Nations Unies : dernières démolitions côté nord

Les démolitions se poursuivent par la zone située entre la rue Blanchemaille et le pont Saint Vincent, constituée pour l’essentiel par l’hospice dénommé à l’origine Hôpital Napoléon, puis, à la chute de l’Empire, Hôtel-Dieu, et enfin hospice civil, et, plus récemment, hospice Blanchemaille. Il occupe depuis 1865 tout l’espace compris entre les rues St Vincent, Blanchemaille, Isabeau de Roubaix et de l’Alma. Le fronton qui surplombe l’entrée montre Isabeau de Roubaix soulageant la misère.

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Cet hospice a le grand tort d’avoir une de ses ailes sur le trajet direct de la future pénétrante. Il faudra évidemment la raser, mais on ne s’en tient pas là : la vétusté du bâtiment civil le plus ancien de Roubaix va entraîner sa démolition complète, la municipalité étant décidée à ne sauvegarder que le fronton de l’édifice. D’ailleurs, la construction de l’hôpital Victor Provo permet de faire de la place dans celui de la Fraternité où on pourra installer un service gériatrique qui accueillera une partie des pensionnaires, le reste étant installé à l’hospice Barbieux et au V360 du Carihem. L’hospice Blanchemaille est donc vide et vulnérable. On commence par démolir l’aile côté St Vincent de l’édifice, laissant en place l’autre aile ainsi que la façade principale, la cour d’honneur et la chapelle. L’édifice va rester ainsi amputé quelques mois avant de disparaître complètement du paysage roubaisien.

Photos IGN
Photos IGN

On remarque sur les photos de 1981 que l’hospice est amputé. Les pioches des démolisseurs ne dépassent pas encore la rue de l’Alma. La rue Saint Vincent reste intacte au delà, et présente toujours une rangée de maisons suivie des halles à marchandises. Rien ne presse, car les travaux pont sont au point mort. On attend que la SNCF effectue les travaux de pivotement de l’ouvrage pour le mettre dans l’alignement de la nouvelle avenue, et de construction d’un deuxième tablier à côté de l’ancien pour obtenir la largeur nécessaire. Ces travaux d’envergure vont durer plusieurs mois, au grand dam des automobilistes forcés d’effectuer un détour.

Photos IGN et la Voix du Nord
Photos IGN et la Voix du Nord

1982 voit la poursuite des travaux. L’hospice a fait place à un terre-plein, le bloc de maisons et la halle marchandises situés rue SaintVincent entre la rue de l’Alma et le pont disparaissent également ; et l’avenue, limitée à la rue de l’Alma jusque là, prend sa largeur définitive jusqu’au pont. L’ancien pont est réouvert à la circulation en décembre 1982, alors qu’on édifie encore le second tablier. C’est chose faite en 1983 : cette fois, les deux tabliers sont en place, et le goulot d’étranglement entre Roubaix et Tourcoing disparaît. L’ensemble des travaux sur le pont se terminent ; il ne reste, après la pose des canalisations, qu’à mettre les deux chaussées en service.

Photo Delbecq
Photo Delbecq

A suivre…

Les documents proviennent des archives municipales et de la médiathèque de Roubaix

Démolitions et disparitions

L’année 1979 voit la poursuite des travaux dans la partie nord du chantier, au delà de la rue des Lignes. L’église était flanquée des rues des Écoles et Saint Pierre. La première de ces deux rues ne sera pas touchée ; elle est essentiellement constituée des bâtiments du Lycée technique de jeunes filles et du CET, partis depuis 1972 s’installer rue du Maréchal Foch, et remplacés par des sections commerciales transfuges de Turgot. Par contre, la rue Saint Pierre va complètement disparaître avec une grande partie du pâté qu’elle borde : la pénétrante va passer juste à cet endroit.

L'église et la rue Saint Pierre – collection particulière
L’église et la rue Saint Pierre – collection particulière

Cette rue comportait nombre de commerces, et encore en 1968, au 6, Diffunor, une librairie de gros, un café-tabac au 14, une épicerie au 18. Toutes ces maisons et leur jardin vont disparaître. Seule subsistera derrière l’ancienne usine reprise après guerre par le négociant en tissus Delespierre-Baeyens, qui s’étendait de la rue des Lignes à celle de l’Ermitage. Le mur de cette entreprise bornera longtemps la nouvelle avenue, avant qu’on n’y construise des immeubles neufs.

Le mur de l'usine, depuis le coin de la rue de l'Ermitage
Le mur de l’usine, depuis le coin de la rue de l’Ermitage

Deux pâtés de maisons séparaient le chevet de l’église, et la rue de l’Ermitage, de la rue Blanchemaille, entre les rues Notre-Dame et de Vaucanson. Tout cet ensemble va disparaître, de même que la rue St Honoré qui les séparait. Anciennement constitués de petites maisons et de courées, et de quelques entreprises, ces deux ensembles n’avaient pas évolué depuis un siècle, même si des démolitions avaient déjà été effectuées en 1975.

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Les deux côtés des rues Notre-Dame et Vaucanson sont expropriés. La rue Notre-Dame, va laisser place à l’extension de l’ENSAIT, et la rue de Vaucanson, à celle de la Redoute qui se développe à cette époque. Commencée début 78 la construction d’un nouveau bâtiment rue Blanchemaille permet d’accueillir les services de cette entreprise derrière une façade de verre. Une innovation : dans ce nouvel immeuble, les bureaux seront séparés par des cloisons amovibles modulaires.

Les rues de Vaucanson (photo la Voix du Nord) et Notre-Dame à l'époque.
Les rues de Vaucanson (photo la Voix du Nord) et Notre-Dame à l’époque.

Par la même occasion, on prévoit une extension à la Redoute côté pair de la rue de Vaucanson, constitués de petites maisons, toutes construites sur un plan identique. Les numéros 26 et 66 seront ainsi détruits par la communauté urbaine. Tout ce bloc va disparaître, remplacé un moment par un parking.

rue de Vaucanson
rue de Vaucanson

Avec les démolitions et les trous béants créés dans le substrat urbain, il devient difficile d’assurer la sécurité : les habitants se plaignent des vols qui se multiplient dans le maisons encore habitées des rues Notre-Dame, Saint Honoré, Vaucanson, et Saint Etienne, et réclament une surveillance accrue de la police. Ils demandent, en outre, la suspension des démolitions tant que le relogement de tous n’est pas assuré. En effet, les constructions à l’Alma-Gare sont à peine en cours, et les chantiers débutent seulement près de la rue des Lignes. Pour l’heure, sur le tracé de la pénétrante, on creuse des tranchées pour distribuer le chauffage, et on dévie les canalisations.

Photo la Voix du Nord
Photo la Voix du Nord

A suivre…

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales.

 

 

Nations Unies : le projet se précise

La loi du 31 décembre 1966 prévoit la création de communautés urbaines dans plusieurs villes, dont Lille. Elles auront, en particulier dans leurs compétences le plan local d’urbanisme et l’habitat. C’est donc la nouvelle communauté urbaine qui va reprendre en 1969 le projet de rénovation de l’Alma-Gare, présenté par l’agence d’urbanisme. Dans ce projet, le pont St Vincent de Paul serait réorienté et doublé, l’hospice Blanchemaille disparaîtrait. L’atelier d’Urbanisme mis en place au niveau préfectoral prévoit deux voies nouvelles menant au futur centre complémentaire situé au delà de la gare, l’une de ces voies reliant le centre au pont Saint Vincent.

Les premiers travaux concerneront l’avenue de la République qui va être aménagée pour tenir sa place dans la nouvelle voie d’accès : La chaussée va notamment être élargie au détriment des trottoirs.

Photo Nord Matin 1965
Photo Nord Matin 1965

En 1972 on annonce que « l’opération Alma-Gare comprend la création d’une voie structurante, voie nouvelle qui joindra le centre de Roubaix à Tourcoing soit par la place de la liberté, soit, plus loin par la rue Pierre de Roubaix et la rue de l’Hommelet, qui franchira les voies ferrées par un ouvrage nouveau conçu aux dimensions modernes ».

Nord Éclair présente en décembre 1972 l’état du projet. La pénétrante frôle l’hospice Blanchemaille et, passant sur l’église Notre Dame, aboutit quasiment en ligne droite au carrefour des rues Pellart du Curé et du Vieil abreuvoir. Elle doit ensuite emprunter la rue Pellart et se raccorder à la grand rue par deux « antennes », l’une suivant la rue de l’Hommelet, pour se raccorder à la rue Pierre de Roubaix l’autre la rue Pauvrée pour aboutir à la place de la Liberté. Cette voie nouvelle aura une largeur de 30 mètres et comportera un terre-plein central où circuleront les autobus.

Document Nord Éclair 1972
Document Nord Éclair 1972

Les choses avancent de manière significative, et une première tranche de réalisation est inscrite au sixième plan ; il est question de lancer les acquisitions avant 1975.

On cherche à mettre au point un plan d’ensemble pour un secteur qui représente 50 hectares entre l’avenue Jean Lebas et la rue de Tourcoing. Le secteur devient une zone d’aménagement différé (ZAD) : la communauté peut exercer un droit de préemption sur les propriétés mises en vente. Le projet s’est en effet enrichi et on parle maintenant de rénovation Alma-gare-Notre Dame. On y intègre en 1973 le projet de métro qui doit relier la place de la liberté et Tourcoing. Cette ligne, venant de Lille le long de la ligne de Mongy, suivra la direction de la nouvelle pénétrante vers Tourcoing en passant par le boulevard de la République. On ne sait d’ailleurs pas encore si ce métro sera aérien, en surface, ou en souterrain.

 Document Nord Eclair 1973

Document Nord Eclair 1973

 

On prévoit de démarrer les chantier Alma-Gare avant la fin de l’année. La ville procède au recensement des îlots « à forte majorité d’état insalubre » pour faire établir un schéma d’aménagement sous la responsabilité de M. Deldique, architecte-urbaniste. Le premières expropriations ne devraient pas se faire attendre, le ministre ayant « pris en considération l’opération ».

Alors que les études se poursuivent, 1974 voit fleurir les pétitions en faveur de la sauvegarde de l’église Notre Dame. L’association amicale Notre-Dame est créée, qui fait entendre sa voix.

Document Nord Eclair
Document Nord Eclair

 

Les premières décisions sont prises et la communauté urbaine décide en 1973 d’acquérir les immeubles pairs rue Pierre de Roubaix entre la grand rue et le boulevard Gambetta et en 1976 rue de l’Hommelet entre la rue du Ballon et la grand rue pour prévoir le passage de la pénétrante.

Le projet continue à évoluer : la largeur de la future avenue sera portée à 40 mètres, avec 2×2 ou 2×3 voies et un espace pour le transport en commun (Mongy qui relierait directement Roubaix à Tourcoing ou encore métro…)

La suppression de Blanchemaille semble liée à la construction du nouvel hôpital, mais les plans montrent qu’il est possible d’en sauvegarder l’essentiel. Notre Dame échappe à la destruction : la voie nouvelle ne fera que la longer. Un collège va prendre place au creux du coude formé par cette artère. Finalement, on abandonne l’idée de déboucher sur la place de la Liberté. La pénétrante va parcourir un grand S et aboutir directement grand rue par la rue de l’Hommelet.

Document Nord Eclair 1976
Document Nord Eclair 1976

A suivre…

Tous les documents proviennent des archives municipales

Nations Unies : origine du projet

Les rues de Roubaix ont été tracées un peu au hasard, au fur et à mesure des besoins et au gré de l’implantation des usines. Malgré des efforts de redressement et d’élargissement constants depuis le dix neuvième siècle, elles sont relativement étroites et peu propices à la traversée de la ville.
Dans les années 50, l’artère principale de la ville, constituée par les boulevards Gambetta, Leclerc et de Paris, est un peu le fruit du hasard : elle a pu être constituée sur l’ancien canal, remblayé. Très large, elle permet de relier pratiquement en ligne droite la route de Lille et celle de Belgique par rue principale de Wattrelos.
Pour ce qui est des relations Roubaix-Tourcoing, la seule voie large est celle constituée par les boulevards de Strasbourg et de Metz, prolongée jusqu’à celui de Beaurepaire par celui de Colmar, grâce à l’élargissement récent de la rue Nadaud. Elle a l’inconvénient de ne desservir directement ni le centre de Roubaix, ni celui de Tourcoing. L’accès direct au centre de Tourcoing pourrait être le boulevard de la République et le Pont St Vincent, mais cet itinéraire se perd dans le dédale des petites rues du quartier Notre Dame. La rue de Tourcoing manque de largeur et, après la Fosse aux chênes, oblige à emprunter soit la rue du Collège soit les rue Pellart ou des Lignes. La voie large et moderne qu’est l’avenue Jean Lebas bute d’un côté sur le bâtiment de la gare, et de l’autre sur la Mairie.
Les accès au sud-est se limitent aux rues Pierre de Roubaix et de Lannoy -la seconde menant directement au centre- mais leur étroitesse est un fort handicap…

Roubaix en 1936 - Document coll. particulière
Roubaix en 1936 – Document coll. particulière

Les projets d’urbanisme d’après guerre ne visent pas l’amélioration des communications, mais sont centrés sur l’amélioration de l’habitat par la création d’ensembles collectifs. Ces constructions, terminées à la fin des années 50, vont faire place à d’autres types de réalisations.
Dès 1957 divers projets d’urbanisme apparaissent, dont la priorité reste la disparition des îlots insalubres. En 1960 sont publiés une série d’articles dans la presse. On y évoque les liaisons de Roubaix avec le futur réseau d’autoroutes, mais surtout la suppression des taudis de l’îlot Anseele et leur remplacement par des logements modernes aux trois ponts, bien qu’on on envisage également le remplacement du pont Nyckes pour prolonger le boulevard Gambetta vers Wattrelos.

Alors que ces projets sont en bonne voie, une grande opération en 1962 concerne le périmètre Gare-Alma-Notre Dame. Cette zone va faire l’objet d’une enquête prévisionnelle pour connaître « le plan d’occupation des sols, le tracé des voies, et l’emplacement des services publics nécessaires à la vie propre du quartier, les mesures de sauvegarde à l’égard des constructions à maintenir ou à construire aux abords de la zone à rénover ».

Document la Voix du Nord 1962
Document la Voix du Nord 1962

C’est la première fois à Roubaix qu’on lie dans des projets rénovation de l’habitat et création d’une voie moderne de communication. 1965 voit un projet issu de l’atelier d’urbanisme, prévoyant la création de deux voies, dont l’une se dirigerait depuis le centre vers le pont St Vincent, point de passage idéal vers le centre de Tourcoing. L’idée est cette fois, au lieu d’élargir les voies existantes, d’en percer de nouvelles à travers les îlots vétustes et insalubres qu’on va reconstruire en adoptant des normes actuelles. Les projets vont alors se succéder tout en se précisant…

Le carrefour Bd Gambetta-rue Pierre de Roubaix, vers l'Hommelet- la Voix du Nord 1971
Le carrefour Bd Gambetta-rue Pierre de Roubaix, vers l’Hommelet- la Voix du Nord 1971

 

 

La belle maison du coin

Au coin nord-est du carrefour formé par la rue de l’Hommelet et la Grand rue on retrouve tout au long du 19ème siècle un bâtiment qui subit un certain nombre de modifications au gré de ses propriétaires successifs. On retrouve ces modifications sur les plans cadastraux de l’époque :

Documents archives municipales
Documents archives municipales

Le Ravet-Anceau de 1886 fait état, au 159 de l’estaminet B. Luyx, au 159bis du carrossier Deblauwe, et au 161 d’un charron, C. Legrand. Mais ce sont les dernières années d’une construction, qui, rachetée par Jules Flipo, époux de Jeanne Cousin, va bientôt être démolie.

Jules Flipo est le fils de Carlos Flipo et de Sophie Delcroix, qui, veuve, habite en 1886 au 125, un peu plus haut dans la grand rue. On trouve également, en 1866, un Louis Flipo propriétaire de la maison frappée d’alignement située au 1, de l’autre côté de la rue de l’Hommelet, sur le coin nord ouest.

Une visite aux archives municipales nous apprend qu’en 1893 M. Flipo-Cousin demande l’autorisation de construire au 161, à côté de sa propriété, une maison qui existe encore aujourd’hui.

Documents archives municipales et google
Documents archives municipales et google

Cette maison fait maintenant le coin de l’avenue des Nations Unies, mais elle a été accolée à une autre maison grande et de belle apparence, que Jules Flipo fait construire à cette époque au coin de la rue et qui prend le numéro 159. Il y habite d’ailleurs en 1903, alors que le 161 abrite la famille Courouble-Meillasoux et que le 163 devient une pharmacie. On retrouve encore cette officine de nos jours sous le nom de pharmacie du Progrès, qu’elle a pris après la deuxième guerre.

Photo IGN 1965
Photo IGN 1965

La belle maison s’étire après le coin le long de la rue de l’Hommelet. Elle s’y prolonge par un bâtiment annexe situé après la grand porte donnant accès au parc. La propriété représente plus de 2600 mètres carrés.

La famille Flipo-Cousin habite la maison jusqu’avant la deuxième guerre, et on retrouve au 161 en 1939, à côté de chez ses parents leur fils Léon marié avec Elisabeth Guerre-Tissot. Ceux-ci habiteront à leur tour en 1953 le 159, où ils resteront jusqu’en 1970 avant de choisir un domicile à Tourcoing.

Document archives municipales
Document archives municipales

A cette époque, la municipalité se préoccupe d’abriter les activités culturelles de la ville et cherche, en attendant la réalisation d’un ensemble permettant d’accueillir la bibliothèque, le musée, des salles d’expositions et de conférences, un endroit où installer de manière provisoire les collections pour le futur musée. La propriété fait l’objet d’une déclaration d’utilité publique et est rachetée en décembre 1971 par la ville. Mais, en 1974, on pense que la création du nouvel hôtel des postes pourra libérer un espace suffisant dans l’ancienne poste pour le musée. Les frais nécessaires à l’installation d’un service public dans notre belle maison font que l’on renonce à son utilisation, et qu’on accepte de la mettre à la disposition de la société Scrépel-Pollet, dont le magasin se situe en face, moyennant une redevance d’occupation. Deux ans plus tard, Scrépel Pollet, qui l’utilise comme lieu de stockage, offre à la ville de racheter la propriété, et le conseil municipal accepte la transaction.

Document archives municipales
Document archives municipales

Malheureusement, cette société ne profitera pas longtemps de son acquisition : le percement de l’Avenue des Nations Unies va la frapper d’alignement, ainsi d’ailleurs que le magasin Scrépel-Pollet lui-même, qui sera contraint d’aller s’installer un peu plus loin. On commence à démolir la belle maison :

Document archives municipales
Document archives municipales

Elle disparaît durant l’hiver 1984-85, à l’issue d’une longue période de travaux qui ont avancé progressivement depuis le pont St Vincent et finissent par toucher la rue de l’Hommelet et le boulevard Gambetta.

Photo aérienne IGN 1988
Photo aérienne IGN 1988

Le coin nord est est désormais représenté par le 161, repris par la pharmacie qui en profite pour ouvrir une nouvelle vitrine sur le pignon du côté de la nouvelle avenue.

Photo Google
Photo Google

On construit le collège

Après les démolitions, les travaux marquent le pas. Le terrain n’étant pas constructible, sa libération nécessite plus de temps que prévu, et les élèves sont toujours pour partie au petit Lycée, pour partie à Turgot, le reste étant hébergé rue Notre Dame dans les locaux de l’école publique.

Cependant, en Juillet 1974, les travaux du CES sont en cours. Ils sont réalisés par une entreprise de Gironde, avec la participation de l’entreprise Planquart. Une photo de la Voix du Nord, prise de la rue Pellart montre les bâtiments de la SES. A droite les ateliers, puis les salles de technologie et, sur deux étages les salles de cours. Au dessus de ce dernier bâtiment se profilent ceux encore en place avant la construction de la salle de sports.

Photo la Voix du Nord - 1974
Photo la Voix du Nord – 1974

On envisage une ouverture prévue à la rentrée de Toussaint pour les 900 élèves prévus auxquels va s’ajouter une section d’éducation spécialisée (SES). La construction est de type « industrialisé léger avec une ossature en béton ». Si l’ossature béton est solide, on ne peut pas en dire autant panneaux légers qu’elle structure, et les utilisateurs du collège ont le souvenir des nombreuses plantes poussant entre les cloisons extérieures et la dalle au rez de chaussée des bâtiments : la nature s’installait dans les classes !

Une photo aérienne de l’époque nous montre à droite le bâtiment de la SES avec sa partie centrale plus basse, au centre le bâtiment des cours du collège, et, en haut à gauche, l’amorce de la cour de récréation. Notons que le parking, situé en bas à droite le long de la rue Pellart, est très étendu. Il se situe là où passera l’avenue des Nations Unies et héberge les voitures des enseignants du collège, mais aussi celles des policiers travaillant au commissariat situé de l’autre côté de la rue Pellart. En bas à droite, l’ancien pâté de maisons qui ne tardera pas à disparaître pour faire place à la salle de sports.

Document IGN - 1975
Document IGN – 1975

L’équipe administrative est déjà en place, derrière la directrice Mme Perron. Son adjoint est M. Lapierre, et le directeur de la SES Jean Marie Caudron, le poste du Conseiller Principal d’Education étant tenu par M. Faille. L’intendant est M. Andès (qui a également en charge le Lycée Turgot et le CET du boulevard de Lyon, et qui prendra très vite en charge le lycée Jean Rostand à sa construction. Son adjointe au collège est Mme Bernard, qui chapeaute l’équipe des personnels de service, une demi-pension étant prévue pour nourrir l’importante population scolaire.

Le bâtiment de la SES – photo Delbecq
Le bâtiment de la SES – photo Delbecq

Le collège comporte, à côté des classes allant de la 6ème à la troisième, des sections CPPN (Classes Préprofessionnelles de Niveau) et CPA (classes de Préparation à l’Apprentissage) dont une part importante de l’horaire est consacré à la technologie et à l’enseignement professionnel, ainsi que la section d’enseignement spécialisée qui offre la particularité, à côté de l’enseignement technique, de confier l’enseignement général à des instituteurs spécialisés : les élèves n’ont donc affaire qu’à deux enseignants : un pour l’enseignement général, et un autre pour le technique. L’implantation des bâtiments reflète sa structure pédagogique avec un bâtiment consacré à l’enseignement général, un autre aux enseignements spécialisés, et un troisième à la SES.

Photo IGN
Photo IGN

Le bâtiment d’enseignement général comporte deux étages. A chaque niveau un hall central donne accès aux classes. Au rez de chaussée, le bureau du Conseiller Principal d’Éducation et le Centre de Documentation et d’Information.

Le bâtiment le plus vaste, sans étage, regroupe les enseignements spécialisés. Le programme prévoit, pour les filles, l’enseignement ménager et la couture, pour les garçons les travaux du bois et du métal. Il intègre également les bureaux de l’intendance et de l’administration, ainsi que la salle des professeurs. Deux patios éclairent le centre du bâtiment et un ensemble de couloirs desservant l’ensemble permettent un parcours circulaire, le jeu pour les élèves étant d’en faire le tour en courant durant les récréations, et, pour l’équipe des surveillants, de les en empêcher !

Document IGN
Document IGN

Le collège, dénommé à ses débuts « CES Pellart » va prendre rapidement son nom définitif de Collège Anne Franck et entamer le cours de son histoire, sur laquelle nous reviendrons.

Un dernier élargissement

Le coin de la grand rue et des rues de l’Hommelet et Pierre de Roubaix n’a pas fini d’être élargi : la pioche des démolisseurs va maintenant s’attaquer aux deux angles Est.

Le plan cadastral de1845 nous montre un bâtiment formant l’angle sud-est du carrefour. Il est composé de plusieurs propriétés, numérotées 134bis, 136 et 138 sur la grand rue, et 1 sur la rue du quai . Le 138 est prolongé parallèlement à la rue du quai par un bâtiment long qui forme un retour à angle droit pour rejoindre cette même voie, enserrant ainsi un terrain clôturé par un mur. La propriété porte les numéros 3 à 9 dans la rue.

Plan cadastral 1884
Plan cadastral 1884

Un article de la Voix du Nord publié en 1958 nous apprend que c’est justement au 138 qu’Eugénie Scrépel-Pollet transfère le magasin de pianos et instruments de musique qu’elle a ouvert en 1880 rue des Champs. Très vite, M. et Mme Marcellin Willot-Scrépel prennent une part active dans le commerce qu’ils reprennent rapidement. En effet, en 1893, monsieur Willot-Scrépel , négociant, domicilié au 70 boulevard de Strasbourg, est propriétaire du 138. L’enseigne affiche toujours néanmoins le nom de Scrépel-Pollet.

Il procède à des aménagements (installation d’une vitrine grand rue, et percement d’une grand porte et de fenêtres sur l’ancienne rue du quai, devenue rue Pierre de Roubaix.

Le magasin - Document médiathèque de Roubaix
Le magasin – Document médiathèque de Roubaix

Marcellin Willot-Scrépel était employé de commerce lors de son mariage avec Justine Scrépel-Pollet, fille de François Scrépel et de Marie Françoise Pollet. Leur gendre, Amand Lecat, les aide dans le commerce qu’il reprendra à son tour dans les années 30.

Il installe sur la rue Pierre de Roubaix des ateliers, car il fabrique également sa propre gamme d’instruments.

Les ateliers - Document médiathèque de Roubaix
Les ateliers – Document médiathèque de Roubaix

Très tôt, le commerce s’élargit par la commercialisation de machines parlantes, mais aussi de pianos automatiques à cylindres et et pneumatiques. L’entreprise suit les évolutions de près : avec l’avènement du pick up, on assiste à l’ouverture d’un rayon de disques. Apparaissent les premiers postes de radio ; l’enseigne a des relations suivies avec la maison Philips, dont elle deviendra distributeur officiel. On passera ensuite à la télévison et la Hi-fi, mais aussi à l’électroménager.

Documents journal de Roubaix
Documents journal de Roubaix

Durant cette période, les numéros 134 bis et 136, ainsi que le numéro 1 rue Pierre de Roubaix abritent encore d’autres commerces. On trouvera longtemps un estaminet au numéro 134 bis, un coiffeur au 136, une épicerie, puis une école de coupe au 1. cette situation dure jusque dans les années 50, où, finalement, Scrépel Pollet rachète les propriétés formant le coin.

En 1958, M. Francis Lecat étant responsable du commerce, la presse nous annonce l’ouverture d’un magasin agrandi et rénové, dont les vitrines ouvrent désormais sur les deux rues. L’inauguration réunit de nombreuses personnalités.

La nouvelle vitrine - Document Nord Eclair
La nouvelle vitrine – Document Nord Eclair

Le magasin s’agrandit encore au détriment des anciens ateliers de pianos rue Pierre de Roubaix. Les vitrines sont surmontées d’un bardage métallique reprenant le sigle stylisé de la société. La propriété s’étend désormais jusqu’au boulevard Gambetta.

Photo Lucien Delvarre
Photo Lucien Delvarre

En 1984 le magasin est repris par les établissements Leroy-Horinque. A cette même époque, les travaux de l’avenue des nations-unies avançant, supprimant le dernier tronçon de la rue de l’HOmmelet, et obligeant à un élargissement de la rue Pierre de Roubaix jusqu’au boulevard Gambetta. Le magasin, désormais frappé d’alignement, est démoli, ainsi que la belle maison située en face, de l’autre côté de la grand rue.

L'extrémité côté Gambetta. Photo la Voix du Nord
L’extrémité côté Gambetta. Photo la Voix du Nord

On reconstruit un nouveau magasin dans l’alignement, situé du côté du boulevard Gambetta.. Celui-ci changera de nom, la nouvelle enseigne arborant Leroy-Horinque, avant de disparaître victime de la concurrence des grandes surfaces. Il est désormais remplacé par un centre de remise en forme.

Les autres documents proviennent des archives municipales.

 

 

 

 

On élargit à l’Hommelet

La rue de l’Hommelet est classée au réseau communal en 1838. En 1848, une commission municipale se penche sur l’opportunité de paver ce chemin, reliant le hameau de l’Ommelet et celui du Tilleul, sur une largeur de 3 mètres, à condition que les riverains abandonnent gratuitement le terrain nécessaire, pour transformer ce chemin en une rue de 10 mètres de large, la chaussée étant alors bordée de deux fossés « larges et profonds ». Le plan cadastral de1845 nous montre que le chemin fait un coude pour se raccorder à la rue du Quai (qui deviendra le début de la rue Pierre de Roubaix), et présente un étranglement au carrefour avec la rue du Galon d’eau (future grand rue), causé par des bâtiments qui débordent sur le chemin tant du côté pair que du côté impair. Ces bâtiments semblent très anciens, puisque, déjà présents sur le plan cadastral du Consulat daté du 25 vendémiaire an 13 (1804), ils persistent à marquer un état très antérieur de l’alignement du chemin. Cette situation, bien qu’incommode pour la circulation, va pourtant perdurer très longtemps.

Document archives municipales
Document archives municipales

 

Le bâtiment carré qui empiète du côté pair disparaît le premier (les photos aériennes de 1932 montrent qu’il a été remplacé par une maison de belle apparence construite en suivant l’alignement). Il n’est pas numéroté dans la rue de l’Hommelet, mais dans la Grand rue où on trouve en 1920 au 159 J. Flipo-Cousin, propriétaire, au 161 Eugène Leclercq, fabricant, et au 163 la pharmacie A. Delabaere. En 1939, on retrouve les mêmes propriétaires, sauf au numéro 161 où habite M. Flipo-Guerre-Tissot, industriel.

Le coin de la rue en 1965 – photo IGN
Le coin de la rue en 1965 – photo IGN

Cet immeuble va marquer le coin du carrefour jusqu’à la disparition de cette partie de la rue.

Le même immeuble vers 1980 – photo Nord Eclair
Le même immeuble vers 1980 – photo Nord Eclair

En revanche, le bâtiment situé à droite en débouchant sur la grand rue, au numéro 1, va connaître une carrière très longue. C’est d’autant plus étonnant que, dès 1866, le directeur des travaux municipaux conseille de racheter la parcelle pour dégager le carrefour.

La parcelle à acquérir – document archives municipales 1866
La parcelle à acquérir – document archives municipales 1866

Mais, très curieusement, cet avis n’est pas suivi d’effet et le bâtiment n’est pas démoli, puisqu’il va gêner la circulation au carrefour jusqu’au milieu du 20ème siècle. Côté numéros impairs, on trouve en 1920 au 1 R. Vandewille (-wiele?), fripier. En 1922 l’estaminet Verhoeve (157 gde rue), s’agrandit en achetant le 3 rue de l’Ommelet (ancienne tannerie Flipo). En 1939, on trouve au 1 M. Van de Wiele, qui est camionneur, et, au 3 E. Pennel, coiffure dames et la maison Paul fils, fripier.

Ce bâtiment ne va pas disparaître avant 1952 où, qualifié d’inutile et de vétuste, rendant le carrefour très dangereux, il sera finalement démoli à la suite d’une décision du conseil municipal.

Document Nord Matin
Document Nord Matin

Cette construction aura alors plus de 150 ans : bel exemple de longévité !

 

Travaux sur le pont

Le pont Saint Vincent d'autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx
Le pont Saint Vincent d’autrefois, vu de la place de la Patrie CP Méd Rx

Depuis 1864, le pont Saint Vincent permettait de relier la rue Saint Vincent de Paul et la place de la Patrie, par-dessus la voie de chemin de fer. Nous évoquerons bientôt l’historique de sa création. Pour l’instant, nous allons aborder dans l’article présent sa modification, consécutive à la création de l’avenue des Nations Unies. Notons tout d’abord que le pont a pris le nom de la rue, qui lui fut antérieure de quelques années. Cent ans plus tard, le pont Saint Vincent, aux heures de pointe du matin, c’est 550 véhicules à l’heure dans un sens, 650 dans l’autre. Aux heures de pointe du soir, 800 dans un sens, 1.000 dans l’autre. Six kilomètres de bouchon, en moyenne.  

Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Eclair
Le pont est aligné avec la rue de Lorraine Photo Nord Éclair

La réalisation d’une grande voie pénétrante entre Roubaix et Tourcoing est décidée en 1975, ce qui va entraîner un certain nombre de modifications, dont celle du pont.  Le Conseil Municipal du 16 novembre 1979 donne à la nouvelle avenue le nom de Nations-Unies. Au cours des années 1980 à 1983, les délibérations du Conseil Municipal sont abondamment marquées par les décisions prises pour le bon fonctionnement de la circulation dans cette nouvelle avenue. En Février 1982, le Pont Saint Vincent est coupé pour neuf mois, à cause des travaux pour mettre ce pont dans l’alignement de l’avenue des Nations Unies, et de la rue de Lorraine. On va également le rehausser pour permettre l’électrification de la ligne Lille Tourcoing.

Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Eclair
Le pont est ré ouvert en novembre 1982. Photo Nord Éclair

Deux types de déviations mises en place : les éloignées et les rapprochées. Les éloignées, par les boulevards de Strasbourg, Metz, (Rx) des Couteaux, avenue Léon Jouhaux (Wos), pont et rue du Tilleul (Tg). Ou par les rue Carnot, de Roubaix (Tg) de Tourcoing, Collège, Grand rue (Rx). Les rapprochées : Gambetta (Tg) Alsace, Ouest, Mouvaux, Grand Chemin, ou Grand Chemin, Epeule, Arts, Boucher-de-Perthes, Mackellerie, Cuvier, Armentières, République. Après six mois de travaux, on a changé l’orientation du pont qui regarde à présent vers la rue d’Alsace (avant c’était la rue de Lorraine). On l’a aussi relevé de 80 centimètres pour permettre le passage de câbles.

L'élargissement du pont en 1983. Photos Nord Eclair
L’élargissement du pont en 1983. Photos Nord Éclair

Fin novembre, le Pont est rendu à la circulation, mais on n’en a pas fini avec lui. Il sera doublé en 1983, afin de passer les quatre voies de l’avenue des Nations Unies.

D’après l’histoire des rues de Roubaix par les Flâneurs, le journal du Comité de Quartier Fresnoy-Mackellerie, Nord Éclair