Au début des années 1950, M Morel crée la SRADE : Société Roubaisienne d’Articles de Droguerie : grossiste en produits de droguerie. Il installe son entreprise au 76 78 rue d’Italie.
Au début des années 1960, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante, et le manque de place se fait cruellement sentir. Pour pouvoir faire face à son développement, M Morel loue un entrepôt de 1000 m2, de l’autre côté de la rue, au 81 rue d’Italie. Mme Rangotte, la propriétaire, exploitait auparavant une activité de grossiste en vins : l’entrepôt des Flandres.
En 1968, la SRADE approvisionne 69 détaillants ( petits commerçants en droguerie ) à Roubaix. A cela il faut ajouter les clients de Tourcoing et des petites villes avoisinantes. Ce gros potentiel permet de développer fortement l’activité. Le personnel de l’entreprise est composé de 4 personnes ( préparateurs de commande et livreurs ).
Le lundi 1 Mars 1971 à 14h, une violente explosion secoue le quartier. Les habitants sortent de chez eux, et s’aperçoivent que l’entrepôt de la SRADE est en flammes. Les pompiers, alertés, arrivent rapidement sur place. Ils découvrent un véritable brasier.
La présence de nombreux produis inflammables ( white spirit, solvant, essence de térébenthine . . . ) inquiète fortement les pompiers. L’accès est difficile, car l’entrepôt est encastré dans un îlot de maisons. Les dirigeants de l’entreprise de transports Van Hove, située au 84 rue de Rome, proposent aux pompiers de passer par leur entrepôt pour accéder au brasier et éteindre plus rapidement l’incendie.
Les pots de peinture et les produits de droguerie dégagent une fumée noire et âcre ; les bombes de laque explosent. Ce feu d’artifice ajoute une note encore plus terrifiante au sinistre. Le panache de fumée est visible à plusieurs kilomètres à la ronde.
Le feu est éteint après quelques heures d’intervention. Le local est entièrement détruit et la charpente s’est effondrée ; tout le stock de peintures et de droguerie a brûlé. Aucune victime, ni blessé, n’est à déplorer et, grâce à l’action des pompiers, le feu ne s’est pas propagé aux maisons voisines.
Après l’incendie, M Morel est bien décidé à continuer son activité de grossiste en droguerie. Il trouve un local en location, dans le quartier : l’ancien entrepôt de pommes de terres de R. Coussemacker, au 62 et 64 rue de Naples.
L’activité continue jusqu’au milieu des années 1980. Malheureusement, la situation se dégrade car les détaillants subissent la concurrence des grandes surfaces, ferment leur commerce et entraînent avec eux les grossistes.
Mme Rangotte, la propriétaire de l’entrepôt détruit au 81 rue d’Italie, décide, en 1973, de faire construire 31 garages en location.
Remerciements aux archives municipales et à Patrick Van Hove
Bravo Bernard, en lisant ton article j’ai l’impression de revivre cet incendie qui avait secoué le quartier et les entrepôts Van Hove. Le brasier et la fumée étaient si denses que les pompiers avaient fait évacuer notre maison au 84 rue de Rome et les 4 maisons voisines.
Bonjour,
Cet article m’a particulièrement intéressé puisque j’ai travaillé pour cette entreprise en temps que commercial à partir de fin 1984.
C’est au moment où M. Morel père a cédé la S.R.A.D à un jeune entrepreneur, Joël Toulemonde, que ce dernier m’a embauché. Je devais reprendre le secteur commercial que le fils de M. Morel délaissait petit à petit pour s’occuper de son magasin d’électronique situé rue de l’Alouette près de la gare. La femme de M. Morel fils tenait une droguerie rue de l’Epeule et faisait concurrence à la Droguerie Debril.
Je pense que c’est en 1986 que la SRAD déménage rue Claude Lorrain à Roubaix. C’est en 1988, après avoir « absorbé » l’entreprise concurrente CODUNI que la SRAD change de nom pour rajeunir son image un peu « vieillotte » et se nomme DIDÉCO « distribue la Décoration et l’entretien de l’habitat ».
Malheureusement, les affaires ne sont pas florissantes ; en cause, la concurrence des moyennes et grandes surfaces. Je quitte la société en 1989 avant que celle-ci ne dépose le bilan.
J’ai une pensée émue pour la famille de Joël Toulemonde, décédé à 63 ans d’un cancer en octobre 2021.
Bonjoue Christian Debeauvais. merci pour votre message et votre témoignage. D’autant plus intéressant que j’ignorais ce qu’était devenu la Srade. Cordialement. Bernard Termeulen