymnastique traditionnelle, stretching, modern’jazz, côtoient une brasserie avec pianiste où se restaurer et se détendre après l’effort.

C’est le tennis qui, en premier lieu, ouvre les portes de ses 7 courts dont 4 couverts en septembre 1981, avec une école de tennis. Les 2 surfaces de jeu sont en shiste et en synthétique et s’y ajoutent un club-house rustique et des vestiaires et 3 enseignants sont mis à disposition des adhérents. Puis viennent s’ajouter au complexe sportif une salle de musculation et enfin un practice de golf et une école de golf avec Nicolas Fourrier joueur diplômé d’état.

Jean-Claude Cornu et son équipe au centre de loisirs et publicité (Documents Nord-Eclair)
Tennis (Documents Nord-Eclair)
Salle de musculation puis practice et école de golf (Documents Nord-Eclair)

A la fin des années 1980, le centre de loisirs a acquis une belle renommée et les publicités se font plus nombreuses dans la presse locale pour ce complexe niché dans un cadre verdoyant et bénéficiant d’un contexte historique prestigieux. En 2000 la carte Libersport tente de convaincre les amateurs de sport de rejoindre le centre.

Publicité de 1987 et carte Libersport en 2000 (Document Nord-Eclair)

Pourtant en 2003, le club de fitness exploité par Delphine Cornu et son époux, propriétaires des murs du Château d’Hem, racheté par son concurrent Ocea, déménage à Villeneuve d’Ascq, rue de la Cimaise, au grand dam de ses utilisateurs. Pour les activités de spa et d’équitation rien ne change. En parallèle, le site hémois, déjà doté de 2 salles de réception, est reconverti pour en accueillir 2 supplémentaires.

Déménagement du club de fitness à Villeneuve d’Ascq (Document Voix du Nord)

Le centre équestre et ses écuries sont toujours là dans leur écrin de verdure de 4 ha avec avec un centre de dressage ouvert à tous les cavaliers et le Horse Jump 59 dédié aux sauts d’obstacles qui s’adresse tant aux professionnels qu’aux particuliers. Quant aux petites écuries du Château d’Hem elles font gîte pour chevaux.

Le centre équestre du château d’Hem (Document site web et facebook)

Le château propose également, aux professionnels comme aux particuliers, la location de 4 grandes salles de réception chacune avec jardin, entrée indépendante, allée d’accès et parking privé pour l’organisation de grands événements : mariages, anniversaires, séminaires, soirées à thèmes…

Les salles de réception (Documents ABC salles)

O’Green propose quant à lui une initiation au golf, des démonstrations de ce sport ainsi que des cours individuels ou collectifs. La terrasse du Green, restaurant traditionnel local, propose chaque semaine une nouvelle carte originale : une cuisine gourmande et riche de saveurs locales et traditionnelles.

Le restaurant la terrasse du Green (Document site web)

Enfin depuis 2018, l’hôtel Kyriad a remplacé l’ ancien hôtel Campanile. Le domaine du Château d’Hem propose donc également des solutions de logement qui complètent les offres du complexe sportif et celles de locations de salle. Le cadre est accueillant et le changement d’enseigne a été l’occasion de travaux pour améliorer le confort des chambres.

L’hôtel Kyriad (Documents site web)

Là où à la fin des années 1950, après la démolition du dernier château d’Hem, sur les terres de l’ancien marquisat, ne subsistait plus qu’une ferme entourée de champs s’est donc développé, dans un écrin de verdure un complexe de loisirs qui fait la part belle à la nature et qui cohabite avec la ferme toujours présente : le Château d’Hem, tel que les hémois le connaissent aujourd’hui.

Vue aérienne des années 1950-1960 et vue aérienne de 2023 (Documents IGN et Google Maps)

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Château d’Hem

Hem (anciennement Ham) est l’une des plus vieilles agglomérations de notre région. Le village rural est en effet mentionné dès 877 : « Hamma sur le fleuve Marque ». Les seigneurs de Hem commencent à apparaître au 12 ème siècle dans différents documents officiels. Ainsi peut-on découvrir Alard, puis Wautier ainsi que Jean et Gervais de Ham.

Au 13ème siècle c’est Alard de Bourhieles qui est seigneur de Hem et au 14ème on retrouve un Pierre puis un Jean de Hem. Du milieu du 15 ème à la fin du 18 ème siècle le village souffre du voisinage de la petite ville fortifiée de Lannoy qui lui vaut l’invasion des soldats français, espagnols, hollandais et anglais.

Le village de Ham vu en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)
La place du village au 16ème siècle vue en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Les détenteurs successifs de la seigneurie sont également les possesseurs de la cense qui y est associée. Sont ainsi nommés dans les anciens textes Jean de Bourghelles, chevalier, puis Gérard de Cuinghien, écuyer, puis son fils Jean et sa fille Marie, laquelle épouse en premières noces Adrien Vilain de Gand, avec lequel elle a un fils posthume également prénommé Adrien.

Le premier château féodal de Hem, construit un siècle plus tôt, échoit en 1546 à Maximilien Vilain de Gand, baron de Rassenghien, fils d’Adrien, tandis que la Cense est alors occupée par Pierre Lenglart, laboureur. Suivront les descendants du seigneur de Gand : Guilbert, Jacques Philippe, devenu marquis en 1660, François Gilbert, Michel Maximilien, François Gilbert, Jacques Ignace Philippe, Jean Guillaume puis Guillaume Louis, né en 1751. L’un d’entre eux, Guilbert de Gand, y fait installer, en 1610, de vastes jardins, des terrasses et des parterres qui rejoignent les terres cultivées tout autour.

Cadastre de 1824 situant le château d’Hem (Document Historihem)
Les armoiries de Vilain de Gand et le tumulaire découvert à Lomme (Document Historihem)
Le centre du village vu depuis le château d’Hem en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

« Le domaine est composé de la basse cour et du château proprement dit accompagné de ses jardins. Chacun de ces éléments est entouré de fossés remplis de l’eau de la petite Marque qui y serpente et fertilise les prairies où paissent des animaux. La basse cour, en briques, couverte de tuiles, comprend une série de bâtiments disposés sur trois côtés seulement et où se situe un imposant portail d’entrée, précédé d’un pont et accompagné d’une tour ronde à gauche, carrée à droite, d’un corps de logis à gauche, d’un pigeonnier à toiture en bâtière, d’une grange et d’étables.

Un pont relie cette ferme au château dont l’organisation est complexe puisqu’il est composé de deux cours et que la courtine se prolonge vers l’horizon au delà de la deuxième cour. Des tours cantonnent chacun des angles de ces deux cours, les unes carrées, les autres rondes, les unes modestes, les autres imposantes ou élancées. La destination des bâtiments est difficile à identifier. Tous sont disposés autour de la deuxième cour, tandis qu’autour de la première n’existent que des courtines régulièrement percées, hormis les tourelles précédemment citées et les portes. L’une d’entre elles donne sur un jardin dont le dessin figure une croix de Saint Louis, semble t il. »

Peinture d’Adrien de Montigny représentant le château en 1603 (Document Historihem)
Croquis représentant le château des marquis d’Hem aux 16ème et 17ème siècles (Document Historihem)

Le domaine devient ensuite un marquisat de 1660 à 1789. A la révolution, le domaine est vendu à savoir : le château et ses meubles, les jardins et potagers et l’acquéreur reste anonyme sur les registres. Louis Camille Vilain de Gand voit le reste de ses biens divisés en 6 lots.

Pourtant, suite à l’invasion autrichienne, puis à la libération du territoire, une liste de sinistrés hémois effectue des demandes de dédommagement et parmi eux un certain Louis Camille Degand (en un seul mot), qui sollicite l’indemnisation la plus importante du village, règlement à priori accordé par le Directoire de Lille.

Après la révolution et la guerre, l’indemnisation des sinistrés en bande dessinée (Document Au temps d’Hem)

Après toutes les vicissitudes connues par le domaine au long des siècles avec les diverses invasions subies, il ne reste que des pierres éparses du château initial lorsqu’à la fin du 19ème siècle est construit le 2ème château d’Hem. Pourtant divers objets trouvés aux alentours du château témoignent de son histoire.

Photos de diverses pièces de monnaie espagnoles, hollandaises, françaises sous Louis XV et sous Napoléon, trouvées autour du château d’Hem (Documents Historihem)

Au vingtième siècle le domaine, qui comprend un parc de 7 ha, des douves de 2 ha et 30 ha de terres cultivables, est racheté par un industriel roubaisien, Mr Carlos Six, et son nom est désormais usuellement donné au château. La ferme est quant à elle occupée par Jules Chabrier puis par sa veuve Suzanne.

Pendant la première guerre mondiale, en 1914, l’armée d’occupation y installe un camp de prisonniers. Des officiers de l’armée allemande occupent alors le 2ème château d’Hem et le Kaiser plante un arbre commémoratif dans le parc, dénommé l’arbre du Kaiser, devant lequel se déroulent les parades militaires pendant la guerre.

Carlos Six et son épouse en 1914 à Longchamp (Document Historihem)
Le Kaiser dans le parc en 1916 (Document Historihem)

Le 6 Juillet 1917, un avion anglais Sopwith Triplane N° N5435 s’écrase, et les honneurs militaires sont rendus par les soldats allemands au Château d’Hem. Il s’agit du Sous-Lieutenant Hillaby Eric Crowther du 1 st squadron RNAS abattu par le Flg-Lt Bertram Heinrich de l’escadrille MFJ1.

Un avion anglais s’écrase et les honneurs sont rendus au château d’Hem (Documents Historihem)

A la libération, en octobre 1918, les soldats anglais du général Plumer cantonnent à leur tour dans le château d’Hem, dit château Six, quand ils y mettent le feu accidentellement lors de la célébration de leur victoire et l’incendie le détruit presque complétement. Seule subsiste une petite tour ronde avec son dôme, restes de l’ancienne chapelle, dans laquelle on célébrait encore une messe par semaine en 1914.

Le château incendié en 1918 et la chapelle dans la plaine dans les années 1950 (Documents Historihem)

Quelques temps après la première guerre le château d’Hem est reconstruit sur les terres de l’ancien marquisat. Il est toujours entouré de douves et la chapelle se trouve au milieu d’un bois. Dans le parc du château coule la petite Marque enjambée d’un pont rustique qui permet de la traverser commodément. La ferme est cédée en 1934 à Maurice Boddaert et son épouse Marguerite.

Le château et son parc dans les années 1920 (Documents collection privée)
Photo aérienne du domaine en 1933 (Document IGN)

Mais déjà s’annonce la 2ème guerre mondiale avec l’arrivée à Hem fin 1939 des troupes françaises puis anglaises et le château est à nouveau occupé par les Britanniques jusqu’à leur repli sur Dunkerque. Puis c’est l’évacuation et Mr Six part à Paris. Une compagnie de transport de la Wehrmacht s’installe au château et des cérémonies militaires sont à nouveau organisées au pied de l’arbre du Kaiser.

La chapelle du château encore entourée de bois peinte par F. Delsinne en 1935 (Document Historihem)

En 1942, le château, hypothéqué, est vendu à Mr Duflot de Seclin qui fait abattre tous les arbres du parc pour les revendre. Les souches sont récupérées par les habitants de Forest et de Hem pour le chauffage. Mr Maurice Boddaert devient locataire du parc à titre gracieux pendant 9 ans avant que celui-ci soit intégré à la ferme.

A suivre…

Remerciements à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion pour son livre co-écrit avec Jacquy Delaporte Hem d’hier et d’aujourd’hui ainsi qu’à Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume pour leur bande dessinée Au temps d’Hem.

Chapelle Sainte Thérèse (Suite)

C’est en 1962 que, la chapelle étant pourvue d’un chapelain, Pierre Lefebvre, qui assure les services religieux, Monseigneur Dupont, évêque auxiliaire de Lille, bénit le maître autel de la chapelle Sainte Thérèse. Au 1er rang de l’assistance fort nombreuse se trouvent Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne, ainsi que Mr et Mme Jean Leplat, le maire de la commune et son épouse.

En 1966, le chanoine Pierre Lefebvre décède brutalement et, après une veillée de prières dans la Chapelle, ses funérailles sont célébrées à l’église Saint-Corneille.

Bénédiction du maître autel en 1962 (Document Nord-Eclair)

En 1967, c’est le mariage de la fille du fondateur de la chapelle, Anne Leclercq avec Louis Lepoutre, qui y est célébré par Mgr Henri Dupont, évêque auxiliaire de Lille, assisté du chanoine Denis Callens et de l’abbé Georges Leurent de Saint-Corneille. Mme Motte, harpiste, et René Courdent, organiste interprètent les œuvres choisies pour la cérémonie.

Le mariage Lepoutre-Leclercq en 1967 (Document Nord-Eclair)

Puis se déroule, en 1968, le dixième anniversaire de la chapelle, et, à cette occasion, le cardinal Lienart y est accueilli au son de la Fanfare Saint-Corneille, afin d’y célébrer la messe, assisté des chanoines Decourtray et Callens, en présence de Mr et Mme Philippe Leclercq-Lestienne et toute leur famille. Les chants sont interprétés par la chorale Saint-Corneille sous la direction de Mr Moerman et accompagnés à l’orgue par René Courdent.

Célébration de la messe pour le dixième anniversaire en 1968 (Document Nord-Eclair)

En 1970, le culte catholique est toujours célébré dans la chapelle, 2 fois par semaine à savoir les samedi à 18h30 et dimanche à 8h30. Vers la fin des années 1980, la chapelle, qui peut accueillir jusqu’à 200 fidèles, voit encore célébrer par l’abbé Jean Housez, de la paroisse Saint-Corneille, une messe hebdomadaire le samedi à 18h30.

Régulièrement des animations s’y déroulent. Ainsi en 1975, le Choeur des Enfants de Paris, en tournée en Belgique et en Hollande, décide de fêter la Toussaint à la chapelle Sainte Thérèse à Hem en y animant la messe anticipée du 31 octobre à 18h30. Ce choeur, composé d’une trentaine de jeunes garçons, et spécialisé dans la musique chorale classique et contemporaine a déjà fait des tournées aux Etats-Unis, en Allemagne, Autriche, Italie et Afrique du Sud.

Choeur des enfants de Paris à Hem (Document Nord-Eclair)

La même année les Rossignolets de Roubaix viennent animer la première messe dominicale de 18h30 célébrée par l’abbé Bogaert. Et l’année suivante c’est un récital orgue et chant qui anime la chapelle : à l’orgue Jeanne Joulain professeur au conservatoire de Lille et organiste à Saint-Maurice à Lille, au chant le baryton Jacques Herbillon, professeur au conservatoire de Lille.

Rossignolets de Roubaix (Document Nord-Eclair)
Récital Orgue et chant (Document Nord-Eclair)

Depuis 1981, la chapelle appartient à l’évêché de Lille auquel la famille Leclercq l’a cédée. 10 ans plus tard c’est le père René Wittouk qui gère le lieu devenue une aumônerie d’artistes avec Reliance d’artistes. La chapelle fonctionne toujours en tant que lieu de culte avec, à côté, dans une partie du béguinage, un atelier réservé aux artistes et expositions, et des concerts y sont régulièrement organisés, pour demeurer fidèle à l’esprit qui a présidé à sa création : à la fois spirituel et artistique. Ainsi Reliance d’artistes anime l’office mensuel qui y a lieu en plus des messes hebdomadaires.

R Wittouck et Régis Degraeve de Reliance d’artistes (Document Historihem)

Depuis février 1995, le mobilier et le campanile sont classés au titre des monuments historiques. En 2012, c’est la chapelle dans son ensemble qui est classée par Frédéric Mitterrand, l’édifice étant alors reconnu pour sa place dans l’histoire de l’art et de l’architecture sacrée du XXème siècle.

Au début des années 2000, la chapelle est toujours répertoriée dans les lieux de culte catholique par le guide pratique Tout’Hem en Un. L’association « les amis de la Chapelle Sainte Thérèse agit en liaison avec les autorités ecclésiastiques pour veiller à la conservation de ce lieu mais aussi pour y promouvoir des rencontres dans un esprit chrétien. L’association désire également faire connaître la Chapelle et ne lésine par sur les moyens, un reportage pour France 3 y étant tourné et des visites guidées programmées pour les journées du patrimoine.

Les amis de la chapelle Sainte Thérèse en 2003 (Document Historihem)

Vingt ans plus tard la chapelle est encore en usage avec une messe chaque mercredi à 18h30, mais, en dehors de celle-ci, elle est fermée en semaine. Elle fait également toujours l’objet de visites guidées ponctuelles organisées par l’Office de tourisme de Roubaix.

En 2020, l’aumônier, le père Renaud Wittouck parle de sa chapelle, à l’occasion de l’exposition dossier organisée au musée de la Piscine de Roubaix : avant toute chose lieu de culte, lieu de baptême des enfants des membres de l’aumônerie ou de leurs connaissances, utilisation des vêtements liturgiques de Mannessier…

Les vêtements liturgiques (Document Narthex)

D’après lui la chapelle dégage un climat particulier propice à l’intériorité et la prière. Lors des visites guidées il explique que lui-même présente les lieux sous l’angle cultuel et spirituel tandis que le guide s’attache à présenter l’histoire de la chapelle ainsi que les artistes qui ont participé à sa construction.

Il appelle à retenir que, pour l’époque, la chapelle représentait une œuvre novatrice, dans laquelle tout a été pensé pour que la proximité qui existe entre les fidèles et le célébrant créée une ambiance très familiale et facilite la bonne participation de tous. Quant aux murs de vitraux, l’été c’est le mur Nord qui reflète une lumière particulière et l’hiver, lorsqu’un rayon de soleil le frappe, le mur sud est splendide.

Près de 65 ans après son inauguration la chapelle Sainte Thérèse est donc toujours à la fois un lieu de recueillement pour les croyants mais aussi un bâtiment remarquable de par son architecture et l’ensemble des œuvres d’arts qu’elle regroupe. Quant au quartier qui l’a accueillie à l’époque il n’a pas beaucoup changé et reste très calme malgré la proximité de la voie rapide invisible depuis l’Enclos Sainte Thérèse.

Remerciements à Historihem

Chapelle Sainte Thérése de l’Enfant Jésus et de la Sainte-Face

Dans les années 50, un industriel roubaisien, Philippe Leclercq, fils de Louis Leclercq, propriétaire de la Roseraie, domicilié à Hem, déjà connu pour ses activités en faveur des lépreux et des enfants du Biaffra, ami de l’art et des artistes, est désireux de doter Hem d’une chapelle ouverte à l’art contemporain.

Il réalise ce projet ambitieux en ayant recours à divers artistes en la personne d’ un architecte suisse Hermann Baur, du sculpteur Eugène Dodeigne, du peintre spécialiste en art sacré Georges Rouault, du tisserand Jacques Plasse-le Caisne, et des peintres-verriers Alfred Manessier pour la conception et Louis Barillet pour la réalisation.

Panoramas 1946 et 1961 (Documents IGN)
La chapelle flanquée des anciennes maisons à l’otil (Document collection privée)

Le 16 septembre 1956, une belle cérémonie se déroule à l’occasion de la pose de la première pierre, sur le terrain du jardin potager des époux Charles-Leclerc-Salembier, propriétaires de la première brasserie de Hem. 4 ouvriers s’affairent sur le chantier et c’est le chanoine Descamps, doyen de Lannoy qui procède à la bénédiction, élevant une croix à l’endroit où se situera l’autel.

Pose de la 1ère pierre de la chapelle (Document La Croix du Nord)
Bénédiction de la pose de la première pierre (Document La Croix du Nord)

La maquette de la chapelle est pleine de promesses. En 1957, la chapelle est construite et Mrs Baur, Mannessier, Dodeigne et Leclercq s’y retrouvent pour concevoir les finitions de l’aménagement intérieur. Le dimanche des Rameaux 1958, la chapelle est ouverte au culte, en présence du cardinal Liénart.

Maquette de la chapelle (Document Narthex)
Les concepteurs du projet réunis dans la Chapelle (Documents Historihem)

Catholique fervent, Philippe Leclercq explique plus tard (propos repris et diffusés dans le journal La Croix du Nord) : « « J’ai voulu retrouver la vraie hiérarchie des valeurs. Dieu premier serviJ’ai pensé à m’en ouvrir à mon cher Mannessier, l’estimant capable plus qu’aucun autre peintre de faire pour Dieu une œuvre digne des grands siècles chrétiens, époques où rien n’était trop beau pour le Bon Dieu. »

 « Je tiens essentiellement à ce que cette chapelle soit intégrée dans la communauté paroissiale et en soit aimée », écrit Philippe Leclercq au cardinal Liénart en 1954, en acceptant le vœu des paroissiens qu’elle soit dédiée à sainte Thérèse de Lisieux.

Sainte Thérése de Lisieux (Document collection privée)

5 ans plus tard Philippe Leclercq est élevé par le pape Jean XXIII à la dignité de Camérier de Cape et d’ Epée et, en 1969 puis 1970, il devient Chevalier de la Légion d’Honneur puis Commandeur de l’Ordre de Malte. A son décès, en 1980, il est inhumé dans le choeur de la chapelle.

Philippe Leclercq, gentilhomme du pape et Marthe Lestienne (Document Thierry Prouvost)
Photos de la chapelle de la famille en 1958 (Documents collection privée)

La chapelle Sainte Thérèse se situe le long d’une petite route, dans un quartier mi-rural, mi-ouvrier : le quartier d’ Hempempont. On ne l’aborde pas directement depuis la route grâce à une muraille de verdure obtenue par quatre tilleuls, mais par un trottoir, perpendiculaire à la rue qui longe la rangée de petites maisons chaulées qui la flanquent, et en passant devant un campanile de briques muni de petites cloches sur lesquelles deux textes de Sainte Thérèse sont gravés : « L’amour attire l’amour » et « ce que je demande c’est l’amour ».

Le trottoir d’accès avec le campanile à l’époque et en 2020 (Documents collection privée)
les cloches et leurs inscriptions en gros plan (Documents Historihem)

Les quatre maisons très anciennes rangées le long du trottoir forment « La Cité Leclerc » et celle-ci se trouve donc dans l’enceinte de la chapelle : l’Enclos Sainte Thérèse. Autrefois couvertes de chaume, ces maisons vivaient alors au bruit du métier à tisser. Elles représentent le type même de la « maison à l’otil », une fenêtre et une porte pour la cuisine et 2 fenêtres pour la grande salle dans laquelle se trouve le métier. Une fois la pièce finie, le tisserand la mettait sur sa brouette pour la conduire à Roubaix. Ces maisons ont ensuite servi de logement aux ouvriers de la brasserie Leclerc, d’où le nom de l’ensemble.

Rien de solennel donc pour l’accès au lieu de culte puisqu’il s’agit d’une chapelle et non d’une église et que l’ensemble doit rester d’une grande simplicité. C’est pourquoi il n’y a pas de transition entre le trottoir et le parvis, revêtus du même pavement de briques depuis les seuils des anciennes maisons à « l’otil » jusqu’à l’entrée de la chapelle.

La dalle carrée dans le parvis (Documents Revue Art d’Eglise)

Seule fantaisie dans le pavement : une dalle carrée, sur laquelle doit se faire la bénédiction du feu à la vigile pascale. Cette dalle porte un texte représentant la prière qui accompagne, durant la nuit de Pâques, l’allumage et la bénédiction du feu nouveau. L’entrée quant à elle est surmontée d’un auvent portant une mosaïque de Mannessier, ayant pour thème l’Alléluia.

L’entrée de la chapelle surmontée de l’auvent (Document collection privée) et étude pour la mosaïque (Document Historihem)

En pénétrant dans la chapelle le regard se porte sur la Sainte-Face, œuvre de Rouault, sur le mur nu au dessus de l’autel, représentée sur un panneau tissé (et non une tapisserie) selon le procédé de l’artisan J. Plasse-Le Caisne, de vastes dimensions, de couleurs noire et ocres, qui a posé d’innombrables difficultés techniques pour sa réalisation.

La Sainte-Face sur panneau tissé (Document revue Art d’Eglise)

Les murs de vitraux conçus par Mannessier représentent une méditation sur la vie de Ste Thérèse de Lisieux : le côté sud qui a l’aspect d’une fresque de verre et de ciment est fait d’un vitrail aux tons éclatants, qui évoquent son enfance et sa jeunesse, puis les rouges, bleus et violets qui rappellent ses années de souffrance au Carmel et côté nord le mur plus bas est également fait d’un vitrail aux tons plus légers qui symbolise sa vie céleste.

Les deux murs composés de vitraux (Documents Historihem)

Contre l’un des murs se trouve l’autel du saint sacrement, table de pierre sur pieds de fer, œuvre du sculpteur Dodeigne tout comme l’autel principal en pierre de Soignies surmonté d’une croix en fer forgé. Figurent également dans la chapelle d’autres œuvres de l’artiste telles que les fonts baptismaux et la statue de Ste Thérèse.

Autel principal et autel du Saint Sacrement, croix de fer forgé , fonts baptismaux et statue de Ste Thérèse (Documents collection privée)

L’architecture intérieure de la chapelle ménage un espace harmonieux, grâce aux pentes du toit, couvert d’un bois simple, avec un sol pavé de dalles en pierre noire des Pyrénées espagnoles et des bancs de chêne dessinés par l’architecte Hermann Baur. Ce mariage de lumière et de matière crée une ambiance particulière propice à l’intériorité.

Vue générale de l’intérieur de la chapelle (Document revue d’Art d’Eglise et collection privée)

A suivre…

Remerciements à Historihem

L’église Saint-André

De 1947 à 1977, la ville de Hem grandit très vite et, de 1959 à 1967, la première génération d’ HLM (habitations à loyers modérés) industrialisées couvre la plaine des Hauts-Champs. Il faut construire vite et au moindre coût pour assurer le relogement des roubaisiens évincés par la politique de résorption des courées insalubres.

Photo aérienne des quartiers Hauts-Champs et Longchamp en 1947 et 1962 (Documents IGN)

Puis de 1967 à 1975, c’est l’ensemble de Longchamp, soit 1146 logements, programmé dès 1964, qui est réalisé. Cette augmentation considérable de la population implique la nécessité d’un nouveau groupe scolaire et d’une nouvelle église. Une chapelle est donc construite dans le nouveau quartier résidentiel des Hauts-Champs à Hem, avenue Schweitzer, en 1967-1968.

Comme toute construction de lieu de culte dans le diocèse de Lille à partir de 1957, la nouvelle église est l’oeuvre de l’association des Chantiers du diocèse. Le projet est confié à l’Atelier d’Art et d’Architecture (AAA) , groupe d’architectes travaillant pour les Chantiers du diocèse. C’est Maurice Salembier, architecte membre de l’AAA, qui en conçoit les plans.

Plan du bâtiment (Document Inventaire Général des Hauts de France)
L’édifice en 1969 (Document collection privée)

Propriété d’une association diocésaine, l’église Saint-André est un petit édifice en brique implanté au centre d’un ensemble d’immeubles de logement. Le bâtiment est composé de cinq cylindres jointifs dont le cylindre central domine les autres en hauteur.

Vue générale du bâtiment (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Le sanctuaire, de plan circulaire, est entouré de quatre salles de même plan pouvant s’ouvrir sur l’espace central, portant la capacité de l’église à 390 places. A l’intérieur de la nef, les bancs sont disposés en arc de cercle autour de l’autel.

L’espace central (Document Inventaire Général des Hauts de France)
Salles ouvrant sur l’espace central (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Le tabernacle est installé dans sa niche et les fonds baptismaux sont prêts à accueillir les futurs baptisés. Le tout est éclairé par les multiples verrières et ouvertures au plafond. Les salles attenantes servent de salles paroissiales ou de salles de catéchisme.

Tabernacle dans sa niche, fonds baptismaux et verrières (Document Inventaire Général des Hauts de France)
Salle paroissiale et salle de catéchisme (Document Inventaire Général des Hauts de France)

Ce lieu de culte appelé Chapelle Saint-André voit le jour en décembre 1968. Le gros œuvre est terminé et son Excellence Mgr Gand vient bénir la chapelle le 08 décembre afin qu’elle puisse être ouverte au culte. La bénédiction a lieu en présence de Jean Leplat, maire de Hem, d’adjoints et de conseillers municipaux mais aussi de Mrs Wallaert, président, et Salembier, architecte, des Chantiers du Diocèse de Lille.

Chantier et gros œuvre terminé fin 1968 (Documents Nord-Eclair)

Après avoir fait le tour de l’édifice et béni les murs, devant la chorale et l’assistance des fidèles, Mgr Gand s’agenouille au pied de l’autel pour y prononcer litanies et prières avant de procéder à la bénédiction des lieux et du sol autour de l’autel auprès de l’abbé Reynaert, desservant de la nouvelle chapelle installée dans le groupe Longchamp.

Bénédiction de l’église et de la foule par Mgr Gand le 08/12/1968 (Documents Nord-Eclair)

Dès son ouverture la Chapelle Saint-André propose des messes quotidiennes à 8h30 et 10h30, comme le signale le mémento public du CIT (Commerce Industrie Tourisme) de Hem.

Outre les offices religieux cette église comme beaucoup d’autres accueille des prestations musicales notamment des chorales des environs. Ainsi l’ensemble vocal à vocation religieuse « Jeunesse et Joie », constitué de 40 jeunes, qui, en décembre 1981, vient donner un concert gratuit à Saint-André afin d’aider à l’animation de la paroisse.

L’ensemble vocal Jeunesse et Joie (Document Nord-Eclair)

En 1989, soit 20 ans après sa construction, l’abbé Bernard Declercq, ne célèbre plus qu’une messe le samedi à 10h et une messe dominicale à 18h30, d’après le guide pratique de la ville. En 2000, dans le « Tout Hem en Un » l’église Saint-André est encore répertoriée comme lieu de culte mais aussi comme monument à visiter.

La chorale créée en 1981 dans le cadre de l’association pour le développement culturel et solidaire Culture et Liberté fête la Ste Cécile en participant à l’un des offices catholiques du quartier, une année sur 2 à l’église Sainte-Bernadette et la 2ème année à Saint-André, sous la direction de Lucien Delvarre.

La chorale fête la Sainte-Cécile à Saint-André en 2002 (Document Voix du Nord)

Bientôt, il n’y a plus de curé en charge de l’église et c’est un diacre qui continue à la faire vivre. Puis dès 2005, aucune messe n’y est plus célébrée et en 2011, l’église désaffectée est désacralisée et cédée par le diocèse à l’euro symbolique à la municipalité qui ambitionne d’en faire une épicerie solidaire.

Instantané de mémoire : Annie, ancienne résidente de la rue Alexandre-Fleming, proche de l’église, raconte au journaliste de la Voix du Nord en 2015 : « Il y avait dans notre rue une longue barre d’appartements, c’était à l’époque le bailleur social CIL. L’école de police n’existait pas encore et là aussi une barre d’appartements de quatre étages prenait toute la longueur de la rue Joseph-Dubar. L’église Saint-André venait d’être construite, c’était dans les années 67/68 je crois. Très moderne à l’époque elle ressortait du paysage par son style tout en rondeurs. Le quartier n’avait pas encore été rénové et était calme. Notre fils aîné a été baptisé dans cette église. Il y avait encore un curé pas un diacre. C’est dommage de la voir ainsi car quand on passe devant, ce n’est plus tout à fait la même chose. Elle semble abandonnée. Son âme aussi s’en est allée. »

A suivre…

Remerciements à Historihem et à la Ville de Hem

La Chapelle Saint André

L'église du Sacré Cœur Coll Particulière
L’église du Sacré Cœur Coll Particulière

Territoire isolé, oublié ente le canal et Wattrelos, l’Entrepont dépend de la paroisse du Sacré Cœur. L’abbé Boussemart est à l’origine du projet de création d’un poste avancé de la paroisse, à l’angle de la rue d’Alger et de la Grand Rue, sur une partie des terrains de la propriété Meillassoux. Ce projet devait comprendre un sanctuaire, un dispensaire et une garderie. En mai 1952, une réunion sur le sujet se tient dans une salle du cinéma Rex. La présentation du projet est faite par M. Charles Julien, président du comité d’érection du sanctuaire, et M. Vanmulen expose le plan des futurs travaux. Tous les habitants du quartier sont sollicités et M. Charles Jullien déclare : « Prouvons que nous existons en donnant l’exemple d’entraide et de camaraderie ».

Les castors de l'entrepont sur le chantier Photo NE
Les castors de l’entrepont sur le chantier Photo NE

Les matériaux sont chers, aussi pense-t-on à organiser une soirée dansante salle Watremez pour récolter des fonds . Elle se déroula le 29 juin en présence de MM Jules Duquesne député du Nord, Hubert Antoine adjoint, Maurice Crépin président de l’AIPG, Huvelle de la banque Scalbert, et Crinon de l’usine de Mascara. A 17 heures, un bal familial fut donné avec la participation du groupe Rythmic Jazz. En juillet 1952, les castors de l’entrepont mettent à profit les congés payés pour commencer les travaux. Il faut niveler le sol, car il y avait des massifs épais, des arbres, de la végétation. Les castors, adultes bénévoles et motivés, travaillent  le soir après leur journée, le samedi, puis pendant leurs congés. Soixante-dix tombereaux de terre seront enlevés avant que la construction puisse commencer. Les castors, dont ce n’est pas la profession, se transforment en terrassiers, puis en maçons. Il y avait là un magasinier, un chef de service d’une importante usine textile, un étudiant, toutes les professions sont représentées, il y avait aussi un maçon authentique qui conseillait tout le monde. Le gros œuvre devrait être terminé pour l’été, avant les premiers frimas, et la construction couverte, pour qu’on s’occupe des aménagements intérieurs.

Photo aérienne du quartier. La Chapelle est le bâtiment en longueur en haut du cliché. Photo IGN
Photo aérienne du quartier. La Chapelle est le bâtiment en longueur en haut du cliché. Photo IGN

On avait pensé à une chapelle ogivale, ce sera un local qui servira de dispensaire, de garderie d’enfants et de sanctuaire. Le bâtiment fait trente mètres de long sur neuf de large, et couvre une superficie de 270 m². Grâce à un jeu de portes coulissantes, les deux salles n’en feront qu’une pour constituer une chapelle pour la messe. Le dispensaire est confié aux bons soins des religieuses du Très Saint-Sauveur.

Une sœur à l'ouvrage dans le dispensaire Photo NE
Une sœur à l’ouvrage dans le dispensaire Photo NE

En 1961, on apprend par la presse que chaque dimanche à 8 heures 30 un prêtre de la paroisse du Sacré Cœur vient dire la messe à la Chapelle Saint André. La chapelle est simple et claire, décorée d’une fresque rappelant les travaux de chaque jour et la famille roubaisienne. Le dispensaire est ouvert tous les jours et le dimanche matin. Une sœur du Très Saint Sauveur hébergée place de la Liberté, rayonne dans le quartier et donne des soins à domicile. On ne sait pas à quel moment la chapelle Saint André et son dispensaire ont disparu. Les témoignages et les photographies de ce sanctuaire seront les bienvenus. A vos souvenirs !

Sources Nord Éclair, IGN

Le projet Dom Bosco

Un précédent article laissait entendre que la maison St Jean Bosco avait été envisagée dès le mois de janvier 1945. De nouvelles découvertes nous amènent à préciser ce point.

Déjà à l’origine de la construction de l’église Ste Bernadette en 1935, l’abbé Carissimo devenu doyen de la paroisse Ste Elisabeth, souhaitait la création d’un nouveau centre d’œuvres charitables dans le quartier des Longues Haies. Son vœu est exaucé au début du mois de décembre 1942, époque à laquelle quelques religieuses se sont installées dans un assez vaste immeuble au n°102 de la rue Bernard. D’après le Ravet Anceau, c’était autrefois l’atelier du charpentier menuisier Vanacker Florin.

Saint Jean Bosco et les sœurs de l’ouvrier Photos Coll Privée

Cette œuvre est mise sous la protection de Saint Jean Bosco, fondateur des patronages dominicaux et de l’ordre des Salésiens, dont la mission consistait à recueillir les enfants pauvres ou abandonnés, à les éduquer et à leur donner une instruction professionnelle susceptible de faire d’eux des bons ouvriers. Saint Jean Bosco n’est pas un inconnu pour les roubaisiens, car il vint prêcher à Roubaix le 11 mai 1883 dans l’église Saint Martin. Il n’était alors que Dom Bosco, et il sera canonisé le 1er avril 1934.  Ce sont les « sœurs de l’ouvrier » dont la maison mère est à Croix, qui vont mettre leur dévouement à la disposition des familles du quartier, en visitant les malades, et en dispensant leur sacerdoce auprès des infirmes, des vieillards et des petits enfants. Elles s’occuperont de soupes populaires, d’ouvroirs et de vestiaires pour les déshérités. A partir de fin janvier 1943, leur chapelle permettra à tous ceux qui le souhaitent, et qui trouvent l’église paroissiale trop éloignée, de remplir leurs devoirs religieux.

L’autel de la chapelle de la maison Saint Jean Bosco Photo Brunin

La chapelle fonctionnait donc dans le cadre de la maison d’œuvres de St Jean Bosco, mais elle s’avéra très vite trop petite. On projeta un moment de construire une chapelle plus importante, sur un vaste terrain où se situait la cour Binet, au n°170, rue des Longues Haies. Un architecte, M. Forest, en dressa les plans, et la maquette fut présentée à la presse. Le projet ne fut jamais réalisé, mais le centre d’œuvres sociales de la rue Bernard continua d’exister et sa chapelle de fonctionner, jusqu’à la disparition intégrale du quartier en 1960.

Le 102 rue Bernard en 1942 et le projet de chapelle Photos Journal de Roubaix

Une nouvelle église, Ste Bernadette

L’accroissement de la population au Nouveau-Roubaix dans les années trente appelle l’implantation d’une nouvelle église. En attendant cette construction, on bâtit une chapelle provisoire avenue Motte. Celle-ci aura bien des malheurs : lors de la tempête de février 1935, son toit fait de plaques d’« Eternit », est emporté par le vent. Son vicaire, l’abbé Carissimo, aidé de quelques paroissiens, est contraint d’effectuer une réparation de fortune. En janvier 1937, elle est cambriolée, les voleurs, entrés par une fenêtre, ne réussissant qu’à retirer de leur larcin qu’un butin infime. Cette même année, on prolonge la rue Léon Marlot de l’autre côté de l’avenue Motte.

Construction du prolongement de la rue Marlot, à droite la chapelle provisoire.

En Avril 35, à l’occasion de la fête de Pâques, on organise une fête en plein air sur le terrain de la future église. Le projet de construction de l’église définitive se précise, et c’est le cardinal Lienart qui pose la première pierre en Juillet 1935. Un défilé processionnaire était prévu sur l’avenue Motte pour accueillir le cardinal, mais il ne fut finalement pas autorisé par la municipalité, celle-ci venant d’interdire un défilé socialiste prévu le samedi suivant. L’abbé Carissimo devient curé de la nouvelle paroisse.

Le discours de M André Lepoutre – Remarquons les champs à perte de vue

La construction commence. Elle s’étendra sur les années 1936 et 1937.

Deux vues de la construction. Au premier plan des deux photos, l’avenue Motte et les barrières protégeant la voie ferrée.

L’église est enfin consacrée en 1937 ; elle est ouverte au culte en fin d’année. En décembre 38, à l’occasion du premier anniversaire de l’église, sont inaugurées les fresques d’André Trebuchet dans l’abside et les fonts baptismaux.

Les informations et les photos sont tirées du Journal de Roubaix