Au coin nord-est du carrefour formé par la rue de l’Hommelet et la Grand rue on retrouve tout au long du 19ème siècle un bâtiment qui subit un certain nombre de modifications au gré de ses propriétaires successifs. On retrouve ces modifications sur les plans cadastraux de l’époque :
Le Ravet-Anceau de 1886 fait état, au 159 de l’estaminet B. Luyx, au 159bis du carrossier Deblauwe, et au 161 d’un charron, C. Legrand. Mais ce sont les dernières années d’une construction, qui, rachetée par Jules Flipo, époux de Jeanne Cousin, va bientôt être démolie.
Jules Flipo est le fils de Carlos Flipo et de Sophie Delcroix, qui, veuve, habite en 1886 au 125, un peu plus haut dans la grand rue. On trouve également, en 1866, un Louis Flipo propriétaire de la maison frappée d’alignement située au 1, de l’autre côté de la rue de l’Hommelet, sur le coin nord ouest.
Une visite aux archives municipales nous apprend qu’en 1893 M. Flipo-Cousin demande l’autorisation de construire au 161, à côté de sa propriété, une maison qui existe encore aujourd’hui.
Cette maison fait maintenant le coin de l’avenue des Nations Unies, mais elle a été accolée à une autre maison grande et de belle apparence, que Jules Flipo fait construire à cette époque au coin de la rue et qui prend le numéro 159. Il y habite d’ailleurs en 1903, alors que le 161 abrite la famille Courouble-Meillasoux et que le 163 devient une pharmacie. On retrouve encore cette officine de nos jours sous le nom de pharmacie du Progrès, qu’elle a pris après la deuxième guerre.
La belle maison s’étire après le coin le long de la rue de l’Hommelet. Elle s’y prolonge par un bâtiment annexe situé après la grand porte donnant accès au parc. La propriété représente plus de 2600 mètres carrés.
La famille Flipo-Cousin habite la maison jusqu’avant la deuxième guerre, et on retrouve au 161 en 1939, à côté de chez ses parents leur fils Léon marié avec Elisabeth Guerre-Tissot. Ceux-ci habiteront à leur tour en 1953 le 159, où ils resteront jusqu’en 1970 avant de choisir un domicile à Tourcoing.
A cette époque, la municipalité se préoccupe d’abriter les activités culturelles de la ville et cherche, en attendant la réalisation d’un ensemble permettant d’accueillir la bibliothèque, le musée, des salles d’expositions et de conférences, un endroit où installer de manière provisoire les collections pour le futur musée. La propriété fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique et est rachetée en décembre 1971 par la ville. Mais, en 1974, on pense que la création du nouvel hôtel des postes pourra libérer un espace suffisant dans l’ancienne poste pour le musée. Les frais nécessaires à l’installation d’un service public dans notre belle maison font que l’on renonce à son utilisation, et qu’on accepte de la mettre à la disposition de la société Scrépel-Pollet, dont le magasin se situe en face, moyennant une redevance d’occupation. Deux ans plus tard, Scrépel Pollet, qui l’utilise comme lieu de stockage, offre à la ville de racheter la propriété, et le conseil municipal accepte la transaction.
Malheureusement, cette société ne profitera pas longtemps de son acquisition : le percement de l’Avenue des Nations Unies va la frapper d’alignement, ainsi d’ailleurs que le magasin Scrépel-Pollet lui-même, qui sera contraint d’aller s’installer un peu plus loin. On commence à démolir la belle maison :
Elle disparaît durant l’hiver 1984-85, à l’issue d’une longue période de travaux qui ont avancé progressivement depuis le pont St Vincent et finissent par toucher la rue de l’Hommelet et le boulevard Gambetta.
Le coin nord est est désormais représenté par le 161, repris par la pharmacie qui en profite pour ouvrir une nouvelle vitrine sur le pignon du côté de la nouvelle avenue.