La rue du Caire débute rue de Cartigny et traverse les rues d’Oran et de Constantine. Elle mesure 670 mètres de long sur 12 de large. Elle nous permet d’avoir un regard sur l’évolution de l’urbanisme roubaisien. On trouve en effet trace sur son parcours de différents habitats qui se sont succédé au cours des années. Réalisée au début du vingtième siècle, la rue du Caire comportait plusieurs courées qui ont aujourd’hui été murées, la cour Bonnard Pollet au n°14 (12 maisons), la cour Larnou au n°9 (20 maisons) et la cour Cruquenaire au n°128 (4 maisons). Mais elle connut aussi des expériences intéressantes d’urbanisme. La cité Saint Henri, des numéros 96 à 110, est construite en 1894 et inaugurée le 2 décembre 1894. Réalisée sur un terrain offert par les fils d’Henri Dubar Ferrier (d’où le nom de la cité), elle avait pour ambition de proposer des logements répondant à leurs aspirations. La construction fut réalisée par une entreprise de Wattrelos, cela coûtait 2310 francs par maison, et la location était fixée à 14,50 francs par mois. A cette époque, un bon ouvrier tisserand gagnait de 3,50 francs à 4,50 francs par jour.
Citons aussi la série de maisons réalisée par la société anonyme Roubaisienne d’habitations ouvrières. Ces habitations sont reconnaissables à leur décrochement caractéristique. Victor Hache était le directeur de cette société, qui construisit notamment à Roubaix (avenue Linné, rue Michelet), à Wattrelos, et à Leers. Leur réalisation date des années vingt et ces maisons ont toujours fière allure.
Depuis 1965, le CIL de Roubaix Tourcoing a construit des dominos, qui sont des résidences pour personnes âgées. Les premiers dominos réalisés se trouvent dans le quartier de Beaumont à Hem derrière l’église Saint Paul, et rue du Caire à Roubaix. Cette cité des Dominos se situe entre les numéros 105 à 143. Elle représente un véritable îlot résidentiel qui porte à présent le nom du Béguinage du Bon Repos. Depuis il y en a eu d’autres, à Leers, Wattrelos, rue de Toul, à Toufflers, à Lys lez Lannoy et à Roubaix, comme le béguinage Marlot ou le béguinage Brossolette, dans la rue et près de la tour du même nom.
Enfin, un immeuble résidentiel du CIL existait au bout de la rue du Caire, édifié au cours des années soixante. Il est mentionné dans le Ravet-Anceau, et il possédait neuf entrées, réparties entre les n°188 et 230. Nous n’en avons pas retrouvé d’images, ni la date de sa démolition. Le témoignage de personnes y ayant résidé nous permettrait de savoir quelles étaient les conditions de vie de cet immeuble, quel était son état et ce qui a décidé de sa destruction. Aux dernières nouvelles, une mosquée serait bientôt construite sur son emplacement.
D’après l’Histoire des rue de Roubaix par les Flâneurs et les témoignages des participants de l’atelier mémoire
En février 1977, la nouvelle poste centrale n’est pas encore terminée qu’on parle déjà de la nouvelle bibliothèque sur le carreau des halles, un plateau Beaubourg pour Roubaix (sic NE) ! Le samedi 12 février 1977, le Sénateur Maire Victor Provo pose la première pierre du nouvel édifice, dont l’architecte est M. Louis Georges Noviant, architecte en chef des bâtiments civils et palais nationaux. L’immeuble aura quatre niveaux et surplombera la nouvelle poste. Un vaste patio éclairera les salles de lecture. L’ancienne bibliothèque créée en 1959 cédera la place à la recette municipale.
Il y a toujours de l’eau sous la place, c’est pourquoi il n’y aura pas d’installation en sous sol, ce qui était déjà le cas pour la poste. L’ensemble sera soutenu par des pieux forés de 15 mètres de profondeur. Son coût total est de près de 16 millions de francs (part ville 74%, part état 21% département 5%). Victor Provo se dit heureux de voir aboutir un projet qui lui tenait à cœur, et rappelle qu’un lectorat important fréquente l’actuelle bibliothèque. Il conclut avec ces mots : le bonheur est bien souvent dans le livre (.) Je n’ai qu’un seul regret, celui de ne pas avoir assez lu, de n’avoir pas eu suffisamment le temps de m’abstraire des réalités quotidiennes.
Septembre 1977, les travaux avancent bien. La presse donne la description suivante du futur établissement : au rez-de-chaussée, l’accueil, le hall, la salle des journaux et périodiques, le déambulatoire, la salle polyvalente, une courette de service, l’appartement du concierge et l’atelier de reliure. Au premier étage, les salles de lecture, prévues pour 40.000 volumes en prêt direct, le service de prêt, le bureau du conservateur et de son secrétariat. Au deuxième étage, la section enfants, les bureaux de la centrale urbaine et de la conservation, les salles de manutention et de préparation, ainsi que celle du fonds régional. Enfin au troisième, des bureaux, une discothèque, une médiathèque, l’appartement du conservateur, les magasins et dépôts et le foyer du personnel. Ascenseurs et monte livres complètent l’équipement.
Mars 1978, en attendant l’ouverture, un nouveau bibliobus est présenté à la presse. Les travaux seront terminés fin 1978, et l’ouverture au public est annoncée à Pâques 79. Quelques chiffres à l’ouverture du nouvel établissement : 9366 inscrits, 6478 adultes et 1377 adolescents, 1511 enfants. 7689 roubaisiens, et 1677 provenant de communes extérieures. Le fonds contient 105.288 livres, 5421 disques et 424 cassettes. Dans les nouveaux locaux, il y a un auditorium avec cellules individuelles et casques. Personnel à l’ouverture : Melle Bertrand, conservateur dispose d’une équipe de 40 personnes.
L’inauguration se déroulera finalement le 18 mai 1979. La nouvelle bibliothèque est une maison de béton et de verre dont l’entrée principale donne sur la rue Pierre Motte, avec deux entrées secondaires sur la rue du Château. Deux façades vitrées donnent sur la rue, un patio central donnera davantage de lumière. On parle d’un nouveau forum culturel, car la nouvelle bibliothèque sera intégrée à un futur ensemble piétonnier. Elle offre de la place, des salles d’animation, notamment pour l’heure du conte, et une salle d’études pour élèves accompagnés par leurs enseignants.
Le directeur du livre au ministère de la culture et de la communication, M. Jean-Claude Groshens préside, avec M. Paraf Préfet, Victor et Jean Claude Provo, le nouveau maire Pierre Prouvost. Pour l’occasion, première exposition dans la salle polyvalente : 156 gravures de nus de Picasso !
Actuellement en pleine mutation, la rue Jean Moulin s’honorait d’être une rue commerçante au même titre que les plus importantes voies roubaisiennes, telles que la rue de l’Epeule, de l’Alma, ou de Lannoy. En avril, les commerçants organisent leur traditionnelle exposition de printemps, et ils proposent à leur clientèle potentielle une petite promenade devant leurs étalages. Les magasins étaient encore nombreux en 1973.
Les numéros impairs. Au n°3 la rôtisserie royale Libeer vous propose ses délicieux poulets rôtis, son choix de volailles, lapins et chevreaux. Au n°7, vous trouverez l’optique Basuyaux, et au n°9 le libraire Hequette.
Le textile est au n°17, avec les laines du Chat Botté (Motte-Porisse, filature de laines peignées), et au n°19, avec le Comptoir Textile de Roubaix, laines à tricoter. Au n°33, Renault, qui n’est pas encore installé comme aujourd’hui, propose des véhicules d’occasion, ouvert le dimanche matin. La mode et la confection suivent : au n°53 les établissements Camus et Duhayon, confection pour enfants, au n°57 Mme Dambrin, modes, au n°59 Melle Coffin tricots. Au n°63, le café La Caravelle est tenu par Mme Roth.
Une nouvelle série de confection, avec au n°65 Paris Lingerie, prêt-à-porter féminin et layettes, et au n°67, Mme Wilfart, bonneterie, tandis qu’au n°67bis on trouve l’auto école Albin. Au n°73bis le boucher Thomas voisine avec Natalis aun°73ter. Au n°77, il y a le Café Mahboubi, puis au n°79 le libraire Warret, livres d’occasion, et au n°81 l’épicerie des Docks du Nord. Pour les femmes, nous avons au n°83 le Tub confection dames, et au n°91 le salon de coiffure pour dames Hélène, tenu par Mme Jablonski, Puis au n°93-95, les articles de ménage Silbermann, précédent la crémerie Luthun au n°99. Au n°103 le coiffeur Verdière, juste avant la droguerie Smits, au n°105bis, qui offre des rabais de 5 à 20% sur les peintures et de 5 à 10% sur les papiers peints. Pour finir les impairs, au n°109 le marchand de vins Gadeyne, au n°113 la crémerie Galle, et au n°121 le boucher Carette Bruneel.
Pour les numéros pairs, on commence au n°12 avec Art et Beauté, institut capillaire, coiffure dames, traitement et produits sur mesure, Au n°18 il y a l’épicerie Fettah (légumes), et au n°24, La Corbeille aux décors, offre un grand choix de rideaux, voiles tentures, coussins, tapis. Au n°28-30, le bijoutier fabricant Vieille, Au 4e Top, puis au n°34 les meubles de bureau Vanovermeir (marque Matéric). Au n°46 la boulangerie Bammez, juste avant le Relais du Moulin Au n°48-52, garage automobile appartenant à M. Van Wambeke. Au n°54, le café Vaille, puis aux n°56-58, le marchand de télévision Dewulf, concessionnaire Philips, service après vente et dépannage toutes marques. Au n°62, le tailleur Delcroix, propose des costumes sur mesure, et des pantalons dames et enfants. Au n°68 on trouve à l’enseigne « aux sept nains », l’ancienne maison « primerose », bonneterie, layettes, jouets, bazar.
Au n°80, c’est l’alimentation générale de M. et Mme Desmet Heuls, Au n°100, Pluie de Roses, le fleuriste Willaert Dhaene, et au n°106, les Bois Panneaux à vos dimensions. Au n°108 le Distributeur Station Technique Auto Radio Fontaine, propose des autos radios toutes marques et toute l’électricité automobile. Au n°110 le dépôt Anett, teinturerie dégraissage, puis aux n°114-120, la pharmacie Courdent Playoust. Au n°128, le marchand de journaux Planckaert, au n°130, le cordonnier Rolland, et au n°134, la boulangerie Decottignies. Au n°138, le café tabacs Schifa Elaut, et un peu plus loin, au n°146 Le Grillon, café tenu par M. Haccart. Au n°148 la salle de cours de l’auto école Albin, au n°164, l’épicerie Convelard, Au n°182-184, Régénéon, une société qui s’occupe de la vente de néons pour enseignes.
Tous ces commerces ont aujourd’hui disparu, ils n’ont laissé que quelques traces, ici une vieille enseigne, là une façade sans vie, et ces publicités dans la presse qui nous ont servi à illustrer cet article.
Juste avant la première guerre mondiale apparaît dans le Ravet-Anceau, au 121 de la rue d’Alger, l’entreprise des huileries de Roubaix, dont le directeur est M. Desprez. Elle forme un vaste ensemble limité par la rue d’Alger, la rue de Cartigny, et le mur du cimetière.
Cette société fonde en Russie une huilerie et savonnerie à Odessa, à la direction de laquelle elle place M. Thieux en 1914. L’entreprise roubaisienne est dirigée en 1918 à 1921 par M. Grelaud. Ses affaires semblent prospérer, puisque, avec la participation de la banque Worms, elle est à l’origine de la fondation de la Société d’études industrielles et commerciales, dont le but est l’exploitation d’entreprises agricoles, industrielles et commerciales en France, dans les colonies, et à l’étranger. Pourtant, la société éprouve des difficultés financières au début des années 20, et elle doit se résoudre à dissoudre cette filiale. Elle prend en 1927 la dénomination de Société des huileries de Roubaix et d’Odessa, avec pour directeur M. Ego.
En 1939 la raison sociale de l’entreprise change et devient les Huileries Darier de Rouffio, huiles comestibles. En 1953, nouveau changement : on trouve maintenant au 121 la société Chimie dans l’agriculture (Y. Dubois) et la société Lestarquit. S’y ajoutent en 1965 France pigments et les transports Wenderbecq et fils, transporteur. En 1973, on ne trouve plus que Y. Dubois, fabricant cette fois ci des aliments, et les transports Wenderbecq. S’y adjoignent en 1979 les SARL Omnico et Taquin, puis en 1981 Hyperemball, une société d’emballage.
La société des huileries de Roubaix et d’Odessa se préoccupe très tôt de son approvisionnement en matières premières et de l’expédition de sa production : on trouve trace d’un projet de raccordement ferroviaire avec le quai de Marseille, daté de 1920, et non abouti. La voie aurait traversé des terrains appartenant à la société pour accéder au quai. Finalement, la direction opte pour un raccordement à la voie menant à la gare du Pile. La voie traverse par une courbe serrée la rue d’Alger, pour rejoindre la voie de la compagnie des chemins de fer du Nord en traversant les emprises de la société Amédée Prouvost. Ce raccordement est déjà visible sur les photos aériennes de 1932.
Par ailleurs, on pouvait remarquer jusqu’à une époque récente un ouvrage militaire fortifié en béton dépassant le mur d’enceinte de l’usine à côté de son issue s’ouvrant rue de Cartigny et empiétant sur cette même rue. Il apparaît que cette casemate, qui n’apparaît pas sur les photos anciennes, a été construite lors de la dernière guerre, sans doute à l’instigation de l’occupant allemand.
Il existait à Roubaix au début du vingtième siècle trois usines Cavrois-Mahieu : la filature de coton de la rue Chanzy, créée en 1865, la filature et le tissage mécanique de la rue Montgolfier fondés en 1887, et l’usine de la rue Carpeaux datant de 1897. C’est ce dernier établissement, situé au n°47 de la rue Carpeaux, qui nous intéresse. En 1914, les deux filatures de coton Chanzy et Carpeaux formaient un ensemble de 50.000 broches à filer et 20.000 broches à retordre et employaient 300 ouvriers. La maison Cavrois Mahieu fabriquait alors des filés de coton, cardés et peignés simples, retors et câblés, gazés et non gazés, mercerisés. Ses productions firent l’objet de nombreux prix, notamment lors de l’exposition internationale de Roubaix en 1911. Léon Cavrois puis ses fils dirigèrent cette entreprise.
En 1953, l’usine de la rue Carpeaux est dénommée La Cotonnière de Carpeaux, anciens établissements Cavrois Mahieu. Il semble qu’elle ait cessé toute activité en 1955. Le laboratoire de fabrication pharmaceutique Cruet occupe les lieux en 1961. En 1973, c’est la S.E.P.P.S, toujours productrice de spécialités pharmaceutiques, à laquelle succéderont pour un temps les laboratoires Schering, avant qu’ils s’installent à Lys Les Lannoy.
Les bâtiments font l’objet d’une opération immobilière en 1982, on commence à réhabiliter et à reconvertir les anciennes friches industrielles. Mais dès 1983, un projet de ruche d’entreprises est envisagé à Roubaix et c’est dans le site rénové de la Cotonnière Carpeaux –le nom lui était resté- que la ville de Roubaix et le Conseil Général vont installer ce pôle d’entreprises créé sur le principe de la mutualisation des services (standard téléphonique, cafétéria, télécopie, secrétariat, informatique…). C’est la quatrième opération montée dans le Nord, après Saint Pol sur mer, Denain, Maubeuge.
Le projet est mis en œuvre en septembre 1988, sous la houlette d’une directrice, Annie Favrie. L’inauguration de la Ruche d’entreprises intervient le 7 février 1989. Le Conseil Général vient en autobus à Roubaix pour visiter et inaugurer cet établissement qui fait honneur à Roubaix et au département. Sa capacité d’accueil est de quarante créateurs d’entreprise, et déjà seize sociétés s’y sont implantées pour cinquante emplois créés.
Elle reprend le tracé du très ancien chemin de Tourcoing, classé en première place dans le recensement préfectoral des chemins vicinaux pour Roubaix en 1823. Ce chemin y est décrit comme se terminant « près du cabaret de l’Union ». On le voit sur le plan cadastral du consulat passer à peu de distance de l’ancienne ferme du Fontenoy. Le cadastre de 1845 nous le montre partiellement construit, alors qu’on ne trouve pratiquement plus de terrains non bâtis dans celui de 1884 : Les entreprises se partagent la partie nord, proche du canal, et les maisons individuelles se cantonnent à la partie sud.
La viabilisation de l’ancien chemin prend très longtemps, en particulier dans sa partie nord : En 1863, une pétition est envoyée par les riverains. Ceux-ci demandent le pavage du tronçon situé entre la ferme Delcroix (au coin de l’actuelle rue Meyerbeer) et le lieu-dit l’Union, alors que la partie plus vers le centre de Roubaix est déjà pavée « depuis plusieurs années ».
Ce chemin était bordé de fossés à l’origine. Ceux-ci, au fur et à mesure des constructions, sont plus ou moins comblés, et l’écoulement des eaux se fait mal. Les riverains demandent la construction d’un aqueduc central en 1868, alors qu’on vient de tracer le canal qui forme désormais l’extrémité de la rue. Celle-ci est d’abord baptisée rue du Cul de Four, puis prend son nom définitif en 1871. Pourtant le pavage n’existe toujours pas partout ; il est défoncé et peu praticable là où il existe.
Dans les années 70, on se propose de porter la largeur de la rue à 12 mètres sur tout son parcours et on publie à cet effet un plan d’alignement. En attendant, les habitants se plaignent de « l’état d’insalubrité » de la rue, les fossés servant de « dépôts d’immondices de toutes espèces ». On vise notamment l’usine à gaz et l’entreprise Auguste Morel, qui y déverseraient leurs effluents. Pour faire avancer les choses, les riverains proposent en 1875, alors que va s’installer l’école de natation, de participer pour moitié aux frais d’installation de l’aqueduc, de poser les bordures de trottoir en suivant l’alignement, et à compléter le revêtement de la chaussée sur ses accotements.
Enfin, le service de voirie prépare un projet pour la construction de l’aqueduc en 1876. Les travaux sont mis en adjudication. M. Charles Larnou est chargé des travaux, qui sont finalement réceptionnés en 1884.
La rue est, dès le départ, très commerçante, en particulier dans sa partie sud. En 1895, pratiquement chaque rez de chaussée est un commerce, et on trouve en particulier de nombreux estaminets.
Par contre, le côté impair et la partie nord est dévolue aux entreprises: l’entreprise Morel (huiles et graisses), l’usine à gaz, et, près du canal, le peignage de l’Union, installé de chaque côté de la rue. Cette usine restera dans le domaine du textile, même si l’enseigne change ensuite : filature, puis retorderie et enfin bonneterie.
Cette rue a abrité également un école de garçons, dont le bâtiment, reconverti ensuite, existe encore aujourd’hui, et l’école de natation, qui, alimentée par les eaux du canal, a fermé ses portes à l’ouverture de la piscine de la rue des Champs.
Sur la photo aérienne, nous retrouvons notre rue limitée en bas à gauche par le quai de Gand et en haut à droite par la rue St Vincent. On voit que, du côté pair les installations industrielles prédominent, dont l’usine à gaz et ses réservoirs.
Mais la rue a subi une transformation complète dans la dernière partie du 20ème siècle : pratiquement toutes les constructions sont démolies pour être remplacées par des bâtiments modernes, certains terrains restant encore pour l’instant en friche. On a peine à retrouver des traces du passé de cette rue…
A la fin des années 20, le logement reste un problème à Roubaix. Les constructions, arrêtées entre 1914 et 1922 accusent un sérieux déficit. La population continue à augmenter et les taudis abondent. Le journal de Roubaix, en 1925, s’inquiète de cette crise du logement, et présente les premières réalisations de l’office municipal d’habitations à bon marché, maisons individuelles et immeubles collectifs.
Mais d’autres organismes se préoccupent également de ce problème et notamment la Maison Roubaisienne, société anonyme coopérative d’habitations à bon marché, dont le siège est situé 3 rue de l’hôtel de ville, propose à la ville un projet de lotissement sur une superficie de 1 hectare 95 situé derrière l’usine de velours Motte-Bossut. Ces terrains, limités par les rues Leconte-Baillon (qui prendra à cet endroit le nom de Jean-Jacques Rousseau, Beurnonville (future rue Emile Zola), Jules Michelet et du Chemin vert, appartiennent pour une bonne part aux consorts Descats, eux-mêmes héritiers Leconte-Baillon. Le lotisseur prévoit la vente de ces maisons individuelles aux acquéreurs : Monsieur Hache, le directeur de cet organisme, écrit en 1929 à la mairie que ces immeubles « sont destinés à devenir la propriété d’un certain nombre de mutilés et de fonctionnaires… ».
Dès 1928 la société, par la voix de son directeur, demande, prévoyant le drainage du quartier, l’autorisation de construire un aqueduc rue de Beurnonville à partir de la rue de Lannoy, puis la participation de la ville pour financer ces travaux. La rue de Beurnonville est alors une voie particulière, à peine tracée, puisque la société demande l’alignement à suivre pour creuser l’aqueduc.
Plusieurs types de maisons sont prévus, dont la taille et l’aspect diffèrent :Les alignements sont constitués de maisons de type E. à 1 étage (2 chambres) ou 2 étages (3 chambres). Leur plan est très classique : au rez de chaussée, un couloir latéral empiétant sur une première pièce (salon) ; puis, une pièce plus grande avec l’escalier placé dans l’alignement du couloir. Au fond une cuisine, précédant les Wc et une salle de bains. Le long de la cuisine, une cour. Au premier, deux chambres. Au second, lorsqu’il existe, une chambre supplémentaire et un grenier. Le Wc ouvre sur la cour, suivant la réglementation de l’époque.
Plan et coupe d’une maison de type E à deux étages.
Ces maisons ont soit une, soit deux fenêtres au premier, selon le sous-type pour celles à un seul étage. Celles à deux étages n’ont toujours qu’une seule fenêtre :
A l’extrémité de ces alignements, on trouve parfois des maisons au toit à trois pentes de type C. Elles sont plus vastes que les autres, la porte centrale étant encadrée de deux fenêtres. On peut les trouver également combinées par blocs de deux. Ce type offre trois chambres à l’étage, dont une très grande. Ici, le Wc est placé à l’intérieur, dans la salle de bains :
Mais l’extrémité des alignements est le plus souvent constituée d’un type A, dont l’entrée forme un décrochement, type qu’on rencontre aussi assez souvent combiné par blocs de deux. Ce type de maison présente deux variantes, l’une présentant des murs de brique, l’autre revêtue de ciment.
Le second type présente également des différences en ce qui concerne les fenêtres, celle du rez-de chaussée est décalée vers le pan coupé et se prolonge sur celui-ci par une fenêtre supplémentaire.
Ce type offre un espace appréciable, une grande salle commune séparée par des portes battantes d’un salon sur la rue, un vestiaire, une salle de bains et une cuisine au rez de chaussée, trois chambres à l’étage. Le Wc est à l’extérieur, derrière la maison.
Les travaux de viabilisation faits, la société se préoccupe de bâtir. En 1929, elle dépose un premier dossier pour la construction de 60 maisons. Le directeur des travaux municipaux donne un avis favorable et prévoit de revêtir les chaussées de Tarmacadam. Le conseil municipal accepte la construction et M. Gaston Duburcq, rue Inkerman est nommé commissaire-enquêteur pour mener l’enquête commodo et incommodo.
L’année 1930 voit aboutir à la mairie une autre demande pour la construction de 2 maisons type A1 rue de Beurnonville, ainsi que celle de 26 maisons rue Leconte-Baillon (J.J. Rousseau) : 3 type A1, 11 type E3, 6 type E2, 6 type E1. L’année suivante, la société envoie un dossier de construction pour 37 autres maisons rues de Beurnonville et d’Epinoy, comprenant 3 type C, 3 type A1, 4type E1 et 27 type E3. Toujours la même année, une demande complémentaire pour 78 maisons supplémentaires rue d’Epinoy et Zola, « ayant obtenu un nouveau prêt de la caisse des dépôts… ».
Elle dépose enfin en 1935 un dossier pour la construction de 15 maisons dans les rues Michelet et Zola, comprenant 6 type A1 et 9 type E3.
La consultation d’un Ravet-Anceau d’avant-guerre nous indique une population modeste avec en majorité, des employés (34 % et ouvriers (19%), un nombre important de fonctionnaires (17,5%), dont un nombre significatif d’agents de police, quelques commerçants et quelques retraités.
Si les fonctionnaires ne constituent pas la majorité des habitants, cet opuscule n’indiquant pas l’état de santé de la population, il est difficile d’assurer que les mutilés qu’avait prévus la Maison Roubaisienne sont bien présents en nombre significatif dans le lotissement…
Les documents proviennent des archives municipales.
Depuis plusieurs années, le Pont du Carihem qui date de 1973, est déclaré en grand péril. De nombreuses fissures sont apparues à cause d’un mouvement des murs de soutènement. Il faut agir, il en va de la sécurité de la circulation et de celle des riverains. Le pont est atteint du cancer du béton, réaction chimique entre cailloux et ciment. Le Pont du Carihem peut être sauvé, mais il faut reconstruire une partie des murs de soutènement et effectuer quelques réparations. Les remblais sont également en cause, car ils sont constitués d’un matériau expérimental constitué de résidus de soufre venant des Ets Kuhlmann, après une étude « positive » de la Direction départementale de l’Equipement. Ils devront être intégralement remplacés, ainsi que la chaussée. Ce qui va donner au chantier une durée approximative de huit mois.
En mars 1988, la décision a été prise à la Communauté Urbaine d’effectuer des travaux. Cela coutera 7 millions de francs. Le temps d’une délibération du conseil municipal, de son retour de la préfecture, de lancer les appels d’offre…ce n’est qu’au mois de septembre 1989 que les marteaux piqueurs entrent en action.
En mars 1990, on est encore loin de la fin du chantier. Les garages Toyota et Citroen installés dans l’immédiate proximité du pont, protestent et menacent de ne plus payer leur taxe professionnelle. Depuis ces travaux, la voie se termine en cul de sac ! Les garages ne sont plus accessibles. Pétitions au maire, qui n’en peut mais, car c’est la CUDL qui est en retard : l’évacuation des remblais (12.000 m3) lesquels contiennent du chlorate de soude, nécessite des précautions et des aménagements. Un terrain appartenant à la société Rhône Poulenc à Wattrelos va accueillir ces remblais, selon le principe du retour à l’envoyeur. Cela a donné l’impression que le chantier s’est arrêté, mais il va reprendre, assure la CUDL, et tout sera terminé en septembre.
En septembre 1990, soit un an après le début des travaux, et deux ans et demi après la décision, le chantier est terminé. On aura donc réparé l’ouvrage d’art en substituant le matériau expérimental par un remblai physiquement et chimiquement stable, avec dispositif d’étanchéité et système de drainage. On a ensuite procédé au remplacement des appareils d’appui du tablier et à la reconstruction des murs garde-grève. Le profil du pont a été modifié, il est désormais en travers de la route ce qui permet d’élargir le trottoir du côté du lycée. Les automobilistes peuvent à ce moment emprunter un nouveau pont, dont la double voie est aujourd’hui réduite à une seule. Mais ceci est une autre histoire.
L’augmentation des activités postales fait qu’il est question dès les années soixante, de construire un nouvel hôtel des postes. En effet le bel immeuble construit en 1927 ne suffit plus pour accueillir les tâches ordinaires, à savoir le tri, le départ et l’arrivée de courrier, les paquets, les guichets, le téléphone, auxquelles se sont ajoutés les chèques postaux, les virements, la vente par correspondance. Plus de trente millions de catalogues expédiés en 1963 ! En janvier 1964, on apprend que la Direction Départementale des PTT a jeté son dévolu sur la Place des Halles, pour une surface de 4.500 m². Entretemps le centre du transit du Lido s’est installé en août 1964 et occupera le terrain repéré jusqu’en 1973. Une fois démonté, ce centre commercial provisoire accueillera quelques démonstrations commerciales et circassiennes.
Puis le projet de poste centrale refait surface, et le début des travaux est annoncé pour le 24 mars 1975 pour une durée de 18 mois. Finalement le chantier est ouvert début mai. Cent vingt pieux de béton ont été réalisés pour soutenir l’édifice, et les bâtisseurs ont du creuser à plus de vingt mètres pour trouver un sous sol stable. Rappelons qu’autrefois le Trichon et les douves de l’ancien château étaient situés à deux pas de l’endroit. La construction va pouvoir commencer et on attend l’ouverture pour la fin de l’année 1976.
Les travaux prendront un peu plus de temps. En avril 1977, le bâtiment est terminé et on annonce l’ouverture pour l’automne.
Le nouvel hôtel comporte deux étages, et se présente sous la forme de deux ailes en équerre. La façade principale est orientée vers la rue Pierre Motte. A l’intérieur, côté usagers, sont prévus quinze guichets et vingt cabines téléphoniques.
Finalement le nouvel hôtel des postes est ouvert au public le lundi 12 décembre. Il emploie à cette époque quatre cents agents, et se classe au 2ème rang d’importance de la région. Dès avant l’ouverture, le receveur déplore les conditions d’accès : un nouveau plan de circulation et l’absence de parking ne contribuent pas au bon fonctionnement de la nouvelle poste. Le maire de Roubaix lui répond que c’était à l’administration des PTT de prévoir un parking souterrain dès la construction de l’édifice.
Pour l’instant, les usagers roubaisiens utilisent l’espace situé devant la poste, mais ce parking sauvage va bientôt disparaitre, car la nouvelle bibliothèque est en voie de réalisation. Puis le secteur sera remodelé, avec des problèmes récurrents de l’époque à Roubaix, le stationnement et l’accès piétonnier.
Des entreprises importantes, le quartier du Cul de four en a connu, telles que la brasserie de l’union Roubaix Tourcoing, ou encore l’usine de fabrication des extincteurs Mather et Platt. Ces sociétés ont progressivement disparu, malgré quelques tentatives de reprise, comme la brasserie Nord Lorraine pour la première citée.
Née de la fusion de deux petites sociétés Manuplastic et Afiplast, rue Franklin Roosevelt à Mouvaux, à la fin des années cinquante, la société Afiplastex est venue s’installer dans les anciens locaux du 27 de la rue d’Iéna autrefois occupés par la société anonyme des manufactures de laines filées. En 1987 elle se lance dans un grand chantier de modernisation et de rénovation. La construction d’une nouvelle halle de 2.500 m² permet d’accueillir trente presses ultra modernes. L’usine s’étend alors sur une surface totale de 9.000 m². Un lourd investissement, 15millions de francs pour une entreprise dont le chiffre d’affaires de l’époque est de 50 millions de francs. L’usine est située près de la nouvelle voie rapide urbaine avec une nouvelle façade rue Meyerbeer. Les services économiques de la ville de Roubaix ont soutenu le projet en permettant d’obtenir plus facilement les permis de construire.
Cette société fait vivre plus de cent dix salariés. Que produit-elle ? Des pièces en matière plastique selon la méthode de l’injection : cassettes pour photocopieurs, boîtiers pour vélomoteurs, ses clients sont Thomson CSF, l’aérospatiale, Léanord (ordinateurs).
Après dix huit mois de chantier, la nouvelle halle et son matériel ultramoderne sont inaugurés le mardi 21 juin 1988 en présence du sénateur maire André Diligent. L’usine est alors qualifiée de « perle de technologie dans un écrin peu aguichant ».
Malgré des clients prestigieux, Rank Xerox, Toshiba, Renault, Whirlpool, l’entreprise est mise en règlement judiciaire en 1991, ce qui réduit presque de moitié sa clientèle. En 1993, la société se sépare de 42 personnes alors qu’elle n’en compte déjà plus que 82. Le chiffre d’affaires est tombé à 20 millions de francs en 1996. Un nouveau redressement judiciaire intervient en décembre 1996. L’histoire se termine le 27 mars 1997, date à laquelle la société roubaisienne Afiplastex est mise en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Roubaix-Tourcoing. Malgré une offre de reprise déposée par le groupe Heideman, et la mise en place de la zone franche, c’est la fin de l’entreprise, et les 25 salariés que comptait encore Afiplastex sont licenciés.