De la chocolaterie St Pierre, au bonbon Lutti

Léon Desprets est né à Hem en 1922. A 14 ans, en 1936, il passe son certificat d’études, et devient apprenti à la pâtisserie De Ruyver au 200 rue de Lannoy à Roubaix. Deux ans plus tard, il vient travailler dans la boulangerie de ses parents au 13-17 rue de Roubaix à Toufflers.

Léon Desprets en 1938 ( Document J.J. Desprets )

En 1942, Léon se marie avec Gabrielle Dumont, et reprend la boulangerie familiale. Il a l’esprit créatif et souhaite entreprendre. Il fabrique plusieurs spécialités en chocolat, dont la célèbre « bouteille liqueur », enrobée de chocolat, qu’il livre aux commerces de détail, par l’intermédiaire d’un grossiste : les Ets Bernard à Cambrai. En 1943, il commence à livrer des tartes et des gaufres fourrées, chez des gros clients, comme Prisunic. Il vend également des produits de négoce, comme les bonbons de La Pie qui Chante, ou les biscuits de Geslot Voreux. Il livre ses produits de confiserie dans les salles de spectacle : le Casino, le Carioca, et le cinéma Noêl.

La boulangerie en 1948 ( Document J.J. Desprets )

Le succès est immédiat ; il crée la confiserie des 2 gourmands et la chocolaterie Saint Pierre en 1949.

En 1950, Léon a quelques problèmes de santé, et doit rester 6 mois allongé. Il décide alors de revendre le commerce de Toufflers. Son épouse reprend la pâtisserie Savora au 35 rue de Lannoy à Roubaix. Ils habitent au 32 rue de Montgolfier

Savora 35 rue de Lannoy ( Document J.J. Desprets et coll. priv. )

Léon installe sa petite entreprise, au 35 rue d’Artois à Roubaix, dans des locaux plus vastes, ce qui lui permet de développer sa production.

Bâtiment rue d’Artois ( Document Archives Municipales )
( Document coll. priv. )

En 1953, il développe sa gamme de produits en ajoutant à son catalogue : des bouchées-cerise, des boules-crème, des souris-caramel, des guimauves, des rochers-chocolat, des pralines liqueur. Il crée également une délicieuse friandise : « Les Malices de Roubaix »

( Document coll. priv. )

Les locaux de 800 m2, du bâtiment de la rue d’Artois, deviennent très rapidement trop petits. Léon Desprets envisage donc de trouver un endroit plus grand. Il apprend que le bâtiment qui abritait le Cercle de l’Industrie, au 7 bis Grand-rue, est libre ; il saute sur l’occasion et s’y installe en fin d’année 1954. La société connaît alors une ascension fulgurante : 150 personnes travaillent désormais dans l’entreprise. La chocolaterie Saint Pierre et la confiserie des 2 gourmands deviennent une SARL.

( Document coll. priv. )

Il trouve de nouveaux lieux de stockage, dans les locaux de la brasserie du Fresnoy, rue de Rome ; les transports sont alors assurés par une entreprise voisine, les Ets Vanhove au 82-84 de la même rue.

Léon Desprets, à droite Alexandre Willerval, à gauche André Lorthiois et Michel Bogaert ( Document Nord Eclair )

Léon Desprets gère parfaitement bien son entreprise. Il a des qualités de décisionnaire et de manager, ce qui ne l’empêche pas de diriger « en bon père de famille », puisque, tous les ans, il invite l’ensemble du personnel ( ouvriers, employés, représentants et cadres ) au traditionnel banquet de Saint Nicolas ( patron des confiseurs ) dans la salle du « Carrefour », au 84 Grand rue.

( Document coll. priv. )

En 1960, il achète le bâtiment du 4 quai de Dunkerque, qui était l’emplacement de l’usine textile G. W. Richardson. C’est un bâtiment impressionnant de 3 étages, et d’une hauteur de plus de 18 mètres. En 1963, 200 personnes travaillent dans la société.

L’année suivante, il rachète l’entreprise Lamy de Lyon qui fabrique le bonbon caramel Magnificat.

( Document coll. priv. )

L’expansion rapide de la société amène Léon à s’associer avec Maurice Desurmont pour permettre de financer le développement de l’entreprise. Bernard Desprets le fils de Léon, vient aider son père dans l’entreprise en 1965.

En 1966, il décide de créer la CIPAL ( Cie Industrielle des Produis d’Alimentation ) qui est, en fait, la fusion des entreprises St Pierre et Lamy ; le siège de l’entreprise reste quai de Dunkerque.

( Document J.J. Desprets )

Léon Desprets fait quelques travaux : il fait installer une porte cochère, pour un meilleur accès, par le 129 rue de Tourcoing (derrière la station Total du Pont Morel au 131), et il fait aménager des bureaux pour les employés.

L’usine est immense ; des machines sont implantées à tous les étages du bâtiment. On y trouve des machines pour peser, doser, cuire, envelopper, mettre en sachet, conditionner en cartons et en palettes. On trouve également un laboratoire et un restaurant d’entreprise.

( Document J.J. Desprets )

Pour l’approvisionnement en matières premières, le sucre et le glucose sont livrés en vrac, les matières grasses liquides en container, le lait concentré en fûts, et, chaque jour, le lait frais arrive en bidons, ainsi que le beurre et la crème fraîche.

L’équipement ultra moderne de l’usine et les nouveaux apports de matériel performant rendent alors possible une production journalière de 20 tonnes, ce qui permet d’envisager l’avenir avec une grande confiance, en vue d’un développement européen.

A gauche Annie Cordy, à droite Line Renaud et Léon Desprets ( Document J.J. Desprets )

L’entreprise connaît une forte dynamique commerciale. Elle est présente sur de nombreux salons, comme le salon Intersuc, en 1964, en présence d’Annie Cordy, et en 1965, avec Line Renaud.

A la fin des années 60, l’entreprise va racheter des petites confiseries de la métropole, comme Toutexky à Mouvaux, Cauchy à Tourcoing, Marly à Marquette, Saint-Jacques à Tourcoing, Fausta à Tourcoing.

La CIPAL rachète également les locaux de l’ancienne usine Bellevue, Boulevard de l’Egalité à Tourcoing, pour y installer les lignes de production de chocolats et gélifiés. Les productions de confiserie sucre restent à Roubaix.

Léon Desprets en 1967 ( Document J.J. Desprets )

Maurice Desurmont, compte tenu de ses quelques problèmes de santé, décide de vendre ses parts, à la fin des années 60, à Françis Pollet ( actionnaire de La Redoute ). Léon Desprets et Françis Pollet revendent la CIPAL en 1972, au groupe belge Continental Foods, dont le produit phare est le fameux bonbon LUTTI.

Léon Desprets devient le PDG de Continental Sweets. Les produits de la Cipal sont vendus en Belgique, et la Cipal s’occupe de la distribution de Lutti. Cette même année, la société reprend la chocolaterie St Jacques de Mr Tiberghien, à Tourcoing au 43 avenue de la Marne.

En 1975, il y a regroupement pour former une seule société : LAMY-LUTTI.

( Document coll. priv. )

En 1977, Léon Desprets, à la fin de son contrat de 5 ans, quitte l’entreprise, et reprend 2 biscuiteries :

– Sucrema de la rue Ma Campagne à Tourcoing, qui fabrique des biscuits et des gaufrettes fourrées

– Loridan à Roncq qui produit des madeleines.

En 1981, l’usine du quai de Dunkerque quitte Roubaix et déménage à l’usine St Jacques de Tourcoing.

En 1984, une demande de permis de démolir est déposée pour le bâtiment quai de Dunkerque.

( Document Sté Lutti )

Aujourd’hui, le site de production de Lamy Lutti se trouve à Bondues, dans la ZI de Ravennes les Francs. C’est une usine ultra moderne et compétitive qui produit 50.000 tonnes par an.

Lutti est la deuxième marque du marché en France, et la première en Belgique.

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Remerciements aux Archives Municipales, ainsi qu’à Jean-Jacques Desprets pour sa documentation et son témoignage

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Les vêtements Selliez, rue Heilmann

Avec la société des vêtements Georges Selliez, nous allons évoquer une des plus importantes entreprises de confection de France, dont l’une des usines se trouvait au n°26 de la rue Heilmann. Georges Selliez (1869-1934) fils d’un négociant originaire d’Haspres, est né à Roubaix. Le jeune employé de commerce ne tarde pas à se lancer dans l’aventure textile : en 1898, il crée la première manufacture de draps pour hommes à Roubaix, rue Heilmann. C’est sa propre femme, Elise Desmarchelier qui va former les premières mains féminines de cette nouvelle industrie. Puis Georges Selliez va étudier, à Leeds et Manchester, l’organisation et les méthodes des grands ateliers collectifs anglais et les introduit en France avec des outillages inconnus jusqu’alors. En 1908, le Ministre du Commerce et de l’Industrie Jean Cruppi lui confie une mission aux U.S.A. Il part y étudier les méthodes du taylorisme pour les adapter dans l’industrie de la confection. Le rapport qu’il rédige à ce sujet fait quelque bruit.

Georges Selliez Photo Monde illustré 23

En 1912, Georges Selliez confie aux architectes Vandekerchove et Loof de Roubaix la réalisation de ses ateliers de confection. Ces messieurs sont les concessionnaires des bétons armés Hennebique et ils vont donner à l’usine de la rue Heilmann l’allure qu’elle aura longtemps, faite de grandes vitres et de supports en béton. Elle occupe un important espace entre la rue Heilmann, la rue de l’épeule et la rue de Turenne.

L’usine Selliez, Photo Monde illustré 1923

Pendant la première guerre mondiale, l’usine est réquisitionnée par les allemands pour fabriquer des sacs pour les tranchées, ce qui provoque une émeute et la répression allemande sous forme de rançonnement en argent ou de déportation d’otages. La fabrication n’aura qu’un temps, la matière venant bientôt à manquer. L’usine est alors transformée en caserne. Puis à leur départ, les allemands procédent à un nettoyage par le vide, comme partout ailleurs.

Intérieur de l’usine Selliez Photo Monde illustré 1923

En mars 1919, Georges Selliez aidé par deux jeunes associés, Paul et Eugène Prouvost Crépy, qui furent de glorieux aviateurs pendant la grande guerre, remet l’usine en route avec un personnel d’élite et expérimente de nouvelles machines. Dans des salles baignées de lumière, on coud des boutons, on monte des paires de manches. Des machines à points invisibles, à faufiler, à rabattre remplacent le travail à la main.

Intérieur de l’usine Selliez Monde illustré 1923

En 1923, la Société Anonyme des Vêtements Georges Selliez à Roubaix produit 1500 complets par jour et, de leur côté, ses usines de Tourcoing, Carvin, Paris, Vienne, totalisent 7500 pièces par jour, réalisant ainsi la plus forte production sur le continent.

En tête Selliez Coll Méd Rx

Esprit ouvert, homme tourné vers l’avenir, Georges Selliez s’investit aussi dans l’enseignement : il sera officier de l’Instruction Publique en 1928, membre du Conseil Supérieur de l’École Nationale des Arts et Industries Textiles, membre du Conseil Général de la Ligue Française de l’Enseignement et par ailleurs conseiller municipal de Roubaix, Vice-Président du Parti Radical Socialiste. Il sera également président de la FAL de Roubaix. Il décède en 1934. Ses associés Prouvost Crépy prennent la suite et gardent la marque. La société Flipo Manutention est propriétaire des locaux en 1980 et en sera vraisemblablement le dernier occupant avant que cette usine soit démolie. Un article de presse évoque le nouveau parking Flipo en janvier 1999. L’espace ainsi libéré forme ainsi une place qui accueille aujourd’hui le marché et à laquelle on a donné le nom d’un épeulois célèbre, Victor Vandermeiren.

Les Sunlights

Eugenio Cogoni et Letizia Solla habitent Quartu, en Italie, plus précisément en Sardaigne. Ils arrivent en France à Saint Étienne, puis plus tard à Roubaix, ville ouvrière où l’on trouve facilement un emploi dans le textile. En 1954, ils habitent au 135 rue Jacquard. Puis, au début des années 60, ils déménagent au 61 rue Pellart, dans une maison beaucoup plus vaste et plus confortable pour toute la famille car Eugenio et Letizia ont 5 enfants. Les trois garçons les plus âgés travaillent en entreprise : Serge est ajusteur, Aldo est tisserand et Bruno est ajusteur également.

Les 3 garçons sont musiciens et aiment le chant. Ils créent un orchestre « I Cogoni » et interprètent, au cinéma « Le Royal » pendant l’entracte, des chansons italiennes. Serge, Aldo et Bruno deviennent rapidement des artistes de variété. Avec beaucoup de travail, la notoriété prend de l’ampleur. L’été, trois fois par jour, et pendant trois mois, ils font des galas sur la côte belge à La Panne et Blankenberge. L’hiver, ils chantent à Mouscron, au Relais de la Poste, devenu le Twenty, et au Carioca.

Bruno et Serge au Carioca ( Document S. Cogoni )

Pour enregistrer un 45 tours instrumental, leur maison de disques leur demande de changer de nom. Le groupe devient « Les Sunlights », pour rappeler peut-être le soleil de Sardaigne qui leur manque tant. Serge est à la guitare d’accompagnement, Bruno à la guitare solo et Aldo à la batterie, Jean Paul Vanhoute vient aider le groupe occasionnellement à la guitare basse. Les Sunlights ont un succès grandissant ; les concerts et les galas se succèdent. Ils croisent la route de chanteurs célèbres.

( Document J. N. Coghe )


Les Sunlights sont tellement appréciés qu’ils sont choisis pour accompagner le grand chanteur de rock and roll, Gene Vincent, pour une série de concerts en France, en Belgique et en Suisse en 1963.
En 1966, ils entendent chez un disquaire la chanson « Le Déserteur » écrite par Boris Vian. C’est le coup de foudre. Ils décident d’en sortir un 45 tours et le succès est immédiat.

( Document coll. priv. )

Forts de cette réussite, ils enregistrent de vieilles chansons comme « les roses blanches » de Berthe Sylva, ou « Le Galérien » « Ne joue pas au soldat ». Des magazines comme Paris Match relatent alors l’ascension des Sunlights. Il sont invités à de nombreuses émissions de télévision. Le triomphe est toujours présent. Ils chantent uniquement en direct et sont toujours très bien accueillis lors de leurs prestations.

Serge se marie avec Chantal, qu’il a rencontrée au dancing du Fresnoy il y a quelques années déjà. Aldo, lui, se marie avec Anne Marie.

Les Sunlights en 1970 ( Document S. Cogoni )

Au début des années 1970, leur imprésario les ayant délaissés, ils connaissent quelques mois de galère. Serge quitte Roubaix pour partir dans le sud de la France avec sa petite famille et occupe ses journées par des petits boulots. Aldo continue une carrière solo et Bruno monte un orchestre. Si la célébrité est difficile à acquérir, l’oubli du public peut être très rapide et durer plusieurs années. Cependant, dans les années 90, quelques émissions de télévision comme « Succès fous » permettent aux Sunlights de renouer avec le succès. Ils créent alors des compilations de leurs plus grands tubes, en CD, 20 ans après.

( Document coll. priv. )

Bruno décède, en 2007, à l’âge de 64 ans. Aldo prend sa retraite, Serge continue seul à chanter.

( Photo BT )

La maison où a habité la famille Cogoni, au 61 rue Pellart, existe toujours. Aujourd’hui, c’est le 244 avenue des Nations Unies ( face à l’école St Louis ). Une plaque a été posée sur la façade de la maison, par la Mairie, il y a quelques années, en souvenir des Sunlights.

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Remerciements à Jean-Noël Coghe, journaliste, et à Serge Cogoni pour son livre « Merci la vie ».

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Kiosques et aubettes du boulevard Leclerc

L’extrémité du boulevard Leclerc à hauteur de la place de la liberté et de la rue de Lannoy va être dotée au fil des ans de divers édicules, kiosques et aubettes destinés à un public toujours nombreux en cet endroit.

On y construit dès 1906 un kiosque permettant aux roubaisiens d’attendre le tramway à l’abri des intempéries. Cet édicule fait partie d’une série de 7 de style identique, placés en divers points le long des voies roubaisiennes. Cet abri est situé sur le terre-plein central du boulevard Leclerc, quasiment en face du café du Broutteux. Venus de la grand place par la rue Pierre Motte, les tramways qui s’y arrêtent empruntent le boulevard à contre-sens de la circulation, selon une pratique courante à l’époque.

Le kiosque dans les années 50

L’édicule perd sa raison d’être en tant que tel avec la disparition des tramways, mais il ne disparaît pas pour autant. Il verra son existence prolongée en 1956 par reconversion en magasin de fleurs à l’enseigne des « Floralies Roubaisiennes » sous la houlette de Mme Giot qui le loue dès l’arrêt de la circulation des trams. Elle déplace la porte qui ouvrait sur la chaussée pour la mettre côté terre-plein. Ce commerce disparaît pourtant en 1968, et son emplacement est aussitôt envahi par les voitures en stationnement.

Le magasin de fleurs – photo Nord Matin

Tout proche, car situé à la limite de la place de la liberté est édifié en 1909 un autre kiosque, qui marque le terminus de la ligne du Mongy. Nous ne nous appesantirons pas sur son destin, abordé dans d’autres sujets de ce blog. Nous signalerons simplement qu’il est démonté en 1954. Le journal qui relate cet événement se réjouit de la disparition de « la bien vilaine aubette et son malodorant prolongement » (l’édifice avait été flanqué de toilettes publiques).

Photo Nord Eclair

Sur le terre-plein du boulevard on pouvait également voir un kiosque à journaux. Suivant les modes successives, il sera d’abord haut et hexagonal, puis plus bas et rectangulaire. Il disparaîtra également dans les années 50.

Une photo aérienne de l’Institut Géographique National, datée de 1951, nous montre ces trois constructions réunies sur le site pour peu de temps encore.

Un document émanant du service de la voirie et daté de 1950 prévoit, la construction de WC et d’urinoirs placés en souterrain sur le terre-plein du boulevard. Pour accéder à cet équipement, deux escaliers, l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes. Lors d’une délibération municipale du 1er juin 1951 les élus décident d’implanter, au niveau du sol, un nouveau kiosque abri de l’ELRT qui doit remplacer l’ancien. Ce projet doit faire l’objet d’une adjudication-concours. Le journal Nord Matin fait état des travaux de construction en 1952.

Ces travaux ont été confiés à la société Delfosse-Guiot sise rue de Crouy. Une photo aérienne de l’IGN, datant de 1953, nous montre effectivement les deux escaliers en place près du kiosque de tramways toujours en place. Entre-temps, la décision de supprimer les tramways est prise et l’abri prévu serait inutilisable pour les bus, situé qu’il serait à contre sens de la circulation automobile.

Le conseil municipal choisit donc une autre option et, en février 1954, il est décidé d’ériger une aubette destinée à un tout autre usage : il s’agit maintenant d’abriter le syndicat d’initiative. La voix du Nord qualifie l’ouvrage d’« aubette des amis de Roubaix ». Elle comporte deux pièces dont l’une comporte un guichet. Le long du bâtiment, un parterre de géraniums. Elle est construite par la mairie qui la prêtera aux amis de Roubaix. L’inauguration a lieu en septembre de la même année.

Photo Nord Matin

Plusieurs articles lui sont consacrés dans la presse. Pour Nord Eclair, c’est une mine de renseignements : On y trouve des dépliants touristiques, mais bien plus encore. Mme Leduc en est l’hôtesse en 1967 et, en 1970, c’est Mme Valentin qui l’anime. On y distribue une brochure qui présente l’essentiel de la cité et contient un plan. On y détaille les monuments publics, usines à visiter, une liste de logements disponibles en location, des adresses d’hôtels, de restaurants, de dancings. Pour les roubaisiens, on trouve encore des dépliants sur des destinations de vacances, et pour tous, divers documents à consulter sur place (Ravet-Anceau, horaires des bus, activités culturelles…)

Photo Nord Éclair 1970

Finalement l’aubette ne pourra pas résister à la vague d’aménagements paysagers ; elle sera démolie à la fin des années 70 pour laisser place à un espace vert agrémenté d’une fontaine. Ainsi disparaîtra le dernier des kiosques du boulevard Leclercq.

Photo coll. Particulière

On retrouvera, par la suite, le syndicat d’initiative non loin de là, implanté place de la liberté à l’emplacement de l’ancien Capitole.

Photo Syndicat d’initiative.

Les autres documents proviennent de la médiathèque de Roubaix, ainsi que des archives municipales.

Louis Vasseur, force et énergie

Louis Vasseur Photo Gallica BNF

Louis Vasseur est né à Roubaix le 24 janvier 1885. Il exerce la profession de magasinier et il est la révélation du championnat international de Lille en 1906, où il prend une prometteuse troisième place. Il effectue alors une période militaire de deux ans, devient trompette du régiment, et il est de retour en septembre 1908. Sa fiche militaire le décrit comme un homme de 1,78 m au visage ovale, aux yeux gris et au menton à fossettes. Il se marie en 1909 avec Irma Decorte. Sa carrière sportive démarre vraiment en 1910 : il bat le record d’Alexandre Maspoli (135,5 kg) avec 136,5 kg au jeté à deux bras et il réussira plus tard 142,5 kg. Il participe aux épreuves organisées dans le cadre de l’exposition de 1911 à Roubaix. Le samedi 5 octobre 1912 au gymnase Rosset à Ménilmontant, il soulève à droite le poids formidable de 100 kg (en barre), c’est la 1ère fois que cet exploit a lieu officiellement. Il pèse alors 97 kg. En 1913 il arrache 116 kg à deux bras et c’est un nouveau record du monde. Tous ces records font date, même s’ils ont été battus aujourd’hui. Mais Louis Vasseur en établit quelques autres qui tinrent quarante ans !

Louis Vasseur au Trocadero Photo Gallica BNF

Il est passé professionnel et sera dix fois champion du monde d’haltérophilie. Il sera aussi recordman de France amateur du lancer de poids (7,257 kg) avec 12,78 m en 1909, et du lancer du disque avec 33,20 m en 1906. Mobilisé en août au 1er régiment d’artillerie, il est démobilisé le 20 mars 1919 et vit à Paris. En 1922, il poursuit sa carrière et notamment à la Société Athlétique de Montmartre, où il bat le record du monde en haltères séparées, détenu, avec 206 livres, par l’amateur Joseph Alzin de Marseille, avec 210 livres. Entre les deux guerres, Louis Vasseur comme avant lui le célèbre Apollon et Charles Rigoulot fera l’hercule sur des pistes de cirque, ce qui va attirer nombre d’amateurs de force pure et ce qui lui vaudra la mention artiste sur sa fiche militaire.

Louis Vasseur, recordman du monde en poids et haltères, publie, sous le titre «La Force, ayez de l’énergie », un recueil de souvenirs et de conseils paru dans la célèbre collection des Champions Sportifs aux éditions Nilsson (73, boulevard Saint-Michel, à Paris). Avis aux amateurs ! Louis Vasseur qui n’hésitait pas à revenir à Roubaix, notamment pour saluer son camarade Dumoulin, s’est éteint à Issy les Moulineaux le 11 octobre 1968.

L’extraordinaire vie de Théodore Vienne

Théodore Vienne Coll particulière

Né à Roubaix le 29 juillet 1864, Théodore Vienne est un industriel du textile français, mais également un organisateur sportif pour le cyclisme et la boxe. Sa passion pour le sport débute avec la pratique de la vélocipédie, on ne parle pas encore de cyclisme à l’époque, et il devient le Président d’une des quatre sociétés vélocipédiques roubaisiennes en 1891, le cercle vélocipédique roubaisien. Il organise les premières courses sur la piste de Barbieux, c’est à dire l’anneau formé par les allées extérieures du Parc avec son compère Maurice Pérez, lui-même président du sport vélocipédique roubaisien. Les conditions ne conviennent plus à une activité sportive en plein développement, tant du point de vue des pratiquants que de celui des spectateurs. Théodore Vienne et Maurice Pérez s’associent pour fonder le vélodrome de Barbieux en 1895, dont on sait qu’il est plus sur le territoire croisien que roubaisien. Des courses sur piste sont bientôt organisées régulièrement sur le nouveau vélodrome. L’année suivante, les deux compères s’associent avec le Journal le Vélo pour la création de la course cycliste Paris-Roubaix en 1896, qui deviendra l’une des classiques préférées des champions cyclistes, malgré la difficulté de son parcours.

Paris Roubaix 1898 Photo Site Le Lensois Normand

Théodore Vienne est toujours amateur de sport, mais il s’oriente de plus en plus vers sa vocation d’organisateur de spectacles. Ainsi accepte-t-il de faire construire des arènes jouxtant le vélodrome de Barbieux, après avoir accueilli les taureaux dans un premier temps dans l’enceinte du vélodrome. En 1899, la tauromachie à Roubaix se pratique donc comme il se doit dans des arènes et cela durera cinq ans avant qu’elles ne soient démolies.

Démolition des arènes CP Méd Rx

Mais Théodore Vienne est déjà à Paris, où il devient le directeur puis le propriétaire de la Grande Roue de Paris. La combinaison vélodrome et arènes a-t-elle fait germer en lui l’idée d’un lieu proposant plusieurs attractions ? Toujours est-il qu’il fait construire, quartier de Grenelle à Paris, pour l’Exposition Universelle de 1900, cette roue immense à rayons comme ceux d’une bicyclette, de 100 mètres de diamètre. Il l’exploitera encore après la fin de la première guerre, au sein d’un Luna Park fort en vogue.

La grand roue en 1900 Coll particulière

Le sport l’intéresse toujours. En 1907 il fonde avec Robert Coquelle et Victor Breyer, le Wonderland français. C’est à la fois une salle et une école de boxe, ouverte à tous les jeunes gens capables de boxer ou voulant apprendre à boxer, sur le modèle du Wonderland anglais, la salle de Whitechapel dans l’est de Londres. Le Wonderland opère « salle de la Grande-Roue », 74 avenue de Suffren et aussi salle Wagram. Théodore Vienne et Robert Coquelle organisent les premiers matchs de boxe anglaise en France. On peut au voir, au Wonderland, les vedettes étrangères comme Frank Erne, Joe Jeannette, Willie Lewis, Sam McVea et Georges Carpentier. En imitant le Wonderland de Londres, pépinière de champions, les directeurs parisiens rendent un énorme service au noble art, en créant un mouvement en faveur de la boxe. On dispute les éliminatoires des championnats de France professionnels en 1909 et Le Wonderland français devient le ring officiel de la Fédération française de boxe.

Le luna park en 1923 Coll Particulière

Construit en 1909, le Luna Park de Théodore Vienne sera le troisième parc d’attractions de l’histoire de France, après les jardins du Tivoli et Magic City. Il devient l’équivalent, pour Paris, du Prater de Vienne ou du Tivoli de Copenhague. Le vaisseau spatial de l’attraction « Un Voyage vers la Lune », mis en place lors de l’exposition Pan-Américaine, a inspiré le nom de ces parcs, et de ceux qui ont suivi. Le départ du Tour de France cycliste 1912 aura lieu au Luna Park qui abrite également des Montagnes Russes.

En 1912, Théodore Vienne est le président de la commission des organisateurs de matchs de la Fédération française de boxe, et il se marie en 1913 à 51 ans. Après la Première Guerre mondiale, Henri Decoin succède à Théodore Vienne et rouvre le Wonderland en février 1920. Décédé le 1er mars 1921 dans le 15e arrondissement de Paris, Théodore Vienne est inhumé au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

Le p’tit chef de la Roubaisienne

Jules Piesvaux Coll Particulière

Né à Reims le 2 février 1858, c’est dans cette ville que Jules Piesvaux fera ses premières armes dans la gymnastique: dès l’âge de 15 ans il est parmi les meilleurs éléments de « la Gauloise », société de sa ville natale, dont il prendra la direction quelques années plus tard. Il effectuera ensuite son service militaire dans les chasseurs à pied. En 1887, il quitte Reims pour Dunkerque où il devient professeur de gymnastique à la « Dunkerquoise », l’espace d’un an, le temps de rejoindre en 1888 « la Roubaisienne » pour succéder à M Libouton, qui accède à la Présidence de cette société. Il est engagé le 18 avril 1888 comme professeur municipal de gymnastique et détaché comme tel à la société municipale de gymnastique « la Roubaisienne ». Son contrat inclut des leçons de gymnastique dans les établissements scolaires qui lui seront désignés par l’administration municipale avec l’assentiment de l’Autorité Académique » et l’approbation du Préfet.

Pendant près de quarante ans, il accompagnera le développement de « la Roubaisienne », dans ses pérégrinations à la recherche de locaux, mais également dans tous ses déplacements et ses succès nationaux et internationaux. Il participa activement à l’organisation de la 23ème fête fédérale des sociétés de gymnastique de France qui eut lieu à Roubaix en 1897. Un an plus tôt, il épousait une roubaisienne, Jeanne Hélène Hennion, le 12 décembre 1896.

La Roubaisienne et son moniteur chef CP Méd Rx

Le moniteur chef deviendra bientôt le directeur de la Roubaisienne. Jules Piésvaux est décrit comme un homme énergique et plein de savoir faire. Il sera nommé officier de l’Instruction publique en 1905, puis Chevalier de la Légion d’Honneur en 1921. Membre permanent de l’Association régionale des gymnastes du Nord, Jules Piesvaux est unaniment reconnu comme un grand gymnaste, un technicien remarquable, mais également comme un  « honnête homme, un sportif animé du plus pur idéal », qui avait trouvé à Roubaix « les plus chaudes et vibrantes sympathies ».

Il prend sa retraite en 1922, laissant le souvenir d’une carrière sportive personnelle brillante, mais également auréolé des succès que la Roubaisienne obtint dans de nombreux concours. C’est le 26 septembre 1941 soit à l’âge de 83 ans, que Jules Piesvaux décédera en son domicile roubaisien de la rue Colbert.

Achille Libouton

Achille Libouton Coll Particulière

Né en 1856 à Roubaix où il passe toute sa jeunesse, Achille Libouton entre en 1876 à la société de gymnastique et d’armes dont il fut l’un des premiers membres. Il s’y fait remarquer par des qualités tant morales que physiques. Avec ses camarades il montre un fond de bonne humeur toujours égale, et une grande aménité de caractère. Pour les exercices il fait preuve de souplesse et d’endurance. Quatre ans après son entrée dans la société, il en devient le moniteur directeur, prenant la succession de M. Peterman. Trois ans plus tard, en 1883, c’est la fusion entre les trois sociétés de gymnastique de Roubaix : l’Ancienne, la Jeunesse et la Française. Il est le moniteur général de la nouvelle société qui est appelée La Roubaisienne. Le Président de la Roubaisienne, Isidore Roche, décède en 1888, Achille Libouton lui succède, tout en conservant ses fonctions de moniteur général jusqu’à l’arrivée de M. Piesvaux.

Lettre de la main d’Achille Libouton doc AmRx

Sous sa présidence, la Roubaisienne récolte les succès, à Calais en 1888, à Paris 1889, Tourcoing 1890. Elle remporte de nombreuses palmes dans d’autres villes et se fait connaître comme une des meilleurs phalanges de gymnastique de France. Achille Libouton est également vice président de l’association régionale des gymnastes du Nord et du Pas de Calais. De profession, il était fabricant de tissus. Il quittera Roubaix en 1894 pour reprendre un grand commerce de fers à Cambrai. Nommé président d’honneur de la Roubaisienne, il sera de tous les jurys dans les grands concours. Ainsi en 1897, il présidera le jury de la XXIIIe fête de gymnastique de Roubaix. À Cambrai, il était membre du comité de la société de gymnastique La Cambrésienne. Il décède à l’âge de 43 ans d’un mal fulgurant au ventre, malgré une opération chirurgicale. (D’après le Journal de Roubaix)

Des arènes à Roubaix

La passion tauromachique se saisit de la bourgeoisie roubaisienne qui décide de s’offrir des « courses de taureaux » entendre des corridas dès le mois de septembre 1893 à Roubaix. Pas d’arènes, ni d’endroit spécifique à ce moment pour ce genre de spectacle. Le 24 septembre 1893, une première course tauromachique se déroule dans le Manège roubaisien, lieu plutôt réservé aux évolutions équestres ou cavalières. Les trois initiateurs sont MM. Wattine, Ribeaucourt et Bossut. Le Manège roubaisien donnera son nom à la rue du même nom, perpendiculaire au boulevard de Paris. Nous la connaissons aujourd’hui comme rue du Maréchal Delattre de Tassigny. L’attraction plaît et on récidive le 1er octobre et le 8 octobre dans le même endroit. Mais on cherche bientôt un autre lieu pour ces évolutions tauromachiques. Quelles sont les raisons de ce « déménagement » ? Manque de place pour l’accueil des spectateurs, enceinte non sécurisée ?

Corridas au vélodrome CP Méd Rx

Le 23 septembre 1897, c’est au tour du vélodrome de Barbieux d’accueillir les toros pour une série de corridas. Mais pour satisfaire les spectateurs et la tradition tauromachique, il fallait un lieu consacré à cette pratique. On décida de construire des arènes juste à côté du vélodrome, lequel n’était sans doute pas trop adapté pour accueillir les corridas. Conçu pour les courses cyclistes, il était utilisé à l’occasion pour des courses pédestres, et pour les premiers matches de football du Racing Club de Roubaix. On imagine aisément les dégâts que pouvaient occasionner les taureaux ! L’inauguration des arènes, dites le torodrome eut lieu le 23 octobre 1899.

Les arènes de Roubaix collection Jules Beau 1899

Des corridas seront organisées sur la piste des arènes entre 1899 et 1904, mais également des attractions n’ayant rien à voir avec la tauromachie, qui desservirent son image et sa réputation déjà peu appréciée des défenseurs de la loi Grammont votée le 2 juillet 1850, qui stipulait ceci : « Seront punis d’une amende de cinq à quinze francs, et pourront l’être d’un à cinq jours de prison, ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux domestiques. » À l’origine, le texte de la loi Grammont de 1850 ne visait pas les corridas, mais en 1884 le ministre de l’Intérieur, Pierre Waldeck-Rousseau, donna des instructions pour que le texte soit appliqué aux corridas. Le 16 février 1895, un arrêt de la Cour de cassation jugeait le taureau de combat comme animal domestique, et ce faisant, le faisait entrer dans le champ d’application de la loi Grammont1.

Les arènes de Roubaix CP Méd Rx

On peut constater que malgré cet arrêt, on poursuivit la tauromachie à Roubaix et qu’on fit pire encore : le 14 juillet 1899, un combat à mort entre un taureau et un vieux lion y est présenté à 12.000 spectateurs. Le lion est rapidement vaincu, sans résistance, tandis que le taureau est tué par un matador. D’autres attractions ont suivi : Dona Tancrède, la statue au milieu de l’arène.

Dona Tancrède, le taureau et la statue CP méd Rx

Ces spectacles tauromachiques regroupent des milliers de spectateurs, mais sont de plus en plus critiquées par certains Roubaisiens qui, en 1904, obtiennent la démolition des arènes. Les corridas se poursuivent alors au vélodrome voisin, et continuent d’accueillir des matadors renommés. La dernière corrida se déroule le 15 juin 1914 quelques mois avant une autre boucherie, humaine celle-là  qu’on a appelé la Grande Guerre. L’engouement roubaisien pour la tauromachie fut passager, il s’agissait plus d’une mode que d’un réel sport. Il ne survivra pas à la première guerre mondiale.

1d’après Wikipédia

Roussel rue Watt

Fronton du 48 rue Watt vue Google Maps

Le fronton de l’entrée de l’usine du 48 rue Watt affiche fièrement 1887. C’est la deuxième implantation d’Émile Roussel, après le 144 de la rue de l’épeule. Mais il s’agit de la société Roussel Desrousseaux, du nom de la deuxième épouse d’Émile, Célina Desrousseaux, qu’il a épousé le 25 février 1884, à Roubaix. Émile Roussel a-t-il voulu anticiper la transmission de ses usines aux enfants de ses deux lits ?

En tête Roussel Desrousseaux doc AmRx

En 1929, l’entreprise figure au Ravet-Anceau comme suit : S.A.R.L Émile Roussel et fils (Rayon E Roussel Desrousseaux et fils) teinturier apprêteur. La famille (ou la société) est également propriétaire de deux courées donnant dans la rue de l’épeule, au bout de son parcours, dont l’une s’appelle la cour Desrousseaux. Le 30 mai 1950, la société Émile Roussel et fils demande la possibilité d’approprier en logements le n°51 de la rue Watt. À partir de 1970, le site de la rue Watt ne cesse de s’agrandir, est-ce une stratégie pour rapatrier les éléments du 144 rue de l’épeule et regrouper les deux sociétés ?

Le premier agrandissement vers la rue de l’épeule doc AmRx

Le 6 juillet 1970, la société Émile Roussel Desrousseaux obtient l’autorisation d’agrandissement de l’atelier de teinturerie, les travaux sont rondement menés, terminés le 20 novembre 1970, et déclarés conformes le 4 février 1971. Au préalable, il a fallu démolir les n°243 et 245 de la rue de l’épeule. C’est un premier agrandissement de l’entreprise vers la rue de l’épeule où elle dispose à présent d’un bâtiment en front de rue, voire d’un accès. Quelques jours plus tard, le 12 février 1971, une nouvelle demande d’agrandissement d’atelier entraîne la disparition des n° 249 et 251 de la rue de l’épeule. Le dossier est bouclé et les travaux sont terminés le 24 janvier 1972.

Deuxième agrandissement doc AmRx

Vingt ans plus tard, une demande d’extension va entraîner en Janvier 1991 la démolition totale des numéros 237 239 241 de la rue de l’épeule. En Février 1991 l’extension est demandée et les travaux commencent. À ce moment, l’entreprise Roussel Desrousseaux occupe 9405 m² entre la rue Watt, le boulevard Montesquieu et la rue de l’épeule.

L’emprise de l’implantation en 1990 doc AmRx

Mais la teinturerie Roussel-Desrousseaux, devenue filiale du groupe Chargeurs, est bientôt mise en vente, en mai 2003. Depuis septembre 2002, l’entreprise enregistrait en effet une baisse des commandes, et son principal fournisseur, Les Tissages de Linselles, a été mis en liquidation judiciaire. Dans une interview du 19 mai 2003 donnée au magasine Investir, Eduardo Malone, le président du groupe Chargeurs déclarait : « il faut payer ce qu’il faut pour enterrer les sociétés qui ne sont pas rentables ». L’entreprise est en cessation d’activité, d’après Bernard Brossard, le secrétaire du comité d’entreprise, le 4 juillet 2003. Même si les commandes des derniers clients seront bel et bien honorées, soixante quinze salariés, soit la totalité du personnel, sont menacés de licenciement. Suite à diverses manifestations (enterrement symbolique de l’entreprise avec brûlage du cercueil) le plan social est ouvert le 2 juillet 2003 avec comme revendication de la part des employés une indemnité pour préjudice moral. Située entre la rue Watt, la rue de l’épeule et le Boulevard Montesquieu, la teinturerie Roussel-Desrousseaux, cette ancienne entreprise textile familiale récemment intégrée au groupe Chargeurs, était spécialisée dans le secteur d’activité de l’ennoblissement textile, elle a fermé ses portes en 2003.

La mosquée Bilal photo site Mosquée Bilal

Depuis 1979, l’association musulmane de la mosquée Bilal offrait un lieu de culte pour les musulmans vivant dans le quartier de l’épeule et les autres quartiers avoisinants et aussi de donner la possibilité d’apprendre la langue arabe. Elle se situait rue de Wasquehal avec une salle de prières de 50 m² !

En 2005, grâce aux dons de ses fidèles, l’association a acquis un local d’une superficie 1500 m² du site Roussel rue de l’épeule. Les travaux de la mosquée Bilal ont débuté en début de l’année 2010. Elle est inaugurée en août 2012 avec son grand dôme et sa salle de prière. En septembre 2014, l’association a fait édifier un minaret qui surplombe la mosquée Bilal de ses dix huit mètres de haut.