Café Janssoone (Suite)

Photo de Paul et Raymonde avec leurs parents et beaux-parents Janssoone (dont Jules) et Cristal

Jules a un fils, Paul, que l’on retrouve en 1955, au 96 rue Jean Jaurès, dans les rubriques cafetiers et débits de tabac sur le Ravet-Anceau. Il tient son établissement avec son épouse Raymonde comme en atteste cette photo du couple prise devant leur établissement.

Paul et Raymonde puis Jean-Paul et Daniel leurs fils devant la façade du café Janssoone (Documents Joffrey Janssoone)

Une publicité de l’année 1966 montre que le café est le siège de l’Union Sportive de Hem et de la société d’épargne « Les amis du Beau-Chêne ». la publicité vante des consommations de premier choix, des articles fumeurs, des cartes postales et de la confiserie.

Publicité de 1966 (Document collection privée)
Les fils de Paul et Raymonde dans le jardin qui donne sur le patronage et l’un d’eux, Daniel, dans la cour du café-tabac (Documents Joffrey Janssoone)

Instantané de mémoire de Joffrey Janssoone, petit-fils des exploitants: «Je me souviens d’un café bondé, le comptoir plein, les tables devant le comptoir prise par les habitués où, très jeune, je m’asseyais de temps en temps avec eux. Les tables derrières étaient prises par les « beloteux » et les flippers installés dans le fond. Ma grand mère était au service, mon grand père au tabac qui me donnait mon dimanche pour avoir rangé les cigarettes dans les présentoirs.

Le week-end toute la famille était là pour travailler : les belles filles donnait un coup de main en salle, les frères servaient au comptoir sur lequel se trouvaient des œufs durs. Parfois 3 rangées de clients patientaient devant ; j’étais petit et je devais me frayer un chemin entre eux pour passer. Mon père et mon parrain jouaient au bout du comptoir au 421 avec les clients en racontant des blagues.

Certaines femmes appelaient au café pour savoir si leur mari était toujours là à l’apéro… Avec les autres enfants nous jouions dans le jardin qui communiquait avec le patronage de l’église Saint-Joseph. Je me souviens également de ma grand mère et de son balai à l’heure de la fermeture, poussant les derniers clients vers la sortie: PRESSONS PRESSONS !»

Publicité pour le café tabac ( juke-box, tilt, billard, articles fumeurs, confiseries, cartes postales). (Document Historihem)
Paul et Raymonde au comptoir et au billard (Documents Joffrey Janssoone)

Instantané de mémoire de Patrick Debuine, ami de la famille : « Lorsque les juke-box ont été installés cela a créé beaucoup de contentement dans la jeune clientèle mais aussi beaucoup de mécontentement parmi les clients plus âgés notamment les joueurs de belote qui ne s’entendaient plus penser et ne parvenaient plus à se concentrer dans une atmosphère devenue beaucoup trop bruyante à leur goût».

Raymonde devant la façade du café-tabac et Jean-Paul avec des clients (Document Joffrey Janssoone)

Le café tabac reste au nom de Paul jusqu’aux années 1980. En 1982, la publicité parue dans la brochure de l’Office Municipal d’Information hémois, fait état du café-tabac Janssoone-Cristal, du nom de jeune fille de Raymonde. Enfin, en 1983, l’établissement est répertorié au nom de Veuve Janssoone, laquelle continue à exploiter seule l’établissement quelques temps après le décès de son mari. Le café tabacs Janssoone vante alors principalement ses bières : Stella, Pelforth et Palten.

Dernières publicités Janssoone de 1982 et 1983 (Documents collection privée)

Lorsque Raymonde prend sa retraite, elle déménage au n°94, dans la maison voisine, et le café est revendu à la famille Sales. Paul et Raymonde ont eu 2 fils : Jean-Paul et Daniel. Jean-Paul, marié à Maryse, a une fille Emilie en 1979 (puis 2 fils en 1992 et 1996). Ils habitent au n°92 et sont donc les voisins de Raymonde. Daniel quant à lui, marié à Josette, a un fils Joffrey, également en 1979, et se trouve domicilié dans la maison voisine de son frère, au n°90.

Daniel Janssoone crée une entreprise d’électricité générale à son domicile et fait de la publicité pour son activité en ces termes :tout dépannage électrique, installations industrielles, éclairage magasins, force motrice, installations encastrées, tous chauffages électriques, eau chaude, cuisines électriques.

Publicité Janssoone électricité générale (Document collection privée)

En 1984, ce n’est donc plus la famille Janssoone qui tient l’établissement mais François Sales et son épouse, d’après le répertoire des commerçants, artisans et professions libérales d’ Hem. Le café fonctionne sous l’enseigne Au Beau-Chêne, sans doute en référence au Beau-Chêne du début du vingtième siècle, qui a perduré ensuite même quand les Janssoone l’exploitaient mais que les clients avaient pris l’habitude de dénommer « Chez Janssoone ».

Publicité Au Beau-Chêne (Documents collection privée et Historihem)

L’établissement Au Beau Chêne a été répertorié au registre du commerce et des sociétés jusqu’en 2012, date de sa radiation. Puis le 96 rue Jean Jaurès a été la propriété de la SCI (Société Civile Immobilière) Dubois Immobilier de 2011 à 2021, avant d’abriter 2 entreprises individuelles à ce jour.

Le Beau-Chêne en 2008 puis en travaux en 2017 et le 96 rue Jean Jaurès en 2022 (Documents Google Maps)

Une pensée pour Emilie Janssoone disparue trop tôt, en Mars 2022, alors qu’elle se faisait une joie d’apporter son témoignage.

Remerciements à Joffrey Janssoone et Patrick Debuine, à l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem, à Bernard Thiebaut pour son livre : Mémoire en Images de Hem.

Le Beau Chêne

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Le hasard des recherches dans les archives municipales nous a fait découvrir une photo de cette ferme, prise lors de sa démolition en 1927. D’après la légende, elle était située boulevard de Metz, et la comparaison avec des plans et photos aériennes de l’époque nous permet de préciser que le photographe était placé derrière la ferme et que les bâtiments au fond et à droite sont situés respectivement boulevard de Metz et rue Voltaire. Placée le long du chemin des Couteaux non loin du hameau du Hutin, elle fait partie des fermes anciennes de Roubaix, qu’on remarque déjà sur les plans cadastraux du consulat, juste après la révolution. Si elle n’est pas cernée de douves, comme d’autres à la même époque, c’est qu’il n’y a pas de cours d’eau à proximité immédiate pour les alimenter ; le canal n’arrivera que bien plus tard !

La ferme en 1884
La ferme en 1884

Dénommée Ferme du Beau Chêne en 1884 sur plan cadastral, elle est située dans le Ravet-Anceau au 9 chemin des couteaux, dans le hameau du même nom, ce qui correspondra plus tard au 105 boulevard de Metz. Les recensements successifs nous apprennent qu’elle était tenue au 19 ème siècle par Louis Prouvost, né à Roubaix en 1800, qui a épousé assez tard Victoire Masquelié (également orthographié Masquelier). Celle-ci, veuve depuis 1881, conservera la ferme qu’elle laissera ensuite à ses enfants. D’après le Ravet-Anceau, celle-ci sera exploitée jusqu’en 1926. Le chemin des Couteaux sera progressivement redressé et élargi pour constituer le boulevard de Metz, mais la cense, placée en retrait du chemin, ne sera pas touchée par ces travaux. En 1867, le percement du canal va bouleverser le quartier et séparer les hameaux jusque là voisins et traverser sur les terres dépendant de la ferme.

Situation de la ferme sur une photo IGN
Situation de la ferme sur une photo IGN

Louis Joseph Prouvost est seul en 1836 pour élever ses trois filles Julie, Eosine, et Virginie. Il se mariera en 1846 à Victoire Masquelié, qui lui donnera deux autres filles, Victoire et Marie. Celles-ci auront respectivement 4 et 2 ans en 1851. Marie n’aura pas de descendance, mais Victoire aura deux filles de son mariage avec Jules Warlop, Marie Victoire et Elise Marie. Louis et Victoire Prouvost-Masquelié achètent en 1866 la ferme qu’ils cultivaient jusque là à Mme Marie Christine Delporte, veuve de M. Pierre Joseph Dassonville.

BC4-96dpiEn 1893 des documents officiels nous apprennent que Mlle Marie Prouvost, fille de Louis et de Victoire est co-propriétaire de la ferme avec les enfants de sa sœur Warlop-Prouvost, mineures. Elle a construit une maison, qu’elle occupe depuis 1874, le long du boulevard, au 44 et demande un permis de construire pour en édifier deux autres tout à côté. Les deux sœurs en font également construire deux, choisissant également comme architecte M. Deregnaucourt. Victoire Warlop-Prouvost, veuve, occupe la ferme de 1882 à 1895. La ferme est ensuite reprise à bail par la famille Dupont, qui l’exploite entre 1899 et 1926, à la veille de sa démolition. Durant cette période, la cense a été vendue : M. Dupuis, habitant Tourcoing, en est propriétaire en 1914, et Jules Wacquier, entrepreneur, l’est en 1920.

Les maisons construites près du 44 par la famille
Les maisons construites près du 44 par la famille

Le vieille ferme est donc démolie en 1927. Les établissements Masurel obtiennent un permis de construire pour un alignement de 27 maisons au coin du boulevard de Metz et de la rue Voltaire. Une photo aérienne de 1932 nous montre le long du boulevard cette rangée de maisons, alors que des jardins (ouvriers?) s’étendent sur son emplacement. En face de l’autre côté du boulevard, d’autres jardins (ouvriers également?).

Les documents proviennent des archives municipales.