Il semble que le côté de la Place Carnot situé entre le débouché de la rue du Pile et celui de la rue Marceau n’a pas connu d’estaminets. En 1972, il comprend les n°2 à 26 et commence par la cour Baussart, l’atelier d’encadrement de Mme Prévot au n°4, la pharmacie Delforge et la carrosserie auto Devryver au n°8, le cordonnier Verspeeten au n°10, un coiffeur pour hommes au n°16, la cour Bossut Brame au n°18, Mamadou N’Diaye aux n°20 et 22, la maison d’Octave Vandekerkhove au n°24, construite en 1934 et son entreprise de literie au n°26.
Aujourd’hui, la cour Baussart est encore présente, fermée par une porte, avec le petit panonceau de bois au dessus du n°2. Le n°4 a fait l’objet d’une rénovation. La pharmacie est toujours là, à présent Neyrinck, elle aussi s’est modernisée et occupe désormais à part entière le n°8. Les 10, 12, 14 sont des maisons d’habitation, le 16 est à présent un magasin d’alimentation générale « aux quatre saisons ». La courée du n°18 est désormais fermée par une porte, les n°20 et 22 sont des maisons d’habitation, puis c’est un genre d’atelier en bois avec une cabine électrique montée pour les ateliers Vandekerkhove aujourd’hui disparus, seule subsiste la maison d’Octave Vandekerkhove. Les ateliers sont désormais occupés par un discount fruits et légumes « ABC Fruits » qui fait l’angle de la rue d’Antoing.
Ce trottoir aurait pu être celui des musées. Tout d’abord Mamadou N’Diaye personnage bien connu du Pile, boxeur, entraîneur de boxe et chiropracteur est venu s’y installer au n°22 en 1951 au moment de son mariage avec Alice Viaene. Ses pratiques attiraient beaucoup de monde et beaucoup de personnes se souviennent encore des soins qu’il leur a prodigués. Quand le n°20 s’est libéré, il y a installé son lieu de consultation avec salle d’attente et secrétariat. Au premier étage, il avait accumulé nombre d’instruments (prothèses, corsets, emplâtres et chaises) et l’on aurait pu envisager de lui rendre hommage par un petit musée1.
Son voisin Octave Vandekerkhove est également une célèbre figure du Pile. Entrepreneur dans la fabrication de literie et de matelas, il fut également président de l’amicale Jean Macé Pasteur, écrivain et surtout un véritable globe trotteur qui avait la passion des voyages et en faisait profiter les enfants des écoles par des conférences agrémentées de diapositives chaque fois qu’il revenait d’un voyage. J’ai eu le privilège de visiter sa maison qui était un véritable musée. Sur les murs alternaient les photos et les objets les plus divers, masques et gri-gri africains. Que sont devenues les milliers de diapositives et tous ces objets ?
Roubaix et le Pile en particulier, disposait là de deux lieux de trésors accumulés par des hommes extraordinaires, qui malheureusement ont disparu. Raviver leur mémoire est plus que jamais un devoir permanent.
1D’après Mamadou du Pile au Musée Les Cahiers de Roubaix édités par Lire à Roubaix
Merci pour ce reportage sur le quartier du Pile. J’ai travaillé à la pharmacie Delforge en 1971 et 1972 . Nous avions parfois la visite de Monsieur Mamadou . J’habitais une des tours aux 3 Ponts ; c’est avec émotion que je lis vos lignes et vous remercie des souvenirs que cela évoque . Mon oncle Gérard Duhamel était marchand de légumes à l’angle de la rue Pierre de Roubaix et de la rue Jules Guesde face à la pharmacie du Pile . J’ai passé un peu de temps à jouer à la marchande quand je venais de Tourcoing lui rendre visite .
Merci Monique pour votre témoignage et vos remerciements