Pendant une réunion de l’atelier mémoire, les participants se sont exprimés sur les deux images de l’église Saint Jean Baptiste, l’une datant de la belle époque, et l’autre du mois d’août 2010. Le compte rendu suivant relate les observations, les remarques et les pistes de recherches énoncées par tous les membres de l’atelier. On trouvera en italique quelques éléments de réponse extraits du bulletin de la Société d’Emulation consacré aux églises de Roubaix. Mais le travail est loin d’être terminé !
Sur la photo ancienne, l’église est encore en construction, la rue semble être un sol de scories.
L’église Saint Jean Baptiste, dite du Raverdi, a été conçue par l’architecte Auguste Dupire dont les plans datent du 2 août 1887. Sa première pierre est posée en 1888, et l’église sera construite du 16 avril 1889 au 15 novembre 1890. La rue Jean Goujon fut classée dans le réseau urbain de la ville par une décision du Conseil Municipal du 21 octobre 1904.
Les flèches ont changé. A mi hauteur des deux clochers, des éléments ont disparu, des ornements (clochetons ou pignons).Ont-ils mal vieilli et posé des problèmes de sécurité ? Sont-ils tombés ? On cite deux rénovations, l’une après la première guerre, et l’autre, il y a une dizaine d’années.
Une délibération municipale du 6 février 1959 nous apprend qu’il est question de faire procéder à d’importants travaux : consolidation de la charpente, réfection de la maçonnerie, réfection des grillages de protection des vitraux et reconstruction du parvis. Tous ces travaux seront menés à bien dans le cours de l’année.
Les abat-sons sont plus nombreux, par contre, on a procédé à la suppression des « balcons », le garde corps a disparu, pouvait-on autrefois y marcher ? La statue aurait été descendue et rénovée il y a quelques années… L’Horloge est toujours la même, il est rare de trouver une horloge sur les frontons des églises.
En janvier 1892, les habitants du quartier ont pétitionné pour obtenir une horloge à leur église.
Autrefois, il y avait plus de vitraux, ils ont été rénovés. Sur la photo de gauche, il semble y avoir un vitrage provisoire, ou des planches…Les deux colonnades latérales du fronton autour du vitrail central ont disparu. Les portes n’ont pas changé, elles ont été repeintes lors de la dernière rénovation, ce qui fait l’objet d’une anecdote. La couleur employée, le violet, ne plaisait pas aux paroissiens, les portes furent donc repeintes couleur sang, en référence à la Pâque juive.
L’atelier s’interroge sur la présence de deux tours. Une autre église, aujourd’hui disparue, Saint Antoine, rue de Remiremont avait la même configuration. Pourquoi donc deux tours ?
Une signification symbolique est-elle attachée à cette caractéristique ? Sans doute la réponse se trouve-t-elle dans les travaux de l’architecte Dupire, qui a également construit le temple protestant de la rue des Arts. Un autre témoignage historique pour terminer : avant l’église, il y avait des fermes et des vignes, et le vin fournissait l’évêché de Tournai.
Cet échange commun pose de nombreuses pistes de recherches. Un travail similaire sera effectué avec des vues comparatives de l’intérieur de l’église. A vos commentaires et compléments !
Si je suis votre commentaire, voici quelques précisions concernant l’église Saint Jean-Baptiste.
Sur la photo ancienne l’église n’est plus en construction… Certes les rues ne sont pas encore pavées, mais le sanctuaire lui est bien terminé.
Effectivement si l’on regarde la carte postale qui doit dater des années 1895/1900 et la photo actuelle, les flèches ont été “épurées”. La ville ayant préféré lors d’une première restauration “faire au plus pratique” et le moins coûteux…. Elle “supprima”, donc !
Trois rénovations importantes ont eu lieu : une après la première guerre mondiale, l’autre après la seconde et la troisième il y a une dizaine d’années.
Les abats-sons ne sont pas plus nombreux… Le balcon des clochers cache en fait les derniers abats-sons.
Ces balcons ont été démolis dans les années 70, là encore pour une question financière, la Ville ne souhaitant pas engager de frais importants pour l’église. La galerie située entre les deux tours a subi le même sort pour les mêmes motifs. On pouvait effectivement marcher autour des tours sur la plate-forme des balcons.
La statue de Saint Jean-Baptiste (d’une hauteur de 4m20) n’a jamais été descendue lors de la dernière rénovation…
Par contre l’horloge n’est pas l’horloge d’origine. Elle fut un temps protégée par un cercle de plexiglas pour empêcher les pigeons de rentrer sous les toits, mais le reflet du soleil et de la lumière empêchaient de voir les aiguilles… Un coup de vent se chargea assez rapidement de mettre à mal “le trouble-fête” !
Le plexiglas ne fut pas remis à sa place.
Il n’y a jamais eu plus de vitraux à Saint Jean-Baptiste que ceux existants actuellement. En façade ce sont deux fausses verrières qui se trouvent sous la croix cerclée. Le vitrail en “grisaille” ne démarrant qu’au niveau des lobes des deux baies jumelles jusqu’au haut du cercle. Derrière les “fausses verrières” se trouve en fait le buffet d’orgue, qui ne permet pas à la lumière de pénétrer dans l’édifice… Donc pas besoin de verrières à ce niveau.
Les deux colonnes latérales n’ont jamais disparu. C’est sans doute la blancheur actuelle qui les rend moins visibles.
La couleur des trois portes était en effet “mauve pisseux”… La ville pendant des années n’a jamais voulu entendre raison (certainement plus un problème d’ego, qu’un problème financier…) et repeindre, comme la paroisse le demandait, les portails de couleur sang de bœuf.
Pourquoi cette couleur (comme pour tous les grands édifices gothiques) ?
Non pas comme vous le dites pour rappeler la Pâques Juive, mais pour rappeler ce passage de l’Ancien Testament ou Moïse et son peuple sont en Egypte et apprennent que le souffle de Dieu viendra la nuit dans chaque maison, ôter la vie de tous les enfants mâles sauf… si sur le linteau des maisons il y a le sang d’un animal sacrifié… signe que c’est là que se trouve le peuple de Dieu!
Bien sûr les deux tours ne sont pas là par hasard, ni les onze marches du parvis, ni l’orientation Nord/Sud de l’édifice, ni la croix-cerclée, ni les deux baies jumelles, ni l’horloge sous le “chapeau de gendarme”, ni les 12 petites fenêtres placées au dessus, ni la frise ogivale en milieu de façade.
L’architecte Auguste Dupire a truffé son église de toute la symbolique liée aux grands édifices religieux du XIIIème siècle, une symbolique parfois ésotérique….
Christian Danneels (Diacre de l’église Saint Jean-Baptiste)
Merci pour cette contribution très riche, un véritable cours !
vous pouvez joindre Gérard Vanspeybroeck à la mairie de quartier sud Roubaix ou venir au prochain atelier mémoire, à l’adep rue Léon Marlot Roubaix, le 8 juillet