Le quai de Wattrelos

A l’origine, les terres situées entre le Galon d’eau et Wattrelos se partagent entre différentes fermes, situées le long de l’ancien chemin de Wattrelos. Ce sont notamment la Digue du Pré (à l’emplacement de la place Nadaud) et la Laverie, ou Haverie (au niveau du coude formé par la rue d’Avelghem). Les douves de ces fermes sont alimentées par le Trichon qui s’y écoule, après avoir alimenté les fossés du vieux château seigneurial.

Puis on creuse le canal, bordé par un talus et le chemin de halage. La rive nord de la partie la plus ancienne, incluant l’actuel boulevard Gambetta est rapidement dénommée quai de Wattrelos.

Plan cadastral 1826 – archives municipales
Plan cadastral 1826 – archives municipales

En 1869, les propriétaires de la rive du canal consentent à céder du terrain sur huit mètres de largeur depuis la rue de Lannoy à condition que la ville pave le quai. On rédige dès l’année suivante le cahier des charges préalable aux travaux. La chaussée fera 6m70 de largeur, et sera encadrée par deux trottoirs. L’accès à la berge sera protégé par un garde-corps. Mais la guerre de 1870 stoppe les travaux. Après celle-ci, il est question de combler la première partie du canal pour y aménager un boulevard. En attendant, on sursoit aux travaux. Le quai de Wattrelos est alors officiellement limité au pont du Galon d’eau et au pont du chemin de fer. Vers la fin du siècle, le quai est encore à l’écart de toute agitation ; le Ravet-Anceau de 1891 cite les estaminets Nyckees et Dubenne, ainsi que le bureau des douanes. La rive est également fréquentée par les pêcheurs et les canotiers : le « Ro (a?)ving Club » y pratique les sports nautiques. L’estaminet situé au numéro 4 a pour enseigne « la réunion des canotiers ». La courbe du canal face au boulevard Gambetta est plantée d’arbres.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Mais l’atmosphère bucolique de cette partie du canal va changer radicalement : Les frères Florent et Henri Carissimo installent d’abord une filature entre la rue d’Avelghem et le canal, limitée par la rue des Soies, et c’est ensuite le tour d’Alfred Motte d’y construire un peignage qui s’étend jusqu’à la ligne de chemin de fer. Il est autorisé à construire une voie s’embranchant sur la voie ferrée. Elle forme une courbe serrée pour longer la rue d’Avelghem, et traverse l’usine pour rejoindre le canal qu’elle suit ensuite, les wagons étant orientés à angle droit grâce à une plaque tournante. Une distillerie s’implante également au n°101 la « société anonyme des levures et alcools de grains ». Le quai sert alors intensivement au chargement et déchargement des péniches.

En 1920, on autorise la société des levures et alcools de grains à installer un portique permettant de décharger les péniches de charbon et de grains. Elle est également autorisée à placer une voie Decauville sur trente mètres le long du quai. La société Alfred Motte et Cie à remplace par une plus grande la plaque tournante située sur le quai. Elle reçoit également en 1925 l’autorisation de placer une ligne trolley au dessus de la voie pour permettre la traction électrique de ses wagons. L’estaminet Godin apparaît au 22 , après la passerelle des soies.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Les usines étant desservies par le Trichon, on n’a pas éprouvé le besoin de creuser le quai pour y installer un aqueduc. De ce fait, la mairie est réticente pour attribuer des permis de construire pour des habitations en 1928 et 29. A cette époque, la société Carissimo a vendu du terrain pour y établir un lotissement. Ces habitations doivent écouler leurs eaux usées dans le riez du Trichon en traversant les autres propriétés, ce qui complique beaucoup les choses. On trouve néanmoins dans cette zone, au n°1 l’estaminet Colpaert (le 2 est maintenant une épicerie), Au 5 l’entreprise de bois Léon Delsalle et au 6 le marbrier Lamarque ; au 7 et 7 bis et 97 des maisons particulières ; au 99 un estaminet. En 1932 on considère que l’entrepôt de bois Léon Delsalle au n°5, le long de la cité Wallerand pose de sérieux problèmes en cas d’incendie. Au début des années 50 apparaît au 3 la cour Rousseau, au 9 une fabrique de grillages. En1960 s’installe au 10, avant la rue des soies une entreprise de transports, la SARL Bednar.

Mais la construction du pont Nyckees va profondément modifier le quartier en supprimant une bonne part des bâtiments de cette zone. On voit encore sur la photo aérienne de 1962 une série de maisons situées dans le virage du canal, alors que les jardins ouvriers s’étendant jusqu’à à l’entrée de la rue d’Avelghem semblent bien à l’abandon. Mais l’ensemble donne encore l’impression d’une vaste zone industrielle.

Photo 1962 – document IGN
Photo 1962 – document IGN

Pourtant, la désindustrialisation s’opère et les usines sont amenées à fermer. Cette partie du canal va perdre son côté « port de commerce » pour reprendre un aspect plus bucolique. Les sociétés de pêche s’y retrouvent, les sports nautiques également, avec l’installation en 1993 d’une base de kayak. On y trouve le Café « Bouchard Pêche ».

Les usines sont démolies ou reconditionnées dans la 2eme moitié des années 90. On crée un terrain de sports, un parking, et surtout, on réalise une promenade plantée d’arbres le long du canal. Les promeneurs, piétons et cyclistes, empruntent la passerelle des soies pour poursuivre leur chemin vers l’Escaut sur la rive droite du canal. Celui-ci devient à nouveau calme et verdoyant.

Le quai aujourd'hui – document Google maps
Le quai aujourd’hui – document Google maps

 

 

 

La démolition du Minck

A l’instar de villes comme Dunkerque ou Calais, Roubaix eut son Minck sur la place du Trichon. C’était un marché aux poissons qui fonctionnait sur le principe de la vente à la criée. Il remplaça un marché aux poissons qui se tenait sur la Grand Place, laquelle n’était pas la grande esplanade que nous connaissons aujourd’hui.  Elle se situait aux abords immédiats de l’église Saint Martin, et les exhalaisons de la marée devaient sûrement parfumer les sorties de messe. Quoique n’étant pas une ville portuaire, Roubaix consommait les fruits de la mer au moins depuis la construction du canal, en 1843. Le quai de Lorient fut longtemps le débarcadère des moules de Zélande.

Le Minck à la belle époque CP MédRx
Le Minck à la belle époque CP MédRx

Construit à partir de 1862, le Minck fut ouvert en février 1863. Ce bâtiment était constitué d’une structure en acier abritant la criée, désormais à l’écart du centre. Son éclairage était assuré par des ouvertures garnies de feuilles de verre disposées comme des lames de persiennes, qu’il fallut rapidement protéger de « l’instinct de destruction des enfants», par un treillis en fil de fer.

Le Minck années cinquante Photo NE
Le Minck années cinquante Photo NE

Il fut agrandi une première fois en 1881, sa surface carrée de départ devint un rectangle. On ajouta à la salle de criée, un ensemble de vingt quatre tables. Sa surface fut quasiment doublée. En 1885 il y eut des réparations et l’année suivante on pensa enfin à protéger le crieur du Minck, dont les activités et les registres étaient à la merci des conditions atmosphériques. On agrandira à nouveau le Minck en 1887, portant le nombre de tables à 38. On y épanchera régulièrement des tonnes de poissons pour leur livraison aux commerçants. Le marché aux poissons roubaisien fêta dignement son cinquantenaire, le 19 mai 1912, sous l’administration Motte, avec cortège et chars.

La démolition fin 1950 Photo NE
La démolition fin 1950 Photo NE

Après la seconde guerre, le développement des livraisons par la route eut raison du Minck. Les marchands de poisson se fournissaient directement aux mareyeurs. Le vieux bâtiment devient un obstacle à la circulation, et sa vieille carcasse est, selon la presse de l’époque,  « une provocation à l’esthétique ». En septembre 1950, le principe de sa démolition est acté. En novembre 1950, sa double verrière est démontée, et son squelette d’acier va bientôt disparaître. C’est chose faite en janvier 1951. La place du Trichon y a gagné un petit jardinet, aujourd’hui cerné par les voitures, et ses exhalaisons n’ont plus pour origine le poisson, mais bien les déjections  canines.

Le square en janvier 1951 Photo NE
Le square en janvier 1951 Photo NE

La transformation de l’acier

Le boulevard de Lyon compte peu d’entreprises. On peut cependant citer au n°108, l’entreprise de constructions mécaniques Platt frères, qui était située entre le boulevard de Lyon, la rue Ingres, la rue Jean Baptiste Corot, c’est-à-dire au beau milieu d’une zone résidentielle. Cette entreprise fabriquait autrefois des garnitures de cardes pour les machines textiles.

En tête société Platt Coll. Part.
En tête société Platt Coll. Part.

Puis, après la seconde guerre, l’entreprise poursuit ses activités de construction mécanique spécialisée dans la transformation de l’acier et la fabrication de machines-outil. A partir de 1954, la société PLATT FRERES développe des activités de forge, de martelage mécanique, d’estampage, de matriçage, de découpage et de métallurgie des poudres. Pour les besoins de l’activité, des produits tels que des solvants (dont des solvants chlorés), des gaz de soudure (acétylène…) et des carburants (gasoil, mazout, fioul…) ont été stockés sur le site.

En tête société Platt Coll. Part.
En tête société Platt Coll. Part.

Entre 2004 et 2008, la société BEKAERT reprend l’exploitation du site et poursuit l’activité de la société PLATT FRERES. La cessation définitive d’activité du site a été notifiée le 30 juin 2008.

Le site aujourd'hui Photo Google maps
Le site aujourd’hui Photo Google maps

Renseignements extraits du site Basol.

 

 

 

L’alouette s’ouvre à la gare

Le projet de prolonger la rue de l’Alouette jusqu’à la rue de la Gare apparaît en 1936. Jusque là, la rue de l’Alouette partait de la rue du Grand Chemin et rejoignait la rue du Chemin de fer, qui fut historiquement la première rue de la gare. En effet la première station de Roubaix construite en 1843, puis la gare des voyageurs  se trouvaient dans la perspective de cette dernière rue. L’actuelle rue de la Gare, aujourd’hui avenue Jean Baptiste Lebas, fut ouverte en 1882, et la gare actuelle en 1888. La rue de l’alouette n’eut pas de débouché sur la nouvelle rue de la gare jusqu’à l’exécution à partir de 1942 de ce projet qui décida de la jonction des deux voies après démolition des bâtiments existants.

Les lieux en 1932 Photo IGN
Les lieux en 1932 Photo IGN

Que trouvait-on à cet endroit ? Il semble qu’un bâtiment d’un seul tenant occupait principalement la surface à démolir. Il fut construit spécialement pour l’exploitation d’une brasserie avec dancing. De fait, on trouve dès la fin du dix neuvième siècle, la trace d’un établissement dénommé Brasserie Universelle au n°32 de la rue de chemin de fer. Puis l’endroit fut longtemps occupé par les négociants en tissus Bossut père et fils, l’immeuble apparaissait au n°123 rue de la gare, et au n°32 rue du chemin de fer, où se situait l’entrée des marchandises. M. Léon Olivier Mazure est le propriétaire de cet immeuble, resté longtemps inoccupé, puis brièvement loué, à peine trois mois en 1933, à la société des Transports du Nord. Pendant les premières années de la guerre, la ville y avait installé un abri de défense passive.

Le dernier locataire RA 1933
Le dernier locataire RA 1933

Cependant, l’inoccupation du bâtiment depuis 1933 a entraîné sa dégradation : une visite d’experts effectuée en 1937 constatait le mauvais état de la toiture, des vols des lattes de parquet, de portes. En l’état, l’immeuble était donc impropre à la location. L’expropriation pour cause d’utilité publique fut prononcée le 9 juillet 1943. La démolition est décidée le 19 janvier 1944. Le percement entraîna également la démolition des maisons qui encadraient le n°32 de la rue du chemin de fer.

La façade du bâtiment côté avenue de la Gare Photo JdeRx
La façade du bâtiment côté avenue de la Gare Photo JdeRx

De cette époque date l’ouverture de la rue de l’alouette sur l’avenue de la gare, future avenue Jean Lebas.

Les lieux aujourd'hui Photo Google Maps
Les lieux aujourd’hui Photo Google Maps

 

 

Le café du Parc

Dans les dernières années du 19ème siècle, au coin des boulevards de Paris et de Cambrai, face à l’ hôtel particulier Masurel-Leclercq, on remarque sur les plans deux parcelles libres. L’emplacement est favorable, juste à l’entrée du « beau jardin », et on pense à y édifier un café. C’est chose faite sur le plan de 1899. Le débit de boissons est prolongé le long de l’avenue Jean Jaurès par une véranda et une cour ombragée où seront disposées tables et chaises pour accueillir les consommateurs les jours de beau temps. La Voix du Nord le dépeint en 1961 comme une guinguette, lieu de rendez-vous des promeneurs dominicaux avant implantation du bol d’air. En ouvrant le Ravet-Anceau, on trouve mention de ce commerce au numéro 116 boulevard de Paris à partir de 1900.

Le café avant la première guerre – document Médiathèque de Roubaix

Cinq propriétaires s’y succèdent jusqu’en 1935, année où il prend le nom de « Café du Parc ». A partir du début des années 50, son propriétaire est M. Duthilleul et on parlera ensuite aussi bien du café Duthilleul que du café du Parc. Le voici après la deuxième guerre :

Cependant, les délibérations du conseil municipal nous indiquent qu’à partir de 1957, on envisage la création d’un café restaurant dans le parc. Ce sujet revient également dans les délibérations de 1960. C’est l’origine de la création du Bol d’Air.

Parallèlement, et peut-être conséquemment, le café, abandonné, est vendu en 1959 à la société française de raffinage. Celle-ci, désireuse d’implanter une station service à cet emplacement très favorable sur la route de Lille, choisit d’intégrer la station à un immeuble à usage d’habitation de 6 étages. Sur le coin même est prévu un autre commerce ; c’est là que s’installera la presse du Parc.

Mais  l’espace est trop réduit pour ce projet. La société guigne un terrain mitoyen de 205 mètres carrés, appartenant à la ville, et faisant partie du parc Barbieux, dont il est séparé par l’avenue Jean Jaurès. Sur cette parcelle est disposée la statue du commandant Bossut, inaugurée en 1925 à la mémoire d’un héros de la première guerre. Le conseil municipal, lors de sa séance du 26 octobre 1959 demande au préfet la désaffection de la parcelle et son passage dans le domaine privé communal, préalable à l’aliénation du terrain pour permettre « la construction de nombreux appartements afin de lutter contre la crise du logement… » Il va falloir également libérer l’espace rendu disponible, c’est à dire déplacer la statue du commandant Bossut. On décide de la rapatrier de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès dans le parc proprement dit. Le déplacement se déroule en 1963. La statue n’a plus bougé depuis lors.

Documents collection particulière et Nord Matin 1962
Documents collection particulière et Nord Matin 1962

Le bâtiment est finalement construit. Il comprend de beaux appartements de standing avec des balcons en façade. Un parking est installé sur le vaste trottoir.

Photo Jpm
Photo Jpm

La station ouvre sous la marque Total et prend en 1975 le nom « station Relais du commandant Bossut » au n°118. On l’y retrouve jusqu’en 1986 sous la Résidence Barbieux. La station est vraiment placée sous l’immeuble, ouvert au rez de chaussée : les pompes sont disposées au fond, dans l’angle formé par les deux murs. Les automobilistes y sont à l’abri des intempéries pour effectuer le plein. Des piliers, entre lesquels sont disposés des présentoirs, supportent l’immeuble en façade. La station ne survivra pas à la distribution des carburants en supermarché, et elle est aujourd’hui remplacée par une pâtisserie-salon de thé.

L'emplacement de la station – photo Jpm
L’emplacement de la station – photo Jpm

Les débitants réunis

En février 1986, la Voix du Nord titre : « La Brasserie Deher est proprement dépecée et transportée à St Omer ! ». Le journal explique que la brasserie a fermé ses portes en septembre 1985, mais que l’entreprise Bonnet Baudouin est chargée de récupérer le matériel racheté par les caves de St Arnould pour le réinstaller à St Omer, dans les locaux de l’ancienne brasserie artésienne, devenue ensuite la brasserie de St Omer. C’est la fin d’une histoire roubaisienne commencée en 1904.

Document La Voix du Nord
Document La Voix du Nord

A cette époque, s’installe tout au bout de la rue du Luxembourg une brasserie coopérative qui prend le nom des « débitants réunis ». D’après un encart publicitaire inséré dans le programme des fêtes de bienfaisance de 1925, elle démarre son activité le 21 mars 1905. Elle est à l’origine fondée par 11 actionnaires cabaretiers. Ces actionnaires seront plus de 300 en 1923, et elle doit son essor « à ses principes si justes et si égalitaires, qui sont sa raison d’être ». Sa renommée grandit au fil du temps et elle supplante petit à petit bien d’autres brasseries roubaisiennes.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

Les locaux sont situés juste avant la gare de débord de l’Allumette, entre la voie ferrée et l’extrémité de la rue du Luxembourg.. La brasserie s’étend peu à peu : en 1910, on construit sur un terrain resté libre une malterie et un logement pour le directeur de la brasserie ; en 1922, un bâtiment à étage le long de la gare de débord s’ajoute aux autres, et en 1927, une écurie pour 15 chevaux…

Documents archives municipales et la Voix du Nord
Documents archives municipales et la Voix du Nord

La brasserie prend en 1974 l’appellation brasserie Deher dans le Ravet-Anceau, nom hérité d’une de ses productions phares, la bière Deher. Elle aura eu au final, une existence très longue, et les roubaisiens lui auront constitué une clientèle fidèle. C’est l’une des dernières brasseries locales à disparaître.

Document Médiathèque de Roubaix
Document Médiathèque de Roubaix

 

 

Retour sur le garage du Nouveau Roubaix

Nous avons pu obtenir le témoignage de M. Meyfroodt sur l’histoire du garage de l’avenue Motte. Laissons-lui la parole…

« Après avoir effectué le début de ma carrière en qualité de chef de vente chez Simca , j’ai fait construire mon propre garage en 1971 sur les terrains, jardins ouvriers mis en vente par Motte-Bossut, qui jouxtaient l’usine et que j’ai achetés à Monsieur André Motte.

M. Meyfroodt chez Simca Lille – Photo collection personnelle
M. Meyfroodt chez Simca Lille – Photo collection personnelle

Après avoir obtenu le permis de construire, la construction a démarré et j’ai choisi de représenter la marque Renault en accord avec la succursale située à l’époque Boulevard Gambetta à Roubaix.

Document Nord Eclair – 1975 – Archives municipales
Document Nord Eclair – 1975 – Archives municipales

Après quelques années d’activité avec Renault, en 1978 je fus contacté par VAG France (Volkswagen Audi Group) qui était à la recherche d’un nouveau concessionnaire car celui de Villeneuve d’Ascq, la CDA, avait basculé chez Peugeot. En choisissant de changer de marque, j’ai accepté de reprendre l’ensemble du personnel de la CDA qui était spécialisé sur ces marques allemandes Volkswagen-Audi, ce, en plus de mon propre personnel.

Sur la photo de l’inauguration sur laquelle je suis à droite ; à droite se trouve Monsieur Ghyssels : Président du Directoire De Volkswagen France. Vous pouvez également y redécouvrir les voitures de 1978. Je passais également du statut de « Sarl Garage du Nouveau Roubaix » en SA GNR , c’est-à-dire Société Anonyme Garage Nouveau Roubaix.

Documents Nord Matin - Janvier 1978 et Nord Eclair - Février 1978 – Archives municipales
Documents Nord Matin – Janvier 1978 et Nord Eclair – Février 1978 – Archives municipales

Après avoir stocké pendant plusieurs années, mes véhicules d’occasion sur le parking ce, par tous les temps, j’ai pris la décision , en 1975, de faire construire une grande extension à mon garage afin que toutes ces voitures soient à l’abri des intempéries.

Documents Archives municipales - 1975
Documents Archives municipales – 1975

Il est vrai qu’avant la construction du 2ème bâtiment de la concession Volkswagen-Audi, les véhicules neufs et d’occasion étaient stockés sur notre parking, et nous avons rapidement constaté que les peintures de ces voitures étaient endommagées par les retombées de suies acides provenant de la grande cheminée de l’usine Motte-Bossut. Devant l’étendue des dommages, nous avons été dans l’obligation de suspendre les livraisons des camions de transports de voitures neuves en provenance de VAG-FRANCE à Villers Cotterêts. Les inspecteurs de VAG-FRANCE se sont déplacés pour constater les dégâts, car nous étions contraints de repeindre les voitures…. neuves, principalement les métallisées, plus fragiles. Devant le nombre de véhicules touchés, la direction de Motte-Bossut dut se rendre à l’évidence et fut contrainte de remplacer la grosse chaudière d’usine alimentée alors en fuel par une nouvelle installation au gaz. Cela créa un froid qui ne fut heureusement que passager. L’incident, onéreux pour les deux parties, fut clos.

Je fus concessionnaire pour cette marque jusque 1983, et vendis mon affaire à Christian Leclercq. »

Documents Archives municipales – 1975

Remercions M.Meyfroodt qui, après avoir consulté le précédent article sur le sujet, nous a contacté et a accepté de témoigner. Bel exemple d’interactivité que chacun peut suivre ; n’hésitez pas à apporter votre propre témoignage pour enrichir les sujets des blogs.

Le mairie-bus

A la fin des années quatre-vingt, il y avait chez les élus une volonté de décentraliser les services, car il fallait désengorger l’hôtel de ville. Pour une fiche d’état civil, il arrivait qu’on fasse la queue pendant une heure trente. Par ailleurs, le personnel n’était pas polyvalent, on fonctionnait quasiment à un guichet par opération (fiches d’état civil, cartes d’identité,…).

Avant qu’on parle de mairie de quartier, il y eut d’abord l’expérience des mairie-bus en 1989.  Le service mobile existait déjà, avec les camions de radioscopie, ou le bibliobus de la médiathèque. Il y avait l’idée de cibler certains quartiers, estimation des besoins, pour une future implantation de mairie annexe.

Le mairie-bus d'Amiens Photo NE
Le mairie-bus d’Amiens Photo NE

Dans un premier temps, on teste les points de chute, pour savoir quels sont les lieux les plus favorables pour le service à la population. C’est ainsi qu’il y aura neuf points de chute au départ : devant la salle de sports Oran Cartigny, rue du Stand de tir au Carihem, face au centre social des Trois Ponts, devant le magasin l’Usine pour les Hauts Champs, face au centre médico-social du boulevard de Fourmies pour le Nouveau Roubaix, face au supermarché Unico rue Jules Guesde pour Moulin Potennerie, face au magasin Gro de la rue de l’Epeule, face au centre social du Fresnoy Mackellerie, et face à la Madesc rue de Flandre au Cul de Four. Notre témoin se souvient que la permanence de la rue Jules Guesde face au parking Unico n’a pas fonctionné, et on ne l’a pas gardée.

Un nouveau poste avait été créé, celui d’agent pilote. Ce service nécessita que le personnel suive une formation,  pour devenir polyvalent, autant pour conduire le véhicule, que pour les démarches administratives, Dans le mairie-bus, il n’y avait qu’un seul agent, il fallait prévoir, les congés, les maladies, les remplacements. On tournait une semaine sur trois, Les autres semaines, on travaillait  au cimetière, ou à la comptabilité. Les trois agents pilote de l’époque étaient Bernard Souxdorf, Guy Carlier et Alain Gellé.

Intérieur du mairie-bus Photo NE
Intérieur du mairie-bus Photo NE

Un seul agent donc pour le bus, qui était équipé d’un radio téléphone. A l’intérieur, une salle d’attente, deux banquettes, le bureau de l’employé, une porte pour sortir. Une petite gâchette en cas de souci, et  les portes se ferment automatiquement. Pas d’argent dans le bus,  on ne traitait que de l’administratif : délivrance de sortie du territoire, certificats d’hérédité, copies certifiées conforme, fiches d’état civil. Pas d’acte de naissance, il n’y avait pas d’informatique à l’époque. On venait passer commande, c’était transmis à l’état civil et les gens recevaient dans les 48 heures.

Le mairie-bus roubaisien Photo Ville de Roubaix
Le mairie-bus roubaisien Photo Ville de Roubaix

Un an après, le point c’était positif, plus au sud qu’au nord. Restait le problème l’accessibilité pour les handicapés, raconte notre témoin, alors on descendait du bus. Ça a duré de 1989 à 1991 pour le secteur Fourmies. L’arrêt devant le centre médico-social fonctionnait bien. Là on allait pouvoir installer une mairie de quartier.

Le mairie-bus fut encore utilisé lors d’une nocturne pour l’inscription sur les listes électorales. Il stationna à côté de la salle Watremez, où se déroulait un concert de raï. Si on s’inscrivait, on avait une ristourne sur l’entrée du concert. L’opération n’eut pas vraiment de succès : 11 inscriptions seulement ! On ne pouvait pas parler de « merry bus ».

Remerciements à Alain Gellé et Gérard Vanspeybroeck pour leurs témoignages

L’ilot Voltaire

Depuis 1981, un plan de restructuration du quartier du Cul de four a été envisagé, dont les premières opérations concernent les démolitions de logements insalubres. Le relogement des familles, la réhabilitation de maisons individuelles ont également été prévus.

La SAEN (société d’Aménagement et d’Equipement du Nord) a demandé la réalisation d’une étude pour relever les habitations susceptibles d’être réhabilitées. Une convention entre la Communauté Urbaine, l’Etat et l’Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat doit permettre la mise en œuvre d’un plan de restructuration, dont les premiers travaux débuteraient en octobre 1982. Il faudra donc démolir, reconstruire et réhabiliter. On sait depuis juillet 1981 que 600 maisons du quartier du Cul de four seront démolies, car jugées trop dégradées.

Le premier projet de rénovation du Cul de four est celui de l’îlot Voltaire : soixante et un logements collectifs et individuels seront construits par les HLM et les premiers habitants pourraient s’installer au début de l’année 1985. Le projet ambitieux prévoit également l’installation d’un foyer logement rue Voltaire et d’une maison de quartier rue de Flandre.

Démolitions rue Voltaire Photo NE
Démolitions rue Voltaire Photo NE

En Octobre 1982, le comité de quartier est intervenu pour protester contre les nuisances provoquées par un terrain vague situé rue Voltaire et résultant des premières démolitions. C’est une décharge publique permanente, et quelques maisons vétustes restantes sont transformées en cloaques malodorants. Les choses avancent doucement, il reste les dernières maisons écroulées, côté rue Turgot et un atelier de confection en procédure d’expropriation. L’ilot Voltaire concerne les quatre rues suivantes : Voltaire, de Flandre, Basse Masure et Turgot. On connaît les mesures du plan : pour la rue basse masure,  les maisons du n°1 à 11 sont condamnées. Rue de Flandre, les maisons du 53 au 85 seront maintenues, mais réhabilitées comme les cours des n°65 et 65 bis. Pour la rue Voltaire, les  maisons et cour du n°30 au 36 vont disparaître, les n° 40 au 44 sont maintenues, et seront réhabilitées.

La surface déblayée Photo NE
La surface déblayée Photo NE

L’opération se déroulera en 2 phases : reconstruction côté rue Turgot pour reloger les habitants des cours qui veulent rester sur le quartier, puis démolition de l’autre partie de l’ilot Voltaire. Au terme de l’opération, il y aura 62 logements locatifs, 45 en semi collectif, et 17 individuels. L’opération est menée par l’office HLM, avec l’architecte Arpan, qui appelle à une réunion le 6 novembre 1982 pour discuter des plans avec lui dans l’ancienne école de la rue de Flandre.

Une partie du projet ilot Voltaire Photo NE
Une partie du projet ilot Voltaire Photo NE

Une autre réunion a lieu sous l’égide du comité de quartier en mars 1983. En juin 1983, les habitants sont à nouveau réunis et participent à une nouvelle réunion de concertation, puis à la visite de l’exposition « reconstruire le quartier » présentée dans les locaux de la Madesc au 137 rue de Flandre. En plus des projets concernant l’ilot Voltaire, réalisés par l’école d’architecture de Paris, l’école Quemando de Paris et le cabinet Leplus basé 46 rue Daubenton à Roubaix, une exposition sur « la réhabilitation à Roubaix » et un débat avec des étudiants architectes sont proposés aux habitants du quartier.

Le projet vu de l'angle de la rue de la Basse masure et de la rue Turgot Photo NE
Le projet angle de la rue de la Basse masure et de la rue Turgot Photo NE

 (à suivre)

Les magasins populaires

La rue Pierre Motte est de longue date une importante rue commerçante, du fait de sa proximité de la Grand place de Roubaix, mais également pendant plus d’un siècle de la présence des Halles centrales de Roubaix. Une rue perpendiculaire à la rue Pierre Motte en perpétue le souvenir. L’enseigne Darty a quitté Roubaix depuis le printemps 2013. En attendant de savoir ce qui lui succédera, nous nous sommes penchés sur l’histoire du 15 rue Pierre Motte .

Rue Pierre Motte, le futur emplacement des magasins populaires CP Coll Méd de Rx
Rue Pierre Motte, sur la gauche, le futur emplacement des magasins populaires CP Coll Méd de Rx

En 1898, le n°15 de la rue Pierre Motte est un estaminet, tenu par M. Turbe. Dix ans plus tard, les magasins Carré, puis Nollet Carré occupent l’endroit. Ensuite, ce sera le magasin « Au soldeur » dont le propriétaire était M. Henri Moha, et qui possédait également  tous les numéros de la rue jusqu’aux Bains Roubaisiens, soit du n°15 au n°29. Ce qui donne une idée de la surface présente. Une telle surface ne pouvait que convenir à l’emplacement d’un nouveau type de commerce, le magasin populaire à prix unique.

En 1879 est lancé pour la première fois le concept de magasins populaires. C’est aux Etats-Unis que Franck Winfield Woolworth choisit de privilégier l’emplacement en centre-ville, une surface moyenne, de nombreuses collections, des prix réduits[1]. Mais c’est seulement à partir de 1931 que l’idée vient à séduire l’Europe. C’est après la crise des années 1930, que s’ouvre à Rouen le premier magasin à prix unique, Monoprix.  Au même moment, les Nouvelles Galeries lancent Uniprix et les Magasins du Printemps créent Prisunic, tous sur le même créneau de magasins citadins à bas prix[2].

L'ouverture d'Unifix Pub Journal de Roubaix 1934
L’ouverture d’Unifix Pub Journal de Roubaix 1934

En 1934, la société roubaisienne des grands bazars modernes demande l’autorisation d’aménager le n°13 de la rue Pierre Motte en logement, et de démolir un vieil immeuble au n°15 occupé par le magasin « au soldeur », et enfin d’édifier sur cet emplacement augmenté de la propriété de M. Nollet, un immeuble dont l’enseigne sera UNIFIX. Le samedi 15 septembre 1934, les magasins UNIFIX procèdent à l’ouverture de leurs magasins au 15 rue Pierre Motte à 10 heures du matin.

La réouverture d'Unifix Pub Journal de Roubaix 1934
La réouverture d’Unifix Pub Journal de Roubaix 1934

Le 23 novembre 1934, un incendie détruit une bonne partie des magasins UNIFIX de la rue Pierre Motte. Le feu provoqué par un court-circuit a fait un million et demi de dégâts. La société demande l’autorisation de reconstruire le magasin et les réserves. Dès le mois de décembre 1934, UNIFIX reprend ses activités.

Il semble que les magasins du n°15 de la rue Pierre Motte soient devenus pendant la guerre la propriété de la société centrale de magasins à prix uniques sise 102 rue de Provence à Paris, sous l’enseigne PRISUNIC. En effet, un courrier adressé au maire de Roubaix et daté du 28 mai 1942 certifie que la dépense à effectuer pour les transformations de l’immeuble du 15 rue Pierre Motte ne dépassera pas les 100.000 francs. Le 20 août 1943, la même société demande l’autorisation d’établir sur la façade du magasin l’enseigne PRISUNIC. A-t-elle été posée ? Nous faisons appel aux témoins de l’époque.

L'ouverture de Monoprix en 1950 Pub NE
L’ouverture de Monoprix en 1950 Pub NE

MONOPRIX ouvrira ses portes le samedi 1er avril 1950 à 10 heures. Pendant plus de vingt cinq ans, Monoprix proposera le libre service intégral afin de rendre les magasins plus fluides, des produits à des tarifs plus compétitifs, ses propres marques : Montjoly et Beaumont pour l’alimentation, Florine pour le textile, Kilt pour le bazar, Sipratic pour l’entretien. A Roubaix particulièrement, on lui doit la création d’un parking supplémentaire de trente places sur le toit du magasin. Sa fermeture est annoncée en juillet 1976, en raison de la baisse du chiffre d’affaires, due à l’ouverture récente d’un supermarché Auchan dans le centre commercial Roubaix 2000.

Monoprix en 1973 Pub NE
Monoprix en 1973 Pub NE
Sources : archives municipales de Roubaix
Presse : Le Journal de Roubaix et Nord Eclair

 


[1] Extrait de jeanchristophe.canalblog.com Monoprix, sur le Magasin Populaire

[2] Extrait de Wikipédia sur Monoprix