Armand Joseph et son épouse Palmyre née Vandystadt ouvrent, au début des années 1900, une épicerie-droguerie au 47 rue d’Antoing dans le quartier du Pile à Roubaix.
Armand est mobilisé en 1914. Il part sur le front, et ne reviendra malheureusement pas. Palmyre, sa veuve continue alors seule, l’activité et se spécialise exclusivement dans le commerce de droguerie. Elle développe fortement l’activité de sa petite boutique, les affaires fonctionnent de façon très satisfaisante.
Leur fils Victor Joseph, né en 1911, est artisan peintre. Il épouse Marie-Thérèse en 1946. Victor continue son activité d’artisan. Le couple habite sur place, rue d’Antoing.
Victor et Marie-Thérèse souhaitent ouvrir leur commerce. L’occasion se présente en 1956 : ils décident de reprendre le magasin de droguerie du 279 rue de Lannoy à l’angle du boulevard de Mulhouse. Ce commerce était autrefois une herboristerie créée par Louis Dours et transformée à son décès par son épouse en droguerie dans les années 1950.
La surface importante de 102 m2 leur permet de développer leurs gammes de produits et en particulier de peintures. Victor et Marie-Thérèse deviennent les plus importants vendeurs de la ville grâce à leurs précieux conseils à la clientèle.
Victor décède en 1961 à l’âge de 50 ans. Marie Thérèse continue seule l’activité.
Alain, le fils cadet, s’oriente plutôt vers la mécanique et reprend le garage de son ancien patron Mr Lemay, sur le boulevard Gambetta. Bernard, le fils aîné, né en 1947, après ses études de comptabilité et un premier emploi chez les assurances Verspieren, reprend la succession et continue de développer le commerce en 1972 avec son épouse Marie-Joële.
Bernard retape entièrement les deux étages supérieurs du bâtiment, pour pouvoir y loger avec son épouse et leurs deux enfants.
Il devient un des premiers dépositaire de la région, pour la fabrication de « peinture à la demande » avec l’installation de la machine à teinter, de la marque Valentine.
Bernard et Marie-Joële proposent à leur clientèle des marques réputées en peinture comme Avi, DeKeyn, Renaulac, Théodore Lefebvre, en droguerie comme la cire Starwax, en papier peints Décofrance, Vénilia, Leroy, et également en marques de revêtements de sol : Balatum, Gerflor
La concurrence est vive dans la ville, mais ils entretiennent d’excellentes relations cordiales avec leurs confrères roubaisiens : la droguerie Crombé et la droguerie Debril entre autres.
Dans les années 1980-1990 ils proposent différents services complémentaires : le service clé-minute avec un matériel professionnel de reproduction de clés, l’affûtage de couteaux et ciseaux, le dépannage en serrurerie, la vente de lampes berger etc
Bernard Joseph est commercialement très dynamique. Il communique énormément par de la publicité dans la presse locale, est régulièrement présent lors de salons des artisans commerçants, n’hésite pas à se transformer en père Noël pour offrir des bonbons aux enfants à l’entrée du magasin et organise des concours de dessin pour les enfants du quartier avec remises de cadeaux aux créateurs des plus belles œuvres.
Bernard continue sa formation professionnelle en assistant à de nombreux stages de perfectionnement organisés par leurs fournisseurs de droguerie. En 1989 Bernard est accepté à la confrérie Saint Luc de la droguerie, et en 1995, grâce à leur professionnalisme, les époux Joseph reçoivent un Mercure d’Or décerné par la chambre de commerce et l’union des commerçants de la rue de Lannoy.
Bernard prend sa retraite en 2009 à l’âge de 61 ans. Aucun des deux enfants ne souhaite reprendre le commerce. Le bâtiment est cédé à Eric Le Goff, infirmier libéral, qui le transforme, après quelques travaux de transformation en 2014, en cabinet paramédical composé de 4 infirmiers et de 2 orthophonistes.
Pendant près de 110 années, 3 générations Joseph se sont succédées dans le domaine de la droguerie roubaisienne.
Remerciements à Bernard Joseph ainsi qu’aux archives municipales.