Teinturerie Meillassoux et Mulaton (Suite)

En 1913, les établissements Meillassoux Frères et Mulaton apprêts se sont agrandis et viennent de s’équiper d’un matériel moderne pour traiter les articles : robes et draperies en pure laine, coton et soie pour une production journalière de 24.000 mètres.

Mais dès Octobre 1914, lors de l’occupation allemande, la production s’arrête et des équipes de prisonniers russes vont briser au marteau les métiers afin de récupérer le fer et la fonte. L’occupant trouve alors en effet dans les usines les tuyauteries en cuivre et les métaux recherchés pour ses fabrications d’armement.

Le matériel cassé et l’usine vidée (Document Au Temps d’Hem)
L’usine vidée de son matériel en 1914 (Documents Historihem)

Une fois, l’usine complètement vidée, les salles disponibles sont réquisitionnées pour servir d’hôpital vétérinaire pour plus de 1.200 chevaux.

L’usine occupée par les soldats allemands et leurs chevaux pendant la première guerre mondiale (Documents collection privée)

Après la guerre dès 1919 l’Office de la Reconstitution Industrielle aide à l’étude des travaux de reconstruction. Louis Loucheur, ministre de la reconstruction industrielle, vient sur place se rendre compte par lui-même de la situation afin de décider des priorités dans « l’oeuvre immense à accomplir ».

Sous l’impulsion des gérants, Louis Meillassoux et Antoine Mulaton, secondés par un personnel dévoué, les bâtiments sont remis en état et le matériel commandé. Pourtant les constructeurs locaux ayant eux-même été sinistrés ne peuvent livrer que suivant de longs délais et malgré les plus grands efforts la remise en route ne peut être effectuée qu’en mai 1921 et la pleine activité n’est retrouvée qu’en 1923.

Un coin de l’usine vidée retrouve son activité et Un atelier d’apprêts reconstitué après-guerre avec les tondeuses (Document Le Monde Illustré)
Un coin de l’usine en 1923, la Rame (Document Le Monde Illustré)
L’usine avec le nouveau matériel (Document Au Temps d’Hem)

A cette époque la famille Mulaton a déménagé presque en face de son ancienne propriété, du côté impair de la rue de Lille. La demeure est beaucoup plus fastueuse que la précédente. Elle sera amenée pendant la seconde guerre mondiale à loger une douzaine de soldats britanniques avant la débâcle et leur évacuation.

Le deuxième château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)

Le 1er juillet 1932, la Société Anonyme des Etablissements Meillassoux et Mulaton est constituée par acte passé devant Maître Emile Mory. En 1936, l’entreprise affronte les mouvements sociaux et les salariés se mettent en grève et occupent l’usine pour obtenir les avancées sociales qui leur seront acquises avec le front populaire.

Certificat de chômage et bulletin de sortie avec le cachet de la société anonyme (Document collection privée)
Des ouvriers à la sortie des établissements dans les années 1930 (Document Historihem)
L’usine occupée (Document Au Temps d’Hem)
En tête de courrier en 1961 (Document collection privée) et publicité de 1970 (Document mémento public CIT de Hem)

Dans les années 1980, la teinturerie, traversée par la Marque, a son entrée située au bout d’une allée bordée d’arbres, la cour Michel, donnant sur la rue du Général Leclerc, presque en face de l’avenue De Vlaminck (actuellement cette allée mène aux ateliers municipaux). Sur la photo panoramique on voit que l’usine Gabert, sa voisine, n’existe déjà plus.

Entrée au bout de l’allée bordée d’arbres (Document Historihem)
Photos panoramiques de l’usine (Document Historihem)

En janvier 1982, un violent incendie se déclare dans la teinturerie, suite à la mauvaise manipulation d’un chalumeau par un ouvrier désireux de dégeler les tuyaux. Le feu se propage rapidement et une nef entière est détruite ainsi que l’ensemble des bureaux de l’entreprise. Les pompiers doivent mettre six lances en batterie pour circonscrire le sinistre.

L’incendie de 1982 (Document Nord-Eclair)

A la fin des années 1990 l’entreprise ferme ses portes. Elle est radiée du registre du commerce et des sociétés en février 1997 soit après presque un siècle et demi d’existence. La photo aérienne prise en 2022 montre le terrain presque nu sur lequel se dressait l’entreprise de la rue Leclerc à la Marque. A l’emplacement de la propriété Mulaton se trouve le magasin Carrefour et son parking. A ce jour il ne reste plus que le château Meillassoux annexé à la mairie et représenté avant et après la réalisation du nouvel Hôtel de Ville (en 2015 et 2020).

Photo aérienne de l’usine en 1947 (Document IGN) et le terrain de l’ancienne usine (Document Google Maps)
L’ancien Château Meillassoux avant et après l’extension de l’Hôtel de Ville (Documents Google Maps)

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Foire de Roubaix (Suite 1)

En 1901, il apparaît qu’à nouveau le lieu choisi s’est avéré trop petit et qu’il a fallu l’étendre. Le champ de foire de Roubaix présente : le Cirque Vinella à l’Hippodrome, avec une grande troupe équestre gymnique, la Grande Ménagerie Mondaine belge, le Carrousel Salon, les Montagnes Russes, le Théâtre Morieux (au coin de la rue Pierre de Roubaix), l’Hippodrome de Paris (Place Colmar), l’ Hippodrome Algérien (Place de la Liberté), le Royal Bioscope (en face de la fabrique Allart), le Théâtre Moderne et le Musée Mécanique.

Et l’année suivante, nouvelle organisation : au lieu d’être placés le long du boulevard des 2 côtés de la chaussée centrale, avec leurs façades en vis à vis, les établissements forains se tournent le dos, la chaussée centrale leur servant de remise. Cette mesure a pour but de disséminer la foule afin d’éviter les regrettables cohues qui se produisent chaque année.

La foire de Roubaix en 1905 et le stand de pain d’épice et confiseries de Mme Lestienne (Documents collection privée)

Toutefois cette nouvelle disposition ne recueille pas tous les suffrages et l’on revient bien vite à l’ancienne disposition des stands, face à face des 2 côtés du terre plein central du boulevard, depuis l’Hippodrome jusqu’au pont de Wattrelos soit sur toute la longueur du boulevard Gambetta.

Foire de Roubaix en 1908 (Documents BNR)

A l’Hippodrome c’est le Grand Cirque National belge avec sa troupe de 100 artistes. Puis viennent les Gondoles Orientales ainsi que plusieurs cinématographes, des fritures, des théâtres et musées mécaniques, des hippodromes et théâtres de marionnettes, des expositions, des spectacles de Music-Hall, les montagnes russes… Le champ de foire offre une grande diversité d’amusements et d’émerveillement aux nombreux visiteurs qui parcourent ses allées.

Quelques attractions entre l’usine Motte Bossut et la fabrique Allart au début du vintième siècle (Documents BNR)
Musée à la foire en 1911 (Document Journal de Roubaix)

Dans les années 1910, les Ets Fritz se positionnent à l’entrée du champ de foire pour y proposer de délicieuses frites, mais aussi gaufres et glaces et proposent également la livraison à domicile. Les marchands de pain d’épice et de nougat prennent leurs quartiers sur la place de la Liberté. Quant aux baraques foraines multicolores : bleues, jaunes, rouges, vertes, elles s’alignent tout au long du boulevard Gambetta.

L’odeur de friture imprègne l’atmosphère et une musique enragée allant du bugle à la grosse caisse déchire les tympans. Les gens s’entassent pour mieux voir et entendre le pitre sur l’estrade. Le spectacle est varié et l’hilarité générale. Au Casino-Palace, au n° 50 bis de la Grande Rue, on engage des artistes spécialement pour la foire de Roubaix : lutteurs, comédiens, jongleurs, équilibristes …

Alignement des baraques et manèges, montagnes russes (Documents BNR)
Exemple d’acrobates et équilibristes (Documents collection privée)

Dans les années 1920, le champ de foire de la Quasimodo rassemble place de la Liberté : les Fantaisies Parisiennes, les pains d’épice et nougats Smits, les nougats Sans Rival, Yanni et Auguste ainsi que la Royale Confiserie. Pour la 1ère fois à Roubaix, s’installe le Palais Vénitien qui présente un grand choix de reproductions du Musée du Louvre ainsi que des bijoux et merveilles de Venise.

Une ducasse a lieu également, moins étendue que la foire de la Quasimodo, en septembre, soit à la même période que celle de Lille. L’affluence y est grande en partie aussi grâce au temps, bien plus clément à cette période qu’à celle de la foire d’hiver. S’y ajoutent les braderies traditionnelles des rues Pierre de Roubaix et de l’Epeule.

La foire en1924 qui commence derrière la Fontaine des Trois Grâces (Document Archives Municipales)

En 1926, la foire se pare d’un cirque au fond du boulevard, près du canal et aux manèges habituels s’ajoutent deux carrousels-salons et deux autodromes. Les illuminations y sont encore plus brillantes que les années précédentes, notamment en ce qui concerne l’allée centrale. Quant à la place de la Liberté, elle accueille ses 4 rangées de baraquements consacrés au nougat.

Ouverture de la foire en 1926 et publicité des stands de nougat (Documents Journal de Roubaix)

La foire de Roubaix, dont le succès ne se dément pas depuis sa création, évolue dans les années 1930 et les métiers, qui utilisent les tout derniers perfectionnements de la mécanique et de la science, remplacent les spectacles « pittoresques, grotesques et démantibulesques » d’antan, tout en conservant le caractère bon enfant qui fait affluer la foule tous les ans malgré le temps souvent pluvieux. Elle continue donc à faire les titres de la presse locale à la fermeture comme dès son installation.

Fermeture de la foire en 1932 et installation de la foire de Roubaix en 1939 (Document Egalité de Roubaix-Tourcoing et Journal de Roubaix)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la BNR.

Nou Parlache a vingt ans !

C’est depuis quelque temps pour nous le rendez-vous incontournable du patois et de la bonne humeur. Un jeudi par mois nous nous retrouvons au centre socio-éducatif de Wattrelos pour prendre une bonne tranche de rires et de plaisir. Et voilà que le 25 avril dernier, Nou Parlache fête ses vingt ans et nous concocte un spectacle spécial !

Affiche Nou Parlache Off Tourisme Wattrelos

En 2003, l’excellent joueur de bourle et spécialiste de la garlouzette Christian Ladoë se voit confier la promotion des traditions du coin : les jeux anciens et la langue picarde. Au départ, il propose ses services dans les clubs et les foyers logement, mais ça n’a pas pris. Alors, avec son camarade Francis Delcourt, ils ont pensé à un atelier sous forme de cabaret. En avril 2004, le premier atelier patoisant Nou parlache est proposé à la Maison de l’éducation permanente. Il y avait 37 personnes, dont 12 intervenants et pas mal d’élus, se souvient Christian. Mais le jour choisi pour l’atelier ne convient pas : le mercredi, les aînés gardent leurs petits-enfants. Du coup le mois suivant, on a fait ça un jeudi et il y a eu 57 personnes. Le succès est au rendez-vous et la MEP va vite devenir trop petite pour contenir tous ceux qui veulent assister à l’atelier. Du coup, il a fallu opérer une nouvelle adaptation : l’atelier sera transféré au CSE pour sa 17e édition. Là, les chiffres de fréquentation continuent de grimper jusqu’à atteindre le plafond de 500 entrées. Aujourd’hui, l’atelier accueille désormais chaque mois une moyenne de 300 personnes.

À la manœuvre, on trouve Christian Ladoë, l’un des fondateurs de l’atelier Nou Parlache, accompagné par son acolyte Francis Delcourt. En 2003, ce sont eux qui ont lancé ce rendez-vous, avec le soutien de la ville : « Le public a tout de suite été au rendez-vous », se souvient Christian, avec une pensée émue pour le troisième chansonnier de l’équipe, Jacques Viger, décédé depuis. Jacques Viger, Francis Delcourt, Valentin et Christian Ladoë ont aussi porté l’atelier grâce au succès de la troupe des Copés in Deux, qui beaucoup tourné durant 10 ans.

L’atelier Nou parlache fait donc 300 entrées chaque mois, tandis que d’autres ont disparu comme à Wasquehal, ou vivotent comme à Roubaix, Leers, Lys ou Tourcoing. Comment expliquer cela ? Peut-être par la capacité d’adaptation des intervenants. « Pour survivre, il faut capter un public nouveau, car nos aînés qui étaient familiarisés avec le patois disparaissent. Il y a une évolution à faire, sinon, on meurt », analyse Christian Ladoë.

Mais celui qui a la chance d’en faire un métier ne jette la pierre à personne : « Nous avons la chance de pouvoir compter sur le noyau dur des Copés in deux, où il y a des jeunes ! » relève Christian Ladoë, faisant référence à ses fils Valentin et Jonathan, mais aussi à Joséphine Delannoy et Baptiste Polite, qui ont tous moins de 30 ans ! Du coup, les thèmes abordés dans les sketchs et les chansons permettent d’emporter le rire d’un public lui aussi plus jeune.

Des animateurs dynamiques et plein d’humour ! Photo VDN

Et avec Francis Delcourt, nous formons un couple proche du public entre les interventions, je crois que les gens aiment ça aussi », ajoute Christian. Aujourd’hui, l’atelier Nou parlache attire des spectateurs de toute la métropole et pas seulement de Wattrelos. Certaines pointures ont rejoint le groupe d’intervenants, comme le Belge Pierre Noël ou Christelle Lemaire, tous deux primés en langue picarde. Longue vie à Nou Parlache !

De 15h à 17h les jeudis 11 janvier, 8 février, 21 mars, 25 avril et 23 mai 2024Au Centre Socio-Educatif, rue Georges Delory à Wattrelos

D’après quelques articles de Nord éclair.

Le Lafargue

Vue aérienne 1962 ( document IGN )

Au 15 rue Paul Lafargue à Roubaix, se trouve la propriété de M. Albert Wattinne et Françoise Rasson son épouse, depuis le début des années 1930. La maison est très grande et spacieuse, elle est construite sur un terrain de 11.783 m2. Au fond de la propriété, dans la partie Sud-Est, de nombreux arbres sont plantés : peupliers, érables, hêtres, noyers, formant ainsi un parc magnifique.

documents archives municipales

Albert et Françoise, en 1956, font appel à l’architecte O.Verdonck, dont le cabinet se trouve avenue Jean Lebas, car ils envisagent d’agrandir leur maison, et de transformer les combles en créant et en aménageant des appartements.

En 1973, un acte de cession est signé entre Albert Wattinne, Françoise Rasson et la société Ferret Savinel représenté par Jean Arnault, pour la vente du terrain, de la maison et des dépendances du 15 rue Paul Lafargue.

La SCI « Les jardins de France » est alors créée, cette même année.

document archives municipales

Le projet d’un ensemble résidentiel d’habitation voit le jour, en 1974. Le promoteur et constructeur Ferret Savinel fait appel au cabinet d’architectes Colin Deldique Mougin pour la construction de 53 appartements ainsi qu’un logement pour le gardien. L’immeuble est situé perpendiculairement à la rue Paul Lafargue pour une meilleure exposition Sud-Ouest, et pour avoir une magnifique vue sur le parc arboré.

Le bâtiment est composé de 3 blocs équipés chacun d’un ascenseur. Trois logements sont proposés par niveau. 42 places de parking en sous sol et 34 en aérien sont proposées à la clientèle.

l’appartement témoin en 1976 ( document Nord Eclair )
document Nord Eclair

L’aménagement d’un appartement témoin permet de débuter la vente en 1976 par l’agence Brigode de Villeneuve d’Ascq, responsable de la commercialisation du programme. Les éventuels acheteurs imaginent leur futur logement dans un immeuble aux proportions harmonieuses. Le Lafargue propose un environnement exceptionnel ( le parc de Barbieux est très proche ) éloigné de toutes nuisances sonores, car la rue Paul Lafargue est très calme. Les appartements confortables de 65 à 133 m2 sont proposés avec de larges baies vitrées panoramiques en double vitrage, donnant sur le parc magnifique et ses arbres majestueux.

publicité Nord Eclair
Document google Maps

Remerciements aux archives municipales

La Feuilleraie (suite)

Mais, en 1939, quelques jours avant la déclaration de guerre, les époux Catrice quittent leur propriété pour se rendre dans les Côtes du Nord (Côte d’Armor actuellement) avec le couple de concierges. C’est le jardinier, Henri Mazurelle, resté à Hem, qui est chargé de la surveillance de la maison et du potager.

Photo des époux Catrice (Document SER)
Photo de la demeure vue de la rue de Lille (Document Hem Images d’Hier)

Il leur donne les informations suivantes: Du 2 au 11 octobre 1939, 2 officiers français, capitaines d’infanterie, occupent la maison. Un médecin major militaire installe son cabinet médical dans la maison du concierge avec 4 soldats infirmiers.

A partir du 11 octobre, ils sont remplacés par des militaires anglais du 2ème bataillon des Grenadiers Guards: 3 officiers supérieurs logent dans la maison, 3 ordonnances et 2 ou 3 cuisiniers logent dans la conciergerie. Une dizaine d’officiers viennent prendre leurs repas (petit déjeuner, lunch, thé et dîner) tous les jours dans la grande salle. Un agent de liaison français, officier interprète complète cet Etat-Major.

En Octobre 1939 les officiers anglais posent sur le perron et réception de l’état major dans la salle à manger (Documents Historihem)

Le 17 Octobre le duc de Gloucester, fils de Georges V, dîne à la Feuilleraie en compagnie de 18 officiers. Fin Octobre 1939, l’un des fils Catrice dîne avec les officiers et en novembre une grande réception est organisée au château Catrice. En décembre le Colonel Cornish, qui habite la demeure, écrit à Edouard Catrice pour lui souhaiter un joyeux Noël et le remercier de son hospitalité.

Le 1er janvier 1940 est fêté au château avec menu en français et, en avril, arrive un régiment d’infanterie anglais. A la fin du mois le Colonel Cornish écrit à nouveau à Edouard Catrice pour lui annoncer son départ et le remercier à nouveau de son hospitalité. Début mai les pelouses du parc sont nettoyées en vue de la réception du Duc de Windsor. Puis le 12 mai les anglais quittent la propriété définitivement.

Menu du nouvel an 1940 (Document Historihem)

La propriété reste alors inoccupée jusqu’à l’arrivée des allemands et, alors qu’elle avait été soigneusement entretenue par les anglais, la maison est pillée par des civils français dans l’intervalle… Puis de fin mai à décembre 1940, les allemands occupent une première fois la propriété.

Pendant cette première occupation les meubles sont dispersés, le billard installé dans la chapelle et la belle vaisselle et la verrerie fine disparaissent. Dans la crainte d’une probable nouvelle occupation allemande, les enfants Catrice font alors l’inventaire de ce qui a été pillé, déménagé ou cassé. Puis ils sauvent ce qui peut encore être sauvé.

En 1941, la demeure est à nouveau occupée par les allemands. D’après le jardinier, resté sur place, qui, dans un premier temps, peut continuer à cultiver le potager pour son usage personnel, 5 femmes viennent chaque jour effectuer le nettoyage.

L’année suivante l’entrée sur la rue de Lille est élargie afin de permettre le passage des camions. Une route est faite à travers les jardins et les jeux de tennis à base de pavés recouverts de scories. D’une largeur de 4 mètres, elle passe par le chemin au milieu du potager et du bois pour aboutir à la haie du domaine de la Marquise.

Puis le nombre de troupes augmente et le château en loge 130 du grenier à la cave tandis que 10 soldats habitent la conciergerie. Dès lors le jardinier, à l’origine de ces informations, n’est plus autorisé à pénétrer dans la propriété. On sait seulement que tout le bois est couvert de munitions, de même que la propriété voisine appartenant à la Marquise.

En septembre 1944, à la veille de la libération, de violentes explosions secouent les 2 domaines pendant des heures. Il ne reste que des ruines du château de la Marquise mais celui d’Edouard Catrice, bien que fortement endommagé, résiste grâce à ses murs extérieurs épais et à sa charpente en grosses poutres de fer.

Pierre Catrice, l’un des fils de la famille, se rend sur place dès le départ des allemands et prend la mesure des dégâts, tant à l’intérieur de la maison (toiture soufflée, huisseries et cloisons intérieures démolies) que dans son parc où les arbres sont déchiquetés et où demeurent un grand nombre d’obus de tous calibres, en caisses ou en tas, non explosés.

Photo de Pierre Catrice lors de l’évocation de son passé de résistant en 1994 (Document Nord-Eclair)
Le bois en septembre 1945 (Document Historihem)

Edouard Catrice étant décédé à Roubaix en 1943 et son épouse en 1947 et aucun de leurs 10 enfants héritiers ne désirant conserver la propriété, il est alors décidé de la mettre en vente. A noter que l’un des fils, Jean, sera le premier gérant du Journal Nord-Eclair à Roubaix (sur ce sujet un article est à découvrir en 3 parties sur notre site, intitulé Nord-Eclair).

Photo de Jean Catrice, résistant, à la libération (Document Nord-Eclair)

Le 24 mars 1946, l’assemblée municipale de Hem décide l’acquisition de la propriété Catrice comprenant la villa, la maison de concierge ainsi qu’une parcelle de terrain d’une superficie d’un ha, 85 ares et 35 ca pour le prix de 2.046.842 F, somme qui sera couverte par un emprunt en 30 ans.

Photo aérienne de la propriété en 1947 (Document IGN)

La maison de maître sera aménagée en Mairie et deux écoles seront construites dans le parc, l’une pour remplacer l’école de garçons Victor Hugo, trop vétuste, et l’autre l’école de filles Pasteur, endommagée par les explosions du dépôt de munitions de la Marquise (sur ces deux sujets voir les articles parus sur notre site intitulés l’école Victor Hugo et l’école Pasteur)

A suivre avec un article sur la mairie…

Remerciements à l’association Historihem et à la Société d’Emulation de Roubaix.

 

Tramways : La ligne 1 de Roubaix à Tourcoing

 

Elle fait partie des trois premières lignes mises en service. Longue de 3800 mètres, Elle démarre de la limite de Croix (bureau de l’octroi) au bout de la rue de Lille, suit la rue Neuve jusqu’à la grand Place, puis emprunte la grand rue, et la rue du Collège, traverse la place de la Fosse aux chênes avant de suivre la rue de Tourcoing. A Tourcoing, elle emprunte la rue de Roubaix et la rue de la Gare jusqu’à la grand place. Très tôt aussi, la ligne est prolongée vers le nord jusqu’à la rue de l’abattoir.

La voie est à l’écartement normal (1m 44,5) choisi pour pouvoir y faire circuler des wagons de la compagnie du Nord. On prévoit pour un total de 10 voitures et 80 chevaux pour assurer les circulations le long de la ligne. Celle-ci est mise en service en 1877, sans qu’on puisse donner de date précise, car la compagnie a agi sans attendre les autorisations municipales. Les travaux sont menés activement : la rue de Lille est équipée en 15 jours ; une semaine plus tard, le journal de Roubaix du 21 avril indique que la grand place est reliée à Croix… L’adjoint Deleporte-Bayart l’inaugure aussitôt, et la compagnie promet le début de l’exploitation de ce tronçon pour le lendemain !

Une voiture à chevaux à l’arrêt devant le kiosque grand place

 

L’origine de la ligne est donc le bureau de l’octroi. Les tramways à chevaux vont donc cohabiter jusqu’à la grand place avec les trams à vapeur du réseau de Lille jusqu’à la grand place. Ce tronçon sera très vite abandonné et réservé à la compagnie Lilloise, qui se chargera de l’exploitation entre Lille et Croix au nom des deux compagnies. La tête de la ligne 1 est alors ramenée à la grand place de Roubaix en 1880, puis, la même année, reportée à la place de la gare qu’elle atteint par les rue Saint Georges, du grand chemin en suivant la voie de la ligne 2, puis de l’Alma. Deux ans plus tard, la tête de ligne revient à la grand place.

Les premières modifications de la tête de ligne

 

Sur la grand place, les voitures stationnent devant le kiosque érigé en 1878. A cet endroit s’étire un faisceau de trois voies emprunté par les trois lignes existantes. Les voies et les aiguillages vont ensuite se multiplier.

Le premier état des voies de la grand place

 

Passé l’aiguillage extrême du faisceau, la ligne s’engage dans la grand rue en passant devant l’« Automatic Bar », qui deviendra plus tard le « Palais du Vêtement ». Le nombre de motrices et de remorques est à certains moments impressionnant !

Le passage de la ligne à cette extrémité de la grand rue a fait couler beaucoup d’encre. En effet, cette section a tout de suite peiné à accommoder le trafic des lignes. Très vite, on se pose la question de dédoubler les voies à cet endroit. Mais l’étroitesse de la rue est un obstacle qui interdit cette solution. Une partie des lignes sera détournée au sortir de la grand place par la rue Pierre Motte et le boulevard Gambetta pour soulager l’encombrement dans la grand rue. A la demande des commerçants, on se borne à créer un simple dédoublement au niveau de la place de la Liberté pour permettre les croisements.

Dépassé le dédoublement, la voie s’avance sur une courte distance dans une grand rue très fréquentée. Nous distinguons à l’arrière-plan de l’image suivante une motrice en circulation.

Au niveau de la rue du collège, il faut effectuer un virage à gauche, serré à cause de l’étroitesse des rues. La voie est placée près du trottoir dans la grand rue. Mais, à cet endroit se trouvent les établissements Bossu-Cuvelier, qui s’insurgent contre le tracé initial, qui gêne le déchargement des marchandises le long du trottoir. On modifie ce tracé en 1877. Il faut alors frôler le trottoir de la rue du Collège pour conserver un rayon de courbure suffisant (tracé rouge sur le plan).

La ligne s’engage vers le nord dans la rue du Collège où elle forme une voie unique. En 1895 s’installe à gauche au numéro 37 l’Institut technique roubaisien.

Un peu plus loin elle longe l’Institut Turgot installé au 76 en 1903, à l’endroit où était située l’institution Notre Dame des Victoires. La photo est prise au carrefour avec la rue Latine.

On prévoit une zone en voie double pour les croisements dans la courbe à la rencontre de la rue des Charpentiers, non loin de la place de la Fosse aux chênes.

La rue monte de manière continue d’une extrémité à l’autre. Les chevaux des premiers tramways devaient peu apprécier cet effort supplémentaire !

Profil en long de la ligne

A suivre…

Les documents proviennent de la médiathèque et des archives municipales.

Les fêtes du Grimonpont

En 1937, les fêtes du Grimonpont se déroulèrent les 28, 29 et 30 août, avec le programme suivant. Samedi 28 août à 17 heures 30 course à la valise, 18 heures 15 concours du costume le plus excentrique, formation du cortège et installation de la Muse, avec la participation de la société de bigophones Les Philanthropes. On apprend que la Symphonie Bernard donnera une audition à partir de 15 heures le samedi et ce concert constituera l’ouverture des festivités.

La muse, le « maire » et le « garde champêtre » Photo JdeRx

Dimanche 29 août, à 7 heures réveil par une salve d’artillerie, à 9 heures 30 match de football, deux équipes de novices, une pour chaque rive du canal, s’opposent, la rive gauche l’emporte sur la rive droite. À 15 heures ouverture du concours international de pêche, doté de 2.500 frs de prix. À partir de 16 heures 30 jeux sur l’eau et grande fête de natation avec la participation du Sport Ouvrier Roubaisien. Courses de vitesse, course aux canards, démonstration de sauvetage et une épreuve comique. Suit un match de water polo. À 20 heures bal public avec le concours du Jazz franco-italien.

Lundi 30 août, vers 18 heures course au sac et divers jeux populaires (jeu de ciseau, course aux œufs) pour clôturer la fête.

Le concours international de pêche Photo JdeRx

Pour le concours de pêche, le droit d’inscription est de 4 frs et la durée du concours est de 1 heure 30. Concours à la plus lourde pêche, un point par gramme, règlement habituel des concours de Roubaix. Les pêcheurs qui le désireront pourront moyennant une mise supplémentaire de 1 fr concourir pour la coupe qui sera attribuée au détenteur du plus gros poisson pris pendant le concours. Les inscriptions sont reçues chez M. Albert Desmet siège des Pauvres Pêcheurs Leersois 1 rue de Wattrelos à Leers. Les adhésions peuvent être également données aux sièges des sociétés de pêche. Celles de dernière heure seront reçues chez M. Delavallée à Leers-Grimonpont. Tirage au sort à 10 heures et distribution des numéros à 14 heures 30 chez M. Delavallée. Pesage chez Melle Leroy et chez M. C. Bourse. Remise des prix à 17 heures 30 chez M. Henri Deronne.

Le concours de pêche réunit 404 pêcheurs. M. Albert Brun de la fine ligne roubaisienne remporte la palme avec quatre poissons totalisant 500 points. M. Cyrille Lemaire des Poissons Rouges a pris le plus gros poisson 478 grammes et M. Julien Naert en a pris onze. Le palmarès nous permet de connaitre le nom des sociétés participantes : la fine ligne roubaisienne, les poissons rouges, le brochet argenté, la tanche d’or, l’amicale de Tourcoing, les Poissons Blancs de Wattrelos, les Amis du Beau Dimanche, les Petits Pêcheurs.

Le comité organisateur Photo JdeRx

Le comité organisateur était composé de MM. Vandenbrouck, Guilleme et Mme Guillerme (de gauche à droite, assis sur la photo). Debout MM. Deronne, Antoing, Delavallée, Bourse et Verhelt (de gauche à droite).

D’après le Journal de Roubaix

159 boulevard de Fourmies

Dans les années 1930, le 159 boulevard de Fourmies est une maison d’habitation occupée par M. Duponchel. Après la seconde guerre mondiale, la maison est transformée en bureaux Ils sont occupés par la société de transports et déménagements d’Oscar Tiberghien jusqu’en 1976.

Publicité 1959 ( document Nord Eclair )
la façade du 159 boulevard de Fourmies ( document archives municipales )

En Septembre 1977, Nicole Vanlede reprend le local pour y aménager son magasin à l’enseigne Phildar. La transformation complète du local est nécessaire. A l’extérieur, la façade est remplacée et la porte de droite est gardée pour l’accès des locataires du premier étage. A l’intérieur, l’équipe Phildar ( les fils de Louis Mulliez 112 rue du Collège ) aménage l’agencement classique pour les produis de la marque : laines , lingerie féminine, chaussettes, bas etc

documents archives municipales

Dans les années 1990 Annie Phlypo reprend le commerce. Elle possède déjà la même boutique à Lys lez Lannoy.

publicité 1995 ( document Nord Eclair )

En 2000, le 159 boulevard de Fourmies change complétement d’activité et devient un salon de coiffure. A l’époque c’est l’enseigne Saint Algue qui s’installe, remplacée ensuite par Karl Lorentz jusqu’en 2018.

le salon Saint Algue en 2000 ( document Nord Eclair )

le salon Karl Lorentz en 2008 et 2019 ( documents Google Maps )

Le salon de coiffure change à nouveau d’enseigne en 2019 et devient « Mak Angel ». Le manager, Florian, et les 3 coiffeuses y accueillent la clientèle Femmes, Hommes et Juniors dans un salon sympathique et confortable.

l’intérieur du salon en 2024 ( document Mak Angel )

Remerciements aux archives municipales.

Teinturerie Meillassoux et Mulaton

L’usine de teinturerie et de blanchiment Mulaton est fondée, au milieu du 19ème siècle rue Poivrée (ou route nationale, puis rue de Lille, actuellement rue du Général Leclerc) à Hem, par Antoine Mulaton. Né en 1814, Antoine fait son apprentissage de teinturier à Lyon, puis parcourt l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie pour se perfectionner dans cette industrie avant de s’installer à Hem en 1850.

Epoux d’une lilloise, Rosalie Masquelier, avec laquelle il a des enfants, il emménage avec sa famille et son beau-père qui est aussi du métier dans une maison de la rue Poirée (renommée ensuite rue de Lille) avec une jeune servante belge, Philomène Pollet, aux fourneaux. Mr Masquelier l’aide alors à monter sa propre teinturerie en 1952 dans la même rue.

Le choix de s’installer à Hem plutôt qu’à Roubaix s’explique par le manque d’eau de la capitale du textile, la distribution des eaux de la Lys n’existant pas encore et le petit ruisseau du Trichon et les puits ne suffisant pas. En revanche, pour réaliser des apprêts sur tissus et de la teinture en écheveaux, Hem dispose de la Marque, aux eaux abondantes et claires.

Raison de l’installation à Hem (Document Au Temps d’Hem)

Antoine s’associe rapidement avec Achille Screpel et l’entreprise devient Mulaton-Screpel en 1854. Les deux hommes travaillent en parfait accord et mènent à bien et font croître une industrie qui, à la fin du siècle, compte 6 usines et emploie 600 salariés. La même année Antoine Mulaton s’inscrit sur la liste électorale de la ville.

Chez Mulaton, on a choisi de teindre la laine et c’est un dur travail : les écheveaux sont enfilés sur une longue perche et trempés par 4 ouvriers en sabots dans un bac de 10 à 20 mètres de long sur 2 mètres de large et 0,80 mètre de profondeur. Il faut promener les lourdes charges dans le bain, les retourner, les élever, les écraser d’abord dans une eau tiède puis bouillante.

Un dur travail (Document Au Temps d’Hem)

C’est à partir de 1870 qu’apparaissent les colorants chimiques qui donnent une quantité de nouvelles possibilités en remplaçant les produits d’origine végétale ou animale. C’est Frédéric Tellier, fabricant de produits chimiques à Hem, qui approvisionne les 2 teinturiers locaux. Mais cela commence à nuire à la Marque dont l’eau change de couleur et dont les poissons périssent au grand dam des pêcheurs qui vont s’en plaindre à la municipalité, laquelle leur répond que les 2 teintureries, Gabert et Mulaton, assurent du travail et donc du pain à plus de 1000 ouvriers hémois.

La pollution de la Marque (Document Au Temps d’Hem)

Les anciens racontent qu’on appelle Antoine : « le père de la teinture » dans la mesure où c’est lui qui introduit à Hem les méthodes de la teinturerie Lyonnaise. Avec la vieillesse il se voit contraint d’abandonner le travail industriel et cède alors la place à ses fils en 1875. Mais il continue à siéger dans l’assemblée communale à laquelle il participe depuis 1870 (suite à la chute du Second Empire) et ce jusqu’en 1892 avant de décéder à l’aube du nouveau siècle.

En 1886, les trains passent régulièrement et s’arrêtent à la gare située sur la route reliant Hem à Forest. L’usine est alors répertoriée comme une teinturerie en soie, possède 2 chaudières de 60 chevaux, consomme 70 wagons de houille par année, dix wagons d’avoine et importe 15 wagons de matières premières.

Extrait du relevé de l’importance industrielle de Hem au milieu du 19ème siècle (Document Historihem)

En 1893, l’entreprise apparaît dans le Ravet Anceau sous le nom de Mulaton Frères et en 1895, la maison se spécialise dans le mercerisage de coton, opération consistant à donner aux fils et étoffes de coton un aspect brillant et soyeux, par trempage dans une solution d’hydroxyde de sodium (soude caustique).

En 1899, le Journal de Roubaix relate l’explosion d’une chaudière ayant provoqué un vif émoi dans la commune en raison du bruit épouvantable et de la présence de tous les ouvriers au travail. La couverture de la chaudière qui sert au bouillage des cotons, pesant une tonne, a rompu tous les écrous qui la retenaient en explosant et a été projetée à travers le toit avant de retomber 10 mètres plus loin à travers une autre toiture…Toutes les vitres de l’usine ont été brisées et quelques maisons voisines endommagées mais fort heureusement seuls deux ouvriers ont été légèrement blessés.

A la fin du 19ème siècle, la famille Mulaton habite un château situé sur le côté pair de la rue de Lille (actuelle rue du Général Leclerc) au n° 44. La propriété, voisine de celle de Mr Gabert, comprend une villa ainsi, en perpendiculaire, qu’une conciergerie et fait partie de la dot du fils Jean Mulaton qui épouse Marie Leborgne en 1882.

Château Mulaton (Documents collection privée et Historihem)

La maison est vendue en 1919 à un chapelier lillois, Joseph Picavet, puis acquise 4 années plus tard par Edouard Catrice, industriel roubaisien qui en fait sa maison de campagne avant d’en construire une autre au même endroit, la mérule ayant attaqué l’ancien bâtiment. Le nouveau bâtiment deviendra après-guerre la nouvelle mairie de la ville de Hem.

Trois numéros avant, au n°38, la famille Meillassoux occupe le 1er château visible côté pair en venant du centre de Hem, et appelé « le Petit Château ». Cette demeure sera rachetée par la municipalité qui en fera le Centre Communal d’Action Sociale en 1971, une annexe de la mairie qui existe encore de nos jours.

Château Meillassoux (Documents collection privée et Historihem)

Au début du vingtième siècle, l’automobile arrive mais ne connaît évidemment pas le succès populaire réservé au train puis surtout au « mongy », car c’est un objet de haut luxe, réservé aux plus fortunés. Mr Mulaton fait donc, sans surprise, partie des premiers automobilistes hémois, avec une vitesse limitée dans la commune à 12 km/h.

Les industriels, premiers automobilistes hémois (Document Au Temps d’Hem)

La qualité des produits ne s’est pas démentie avec les années et en 1908, l’entreprise Mulaton reçoit un grand prix à l’exposition franco-britannique de Londres.L’entreprise devient en 1912 la société Meillassoux frères et Mulaton, Antoine Mulaton, descendant du fondateur, ayant épousé une Meillassoux.

Usine Meillassoux et Mulaton CPA (Document collection privée)Doc 8 Le matériel moderne installé en 1913 (Document Historihem)
L’atelier des femmes (Document Historihem)

A suivre…

Remerciements à la ville de Hem, l’association Historihem ainsi qu’à André Camion et Jacquy Delaporte pour leurs ouvrages Hem d’hier et d’aujourd’hui et Jacquy Delaporte, Christian Teel et Chantal Guillaume  pour leur bande dessinée Au Temps d’Hem

Foire de Roubaix

Jusqu’au 18ème siècle, la foire est un espace d’ échanges et de commerce et ce n’est qu’au siècle suivant qu’elle devient un lieu festif, essentiellement consacré au divertissement. C’est la naissance d’un phénomène social : la Fête Foraine. Les forains conçoivent leurs décors de manière à se démarquer des commerces sédentaires sans oublier les effets de lumières et les confiseries telles la barbe à papa, la noix de coco, la guimauve, les pommes d’amour et le pain d’épices…

Naissance de la foire de Roubaix en 1856 (document Indicateur de Roubaix-Tourcoing)

C’est par décret impérial du 11 août 1856 que sa majesté l’empereur accorde une foire de six jours à la ville de Roubaix, laquelle commencera le lendemain de Quasimodo, sachant que le dimanche de la Quasimodo, c’est le dimanche qui suit Pâques (on disait aussi Pâques closes). Ainsi le sonneur de cloches de Notre-Dame de Victor Hugo doit son nom au fait d’avoir été recueilli le dimanche suivant Pâques. De ce fait la foire de Roubaix va prendre le nom de Quasimodo.

L’année suivante les préparatifs vont bon train et la foire est précédée d’une cavalcade partant de la Barque d’Or, qui, le 22 mars 1857, amène dans la ville 18.000 voyageurs grâce à 10 trains spéciaux, affluence nécessitant un bataillon de soldats de la garnison de Lille pour assurer le service d’ordre.

Itinéraire et programme de la cavalcade (Documents Journal de Roubaix)

En avril 1957, la presse locale décrit l’installation de la première foire de Roubaix: des barraques pour les jeux, les amusements populaires, les exercices acrobatiques, les spectacles pittoresques mais aussi d’habiles « nécromancieus » qui prédisent l’avenir, des restaurants populaires où l’on mange des gaufres hollandaises en buvant de la bière de Louvain…

A cette époque, certains critiquent le caractère trop disséminé de la fête entre la place de la Mairie et la place Saint-Martin mais aussi la place de la Liberté. Pourtant il n’existe pas de place assez grande pour contenir toute la foire. Par ailleurs il n’est peut-être pas plus mal que les étrangers qui vont arriver pour l’événement se répandent dans toute la ville où régnera partout l’animation.

Pourtant, en 1862, la foire se tient toujours en ces 3 lieux avec une grosse variété de boutiques et de spectacles. S’ajoutent aux années précédentes un café-concert où, moyennant 20 centimes on obtient une chope de bière et la possibilité d’écouter une collection d’artistes distingués : ténors, barytons, basses, sopranos, contraltos et surtout chanteurs comiques, idée habituelle à Paris mais neuve à Roubaix.

Chansonnier du 19ème siècle (document Agoravox)
Exemple de duettistes chanteurs comiques (Document collection privée)

En 1885, un incendie se déclare sur le champ de foire occasionnant des dégâts pour de nombreux forains. La commission syndicale de la chambre des voyageurs forains effectue un classement en 3 catégories des forains les plus éprouvés afin de leur obtenir un secours. Puis chacun d’eux adresse un courrier à la mairie de Roubaix pour y relater les dommages subits. Celle-ci recueille des fonds et en établit une répartition afin d’indemniser chacun d’eux moyennant un reçu des sommes versées.

Dossier d’incendie de 1885, répartition en catégories par le syndicat, demande individuelle de chaque forain, répartition entre les forains par la mairie et reçu établi par le forain suite au versement (Document archives municipales)

Ce n’est qu’à la toute fin du 19ème siècle que le citoyen Henri Carette, maire de Roubaix, décide, en 1896, pour des raisons de sécurité publique, en raison des tramways qui sillonnent en tous sens la Grande Place, de déplacer la fête foraine. L’emplacement choisi est le terre-plein du boulevard Gambetta dans la partie comprise entre la rue de l’Union et la rue de Lannoy (actuel boulevard Leclerc) qui peut contenir l’entièreté de la foire.

Photo d’Henri Carette et extrait d’un plan de Roubaix (document Wikipedia et BNR)
Arrêté municipal de 1896 (Document BNR)

C’est un franc succès, malgré le mauvais temps, la grêle, le vent et donc la boue et les flaques, ainsi que les parapluies qui gênent la circulation piétonne. Musique, roulements de tambours et sonneries des clairons se font entendre de toute part et les théâtres ne désemplissent pas.

Ainsi celui des perroquets et des oiseaux savants attire beaucoup de curieux ; 78 artistes volatiles y assurent le spectacle : musiciens, acrobates, soldats, danseurs, vélocipédistes et « gymnasiarques » font des prodiges. Les musées d’anatomie attirent également la foule qui en ressort pourtant épouvantée…Le salon Curtius est un véritable musée Grévin où tous les personnages historiques sont représentés.

Le succès de la première Quasimodo boulevard Gambetta (document Journal de Roubaix)

Les représentations du Cirque Espagnol ont lieu à l’Hippodrome et celui-ci fait salle comble avec son très bon orchestre qui accompagne les artistes : clowns, chevaux, acrobates et même un superbe corps de ballet pour clôturer les séances. Construite en 1882, cette salle polyvalente de spectacles peut accueillir entre 1500 et 1900 spectateurs selon la configuration et dispose d’une piste et d’une scène. Le moment de la foire est celui des arts de la piste. Au théâtre Caroy le spectacle est plus axé sur les trapèzes et les équilibristes. Quant au grand Théâtre Central Américain y sont présentés jongleries indiennes et homme serpent ainsi que pyramides.

Publicité de l’hippodrome théâtre à l’époque (Document collection privée)

Représentation de l’extérieur et de l’intérieur en photo et croquis (Document blog cirk75)

Exemples d’acrobates (Document collection privée)

A suivre…

Remerciements aux archives municipales de Roubaix et à la BNR.