Une station service du boulevard Gambetta

Jusqu’en 1895, le terrain situé au coin du boulevard Gambetta et de la future rue Louis Catrice est vide de constructions. Cette parcelle appartient en 1887 à la famille Briet-Fremaux. A partir de cette date l’estaminet Harincouck s’y installe, indiqué au numéro 103, juste avant la rue du Bassin. Le Ravet-Anceau de 1904 nous informe que sa veuve a repris l’estaminet. Le débit de boissons est tenu ensuite par M. Meschaert entre 1907 et 1910. Ce commerce disparaît finalement ; plus rien ne figure au 103 jusqu’en 1926. Cette année là, M.Hermans aménage un garage au coin de la rue Catrice dans un ancien atelier.

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Le plan de masse nous montre que le garage est un peu en retrait en retrait par rapport au boulevard. C’est l’occasion pour M. Hermans de compléter son installation par une pompe à essence placée le long du trottoir. Mais il veut faire plus et dépose en 1939 une demande pour remplacer ce bâtiment par un autre, plus moderne et plus fonctionnel. On découvre après guerre ce nouveau garage, en retrait par rapport à un poste de distribution orné de deux magnifiques pompes manuelles.

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Les années s’écoulent et, si en 1953 on retrouve toujours le garage sous le nom de P. Hermans, il devient en 1955 la station service J. Druelle, puis, en 1959, la station J. Lemay. qui défend à partir de l’année suivante les couleurs de la marque Mobil, sans changer de propriétaire.

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En 1970, avec la renumérotation, la station prend le numéro 59-61. Une photo nous la montre sous un aspect un peu modifié et dotée de pompes automatiques.

Photo Nord Eclair
Photo Nord Eclair

Mais les temps ne sont bientôt plus aux stations-services sur le boulevard Gambetta. Celle-ci ferme ses portes. Un commerce de machines-Outils, tenu par M. Jonville lui succède. La façade est avancée et atteint désormais l’alignement autorisé. Une photo de 1985 nous montre le bâtiment.

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Mais Les machines-outils, elles non plus, ne font durablement recette, et ce négociant est contraint à la fermeture. Le magasin, après être resté vide quelques années, est aujourd’hui occupé par une entreprise de pompes funèbres.

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Tous les documents proviennent des archives municipales.

La Fonderie du Tilleul

Roubaix, ville de fonderies ? On pourrait le croire, quand on compte le nombre de fonderies de toutes sortes, cuivre, fer, acier, bronze…existant sur Roubaix au début du vingtième siècle. Chaque quartier ou presque avait une fonderie : la fonderie de l’épeule, la fonderie de la fosse aux chênes, une rue des fondeurs existait même qui se trouvait à deux pas du débouché de la rue de l’Alma dans la rue de Tourcoing.

En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière
En tête de la fonderie du Tilleul Coll Particulière

Le 22 mars 1921, MM Vandekerkove et Vanacker déposent une demande d’autorisation de bâtir une nouvelle fonderie, à l’angle des rues Lalande et Pierre de Roubaix. Ainsi est créée la fonderie du Tilleul, dans une partie de Roubaix déjà urbanisée, entre le Pile et le fort Despretz, à deux pas du square Destombes, et à quelques encâblures de l’hôpital de la Fraternité.

Plan de la fonderie du Tilleul AmRx
Plan de la fonderie du Tilleul AmRx

Le 7 avril 1926, cette société demande l’autorisation d’établir une salle d’ébarbage, de sableuse et garage. Bien qu’étant à proximité des usines textiles du boulevard de Mulhouse, les affaires de la fonderie du Tilleul ne vont pas bien.

La société Honoré Coll Particulière
La société Honoré Coll Particulière

En 1936, Désiré Honoré rachète la fonderie du Tilleul qui périclitait et était arrêtée. La société Honoré, c’est quatre générations investies dans la construction de métiers pour le textile. Directeur de tissage rue Nain, Désiré Honoré a créé sa propre société en 1878, dont le siège se trouve rue Bernard depuis le début. Son fils reprend une fonderie à Croix, puis la fonderie du Tilleul, son petit fils élargit la clientèle (pompes, agriculture) dans les années cinquante. L’arrière petit fils, Yves Honoré prend la direction de cette fonderie de fonte qui travaillait avec deux équipes, et qui comprenait dans sa clientèle le Peignage Amédée, et la Lainière de Roubaix, pour lesquels on produisait surtout des cardes. En 1999, la fonderie Honoré demande l’autorisation pour l’ouverture d’une grand porte donnant sur la rue Lalande, car le trafic de la rue Pierre de Roubaix est tel qu’il empêche toute manœuvre.

Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps
Vue de la fonderie Honoré Photo Google maps

En 2009 le maire de Roubaix prend un arrêté de pollution. Certes, il peut y avoir une pollution olfactive, avec le vent d’ouest, et sans doute le bruit résultant des différentes opérations de fonderie. Après analyse, rien de probant n’est trouvé, il y avait bien du phénol, mais le sable était recyclé. Quant aux métaux lourds, la fonderie n’en générait pas plus que la circulation automobile, selon Yves Honoré. Des forages ont été effectués qui n’ont rien donné. Néanmoins, en 2009, c’est la fermeture, au grand désespoir de M. Honoré, malgré un carnet de commandes encore plein. Il est donc procédé au licenciement des quatorze personnes qui y travaillaient, ce qui est un signe de la viabilité de l’entreprise. Le site est vendu, la mairie achète pour bâtir. Le terrain de 4.000 m² de surface est nivelé et dit « friche industrielle », ce qui est inexact, au regard des analyses et de l’historique de la fermeture.

Projet immobilier sur le site
Projet immobilier sur le site Site ville de Roubaix

En 2011, le projet de lotissement au croisement des rues Lalande et Pierre-de-Roubaix, n’a pas avancé. Il faut attendre 2015 pour qu’il soit sur les rails, et présenté aux habitants lors d’une réunion publique. Si tout se passe bien, le chantier sera terminé mi-2018.

Remerciements à M. Yves Honoré pour son précieux témoignage

L’hôtel des pompiers

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En 1907, le conseil municipal approuve les plans de Louis Barbotin pour la construction d’un nouvel hôtel des pompiers sur un terrain de 1500 mètres carrés sis au coin du boulevard Gambetta et de la rue Pierre de Roubaix. On avait d’abord envisagé un emplacement place Notre Dame, à la place de l’ancien conservatoire de musique, mais les rues avoisinantes, étroites et encombrées n’étaient pas adaptées au passage du matériel d’incendie.

A cette occasion, le Journal de Roubaix réalise plusieurs articles dans lesquels sont présentés dans les détails la compagnie des sapeurs pompiers, ses effectifs et son matériel, laquelle était installée jusque là dans les bâtiments de la mairie. Ces bâtiments sont destinés à une démolition prochaine, un nouvel hôtel de ville devant être construit sous peu.

Les anciens locaux - Photo journal de Roubaix
Les anciens locaux – Photo journal de Roubaix

En attendant la construction du nouveau immeuble, la caserne va être logée provisoirement au 99 du boulevard Gambetta, au coin de la rue Catrice, dans les anciens magasins de M. Vermylen, négociant en cotons. Le journal relate le déménagement et décrit les nouveaux locaux provisoires qui permettent de loger l’adjudant-télégraphiste et deux cochers. Il précise que les autres sapeurs pompiers, titulaires et volontaires logés dans le quartier peuvent être prévenus par une sonnerie électrique qui retentit simultanément dans chacun de leurs domiciles.

Les locaux provisoires
Les locaux provisoires

Le bâtiment définitif permettra de loger 30 pompiers. Il comprendra une salle de gymnastique et une grande cour pour les manœuvres. L’adjudication des travaux a lieu en avril 1908. Le Journal de Roubaix annonce l’année suivante que le gros œuvre est terminé, et loue la silhouette du nouveau bâtiment à qui il trouve grande allure.

L'immeuble en construction – photo JdR
L’immeuble en construction – photo JdR

Notre hôtel des pompiers entame alors une carrière longue et donne satisfaction à tous pendant de nombreuses années. La Voix du Nord publie en 1963, à l’occasion des journées nationales du feu, un reportage ventant l’excellence et l’ultra modernité du matériel employé, que la population pourra apprécier lors de la visite traditionnelle de ce que l’on baptise le « centre de secours ». Le centre comprend à cette époque 80 hommes divisés en deux équipes qui se relaient toutes les 24 heures.

L'évolution du matériel - Photo du bas la Voix du Nord
L’évolution du matériel – Photo du bas la Voix du Nord

Mais le temps passe et les installations, aussi bien prévues soient elles, finissent par devenir insuffisantes et on songe, dans la deuxième moitié des années 70, à les remplacer. Les pompiers vont alors s’installer, boulevard de Mulhouse, dans un nouveau centre terminé en 1983.

La décision est ensuite prise de démolir l’ancien bâtiment. Celui-ci va disparaître en 1985 dans un nuage de poussière. La démolition est entreprise par la société Capon.

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Cette démolition a un but : l’installation de la caisse d’allocations familiales de Roubaix, dont M. Diligent pose la première pierre la même année. Le bâtiment, contribuant selon le journal « à la rénovation du centre de Roubaix », doit accueillir 250 employés en octobre 1986.

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Les documents proviennent des archives et de la médiathèque municipales.

100 ans avant les Nations Unies

Dès la fin des années 1860 on recherche une voie de communication plus directe entre les centres de Roubaix et de Tourcoing que la route n°14, ou rue de Tourcoing. Les deux municipalités se concertent et, en Mai 1872 se réunit le conseil municipal roubaisien pour voter un projet d’ouverture de voie entre le boulevard d’Armentières et le champ des Nonnes à Tourcoing. Au mois de juin M. Motte-Bossut, rapporteur d’une commission d’examen nommée à cet effet, donne lecture d’un rapport sur le sujet. Il souligne l’accord entre les deux villes pour partager le coût de la réalisation. On pense notamment construire un pont, comptant une participation financière de l’État.

Plan 1872
Plan 1872

En ce qui concerne le territoire de Roubaix, la voie emprunterait la rue d’Alsace alignée à 20 mètres de large. De même, il faut élargir la place de la Patrie.

Passage obligé de la voie nouvelle, le pont St Vincent a été construit en 1863. Il est très étroit, au point de susciter les critiques de tous par son côté peu pratique et les dangers que représentent ses garde-corps à claire-voie. La municipalité, relayant les pétitions des habitants, va réclamer qu’on double la largeur du pont pour la porter à 15 mètres. La compagnie des chemins de fer est prête à accéder à cette demande, pourvu que la ville finance les travaux.

Le pont en 1867
Le pont en 1867

Le projet comprend également l’élargissement de la rue St Vincent qui passerait de 12 à 15 mètres en mordant sur l’école des filles et sur l’hôpital.

Enfin, on prévoit la prolongation de cette rue au delà de la rue de Blanchemaille jusqu’à la rue de l’Ermitage et l’église Notre Dame, au chevet de laquelle on veut créer un élargissement facilitant l’écoulement de la circulation. C’est là le « gros morceau » du projet : en effet, il faut pour opérer cette prolongation traverser deux pâtés de maisons séparés par la rue St Honoré. Le premier, outre les maisons en front à rue, comprend plusieurs courées, et notamment les cours Joye, Duquenne, Delobel et Vandekerkhove, situées sur le passage de la voie nouvelle.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Pour le deuxième bloc d’immeubles, et hormis les maisons en front à rue, le tracé passe sur un jardin, des hangars, mais aussi au beau milieu du tissage Grimonprez et traverse les maisons d’extrémité de plusieurs courées avant de déboucher derrière l’église.

Plan parcellaire 1872
Plan parcellaire 1872

Cette prolongation aura certes un coût élevé, mais on pense qu’elle est nécessaire pour compléter l’avenue nouvelle qui reliera directement les centres villes. L’ensemble du projet est adopté par le conseil municipal le 17 juin 1872. Le préfet lance l’enquête d’utilité publique en mai de l’année suivante.

Dans les années qui suivent, on multiplie études et états estimatifs fondées sur les plans parcellaires, on rachète les parcelles nécessaires à l’élargissement de la rue St Vincent. 1878 voit une nouvelle enquête d’utilité publique pour la prolongation qui conclut encore à son bien fondé.

La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre
La rue St Vincent vue depuis la rue de Cassel. Au fond, les bâtiments à abattre

Cependant, le projet de prolongation ne voit pas le jour, les priorités de la municipalité se portant plutôt alors sur le percement de l’avenue de la Gare, dont l’avant-projet datant de 1871 entre à la fin des années 1870 dans une phase de concrétisation qui débouchera sur les premiers coups de pioche en 1882. On estime sans doute que le trafic pourra rejoindre le centre en empruntant l’avenue nouvelle rejoindra par la rue de l’Alma ou celle de Blanchemaille.
Pourtant un partie du projet se réalise et le journal de Roubaix annonce en 1888 l’élargissement du pont à 15m, la ville ayant accepté de financer cet aménagement. La réception de ces travaux en 1891 clôturera le projet de « l’avenue de Tourcoing » qui aura quand même permis de créer une rue d’Alsace bien dimensionnée et d’élargir la rue St Vincent d’une manière significative.

Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918
Le premier pont St Vincent élargi, démoli en 1918

En ce qui concerne la prolongation de la rue St Vincent, il faudra attendre un siècle pour que, le projet revenant au goût du jour, elle se réalise finalement avec le percement de l’avenue des Nations Unies…

Les documents proviennent des archives et de la médiathèque municipales

Les crémiers du Pile

La boulangerie coopérative du Tilleul CP Méd Rx
La boulangerie coopérative du Tilleul CP Méd Rx

César Jean Claebots avait fait partie des fondateurs de la boulangerie économique du Tilleul, boulangerie coopérative qui se trouvait au 242 rue Jules Guesde (qui s’appelait alors rue du Tilleul). Son fils Albert Claebots reprend les locaux vers 1920 et s’y installe comme marchand de beurre. Très dynamique, il deviendra président du Syndicat des Marchands de Beurre du Nord-Pas-de-Calais et vice-président national.

Le premier crémier Claebots Coll Particulière
Le premier crémier Claebots Coll Particulière

Roger Claebots le petit fils travaille avec son père dès l’âge de 15 ans. En 1953, armé d’un certificat d’études primaires et d’une grosse formation sur le tas, il reprend le magasin seul et le fait évoluer. Le commerce de beurre devient une crémerie avec des conserves et de l’épicerie. Sa femme Christiane vient travailler avec lui en gérance .Ils distribuent des prospectus au Pile et place de la Nation. Ils emploient jusqu’à cinq salariés, car ils font les marchés à Croix, au Nouveau Roubaix et Wattrelos. C’est le temps de la voiture fourgon réfrigérée qui durera jusqu’en 1980. A cette époque, ils vendent deux tonnes de beurre par semaine pour les particuliers.

Roger et Christiane Claebots et leur beau père Photo NE
Roger et Christiane Claebots et leur beau père Photo NE

Mr et Mme Roger Claebots ouvriront trois crémeries. Déjà propriétaires du commerce de la rue Jules Guesde, ils ouvrent un deuxième magasin 80 Grand rue à Roubaix en face de la rue du collège, où sera ensuite installée une marchande de volailles Madame Rotsaert. En 1968, un troisième commerce est bientôt ouvert rue de la Vigne à Roubaix. Roger et Christiane sont locataires de cette crémerie épicerie avec leur fils Eric. Albert, le frère de Roger, avait un magasin de beurre à l’angle de la rue Decrême au 142 de la rue de Lannoy et un autre magasin avenue Linné.

Le magasin Claebots de la rue de Lannoy Photo NE
Le magasin Claebots de la rue de Lannoy Photo NE

 

Le magasin Claebots de l'avenue Linné Photo NE
Le magasin Claebots de l’avenue Linné Photo NE

De 1980 à 1987, le chiffre d’affaires baisse pour le commerce du beurre. On ne vend plus que 150 kg par semaine à la place de deux tonnes à cause de l’abandon des marchés. C’est le petit commerce alimentaire qui subit de plein fouet l’arrivée des grandes surfaces. A la suite de quoi, le commerce de Roger et de son épouse devient l’indispensable magasin de dépannage en conserves et crémerie au Pile. En 1990, Roger est obligé à 58 ans, d’avoir d’autres activités professionnelles complémentaires .Il devient agent mandataire de l’UAP.

D’après l’interview réalisée par Jean Michel

 

Le Relais Gambetta

Sur une vue du boulevard Gambetta antérieure à 1907 nous remarquons une maison à la basse toiture formant le coin de la rue centrale. Elle possède une porte cochère, et une charrette à bras y stationne. A côté une maison à un étage à trois ouvertures. Le Ravet-Anceau de 1904 indique C. et C. Honoré, mécaniciens, au numéro 100.

Document collection particulière
Document collection particulière

Mais cette activité ne durera guère, car, dès 1906, M. Vermant y tient un commerce de meubles. Il sera suivi en 1910 par M. Vandenbrouck, négociant en charbons, qui cesse son commerce avant 1926.

C’est à cette même adresse qu’apparaît en 1953 une station service dénommée le Relais Gambetta, dont le gérant est R. Corman. C’est l’une des trois premières stations citées à Roubaix dans le Ravet Anceau. Elle comprend la maison basse et sa voisine à étage. Les deux façades seront conservées dans un premier temps en l’état, agrémentées tout de même d’une peinture neuve.

Document archives municipales
Document archives municipales

Mais son aspect change bientôt : on élargit la zone d’accès aux véhicules en perçant une ouverture dans la maison à étage, et on installe un bardage pour unifier et moderniser l’ensemble.

Document médiathèque de Roubaix
Document médiathèque de Roubaix

La station défend les couleurs de la société Shell et aligne fièrement trois pompes manuelles le long du trottoir, de celles qui ne débitaient que par multiples de cinq litres. C’est l’époque où seul le pompiste était autorisé à manoeuvrer bras-levier et tuyau de remplissage. L’intérieur de la station, entièrement carrelé, est ultra-moderne et fonctionnel. Une fosse permet d’effectuer simplement les opérations de graissage, de vidange et d’entretien.

Document collection particulière
Document collection particulière

En 1955 et jusqu’en 1968, le gérant de la SARL du Relais situé aux numéros 96 et 98 est monsieur Vercleven.

Mais c’est l’époque où se réalise le projet de rénovation des îlots insalubres, et l’opération Anseele ne tarde pas à faire disparaître les uns après les autres les constructions situées autour de la station. Une photo aérienne de 1969 nous la montre bien seule sur son coin de rue.

Photo IGN 1969
Photo IGN 1969

Les travaux ne s’arrêtent pas là et c’est au tour de la station de disparaître, alors que les premiers collectifs s’élèvent. Pourtant, le site doit être stratégique pour la compagnie, car on construit une station neuve et plus au goût du jour à quelques mètres de là et sur le même trottoir. Une photo aérienne de 1971 nous montre à droite l’emplacement de l’ancienne station, et la nouvelle en fonction.

Photo IGN 1971
Photo IGN 1971

A la suite de la renumérotation du boulevard due aux multiples démolitions, cette nouvelle station est maintenant située au numéro 44. Présente jusqu’en 1986, elle ferme l’année suivante pour servir de parking sauvage pendant plusieurs années. Elle est finalement démolie entre 1995 et 2000, et l’on plante une pelouse sur son emplacement. Actuellement, c’est un restaurant qu’on trouve à cet endroit.

Photo Google 2016 et document Nord Matin 1965
Photo Google 2016 et document Nord Matin 1965

Le refuge du quai de Gand

Lors de la fondation de l’antenne roubaisienne de la Ligue Protectrice des Animaux par M. Lenglant, la ville met à leur disposition un espace dans l’abattoir en 1957, puis, en 1959, les loge dans les bureaux de l’ancien dépôt des tramways situé rue de Mascara. On y installe des boxes et un enclos extérieur pour permettre aux animaux de prendre l’air. Ceux-ci sont sous la garde vigilante de M. Fontaine, nous précise la Voix du Nord.

Le refuge rue Mascara en 1959 – photo la voix du Nord
Le refuge rue Mascara en 1959 – photo la voix du Nord

Mais cette implantation n’est que provisoire, et, en 1965, le refuge s’installe près du canal, au coin de la rue Turgot et du quai de Gand sur un espace planté de jardins.

Le nouveau lieu d'implantation – photo IGN 1947
Le nouveau lieu d’implantation – photo IGN 1947

On construit à cet effet un bâtiment à un seul niveau dont la façade s’aligne le long du quai. Un espace reste libre derrière la nouvelle construction pour permettre les ébats des « réfugiés » tout en laissant la place à une future extension.

Photo IGN 1965
Photo IGN 1965

L’ouverture est prévue pour le 27 décembre. Nord Matin qualifie le bâtiment de « coquet » avec sa peinture blanche et bleu-ciel. Le journal souligne le progrès réalisé par rapport aux locaux précédents « perdus au fond d’une impasse tristement mélancolique ». Les installations comprennent un bureau, une infirmerie, et, au fond, 26 boxes avec accès à une grande cour carrelée s’ouvrent sur un long couloir. Mme Dewitte en est la gérante. Le personnel bénévole comprend en outre quatre personnes, et l’association emploie deux vétérinaires.

Les nouveaux locaux – photo Nord Matin
Les nouveaux locaux – photo Nord Matin

Le temps ayant passé, ces installations sont devenues de plus en plus vétustes et sont constamment bondées. En 2012, le refuge comprend 70 box, mais ils sont insuffisants en nombre pour accueillir les animaux abandonnés. Les responsables de l’association drainant les animaux de 80 communes réclament périodiquement des locaux plus grands, mais la question du relogement reste pour l’instant sans solution. Un prochain déménagement, cinquante ans après le précédent, se fait encore attendre…

Document LPA - 2013
Document LPA – 2013

Hormis le dernier, les documents proviennent des archives municipales.

 

La rue Bernard

L’abbé Leuridan nous renseigne sur l’origine du nom de la rue Bernard : elle s’appela d’abord rue du moulin Bernard du nom du propriétaire d’un moulin à broyer le bois de campêche. Après un incendie vers 1850, on l’appela un temps la rue du moulin brûlé, et finalement la rue Bernard.

Souvenirs de la rue Bernard...dans la rue de Lannoy Coll particulière
Souvenirs de la rue Bernard…dans la rue de Lannoy Coll particulière

Après la seconde guerre, longue de 365 mètres et large de 10 mètres, cette rue relie la rue de Lannoy et la rue Pierre de Roubaix, parallèlement au boulevard Gambetta. Cette situation lui vaut d’accueillir un certain nombre d’établissements industriels : aux n°15/17/19 le fabricant de machines textiles Honoré, et au n°37, la société Charles Huet et Cie, lainages et robes. Du côté pair, on trouve au n°2 l’atelier de fabrication du chapelier Jean Déarx, les ateliers Decanis, Literie et Matelasserie du Nord. Tout au bout de la rue, à proximité de la caserne des pompiers du boulevard Gambetta, se trouve encore l’usine à gaz au n°134, plus connue sous le nom de gazomètre, qui n’est plus qu’un dépôt.

Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière
Le chapelier Jean Déarx Coll Particulière

Les commerçants y sont relativement nombreux : remarquons une oisellerie au n°1, un boucher M. Mathon au n°32, plusieurs épiciers, et une bonne dizaine de cafetiers. La rue Bernard a aussi son lot de courées : au n°11 la cour Vincent, au n°25 la cour Bernard, au n°22 la cour Florentin, au n°34 la cour Duthy, au n°40 la cour Castel, au n°46 la cour Vlieghe, au 72bis la cour Duquesnoy Crochon, au n°88 la cour Jean Ryckewaert, au n°98 la cour Veuve Raux, au n°110bis la cour Bernard-Spriet. Bien que dépendant de la paroisse Ste Elisabeth, la rue Bernard abrite un dispensaire, la Maison Saint Jean Bosco, des Petites Sœurs de l’ouvrier, qui à l’occasion baptise ou marie les habitants du quartier.

Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE
Le bâtiment des pompiers, rue Bernard Photo NE

La rue Bernard connaîtra bientôt les affres de la démolition, dans le cadre de l’opération Edouard Anseele. Dans les derniers temps, en 1963, signe de l’avancement des travaux, il ne subsiste plus que les numéros impairs, et les huit premiers numéros pairs, les deux ateliers de chapellier et de matelasserie. Tout cela disparaît en 1964 avec le début de la rue de Lannoy. C’est dans la rue Bernard que sera réalisé le premier immeuble de l’opération Anseele, dénommé bâtiment des pompiers, car proche de la caserne des pompiers et fournissant le logement aux combattants du feu. La rue Bernard appartient désormais au passé, nous la connaissons aujourd’hui sous le nom de rue Jules Watteeuw, dit le broutteux, célèbre poète patoisant.

Quand le Pile rénovait son église

Autrefois, le Pile était rattaché à la paroisse Sainte Elisabeth après la construction de cette église en 1863. Cet état de fait dura plus de vingt ans, pendant lesquels la ville et le quartier virent leur population grandement augmenter. Mgr Berteaux, curé doyen de Saint Martin, décide de construire un lieu de culte au Pile et il n’hésite pas à financer le projet. L’architecte Paul Destombes est choisi pour la construction, et la bénédiction de l’église du Très Saint Rédempteur a lieu le 18 février 1884. Elle sera meublée grâce à la générosité des paroissiens. Avec l’installation des orgues en 1897 l’église est complètement achevée.

St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx
St Rédempteur ancien et contemporain CP & Photo Méd Rx

Pendant la seconde guerre mondiale, le 31 août 1941, le quartier est touché par un bombardement anglais et le clocher de l’église est atteint, le portail vole en éclat, les vitraux sont pulvérisés. Une quarantaine de bombes font 38 victimes et 56 blessés. Ce n’est qu’en 1947 que des réparations importantes sont réalisées sur le clocher et la toiture de l’église. Depuis l’origine, le Très Saint Rédempteur, n’a jamais fait le plein des fidèles du secteur, et la situation s’est dégradée peu à peu. De plus, des fissures sont apparues qui menacent l’équilibre de l’édifice. En 1988, l’évêché décide de se séparer de l’église du Pile, car elle est en mauvais état et inadaptée aux besoins du quartier dont la population a beaucoup changé. L’association diocésaine de Lille, propriétaire du bâtiment depuis 1926, la fait détruire en 1990.

Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx
Bombardement du Pile août 1941 Photo JdeRx

Sur le terrain laissé vacant après la démolition, on décide de reconstruire un lieu de culte ainsi que neuf maisons avec jardin et garage. L’église réalisée en 1993-1994 est due à Philippe Escudié et Jean-François Fermaut. Sa construction est financée par la commune de Roubaix mais la maîtrise d’ouvrage est assurée par l’association diocésaine de Lille. C’est une église de forme circulaire à laquelle sont adjointes des salles de réunions. Un campanile porte la cloche de l’église et s’élève au dessus des bâtiments, et devant le lieu de culte s’étend un parvis. L’église en brique s’inscrit dans la continuité d’un ensemble immobilier d’appartements HLM. Un passage couvert permet d’assurer l’entrée côté immeuble et côté place. L’édifice comporte un lieu de culte d’une capacité d’accueil de 130 à 140 personnes, deux salles de réunion séparées par une cloison amovible et une salle d’activités.

Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional
Le nouveau St Rédempteur Photo Conseil Régional

Sources :

Histoire des rues de Roubaix par les flâneurs

Pile à Cœur, écrit par Serge Leroy et Raymond Platteau, avec la participation des bénévoles et des salariés du comité de quartier du Pile

Le lycée Jean Moulin

Dans son numéro du 24 Août 1969, Nord Éclair annonce la construction d’un Lycée Technique Mixte boulevard de Paris, au milieu de « magnifiques parcs privés qui entouraient les châteaux bordant le boulevard ». Le journal se félicite, selon l’opinion couramment partagée à l’époque, de cet événement qui va contribuer à donner un visage moderne à la ville. Il s’agit de remplacer le Lycée de la place Notre-Dame, trop petit. Le nouvel établissement doit comporter des sections industrielles et commerciales et intégrer un collège d’enseignement technique jumelé. Une grande cuisine et sept salles à manger, nécessaires pour nourrir les 1500 élèves prévus, doivent compléter l’ensemble.

Document Nord Éclair
Document Nord Éclair

Le futur Lycée doit trouver sa place entre la rue du Général Chanzy et la rue Dammartin. Cette zone, construite à l’époque depuis près de cent ans, est constituée de beaux immeubles construits en front à rue et de magnifiques propriétés constituées d’hôtels particuliers qui s’élèvent au milieu de parcs ornés de pièces d’eau. On trouve, en 1885, entre les numéros 39 et 47 les familles Cavrois-Mahieu, Druon-Voreux, Wattinne-Hovelacque, Destombes, ainsi que les assurances Verspieren, et, en 1939, les familles Loridan-Dassonville, Cavrois, Dhalluin, Thibeau-Motte, Wattinne-Dubrulle, et Motte-Rasson. Les propriétés les plus importantes sont les numéros 39, le château Cavrois et 43, l’hôtel Thibeau-Motte, séparés du boulevard par un mur surmonté d’une grille imposante.

Il va falloir démolir tout ça.

 

Documents IGN 1953 – en encart l'hôtel Thibeau-Motte.
Documents IGN 1953 – en encart l’hôtel Cavrois.

Dès 1966 le conseil municipal a décidé du périmètre à consacrer au lycée dans le cadre de l’aménagement du boulevard de Paris. Les architectes désignés sont MM. Neveu, Spender et Aureau. On décide cette même année d’acquérir soit à l’amiable, soit par expropriation les propriétés et le préfet lance une déclaration d’utilité publique. Les travaux seront financés grâce à un emprunt d’un montant de 1 750 000 F contracté auprès de la caisse des dépôts. En 1968, on procède à l’expropriation pour cause d’utilité publique de la propriété appartenant aux consorts Thibeau (n° 43). C’est la communauté urbaine qui sera chargée de la construction. Les travaux de démolition commencent

Photo Nord Éclair. Au premier plan le bassin, au fond les restes de l'hôtel particulier
Photo Nord Éclair. Au premier plan le bassin, au fond les restes de l’hôtel particulier

La construction démarre au début de l’année 1971. Le temps est compté : le lycée doit ouvrir ses portes à la rentrée de septembre de l’année 72.

Le début des travaux - Photo Nord Éclair
Le début des travaux – Photo Nord Éclair

Tout se passe conformément aux plans, puisque la réception des travaux a lieu début Août 72. Le journal se réjouit du bel aspect de l’édifice. L’architecte a réussi à insérer les bâtiments en conservant certains des arbres centenaires. Face au boulevard de Paris, un bâtiment bas permet l’entrée des élèves et abrite les bureaux de l’administration. Sur la gauche, placé à angle droit, une vaste construction de trois étages rassemble les salles de cours. A droite, toujours perpendiculairement au boulevard, les logements sur trois niveaux, et, au fond, l’ensemble cuisine-réfectoire. On prévoit tout au fond, le long de la rue Coligny, une salle de sports. C’est Mlle Leroy, sa directrice, qui présidera aux destinées de l’établissement

La réception des travaux – photo Nord Éclair
La réception des travaux – photo Nord Éclair

L’inauguration conjointe du collège Samain, rue d’Alger et du lycée Jean Moulin, a lieu en février 1973, en présence d’Arthur Notebart, président de la Communauté Urbaine, et de M. Provo, le maire de Roubaix, parmi de nombreuses personnalités.

Le parking professeurs en 1993
Le parking professeurs en 1993

Les documents proviennent des archives municipales.